<p><strong>Abstract</strong>&nbsp;: The Fabab is renewing the conception of learning space for school work and representing a &laquo;&nbsp;third place&nbsp;&raquo; for pupils. It is particularly relevant to enhance their motivation when they can experiment projects based on autonomy and collaborative work. Theses experiences play an important role on learning when they take into account the quality of communication.</p> <p><strong>Keywords</strong>&nbsp;: FabLab, learning space, motivation, perseverance</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Ces derni&egrave;res ann&eacute;es, un engouement s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute; autour des espaces p&eacute;dagogiques avec une forme d&rsquo;injonction &agrave; transformer la classe pour en faire un espace modulaire qui favoriserait les p&eacute;dagogies actives et l&rsquo;engagement dans les apprentissages. En tant que milieu et produit de l&rsquo;activit&eacute; sociale, l&rsquo;espace incorpore des savoirs, des pratiques et des m&eacute;moires pour les acteurs individuels (les enseignant.e.s, les &eacute;l&egrave;ves, les apprentis&hellip;) et collectifs (la classe, l&rsquo;&eacute;quipe de travail). Il est r&eacute;gi par des lois et des r&egrave;gles d&rsquo;organisation.&nbsp;L&rsquo;espace n&rsquo;est pas uniquement ce qui est visible, b&acirc;ti, agenc&eacute;s, mais aussi ce qui est v&eacute;cu, imagin&eacute;, projet&eacute; (Fr&eacute;mont, 1999&nbsp;: 68). C&rsquo;est &laquo;&nbsp;un lieu pratiqu&eacute; &raquo;, &laquo;&nbsp;anim&eacute; par l&rsquo;ensemble des mouvements qui s&rsquo;y d&eacute;ploient. &raquo; (Certeau, 1990 : 173). Dans ce sens, l&rsquo;espace d&rsquo;apprentissage ne renvoie pas seulement &agrave; une conception abstraite ou uniquement informationnelle de l&rsquo;espace mais aussi &agrave; la mat&eacute;rialit&eacute; des lieux v&eacute;cus et leur agencement. L&rsquo;introduction du num&eacute;rique dans les pratiques p&eacute;dagogiques a fait &eacute;voluer la perception et les usages de l&rsquo;espace par rapport &agrave; la question des apprentissages. Loin d&rsquo;&eacute;vacuer la mat&eacute;rialit&eacute; de l&rsquo;espace par un processus de virtualisation, d&rsquo;ailleurs contest&eacute; en tant que supprimant les contraintes mat&eacute;rielles (Ghitalla, Lenay, 2003),&nbsp;elle la r&eacute;actualise en d&eacute;pla&ccedil;ant les limites, en d&eacute;centrant les lieux d&rsquo;apprentissage, en diversifiant les dispositifs.</p> <p>De nouveaux objets apparaissent, entre contenants (les ordinateurs, les tablettes, les t&eacute;l&eacute;phones, les &eacute;crans, les consoles&hellip;) et contenus de connaissances, objets tangibles autour desquels s&rsquo;articulent des pratiques et des interactions sociales et cognitives nouvelles. L&rsquo;attrait pour les espaces de cr&eacute;ation qualifi&eacute;s de &ldquo;tiers-lieux&rdquo;<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/754-apprendre-hors-champs-les-fablabs-comme-espaces-de-savoirs-anne-lehmans-et-camille-capelle#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref1">[1]</a></sup>&nbsp;(Lhoste, Barbier, 2016) participe de ce discours sous-tendant le pr&eacute;suppos&eacute; que l&rsquo;espace augment&eacute; de&nbsp;num&eacute;rique aurait le pouvoir d&rsquo;engager la participation, la collaboration et de favoriser les apprentissages. La notion de tiers-lieu est emprunt&eacute;e &agrave; la sociologie au d&eacute;but des ann&eacute;es 1980 (Ray Oldenburg) et d&eacute;signe un lieu distinct du foyer et du travail. Dans le monde des biblioth&egrave;ques, le terme sert &agrave; d&eacute;finir un mod&egrave;le de biblioth&egrave;que &agrave; vocation sociale et socialisante, un lieu ouvert qui n&rsquo;est plus seulement centr&eacute; sur les ressources, mais aussi sur la m&eacute;diation &agrave; travers des activit&eacute;s, des services, des possibilit&eacute;s de rencontre. Cette approche s&rsquo;appuie sur un ancrage physique fort, la flexibilit&eacute;, la mixit&eacute; sociale et les &eacute;changes informels. La biblioth&egrave;que Oodi d&rsquo;Helsinki repr&eacute;sente actuellement un mod&egrave;le de cette approche, incluant des espaces d&rsquo;apprentissage en autonomie, de cr&eacute;ation et de fabrication (Zborowski, 2019).</p> <p>L&rsquo;engouement pour un renouvellement de la conception d&rsquo;espaces augment&eacute;s du&nbsp;num&eacute;rique a parfois provoqu&eacute; la transformation d&rsquo;espaces p&eacute;dagogiques, &agrave; l&rsquo;universit&eacute; par exemple, et ouvert la voie &agrave; des projets &agrave; la marge ou en dehors du champ acad&eacute;mique. C&rsquo;est le cas du FabLab, &ldquo;laboratoire de fabrication&rdquo;, lieu ouvert au public o&ugrave; sont mis &agrave; disposition des outils, notamment des machines-outils pilot&eacute;es par ordinateur, avec des donn&eacute;es stock&eacute;es sur des plateformes collaboratives, en vue de concevoir et de r&eacute;aliser des objets. Si le concept de FabLab est n&eacute; dans une universit&eacute;, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), les espaces qui s&rsquo;en inspirent se sont d&eacute;ploy&eacute;s aussi en dehors des universit&eacute;s (Lehmans, 2018).</p> <p>Un projet de recherche E-Fran Perseverons<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/754-apprendre-hors-champs-les-fablabs-comme-espaces-de-savoirs-anne-lehmans-et-camille-capelle#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref2">[2]</a></sup>&nbsp;men&eacute; &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Bordeaux, a permis d&rsquo;interroger ce que ces espaces et les dispositifs socio-techniques qui y sont associ&eacute;s changent&nbsp;dans la pers&eacute;v&eacute;rance des parcours scolaires.&nbsp;En quoi la reconfiguration des modalit&eacute;s spatio-temporelles de travail dans le FabLab peut-elle modifier le rapport aux apprentissages, aux autres et &agrave; l&rsquo;&eacute;cole pour les &eacute;l&egrave;ves ?&nbsp;L&rsquo;&eacute;quipe de recherche RUDII<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/754-apprendre-hors-champs-les-fablabs-comme-espaces-de-savoirs-anne-lehmans-et-camille-capelle#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref3">[3]</a></sup>&nbsp;a tent&eacute; d&rsquo;identifier les perceptions, les repr&eacute;sentations, les pratiques de travail, d&rsquo;information et de communication, ainsi que les usages de l&rsquo;espace par les enseignant.e.s, les m&eacute;diateurs.trices de FabLabs et les jeunes. Nous qualifions les &laquo;&nbsp;jeunes&nbsp;&raquo; des adolescent.e.s &agrave; partir du coll&egrave;ge, de jeunes adultes engag&eacute;s dans un cursus universitaire, d&rsquo;autres parfois en rupture d&rsquo;&eacute;tudes. Nous avons men&eacute; une enqu&ecirc;te de type ethnographique en observant des projets scolaires et non scolaires en FabLab.</p> <p>Nous proposons, dans cet article, quelques pistes de r&eacute;flexion sur l&rsquo;&eacute;ventualit&eacute; que l&rsquo;espace du FabLab offre un cadre qui permette d&rsquo;instaurer un rapport au savoir et une exp&eacute;rience sensible rompant avec l&rsquo;espace scolaire traditionnel (la classe, l&rsquo;&eacute;tablissement) pour les &eacute;l&egrave;ves. Nous nous limitons ici aux projets scolaires et particuli&egrave;rement &agrave; ceux que nous avons observ&eacute;s durant deux ann&eacute;es cons&eacute;cutives avec des &eacute;l&egrave;ves de coll&egrave;ges et de lyc&eacute;e dans deux FabLabs&nbsp;diff&eacute;rents. Cette vari&eacute;t&eacute; intentionnelle de contextes nous permet de v&eacute;rifier et de g&eacute;n&eacute;raliser nos hypoth&egrave;ses en tenant compte des variables li&eacute;es &agrave; l&rsquo;&acirc;ge et aux sp&eacute;cificit&eacute;s des dispositifs.&nbsp;Les projets en FabLab semblent modifier, pendant leur dur&eacute;e, la forme scolaire (Vincent, Courtebras, Reuter, 2012), entendue comme le cadre de socialisation des &eacute;l&egrave;ves, qui contraint les comportements et les modalit&eacute;s de leur &ecirc;tre au monde scolaire.</p> <p>En nous interrogeant sur la diversit&eacute; possible des mani&egrave;res d&rsquo;habiter les espaces d&rsquo;apprentissage, comme le propose ce num&eacute;ro, nous questionnons cette forme &agrave; travers, notamment, le rapport &agrave; la communication et &agrave; la cognition qui s&rsquo;y d&eacute;ploie. Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; les enjeux d&rsquo;un questionnement sur le lien entre espaces, forme scolaire et apprentissages, ainsi que leur approche m&eacute;thodologique, nous verrons dans quelle mesure le FabLab peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un moyen pour les acteurs de r&eacute;inventer des espaces de savoirs &agrave; partir des activit&eacute;s document&eacute;es.&nbsp;</p> <h2><a id="t12"></a>APPRENDRE EN TRANSFORMANT LA FORME SCOLAIRE</h2> <p>Le num&eacute;rique a transform&eacute; les modes de production d&rsquo;informations et la transmission des connaissances, et bouscul&eacute; les cadres de l&rsquo;&eacute;cole. La prolif&eacute;ration des espaces participatifs ou non sur internet a d&eacute;multipli&eacute; les possibilit&eacute;s d&#39;acc&eacute;der &agrave; l&rsquo;information. Mais si l&rsquo;information est devenue plus facilement accessible, l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la connaissance n&rsquo;est en rien garanti. Celle-ci r&eacute;sulte d&rsquo;une construction cognitive complexe sur laquelle on ne reviendra pas ici, mais qui engage en partie les espaces comme cadres d&rsquo;apprentissages.</p> <h3>Espaces et mod&egrave;les d&rsquo;apprentissage</h3> <p>L&rsquo;espace est r&eacute;gi par des sch&egrave;mes et des normes d&rsquo;organisation qui contraignent les gestes professionnels des enseignant.e.s, les modes d&rsquo;apprentissage des &eacute;l&egrave;ves, les postures et les exp&eacute;riences communicationnelles et cognitives. Ces sch&egrave;mes mod&egrave;lent les usages de l&rsquo;espace, dont les recherches en anthropologie r&eacute;v&egrave;lent les dimensions cach&eacute;es, d&rsquo;ordre individuel et culturel (Hall, 1978). Dans le champ de la psychologie culturelle et cognitive, Blandine Bril (2002) place la m&eacute;diation par l&rsquo;espace au coeur des probl&eacute;matiques d&rsquo;apprentissage, l&rsquo;espace &eacute;tant &agrave; la fois un espace d&rsquo;actions libres et un espace d&rsquo;actions encourag&eacute;es qui doit augmenter les capacit&eacute;s des apprenant.e.s. Ainsi, l&rsquo;apprentissage est toujours situ&eacute; (Lave, Wenger, 1991) &agrave; travers des pratiques qui sont des &ldquo;conversations avec une situation&rdquo; (Sch&ouml;n, 1997).</p> <p>C&eacute;lestin Freinet (1994), dans ses travaux sur la p&eacute;dagogie active, met en avant l&rsquo;importance des espaces en proposant, par exemple, de sortir de la classe pour apprendre dans l&rsquo;environnement naturel, ou de cr&eacute;er dans la classe des espaces documentaires d&eacute;di&eacute;s. Il s&rsquo;agit de former un espace ouvert de savoirs et une forme d&rsquo;autonomie apprenante (Morandi, 2005 : 93). Cette autonomie est en lien avec le principe de non-directivit&eacute;, qui valorise la libert&eacute; de l&rsquo;apprentissage, la communication entre les membres du groupe, le r&ocirc;le de l&rsquo;affectivit&eacute; et de la motivation, par rapport au principe traditionnel de l&rsquo;autorit&eacute; (Liqu&egrave;te, Maury, 2007 : 30-31).</p> <p>Le num&eacute;rique transforme le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve en lui offrant des potentialit&eacute;s d&rsquo;autonomie dans son rapport &agrave; l&rsquo;information, aux comp&eacute;tences exig&eacute;es pour mener &agrave; bien les t&acirc;ches qui lui sont propos&eacute;es et aux connaissances qu&rsquo;il.elle doit construire. Il peut inviter aussi l&rsquo;enseignant.e &agrave; une p&eacute;dagogie active qui n&eacute;cessite de repenser la forme scolaire, tant dans ses espaces que dans ses temporalit&eacute;s (Durpaire, 2015). Le mod&egrave;le traditionnel des espaces-temps d&rsquo;enseignement a perdu son exclusivit&eacute;, bien que les modes de fonctionnement de l&rsquo;&eacute;cole restent encore profond&eacute;ment ancr&eacute;s dans des approches disciplinaires et magistrales qui structurent une forme scolaire peu remise en question. La forme scolaire, l&rsquo;&laquo; ensemble et la configuration des &eacute;l&eacute;ments constitutifs de ce que nous appelons l&rsquo;&eacute;cole &raquo; (Vincent, 1980 : 10), structure les cadres spatio-temporels des enseignements d&egrave;s l&rsquo;enfance et tout au long de la scolarit&eacute; de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, ainsi que les modalit&eacute;s de son rapport au savoir et &agrave; l&rsquo;agir pour apprendre : &ecirc;tre silencieux, immobile, concentr&eacute; et appliqu&eacute; sur une t&acirc;che, r&eacute;p&eacute;ter la t&acirc;che pour la m&eacute;moriser&hellip; Cette forme repose sur des choix politiques d&rsquo;&eacute;ducation en ce qu&rsquo;elle assigne des positions et des rapports de domination aux individus (Vincent, 1980 : 264).</p> <p>Aujourd&rsquo;hui, ce mod&egrave;le traditionnel de la forme scolaire soul&egrave;ve de nombreuses questions&nbsp;: les &eacute;l&egrave;ves sont-ils.elles tous &eacute;gaux.ale.s face aux modalit&eacute;s d&rsquo;apprentissages? Ce mod&egrave;le est-il valable au vingt-et-uni&egrave;me si&egrave;cle, quand des moyens d&rsquo;information sont &agrave; disposition et n&eacute;cessaires pour apprendre et &eacute;voluer de fa&ccedil;on autonome dans la soci&eacute;t&eacute; ? Face &agrave; un mod&egrave;le d&rsquo;&eacute;ducation formel, des apprentissages &ldquo;hors champs&rdquo; sont-ils possibles pour les &eacute;l&egrave;ves qui &eacute;prouvent des difficult&eacute;s, pour ceux.celles qui peinent &agrave; trouver la motivation n&eacute;cessaire aux apprentissages dans le cadre de la forme scolaire traditionnelle, et pour ceux.celles qui ont d&eacute;croch&eacute; ?</p> <p>De nombreuses &eacute;tudes se sont int&eacute;ress&eacute;es aux apprentissages informels pour comprendre dans quelle mesure les &eacute;l&egrave;ves peuvent en tirer b&eacute;n&eacute;fice, par quels moyens ou par quelles modalit&eacute;s ils peuvent &ecirc;tre suscit&eacute;s. L&rsquo;&eacute;ducation informelle &laquo; pr&eacute;sente des apprentissages en situation d&rsquo;osmose avec son environnement imm&eacute;diat (Rogers, 2004) &raquo;. Cette situation offrirait un contexte plus favorable aux apprentissages, en permettant &agrave; un.e &eacute;l&egrave;ve de se sentir suffisamment &agrave; l&rsquo;aise pour &eacute;voluer spontan&eacute;ment dans l&rsquo;espace, pour exercer sa curiosit&eacute; sur les objets disponibles dans une situation propos&eacute;e, les manipuler pour exp&eacute;rimenter, interagir avec les autres et d&eacute;velopper sa compr&eacute;hension. Dans l&rsquo;&eacute;ducation informelle, o&ugrave; l&rsquo;apprentissage se fait dans le cours de l&rsquo;activit&eacute;, l&rsquo;espace joue un r&ocirc;le essentiel pour faire &eacute;merger l&rsquo;envie, la curiosit&eacute; et le plaisir de s&rsquo;engager dans l&rsquo;action, ins&eacute;parable de l&rsquo;apprentissage. Mais cet engagement privil&eacute;gi&eacute; de l&rsquo;individu dans la situation est contraignant, car il exige des temporalit&eacute;s plus ou moins &eacute;tendues et extensives, selon les besoins de chacun.e, complexes &agrave; g&eacute;rer pour l&rsquo;institution scolaire.</p> <h3>Espaces et &eacute;cosyst&egrave;mes apprenants</h3> <p>Le FabLab, &ldquo;fabrication laboratory&rdquo;, peut &ecirc;tre d&eacute;fini comme un espace de travail et de formation, &laquo; physiquement situ&eacute; o&ugrave; des personnes ayant un int&eacute;r&ecirc;t pour les techniques se rassemblent pour travailler sur des projets tout en partageant des &eacute;quipements (machines-outils, wifi&hellip;), des connaissances et des valeurs communes issues de l&rsquo;&eacute;thique hacker &raquo; (Lallement, 2015 : 525). Le concept de FabLab a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; par Neil Gershenfeld, professeur au MIT, &agrave; la fin des ann&eacute;es 1990. Lieu ouvert o&ugrave; toutes sortes d&#39;outils sont mis &agrave; disposition du public, ainsi que des plateformes en r&eacute;seaux qui permettent de s&#39;&eacute;changer des fichiers dans le monde entier, le FabLab vise la conception et la r&eacute;alisation d&#39;objets, dans une d&eacute;marche de design. Il s&#39;adresse &agrave; tous les publics, entrepreneurs.euse.s, designers, artistes, bricoleurs.euse.s, &eacute;tudiant.e.s, &eacute;l&egrave;ves, qui veulent passer de la conception au prototypage puis de la mise au point &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;objets. Il constitue un espace de rencontre et de cr&eacute;ation collaborative pour, entre autres, fabriquer des objets uniques.</p> <p>Un FabLab peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;, selon le manifeste du groupe international francophone des tiers-lieux libres et&nbsp;<i>open source</i>, comme un tiers-lieu, qu&rsquo;Antoine Burret propose de d&eacute;finir comme &laquo; une configuration sociale o&ugrave; la rencontre entre des entit&eacute;s individu&eacute;es engage intentionnellement &agrave; la conception de repr&eacute;sentations communes &raquo; (Burret, 2017 : 238). Cette d&eacute;finition inclut la rencontre entre des individus et avec des objets dans une &ldquo;&eacute;pist&eacute;mologie du bricolage&rdquo; (Vallat, 2015) qui valorise le faire dans une perspective de mise en commun des connaissances. Pour Laurent Th&eacute;venot (2006), les objets participent &agrave; la coordination entre diff&eacute;rentes actions pour s&rsquo;engager collectivement dans une situation et dans un espace. Pour vivre dans un espace partag&eacute;, des r&egrave;gles formelles et informelles organisent les &eacute;changes et structurent le fonctionnement interne de l&rsquo;espace. L&rsquo;&eacute;laboration de ces r&egrave;gles, &agrave; la diff&eacute;rence de la configuration institu&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, peut &ecirc;tre discut&eacute;e et n&eacute;goci&eacute;e avec et par les participants. Elle passe par des formes de documentation puisqu&rsquo;elle exige une connaissance partag&eacute;e.</p> <p>Dans les &eacute;tablissements scolaires, certain.e.s enseignant.e.s tentent d&rsquo;agir sur les espaces et les valeurs auxquelles ils renvoient. Les r&eacute;flexions sur les espaces et leur implication dans une approche renouvel&eacute;e des dynamiques cognitives se multiplient depuis quelques ann&eacute;es. Vincent Faillet, professeur de Sciences et Vie de la Terre a, par exemple, sollicit&eacute; ses &eacute;l&egrave;ves de lyc&eacute;e pour red&eacute;finir avec eux les modalit&eacute;s de travail dans la classe. Leur r&eacute;flexion les a conduits &agrave; installer des tableaux sur tous les murs de la salle de classe pour pouvoir travailler &agrave; plusieurs, debout, &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un tableau, des&nbsp;<i>smartphone</i>s pour effectuer des recherches sur internet et apporter des r&eacute;ponses aux questions qu&rsquo;ils se posent (Faillet, 2018). On glisse donc ici de la notion d&rsquo;espace d&rsquo;apprentissage &agrave; celle d&rsquo;espace de conception en passant par la manipulation de l&rsquo;information disponible et la cr&eacute;ation de documents qui structurent l&rsquo;action. Un espace de conception et de cr&eacute;ation est aussi un &laquo; environnement artefactuel hautement structur&eacute; &raquo; (Conein, 1990 : 101). Bernard Conein a analys&eacute; avec pr&eacute;cision la fa&ccedil;on dont l&rsquo;arrangement d&rsquo;un espace de travail devient une ressource cognitive pour organiser les t&acirc;ches en simplifiant les raisonnements et en donnant acc&egrave;s aux informations pertinentes pour &eacute;conomiser du temps et gagner en efficacit&eacute; dans l&rsquo;action. La cognition est alors distribu&eacute;e &agrave; travers les outils, artefacts et documents qui externalisent la mise en m&eacute;moire des informations, les rendant localement disponibles dans le cours de l&rsquo;action.</p> <p>Ainsi, un &eacute;cosyst&egrave;me informationnel se met en place autour des espaces, constitu&eacute; d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments communs issus d&rsquo;une culture partag&eacute;e, d&rsquo;un vocabulaire, d&rsquo;outils, de proc&eacute;dures, de normes, d&rsquo;une gouvernance, d&rsquo;une coordination et d&rsquo;un syst&egrave;me de contraintes (Liqu&egrave;te, 2011). Pour B&eacute;atrice Micheau et Marie Despr&eacute;s-Lonnet qui ont questionn&eacute; les usages des biblioth&egrave;ques universitaires (2018), habiter un espace, &laquo;&nbsp;c&rsquo;est investir physiquement et mat&eacute;riellement ce lieu, en prendre possession par l&rsquo;appropriation de qualit&eacute;s et de potentialit&eacute;s qui lui sont propres, mais c&rsquo;est &eacute;galement disposer d&rsquo;une capacit&eacute; &agrave; le reconfigurer pour donner un sens &agrave; sa pr&eacute;sence dans les espaces qui le compose &raquo; (Micheau, Despr&eacute;s-Lonnet, 2018 : 269). Judith Dehail et Jo&euml;lle Le Marec insistent, quant &agrave; elles, sur le fait que &laquo; cette id&eacute;e d&rsquo;habiter renvoie non pas &agrave; l&rsquo;occupation d&rsquo;un espace priv&eacute;, mais &agrave; une mani&egrave;re d&rsquo;occuper un milieu. Elle est &eacute;minemment complexe, propice &agrave; des m&eacute;taphorisations dans la mesure o&ugrave; elle s&rsquo;apparente plut&ocirc;t, pour cette signification, &agrave; l&rsquo;&eacute;cologie et donc aux sciences du vivant &raquo; (Dehail, Le Marec, 2018 : 8).</p> <p>Nous nous interrogeons sur les mani&egrave;res dont les &eacute;l&egrave;ves et leurs enseignant.es cr&eacute;ent cet &eacute;cosyst&egrave;me dans l&rsquo;espace du FabLab, en font un lieu d&rsquo;apprentissage au cours de projets p&eacute;dagogiques et un levier de pers&eacute;v&eacute;rance dans les parcours scolaires. La pers&eacute;v&eacute;rance dans les apprentissages, est ici entendue comme une traduction dans la dur&eacute;e de la motivation et de l&rsquo;engagement des &eacute;l&egrave;ves pour apprendre. A court terme, la pers&eacute;v&eacute;rance peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e dans la dur&eacute;e d&rsquo;une activit&eacute;, &agrave; long terme, dans le parcours scolaire que certain.e.s sont pr&egrave;s d&rsquo;abandonner.&nbsp;</p> <h2><a id="t3"></a>OBSERVER LES &Eacute;COSYST&Egrave;MES DES FABLABS</h2> <p>L&rsquo;espace de cr&eacute;ativit&eacute; du FabLab permet la rencontre et les interactions de diff&eacute;rents acteurs autour d&rsquo;objets partag&eacute;s pour des usages diff&eacute;renci&eacute;s. Nous faisons l&rsquo;hypoth&egrave;se qu&rsquo;ils peuvent aider des jeunes en difficult&eacute; ou en d&eacute;crochage par rapport &agrave; leur parcours scolaire &agrave; pers&eacute;v&eacute;rer dans leurs apprentissages, pour plusieurs raisons. D&rsquo;une part, les activit&eacute;s propos&eacute;es exigent des comp&eacute;tences qui valorisent l&rsquo;estime de soi &agrave; travers un espace-temps en d&eacute;calage par rapport &agrave; la forme scolaire que l&rsquo;on vient de d&eacute;crire et dans laquelle les d&eacute;crocheurs ne s&rsquo;investissent plus. D&rsquo;autre part, le travail, accompagn&eacute;, se r&eacute;alise le plus souvent en groupe, sur le mode du projet visant &agrave; s&rsquo;organiser pour atteindre un objectif commun. L&rsquo;atteinte de cet objectif repr&eacute;sente alors une r&eacute;ussite qui permet de regagner confiance et de se sentir revaloris&eacute;. Car c&rsquo;est bien de sensibilit&eacute; qu&rsquo;il s&rsquo;agit, et, pour le chercheur, de tenter de comprendre la perception des situations cr&eacute;&eacute;es dans une approche qui privil&eacute;gie l&rsquo;observation minutieuse et attentive.</p> <h3>Une approche ethnographique</h3> <p>Dans le cadre du projet Perseverons, nous avons observ&eacute; durant deux ann&eacute;es les projets d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves dans deux classes de coll&egrave;ges et deux classes de lyc&eacute;e. Les contextes &eacute;taient h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, avec deux structures de FabLabs et plusieurs &eacute;tablissements scolaires avec leurs publics sp&eacute;cifiques. Il s&rsquo;agissait de deux coll&egrave;ges dont l&rsquo;un class&eacute; en r&eacute;seaux d&rsquo;&eacute;ducation prioritaire (REP +) et l&rsquo;autre en milieu rural, ainsi qu&rsquo;un lyc&eacute;e d&rsquo;enseignement g&eacute;n&eacute;ral. Les deux FabLabs sont aussi tr&egrave;s diff&eacute;rents : l&rsquo;un (127&deg;) est situ&eacute; dans un centre de culture scientifique, technique et industrielle, et s&rsquo;adresse au grand public, l&rsquo;autre (<a href="mailto:Coh@bit">Coh@bit</a>) est situ&eacute; dans un institut universitaire technologique, et ouvert &agrave; tous types de publics. Un troisi&egrave;me FabLab a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; dans une &eacute;cole d&rsquo;ing&eacute;nieurs, et se trouve &ecirc;tre tr&egrave;s orient&eacute; vers la robotique et l&rsquo;ing&eacute;nierie informatique. Il est d&rsquo;ailleurs fr&eacute;quent&eacute; essentiellement par les &eacute;l&egrave;ves ing&eacute;nieur.e.s et par quelques &eacute;l&egrave;ves en &eacute;tablissements scolaires travaillant sur les comp&eacute;titions en robotique. De par ces caract&eacute;ristiques &eacute;loign&eacute;es des deux autres FabLab, celui-ci n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute; &agrave; ce corpus d&rsquo;observations.&nbsp;</p> <p>Le FabLab 127&deg;, g&eacute;r&eacute; par un Fab Manager et des animateurs.rices sp&eacute;cifiquement form&eacute;.es, accueille tous types de publics autour de machines d&eacute;di&eacute;es &agrave; la fabrication de prototypes. Le projet Pers&eacute;v&eacute;rons a &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion pour cette structure de travailler avec un public scolaire autour de deux types de projets&nbsp;: l&rsquo;un (en 2017-2018) reposant sur l&rsquo;accueil pendant une semaine de deux demi-groupes d&rsquo;une classe de troisi&egrave;me (21 &eacute;l&egrave;ves) et de ses enseignant.es (arts plastiques et science physique la premi&egrave;re semaine, anglais et technologie la seconde) pour fabriquer des jeux de soci&eacute;t&eacute; dans le cadre d&rsquo;un projet de classe qui s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute; sur plusieurs mois&nbsp;; l&rsquo;autre (2018-2019) reposant sur le d&eacute;placement du FabLab et d&rsquo;un animateur dans un coll&egrave;ge pr&egrave;s de la m&eacute;diath&egrave;que de proximit&eacute; pour une classe de troisi&egrave;me (26 &eacute;l&egrave;ves). Ce second groupe a men&eacute; un projet de fabrication de jeux pendant une semaine par demi-classe, avec des enseignant.es de sciences physiques et de technologie.</p> <p>Le FabLab&nbsp;<a href="mailto:Coh@bit">Coh@bit</a>, a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; en 2014. Il propose aux jeunes des parcours visant le d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences psychosociales, num&eacute;riques et techniques, la cr&eacute;ativit&eacute;, les d&eacute;marches &eacute;cocitoyenne, entrepreneuriale et complexe, gr&acirc;ce &agrave; des projets collaboratifs. Les accompagnant.e.s&nbsp;(enseignant.e.s, usagers du FabLab, intervenant.e.s de la fondation Orange en m&eacute;c&eacute;nat de comp&eacute;tences) misent sur la sp&eacute;cificit&eacute; du cadre spatio-temporel des projets propos&eacute;s aux jeunes pour qu&rsquo;ils.elles se sentent impliqu&eacute;.es dans des projets qui sont en lien avec leur parcours personnel et acad&eacute;mique. Dans cette structure, un enseignant (de sciences physiques) charg&eacute; de l&rsquo;option Informatique et cr&eacute;ation num&eacute;rique dans une classe de seconde a choisi d&rsquo;accompagner deux classes de 20 &eacute;l&egrave;ves dans les projets qu&rsquo;ils.elles menaient en classe durant l&rsquo;ann&eacute;e. En 2017-2018, les &eacute;l&egrave;ves ont rapidement visit&eacute; le FabLab puis ont gard&eacute; un lien distant &agrave; travers leur enseignant pour poursuivre leur projet en classe, dans une salle traditionnelle. En 2018-2019, les &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;une autre classe se sont d&eacute;plac&eacute;.e.s en demi-groupes et ont pu mener des projets depuis la conception jusqu&rsquo;&agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;objets dans le FabLab.</p> <p>Une s&eacute;rie d&rsquo;observations de type ethnographique a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e, men&eacute;e sur des journ&eacute;es continues et tout au long de projets de fabrication qui ont r&eacute;uni sur plusieurs jours les &eacute;l&egrave;ves, enseignant.e.s et m&eacute;diateur.trice.s au sein des structures. Au cours de ces observations par plusieurs chercheur.euse.s suivant respectivement un groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves, des photographies, vid&eacute;os et prises de notes&nbsp;<i>in situ</i>&nbsp;ont permis de rassembler des mat&eacute;riaux visant &agrave; &eacute;tablir un suivi continu et situ&eacute; de la progression des &eacute;l&egrave;ves dans leur projet. &Agrave; chaque s&eacute;ance d&rsquo;observation, un &eacute;tat du dispositif socio-technique a &eacute;t&eacute; dress&eacute;, permettant de d&eacute;crire pr&eacute;cis&eacute;ment le contexte de l&rsquo;observation, la classe, les acteurs, leur r&eacute;partition dans l&rsquo;espace, la temporalit&eacute;, l&rsquo;activit&eacute; propos&eacute;e, son organisation, le dispositif documentaire et communicationnel. Chaque chercheur.euse s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute;.e &agrave; un groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves, voire &agrave; un.e seul.e &eacute;l&egrave;ve et l&rsquo;a suivi.e selon les modalit&eacute;s de l&rsquo;activit&eacute; propos&eacute;e. Un dictaphone num&eacute;rique permettait d&rsquo;enregistrer les &eacute;changes lors de la s&eacute;ance d&rsquo;observation, les photographies et les vid&eacute;os de capter des moments pour revenir sur des situations s&eacute;lectionn&eacute;es, d&eacute;tailler la r&eacute;partition et les positionnements des acteurs dans l&rsquo;espace, la place des outils (modes d&rsquo;agencement, disposition dans l&rsquo;espace, objets en cours de cr&eacute;ation...). Un journal de bord conservait pour chaque s&eacute;ance la description du dispositif et de l&rsquo;environnement observ&eacute;, les caract&eacute;ristiques des enregistrements, des analyses compl&eacute;mentaires de la situation observ&eacute;e &agrave; la fin de chaque s&eacute;ance autour des moments clefs, des dysfonctionnements, des faits surprenants constat&eacute;s, des ruptures ou au contraire de la fluidit&eacute; de l&rsquo;activit&eacute;.</p> <h3>Une approche sensible</h3> <p>L&rsquo;objet de la recherche n&rsquo;est pas celui du fonctionnement des FabLabs, du strict point de vue de l&rsquo;organisation, des dynamiques d&rsquo;innovation ou des interactions hommes-machines, mais sp&eacute;cifiquement l&rsquo;effet de l&rsquo;espace du FabLab et de tout ce qui s&rsquo;y joue&nbsp;:&nbsp; les pratiques d&rsquo;information et de communication, la perception de la situation et la projection par les &eacute;l&egrave;ves de leur place au sein de la classe, dans leur parcours de vie, dans leurs apprentissages scolaires et non scolaires. L&rsquo;engagement dans le projet et dans la t&acirc;che plus particuli&egrave;rement, est un indicateur du lien tiss&eacute;, ou pas, entre cette perception et l&rsquo;apprentissage, donc de la pers&eacute;v&eacute;rance qui repose sur la motivation dans la dur&eacute;e et le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle (Bandura, 2003). Les travaux de psychologie cognitive (Chi, Wylie, 2014) peuvent &ecirc;tre rapproch&eacute;s de la philosophie pragmatique de John Dewey par exemple, pour mobiliser l&rsquo;activit&eacute; sociale r&eacute;elle des &eacute;l&egrave;ves dans la compr&eacute;hension de la qualit&eacute; et de la durabilit&eacute; de leurs apprentissages. L&rsquo;analyse se centre sur les dimensions de la pers&eacute;v&eacute;rance, au croisement entre affectif, cognitif, conatif, et des dimensions technique, organisationnelle, relationnelle.</p> <p>Les observations effectu&eacute;es au niveau micro-situationnel permettent d&rsquo;appr&eacute;hender le plus finement possible ces activit&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves en tenant compte de leur personnalit&eacute;, de leurs relations au sein du groupe, de leur rapport aux personnes, aux objets, au lieu, &agrave; la situation, aux savoirs, et aux valeurs sous-jacentes &agrave; leurs actions. Il s&rsquo;agit l&agrave; de tenter de comprendre, &agrave; travers les gestes, les &eacute;changes verbaux et non verbaux, les dispositions mat&eacute;rielles, intellectuelles, affectives, plusieurs dimensions de l&rsquo;exp&eacute;rience humaine, qui incluent les &eacute;motions, la perception de l&rsquo;activit&eacute; et m&ecirc;me les imaginaires. Une telle approche &ldquo;sensible&rdquo; n&eacute;cessite des temps d&rsquo;&eacute;changes avec les acteurs, &eacute;l&egrave;ves, enseignant.e.s, accompagnateurs.trice.s, m&eacute;diateurs.trice.s, gr&acirc;ce &agrave; des entretiens d&rsquo;explicitation en cours d&rsquo;activit&eacute;, ravivant une m&eacute;moire &eacute;pisodique plus que s&eacute;mantique en situation, ainsi que des entretiens semi-directifs &agrave; l&rsquo;issue des projets, qui permettent l&rsquo;expression du ressenti a posteriori et l&rsquo;explicitation des exp&eacute;riences.&nbsp;</p> <h2><a id="t4"></a>FABRIQUER SON ESPACE DE SAVOIRS</h2> <p>C&eacute;lestin Freinet insiste sur l&rsquo;&eacute;ducation du travail et la &laquo;&nbsp;n&eacute;cessit&eacute; organique d&rsquo;user le potentiel de vie &agrave; une activit&eacute; tout &agrave; la fois individuelle et sociale, qui ait un but parfaitement compris, et pr&eacute;sentant une grande amplitude de r&eacute;actions (...) &raquo; en valorisant le &laquo;&nbsp;sentiment de puissance &raquo; (Freinet , 1994 : 157). Impliquer les jeunes avec leurs habilet&eacute;s, leurs pratiques non scolaires, leur cr&eacute;ativit&eacute;, et accepter le t&acirc;tonnement pour d&eacute;couvrir collectivement, peut permettre d&rsquo;ouvrir de nouveaux espaces d&rsquo;apprentissages co-construits et partag&eacute;s. Et les outils et usages num&eacute;riques semblent particuli&egrave;rement propices &agrave; ces pratiques de co-construction. Des premi&egrave;res observations, trois dimensions de l&rsquo;espace dans le cadre du FabLab sont &agrave; consid&eacute;rer. L&rsquo;espace mat&eacute;riel propose des affordances dans sa plasticit&eacute;. L&rsquo;espace social valorise tout &agrave; la fois l&rsquo;autonomie et l&rsquo;importance du groupe dans l&rsquo;organisation des activit&eacute;s. Enfin, l&rsquo;espace sensible offre des possibilit&eacute;s d&rsquo;exploration.</p> <h3>Les affordances de l&rsquo;espace</h3> <p>Dans leurs configurations spatiales, les FabLabs offrent des possibilit&eacute;s de mouvement et de circulation qui rompent avec la rigidit&eacute; de la forme scolaire, les principales contraintes r&eacute;sultant de la place prise par les machines et les outils, autant du point de vue mat&eacute;riel que sanitaire et s&eacute;curitaire. Le fait de pouvoir &ldquo;bouger&rdquo; est soulign&eacute; comme un &eacute;l&eacute;ment essentiel par les &eacute;l&egrave;ves qui per&ccedil;oivent l&rsquo;immutabilit&eacute; de l&rsquo;espace scolaire comme un reflet de leur propre immobilit&eacute; dans leur r&ocirc;le et la figure qu&rsquo;ils incarnent &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Ce sont aussi des modalit&eacute;s possibles pour entrer dans les apprentissages, en faisant, en lisant, en manipulant, en communiquant. La modularit&eacute; et la plasticit&eacute; de l&rsquo;espace du FabLab apparaissent donc comme des instruments de lib&eacute;ration d&rsquo;une &eacute;nergie qui se traduit &agrave; la fois par la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;vacuer le stress de la concentration et comme un moyen de s&rsquo;entraider.</p> <p>La d&eacute;couverte du lieu, de ses objets et la rencontre entre les &eacute;l&egrave;ves et d&rsquo;autres participant.e.s au sein du FabLab suscitent la cr&eacute;ativit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves qui mod&eacute;lisent et agencent, &agrave; leur mani&egrave;re, l&rsquo;espace de travail qu&rsquo;ils occupent pour un temps. Au fil des journ&eacute;es, les &eacute;l&egrave;ves prennent possession de l&rsquo;espace : par leurs mouvements, ils.elles se l&egrave;vent et se d&eacute;placent pour voir ce que fait l&rsquo;autre sur l&rsquo;ordinateur ou les avanc&eacute;es des autres groupes. Ils.elles &eacute;changent aussi leurs places devant les ordinateurs lorsque l&rsquo;un.e est bloqu&eacute;.e et qu&rsquo;il.elle ne parvient pas &agrave; r&eacute;soudre un probl&egrave;me. Dans le FabLab 127&deg;, les &eacute;l&egrave;ves expriment leur inconfort sur les tabourets en bois.</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;<img alt="revue-2019-lehmans-capelle.png" src="https://www.revue-cossi.info/images/revue-2019-lehmans-capelle.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Illustrations 1 : Positionnements dans l&rsquo;espace de travail du groupe (FabLab 127&deg;)</em></p> <p>L&rsquo;un d&rsquo;eux trouvera un fauteuil tr&egrave;s confortable pour l&rsquo;occuper et invitera ses amis &agrave; y prendre place. Les jeunes estiment avoir gagn&eacute; en privil&egrave;ge. Sarah se proclame &ldquo;Princesse&rdquo; sur un tr&ocirc;ne provisoire. Ce type de comportement serait inimaginable en classe, dans le FabLab il est tout &agrave; fait admis.</p> <p>La reconfiguration de l&rsquo;espace de travail participe &agrave; redonner force &agrave; la motivation des &eacute;l&egrave;ves et confiance en leur capacit&eacute; &agrave; faire aboutir leur projet. Les objets et les &eacute;quipements sont r&eacute;quisitionn&eacute;s par les jeunes pour concevoir un espace de travail confortable, &agrave; la hauteur des efforts qu&rsquo;ils.elles consid&egrave;rent investir pour travailler sur des logiciels complexes qu&rsquo;ils.elles ne ma&icirc;trisent pas. L&rsquo;occupation des espaces et l&rsquo;appropriation des objets en pr&eacute;sence peuvent alors &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme faisant partie du processus de pers&eacute;v&eacute;rance dans lequel les &eacute;l&egrave;ves sont engag&eacute;s. La possibilit&eacute; de se d&eacute;placer, de changer de place et d&rsquo;alterner les r&ocirc;les dans le groupe facilite aussi l&rsquo;engagement dans la t&acirc;che qui n&rsquo;aurait pas le m&ecirc;me sens pour les &eacute;l&egrave;ves dans une classe. Dans les entretiens avec les &eacute;l&egrave;ves, le fait de pouvoir se d&eacute;placer, d&rsquo;aller voir les autres et de communiquer est tr&egrave;s appr&eacute;ci&eacute; des jeunes qui d&eacute;clarent ne jamais pouvoir faire cela au coll&egrave;ge ou au lyc&eacute;e. Pour une classe de coll&egrave;ge, la d&eacute;couverte du FabLab est aussi celle de la grande ville, pourtant toute proche de leur commune, et la sortie de la cit&eacute;. Les limites g&eacute;ographiques, cognitives et sociales sont repouss&eacute;es.</p> <p>La plasticit&eacute; est en lien avec la capacit&eacute; et surtout le droit &agrave; communiquer. La s&eacute;miotique de l&rsquo;espace r&eacute;v&egrave;le, dans les deux FabLabs observ&eacute;s, la centralit&eacute; des &eacute;changes humains dans des espaces de travail ouverts, les machines localis&eacute;es en p&eacute;riph&eacute;rie, et l&rsquo;importance de la communication, &agrave; travers des post-its, des affiches, des fiches, des blogs, des plateformes &agrave; disposition, qui invitent &agrave; documenter les activit&eacute;s pour en conserver et partager les traces, sans en faire une injonction directe. L&rsquo;organisation du travail, en dehors des consignes donn&eacute;es par les m&eacute;diateurs.rice.s ou les enseignant.e.s, reste souple en invitant les acteurs &agrave; participer &agrave; ce r&eacute;seau de communication.</p> <p>Si dans le cadre des projets scolaires men&eacute;s dans les FabLabs, cette d&eacute;marche reste contrainte par des formats impos&eacute;s (cr&eacute;er un diaporama par exemple, ou un blog), elle peut aussi donner lieu &agrave; des formes d&rsquo;expression plus libres et &agrave; l&rsquo;usage de r&eacute;seaux familiers aux &eacute;l&egrave;ves. Les groupes d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves, quand ils y sont implicitement ou explicitement autoris&eacute;s, sortent tr&egrave;s rapidement leurs t&eacute;l&eacute;phones portables pour documenter les projets en captant et en partageant des photographies ou des vid&eacute;os. Ils.elles naviguent discr&egrave;tement sur les r&eacute;seaux sociaux, notamment Snapchat et Instagram, qui leur permettent de diffuser des images de leurs activit&eacute;s et d&rsquo;y associer leurs ami.e.s &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur (dont les &ldquo;like&rdquo; sont comment&eacute;s). Les lyc&eacute;en.ne.s font de m&ecirc;me avec un double circuit de communication, institutionnel (le blog exig&eacute; dans le projet) et informel (les r&eacute;seaux socionum&eacute;riques), le t&eacute;l&eacute;phone permettant de faire le lien entre les deux. Dans l&rsquo;un des coll&egrave;ges, un seul groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves, plus en difficult&eacute;, n&rsquo;est pas sorti de la demande institutionnelle, ne percevant pas l&rsquo;activit&eacute; comme suffisamment valoris&eacute;e et valorisante pour la partager avec les groupes d&rsquo;ami.e.s.</p> <h3>L&rsquo;importance du groupe dans le travail autonome</h3> <p>Tant les observations que les entretiens montrent l&rsquo;importance de la perception par les &eacute;l&egrave;ves de leur autonomie, quand ils.elles ont le sentiment qu&rsquo;elle existe et quand ils.elles estiment qu&rsquo;elle est tronqu&eacute;e. De ce point de vue, l&rsquo;utilisation d&rsquo;un espace alternatif &agrave; la classe semble fondamentale. Les lyc&eacute;en.ne.s qui ont commenc&eacute; un projet dans le FabLab et l&rsquo;ont termin&eacute; en classe n&rsquo;ont pas per&ccedil;u de changement dans l&rsquo;organisation autonome de leur travail, et ne s&rsquo;en sont pas empar&eacute;.e.s. Quelques-un.e.s se sont d&eacute;marqu&eacute;.e.s par leur pers&eacute;v&eacute;rance dans leur projet qui confirmait leur statut d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves &ldquo;s&eacute;rieux&rdquo; et leurs choix d&rsquo;orientation, tandis que d&rsquo;autres sont rest&eacute;.e.s en retrait en fuyant le projet jusqu&rsquo;&agrave; la fin de l&rsquo;ann&eacute;e.</p> <p>Dans les assignations sexu&eacute;es des fonctions, rien ne change non plus, puisque dans une des classes, les trois filles sur les vingt &eacute;l&egrave;ves de la classe sont rest&eacute;es consign&eacute;es dans un r&ocirc;le non technique, une seule s&rsquo;est impliqu&eacute;e, mais n&rsquo;a pas trouv&eacute; d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience du projet pour son propre parcours. Pour l&rsquo;enseignant, l&rsquo;exp&eacute;rience n&rsquo;est pas concluante ; la simple visite d&rsquo;un espace alternatif, si elle a modifi&eacute; sa propre perception de son r&ocirc;le pour accompagner les projets, n&rsquo;a pas eu d&rsquo;effet sur les comportements et les pratiques des &eacute;l&egrave;ves. &Agrave; l&rsquo;inverse, l&rsquo;ann&eacute;e suivante, quand il choisit de faire mener un projet plus modeste dans le FabLab aux &eacute;l&egrave;ves organis&eacute;.e.s en groupes, il constate un changement radical dans leur prise en charge de leur propre travail et finalement dans l&rsquo;aboutissement des projets et leur valorisation.</p> <p>Pour les coll&eacute;gien.ne.s, le constat est identique, et surtout les discours t&eacute;moignent presqu&rsquo;unanimement d&rsquo;une exp&eacute;rience partag&eacute;e de l&rsquo;autonomie dans le travail. Lorsqu&rsquo;on les interroge sur les &eacute;l&eacute;ments qui font qu&rsquo;ils.elles ont appr&eacute;ci&eacute; le projet, le fait de sortir de l&rsquo;&eacute;tablissement est clairement pl&eacute;biscit&eacute;. Selon la grande majorit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves interrog&eacute;.e.s, r&eacute;aliser le m&ecirc;me projet, avec le m&eacute;diateur et les machines mais dans l&rsquo;&eacute;tablissement scolaire, n&rsquo;aurait clairement pas &eacute;t&eacute; aussi &ldquo;<i>agr&eacute;able</i>&rdquo; et &ldquo;<i>motivant</i>&rdquo;. Les &eacute;motions qu&rsquo;ils.elles attachent &agrave; l&rsquo;&eacute;tablissement scolaire sont d&rsquo;embl&eacute;e associ&eacute;es &agrave;&nbsp; la contrainte, &agrave; l&rsquo;immobilisme, la surveillance (<i>&ldquo;on doit rester assis en rang&eacute;es&rdquo;, &ldquo;on est assis toute la journ&eacute;e&rdquo;, &ldquo;on a les profs sur le dos&rdquo;</i>), alors que l&rsquo;espace du FabLab est associ&eacute; au fait de &ldquo;<i>prendre l&rsquo;air</i>&rdquo; (&ldquo;<i>ici on bouge</i>&rdquo;) et &agrave; plus de &ldquo;l<i>ibert&eacute;s</i>&rdquo; et d&rsquo;&rdquo;<i>autonomie</i>&rdquo;.</p> <p>Cette autonomie se traduit par le fait que l&rsquo;&rdquo;<i>on n&rsquo;a pas besoin des profs</i>&rdquo; (Kevin), par l&rsquo;acceptation des erreurs et des &eacute;checs comme un moyen d&rsquo;avancer et d&rsquo;apprendre, et par une perception renouvel&eacute;e de la place de chacun.e dans le groupe, puisque de nombreux &eacute;l&egrave;ves affirment &ldquo;<i>&ecirc;tre plus individuels</i>&rdquo; (Kevin), tout en apprenant &agrave; travailler en groupe. Lucie affirme avoir aim&eacute; &ldquo;<i>qu&rsquo;on fasse comme on veut avec ce qu&rsquo;on a</i>&rdquo;, en se donnant le droit d&rsquo;affirmer ses id&eacute;es et en consid&eacute;rant la n&eacute;cessit&eacute; de te tenir compte de celles des autres. Pour elle &ldquo;<i>c&#39;est vrai qu&#39;on s&#39;est beaucoup disput&eacute;s, et j&#39;ai appris aussi &agrave; prendre des id&eacute;es des autres et laisser de c&ocirc;t&eacute; la mienne, et accepter que l&#39;id&eacute;e de l&#39;autre elle est mieux que la mienne. J&#39;ai appris &agrave; accepter &ccedil;a. J&#39;ai appris &agrave; dire mon avis sur quelque chose que je suis pas d&#39;accord, parce qu&#39;avant je disais pas forc&eacute;ment quand j&#39;&eacute;tais pas d&#39;accord, mais maintenant je le dis, je le dis, maintenant j&#39;assume quand je suis pas d&#39;accord.&rdquo;</i><i>&nbsp;</i></p> <p>La dimension sociale de l&rsquo;autonomie fait donc partie des apprentissages v&eacute;cus dans cet espace particulier qu&rsquo;est le FabLab. Celui-ci offre la possibilit&eacute; de revoir et redistribuer, parfois renverser les r&ocirc;les habituellement assign&eacute;s, y compris ceux des enseignant.e.s. Ainsi, les fonctions documentaires impos&eacute;es au d&eacute;part dans les projets sont souvent remises en question et r&eacute;investies par ceux.celles qui s&rsquo;y int&eacute;ressent, qui se sentent plus &agrave; l&rsquo;aise ou qui peuvent valoriser des comp&eacute;tences ignor&eacute;es des enseignant.e.s (aisance dans la prise de vue, dans l&rsquo;&eacute;criture), dans une n&eacute;gociation silencieuse mais qui semble aller de soi dans les groupes. Par ailleurs, certain.e.s &eacute;l&egrave;ves se r&eacute;v&egrave;lent &ecirc;tre des facilitateurs.rices d&rsquo;autonomie en assumant des fonctions de consultation, de discussion, de m&eacute;diation, mais aussi une expertise dans un domaine (travailler sur l&rsquo;ordinateur, prendre des photos, r&eacute;soudre une question math&eacute;matique, manipuler les objets) et ce ne sont pas n&eacute;cessairement ceux.celles qui sont identifi&eacute;s par les enseignant.e.s comme des &ldquo;bon.ne.s &eacute;l&egrave;ves&rdquo;.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="revue-2019-lehmans-capelle2.png" src="https://www.revue-cossi.info/images/revue-2019-lehmans-capelle2.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Illustrations 2 : Groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves en phase finale de projet (FabLab&nbsp;<a href="mailto:Coh@bit">Coh@bit</a>&nbsp;&agrave; gauche/FabLab 127&deg; &agrave; droite)</em></p> <h3>Potentialit&eacute;s et limites de l&rsquo;exploration</h3> <p>L&rsquo;autonomie va de pair avec la capacit&eacute; &agrave; r&eacute;soudre les probl&egrave;mes mais aussi &agrave; explorer. L&rsquo;espace du FabLab est avant tout un espace d&rsquo;exploration &agrave; travers l&rsquo;organisation du travail des &eacute;l&egrave;ves qui comprend classiquement id&eacute;ation, conception, prototypage, documentation et pr&eacute;sentation. La qualit&eacute; de l&rsquo;exploration n&rsquo;est pas li&eacute;e aux dimensions et &agrave; l&rsquo;environnement techniques mais bien plus aux relations sociales associ&eacute;es &agrave; ce lieu, &agrave; la temporalit&eacute; qui permet des moments de concentration aussi bien que de d&eacute;crochage et de fl&acirc;neries, aux ambiances, dont les &eacute;l&egrave;ves parlent souvent, y compris en mentionnant la lumi&egrave;re, les ouvertures, la fluidit&eacute; des d&eacute;placements, la pr&eacute;sence d&rsquo;objets incongrus, le confort et la diversit&eacute; des postures corporelles. Le fait de sortir de la salle de classe et du quotidien est symboliquement important. Ainsi pour Ya&euml;l &ldquo;&nbsp;<i>C&#39;&eacute;tait mieux &agrave; apprendre en fait (...) l&#39;ambiance et puis la forme, en fait, c&#39;est que l&agrave;, la salle il y a plein d&#39;objets dedans, plein de choses qui font que tu te sens mieux.</i>&rdquo; Le m&ecirc;me &eacute;l&egrave;ve oppose la situation de la classe o&ugrave; l&rsquo;on se contente d&rsquo;&eacute;couter et d&rsquo;&eacute;crire avec celle du FabLab o&ugrave; il faut comprendre, expliquer, s&rsquo;expliquer.</p> <p>La mention des machines intervient peu dans les entretiens, m&ecirc;me si les observations montrent une fascination &eacute;vidente mais peu durable pour des machines imposantes, bruyantes, tr&egrave;s performantes, qui permettent de r&eacute;aliser des objets. L&rsquo;exploration ne concerne pas sp&eacute;cifiquement ces machines, mais tout le processus qui m&egrave;ne &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;un objet con&ccedil;u et fabriqu&eacute; de fa&ccedil;on collaborative. Les &eacute;l&egrave;ves s&rsquo;autorisent &agrave; proposer des changements par rapport au fonctionnement quotidien de la classe : l&rsquo;interdiction d&rsquo;utiliser le t&eacute;l&eacute;phone portable est facilement remise en question par la n&eacute;cessit&eacute; de documenter les projets, les incomp&eacute;tences assign&eacute;es sont d&eacute;menties.</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;&nbsp;&nbsp;<img alt="revue-2019-lehmans-capelle3.png" src="https://www.revue-cossi.info/images/revue-2019-lehmans-capelle3.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Illustrations 3 : Groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves devant la d&eacute;coupeuse laser &agrave; gauche, groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves travaillant avec leur smartphone &agrave; droite (FabLab&nbsp;<a href="mailto:Coh@bit">Coh@bit</a>)</em></p> <p>L&rsquo;exploration tient aussi aux mots et aux formes de l&rsquo;expression. Certains mots pourtant attendus sont peu pr&eacute;sents dans les discours des &eacute;l&egrave;ves (par exemple le mot &ldquo;cr&eacute;ation&rdquo;, alors qu&rsquo;ils font preuve de cr&eacute;ativit&eacute;), tandis que d&rsquo;autres circulent, en lien direct avec la sp&eacute;cificit&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience : le mot &ldquo;id&eacute;ation&rdquo; est utilis&eacute; par un m&eacute;diateur et repris par certains &eacute;l&egrave;ves, alors que les enseignant.e.s eux.elles-m&ecirc;mes ne le connaissent pas. Les rep&egrave;res s&eacute;mantiques perdent ainsi de leur rigidit&eacute; parce que les enseignant.e.s comme les &eacute;l&egrave;ves occupent un espace qui ne leur est pas familier, en dialogue avec des acteurs ext&eacute;rieurs &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, les m&eacute;diateurs.rice.s, les stagiaires du FabLab, les usagers qui y fabriquent des objets.</p> <p>Les relations p&eacute;dagogiques sont per&ccedil;ues comme profond&eacute;ment transform&eacute;es, autant par les &eacute;l&egrave;ves que par les enseignant.e.s eux.elles-m&ecirc;mes. La perception des &eacute;l&egrave;ves par les enseignant.e.s est aussi sensiblement modifi&eacute;e dans cet espace dans lequel ils.elles deviennent des accompagnant.e.s dans une d&eacute;marche qu&rsquo;ils.elles ne ma&icirc;trisent pas. Et deviennent parfois des apprenant.e.s puisque tous les enseignant.e.s ont d&ucirc; se former aux usages du FabLab. Ils.elles t&eacute;moignent aussi de surprises dans la d&eacute;couverte de certain.e.s &eacute;l&egrave;ves face &agrave; la libert&eacute; qui leur est offerte et des avantages de la d&eacute;marche par essais-erreurs qu&rsquo;ils ne peuvent pas habituellement vraiment appliquer. Tout se passe &ldquo;<i>comme dans un voyage</i>&rdquo;.</p> <p>Pour autant, la formule est loin d&rsquo;&ecirc;tre magique. Dans toutes les situations observ&eacute;es, certain.e.s &eacute;l&egrave;ves en retrait le sont rest&eacute;.e.s. Pour eux.elles, il n&rsquo;est plus question de pers&eacute;v&eacute;rance mais d&eacute;j&agrave; de d&eacute;crochage, et l&rsquo;espace du FabLab ne suffit pas &agrave; modifier la perception de l&rsquo;univers scolaire. Pour des individus plus &acirc;g&eacute;s, qui reviennent dans des espaces comme les FabLabs apr&egrave;s des temps de d&eacute;crochage et d&rsquo;&eacute;chec, l&rsquo;exp&eacute;rience peut &ecirc;tre diff&eacute;rente et constructive, l&rsquo;occasion d&rsquo;explorer des pratiques nouvelles, des domaines auxquels ils.elles n&rsquo;avaient pas song&eacute; parce qu&rsquo;ils n&rsquo;entraient pas dans leur r&eacute;f&eacute;rences sociales. Mais dans le temps de la scolarit&eacute;, en particulier au coll&egrave;ge, un espace alternatif, pas plus que l&rsquo;usage de dispositifs num&eacute;riques, ne peut suffire &agrave; modifier profond&eacute;ment la perception par certain.e.s de leur propre incapacit&eacute; &agrave; r&eacute;pondre aux attentes de l&rsquo;&eacute;cole et leur absence de sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle. Dans les observations, peu d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves sont rest&eacute;.e.s v&eacute;ritablement en retrait, et m&ecirc;me les plus fragiles dans leur int&eacute;gration au groupe classe et leur participation au projet ont r&eacute;ussi &agrave; trouver une place satisfaisante et valorisante &agrave; un moment donn&eacute;. Mais on ne peut pas consid&eacute;rer que la formule soit suffisante pour construire les bases de connaissances scolaires nouvelles ou reconstruire une motivation inexistante. Pour les enseignant.e.s et les m&eacute;diateurs.ices, le &ldquo;<i>manque d&rsquo;autonomie</i>&rdquo; de certains groupes, profond&eacute;ment aga&ccedil;ant, traduit l&rsquo;inefficacit&eacute; du dispositif.</p> <p>Pour les coll&eacute;gien.ne.s, les comp&eacute;tences en informatique repr&eacute;sentent un obstacle majeur &agrave; la fois observable et dont ils t&eacute;moignent. La phase de production sur les ordinateurs (&ldquo;codage&rdquo; pour les lyc&eacute;en.ne.s) a pour tous les groupes &eacute;t&eacute; la plus difficile, engendrant des frustrations et des sentiments de difficult&eacute; voire d&rsquo;&eacute;chec pour plusieurs &eacute;l&egrave;ves, ceux qui sont par ailleurs consid&eacute;r&eacute;.e.s par leurs enseignant.e.s comme les plus en difficult&eacute; sur le plan scolaire dans les disciplines &ldquo;classiques&rdquo;. L&rsquo;hypoth&egrave;se de l&rsquo;aisance face &agrave; un ordinateur ne se v&eacute;rifie donc pas du tout. Le num&eacute;rique est plus un obstacle qu&rsquo;une aide quand les usages des outils requi&egrave;rent des comp&eacute;tences ou des connaissances sp&eacute;cifiques et notamment la capacit&eacute; &agrave; transposer des comp&eacute;tences d&rsquo;un outil &agrave; un autre. Tr&egrave;s peu d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves sont capables d&rsquo;utiliser un logiciel de dessin, ou de transposer leur savoir-faire d&rsquo;un logiciel &agrave; l&rsquo;autre de fa&ccedil;on autonome. L&rsquo;ordinateur est souvent, pour ceux.elles qui sont en grande difficult&eacute;, un espace d&rsquo;isolement et de fuite (on &ldquo;fait semblant&rdquo; d&rsquo;&ecirc;tre occup&eacute;, mais on ne fait rien face &agrave; une d&eacute;tresse cach&eacute;e par l&rsquo;&eacute;cran aux yeux des adultes), totalement inutile pour accomplir des t&acirc;ches complexes demand&eacute;es. Son usage impossible pour aboutir dans une t&acirc;che peut m&ecirc;me participer &agrave; la confirmation de l&rsquo;absence de sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle.</p> <h2><b><a id="t5"></a></b>CONCLUSION</h2> <p>L&rsquo;espace du FabLab, lorsqu&rsquo;il est ext&eacute;rieur &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, est sans aucun doute motivant pour les &eacute;l&egrave;ves qui sortent de leur cadre habituel et des modalit&eacute;s li&eacute;es &agrave; la forme scolaire. Plusieurs facteurs entrent en jeu : l&rsquo;organisation en projet, sur le long terme, en &eacute;quipes parmi les &eacute;l&egrave;ves, et parmi les enseignant.e.s, la valorisation d&rsquo;une grande diversit&eacute; de connaissances et comp&eacute;tences h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes et compl&eacute;mentaires, la mise en commun et en communication, dans un espace qui s&rsquo;apparente &agrave; l&rsquo;atelier dans lequel l&rsquo;exploration et les erreurs sont autoris&eacute;es. Cette exp&eacute;rience li&eacute;e &agrave; l&rsquo;exploration et &agrave; la diversit&eacute; possible des &ldquo;arts de faire&rdquo; (Certeau, 1990) se transforme en connaissances et comp&eacute;tences explicites, comprises, &ldquo;utiles&rdquo; dans le cadre scolaire ou plus largement dans le parcours de formation des &eacute;l&egrave;ves, lorsqu&rsquo;elle est transform&eacute;e et attest&eacute;e par des documents. La documentation des projets, qui passe par le respect de proc&eacute;dures et de formats, assure la communication en direction d&rsquo;une communaut&eacute; &agrave; laquelle chacun.e participe. La qualit&eacute; de cette communication, ou son absence, r&eacute;v&egrave;le l&rsquo;efficacit&eacute; cognitive de ce voyage buissonnier que repr&eacute;sente le projet scolaire en FabLab, dans une forme de didactique invers&eacute;e. Le FabLab questionne la place de chacun.e dans la construction des apprentissages et l&rsquo;on pourrait avancer l&rsquo;hypoth&egrave;se que c&rsquo;est &agrave; cette seule condition d&rsquo;une r&eacute;vision des r&ocirc;les qu&rsquo;il est efficace. Lorsque l&rsquo;exp&eacute;rience du FabLab est anecdotique, elle n&rsquo;a aucun effet sur les apprentissages. Quand elle est plus durable, elle peut modifier la perception de son propre r&ocirc;le pour l&rsquo;enseignant.e et la possibilit&eacute; d&rsquo;investir autrement l&rsquo;espace de la classe quand on y retourne. Du point de vue des m&eacute;diateurs.rice.s, elle participe aussi &agrave; une reconfiguration des cultures professionnelles et des fa&ccedil;ons d&rsquo;investir l&rsquo;espace du FabLab en pr&eacute;cisant l&rsquo;inscription des savoirs mat&eacute;riellement (par une signal&eacute;tique, l&rsquo;organisation des espaces de travail pour une classe&hellip;) et socialement (par la mise en place de circuits de communication qui incluent l&rsquo;espace scolaire).</p> <p>La possibilit&eacute; de projeter et de se projeter soi-m&ecirc;me dans un avenir proche par rapport &agrave; une exp&eacute;rience dans un espace non scolaire semble avoir des effets positifs sur les &eacute;l&egrave;ves, dont il reste &agrave; d&eacute;montrer qu&rsquo;ils seront durables.&nbsp;</p> <h2><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Bandura, A. (2003).&nbsp;<i>Auto-efficacit&eacute;. Le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle</i>. Bruxelles : De Boeck.</p> <p>Burret, A. 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