<p>Résu</p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le cadre géographique de cet article est la vallée du M’Zab, une région située dans la wilaya de Ghardaïa, à 600 km d’Alger. Le M’Zab a vu l’apparition d’une série de nouvelles extensions urbaines nommées nouveaux <em>ksour</em>. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">« Nouveaux<em> ksour</em> » est une appellation locale en analogie avec les <em>ksour </em>historiques. <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></a> <span style="color:black">Parmi ces projets, nous citons Tinemmirine, Tafilelt et<em> </em>Tawenza, qui sont un prolongement du <em>ksar</em> de Béni Isguen. Le <em>ksar</em> d’Ioumed appartenant à Melika, celui de Tinaâm annexé à Bounoura et enfin Hamrayat associé à El Attef (Gueliane, 2017 a et 2018). La particularité de ces projets réside dans la démarche citoyenne participative qui les a accompagnés dès l’apparition de l’idée. Une démarche qui a conduit à la création de promoteurs de statut particulier (promoteur Fondation, promoteur association, SARL) afin de s’adapter – et exploiter – les ressources sociales et financières de la communauté mozabite. </span>Ce constat nous a amené à nous interroger sur la particularité de ces projets, et avancé l’hypothèse qu’ils soient socialement durables. Un aspect qui peut être d’une importance extrême notamment en matière de politique de logement. De ce fait, il s’agit dans ce travail d’approcher sur le plan social cette expérience parfaitement originale et sans équivalent au Maghreb, nommée les « nouveaux <em>ksour </em>». <a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[2]</span></span></a></span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour ce faire, nous avons d’abord accumulé des ressources documentaires, puis nous avons entrepris une enquête de terrain en réalisant de nombreux entretiens avec les promoteurs et les bénéficiaires de ces projets ainsi qu’avec divers intervenants,<strong> </strong>des spécialistes du bâtiment, des linguistes, des <em>Oumanas</em> de oumran,<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[3]</span></span></a> des administrateurs, des activistes dans des associations du patrimoine, des Azzabas, des notables<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[4]</span></span></a> et enseignants, mais également de simples citoyens. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce faisant nous avons veillé à recueillir les témoignages de toutes les catégories de la population, de tous âges et conditions. Pour les entretiens, nous nous sommes d’emblée orienté vers les principaux acteurs — des nouveaux <em>ksour</em> – : architectes, promoteurs, présidents d’associations de quartiers. Parmi eux, nous mentionnerons les maîtres d’œuvre du projet de Hamrayat et de Tinaâm, les gérants de la SARL Tinaâm, notables à Bounoura et promoteur du nouveau ksar de Tinaâm. Ainsi que le président de l’association de Tinaâm. Concernant le nouveau <em>ksar</em> d’Ioumed, nous nous sommes entretenus essentiellement avec le président de l’association du quartier et quatre familles de Malika installées à Ioumed.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Nous nous sommes également entretenus avec les habitants de Tafilelt (une dizaine de familles dont quatre femmes au foyer) et avec ceux de Tinemmirine (quatre familles). Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec le secrétaire de l’association Touiza — promoteur du projet de Tinemmirine et de Tawenza —. Ainsi, qu’avec cinq habitants de Tawenza dans le cadre d’un entretien de groupe.<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[5]</span></span></a> En plus des acteurs des projets et des familles, nous avons eu de nombreux échanges avec les administrateurs locaux ; des directeurs à l’agence foncière wilaya et l’antenne d’El Attef et Bounoura,</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> un chef de service à la commune d’El Attef, et un autre à la commune de Ghardaïa. Nous avons également eu des échanges avec un <em>amin </em>de Ghardaïa et un autre d’El Attef, avec le propriétaire d’une bibliothèque privée à Ghardaïa, et un historien, ancien <em>azzaba </em>et directeur d’une école ibadite de Béni Isguen. Enfin, nous avons eu l’occasion de discuter à propos de ces projets avec le président du conseil local des architectes de Ghardaïa (CLOA).</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’analyse de l’ensemble de ces sources – entretiens et documents — a permis de d’obtenir les différentes visions sur les nouveaux <em>k</em><em>sour</em>.</span></span></span></span></p>
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<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> <em>Kar</em> (Ksour), un village saharien souvent fortifié et/ou aggloméré à fonction caravanière (Gravari Barbas, 2005, p.415). </span></span></span></span></p>
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<div id="ftn2">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Certains de ces projets ont bénéficié d’une reconnaissance nationale, voire internationale, c’est le cas de Tafilelt. </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="color:black">Le projet a reçu le prix du meilleur projet « habitat » en Algérie, le prix du quartier le plus propre par le ministère de l’environnement algérien. Il a reçu également le prix d’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture – FAO pour les projets leader dans le développement durable. Ainsi que, le prix du meilleur projet urbain, écologique et social offert par l’organisation arabe du développement administratif (ARADO - Arab Administrative Development Organization). Et enfin, en 2016, Tafilelt a reçu le premier prix à l’occasion de la 22e session de la Conférence des Parties (COP 22) sur le changement climatique.</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">. </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Par ailleurs, Tafilelt a impressionné bon nombre de personnalités comme les ambassadeurs de l’UNESCO, de Corée du Sud, d’Allemagne, de France, d’Espagne, de Turquie, de Hongrie, des États-Unis, d’Oman, de Bahreïn, ainsi que le Président du comité mondial de l’eau et bien d’autres personnalités (plus d’une centaine) qui l’ont visité. (A., Khelil)</span></span></span></span></p>
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<div id="ftn3">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[3]</span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Les <em>oumanas</em> sont des experts qui « maîtrisent le droit coutumier et qui ont un rôle de médiation. Ils veillent à ce que les normes et les règles de construction soient appliquées et aplanissent les différends fonciers et de partage des eaux » (Oussedik, 2007, p.111). Les oumanas forment une institution traditionnelle apparue, selon notre interlocuteur de l’OPVM (office de la promotion de la vallée du M’Zab) vers l’an 1306 sous le nom de <em>oumana saïl wa el arch — </em>les <em>oumanas</em> de l’oued et du <em>arch</em> (Le <em>arch</em> est employé ici pour désigner la cité, le<em> ksar</em>, la ville). Les <em>oumanas d’el oumran </em>sont ainsi des spécialistes de la gestion de la construction à l’intérieur du ksar et de la palmeraie, suivant les normes de construction traditionnelles (le <em>orf </em>de la construction). </span></span></span></span></p>
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<div id="ftn4">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[4]</span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Au M’Zab, toute une hiérarchie d’institutions traditionnelles (coutumières) demeure active en parallèle et en collaboration avec les institutions officielles – étatiques —. En effet, il y a deux types d’institutions. Des institutions religieuses chargées de la gestion de la vie spirituelle et morale des Mozabites ; les <em>azzabas/ </em>un<em> azzabi</em> (au niveau du <em>ksar</em>) et le conseil de <em>Ammi Saïd</em> (au niveau de la confédération). Des institutions civiles ; ou laïques. Celles-ci se chargent de la gestion de la vie sociale (les<em> achiras</em>), et de la vie politique et économique au niveau de la ville (les notables). Les grandes décisions qui concernent toute la confédération sont parmi les prérogatives du conseil d’El kurti. </span></span></span></span></p>
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<div id="ftn5">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[5]</span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Nous tenons ici à noter l’importance des entretiens avec les habitants de Tafilelt et Tinemmirine, puisque ces deux projets sont les seuls à être entièrement habités depuis une dizaine d’années. Autrement, les autres cas sont soit en cours de réalisation (Tinaâm et Tawenza) ou en état d’arrêt (Ioumed et Hamrayat). </span></span></span></span></p>
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