<p>Le secteur du nucléaire est confronté à la question de la durabilité par la nature des déchets produits, par leur toxicité, par leur durée de vie et par la nécessité de leur gestion et de leur supervision. Plusieurs normes internationales s’appliquent à la signalisation du danger nucléaire – le fameux « trèfle » noir et jaune (ISO 361) complété depuis 2007 par un second symbole (ISO 21482) afin d’être compris de façon plus universelle. Mais pour les déchets de haute activité à vie longue, la solution majoritairement admise aujourd’hui – le stockage géologique en couche profonde – pose une question de communication : si les déchets sont confinés sous terre pour des millions d’années, comment prévenir de l’existence et de l’emplacement de ces sites afin d’éviter toute intrusion humaine future, volontaire ou accidentelle ? Quel peut être le processus de normalisation quand l’objet de la norme – ici, le déchet nucléaire – et l’enjeu de la norme – ici, la bonne gestion de ce déchet, la préservation du mode de vie des générations futures – s’étendent sur une période d’un million d’années ? Comment établir une norme destinée à des « usagers » dont on ne sait rien ? Face à cette double nécessité/impossibilité de normaliser, les différents acteurs internationaux (AIEA ou AEN) ou nationaux (Andra) ont recours à l’apport des sciences humaines, mais sans nécessairement tirer profit de leurs travaux, notamment pour ce qui concerne les sciences de la communication et, particulièrement, les recherches à mener sur le destinataire de ces messages d’avertissement et sur la communication avec l’absent.</p>