<p><strong>Abstract</strong>&nbsp;: Since the 1990s, libraries have undergone profound changes, in a context marked by digital development and the evolution of their audiences. In this context, new projects have emerged, in the movement of Learning Centres and third place libraries, they pay specific attention to spaces, with the aim of promoting comfort, living together and social links for users. At the same time, they express an interest in the sensory environment, the atmospheres, the experiences of the actors. How can we interpret the rise of these questions, specific to the new libraries that are developing today? Beyond the process of reinvention of the library, does this renewed approach to spaces help to rethink the sensitive forms of intellectual, cultural and social life within it? Can we talk about a (sensory) turn for libraries? This paper retains an entry &quot;experience&quot; to study these ongoing changes.&nbsp;</p> <p><strong>Keywords</strong>&nbsp;: library, space, sensitive experience, sensory turn, access to knowledge</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p><em>Avec le temps, toutes les biblioth&egrave;ques semblent possibles, laissant</em><br /> <em>au biblioth&eacute;caire un vaste champ d&rsquo;initiatives et d&rsquo;expression.</em><br /> (Michel Melot, Postface, Presses de l&rsquo;Enssib, 2008, p. 179)</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>A travers cette citation emprunt&eacute;e &agrave; Michel Melot, c&rsquo;est la notion m&ecirc;me de &laquo;&nbsp;mod&egrave;le&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;devenir&nbsp;&raquo; de la biblioth&egrave;que qui sont interrog&eacute;s&nbsp;: une biblioth&egrave;que dont la n&eacute;cessit&eacute; normative ou culturelle, selon ses mots, n&#39;est plus &eacute;vidente, alors que &laquo;&nbsp;toutes les biblioth&egrave;ques semblent possibles&nbsp;&raquo; (Melot, 2008, 179). Depuis les ann&eacute;es 1990 en effet, les biblioth&egrave;ques connaissent de profondes mutations, pouss&eacute;es par le d&eacute;veloppement du num&eacute;rique et l&rsquo;&eacute;volution de leurs publics, dont les attentes sont plurielles et &eacute;volutives. Divers projets plus ou moins ambitieux (construction, (r&eacute;)am&eacute;nagement) ont vu le jour, dans l&rsquo;esprit de la biblioth&egrave;que 3<sup>&egrave;me</sup>&nbsp;lieu et/ou de la d&eacute;marche&nbsp;<i>Learning Centre</i>, sans forc&eacute;ment se rattacher &agrave; ce type de mod&egrave;le, qui sont cens&eacute;s r&eacute;pondre &agrave; ce d&eacute;sir de renouveau, ouvrant &agrave; un &laquo; vaste champ d&rsquo;initiatives et d&rsquo;expression&nbsp;&raquo;, faisant place dans un m&ecirc;me mouvement, &agrave; l&rsquo;empirique et au relatif. Si ces nouvelles r&eacute;alisations t&eacute;moignent d&rsquo;une attention sp&eacute;cifique port&eacute;e &agrave; l&rsquo;agencement des espaces, visant &agrave; favoriser confort, vivre ensemble et lien social pour les usagers, dans le m&ecirc;me temps, elles expriment, au-del&agrave; d&rsquo;un cadre convivial et flexible, un souci de favoriser des parcours et des approches diff&eacute;renci&eacute;s, en appui sur un large choix de ressources et de services, et un int&eacute;r&ecirc;t marqu&eacute; port&eacute; &agrave; l&rsquo;environnement sensoriel, aux sensations, aux ambiances, aux exp&eacute;riences des acteurs&hellip; Ceci, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;exp&eacute;riences ordinaires, au quotidien de l&rsquo;institution, ou d&rsquo;exp&eacute;riences plus construites, &agrave; vis&eacute;e acad&eacute;mique ou non, ouvrant sur l&rsquo;ext&eacute;rieur, qui viennent &agrave; l&rsquo;occasion bousculer l&rsquo;ordre institu&eacute; de la biblioth&egrave;que, l&rsquo;acc&egrave;s aux savoirs et leur circulation dans ce contexte.</p> <p>Comment interpr&eacute;ter la mont&eacute;e en puissance&nbsp;de ces questionnements propres aux nouvelles figures de biblioth&egrave;ques qui se d&eacute;veloppent aujourd&rsquo;hui ? Au-del&agrave; du processus de r&eacute;invention de la biblioth&egrave;que, cette approche renouvel&eacute;e des espaces participe-t-elle &agrave; repenser les formes sensibles de la vie intellectuelle, culturelle, sociale, en son sein ? Qu&rsquo;en est-il des rapports normes/invention, intelligible/sensible, perception/action&nbsp;dans ce contexte ? Peut-on parler d&rsquo;un tournant pour les biblioth&egrave;ques&nbsp;? Ce sont ces &eacute;volutions que nous nous proposons de consid&eacute;rer dans cette contribution en &eacute;tudiant, derri&egrave;re le mouvement de reconfiguration des espaces, et en retenant une entr&eacute;e &laquo;&nbsp;exp&eacute;rience&nbsp;&raquo;, les parts de r&eacute;invention et de permanence en jeu dans ce processus. Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; le contexte de notre &eacute;tude et nos questions de d&eacute;part, nous d&eacute;finirons ce que nous entendons par&nbsp;&laquo;&nbsp;exp&eacute;rience&nbsp;&raquo;, avant de soumettre &agrave; l&rsquo;analyse, en appui sur quelques r&eacute;sultats de recherches, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un&nbsp;tournant (sensible) en biblioth&egrave;que aujourd&rsquo;hui.</p> <h2><a id="t2"></a>CONTEXTE(S), QUESTIONS DE D&Eacute;PART</h2> <p>Les nombreux rapports et &eacute;tudes disponibles qui rendent compte des reconfigurations &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans les nouvelles formes de biblioth&egrave;ques qui se d&eacute;veloppent aujourd&rsquo;hui mettent g&eacute;n&eacute;ralement en avant, tous types de biblioth&egrave;ques confondues (scolaires, universitaires et de lecture publique), leur caract&egrave;re hybride, faisant &eacute;tat de mises en compl&eacute;mentarit&eacute; concernant, tant les modes d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information que les supports et les ressources, et soulignant les proximit&eacute;s &eacute;tablies entre domaines de connaissance. Ce qui est &agrave; m&ecirc;me de satisfaire des usagers exigeants et omnivores, tandis que s&rsquo;instaurent de nouvelles relations entre espaces de savoirs, sur un mode g&eacute;n&eacute;ratif, dans un rapport flexible aux conventions biblioth&eacute;caires, et plus g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; la norme : rapprochement entre documentation, assistance &agrave; l&rsquo;usager et formation, articulation formel/non formel, intellectuel/sensible, travail/loisirs, savoirs savants/savoirs profanes/savoirs d&rsquo;action...</p> <p>Du physique au symbolique, entre mutation de la demande et mutation de l&rsquo;offre, est ainsi mis en &eacute;vidence un jeu de mobilit&eacute;s et de tensions, r&eacute;v&eacute;lateur d&rsquo;une pr&eacute;occupation de faire tenir ensemble mission de service public et ambition culturelle, ou dit autrement, d&rsquo;une m&ecirc;me volont&eacute; de (conjointement) conserver, informer, accueillir, &eacute;duquer, distraire&hellip; Dans cette intention, un des enjeux forts de ces &eacute;volutions est la mise en place de formes d&rsquo;accompagnement et/ou de m&eacute;diation alliant l&rsquo;affectif, le culturel, le cognitif et le sensible (Maury, Kovacs &amp; Condette, 2018, 251).</p> <p>Les reconfigurations en cours orientent en effet vers une biblioth&egrave;que inclusive, prenant en compte les exp&eacute;riences des acteurs, leur intelligence cr&eacute;ative<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref1">[1]</a>, se pla&ccedil;ant au service de sa communaut&eacute; d&rsquo;usagers, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;&eacute;tablissement et au-del&agrave;, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du territoire&nbsp;: une biblioth&egrave;que qui int&egrave;gre une pluralit&eacute; de pratiques, culturelles, sociales, &eacute;ducatives d&eacute;bordant des fronti&egrave;res de la biblioth&egrave;que au sens classique, quel que soit le type d&rsquo;&eacute;tablissement consid&eacute;r&eacute;. L&rsquo;objectif est de faire de la biblioth&egrave;que un espace de cohabitation harmonieuse entre groupes ayant des attentes et des normes de comportements diff&eacute;rentes (calme studieux, concentration, temps long // culture-&eacute;v&eacute;nement, co-cr&eacute;ations, bricolages, rythme, mouvement), de mani&egrave;re &agrave; &eacute;viter les &laquo;&nbsp;tamponnades&nbsp;&raquo;, comme le montre une recherche r&eacute;cente sur les biblioth&egrave;ques municipales des m&eacute;tropoles du Grand Paris et Aix-Marseille-Provence (Urrutiaguer, 2018, 101-105) ; un espace o&ugrave; plasticit&eacute; des espaces et plasticit&eacute; des temps se conjuguent pour permettre, par l&rsquo;exp&eacute;rimentation, la construction d&rsquo;une familiarit&eacute; diminuant le poids symbolique du lieu en le rendant ordinaire, tel qu&rsquo;il ressort de l&rsquo;&eacute;tude men&eacute;e dans la biblioth&egrave;que d&rsquo;une grande universit&eacute;&nbsp;: ce qui favorise son appropriation par d&eacute;passement des tensions&nbsp;<i>via</i>&nbsp;la recherche d&rsquo;alliance entre choix d&rsquo;un emplacement et mani&egrave;re de d&eacute;ployer ses outils de travail autour de soi, et recherche d&rsquo;une ambiance propice au travail, avec une reconfiguration/adaptation propre &agrave; chaque acteur (Micheau &amp; Despr&egrave;s-Lonnet, 2018, 270-271) ; un espace d&rsquo;entraide, de co-construction entre usagers et biblioth&eacute;caires, et entre usagers eux-m&ecirc;mes, &laquo;&nbsp;un vivier d&rsquo;exp&eacute;riences en devenir&nbsp;&raquo; qui mutent et se renouvellent sans cesse, comme dans cette m&eacute;diath&egrave;que du r&eacute;seau parisien de lecture publique (Le Hein, 2017, 136)&nbsp;: le vivre ensemble trouvant l&agrave;, suivant les cas, mais non de mani&egrave;re syst&eacute;matique, une d&eacute;clinaison num&eacute;rique. La biblioth&egrave;que est alors cet espace o&ugrave; s&rsquo;exercent des forces compl&eacute;mentaires et contradictoires, en tout cas jamais fig&eacute;es selon les mots d&rsquo;Annette B&eacute;guin-Verbrugge (2018, 17), ouvrant &agrave; de nouveaux imaginaires de la biblioth&egrave;que, un lieu des possibles, faisant une place au ressenti, &agrave; l&rsquo;inattendu, &agrave; la fantaisie, dans un monde traditionnellement cod&eacute; et norm&eacute;.</p> <p>Partant de ce constat, nous nous proposons d&rsquo;interroger ces&nbsp;possibles, dans leurs dynamiques, en nous attachant &agrave; la biblioth&egrave;que en tant qu&rsquo;espace sensible, et notamment aux exp&eacute;riences que les acteurs ont &laquo;&nbsp;de&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; l&rsquo;espace : la mani&egrave;re dont espaces et savoirs sont (r&eacute;-)envisag&eacute;s et approch&eacute;s dans un contexte en &eacute;volution, la mani&egrave;re dont se d&eacute;clenche le processus symbolique d&rsquo;appropriation (Laudati, 2015<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref2">[2]</a>), la multiplicit&eacute; des appropriations dont le savoir est l&rsquo;objet, tel qu&rsquo;il ressort des exp&eacute;riences v&eacute;cues et/ou produites par les acteurs dans leurs relations &agrave; l&rsquo;espace, &agrave; ses objets et aux autres (Lamizet, 1999), et compte tenu des d&eacute;placements et des mobilit&eacute;s &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre entre ordres de la culture (Jeanneret, 2008).</p> <p>Dans cette perspective, nous nous int&eacute;ressons &agrave; la biblioth&egrave;que non comme un signifi&eacute; (projection d&rsquo;une repr&eacute;sentation intellectuelle, dot&eacute;e de propri&eacute;t&eacute;s formelles) et/ou une entit&eacute; fig&eacute;e, mais comme un processus (Kovacs &amp; Maury, 2014)&nbsp;: un espace social (produit, per&ccedil;u, repr&eacute;sent&eacute;, v&eacute;cu ; &agrave; la fois lieu de savoir, de culture et de vie) dans lequel il se passe quelque chose, et qui prend sens &agrave; travers les exp&eacute;riences initi&eacute;es et/ou partag&eacute;es par ceux qui le &laquo;&nbsp;pratiquent&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est la biblioth&egrave;que en tant qu&rsquo;&laquo;&nbsp;horizon de sens&nbsp;&raquo; (<i>vs</i>&nbsp;signifi&eacute;) : &laquo;&nbsp;une multiplicit&eacute; d&eacute;finie et ind&eacute;finie, une hi&eacute;rarchie changeante, tel ou tel sens passant au premier plan pendant un moment, par et pour une action&nbsp;&raquo; (Lefebvre, 2000, 255). En d&rsquo;autres termes, c&rsquo;est la biblioth&egrave;que en tant qu&rsquo;espace relatif que nous cherchons &agrave; appr&eacute;hender, dans sa complexit&eacute; et sa multiplicit&eacute;, &laquo;&nbsp;texture&nbsp;&raquo; toute en trames, r&eacute;seaux, sutures, mouvements, plut&ocirc;t que texte &agrave; lire (Lefebvre,&nbsp;<i>op.cit.</i>), espace du vivre, non homog&egrave;ne, agi par les gestes des acteurs et les forces qui l&rsquo;animent. Plus sp&eacute;cifiquement, il s&rsquo;agit de questionner les mod&egrave;les d&rsquo;intelligibilit&eacute; susceptibles de nous aider &agrave; comprendre et rendre compte des mouvements qui s&rsquo;affirment ou se dessinent, et des d&eacute;placements dans les repr&eacute;sentations sociales port&eacute;s par ces mouvements, tant dans l&rsquo;approche des savoirs (culture au sens acad&eacute;mique) que plus largement dans les mani&egrave;res d&rsquo;habiter et de pratiquer la biblioth&egrave;que (culture au sens anthropologique).</p> <p>Notre propos, &agrave; dominante r&eacute;flexive, sera &eacute;clair&eacute; de r&eacute;sultats de recherches men&eacute;es dans ces nouvelles formes de biblioth&egrave;que : au d&eacute;part dans des&nbsp;<i>Learning Centres</i>&nbsp;du secondaire et du sup&eacute;rieur, processus &eacute;mergeant en 2013-2014, lors du lancement du projet<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;; puis poursuivies, &agrave; partir de 2016, en ouvrant &agrave; de nouveaux terrains, de mani&egrave;re &agrave; croiser les regards : un coll&egrave;ge et un lyc&eacute;e dans l&rsquo;enseignement secondaire, deux biblioth&egrave;ques publiques (de centre ville et d&rsquo;un quartier en p&eacute;riph&eacute;rie)<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref4">[4]</a>. Suivant cette approche, sont privil&eacute;gi&eacute;s les r&eacute;sultats d&rsquo;observations effectu&eacute;es sur un temps long, en immersion dans les &eacute;tablissements concern&eacute;s, dans une d&eacute;marche qualitative (observations&nbsp;<i>in situ</i>, au quotidien, avec descriptions riches&nbsp;; entretiens ethnographiques avec les professionnels, conversations informelles), avec une attention port&eacute;e aux contextes (mat&eacute;riels, sociaux), comme &eacute;l&eacute;ments essentiels dans la construction du sens de ces nouveaux espaces.</p> <p>Partant de ce mat&eacute;riau, recueilli avec une exigence de globalit&eacute;, sans grille&nbsp;<i>a priori</i>&nbsp;(qui orienterait vers un syst&egrave;me interpr&eacute;tatif), et consid&eacute;rant tout autant le banal, l&rsquo;ordinaire, que le singulier, l&rsquo;&eacute;trange, l&rsquo;inattendu, nous nous sommes attach&eacute;e &agrave; d&eacute;gager de cette somme d&rsquo;observations (faits concrets, anecdotes, paroles d&rsquo;acteurs&hellip;), de ce flux de donn&eacute;es, consign&eacute;es dans le journal de bord, des fragments faisant &eacute;tat d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments sensibles, reli&eacute;s &agrave; la totalit&eacute; sociale dans laquelle ils s&rsquo;inscrivent. Convoquer ainsi des tranches de vie, dans un jeu d&rsquo;appariements th&eacute;orie/donn&eacute;es empiriques, vise &agrave; aller au-del&agrave; des seules consid&eacute;rations th&eacute;oriques, &agrave; donner &eacute;paisseur &agrave; la r&eacute;flexion, et &agrave; permettre dans le m&ecirc;me temps, par une analyse en &eacute;mergence, de situer ces exp&eacute;riences locales dans une perspective plus g&eacute;n&eacute;rique, &eacute;tablissant des relations qui participent &agrave; la construction du sens (Chauvier, 2011).</p> <p>Nous devons pr&eacute;ciser ici que la notion d&rsquo;exp&eacute;rience, comme la dimension sensible de l&rsquo;exp&eacute;rience, n&rsquo;&eacute;taient pas mobilis&eacute;es comme &eacute;l&eacute;ments centraux au d&eacute;part de nos enqu&ecirc;tes de terrain, pour lesquelles nous avons retenu une entr&eacute;e &laquo;&nbsp;espace&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est en tant que notion op&eacute;ratoire qu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; convoqu&eacute;e, au m&ecirc;me titre que la notion de trajectoire (associ&eacute;es &agrave; &laquo;&nbsp;pratiques d&rsquo;espace&nbsp;&raquo;), pour rendre compte des mani&egrave;res de vivre la biblioth&egrave;que. Si la trajectoire renvoie &agrave; un mouvement temporel dans l&rsquo;espace, &agrave; un cheminement, parler d&rsquo;exp&eacute;rience, &eacute;crivions-nous, revient &agrave; consid&eacute;rer la biblioth&egrave;que comme un espace &agrave; conqu&eacute;rir, en accordant une attention particuli&egrave;re au registre sensoriel (Maury, Kovacs &amp; Condette, 2018, 34). C&rsquo;est dans la rencontre qu&rsquo;acteurs et environnement se fa&ccedil;onnent mutuellement, en interagissant. L&rsquo;exp&eacute;rience est toujours cr&eacute;ative, articulant le sensible et le social (Laplantine, 2009). Et c&rsquo;est comme &eacute;l&eacute;ment &eacute;mergeant au cours des observations, et lors de l&rsquo;exploitation des donn&eacute;es, que la dimension sensible s&rsquo;est affirm&eacute;e, prenant une importance croissante sur la dur&eacute;e.</p> <h2><a id="t3"></a>EXP&Eacute;RIENCES SENSIBLES EN BIBLIOTHEQUE, PR&Eacute;CISIONS D&Eacute;FINITOIRES ET CONCEPTUELLES</h2> <p>Les mani&egrave;res de faire l&rsquo;exp&eacute;rience de la biblioth&egrave;que, &laquo;&nbsp;oeuvre spatiale&nbsp;&raquo; (Lefebvre,&nbsp;<i>op.cit</i>.), lieu de savoir, support de moments et d&rsquo;activit&eacute;s culturels, sont plurielles. Dans son sens commun, l&rsquo;exp&eacute;rience renvoie &agrave; une accumulation de connaissances et de comp&eacute;tences acquises par la participation &agrave; des &eacute;v&eacute;nements ou &agrave; des activit&eacute;s. Pour les anthropologues, elle r&eacute;f&egrave;re &agrave; la mani&egrave;re dont les individus vivent leur propre culture, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment, &agrave; la mani&egrave;re dont les &eacute;v&eacute;nements sont re&ccedil;us par la conscience ; la culture est vivante, sensible au contexte et &eacute;mergente selon Edward M. Bruner (1986, 12). L&rsquo;exp&eacute;rience peut &ecirc;tre directe et intime, ou indirecte et conceptuelle, sous forme de symboles ; elle peut &ecirc;tre sensorimotrice, tactile, visuelle, conceptuelle (Tuan, 1977<i>).</i></p> <p>Du c&ocirc;t&eacute; des Sciences de l&rsquo;information et de la communication, des travaux r&eacute;cents convoquent la notion d&rsquo;exp&eacute;rience en la reliant &agrave; celle d&rsquo;usage, comme permettant &laquo;&nbsp;le mieux d&rsquo;appr&eacute;hender [la] double dimension des usages, &agrave; la fois domin&eacute;s par l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; de leurs principes constitutifs et par la n&eacute;cessit&eacute; de leur donner un sens&nbsp;&raquo; (Jaur&eacute;guib&eacute;ry &amp; Proulx, 2017, 105), l&rsquo;usager est aussi un &laquo;&nbsp;pratiquant&nbsp;&raquo; qui vit des exp&eacute;riences individuelles et sociales &agrave; titre de sujet (2017, 9). En r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Fran&ccedil;ois Dubet &amp; Danilo Martucelli (1998, 57), est mis en avant&nbsp; le double m&eacute;canisme de l&rsquo;exp&eacute;rience sociale : mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;prouver le monde dans sa version subjective, et mani&egrave;re de construire le monde social et de se construire soi-m&ecirc;me. En ce sens, la r&eacute;alit&eacute; et la connaissance sont toujours provisoires. L&rsquo;exp&eacute;rience primaire, quotidienne, sert de base &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience secondaire, plus r&eacute;flexive, qui la clarifie en l&rsquo;organisant de mani&egrave;re &agrave; cr&eacute;er une accumulation de connaissances utiles (Dewey, 1925). Au-del&agrave; de la dimension outil et technique, sont pris en compte la dimension culturelle et les ph&eacute;nom&egrave;nes de communication. L&rsquo;exp&eacute;rience est une construction inachev&eacute; de sens et d&rsquo;identit&eacute;, ni totalement contrainte, ni totalement libre (Jaur&eacute;guib&eacute;ry &amp; Proulx, 2017, 106). Entre approche utilitaire, approche critique et approche int&eacute;grative, chaque acteur a sa mani&egrave;re de &laquo;&nbsp;vivre quelque chose&nbsp;&raquo; dans la r&eacute;alit&eacute;, de se positionner, et d&rsquo;&ecirc;tre dans le monde en cherchant &agrave; pr&eacute;server son autonomie d&#39;action.</p> <p>Rapport&eacute; plus sp&eacute;cifiquement au domaine culturel, retenir une entr&eacute;e exp&eacute;rience, c&rsquo;est se situer du c&ocirc;t&eacute; du sujet, abord&eacute; &laquo;&nbsp;dans l&rsquo;&eacute;paisseur et la complexit&eacute; de ses conduites culturelles&nbsp;&raquo; (Bordeaux, 2014, 97). Ce qui ouvre une large palette d&rsquo;exp&eacute;riences, int&eacute;ressantes &agrave; prendre en compte dans le contexte de la biblioth&egrave;que, au-del&agrave; des notions d&rsquo;usage et de pratiques, y compris dans des d&eacute;clinaisons buissonni&egrave;res, exprimant l&rsquo;inventivit&eacute; des acteurs, pour &laquo;&nbsp;faire avec&nbsp;&raquo; les conventions et explorer d&rsquo;autres possibles. Quand Bernard Lamizet parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;exp&eacute;rience de la culture&nbsp;&raquo; (diff&eacute;renci&eacute;e du&nbsp;<i>cogito</i>&nbsp;collectif) qu&rsquo;il situe du c&ocirc;t&eacute; des activit&eacute;s qui inscrivent culture et esth&eacute;tique dans l&rsquo;existence des sujets et dans leurs relations avec les autres, Marie-Christine Bordeaux<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;retient le terme d&rsquo;&laquo;&nbsp;exp&eacute;rience culturelle&nbsp;&raquo;, &eacute;largissant la focale. Et elle invite &agrave; revisiter les cinq modes d&rsquo;exp&eacute;riences diff&eacute;renci&eacute;s par Bernard Lamizet&nbsp;: l&rsquo;exp&eacute;rience sociale associ&eacute;e &agrave; la fr&eacute;quentation, l&rsquo;exp&eacute;rience esth&eacute;tique mise en lien avec la notion de plaisir, l&rsquo;exp&eacute;rience didactique en jeu dans l&rsquo;acquisition d&rsquo;un savoir, l&rsquo;exp&eacute;rience symbolique r&eacute;f&eacute;rant &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation via des codes et des syst&egrave;mes de repr&eacute;sentation, et l&rsquo;exp&eacute;rience politique relative &agrave; l&rsquo;engagement et la citoyennet&eacute; (Lamizet, 1999, 272-274). D&eacute;bordant de la notion de plaisir, l&rsquo;exp&eacute;rience esth&eacute;tique renvoie alors &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;&eacute;prouver les &oelig;uvres d&rsquo;art, de les vivre et d&rsquo;en saisir le sens&nbsp;; et l&rsquo;exp&eacute;rience &laquo;&nbsp;&eacute;ducative&nbsp;&raquo; (terme retenu de pr&eacute;f&eacute;rence &agrave; &laquo;&nbsp;didactique&nbsp;&raquo;) est bien plus que la rencontre avec les &oelig;uvres, elle int&egrave;gre la relation d&rsquo;apprentissage. S&rsquo;y ajoutent, entre autres, l&rsquo;exp&eacute;rience expressive, intensive ou occasionnelle, qui balaie un large champ d&rsquo;exp&eacute;rimentations (ateliers divers, pratiques collaboratives, num&eacute;riques ou non&hellip;), et l&rsquo;exp&eacute;rience artistique, tourn&eacute;e vers l&rsquo;appropriation des langages de l&rsquo;art, par la pratique, et en en faisant une activit&eacute; autonome (Bordeaux, 2014, 95-96).</p> <p>Dans ces nombreuses variations de l&rsquo;exp&eacute;rience, la dimension sensible est tr&egrave;s pr&eacute;sente. Rapport&eacute;es &agrave; la probl&eacute;matique de l&rsquo;espace-biblioth&egrave;que et aux exp&eacute;riences qui s&rsquo;y d&eacute;ploient et le produisent, les &eacute;tudes soulignent de mani&egrave;re r&eacute;currente le caract&egrave;re situ&eacute; et charnel de ces exp&eacute;riences. L&rsquo;acc&egrave;s au sens des espaces et au(x) savoir(s) en biblioth&egrave;que n&rsquo;est pas une question purement abstraite, il met en &oelig;uvre dans un m&ecirc;me mouvement, le corps et l&rsquo;esprit&nbsp;; la biblioth&egrave;que, les savoirs sont inform&eacute;s par le corps, les affects, les &eacute;motions, en m&ecirc;me temps que par la connaissance et/ou la m&eacute;moire. Les objets, les outils, le contexte spatial et les actions en appui et avec ces mat&eacute;riaux, participent de l&rsquo;espace sensoriel, un espace pratico-sensible selon les mots d&rsquo;Henri Lefebvre (<i>op. cit.,</i>&nbsp;242). D&rsquo;une part, nous l&rsquo;avons vu, l&rsquo;exp&eacute;rience est exp&eacute;rience &laquo;&nbsp;de&nbsp;&raquo; l&rsquo;espace : la biblioth&egrave;que est vue, entendue, sentie, agie, elle n&rsquo;est pas seulement une repr&eacute;sentation intellectuelle ; espace de mobilit&eacute;, de circulation, elle est rythm&eacute;e par les gestes et les d&eacute;placements des acteurs qui l&rsquo;habitent et lui donnent un sens tandis qu&rsquo;ils se l&rsquo;approprient. D&rsquo;autre part, l&rsquo;exp&eacute;rience est exp&eacute;rience(s) &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; l&rsquo;espace, l&rsquo;espace pratico-social, via les activit&eacute;s initi&eacute;es et partag&eacute;es par ces m&ecirc;mes acteurs, qui sont autant de moments et d&rsquo;occasion de s&rsquo;approprier des savoirs, et de rencontres avec les autres. A l&rsquo;identique de Patrizia Laudati (2015) &agrave; propos de l&rsquo;exp&eacute;rience dans l&rsquo;espace urbain, nous pouvons parler d&rsquo;un sch&eacute;ma ternaire, mettant en relation l&rsquo;exp&eacute;rience sensible comme forme symbolique, l&rsquo;individu qui vit ou produit son exp&eacute;rience, et l&rsquo;espace, environnement spatial culturel et social dans lequel l&rsquo;exp&eacute;rience prend sens. Comprise ainsi, l&rsquo;exp&eacute;rience est un mode de connaissance active, dynamique, qui, partant du sujet, en tant que processus cr&eacute;atif, est exp&eacute;rience esth&eacute;tique&nbsp;: esth&eacute;tique &eacute;tant entendu au sens premier du terme grec&nbsp;<i>aisthesis</i>, perception par les sens, incluant la sensibilit&eacute; sociale et pas seulement le beau et le jugement de go&ucirc;t. Esth&eacute;tique par sa source et par son objet, l&rsquo;exp&eacute;rience est bien plus qu&rsquo;&eacute;motion pure ou contemplation d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;e, elle est un processus d&rsquo;apprentissage (et un mode de connaissance) qui, valorisant la force critique de la sensibilit&eacute;, contribue &agrave; l&rsquo;adaptation cr&eacute;ative &agrave; l&rsquo;environnement (Fabre, 2017, 283-290).</p> <h2><b><a id="t4"></a>LA BIBLIOTH&Egrave;QUE, ESPACE EXP&Eacute;RENTIEL ET SENSIBLE&nbsp;: DE LA PERTINENCE DE L&rsquo;ID&Eacute;E D&rsquo;UN TOURNANT</b></h2> <p>Comme le montrent les &eacute;volutions en cours, les questions du sensible et de l&rsquo;exp&eacute;rientiel ne sont plus des questions secondaires ou accessoires lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit des nouvelles formes de biblioth&egrave;ques. Elles sont &agrave; l&rsquo;inverse un &eacute;l&eacute;ment-cl&eacute; des r&eacute;agencements en cours, et des mouvements qui se dessinent, mettant du jeu dans des sch&eacute;mas bien &eacute;tablis. La dimension concr&egrave;te, sensible, les cinq sens, participent &agrave; l&rsquo;&eacute;nonciation de la biblioth&egrave;que, tout autant que l&rsquo;&eacute;nonciation documentaire. De m&ecirc;me, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;exp&eacute;rience n&rsquo;est pas sp&eacute;cifiquement li&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, m&ecirc;me si cette dimension est pr&eacute;sente, elle fait partie du quotidien, de l&rsquo;ordinaire de la biblioth&egrave;que, avec des rites&nbsp;qui s&rsquo;installent : chaque acteur, comme y invitent et s&rsquo;y pr&ecirc;tent les agencements flexibles.et modulables des nouveaux espaces, peut se cr&eacute;er ses propres exp&eacute;riences, pour s&rsquo;approprier la biblioth&egrave;que, en fonction de son tempo, de ses besoins et/ou de ses attentes. La plasticit&eacute; des espaces, la vari&eacute;t&eacute; des postures qu&rsquo;elle favorise, augmentent le champ des possibles pour les acteurs, dans la ligne de l&rsquo;id&eacute;e exprim&eacute;e par Michet Melot (<i>op. cit.,</i>&nbsp;175-179), qui plaide pour une biblioth&egrave;que multiforme, sortant de son quadrilat&egrave;re, pour prendre en compte la mixit&eacute; des publics : avec des grottes, des jardins, des espaces clairs et spacieux, des coins intimes, des salles de m&eacute;ditation&hellip; (2004, 69-72). Ce qui questionne toute id&eacute;e de mod&egrave;le.</p> <h3>Exp&eacute;riences sensibles &laquo;&nbsp;de&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; la biblioth&egrave;que</h3> <p>La diff&eacute;renciation exp&eacute;rience &laquo;&nbsp;de&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; la biblioth&egrave;que peut para&icirc;tre artificielle tant les deux dimensions sont li&eacute;es, elle s&rsquo;av&egrave;re cependant heuristique pour tenter une lecture &laquo;&nbsp;sensible&nbsp;&raquo; de la biblioth&egrave;que. Loin de correspondre &agrave; des degr&eacute;s dans l&rsquo;appropriation individuelle et sociale de la biblioth&egrave;que, elle repr&eacute;sente plut&ocirc;t deux modes de l&rsquo;&laquo;&nbsp;exp&eacute;riencier&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref6">[6]</a>, qui mettent tout autant en alerte le corps et l&rsquo;esprit, et en jeu les contenus mat&eacute;riels et les cadres formels de la connaissance, ouvrant vers d&rsquo;autres dimensions.</p> <p>Pour introduire cette diff&eacute;renciation, nous pouvons reprendre les mots d&rsquo;un conservatrice d&rsquo;une grande universit&eacute; d&rsquo;Ile-de-France qui parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;une &nbsp;exp&eacute;rience de la biblioth&egrave;que&nbsp;&raquo; &agrave; propos de l&rsquo;appropriation cr&eacute;atrice des diff&eacute;rents espaces par les &eacute;tudiants&nbsp;: exp&eacute;rience(s) v&eacute;cue(s) sur le mode de l&rsquo;intensit&eacute;, du mouvement, de la simultan&eacute;it&eacute; des pratiques, articulant travail et loisirs, sensible et intelligible, ce que nous avons appel&eacute; des pratiques transverses (Maury, 2018, 87-91) qui interrogent la biblioth&egrave;que en tant qu&rsquo;espace g&eacute;om&eacute;trique (Adell, 2018). Selon ses mots, c&rsquo;est assez r&eacute;v&eacute;lateur en termes d&rsquo;appropriation, &laquo;&nbsp;&agrave; mi-chemin entre &laquo;&nbsp;dans la chambre&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;&agrave; la fac&nbsp;&raquo;&nbsp;&raquo;, brouillant les fronti&egrave;res, att&eacute;nuant les cloisonnements existants, questionnant la distinction &eacute;tendue/dur&eacute;e, simultan&eacute;it&eacute;/succession (Bergson, 1963, 9).</p> <p>S&rsquo;approprier la biblioth&egrave;que c&rsquo;est tout d&rsquo;abord y trouver sa place, l&rsquo;&eacute;prouver dans les conduites les plus quotidiennes, le corps est alors l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment-cl&eacute; de cette expression &laquo;&nbsp;habitante&nbsp;&raquo;. Les sens rel&egrave;vent d&rsquo;un ressenti pour les acteurs, difficilement exprimable, apparaissant le plus souvent en creux dans les discours, mais se r&eacute;v&eacute;lant dans les actions, les mouvements, les d&eacute;placements, le vivre-ensemble. Dans ce processus symbolique, l&rsquo;exp&eacute;rience a &agrave; &laquo;&nbsp;faire avec&nbsp;&raquo; l&rsquo;incertitude. Les corps, les acteurs &laquo;&nbsp;s&rsquo;autorisent&nbsp;&raquo; et donnent un sens personnel aux espaces, d&rsquo;autant plus que les agencements le permettent, sugg&eacute;rant sans orienter ou pr&eacute;dire (Lawson, 2003, 85, 224). Les architectes du Cabinet Badia Berger qui ont con&ccedil;u une des biblioth&egrave;ques universitaires observ&eacute;es insistent sur &laquo;&nbsp;une certaine neutralit&eacute;&nbsp;&raquo; dans la conception des espaces (mat&eacute;riaux bruts, r&eacute;sistants, peu de couleur), une simplicit&eacute; formelle, sans diff&eacute;renciation marqu&eacute;e, pour ne pas s&rsquo;opposer aux usages nouveaux et/ou in&eacute;dits ; l&rsquo;option retenue, qui fait une large place &agrave; la communication visuelle, est alors celle d&rsquo;un jeu de volumes et de lumi&egrave;re pour produire des ambiances propices &agrave; la rencontre et au travail &agrave; la fois, engageant le corps des usagers dans des sensations&nbsp;: transparence, transitions douces, espaces suspendus, vues lointaines, continuit&eacute; vers le paysage ext&eacute;rieur&hellip; La vision pr&eacute;c&egrave;de le mouvement, pr&eacute;parant les d&eacute;placements &agrave; venir, d&rsquo;autant plus que l&rsquo;espace est ouvert et la vision panoramique&nbsp;(visibilit&eacute; des espaces et des ressources, mais aussi visibilit&eacute; des autres et de soi). Ce que semblent particuli&egrave;rement appr&eacute;cier les &eacute;tudiants, sensibles au fait de pouvoir &eacute;valuer d&rsquo;un simple regard les diff&eacute;rentes options possibles, et choisir suivant l&rsquo;humeur et le besoin du moment, d&rsquo;aller vers les autres ou de s&rsquo;isoler, ou bien d&rsquo;&laquo;&nbsp;habiter&nbsp;&raquo; la baie vitr&eacute;e donnant sur l&rsquo;environnement proche (Segaud, 2012, 134-135&nbsp;; Depaule &amp; Arnaud, 1985), permettant selon le registre sensoriel privil&eacute;gi&eacute;, r&ecirc;verie, &eacute;vasion ou concentration (Maury, 2018, 85).&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>Chaque r&eacute;alisation joue ainsi de diff&eacute;rents registres, proposant un horizon de sens, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;un r&eacute;cit fondateur en lien avec l&rsquo;histoire du lieu. Si l&rsquo;approche visio-centr&eacute;e est souvent dominante, la dimension sonore est &eacute;galement mise &agrave; contribution de mani&egrave;re appuy&eacute;e dans certains &eacute;tablissements du secondaire : musique d&rsquo;ambiance douce sur des heures choisies dans le Centre de Documentation et d&rsquo;Information (CDI) du coll&egrave;ge de centre ville, musique en guise de sonnerie, classique (coll&egrave;ge) ou moderne et entra&icirc;nante (lyc&eacute;e), rythmant la vie de l&rsquo;&eacute;tablissement et de la biblioth&egrave;que. Comme dans ce lyc&eacute;e technique, o&ugrave; la d&eacute;marche&nbsp;<i>Learning Centre</i>&nbsp;a &eacute;t&eacute; pens&eacute;e en zones, diff&eacute;renci&eacute;es en fonction de l&rsquo;ambiance sonore, tout autant qu&rsquo;en fonction de la pr&eacute;sence modul&eacute;e d&rsquo;outils documentaires (silence dans la zone &laquo;&nbsp;travail&nbsp;&raquo;&nbsp;; conversations et &eacute;changes calmes dans la zone d&eacute;tente de la &laquo;&nbsp;vie scolaire&nbsp;&raquo;&nbsp;; libre parole, musique, t&eacute;l&eacute;phone dans l&rsquo;espace lieu de vie), avec libert&eacute; de d&eacute;placement entre les zones. Un r&eacute;glage physique qui ne va pas de soi pour des lyc&eacute;ens habitu&eacute;s &agrave; une discipline des corps, soumise &agrave; des r&egrave;gles strictes et contraignantes, qui se trouvent mal &agrave; l&rsquo;aise avec ce nouveau&nbsp;<i>modus vivendi</i>, porteur de libert&eacute; de mouvement et d&rsquo;autonomie intellectuelle. Au point que le professeur documentaliste a programm&eacute;, pour chaque classe, une s&eacute;ance &laquo;&nbsp;visite&nbsp;guid&eacute;e &raquo; &agrave; la symbolique forte, destin&eacute;e &agrave; instituer la d&eacute;marche&nbsp;<i>LC,&nbsp;</i>l&eacute;gitimant la nouvelle organisation, attribuant des qualit&eacute;s &agrave; chaque zone, dans un r&eacute;cit fondateur invitant les &eacute;l&egrave;ves &agrave; s&rsquo;&eacute;manciper dans leurs relations &agrave; ces espaces partag&eacute;s. La sensibilit&eacute; a moins &agrave; voir au final avec les objets et les espaces, quelle que soit leur qualit&eacute; (visuelle, tactile, sonore, olfactive), qu&rsquo;avec le rapport que les acteurs entretiennent - et se sentent autoris&eacute;s &agrave; entretenir - avec ces objets, ces espaces, et avec les autres, un rapport que chacun vit dans sa singularit&eacute;.</p> <p>Si la perception pluri-sensorielle des espaces est une premi&egrave;re &eacute;tape de l&rsquo;exp&eacute;rience, participant &agrave; la compr&eacute;hension et l&rsquo;interpr&eacute;tation des espaces en termes de potentiel, c&rsquo;est dans le v&eacute;cu que la biblioth&egrave;que est &eacute;prouv&eacute;e. Et c&rsquo;est moins &laquo;&nbsp;une&nbsp;&raquo; exp&eacute;rience que &laquo;&nbsp;des&nbsp;&raquo; exp&eacute;riences de la biblioth&egrave;que que vivent &eacute;l&egrave;ves et &eacute;tudiants, en fonction des moments et des opportunit&eacute;s offertes&nbsp;: au gr&eacute; des r&eacute;agencements et des activit&eacute;s initi&eacute;es, chacun s&rsquo;y cr&eacute;e &laquo;&nbsp;des&nbsp;&raquo; univers, y projette sa propre carte sur un mode multimodal. La biblioth&egrave;que est l&rsquo;objet d&rsquo;une appropriation nomade, les sensations ne cessent de se transformer au fil des d&eacute;ambulations et des exp&eacute;riences. Le sensible n&rsquo;est pas de l&rsquo;intelligible confus, remarque Fran&ccedil;ois Laplantine, mais de l&rsquo;intelligible complexe et en devenir (2009, 153-154).</p> <p>Entre espace &laquo;&nbsp;pratico sensible&nbsp;&raquo; et espace &laquo;&nbsp;pratico-social&nbsp;&raquo;, un &eacute;l&eacute;ment &eacute;mergent est le d&eacute;veloppement de &laquo;&nbsp;tiers-lieux&nbsp;&raquo;, qui viennent augmenter la biblioth&egrave;que traditionnelle&nbsp;; instruments par excellence d&rsquo;exp&eacute;riences concr&egrave;tes, d&eacute;bordant des questions info-documentaires selon le conservateur du&nbsp;<i>Learning Centre</i>&nbsp;d&rsquo;une universit&eacute; du Nord de la France, ils donnent une place aux &laquo;&nbsp;savoirs du faire&nbsp;&raquo; et/ou &laquo;&nbsp;du&nbsp;jouer&nbsp;&raquo;, &agrave; c&ocirc;t&eacute; des savoirs acad&eacute;miques. Prenant la forme d&rsquo;espaces de&nbsp;<i>co-working,</i>&nbsp;de&nbsp;<i>FabLabs, de</i>&nbsp;<i>Learning Labs</i><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;ou plus modestement d&rsquo;&laquo;&nbsp;espaces bidouille&nbsp;&raquo;, ils se pr&ecirc;tent &agrave; une exploration des savoirs, dans un rapport aux objets et &agrave; la mati&egrave;re, favorisant expression personnelle et construction de soi. &laquo;&nbsp;L&#39;option prioritaire&nbsp;&raquo; insiste le professeur documentaliste d&rsquo;un &laquo;&nbsp;coll&egrave;ge connect&eacute;&nbsp;&raquo; qui a lui-m&ecirc;me initi&eacute; un espace &laquo;&nbsp;bidouille&nbsp;&raquo;, int&eacute;grant le club &laquo;&nbsp;jeux de soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; existant, &laquo;&nbsp;c&#39;est que les &eacute;l&egrave;ves aient envie de cr&eacute;er, d&#39;inventer, de sortir justement [de l&rsquo;ordinaire scolaire]... [&hellip;] il faut des espaces pour que des &eacute;l&egrave;ves puissent s&#39;amuser&hellip; enfin trouver du plaisir, et apprendre en faisant... en d&eacute;cortiquant un clavier d&#39;ordinateur ou en cr&eacute;ant une pi&egrave;ce en trois dimensions... Et les jeux de soci&eacute;t&eacute;, c&#39;est pareil, [&hellip;] on d&eacute;couvre des &eacute;l&egrave;ves &agrave; travers le jeu de soci&eacute;t&eacute;&hellip; des &eacute;l&egrave;ves que tout le monde a stigmatis&eacute;s, depuis tr&egrave;s longtemps comme &eacute;tant des &eacute;l&egrave;ves a-scolaires, ing&eacute;rables, et qui, dans le jeu, se r&eacute;v&egrave;lent&nbsp;&raquo;. Ce qui entre en r&eacute;sonance avec les propos de cette &eacute;l&egrave;ve de 4<sup>&egrave;me</sup>, occup&eacute;e &agrave; confectionner un&nbsp;<i>goodie</i>&nbsp;dans le&nbsp;<i>FabLab</i>&nbsp;du coll&egrave;ge voisin, s&rsquo;initiant &agrave; l&rsquo;utilisation de l&rsquo;imprimante 3D&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce que j&rsquo;aime bien, c&rsquo;est faire quelque chose, avoir l&rsquo;esprit libre, et puis c&rsquo;est int&eacute;ressant, on voit le truc en train de se faire, puis ce qu&rsquo;on a fait, c&rsquo;est cool... du plaisir&nbsp;&raquo;. Apr&egrave;s des essais plus ou moins aboutis, le plaisir de voir un porte-cl&eacute;s enfin r&eacute;alis&eacute; tient autant au plaisir d&rsquo;avoir fabriqu&eacute; quelque chose de concret en interaction avec la machine, dans une sorte de d&eacute;passement de soi, qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;motion esth&eacute;tique de pouvoir toucher, manipuler le produit cr&eacute;&eacute;, un objet qui, en plus, va vraiment &laquo;&nbsp;servir&nbsp;&raquo;.</p> <p>Autre type d&rsquo;exp&eacute;riences sensibles en d&eacute;veloppement &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; la biblioth&egrave;que, d&rsquo;apr&egrave;s les observations r&eacute;centes, ce sont les exp&eacute;riences artistiques et culturelles, dont l&rsquo;objectif affich&eacute; est de toucher un public &eacute;largi et d&rsquo;ouvrir la biblioth&egrave;que sur le territoire, tissant des liens avec les structures associatives, sociales et culturelles locales. Dans les biblioth&egrave;ques publiques, elles prennent la forme d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements (conf&eacute;rences, spectacle vivant, rencontres) ou d&rsquo;actions cibl&eacute;es valorisant l&rsquo;action culturelle (animations, expositions). A l&rsquo;image de cette m&eacute;diath&egrave;que de quartier, caract&eacute;ristique des mod&egrave;les &eacute;mergeants, o&ugrave; les usagers peuvent mettre la main &agrave; la p&acirc;te pour des exp&eacute;riences partag&eacute;es (co-construction d&rsquo;une exposition avec les professionnels, co-conception d&rsquo;un coin jardin), chaque exp&eacute;rience est singuli&egrave;re, mais &eacute;prouv&eacute;e en commun, dans l&rsquo;&eacute;change de savoirs, valorisant notamment l&rsquo;interg&eacute;n&eacute;rationnel. En contexte &eacute;ducatif elles sont davantage li&eacute;es aux savoirs acad&eacute;miques, dans une volont&eacute; de renouveler l&rsquo;approche des savoirs, qu&rsquo;ils soient info-documentaires ou disciplinaires. La dimension sensible y trouve &agrave; l&rsquo;occasion une d&eacute;clinaison num&eacute;rique comme dans les exp&eacute;riences innovantes de type&nbsp;<i>booktrailing, hackathon, vid&eacute;otaping</i><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref8">[8]</a>, observ&eacute;es en nombre, qui font la part belle aux bricolages cr&eacute;atifs et au travail sur l&rsquo;image<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref9">[9]</a>, introduisant une part d&rsquo;&eacute;motion dans l&rsquo;exercice expressif qui est aussi expression de soi pour les &eacute;l&egrave;ves. Elle prend &eacute;galement la forme d&rsquo;initiatives plus ambitieuses dans le cadre de dispositifs sp&eacute;cifiques, d&eacute;clin&eacute;s en mode local, permettant de vivre des exp&eacute;riences authentiques, tourn&eacute;es vers des r&eacute;alisations concr&egrave;tes, cens&eacute;es &laquo;&nbsp;embarquer&nbsp;&raquo; les &eacute;l&egrave;ves, comme dans le coll&egrave;ge class&eacute; REP+&nbsp;: Contrat Local d&rsquo;Education Artistique (CLEA) autour des mutations urbaines (initi&eacute; pour les ULIS (unit&eacute;s localis&eacute;es pour l&#39;inclusion scolaire<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref10">[10]</a>) et les&nbsp;classes de 4<sup>&egrave;me</sup>)<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref11">[11]</a>,&nbsp;projet de g&eacute;ographie prospective (&agrave; destination de deux classes de 6<sup>&egrave;me</sup>) invitant &agrave; imaginer le quartier en 2050, qui croisent tous deux les programmes scolaires et le projet de r&eacute;novation urbaine en cours. Les espaces interm&eacute;diaires, les &laquo;&nbsp;tiers lieux&nbsp;&raquo; deviennent alors un point d&rsquo;ancrage dans lequel &eacute;l&egrave;ves, &eacute;quipes enseignantes, professeure documentaliste, conseill&egrave;re principale d&rsquo;&eacute;ducation et artistes (chor&eacute;graphe, rappeur, danseur/chercheur) se retrouvent autour d&rsquo;activit&eacute;s m&ecirc;lant exploration du quartier et exercices cr&eacute;atifs sollicitant les sens, et valorisant les savoirs des &eacute;l&egrave;ves, &laquo;&nbsp;experts&nbsp;&raquo; de leur ville. &laquo;&nbsp;<i>De l&rsquo;odorat &agrave; la vue, tes cinq sens ne te l&acirc;chent plus&nbsp;&raquo;,&nbsp;</i>scande le refrain de&nbsp;<i>Dans ma rue,</i>&nbsp;le texte produit par le rappeur &agrave; partir des mots des &eacute;l&egrave;ves de la classe ULIS, faisant &eacute;tat de leurs ressentis sur le chemin de l&rsquo;&eacute;cole, donnant l&rsquo;esprit de l&rsquo;exercice. Les cinq sens sont convoqu&eacute;s, dans un exercice de m&eacute;moire, restitu&eacute; dans une forme esth&eacute;tis&eacute;e, liant rythme et texte, sens et forme. Le go&ucirc;t, l&rsquo;odorat, sens chimiques, &agrave; fort pouvoir d&rsquo;&eacute;vocation, y occupent une place de choix<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftn12" id="ftnref12" name="_ftnref12">[12]</a>, activant le souvenir de moments pass&eacute;s, et les &eacute;motions qui y sont associ&eacute;es (Candau, 2000&nbsp;; Munier &amp; Letonturier, 2016).</p> <p>L&rsquo;exp&eacute;rience artistique m&ecirc;le ainsi travail sur les sonorit&eacute;s, &eacute;criture po&eacute;tique de la ville, expression corporelle, d&eacute;tour par la mati&egrave;re pour bricoler un d&eacute;cor repr&eacute;sentant le quartier, laissant s&rsquo;exprimer les imaginaires et les &eacute;motions, entre r&eacute;alit&eacute; v&eacute;cue et projection dans l&rsquo;avenir&nbsp;; mais elle &eacute;prouve aussi - et lib&egrave;re &agrave; la fois - les corps de jeunes &eacute;l&egrave;ves peu assur&eacute;s, mal &agrave; l&rsquo;aise dans leurs mouvements, tandis qu&rsquo;ils s&rsquo;essaient &agrave; la danse. Le sensible est un intelligible en devenir d&rsquo;autant plus complexe qu&rsquo;il s&rsquo;agit de (re)penser les formes sensibles de la vie sociale du quartier (&laquo;&nbsp;mon quartier r&ecirc;v&eacute;&nbsp;&raquo;) et de se projeter dans le futur.</p> <h3>Autour de l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un tournant&hellip;</h3> <p>Ce ne sont que quelques exemples, forc&eacute;ment r&eacute;ducteurs compar&eacute;s &agrave; la richesse des observations et des &eacute;volutions en cours, mais ils indiquent le sens des &eacute;volutions, alors que les biblioth&egrave;ques cherchent &agrave; s&rsquo;ouvrir, s&rsquo;adressant &agrave; un public pluriel et exigeant qui ne vient pas forc&eacute;ment pour s&rsquo;informer, se documenter, mais aussi pour partager des moments, des exp&eacute;riences, dans des espaces v&eacute;cus &agrave; la fois comme des lieux de savoir, de culture et de vie.</p> <p>En tant qu&rsquo;espace non g&eacute;om&eacute;trique du savoir, r&eacute;f&eacute;rant &agrave; des intensit&eacute;s, des &eacute;v&eacute;nements (non &agrave; des distances, cf. espace g&eacute;om&eacute;trique), un savoir qui est l&agrave;&nbsp;sans avoir lieu, qui p&egrave;se sans occuper selon les mots de Nicolas Adell (2018, 60), la biblioth&egrave;que fait place &agrave; l&rsquo;al&eacute;atoire, au nomadisme, au multiple, jouant des opportunit&eacute;s offertes&nbsp;; elle n&rsquo;a pas un signifi&eacute; nous l&rsquo;avons vu, mais un horizon de sens. Selon cette approche, le savoir n&rsquo;est pas abord&eacute; comme une question purement abstraite, sur un mode contemplatif (ce qui ne veut pas pour autant dire passif), mais comme un mixte, dans une continuit&eacute; et compl&eacute;mentarit&eacute; sensible/intelligible (Stoller, 1992) en lien avec des exp&eacute;riences concr&egrave;tes. La pens&eacute;e trouve une stimulation dans la mat&eacute;rialit&eacute; (His, 2015), tandis que la cr&eacute;ativit&eacute; de l&rsquo;agir est mise &agrave; contribution. Aussi est-il sans doute pertinent de parler d&rsquo;un tournant concret plus que d&rsquo;un tournant sensible, m&ecirc;me si les questions du sensible prennent de plus en plus d&rsquo;importance dans le monde des biblioth&egrave;ques, et au-del&agrave; dans les sciences humaines en g&eacute;n&eacute;ral (monde urbain, environnement, &eacute;cologie&hellip;). Il s&rsquo;agit de penser ensemble le concret et l&rsquo;abstrait, dans leurs inter-relations, de penser ensemble les mat&eacute;riaux, le corps et l&rsquo;esprit, dans un espace en mouvement, concret et pluriel, o&ugrave; se croisent des personnes, des savoirs, des opinions et des valeurs, ce qui suppose un r&eacute;glage physique et intellectuel, au quotidien.</p> <p>Ce qui est en jeu, c&rsquo;est une redistribution des places entre acteurs et entre savoirs, sur le mode de l&rsquo;horizontalit&eacute;, dans le sens d&rsquo;une att&eacute;nuation des polarit&eacute;s et des asym&eacute;tries, dans une forme de r&eacute;&eacute;quilibrage entre les sens et entre les savoirs. Les savoirs d&rsquo;action, les savoirs quotidiens, profanes, les savoirs des acteurs prennent leur place &agrave; c&ocirc;t&eacute; des savoirs savants. Et une nouvelle hi&eacute;rarchie des sens s&rsquo;esquisse, marqu&eacute;e par la prise en compte d&rsquo;une pluri-sensorialit&eacute; dans l&rsquo;approche de la biblioth&egrave;que : la part du visio-centr&eacute; perd en importance&nbsp;relative, et les &laquo;&nbsp;sens de contact&nbsp;&raquo;, notamment le toucher, trouvent leur place &agrave; c&ocirc;t&eacute; des &laquo;&nbsp;sens &agrave; distance&nbsp;&raquo; (vision, odorat, ou&iuml;e), en lien avec les savoirs d&rsquo;action, dans la mouvance&nbsp;<i>maker</i>.</p> <p>Et si les sens op&egrave;rent souvent comme des d&eacute;clencheurs, chaque acteur attribue une signification aux espaces et aux exp&eacute;riences, &agrave; partir de sa propre perception, visuelle mais aussi tactile, auditive, olfactive, kinesth&eacute;sique. Dans ce processus de subjectivation, des distinctions sont op&eacute;r&eacute;es, suivant les moments et les actions, entre stimulations signifiantes et stimulations secondaires qui participent &agrave; la construction des savoirs. Chaque lecture est personnelle, d&eacute;pendante de la sp&eacute;cificit&eacute; des univers culturels de r&eacute;f&eacute;rence. De l&rsquo;exp&eacute;rience sensible primaire &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience secondaire (Dewey, 1925), la dimension critique de la sensibilit&eacute; se trouve valoris&eacute;e.</p> <p>Derri&egrave;re ces r&eacute;&eacute;quilibrages, les oppositions binaires regarder/savoir, activit&eacute;/passivit&eacute;, (nous pouvons ajouter affectif/cognitif) se trouvent interrog&eacute;es, des oppositions qui selon Jacques Ranci&egrave;re, &agrave; propos du spectateur, sont &laquo;&nbsp;tout autre chose que des oppositions logiques entre termes bien d&eacute;finis&nbsp;&raquo;, mais qui d&eacute;finissent &laquo;&nbsp;un partage du sensible, une distribution&nbsp;<i>a priori</i>&nbsp;des positions et des capacit&eacute;s et incapacit&eacute;s attach&eacute;es &agrave; ces positions&nbsp;&raquo; (2008, 18). S&rsquo;&eacute;manciper des allants de soi, faire une exp&eacute;rience pleine du/des savoir(s) passe pour les acteurs par une remise en cause&nbsp;de ces oppositions, une remise en cause des fronti&egrave;res entre territoires, et &agrave; l&rsquo;inverse par la capacit&eacute; &agrave; associer/dissocier, &agrave; faire des liens entre le vu et le dit, entre le fait et le r&ecirc;v&eacute;, &agrave; penser les continuit&eacute;s, les relations, les m&eacute;tissages : &laquo;&nbsp;il y a partout des points de d&eacute;part, des croisements et des n&oelig;uds qui nous permettent d&rsquo;apprendre quelque chose de neuf&nbsp;&raquo; (2008, 23). Ce qui fait &eacute;cho aux exp&eacute;riences propres aux nouvelles formes de biblioth&egrave;ques, v&eacute;cues sur le mode de la continuit&eacute;, de l&rsquo;hybridation, du diffus, et du savoir-relation plus que du &laquo;&nbsp;partage-cloisonnement&nbsp;&raquo;, tourn&eacute;es vers le futur et l&rsquo;am&eacute;lioration de la connaissance, au double sens de connaissance intellectuelle et de connaissance de soi et du monde. Ce qui est aussi en correspondance avec la recherche d&rsquo;un mode de cohabitation harmonieux, permettant les expressions individuelles et les &eacute;changes de savoirs, tout en &eacute;vitant les &laquo;&nbsp;tamponnades&nbsp;&raquo;. Travers&eacute;e par un double mouvement, int&eacute;grateur et diff&eacute;renciateur, la biblioth&egrave;que est terrain d&rsquo;ancrage pour les acteurs, et en m&ecirc;me temps ouverte &agrave; des exp&eacute;riences multiples, sur le mode de la diffusion et du d&eacute;ploiement, articulant individuel et social.</p> <h2><b><a id="t5"></a>POUR CONCLURE</b></h2> <p>Le champ des possibles est ainsi tr&egrave;s large dans ces espaces reconfigur&eacute;s, d&rsquo;autant plus que les biblioth&egrave;ques sont pens&eacute;es dans une solidarit&eacute; dialogique intelligible/sensible, abstrait/concret. Entre espace pratico-sensible et espace pratico-social, c&rsquo;est dans les exp&eacute;riences des acteurs que la biblioth&egrave;que prend vie et sens, au quotidien, elle est bien plus qu&rsquo;une simple toile de fond. Le concret, le sensible n&rsquo;y sont pas exp&eacute;rience muette, ils constituent des marqueurs forts quand il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;tudier les &eacute;volutions en cours. Orientant vers une pens&eacute;e renouvel&eacute;e des espaces, dans une relation souple aux savoirs, d&eacute;bordant des questions info-documentaires, ces &eacute;volutions questionnent la biblioth&egrave;que dans ses rep&egrave;res traditionnels, en tant qu&rsquo;espace institu&eacute;, norm&eacute; et cod&eacute;, fond&eacute; sur l&rsquo;&eacute;nonciation documentaire.</p> <p>Le mouvement n&rsquo;est pas nouveau, qui a vu s&rsquo;affirmer d&rsquo;une recherche &agrave; l&rsquo;autre, une &laquo;&nbsp;culture de l&rsquo;exp&eacute;rience &raquo;, conjuguant exp&eacute;riences informationnelles au sens classique et exp&eacute;riences sociales partag&eacute;es, apportant un plus, aux niveaux &eacute;motionnel, cognitif, intellectuel (Maury, 2011), faisant place aux gestes, au faire, au sentir. Des &eacute;volutions qui rel&egrave;vent tout autant de choix culturels et demandent pareillement &agrave; &ecirc;tre interrog&eacute;es&nbsp;: comme le remarque un enseignant de lyc&eacute;e technique, ce souci de cohabitation harmonieuse (de relations&nbsp;apais&eacute;es ?), participe &agrave; neutraliser les diff&eacute;rences, &agrave; freiner les &eacute;nergies potentielles des acteurs, ce qui n&rsquo;est pas forc&eacute;ment propice &agrave; l&rsquo;esprit de rencontre&nbsp;; et peut conduire, sous couvert de vivre ensemble, &agrave; un intelligible confus, limitatif des &eacute;changes tandis que se met en place un ordre fond&eacute; sur les pratiques sociales, plus discret mais tout aussi conformisant, poli&ccedil;ant les corps et les esprits. Autant de questions, tr&egrave;s actuelles, qui renseignent dans le m&ecirc;me temps sur les transformations en cours dans la soci&eacute;t&eacute;, et invitent &agrave; poursuivre les investigations pour comprendre le processus dans sa complexit&eacute;,</p> <h2><b><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</b></h2> <p>Adell, N (2018). Sans feu ni lieu. L&rsquo;espace non-g&eacute;om&eacute;trique des savoirs. In&nbsp;:<i>&nbsp;</i>Maury, Y., Kovacs, S. et Condette, S.<i>&nbsp;Biblioth&egrave;ques en mouvement : Innover, fonder, pratiquer de nouveaux espaces de savoir.</i>&nbsp;Villeneuve d&rsquo;Ascq&nbsp;: Presses du Septentrion, 47-60.</p> <p>Badia Berger architectes (2015).&nbsp;Une architecture de relations. Les enjeux du r&eacute;cit architectural.&nbsp;<i>Bulletin des Biblioth&egrave;ques de France</i>, n&deg; 4, 46-69.</p> <p>B&eacute;guin-Verbrugge, A. (2018). Pr&eacute;face. In&nbsp;:<i>&nbsp;</i>Maury, Y., Kovacs, S. et Condette, S.<i>&nbsp;Biblioth&egrave;ques en mouvement : Innover, fonder, pratiquer de nouveaux espaces de savoir.</i>&nbsp;Villeneuve d&rsquo;Ascq&nbsp;: Presses du Septentrion, 9-17.</p> <p>Bergson, H. (1963).&nbsp;<i>&OElig;uvres.</i>&nbsp;Paris&nbsp;: PUF.</p> <p>Bordeaux M.-C. (2014). Pour un r&eacute;examen de la notion d&rsquo;usage : la dimension culturelle de l&rsquo;exp&eacute;rience<i>. Lendemains - &Eacute;tudes allemandes compar&eacute;es sur la France</i>, n&deg; 154-155, 76-100. Disponible sur&nbsp;<a href="https://www.periodicals.narr.de/index.php/Lendemains/article/viewFile/2131/2033">https://www.periodicals.narr.de/index.php/Lendemains/article/viewFile/2131/2033</a></p> <p>Candau, J. (2000).&nbsp;<i>M&eacute;moires et exp&eacute;riences olfactives. Anthropologie d&rsquo;un savoir-faire sensoriel.</i>&nbsp;Paris&nbsp;: PUF.</p> <p>Chauvier, E. (2011).&nbsp;<i>Anthropologie de l&rsquo;ordinaire. Une conversion du regard.</i>&nbsp;Toulouse&nbsp;: Anacharsis.</p> <p>Depaule, J.-C. et Arnaud, J.-L. (1985).&nbsp;<i>A travers les murs.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Centre Georges Pompidou.</p> <p>Dewey, J. (1925).&nbsp;<i>Experience and Nature</i>. Chicago: Open Court Publishing.</p> <p>Dubet, F. et Martuccelli, D. (1988).&nbsp;<i>&Agrave; l&#39;&eacute;cole : sociologie de l&#39;exp&eacute;rience scolaire.</i>&nbsp;Paris&nbsp;: Le Seuil.</p> <p>Fabre, I. (2017).&nbsp;<i>M&eacute;diation du contemporain : exp&eacute;rience esth&eacute;tique de dispositifs documentaires. Retour r&eacute;flexif sur les pratiques professionnelles.&nbsp;</i>Habilitation &agrave; Diriger des recherches en Sciences de l&rsquo;information et de la communication. Universit&eacute; de Toulouse 2 - Jean Jaur&egrave;s. Disponible sur&nbsp;<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01867863/document">https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01867863/document</a></p> <p>Girel, M. (2014). L&rsquo;exp&eacute;rience comme verbe ? R&eacute;flexions pragmatistes sur &laquo;&nbsp;exp&eacute;riencer&nbsp;&raquo;.&nbsp;<i>&Eacute;ducation permanente</i>, n&deg; 198 (1), 23-34.</p> <p>His, G. (2015).&nbsp;La Mat&eacute;rialit&eacute; comme r&eacute;cit.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France,</i>&nbsp;n&deg;&nbsp;4, 30-44.</p> <p>Jaur&eacute;guiberry, F. et Proulx, S. (2001).&nbsp;<i>Usages et enjeux des technologies de communication.</i>&nbsp;Toulouse : Er&egrave;s.</p> <p>Jeanneret Y. (2008).&nbsp;<i>Penser la trivialit&eacute;, vol. 1 la vie triviale des &ecirc;tres culturels.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Herm&egrave;s-Lavoisier.</p> <p>Kovacs, S. et Maury, Y. (2014). Studying User Appropriation of University and Secondary school &lsquo;Learning Centers&rsquo;: Methodological Questions and Issues. In:&nbsp;<i>Proceedings of the 13th international conference &lsquo;Libraries in the Digital Age&rsquo;</i>. University of Zadar: Zadar &amp; Faculty of Humanities and Social Sciences, University of Osijek, 115- 122. Disponible sur&nbsp;<a href="https://bib.irb.hr/datoteka/762790.LIDA2014_Proceedings.pdf">https://bib.irb.hr/datoteka/762790.LIDA2014_Proceedings.pdf</a></p> <p>Lamizet, B. (1999).&nbsp;<i>La m&eacute;diation culturelle.</i>&nbsp;Paris&nbsp;: L&rsquo;harmattan.</p> <p>Lamizet, B. (1992).&nbsp;<i>Les lieux de la communication</i>. Li&egrave;ge&nbsp;: Mardaga.</p> <p>Laplantine, F. (2009).&nbsp;<i>Le social et le sensible. Introduction &agrave; une anthropologie modale.</i>&nbsp;Paris&nbsp;: T&eacute;ra&egrave;dre.</p> <p>Laudati, P. (2015). M&eacute;diation urbaine. Exp&eacute;rience sensible et sens de l&#39;espace<i>.&nbsp;</i>In&nbsp;:<i>&nbsp;Sens et m&eacute;diation. Congr&egrave;s de l&rsquo;Association Fran&ccedil;aise de S&eacute;miotique.&nbsp;</i>AFS Editions,<i>&nbsp;</i>87-97. Disponible sur&nbsp;<a href="http://afsemio.fr/wp-content/uploads/I.-M%C3%A9diation-fonction.pdf#page=87">http://afsemio.fr/wp-content/uploads/I.-M%C3%A9diation-fonction.pdf#page=87</a></p> <p>Laudati, P. et Leleu-Merviel, S. (2018). De l&rsquo;<i>UXD</i>&nbsp;(<i>User eXperience Design</i>) au&nbsp;<i>LivXD</i>&nbsp;(<i>Living eXperience Design</i>) : vers le concept d&rsquo;exp&eacute;riences de vie et leur design. In: Leleu-Merviel, S., Schmitt, D. et Useille, P. (dir.).&nbsp;<i>De l&rsquo;UXD au LivXD&nbsp;: design des exp&eacute;riences de vie.&nbsp;</i>Londres&nbsp;<i>:&nbsp;</i>ISTE Editions, 9-32.</p> <p>Lawson, B. (2003).&nbsp;<i>The Language of Space</i>. Oxford UK: Elsevier.</p> <p>Lefebvre, H. (2000).&nbsp;<i>La production de l&rsquo;espace</i>. 4<sup>&egrave;me</sup>&nbsp;&eacute;d. Paris&nbsp;: Anthropos.</p> <p>Le Hein, F. (2017). D&eacute;but&rsquo;net, D&eacute;mo&rsquo;net, D&eacute;bug&rsquo;net, la m&eacute;diath&egrave;que Marguerite-Duras joue le num&eacute;rique sur toute la gamme. In : Plantard, P. et Vigu&eacute;-Camus, A. (dir.),&nbsp;<i>Les biblioth&egrave;ques et la transition num&eacute;rique. Les ateliers internet, entre injonctions sociales et constructions individuelles.</i>&nbsp;Villeurbanne&nbsp;: Presses de l&rsquo;Enssib, 122-136.</p> <p>Maury, Y (2018).&nbsp;<i>Learning Centres</i>&nbsp;et circulation des savoirs : espaces, fronti&egrave;res, pratiques transverses. In&nbsp;: Maury Y., Kovacs, S. et Condette, S.&nbsp;<i>Biblioth&egrave;ques en mouvement&nbsp;: Innover, fonder, pratiquer de nouveaux espaces de savoir.&nbsp;</i>Villeneuve d&rsquo;Ascq&nbsp;: Presses du Septentrion, 61-92.</p> <p>Maury, Y. (2011). Espaces documentaires, espaces de savoir, espaces d&rsquo;exp&eacute;rience: vers une (re)d&eacute;finition du mod&egrave;le des CDI ? In&nbsp;:<i>&nbsp;Les intersections : gens, lieux, information. 39e congr&egrave;s annuel CAIS-ACSI.,</i>&nbsp;Fredericton, Nouveau-Brunswick, Canada.</p> <p>Maury, Y., Kovacs, S. et Condette, S. (2018). Perspectives conclusives. Penser l&rsquo;espace de la biblioth&egrave;que &laquo;&nbsp;en extension&nbsp;&raquo;. In&nbsp;: Maury Y., Kovacs, S. et Condette, S..&nbsp;<i>Biblioth&egrave;ques en mouvement&nbsp;: Innover, fonder, pratiquer de nouveaux espaces de savoir.&nbsp;</i>Villeneuve d&rsquo;Ascq&nbsp;: Presses du Septentrion, 247-257.</p> <p>Melot, M. (2008) Postface. In&nbsp;: Bertrand, A.-M., Bettega, &Eacute;., Cl&eacute;ment, C.&nbsp;<i>et al.</i>&nbsp;<i>Quel mod&egrave;le de biblioth&egrave;que ? Nouvelle &eacute;dition [en ligne].&nbsp;</i>Villeurbanne&nbsp;: Presses de l&rsquo;Enssib, 175-179. Disponible sur&nbsp;<a href="http://books.openedition.org/pressesenssib/738">http://books.openedition.org/pressesenssib/738</a></p> <p>Micheau, B. et Despr&eacute;s-Lonnet, M. (2018). Habiter un lieu de savoir : vivre et faire vivre une biblioth&egrave;que universitaire &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la documentation num&eacute;rique. In&nbsp;:<i>&nbsp;M&eacute;diations des savoirs : la m&eacute;moire dans la construction documentaire. Actes du 4<sup>&egrave;me</sup>&nbsp;colloque scientifique international du R&eacute;seau MUSSI.</i>&nbsp;Villeneuve d&rsquo;Ascq : Universit&eacute; de Lille, 267-276.</p> <p>Munier, B. et Letonturier, E. (dir.) (2016). La voie des sens.&nbsp;<i>Herm&egrave;s, La Revue</i>, vol. 74 (1).</p> <p>Norman, D. A. (1988).&nbsp;<i>The Design of Everyday Things</i>. New York: Basic Books.</p> <p>Nussbaum, B. (2013).&nbsp;<i>Creative Intelligence. Harnessing the Power to Create, Connect, and Inspire.</i>&nbsp;New-York: Harper Business.</p> <p>Ranci&egrave;re, J. (2008).&nbsp;<i>Le spectateur &eacute;mancip&eacute;.</i>&nbsp;Paris&nbsp;: La Fabrique &eacute;dition.</p> <p>Segaud, M. (2012).&nbsp;<i>Anthropologie de l&rsquo;espace. Habiter, fonder, distribuer, transformer</i>. Paris&nbsp;: Armand Colin.</p> <p>Stoller, P. (1992) [1989].&nbsp;<i>The Taste of Ethnographic Things. The Senses in Anthropology.&nbsp;</i>Philadelphia: University of Pennsylvania Press.</p> <p>Tuan, Y.-F. (1977).&nbsp;<i>Space and Place. The Perspective of Experience</i>. Minneapolis-London: University of Minnesota Press.</p> <p>Turner, V. W. et Bruner, E. M. (1986).&nbsp;<i>The Anthropology of Experience</i>.&nbsp;Urbana and Chicago: University of Illinois Press.</p> <p>Urrutiaguer, D. (2018). Le mod&egrave;le du troisi&egrave;me lieu appliqu&eacute; aux biblioth&egrave;ques municipales&nbsp;: Quels d&eacute;placements de fronti&egrave;res&nbsp;? In&nbsp;:<i>&nbsp;</i>Maury, Y., Kovacs, S. et Condette, S.<i>&nbsp;Biblioth&egrave;ques en mouvement : Innover, fonder, pratiquer de nouveaux espaces de savoir.</i>&nbsp;Villeneuve d&rsquo;Ascq&nbsp;: Presses du Septentrion, 93-106.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref1" id="ftn1">[1]</a>&nbsp;Id&eacute;alement, la prise en compte de l&rsquo;exp&eacute;rience utilisateur vise &agrave; penser les services et les produits en fonction des besoins et des attentes des usagers. La pens&eacute;e&nbsp;<em>design&nbsp;</em>(<em>design thinking,</em>&nbsp;initi&eacute;e par David Kelley dans les ann&eacute;es 1990), le design d&rsquo;exp&eacute;rience utilisateur (<em>UX design</em>, conceptualis&eacute; par Donald A. Norman, en 1988, dans&nbsp;<em>The Design of Everyday Things</em>) ont ainsi &eacute;t&eacute; introduits comme m&eacute;thodes permettant de concevoir des exp&eacute;riences dans un processus cr&eacute;atif, pla&ccedil;ant l&rsquo;utilisateur au centre de la d&eacute;marche. Ces m&eacute;thodes ont le m&eacute;rite de mettre en avant la cr&eacute;ativit&eacute;, avec la double promesse d&rsquo;identifier de vrais probl&egrave;mes, li&eacute;s au v&eacute;cu des acteurs, et d&rsquo;imaginer des solutions, en synergie avec ces acteurs et avec la culture de l&rsquo;environnement proche. Elles ont aussi montr&eacute; leurs limites, li&eacute;es &agrave; la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une d&eacute;marche &agrave; &eacute;tapes (analyse de situation, inspiration, id&eacute;ation, it&eacute;ration), lin&eacute;aire et proc&eacute;durale, qui peut figer le processus, quand elle ne permet pas la prise en compte des &eacute;motions, des d&eacute;sordres, des incompr&eacute;hensions, des discontinuit&eacute;s, inh&eacute;rents au processus cr&eacute;atif, sur la dur&eacute;e. Plus r&eacute;cemment, le design des exp&eacute;riences de la vie (<em>Living eXperience Design</em>&nbsp;ou&nbsp;<em>LivXD</em>), avan&ccedil;ant l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;exp&eacute;rience est subjective, gorg&eacute;e d&rsquo;&eacute;motion, impr&eacute;visible, et &agrave; ce titre non mod&eacute;lisable, propose de s&rsquo;attacher aux modalit&eacute;s de sa mise en &oelig;uvre (qui peuvent &ecirc;tre pr&eacute;vues et sch&eacute;matis&eacute;es pour une utilisation future), de les designer, en consid&eacute;rant toutes les composantes du contexte (spatial, social, temporel, historique, de normes...)&nbsp;; l&rsquo;objectif est de pr&eacute;configurer un espace propice &agrave; &laquo;&nbsp;l&#39;exp&eacute;rience de la vie&nbsp;&raquo;, au plus proche des acteurs, de mani&egrave;re &agrave; le rendre signifiant pour eux (Laudati &amp; Leleu-Merviel, 2018). Avec l&rsquo;intelligence cr&eacute;ative (<em>Creative Intelligence</em>, 2013), Bruce Nussbaum invite &agrave; un changement de paradigme, selon une approche qui se veut davantage sociologique, attentive aux activit&eacute;s de groupe, &agrave; l&rsquo;intelligence collective, &agrave; la co-cr&eacute;ation cr&eacute;ative, et prenant mieux en compte d&eacute;sordres et discontinuit&eacute;s. Pour ce qui est de notre &eacute;tude, les d&eacute;marches cr&eacute;atives adopt&eacute;es dans les biblioth&egrave;ques observ&eacute;es, sans forc&eacute;ment s&rsquo;inspirer d&rsquo;une m&eacute;thode pr&eacute;cise, font &eacute;tat de d&eacute;clinaisons originales, fonction du contexte, accordant une large place aux exp&eacute;riences des usagers, &agrave; leur intelligence cr&eacute;ative, &agrave; leur mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre-au-monde&nbsp;; une de leurs caract&eacute;ristiques est de proc&eacute;der, sur le mode de la co-cr&eacute;ation, &agrave; des ajustements en continu, dans une d&eacute;marche ouverte face aux d&eacute;sordres, m&eacute;compr&eacute;hensions, discontinuit&eacute;s ou r&eacute;sistances (&eacute;checs, retours en arri&egrave;re font partie int&eacute;grante du processus). Car c&rsquo;est souvent dans les interstices, dans les mouvements de transition, ou &agrave; la marge que se r&eacute;v&egrave;lent les forces &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans le processus cr&eacute;atif, esquissant des pistes pour des d&eacute;veloppements possibles. Ce qu&rsquo;une formalisation trop contrainte et/ou orient&eacute;e ne permet que difficilement de laisser &eacute;merger, &agrave; la diff&eacute;rence d&rsquo;une approche ethnographique, au plus pr&egrave;s des acteurs, &agrave; leur &eacute;coute au quotidien (Maury, Kovacs &amp; Condette, 2018, 250-252).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref2" id="ftn2">[2]</a>&nbsp;Patrizia Laudati aborde la question du sens de l&rsquo;espace, et de l&rsquo;exp&eacute;rience sensible (&laquo;&nbsp;de&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; l&rsquo;espace), en partant du concept de m&eacute;diation et en le transposant notamment &agrave; la m&eacute;diation urbaine.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>&nbsp;Recherche initiale r&eacute;alis&eacute;e dans le cadre d&rsquo;un Bonus Qualit&eacute; Recherche LMCU-Lille 3 (2013-2014)&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;(R)&eacute;volutions dans les biblioth&egrave;ques&nbsp;? Les Learning Centres, un mod&egrave;le de biblioth&egrave;que &agrave; interroger&nbsp;&raquo;</i>. Recherche en deux temps, en appui sur les laboratoires GERiiCO et CIREL (Universit&eacute; Lille 3) et EFTS (Universit&eacute;&nbsp;Toulouse II-ENSFEA). Au total, cinq&nbsp;<i>LC</i>/3C du sup&eacute;rieur et quatre du secondaire ont &eacute;t&eacute; observ&eacute;s par un groupe de chercheurs en Sciences de l&rsquo;in&shy;formation et de la communication et en Sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, lors de cette &eacute;tude qualitative (observations en immersion, entretiens ethnographiques)&nbsp;: un internat de la r&eacute;ussite en r&eacute;gion parisienne&nbsp;; un coll&egrave;ge du Nord class&eacute; &eacute;tablissement ECLAIR, et labellis&eacute; coll&egrave;ge connect&eacute;&nbsp;; un lyc&eacute;e polyvalent du Grand Est&nbsp;; un coll&egrave;ge rural en Midi-Pyr&eacute;n&eacute;es&nbsp;; une grande Ecole et une universit&eacute; en r&eacute;gion parisienne&nbsp;; et une universit&eacute; en Midi-Pyr&eacute;n&eacute;es. Au moment des observations, la d&eacute;marche&nbsp;<i>LC</i>&nbsp;en est &agrave; des stades divers d&rsquo;avancement. Un ouvrage, paru aux Presses universitaires du Septentrion en d&eacute;cembre 2018, rend compte de ces travaux (Maury, Kovacs &amp; Condette 2018).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref4" id="ftn4">[4]</a>&nbsp;Prolongement de la recherche, pour l&rsquo;&eacute;quipe lilloise en Sciences de l&rsquo;information et de la communication, &agrave; partir de 2016, avec le soutien de la Commission Recherche ESP&eacute;&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;Etablissements connect&eacute;s, biblioth&egrave;ques augment&eacute;es, &eacute;cole &eacute;tendue&nbsp;: le num&eacute;rique au d&eacute;fi des usages&nbsp;</i>&raquo; (Y. Maury, S. Kovacs, dir., GERiiCO). Avec int&eacute;gration de nouveaux terrains (un coll&egrave;ge, un lyc&eacute;e), puis en &eacute;largissant hors monde de l&rsquo;&eacute;ducation (deux biblioth&egrave;ques publiques, de centre ville et d&rsquo;un quartier en p&eacute;riph&eacute;rie). Des observations sont toujours en cours pour suivre les &eacute;volutions sur la dur&eacute;e.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>&nbsp;Marie-Christine Bordeaux a notamment &eacute;tudi&eacute; l&rsquo;&eacute;ducation artistique et culturelle en milieu scolaire.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Exp&eacute;riencer&nbsp;&raquo; semble particuli&egrave;rement appropri&eacute; pour traduire le verbe &laquo;&nbsp;to experience&nbsp;&raquo; fr&eacute;quemment utilis&eacute; par John Dewey (1925). &laquo;&nbsp;Nous n&rsquo;avons pas en fran&ccedil;ais la capacit&eacute; &agrave; faire de l&rsquo;exp&eacute;rience un verbe&nbsp;&raquo;, remarque fort justement Mathias Girel&nbsp;(2014, 23), quand il s&rsquo;agit de d&eacute;crire ce qui est un processus plus qu&rsquo;un objet ou un &eacute;tat&nbsp;; l&rsquo;usage du n&eacute;ologisme &laquo;&nbsp;exp&eacute;riencier&nbsp;&raquo; (verbe d&rsquo;action) rend mieux compte de ce processus que des termes comme &laquo;&nbsp;&eacute;prouver&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;ressentir&nbsp;&raquo; qui renvoient davantage &agrave; un v&eacute;cu, ou comme &laquo;&nbsp;exp&eacute;rimenter&nbsp;&raquo; qui porte en lui l&rsquo;id&eacute;e de protocole ou m&ecirc;me de m&eacute;thode, ce qui r&eacute;duit alors la port&eacute;e de l&rsquo;exp&eacute;rience, en terme d&rsquo;autonomie de l&rsquo;usager.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref7" id="ftn7">[7]</a>&nbsp;- Dans un des coll&egrave;ges REP + observ&eacute;, le projet Fusion, qui a re&ccedil;u le prix de l&rsquo;innovation en 2018, s&rsquo;est concr&eacute;tis&eacute; par la cr&eacute;ation de tiers-lieux dans l&rsquo;&eacute;tablissement (espace&nbsp;<i>co-working, FabLab</i>, etc.)&nbsp;<a href="http://www1.ac-lille.fr/cid128964/le-projet-fusion-du-college-pierre-mendes-france-de-tourcoing-reconpense-lors-de-la-journee-de-l-innovation.html">http://www1.ac-lille.fr/cid128964/le-projet-fusion-du-college-pierre-mendes-france-de-tourcoing-reconpense-lors-de-la-journee-de-l-innovation.html</a></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp; - Le Learning Center d&rsquo;une Grande Ecole d&rsquo;Ile-de-France s&rsquo;est enrichi en 2016 de nouveaux services, avec inauguration d&rsquo;un&nbsp;<em>K-Lab</em>&nbsp;ou&nbsp;<em>Knowledge Lab</em>, organis&eacute; autour de plusieurs espaces, proposant des ateliers pour des usages diff&eacute;renci&eacute;s (Studio vid&eacute;o,&nbsp;<em>Learning Lab</em>,&nbsp;<em>Open Lab</em>,&nbsp;<em>Design Lab</em>,&nbsp;<em>Data Lab</em>&hellip;).</p> <p>Visite virtuelle&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.youtube.com/watch?v=FIL4wJkORQE">https://www.youtube.com/watch?v=FIL4wJkORQE</a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref8" id="ftn8">[8]</a>&nbsp;Le&nbsp;<i>booktrailing</i>&nbsp;consiste &agrave; r&eacute;aliser des bandes-annonces de livres, sous forme de courtes vid&eacute;os pr&eacute;sentant ces livres&nbsp;; en contexte scolaire, c&rsquo;est une forme renouvel&eacute;e du compte rendu de lecture, int&eacute;grant lecture/&eacute;criture, travail sur l&rsquo;image et sur le son.</p> <p>Un hackathon est une comp&eacute;tition ou un &eacute;v&eacute;nement au cours duquel des &eacute;quipes doivent d&eacute;velopper un projet ou un produit (quelque chose de malin, d&rsquo;o&ugrave; hack), de mani&egrave;re intensive, sur un temps limit&eacute; (d&rsquo;o&ugrave; la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; marathon)</p> <p>Le vid&eacute;otaping consiste &agrave; r&eacute;aliser une animation, combinant enregistrement d&#39;images visuelles (succession de tableaux, avec manipulation d&rsquo;accessoires) et de sons (texte d&rsquo;appui, bruitages), d&eacute;roulant un sc&eacute;nario.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref9" id="ftn9">[9]</a>&nbsp;Le travail sur le son est souvent le parent pauvre dans ce type d&rsquo;exercice.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref10" id="ftn10">[10]</a>&nbsp;Les ULIS sont des dispositifs qui proposent, en milieu ordinaire, des modalit&eacute;s d&#39;apprentissage et des enseignements adapt&eacute;s, pour des &eacute;l&egrave;ves en situation de handicap.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref11" id="ftn11">[11]</a>&nbsp;<i>CLEA Mutations urbaines et transformations des villes.</i>&nbsp;Roubaix-Tourcoing 2018-2019. Plaquette de pr&eacute;sentation&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.tourcoing.fr/content/download/132729/2453936/file/Plaquete+CLEA++ROUBAIX-TOURCOING+2018-2019.pdf">https://www.tourcoing.fr/content/download/132729/2453936/file/Plaquete+CLEA++ROUBAIX-TOURCOING+2018-2019.pdf</a></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/758-experiences-sensibles-en-bibliotheque-peut-on-parler-d-un-tournant-yolande-maury#ftnref12" id="ftn12">[12]</a>&nbsp;Extraits&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans ma rue, je go&ucirc;te l&rsquo;air un peu pollu&eacute;, &ccedil;a pique un peu, des fois, &ccedil;a fait tousser&nbsp;&raquo;&nbsp;;</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &laquo;&nbsp;Dans ma rue, je sens l&rsquo;odeur des cigarettes, c&rsquo;est pas tr&egrave;s agr&eacute;able, et &ccedil;a monte &agrave; la t&ecirc;te&nbsp;&raquo;</p>