Contexte : Depuis le milieu des années 1990, le mouvement coopératif marocain s'est déployé autour de l'extraction de l'huile d'argan. En l’espace de vingt ans, les coopératives féminines d’extraction, d'abord créées de manière top-down, à l’initiative de la coopération internationale, se sont démultipliées avec le soutien des acteurs locaux et du milieu associatif. Ce mouvement, aujourd’hui symbole de la promotion du terroir marocain à l’échelle nationale et internationale, est à la convergence de différents modèles et concepts plus ou moins alternatifs développés et mis en scène à l’échelle internationale tels que le développement durable, devenu véritable paradigme, mais aussi de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ou du commerce équitable. En intégrant ces différents concepts, les coopératives d’huile d’argan proposent donc un modèle de développement rural intégré et genré. Grâce aux coopératives féminines d’argan, les femmes rurales de l'Ouest marocain développeraient une activité génératrice de revenus, supposée contribuer à leur autonomisation et à leur empowerment, tout en contribuant au rayonnement de la région pour une production destinée notamment à l’industrie cosmétique des pays du « Nord » dans une logique de commerce équitable. Celles-ci sont également pensées dans une démarche win-win et de développement durable, puisqu’on part du principe que la valorisation économique de la ressource que représente l’argan inciterait les populations à la protéger et la préserver. Par les différents projets liés au développement de la filière, un véritable modèle économique et organisationnel a ainsi été mis en place afin de mettre en place le secteur des coopératives d’argan, en permettant à celles-ci d’être fonctionnelles et intégrées économiquement. D’un point de vue de la production et de la commercialisation, celles-ci ont intégré des normes de production destinées principalement à une commercialisation internationale, avec une attention accrue à l’hygiène et à la traçabilité des produits, au recours à la mécanisation de la production et à l’acquisition de différents labels biologiques et éthiques valorisant les produits. Un modèle organisationnel, renvoyant à un certain mode de gestion, a aussi été mis en place afin de permettre le fonctionnement optimal des coopératives. Cependant, face à ce modèle de développement économique et cette organisation pensée de manière top-down, associés aux exigences de l’internationalisation de la commercialisation, se pose la question de la place des femmes adhérentes aux coopératives, supposées être les principales bénéficiaires et actrices de ses organisations mais qui semble ici laissées pour compte, au sein d’un système qui se révèle paradoxal. En effet, derrière le modèle, se cachent des situations contrastées au sein des coopératives, mettant en évidence les paradoxes et contradictions de ce modèle, qui relève aujourd’hui principalement d’arguments de nature marketing, au sein du développement durable. Problématique : On cherchera à montrer comment s’articule le modèle de la coopérative d’argan, renvoyant à différents concepts pensés à l’échelle internationale, avec la réalité de son impact sur les femmes impliquées dans les projets.  Plan envisagé : <ol style="list-style-type:upper-roman"> <li style="text-align:justify">Les coopératives d’argan : un modèle de développement rural pensé de manière top-down </li> <li style="text-align:justify">Un modèle mis à l’épreuve par les appropriations et réalités locales et individuelles  </li> <li style="text-align:justify">Le modèle de la coopérative d’huile d’argan, une fiction d’ordre marketing ? </li> </ol>   Bibliographie : - BERRIANE, Mohamed et MICHON, Geneviève, Les terroirs au Sud, vers un nouveau modèle ? : une expérience marocaine, Maroc/France, Marseille : IRD Éditions ; Rabat : Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Rabat, 2016, 392 pages, ISBN : 978-2-7099-2243-2  - DAMAMME, Aurélie, Genre, action collective et développement, Discours et pratiques au Maroc, L’Harmattan, « Logiques sociales. Sociologie du genre », 2013, 244 pages, ISBN : 233629303X - GANA, Alia et TERRAZONNI, Liza, « Le rôle de l’arganeraie dans les économies familiales et la promotion socioéconomique des femmes rurales dans le Sud-ouest marocain », CNRS, Prodig, 2009, 35 pages - GILLOT Gaëlle, « Les coopératives, une bonne mauvaise solution à la vulnérabilité des femmes au Maroc ? », Espace populations sociétés [Online], 2016/3 | 2017, Online since 31 January 2017, URL : <a href="http://journals.openedition.org/eps/6619" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://journals.openedition.org/eps/6619</a>   - GUERIN Isabelle, HERSENT Madeleine, FRAISSE Laurent, Femmes, économie et développement. De la résistance à la justice sociale. ERES, « Sociologie économique », 2011, 384 pages. ISBN : 9782749212982. URL : <a href="https://www.cairn.info/femmes-economie-et-developpement--9782749212982.htm" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.cairn.info/femmes-economie-et-developpement--9782749212982.htm</a> <a name="_Hlk514873631">- ROMAGNY, B., GUYON, M., « Des souks aux marchés internationaux. La valorisation économique de l’huile d’argan marocaine : un cas d’école des contradictions du développement durable », In Localiser les produits : actes du colloque international organisé par le CIRAD, l’IRD, le Mab/UNESCO et le MNHN, Paris, UNESCO, 2009, 16 pages </a>