<p>Résumé</p>
<p style="margin-left:1pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times",serif">L’Église catholique est l’une des plus anciennes organisations qui continuent d’exister, puisque les premières traces de son organisation remontent au premier siècle de notre ère<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times",serif">[1]</span></span></a>. Néanmoins, cette permanence dans la durée n’exclue pas la confrontation à des crises violentes qui ont parfois menacé de faire disparaître cette Église. Pour les croyants catholiques, la durabilité de l’Église catholique repose sur une interprétation d’un verset de l’évangile de Matthieu (16, 18) : <em>Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle</em>.</span></span></p>
<p style="margin-left:1pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times",serif">D’un point de vue scientifique, l’Église catholique est une organisation qui, avec ses spécificités qui lui sont propres, s’inscrit dans les lois qui gouvernent les organisations. La crise profonde que traverse l’Église catholique depuis deux siècles avec la polémique sur le modernisme au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, et plus récemment avec les affaires de pédophilie et la révélation de pratiques de gouvernance en opposition avec la doctrine, cette crise est-elle liée uniquement à une question de foi ou renvoie-t-elle également à des questions de pratique organisationnelle ?</span></span></p>
<p style="margin-left:1pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times",serif">Dans cet article, nous examinons les questions organisationnelles auxquelles l’Église catholique est confrontée. À partir de cette analyse, nous en tirerons des suggestions pour la gouvernance et les pratiques organisationnelles de toutes les organisations qui souhaitent s’inscrire dans la durée. Notre analyse s’appuiera notamment sur la question des territoires. Notre thèse principale est que c’est l’inscription dans un territoire (ou dans des territoires) qui permet à une organisation d’affronter les évolutions environnementales et culturelles. Notre définition des territoires englobe à la fois l’existence de normes (institutions) qui constituent les règles du jeu du territoire considéré, et l’existence d’une communauté incarnée dans ce territoire. Trois éléments constituent donc un territoire : l’espace (qui n’est pas nécessairement géographique mais qui peut également être virtuel : par exemple un réseau), la communauté qui habite ce territoire et les normes qui régissent le vivre-ensemble au sein du territoire.</span></span></p>
<p style="margin-left:1pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times",serif">L’argumentaire que nous allons déployer est qu’une organisation constitue un espace qui réunit des acteurs pour atteindre certains objectifs. De par sa croissance, l’organisation tend à s’affranchir des territoires dans lesquelles elle est implantée<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times",serif">[2]</span></span></a>, le lien se distend entre l’organisation et les diverses communautés des territoires où elle intervient et, <em>in fine</em>, quand des crises surviennent, l’organisation est emportée car elle ne dispose plus de l’ancrage territorial qui lui permettrait de résister<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times",serif">[3]</span></span></a>.</span></span></p>
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<p style="margin-left:1.15pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times",serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times",serif">[1]</span></span></a> Les lettres de l’apôtre Paul (seconde moitié du premier siècle) attestent du début de la mise en place des structures organisationnelles qui constitueront les Églises catholique et orthodoxe.</span></span></p>
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<p style="margin-left:1.15pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times",serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times",serif">[2]</span></span></a> Comme l’illustre une réplique de Clint Eastwood dans le film «Gran Torino » (2008) à propos des marques de voiture, l’insertion d’une organisation dans un territoire implique une forme d’engagement réciproque entre les citoyens du territoire concerné et l’organisation.</span></span></p>
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<p style="margin-left:1.15pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times",serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times",serif">[3]</span></span></a> Le cas de General Motors illustre pleinement cette situation. L’entreprise automobile qui a dominé l’industrie automobile pendant un demi-siècle a été mise en faillite en 2009. De façon moins spectaculaire, IBM qui dominait l’industrie informatique jusque dans les années 1980 est devenue principalement une société de services informatiques et son chiffre d’affaires est nettement inférieur à celui de Samsung, Apple ou Microsoft.</span></span></p>
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