<p><strong>Abstract :</strong>&nbsp;The study intends to analyse the discourse of librarians and libraries&rsquo; creators thinking about the institution&rsquo;s future, through some articles published in professional journals and an architectural brief developed for a great public library. It aims at understanding, looking at the professionals&rsquo; point of view in the context of great upheaval, how the space of tomorrow&rsquo;s library is shaped in a discursive way. It deals especially with coming up with ideas about mediation, knowledge and audiences, and giving them a spatial form. The analyse highlights how libraries seem more and more seen as a sensible space, dedicated to experiences. It also reveals that a library perceived as a realm of possibilities is ambiguous, as shown in the architectural brief. It indicates how difficult it is to stabilise them with words and images, as their usefulness is determined according the quality of subjective experiences that take place there.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong>&nbsp;library &ndash; discourse &ndash; projection &ndash; space &ndash; architectural brief</p> <p>&nbsp;&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Les chercheurs en sciences sociales comme en sciences de l&rsquo;information et de la communication se sont beaucoup int&eacute;ress&eacute;s &agrave; la biblioth&egrave;que comme espace v&eacute;cu (Barbier-Bouvet et Poulain, 1986&nbsp;; Roselli et Perrenoud, 2010&nbsp;; Camus et all., 2014&nbsp;; Dehail &amp; Le Marec, 2018). Dans ces travaux, le &laquo;&nbsp;lieu pratiqu&eacute;&nbsp;&raquo; (De Certeau, 1990) qu&rsquo;est la biblioth&egrave;que est parfois appr&eacute;hend&eacute; comme un dispositif, c&rsquo;est-&agrave;-dire un agencement d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, &agrave; la crois&eacute;e du technique et du symbolique, comportant une dimension s&eacute;miotique et une dimension symbolique (Meunier, 1999&nbsp;; Peeters et Charlier, 1999).</p> <p>Passer par cette notion pour penser la biblioth&egrave;que &eacute;vite de r&eacute;duire l&rsquo;exp&eacute;rience qui s&rsquo;y d&eacute;roule &agrave; un face &agrave; face purement fonctionnel, entre un p&ocirc;le concepteur et un p&ocirc;le r&eacute;cepteur, le premier compos&eacute; de biblioth&eacute;caires enferm&eacute;s dans leur r&ocirc;le technique de pourvoyeurs de documentation et le second d&rsquo;utilisateurs aux besoins bien circonscrits (Le Marec, 2001). Elle invite plut&ocirc;t &agrave; envisager l&rsquo;espace documentaire<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref1">[1]</a></sup>&nbsp;comme un espace de l&rsquo;entre-deux o&ugrave; se nouent des interactions r&eacute;elles et symboliques entre humains et objets (Fabre, 2013), qui se d&eacute;ploie entre contrainte et libert&eacute; (Peeters et Charlier, 1999). Son sens se construit &agrave; l&rsquo;articulation des intentions des concepteurs et des cheminements des usagers, qui attribuent du sens aux intentions des concepteurs en les d&eacute;pla&ccedil;ant (Jeanneret, 2007&nbsp;; Fabre, 2013, 2017). Cette vision de la biblioth&egrave;que invite &agrave; prendre en compte les rapports sensibles qui y ont cours, en int&eacute;grant la part prise par les &eacute;motions, les affects et le corps, approche qui se d&eacute;veloppe d&rsquo;ailleurs dans d&rsquo;autres disciplines &eacute;tudiant l&rsquo;espace<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref2">[2]</a></sup>.</p> <p>Les pr&eacute;occupations actuelles des professionnels des biblioth&egrave;ques semblent ici faire &eacute;cho aux r&eacute;flexions des chercheurs&nbsp;: depuis une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es, la biblioth&egrave;que conna&icirc;t de profondes mutations qui en font, de plus en plus, un lieu con&ccedil;u &agrave; partir de l&rsquo;exp&eacute;rience<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref3">[3]</a></sup>. D&eacute;j&agrave; remise en question &agrave; la fin des ann&eacute;es 1980, notamment par Eliseo Veron (Veron, 1988), la conception instrumentale de la biblioth&egrave;que &ndash; un &laquo;&nbsp;d&eacute;p&ocirc;t&nbsp;&raquo; de documents satisfaisant un besoin d&rsquo;information &ndash; semble en effet aujourd&rsquo;hui d&eacute;pass&eacute;e par les &eacute;volutions internes du secteur. Si depuis les ann&eacute;es 1990, la biblioth&egrave;que se tourne de plus en plus vers les publics, comme le rappellent plusieurs chercheurs (Le Coadic, 1997&nbsp;; Beguin-Verbrugge, 2002&nbsp;; Fabre, 2017), la notion r&eacute;cente de troisi&egrave;me lieu marque &agrave; cet &eacute;gard un tournant. Le terme de &laquo;&nbsp;third place&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer la biblioth&egrave;que appara&icirc;t dans les ann&eacute;es 2000 chez des professionnels et chercheurs am&eacute;ricains, mais il se propage en France suite au m&eacute;moire de l&rsquo;enssib<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref4">[4]</a></sup>&nbsp;de Mathilde Servet, consacr&eacute; en 2009 &agrave; l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;&eacute;tablissements r&eacute;cemment cr&eacute;&eacute;s (notamment aux Pays-Bas, en Scandinavie et au Royaume Uni), renouvelant l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me de biblioth&egrave;que. En agr&eacute;geant leurs caract&eacute;ristiques autour d&rsquo;une expression, le m&eacute;moire, r&eacute;sum&eacute; sous forme d&rsquo;article dans le&nbsp;<em>Bulletin des Biblioth&egrave;ques de France</em>&nbsp;(<em>BBF</em>) en 2010, a conduit &agrave; faire &eacute;merger un v&eacute;ritable mod&egrave;le qui s&rsquo;est largement impos&eacute; chez les biblioth&eacute;caires francophones dans les ann&eacute;es qui ont suivi et a m&ecirc;me essaim&eacute; au-del&agrave; de la communaut&eacute; professionnelle<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref5">[5]</a></sup>. L&rsquo;expression fait r&eacute;f&eacute;rence aux &laquo;&nbsp;troisi&egrave;mes lieux&nbsp;&raquo; identifi&eacute;s par le sociologue am&eacute;ricain Ray Oldenburg &agrave; la fin des ann&eacute;es 1980. Il d&eacute;signait ainsi des espaces conviviaux, distincts du premier lieu (le foyer) et du deuxi&egrave;me (le travail), favorisant la rencontre, le d&eacute;bat, le lien social, aussi diversifi&eacute;s que les piazzas italiennes, les pubs anglais ou les biergarten allemands. En biblioth&egrave;que, cela se traduit selon Mathilde Servet par l&rsquo;attention accord&eacute;e &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience sensible (confort, atmosph&egrave;re) et sociale de l&rsquo;usager (la biblioth&egrave;que comme &laquo;&nbsp;lieu de vie&nbsp;&raquo;), ainsi que par de nouvelles mani&egrave;res d&rsquo;envisager le rapport au savoir, moins verticales, et par la mise en place de services allant bien au-del&agrave; du p&eacute;rim&egrave;tre des activit&eacute;s documentaires traditionnelles.</p> <p>La biblioth&egrave;que troisi&egrave;me lieu ne se d&eacute;cr&egrave;te pas. C&rsquo;est seulement en &eacute;tant attentif &agrave; ses usages qu&rsquo;il est possible d&rsquo;explorer la mani&egrave;re dont prend forme cet espace. Cependant, il semble utile de d&eacute;placer quelque peu le regard pour s&rsquo;attacher &agrave; la perspective de ceux qui participent &agrave; son &eacute;laboration &shy;&shy;&shy;&shy;&ndash; biblioth&eacute;caires et architectes, mais aussi programmistes ou &eacute;lus. En effet, si un dispositif ne prend tout son sens que lorsqu&rsquo;il est activ&eacute; par ceux qui l&rsquo;utilisent, il n&rsquo;en reste pas moins qu&rsquo;il fait exister &laquo;&nbsp;un espace particulier&nbsp;&raquo; dans lequel un &laquo;&nbsp;quelque chose&nbsp;&raquo; peut se produire, m&ecirc;me si ce &laquo;&nbsp;quelque chose&nbsp;&raquo; n&rsquo;est jamais enti&egrave;rement d&eacute;termin&eacute; en amont (Peeters et Charlier, 1999). Les coulisses des biblioth&egrave;ques ont assez peu retenu l&rsquo;attention des chercheurs<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref6">[6]</a></sup>. Ce sont plut&ocirc;t les &eacute;tudes portant sur d&rsquo;autres domaines, comme l&rsquo;innovation technologique ou l&rsquo;architecture, qui &eacute;clairent les apports possibles d&rsquo;une recherche centr&eacute;e sur le point de vue des concepteurs. Se pencher sur la conception permet en effet d&rsquo;aborder les m&eacute;canismes de d&eacute;l&eacute;gation et de r&eacute;partition de r&ocirc;les qui s&rsquo;effectuent entre l&rsquo;objet technique et ses destinataires, et donc de mettre en lumi&egrave;re le jeu entre contrainte et libert&eacute;, d&eacute;termination et ind&eacute;termination, qui s&rsquo;exerce entre eux (Akrich, 1987-2013&nbsp;; 1991). En outre, en s&rsquo;int&eacute;ressant &agrave; l&rsquo;activit&eacute; de conception, on mesure &agrave; quel point il s&rsquo;agit d&rsquo;une activit&eacute; m&ecirc;l&eacute;e, o&ugrave; l&rsquo;objet &agrave; construire fait l&rsquo;objet d&rsquo;investissements h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, engageant d&eacute;j&agrave; une relation sensible, &eacute;motionnelle et mat&eacute;rielle aux choses (Latour, 1992&nbsp;; Yaneva, 2009).</p> <p>Si on consid&egrave;re la biblioth&egrave;que, ces pistes nous invitent &agrave; explorer la &laquo;&nbsp;g&eacute;ographie concr&egrave;te&nbsp;&raquo; des acteurs sociaux et de l&rsquo;institution, pour reprendre l&rsquo;expression d&rsquo;Antoine Hennion (Hennion et all., 2001). Car la biblioth&egrave;que, espace v&eacute;cu, est aussi un dispositif id&eacute;el, rappelle Isabelle Fabre (Fabre, 2017). L&rsquo;&eacute;tude de cet agencement d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, comprenant des objets mat&eacute;riels, des normes, des techniques et des acteurs, r&eacute;v&egrave;le des logiques propres aux m&eacute;tiers au sein desquels il est produit (Couzinet, 2009). Son organisation spatiale traduit en particulier des conceptions relatives au savoir, &agrave; l&rsquo;acc&egrave;s au savoir et &agrave; sa structuration (Fabre et Regimbeau, 2013). En cela, la biblioth&egrave;que est aussi un lieu de pouvoir (Beguin-Verbrugge,&nbsp;2002&nbsp;; Maury, 2013). En outre, il s&rsquo;agit d&rsquo;un espace repr&eacute;sent&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire qui met en sc&egrave;ne dans l&rsquo;espace une repr&eacute;sentation et un symbolisme de la m&eacute;diation culturelle qu&rsquo;il met en oeuvre (Lamizet, 2002&nbsp;; Despret-Lonnet, 2012). Enfin, l&rsquo;espace de la biblioth&egrave;que figure une image du public (Veron, 1988). De la place qu&rsquo;elle assigne au document &agrave; celle qu&rsquo;elle propose &agrave; l&rsquo;usager, la biblioth&egrave;que exprime donc aussi bien un ordre de connaissance qu&rsquo;un rapport au public (Le Marc et Babou, 2003&nbsp;; Demeurisse et all., 2008). L&rsquo;espace documentaire comme dispositif renoue ici avec l&rsquo;origine foucaldienne du concept&nbsp;: un arrangement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne comprenant entre autres des &laquo;&nbsp; des discours, des institutions, des am&eacute;nagements architecturaux&nbsp;&raquo; aux effets normatifs, engageant des rapports de pouvoir (Foucault, 1977<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref7">[7]</a></sup>).</p> <p>Comment, pr&eacute;cis&eacute;ment, les concepteurs expriment-ils cet espace&nbsp;? Cette recherche visera &agrave; mettre en &eacute;vidence l&rsquo;activit&eacute; r&eacute;flexive des biblioth&eacute;caires, en se fondant sur des articles parus r&eacute;cemment dans deux revues professionnelles de r&eacute;f&eacute;rence et consacr&eacute;s aux questions d&rsquo;espace. Quels mots, concepts ou images mobilisent-ils pour donner corps&nbsp;&agrave; l&rsquo;espace de la biblioth&egrave;que contemporaine ? Elle s&rsquo;attachera ensuite plus longuement &agrave; l&rsquo;activit&eacute; prospective des biblioth&eacute;caires, &agrave; travers l&rsquo;analyse d&rsquo;un programme architectural con&ccedil;u dans le cadre d&rsquo;un projet de grande biblioth&egrave;que&nbsp;: il s&rsquo;agira alors de voir comment les repr&eacute;sentations s&rsquo;activent et s&rsquo;inscrivent, quand il ne s&rsquo;agit plus seulement de prendre position dans une communaut&eacute; de pairs mais de construire avec des mots un objet concret.&nbsp;</p> <h2><a id="t2"></a>METHODOLOGIE</h2> <p>L&rsquo;analyse mobilisera deux types de sources&nbsp;: un ensemble d&rsquo;articles de revues professionnelles et un programme architectural. Il convient de pr&eacute;ciser les raisons de leur &eacute;tude conjointe. En effet, si les articles sont le fait de professionnels des biblioth&egrave;ques, le programme architectural est un discours n&eacute;goci&eacute;, qui porte l&rsquo;empreinte de la diversit&eacute; des acteurs impliqu&eacute;s dans la conception d&rsquo;un grand &eacute;quipement culturel aujourd&rsquo;hui. Elabor&eacute; par le chef de projet et le programmiste, puis valid&eacute; par les &eacute;lus de la collectivit&eacute; ma&icirc;tresse d&rsquo;ouvrage, le programme rel&egrave;ve d&rsquo;ajustements. Notons cependant que certains articles ont une vis&eacute;e plus programmatique, en pr&eacute;sentant des projets qui pour certains n&rsquo;ont pas encore vu le jour&nbsp;; au-del&agrave; de la diversit&eacute; des sources, cette recherche repose donc sur un double croisement, entre deux temps de l&rsquo;activit&eacute; professionnelle &ndash; r&eacute;trospectif et prospectif &ndash; et deux formes d&rsquo;&eacute;nonciation (l&rsquo;article professionnel, le programme).</p> <p>Les deux types de descriptions que sont les articles et le programme exposent deux moments de la r&eacute;flexivit&eacute; des professionnels&nbsp;: l&rsquo;une &agrave; froid, en quelque sorte, quand les professionnels &eacute;laborent intellectuellement un propos &agrave; destination de la communaut&eacute; professionnelle, pour nourrir le d&eacute;bat &agrave; partir d&rsquo;une exp&eacute;rience et d&rsquo;un point de vue personnel&nbsp;; l&rsquo;autre, plus &agrave; chaud, quand il s&rsquo;agit de s&rsquo;accorder sur une anticipation de l&rsquo;avenir et de borner un projet afin qu&rsquo;il puisse &ecirc;tre compris par des architectes charg&eacute;s de lui donner une forme concr&egrave;te. Chacune a sa propre mani&egrave;re d&rsquo;arrimer l&rsquo;espace de la biblioth&egrave;que &agrave; d&rsquo;autres pratiques, d&rsquo;autres lieux, d&rsquo;autres discours et d&rsquo;autres imaginaires. La lecture du programme s&rsquo;enrichit de la mise au jour, dans la presse professionnelle, des r&eacute;f&eacute;rentiels actuels du monde des biblioth&egrave;ques&nbsp;: comment circulent-ils dans un objet h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne comme un programme architectural, destin&eacute; &agrave; d&rsquo;autres maillons de la cha&icirc;ne de conception&nbsp;? Par ailleurs, s&rsquo;appuyer sur des sources qui rel&egrave;vent &agrave; la fois de visions r&eacute;trospectives et anticipatives montre que le r&eacute;cit de l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue comme l&rsquo;op&eacute;ration de projection sont chacun travers&eacute;s par des tentatives de mises en coh&eacute;rence &agrave; partir de constats ou de visions potentiellement divergents. On acc&egrave;de ainsi &agrave; deux types de mises en forme synth&eacute;tiques du sens de l&rsquo;espace biblioth&egrave;que, structur&eacute;es autour d&rsquo;un vocabulaire, d&rsquo;images et d&rsquo;id&eacute;es dont on peut d&eacute;gager des lignes de force.</p> <h2><a id="t3"></a>L&rsquo;ESPACE BIBLIOTH&Egrave;QUE DANS LES MOTS DES BIBLIOTH&Eacute;CAIRES&nbsp;: UNE PLONGEE DANS DEUX REVUES (2008-2019)</h2> <h3>Le corpus d&rsquo;articles</h3> <p>Le corpus d&rsquo;articles est issu de deux revues professionnelles,&nbsp;<em>Biblioth&egrave;ques et le Bulletin des Biblioth&egrave;ques de France (BBF).</em>&nbsp;Le&nbsp;<em>BBF</em>, n&eacute; en 1956 et &eacute;dit&eacute; par l&rsquo;enssib (Ecole Nationale Sup&eacute;rieure des Sciences de l&rsquo;Information et des Biblioth&egrave;ques) est la revue professionnelle de r&eacute;f&eacute;rence des biblioth&eacute;caires en France. Elle rend compte via notamment des dossiers th&eacute;matiques de l&rsquo;actualit&eacute; du monde des biblioth&egrave;ques, des r&eacute;flexions et des d&eacute;bats qui le traversent. Si les articles &eacute;manent surtout de professionnels, elle fait &eacute;galement la part belle aux recherches en int&eacute;grant des contributions de chercheurs, des recensions d&rsquo;ouvrages ou des comptes rendus de colloques. La revue&nbsp;<em>Biblioth&egrave;que(s)</em>, trimestrielle et cr&eacute;&eacute;e en 2002, est publi&eacute;e depuis 2002 par la plus grande association professionnelle en France, l&rsquo;Association des biblioth&eacute;caires de France (ABF).</p> <p>Les articles dont il sera ici question ont &eacute;t&eacute; s&eacute;lectionn&eacute;s selon un double prisme, temporel et th&eacute;matique. Le corpus porte sur la p&eacute;riode 2008-2019. L&rsquo;ann&eacute;e 2008 a &eacute;t&eacute; choisie comme moment charni&egrave;re, o&ugrave; de nouveaux mod&egrave;les de biblioth&egrave;ques commencent &agrave; susciter l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t en France&nbsp;: dans la presse professionnelle<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;</sup>apparaissent les premiers articles consacr&eacute;s aux biblioth&egrave;ques r&eacute;cemment construites au Pays Bas (Dogliani, 2008&nbsp;; Jacquet-Triboulet et Bonnet, 2008&nbsp;; Chaigne et Norris, 2008) ou en Scandinavie (Groupe ABF Lorraine, 2008), ainsi qu&rsquo;au r&eacute;seau des idea stores &agrave; Londres (Dogliani, 2008&nbsp;; Chaigne et Norris, 2008), s&rsquo;appuyant notamment sur des voyages d&rsquo;&eacute;tudes. L&rsquo;engouement pour ces tendances qui se cristalliseront autour de l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;troisi&egrave;me lieu&nbsp;&raquo;, utilis&eacute;e par Mathilde Servet dans son m&eacute;moire un an apr&egrave;s, est donc d&eacute;j&agrave; palpable. Le corpus a en outre &eacute;t&eacute; constitu&eacute; selon un angle th&eacute;matique. Ecrits par des biblioth&eacute;caires (et non des architectes ou des consultants, afin d&rsquo;acc&eacute;der au point de vue des professionnels), les vingt-sept articles choisis abordent des questions touchant &agrave; l&rsquo;espace&nbsp;&agrave; partir de retours d&rsquo;exp&eacute;riences ou de descriptions de projets. Ils traitent ainsi d&rsquo;architecture mais aussi d&rsquo;am&eacute;nagement, de mise en espace des collections, de l&rsquo;ambiance ou de l&rsquo;avenir de certains espaces (espaces musique, espaces jeunesse, espaces des biblioth&egrave;ques universitaires - BU).</p> <h3>L&rsquo;espace sensible</h3> <p>Les publications professionnelles t&eacute;moignent d&rsquo;une attention accrue &agrave; la vie du lieu physique&nbsp;depuis une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es&nbsp;: la revue&nbsp;<em>Biblioth&egrave;ques</em>&nbsp;a consacr&eacute; un dossier entier &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;intimit&eacute;&nbsp;&raquo; en 2009, le&nbsp;<em>BBF</em>&nbsp;aux &laquo;&nbsp;architectures&nbsp;&raquo; en 2015 et, plus atypique encore, &agrave; &laquo;&nbsp;habiter la biblioth&egrave;que&nbsp;&raquo; en 2019. Plusieurs &eacute;l&eacute;ments ressortent qui permettent d&rsquo;esquisser l&rsquo;espace de la biblioth&egrave;que d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, tel qu&rsquo;il est con&ccedil;u et per&ccedil;u par les professionnels.</p> <h4>- L&rsquo;espace de la production des savoirs</h4> <p>Le positionnement de la biblioth&egrave;que par rapport au savoir semble avoir chang&eacute;. Cela appara&icirc;t tr&egrave;s nettement dans les propos de trois biblioth&eacute;caires universitaires recueillis dans un article du&nbsp;<em>BBF</em>&nbsp;int&eacute;gr&eacute; au dossier de 2018 consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;innovation. La biblioth&egrave;que y est en effet envisag&eacute;e comme un &laquo;&nbsp;lieu de production et de diffusion du savoir sous toutes ces formes&nbsp;&raquo; et non plus de &laquo;&nbsp;conservation, de classification et de stockage&nbsp;&raquo;, pour Enrica Harranger (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018). Ce r&ocirc;le se mat&eacute;rialise dans la conception de nouveaux espaces&nbsp;: sous la forme du &nbsp;&laquo;&nbsp;learning lab&nbsp;&raquo; (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018) ou du &laquo;&nbsp;learning hub&nbsp;&raquo; (Besson, 2017), inspir&eacute;e par le mod&egrave;le du fabl-lab (Audette-Chapdelaine, 2011)<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref9">[9]</a></sup>, la biblioth&egrave;que promeut l&rsquo;apprentissage cr&eacute;atif et la &laquo;&nbsp;co-construction du savoir&nbsp;&raquo; (Blanchet et du Plessis, 2015). Celui-ci n&rsquo;appara&icirc;t plus comme un r&eacute;servoir surplombant, ext&eacute;rieur aux publics, mais comme un processus qui &eacute;mane des r&eacute;seaux, des communaut&eacute;s, des relations. La biblioth&egrave;que doit donc s&rsquo;adresser &agrave; un usager acteur du savoir plus qu&rsquo;&agrave; un r&eacute;cepteur passif. D&egrave;s lors, les espaces sont con&ccedil;us pour favoriser cette posture dynamique, o&ugrave; le document est une ressource parmi d&rsquo;autres. Le savoir requiert alors une multitude d&rsquo;&laquo;&nbsp;inscriptions&nbsp;&raquo; concr&egrave;tes, pour reprendre le vocabulaire de la sociologie de la traduction<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref10">[10]</a></sup>, qui en constituent aussi bien des moteurs que des supports. Les nouveaux espaces des biblioth&egrave;ques universitaires, &laquo;&nbsp;collaboratifs et connect&eacute;s&nbsp;&raquo; (Besson, 2017) d&eacute;crits au fil des articles regorgent ainsi d&rsquo;outils, notamment technologiques, destin&eacute;s &agrave; mat&eacute;rialiser cette production de savoir&nbsp;: &eacute;crans pour le partage de contenus (Besson, 2017), vitres inscriptibles et bo&icirc;tiers d&rsquo;expression (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018), imprimantes et paperboards (Roche, 2015). Si ces dispositifs s&rsquo;imposent de plus en plus dans le mod&egrave;le de learning center qui renouvelle la biblioth&egrave;que universitaire traditionnelle<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref11">[11]</a></sup>, la biblioth&egrave;que de lecture publique int&egrave;gre elle aussi de plus en plus des espaces d&eacute;di&eacute;es aux pratiques de cr&eacute;ation, notamment dans les espaces musique (Galaup, 2014&nbsp;; Oulc&rsquo;hen, 2014).</p> <p>On peut voir dans cette biblioth&egrave;que activ&eacute;e par les relations qui se nouent autour de dispositifs mat&eacute;riels et du lieu physique, un espace sensible. En effet, le savoir n&rsquo;y appara&icirc;t pas comme &eacute;tant d&eacute;connect&eacute; des autres exp&eacute;riences et temps de la vie, individuelle et collective. Alors que la biblioth&egrave;que a longtemps postul&eacute; un public &laquo;&nbsp;lecteur&nbsp;&raquo; n&rsquo;ayant &laquo;&nbsp;ni faim ni soif, ni besoin de communiquer avec l&rsquo;ext&eacute;rieur&nbsp;&raquo; selon Jean-Fran&ccedil;ois Jacques, (Jacques, 2009), les articles indiquent que le temps du savoir, de la consommation de culture ou de loisirs est d&eacute;sormais m&ecirc;l&eacute;. L&rsquo;usager n&rsquo;est plus seulement un individu rationnel au besoin d&rsquo;information bien circonscrit, mais un individu dot&eacute; d&rsquo;un corps et d&rsquo;affects. Ainsi les &laquo;&nbsp;silent rooms&nbsp;&raquo; du learning hub de Saint-Etienne favorisent-elles le travail solitaire et au calme, mais &eacute;galement le repos, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;installation de fatboys (Besson, 2017). A la biblioth&egrave;que universitaire d&rsquo;Angers, la mise en place de cocons de sieste est envisag&eacute;e, dans un &laquo;&nbsp;lieu de vie&nbsp;o&ugrave; les besoins de l&rsquo;intellect ne seront pas incompatibles avec les nourritures terrestres&nbsp;&raquo; (Eloi, Moiraghi &amp; Rose, 2019)&nbsp;tandis que dans le contexte rural de Signy L&rsquo;Abbaye, la biblioth&egrave;que se veut &laquo;&nbsp;lieu de vie et non d&rsquo;interdits&nbsp;&raquo;, o&ugrave; il est possible de manger ou de boire (Dauphin, 2013). Le caf&eacute; est d&rsquo;ailleurs devenu un &eacute;l&eacute;ment quasiment incontournable de toutes les constructions ou r&eacute;am&eacute;nagements d&rsquo;&eacute;tablissements, comme en t&eacute;moigne la grande majorit&eacute; des articles du corpus.</p> <p>La biblioth&egrave;que rompt donc avec la prescription de comportements l&eacute;gitimes qui seraient propices &agrave; la lecture ou &agrave; l&rsquo;apprentissage, qu&rsquo;Erica Harranger r&eacute;sume dans la combinaison &laquo;&nbsp;table chaise feuille stylo silence&nbsp;&raquo; (Blanpain, Eleuche &amp; Harranger, 2018). Les professionnels reconnaissent aujourd&rsquo;hui les multiples portes d&rsquo;entr&eacute;e possibles sur la culture et le savoir, en proposant dans les nouveaux &eacute;tablissements des espaces diversifi&eacute;s&nbsp;: &agrave; Saint-Etienne, les containers semi ouverts c&ocirc;toient les &laquo;&nbsp;brain bubbles&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;training rooms&nbsp;&raquo; d&eacute;di&eacute;es au travail collaboratif (Besson, 2017). Le lieu biblioth&egrave;que s&rsquo;abreuve de plus en plus &agrave; l&rsquo;imaginaire du laboratoire et &agrave; la grammaire de l&rsquo;exp&eacute;rimentation (Masse, 2013&nbsp;; Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018), non pas tant par les dispositifs techniques et les &eacute;quipements de pointe que par sa capacit&eacute; &agrave; s&rsquo;adapter aux usages. L&rsquo;accent est alors souvent mis sur le caract&egrave;re flexible, &eacute;volutif et &laquo;&nbsp;modulable&nbsp;&raquo; des espaces, caract&eacute;ristique qui revient aussi bien dans la description de la BnF (Sanson, 2015&nbsp;; Eloi, Moiraghi &amp; Rose, 2019) que dans celle de biblioth&egrave;ques de lecture publique (Wagner, 2008&nbsp;; Bouffange et Hab&eacute;rard, 2012&nbsp;; Certain, 2013) ou de BU (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2016&nbsp;; Besson, 2017), et qu&rsquo;illustre bien la g&eacute;n&eacute;ralisation du mobilier sur roulettes. Les espaces ne semblent exister que par l&rsquo;investissement et les manipulations dont ils font l&rsquo;objet : loin d&rsquo;&ecirc;tre une fin en soi, souligne Coline Blanpain, l&rsquo;enjeu du lieu est d&rsquo;&ecirc;tre un &laquo;&nbsp;service plus qu&rsquo;un espace&nbsp;&raquo; (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018). L&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;&acirc;me&nbsp;&raquo; de l&rsquo;espace 11-14 ans de la biblioth&egrave;que des Champs-Libres, soutient d&rsquo;ailleurs Catherine Masse, &laquo;&nbsp;ce sont les ados qui la cr&eacute;eront&nbsp;&raquo;. Toutefois, certaines options d&rsquo;am&eacute;nagement ou la mise &agrave; disposition d&rsquo;&eacute;quipements particuliers sont particuli&egrave;rement propices &agrave; l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;&eacute;mergence d&rsquo;une culture de l&rsquo;innovation&nbsp;&raquo;, pour Julien Roch&eacute; (Roch&eacute;, 2015).</p> <h4>&nbsp;- L&rsquo;espace des libres parcours</h4> <p>Si la biblioth&egrave;que appara&icirc;t comme &eacute;tant d&eacute;finie avant tout par ses usages, ceux-ci sont de moins en moins contraints et d&eacute;termin&eacute;s. La biblioth&egrave;que n&rsquo;est plus pourvoyeuse d&rsquo;un savoir qui serait inscrit dans un corpus documentaire limit&eacute;&nbsp;: elle met &agrave; disposition des outils et &laquo;&nbsp;offre des pistes&nbsp;&raquo; (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018), mais ne peut contr&ocirc;ler la relation que les publics noueront avec elle. C&rsquo;est dans ce rapport que r&eacute;side l&rsquo;essence de la biblioth&egrave;que troisi&egrave;me lieu, estime Nicolas Beudon&nbsp;(Beudon, 2019) : il s&rsquo;agit moins &laquo;&nbsp;d&rsquo;ajouter un canap&eacute; ou des tables basses&nbsp;&raquo; que de &laquo;&nbsp;penser aux gens qui vont [&hellip;] habiter [la biblioth&egrave;que]&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&agrave; leur &eacute;tat d&rsquo;esprit, &agrave; leur ressenti, &agrave; leur fa&ccedil;on de vivre, &agrave; leurs pr&eacute;occupations&nbsp;&raquo;. En somme, d&rsquo;&ecirc;tre sensible aux fa&ccedil;ons de vivre et d&rsquo;habiter l&rsquo;espace. La notion de parcours est alors souvent mobilis&eacute;e, d&eacute;pla&ccedil;ant le c&oelig;ur de la biblioth&egrave;que d&rsquo;une relation fonctionnelle au document vers l&rsquo;itin&eacute;raire subjectif, aventureux, au sein d&rsquo;un espace. La biblioth&egrave;que Louise Michel &agrave; Paris propose ainsi &laquo;&nbsp;plusieurs parcours&nbsp;&raquo; ne tendant pas n&eacute;cessairement vers l&rsquo;emprunt (Certain, 2013). La m&eacute;taphore du voyage nourrit la conception des &laquo;&nbsp;parcours documentaires&nbsp;&raquo; mis en place lors de l&rsquo;am&eacute;nagement de la m&eacute;diath&egrave;que du Val-D&rsquo;Europe (Bourrus, 2008)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le public est au centre du dispositif, il arpente la collection. Il est invit&eacute; &agrave; tout moment &agrave; poursuivre son voyage, &agrave; l&rsquo;interrompre ou &agrave; faire escale. Il peut ouvrir de nouvelles portes, explorer ou choisir de rester dans un champ disciplinaire&nbsp;[&hellip;]&raquo;. Dans un registre proche, la pr&eacute;sentation des collections de la biblioth&egrave;que Alexis de Tocqueville, &agrave; Caen, suit une &laquo;&nbsp;logique urbaine&nbsp;&raquo;, s&rsquo;articulant autour d&rsquo;une &laquo;&nbsp;place centrales&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;placettes&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;voies centrales&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;chemins de traverse&nbsp;&raquo; (Blanchet et du Plessis, 2015).</p> <p>Deux grandes tendances semblent traduire dans l&rsquo;espace cette id&eacute;e de d&eacute;ambulation. D&rsquo;une part, le succ&egrave;s des espaces d&eacute;cloisonn&eacute;s, visibles et lisibles&nbsp;: &agrave; Louise Michel, les rayonnages bas visent &agrave; &eacute;viter l&rsquo;effet &laquo;&nbsp;for&ecirc;t de livres&nbsp;&raquo;&nbsp;; &agrave; Colommiers, l&rsquo;unit&eacute; du lieu est privil&eacute;gi&eacute;e, &agrave; travers &laquo;&nbsp;deux grands plateaux ouverts sur un atrium&nbsp;&raquo; (Blanchet, 2013)&nbsp;; &agrave; Lomme, la &laquo;&nbsp;lumi&egrave;re naturelle omnipr&eacute;sente&nbsp;&raquo; irrigue des &laquo;&nbsp;axes de circulation larges et fluides&nbsp;&raquo; (Alonso, du Val &amp; Kalfa, 2012)&nbsp;; &agrave; Saint-Jean-de-V&eacute;das, c&rsquo;est la &laquo;&nbsp;transparence maximale&nbsp;&raquo; qui pr&eacute;vaut (Wagner, 2008). D&rsquo;autre part, l&rsquo;engouement pour le &laquo;&nbsp;zoning&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire le d&eacute;coupage de l&rsquo;espace en zones aux atmosph&egrave;res distinctes. Ce choix s&rsquo;op&egrave;re en BU, o&ugrave; alternent zones froides et zones chaudes, espaces de silence et espaces o&ugrave; la conversation, le t&eacute;l&eacute;phone, voire le jeu sont tol&eacute;r&eacute;s (Burki, 2013). Il se retrouve en lecture publiques&nbsp;: l&rsquo;espace 11-14 ans des Champs-Libres est organis&eacute; autour d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;univers&nbsp;&raquo; recoupant des usages diff&eacute;rents (lecture en solitaire, travail, jeu&hellip;) (Masse, 2013). La biblioth&egrave;que devient le lieu o&ugrave; peut se d&eacute;ployer une exp&eacute;rience subjective (Bouffange et Hab&eacute;rard, 2012), voire intime au lieu&nbsp;: la revue Biblioth&egrave;ques a d&rsquo;ailleurs consacr&eacute; un num&eacute;ro entier &agrave; l&rsquo;intimit&eacute; en 2009. Les &laquo;&nbsp;espaces de retrait&nbsp;&raquo; (Jacques, 2009), les niches o&ugrave; se lover (Blanchet et du Plessis, 2015) permettent d&rsquo;&eacute;chapper au regard des autres en favorisant les libres cheminements (Danis, 2008).</p> <p>La biblioth&egrave;que appara&icirc;t en tout cas toujours comme un espace fluide, o&ugrave; peuvent se rencontrer les usagers mais &eacute;galement les multiples d&eacute;sirs, appartenances, rythmes, dimensions qui s&rsquo;enchev&ecirc;trent en chacun d&rsquo;eux. Lieu des &laquo;&nbsp;passage&nbsp;&raquo; (Bourrus, 2008), elle &eacute;pouse tous les contours de l&rsquo;existence, m&eacute;nageant de la place pour les d&eacute;sirs d&rsquo;&eacute;change et pour le besoin de solitude, pour les activit&eacute;s ludiques comme pour le travail (Certain, 2013). Quels que soient les choix architecturaux, les parcours d&eacute;voilent une &laquo; ambiance&nbsp;&raquo;&nbsp;: plusieurs articles mettent en &eacute;vidence l&rsquo;esth&eacute;tique, du caract&egrave;re &laquo;&nbsp;chaleureux&nbsp;&raquo; apport&eacute; par les mati&egrave;res au choix des couleurs, comme autant d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments rendant l&rsquo;exp&eacute;rience des publics agr&eacute;ables (Wagner, 2008&nbsp;; Certain, 2013&nbsp;; Masse, 2013&nbsp;; Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018). Lieu hautement sensible, cette biblioth&egrave;que des parcours est travers&eacute;e par des mouvements du corps, par des perceptions sensorielles, par des impressions et des images. La BU d&rsquo;Angers assume ainsi d&rsquo;accorder une attention &agrave; &laquo;&nbsp;toutes les &eacute;tapes des parcours d&rsquo;utilisateurs&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;ils impliquent leurs &laquo;&nbsp;esprits, leurs corps ou les relations qui se nouent&nbsp;&raquo; entre eux et les autres habitants de la biblioth&egrave;que, usagers ou professionnels (Clot, 2019).</p> <p>Mais le parcours ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas &agrave; la biblioth&egrave;que&nbsp;; elle se place dans un r&eacute;seau d&rsquo;itin&eacute;raires dont elle ne constitue qu&rsquo;un point, et auquel elle renvoie (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018). Plusieurs auteurs, en &eacute;voquant leurs exp&eacute;riences, lient l&rsquo;exp&eacute;rience de la biblioth&egrave;que &agrave; d&rsquo;autres cheminements. Les biblioth&eacute;caires regardent vers d&rsquo;autres lieux, d&rsquo;autres pratiques, quand elles ne les int&egrave;gre pas&nbsp;: les caf&eacute;s et les espaces de coworking (Audette-Chapdelaine, 2011), les entreprises innovantes (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018) mais aussi la maison, les librairies ou les cours de r&eacute;cr&eacute;ation (Beudon, 2019). Nombre d&rsquo;articles font r&eacute;f&eacute;rence &agrave; cette zone de l&rsquo;entre-deux qui serait celle d&eacute;volue &agrave; la biblioth&egrave;que&nbsp;: elle est &laquo;&nbsp;carrefour&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;point de contact&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;partenaire&nbsp;&raquo; (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018), espace de vie &laquo;&nbsp;ouvert sur la ville&nbsp;&raquo; (Bouffange et Hab&eacute;rard, 2012) ou &laquo;&nbsp;campus-cit&eacute; ouvert sur le territoire et la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; (Paoletti et Semp&eacute;r&eacute;, 2019).</p> <h4>- L&rsquo;espace de la sociabilit&eacute;</h4> <p>Enfin, la biblioth&egrave;que, longtemps associ&eacute;e au silence, du moins au calme et &agrave; la tranquillit&eacute;, est pr&eacute;sent&eacute;e comme &eacute;tant naturellement vou&eacute;e &agrave; la sociabilit&eacute; et aux &eacute;changes. Le &laquo;&nbsp;lieu de vie&nbsp;&raquo; est un motif r&eacute;current, que les articles traitent de biblioth&egrave;ques de lecture publique, de biblioth&egrave;ques universitaires ou m&ecirc;me de la prestigieuse BNF (Jacques, 2009&nbsp;; Burle, 2012&nbsp;; Rivoire, 2012&nbsp;; Bruckmann et all., 2013&nbsp;; Galaup, 2014&nbsp;; Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018&nbsp;; Beudon, 2019&nbsp;; Eloi, Moiraghi &amp; Rose 2019). Irrigu&eacute;e par les &eacute;changes entre humains, elle devient &laquo;&nbsp;maison commune&nbsp;&raquo; (Gudin de Vallerin, 2008&nbsp;; Certain, 2013&nbsp;; Kherchaoui, 2019). Si la biblioth&egrave;que a toujours &eacute;t&eacute; un lieu propice aux interactions et aux rencontres, elle promeut aujourd&rsquo;hui activement ces pratiques. L&rsquo;espace n&rsquo;est donc pas une fin en soi, mais acquiert son sens gr&acirc;ce aux &eacute;changes que les biblioth&eacute;caires font &laquo;&nbsp;fructifier&nbsp;&raquo; (Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018). Le sens de l&rsquo;espace se trouve alors dans sa capacit&eacute; &agrave; r&eacute;unir une ou des &laquo;&nbsp;communaut&eacute;s&nbsp;&raquo; (Galaup, 2014&nbsp;; Blanpain, Eleuche, Harranger, 2018&nbsp;; Burki 2019&nbsp;; Clot, 2019&nbsp;; Eloi, Moiraghi &amp; Rose, 2019&nbsp;; Paoletti et Semp&eacute;r&eacute;, 2019), que les biblioth&eacute;caires sont charg&eacute;s d&rsquo;animer, et qui s&rsquo;&eacute;tend parfois &agrave; une multitude d&rsquo;acteurs du territoire, bien au-del&agrave; des seuls usagers.&nbsp;</p> <h2><a id="t4"></a>UN ESPACE &Agrave; CONSTRUIRE&nbsp;: ETUDE D&rsquo;UN PROGRAMME ARCHITECTURAL</h2> <p>Que se passe-t-il lorsqu&rsquo;il ne s&rsquo;agit plus pour les biblioth&egrave;ques d&rsquo;exposer des id&eacute;es sur leur r&ocirc;le et les &eacute;volutions en cours dans une revue professionnelle, mais de concevoir un projet, sur le terrain&nbsp;? Comment, concr&egrave;tement, donner corps &agrave; la biblioth&egrave;que qu&rsquo;ils imaginent et &agrave; l&rsquo;id&eacute;al dont ils la chargent&nbsp;? Pour saisir cette mise en forme de l&rsquo;objet biblioth&egrave;que, je me pencherai sur un outil particulier&nbsp;: le programme architectural.</p> <p>En France, la d&eacute;marche de programmation, au cours des ann&eacute;es 1970, s&rsquo;est autonomis&eacute;e par rapport &agrave; la conception. La directive du 8 octobre 1973 dissocie clairement les fonctions de ma&icirc;trise d&rsquo;&oelig;uvre et de ma&icirc;trise d&rsquo;ouvrage, cette derni&egrave;re devenant responsable de l&rsquo;&eacute;laboration du programme. Le programme appara&icirc;t alors essentiellement comme le fruit d&rsquo;une d&eacute;marche technico administrative tr&egrave;s rigoureuse (Zetlaoui-L&eacute;ger, 2009). La loi sur la ma&icirc;trise d&rsquo;ouvrage publique (Loi MOP) du 12 juillet 1985 apporte une dimension plus qualitative. Le programme y est pr&eacute;sent&eacute; comme le document qui pose le probl&egrave;me auquel le ma&icirc;tre d&rsquo;&oelig;uvre devra apporter une r&eacute;ponse, sous l&rsquo;angle architectural, technique et &eacute;conomique<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn12" id="ftnref12" name="_ftnref12">[12]</a></sup>. Le ma&icirc;tre d&rsquo;ouvrage y d&eacute;finit &laquo;&nbsp;les objectifs de l&rsquo;op&eacute;ration et les besoins qu&rsquo;elle doit satisfaire ainsi que les contraintes et exigences de qualit&eacute; sociale, urbanistique, architecturale, fonctionnelle, technique et &eacute;conomique, d&rsquo;insertion dans le paysage et de protection de l&rsquo;environnement, relatives &agrave; la r&eacute;alisation et &agrave; l&rsquo;utilisation de l&rsquo;ouvrage<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn13" id="ftnref13" name="_ftnref13">[13]</a></sup>.&nbsp;&raquo; Elabor&eacute; conjointement entre le programmiste et la ma&icirc;trise d&rsquo;ouvrage &ndash; en g&eacute;n&eacute;ral le chef de projet &ndash;, le programme vise donc &agrave; traduire de mani&egrave;re &agrave; la fois intellectuelle et technique l&rsquo;ambition des &eacute;lus, tout en aidant souvent &agrave; la faire &eacute;merger. Le programmiste intervenant sur le cas &eacute;tudi&eacute; dans cette &eacute;tude parle en effet d&rsquo;un travail de &laquo;&nbsp;ma&iuml;eutique&nbsp;&raquo;, o&ugrave; la premi&egrave;re &eacute;tape consiste &agrave; faire accoucher la pens&eacute;e des &eacute;lus.</p> <p>Deux concepts mettent bien en lumi&egrave;re l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;il peut y avoir &agrave; se pencher sur un programme&nbsp;: le dispositif et l&rsquo;objet-fronti&egrave;re. La notion de dispositif, largement mobilis&eacute;e pour penser l&rsquo;espace documentaire, est ici pertinente, tant le programme fait bel et bien &laquo;&nbsp;exister un espace particulier&nbsp;&raquo; (Charlier et Peeters, 1999). Sans d&eacute;terminer des usages, des exp&eacute;riences et des relations, il les rend possibles et contribue &agrave; borner un espace potentiel par les normes et les contraintes qu&rsquo;il incorpore. La notion d&rsquo;objet-fronti&egrave;re, d&eacute;velopp&eacute;e par Star et Griesemer (Star et Griesemer, 1989), d&eacute;signe quant &agrave; elle les art&eacute;facts extr&ecirc;mement vari&eacute;s, allant des repr&eacute;sentations graphiques comme les cartes ou les plans aux r&eacute;pertoires et aux classifications, qui permettent &agrave; des acteurs issus de mondes sociaux diff&eacute;rents de se coordonner en dehors de consensus pr&eacute;alables. Ces objets se rejoignent par leur hybridit&eacute; : mat&eacute;riels, ils sont aussi abstraits, par leur appartenance &agrave; des cat&eacute;gories g&eacute;n&eacute;rales et leur caract&egrave;re codifi&eacute;. En outre, si leur flexibilit&eacute; les rend susceptibles d&rsquo;interpr&eacute;tations diverses, leur robustesse favorise le maintien de leur identit&eacute; &agrave; travers les &eacute;changes dont ils constituent le point d&rsquo;ancrage.</p> <p>Le programme architectural pr&eacute;sente bien des caract&eacute;ristiques de l&rsquo;objet-fronti&egrave;re. En effet, c&rsquo;est autour de cet objet que devront s&rsquo;articuler les int&eacute;r&ecirc;ts et exigences d&rsquo;acteurs multiples&nbsp;: les &eacute;lus, les professionnels des biblioth&egrave;ques et les futurs concepteurs. L&rsquo;objet-fronti&egrave;re, rappelle Susan Leigh Star, est bel et bien un &laquo;&nbsp;espace partag&eacute;&nbsp;&raquo; (Star, 2010). Toutefois, ici, je ne m&rsquo;int&eacute;resserai pas sp&eacute;cifiquement &agrave; la dimension frontali&egrave;re du programme, au carrefour d&rsquo;univers diff&eacute;rents devant coop&eacute;rer (la ma&icirc;trise d&rsquo;ouvrage et le ma&icirc;tre d&rsquo;&oelig;uvre), mais plut&ocirc;t &agrave; son statut d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;objet interm&eacute;diaire de la conception&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression forg&eacute;e par Vinck (Vinck, 2009). La notion de Vinck invite en effet &agrave; aborder le programme&nbsp;sous trois angles : comme repr&eacute;sentation d&rsquo;un objet &agrave; venir&nbsp;; comme traduction&nbsp;; comme trace du processus de conception. En tant que repr&eacute;sentation de l&rsquo;objet &agrave; venir, le programme r&eacute;v&egrave;le la dimension m&ecirc;l&eacute;e, id&eacute;elle et mat&eacute;rielle, du monde &agrave; venir qu&rsquo;installe la biblioth&egrave;que en germe. Il est un de ces &laquo;&nbsp;objets m&eacute;dias&nbsp;&raquo; identifi&eacute;s par Catherine Mougenot et Pierre Stassart (Mougenot et Stassart, 2008), qui&laquo;&nbsp;captent l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne&nbsp; et le repr&eacute;sentent &raquo;. Le programme fait ainsi coexister les dimensions h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes du projet, pris entre les principes et les contraintes techniques, les valeurs et la mati&egrave;re, les r&ecirc;ves et les r&egrave;gles. Articulant ces diff&eacute;rents aspects, le programme est aussi une traduction, dot&eacute;e d&rsquo;effets&nbsp;: loin de n&rsquo;&ecirc;tre que le reflet d&rsquo;une intention, il met en forme l&rsquo;objet &agrave; venir d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on. En inscrivant l&rsquo;id&eacute;e dans une forme d&eacute;finie, il contribue &agrave; la transformer et contraint l&rsquo;action future. Enfin, il porte l&rsquo;empreinte des compromis qui ont &eacute;t&eacute; n&eacute;cessaires &agrave; sa stabilisation.</p> <h3>Le programme de la grande biblioth&egrave;que</h3> <p>Le programme est con&ccedil;u pour une future biblioth&egrave;que de pr&egrave;s de 10 000 m2, qui sera implant&eacute;e sur le site d&rsquo;un ancien h&ocirc;pital en voie d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;habilit&eacute; et r&eacute;am&eacute;nag&eacute;, dans une ville de 150 000 habitants au centre de la France. Projet phare du mandat du maire, l&rsquo;&eacute;tablissement s&rsquo;inscrira dans la tendance actuelle des biblioth&egrave;ques troisi&egrave;me lieu&nbsp;: cette &laquo;&nbsp;biblioth&egrave;que du XXIe si&egrave;cle&nbsp;&raquo; doit &ecirc;tre, &agrave; ses yeux, &laquo;&nbsp;porteuse de sens et d&rsquo;avenir pour les habitants&nbsp;&raquo;.</p> <p>La r&eacute;daction du programme s&rsquo;est &eacute;chelonn&eacute;e entre 2011 et 2014. Fruit de la collaboration entre le programmiste et le chef de projet d&rsquo;alors, il est compos&eacute; de deux grandes parties. La premi&egrave;re, intitul&eacute;e&nbsp;&laquo;&nbsp;fondamentaux&nbsp;&raquo;, constitue une sorte de pr&eacute;ambule d&rsquo;une vingtaine de pages&nbsp;&agrave; la seconde, beaucoup plus longue, qui forme le &nbsp;&laquo;&nbsp;programme d&eacute;taill&eacute;&nbsp;&raquo;. Les fondamentaux d&eacute;clinent les grandes orientations de la grande biblioth&egrave;que tandis que le programme d&eacute;taill&eacute; pr&eacute;sente pr&eacute;cis&eacute;ment les exigences techniques auxquels devra r&eacute;pondre chaque espace, en termes de superficie, d&rsquo;isolation, d&rsquo;&eacute;clairage ou d&rsquo;acoustique. Je m&rsquo;attacherai ici &agrave; l&rsquo;analyse des fondamentaux.</p> <h4>-&nbsp;&nbsp;&nbsp;L&rsquo;espace des exp&eacute;riences individuelles&nbsp;</h4> <p>La biblioth&egrave;que que fa&ccedil;onne le programme s&rsquo;adresse d&rsquo;abord aux individus, aux go&ucirc;ts et besoins de plus en plus h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, sinon&nbsp;dissonants, comme l&rsquo;a mis au jour Bernard Lahire (2004). L&rsquo;insistance sur le caract&egrave;re &laquo;&nbsp;personnalis&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;accueil, sur l&rsquo;id&eacute;al de coexistence entre des pratiques singuli&egrave;res<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn14" id="ftnref14" name="_ftnref14">[14]</a></sup>&nbsp;dont on reconna&icirc;t la l&eacute;gitimit&eacute; (&laquo;&nbsp;l&rsquo;assoupissement, les jeux, la t&eacute;l&eacute;phonie mobile &raquo;) plus que sur les r&egrave;gles de vie qui garantiraient leur cohabitation marque un changement dans le discours institutionnel. Le programme semble pleinement s&rsquo;accorder avec l&rsquo;&egrave;re de la &laquo;&nbsp;culture pour chacun&nbsp;&raquo;, selon le titre d&rsquo;un rapport &eacute;manant du cabinet du Ministre de la Culture paru en 2010. La relation &agrave; l&rsquo;usager est &agrave; plusieurs reprises personnalis&eacute;e&nbsp;: il est indiqu&eacute; que la biblioth&egrave;que proposera des &laquo;&nbsp;rendez-vous individuels&nbsp;&raquo; (pour du conseil ou de la recherche) ou des parcours de d&eacute;couverte du patrimoine individualis&eacute;s. M&ecirc;me les publics g&eacute;n&eacute;ralement appr&eacute;hend&eacute;s via une approche collective (publics rencontrant des difficult&eacute;s sociales, publics en apprentissage, etc.) font l&rsquo;objet d&rsquo;une reconnaissance individuelle<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn15" id="ftnref15" name="_ftnref15">[15]</a></sup>. L&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;esprit d&rsquo;ouverture&nbsp;&raquo; qui la guide conduit ainsi &agrave; ne pas &laquo;&nbsp;rejeter&nbsp;&raquo; les &laquo;&nbsp;pratiques nouvelles&nbsp;&raquo; autrefois peu tol&eacute;r&eacute;es en biblioth&egrave;que (&laquo;&nbsp;la d&eacute;tente avec une boisson&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;les &eacute;changes &agrave; voix haute&nbsp;&raquo;). En somme, comme on le percevait &agrave; la lecture des articles professionnels, plut&ocirc;t que de prescrire des comportements, la biblioth&egrave;que prend acte d&rsquo;attitudes existantes. Mais dans un document d&rsquo;ordre politique comme le programme, cette reconnaissance de l&rsquo;existant n&rsquo;appara&icirc;t pas seulement comme le signe d&rsquo;une &eacute;volution de l&rsquo;institution biblioth&egrave;que, mais comme la marque d&rsquo;un projet politique pour un espace public citoyen&nbsp;: les &laquo;&nbsp;pratiques nouvelles&nbsp;&raquo; sont identifi&eacute;es &agrave; un &laquo;&nbsp;enjeu de mixit&eacute; sociale ou entre g&eacute;n&eacute;rations&nbsp;&raquo;.</p> <p>Comme dans la presse professionnelle, la notion de parcours est mise en avant. La vari&eacute;t&eacute; des supports est ainsi valoris&eacute;e fournit plusieurs points d&rsquo;entr&eacute;e possibles sur une m&ecirc;me information&nbsp;: le papier, le num&eacute;rique, la vid&eacute;o, constituent autant de points d&rsquo;entr&eacute;e possibles sur l&rsquo;information entre lesquels les publics peuvent choisir en fonction de leurs go&ucirc;ts et de leur sensibilit&eacute;<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn16" id="ftnref16" name="_ftnref16">[16]</a></sup>.</p> <p>En outre, le parcours au sein de la biblioth&egrave;que doit &ecirc;tre sans accroc. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de l&rsquo;accueil, des collections ou de l&rsquo;action culturelle, ce qui domine est l&rsquo;objectif de fluidit&eacute; et de lisibilit&eacute;, de visibilit&eacute; et de continuit&eacute;. Dans cette future biblioth&egrave;que, travers&eacute;e par une activit&eacute; &laquo;&nbsp;permanente&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;transversale&nbsp;&raquo;, tout semble y couler, la connaissance comme les usagers, les biblioth&eacute;caires comme l&rsquo;espace et le temps. Ainsi, une des innovations majeures dans le domaine de l&rsquo;accueil est son caract&egrave;re nomade&nbsp;: d&eacute;pass&eacute;, &laquo;&nbsp;le formalisme des banques d&rsquo;accueil qui &laquo; re&ccedil;oivent &raquo; l&rsquo;usager. D&eacute;sormais, l&rsquo;accueil sera &laquo;&nbsp;omnipr&eacute;sent, fluide, nomade.&nbsp;&raquo; Dans cet espace &laquo;&nbsp;ouvert quasiment en continu&nbsp;&raquo;, avec des &laquo;&nbsp;espaces autonomes ou autonomisables&nbsp;&raquo;, il semble que le regard ne doit buter sur rien<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn17" id="ftnref17" name="_ftnref17">[17]</a></sup>.&nbsp;</p> <p>L&rsquo;accueil est le ma&icirc;tre-mot du programme, d&eacute;clin&eacute; en service d&rsquo;accueil &laquo; imm&eacute;diatement visible &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e de la biblioth&egrave;que&nbsp;&raquo;, ou en &laquo;&nbsp;continuum de services d&rsquo;accueil&nbsp;&raquo;. Loin d&rsquo;&ecirc;tre un principe abstrait ou une comp&eacute;tence mise en &oelig;uvre par des professionnels, il s&rsquo;incarne dans l&rsquo;exp&eacute;rience sensible de l&rsquo;espace v&eacute;cue par les usagers. . C&rsquo;est un sentiment d&rsquo;accueil qui est vis&eacute;, passant par les sens&nbsp;: le confort r&eacute;sultera aussi bien &laquo;&nbsp;du traitement de la lumi&egrave;re&nbsp;&raquo; que du mobilier ou de l&rsquo;acoustique. La biblioth&egrave;que est donc une et multiple, soutenant les itin&eacute;raires singuliers tout en formant un tout unifi&eacute; par une attention g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e au bien-&ecirc;tre des usagers et &agrave; l&rsquo;ambiance du lieu.</p> <h4>-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Un savoir non surplombant</h4> <p>Figurant des usages, le programme &eacute;labore une certaine vision du savoir et de la culture, qui rejoint sur divers points celle per&ccedil;ue &agrave; la lecture des articles.</p> <p>D&rsquo;abord, le savoir n&rsquo;appara&icirc;t plus comme un ensemble clos. Au mod&egrave;le de l&rsquo;encyclop&eacute;die se substitue le principe de &laquo;&nbsp;l&rsquo;encyclop&eacute;disme en devenir&nbsp;&raquo;&nbsp;: la biblioth&egrave;que s&rsquo;affirme comme un acteur qui cherche, comme d&rsquo;autres, &agrave; s&rsquo;orienter dans un univers beaucoup plus &eacute;clat&eacute; et confus qu&rsquo;autrefois. La prescription est clairement rejet&eacute;e&nbsp;; elle est au service des itin&eacute;raires individuels, dont elle refuse d&rsquo;orienter le sens. Ainsi, la diversit&eacute; est &eacute;rig&eacute;e en valeur, comme antith&egrave;se de l&rsquo;&eacute;litisme&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;encyclop&eacute;disme en devenir&nbsp;&raquo; ouvre sur une vision du savoir et de la culture non fig&eacute;e et surtout non hi&eacute;rarchis&eacute;e, o&ugrave;, lit-on, &laquo;&nbsp;populaire&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;savant&nbsp;&raquo; ne s&rsquo;opposent pas. La biblioth&egrave;que renonce &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute; pour promouvoir des &laquo;&nbsp;panoramas vari&eacute;s, riches parce que divers &raquo;. Loin d&rsquo;&ecirc;tre constitu&eacute; comme un mat&eacute;riau pur et inalt&eacute;rable,&nbsp;le savoir s&rsquo;apparente donc &agrave; un assemblage m&eacute;tiss&eacute;. Le rejet de l&rsquo;imposition se marque aussi par la place accord&eacute;e aux contenus qui mettent pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;accent sur l&rsquo;hybridit&eacute;, l&rsquo;entre-deux, &agrave; l&rsquo;instar des &laquo;&nbsp;expressions poly-culturelles ou trans-culturelles&nbsp;&raquo;, comme pour mieux se distancer de toute pr&eacute;tention &agrave; &eacute;noncer un discours h&eacute;g&eacute;monique. Par ailleurs, comme on l&rsquo;a vu poindre dans les articles, il semble que le savoir n&rsquo;est plus seulement ext&eacute;rieur aux individus.&nbsp; Entre autres fonctions, la biblioth&egrave;que est d&eacute;crite comme un &laquo;&nbsp;espace de cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;. Le savoir y est mis au service de l&rsquo;accomplissement des potentialit&eacute;s individuelles, qu&rsquo;elles trouvent &agrave; s&rsquo;exprimer sur le mode esth&eacute;tique (&laquo;&nbsp;d&eacute;couverte des modes de cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;) ou qu&rsquo;elles s&rsquo;inscrivent dans une vis&eacute;e plus pragmatique (&laquo;&nbsp;apprentissage de la lecture &agrave; haute voix pour les parents&nbsp;&raquo;).</p> <h4>-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Un espace polyphonique&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;</h4> <p>De m&ecirc;me que les auteurs des articles pensaient la biblioth&egrave;que en l&rsquo;articulant &agrave; d&rsquo;autres lieux, parcours ou pratiques, le programme d&eacute;voile de m&ecirc;me une biblioth&egrave;que perm&eacute;able au monde, comme si elle n&rsquo;avait plus le monopole de l&rsquo;&eacute;nonciation dans un &laquo;&nbsp;lieu propre&nbsp;&raquo; isol&eacute; de son environnement, pour reprendre la notion de Michel de Certeau (de Certeau, 1990). La biblioth&egrave;que du programme est bel et bien un espace au sens de Michel Lussault, d&eacute;fini par son rapport dialogique &agrave; d&rsquo;autres espaces, comme un &laquo;&nbsp;assemblage dynamique de positions relatives et de distances&nbsp;&raquo; (Lussault, 2010). Le programme laisse ainsi affleurer la voix des partenaires, appel&eacute;s &agrave; contribuer &agrave; la conception de l&rsquo;action culturelle, aux actions de m&eacute;diation, &agrave; la politique patrimoniale ou documentaire. L&rsquo;appel &agrave; des &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences ext&eacute;rieures&nbsp;&raquo; et &agrave; des experts, pour des domaines comme le num&eacute;rique notamment, est envisag&eacute; comme un gage de la qualit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;&eacute;tablissement. La biblioth&egrave;que est en effet un &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;une strat&eacute;gie de mont&eacute;e en puissance de l&rsquo;agglom&eacute;ration, qui passe par le dynamisme culturel. L&rsquo;insertion dans des r&eacute;seaux, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle r&eacute;gionale ou internationale (pour des projets de num&eacute;risation des collections patrimoniales, par exemple) souligne donc le standing de l&rsquo;&eacute;tablissement tout en refl&eacute;tant le rayonnement et le dynamisme du territoire. Si dans le corpus d&rsquo;articles, cette ouverture sur l&rsquo;ext&eacute;rieur t&eacute;moignait avant tout d&rsquo;une &eacute;volution de l&rsquo;institution biblioth&egrave;que, se d&eacute;centrant de plus en plus, on peut en faire une lecture plus politique dans le programme. La biblioth&egrave;que est en effet un &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;une strat&eacute;gie de mont&eacute;e en puissance de l&rsquo;agglom&eacute;ration, qui passe par le dynamisme culturel. L&rsquo;insertion dans des r&eacute;seaux, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle r&eacute;gionale ou internationale (pour des projets de num&eacute;risation des collections patrimoniales, par exemple) souligne donc le standing de l&rsquo;&eacute;tablissement tout en refl&eacute;tant le rayonnement et le dynamisme du territoire.</p> <p>Outre les experts et les partenaires locaux, le programme est &eacute;galement travers&eacute; par la voix des usagers. La biblioth&egrave;que devient un espace partag&eacute;, o&ugrave; la fronti&egrave;re entre producteurs et destinataires des services tend parfois &agrave; s&rsquo;effacer. Si le programme ne mentionne pas les termes de &laquo;&nbsp;co-construction&nbsp;&raquo; ou m&ecirc;me de &laquo;&nbsp;participation&nbsp;&raquo;, plusieurs indices montrent que la future biblioth&egrave;que s&rsquo;avance, certes prudemment, vers une reconfiguration des rapports entre professionnels et usagers. Parall&egrave;lement &agrave; l&rsquo;expertise, la biblioth&egrave;que donne une place l&eacute;gitime au go&ucirc;t et &agrave; la sensibilit&eacute; des amateurs, comme ces lecteurs dont elle promet de mettre en &eacute;vidence sur des pr&eacute;sentoirs les &laquo;&nbsp;coups de c&oelig;ur&nbsp;&raquo;, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de ceux des biblioth&eacute;caires. Enfin, elle encourage un dialogue qui d&eacute;passe celui qu&rsquo;elle entretient avec ses usagers, dont elle ne pr&eacute;d&eacute;termine ni le centre, ni l&rsquo;arbitre&nbsp;: &laquo; se pr&eacute;sentant comme un lieu de sociabilit&eacute;, elle favorisera les &eacute;changes entre usagers, soit directement, soit en ligne&nbsp;&raquo;, lit-on. Son r&ocirc;le premier semble &ecirc;tre non pas de cadrer la parole qui se fait entendre entre ses murs, mais de favoriser son &eacute;closion.&nbsp;</p> <h3>Les ambigu&iuml;t&eacute;s de l&rsquo;espace des possibles</h3> <p>A bien lire le programme, la biblioth&egrave;que ressemble &agrave; une machine qui ne se grippe jamais&nbsp;: le &laquo;&nbsp;niveau de qualit&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;accueil est &laquo;&nbsp;permanent&nbsp;&raquo;, tout comme sont permanents les services de m&eacute;diation (&laquo;&nbsp;offre permanente de services&nbsp;&raquo;), l&rsquo;activit&eacute; culturelle&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&rsquo;animation&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;tablissement. L&rsquo;excellence semble r&eacute;sider dans sa capacit&eacute; &agrave; tout accueillir, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;usages, de collections ou de services, et &agrave; neutraliser les possibles contradictions. Ainsi la biblioth&egrave;que doit-elle &ecirc;tre, par exemple, un lieu de diffusion culturelle, mais aussi de production. Au niveau des collections, elle pr&ocirc;ne une absence de &laquo;&nbsp;hi&eacute;rarchie&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;d&rsquo;opposition&nbsp;&raquo; entre les domaines, tout en indiquant que cette &laquo;&nbsp;diversit&eacute;&nbsp;&raquo; ne doit pas aller &agrave; l&rsquo;encontre d&rsquo;un &laquo;&nbsp;objectif de qualit&eacute;&nbsp;&raquo; d&eacute;fini par des crit&egrave;res pr&eacute;cis. Autre exemple de cette tentative de d&eacute;samorcer les &eacute;carts possibles : elle doit int&eacute;grer une offre sp&eacute;cialement destin&eacute;e &agrave; la jeunesse, mais sans exclure l&rsquo;acc&egrave;s des jeunes &agrave; l&rsquo;ensemble des collections et tout en proposant des contenus qui leurs soient accessibles dans les collections g&eacute;n&eacute;rales. Les proc&eacute;d&eacute;s discursifs de lissage, bien &eacute;tudi&eacute;s dans d&rsquo;autres contextes par Claire Oger et Caroline Ollivier-Yaniv, 2006) contribuent ainsi &agrave; fa&ccedil;onner la biblioth&egrave;que comme un objet sans accroc, presque liquide, &agrave; l&rsquo;image de cet accueil qui forme un &laquo;&nbsp;continuum&nbsp;&raquo; de l&rsquo;entr&eacute;e jusqu&rsquo;au document recherch&eacute; par l&rsquo;usager. Le territoire de la biblioth&egrave;que, potentiellement conflictuel, fragment&eacute;, du moins contrast&eacute;, se trouve homog&eacute;n&eacute;is&eacute; par le discours.</p> <p>Cet espace pacifi&eacute; et transparent du programme est paradoxal&nbsp;: la m&eacute;diation y est envisag&eacute;e comme le &laquo;&nbsp;c&oelig;ur du m&eacute;tier&nbsp;&raquo;, mais elle semble se d&eacute;rober d&egrave;s qu&rsquo;on s&rsquo;en r&eacute;clame. Offre &laquo;&nbsp;permanente&nbsp;&raquo;, elle n&rsquo;est cependant &laquo;&nbsp;jamais&nbsp;impos&eacute;e&nbsp;&raquo; et ne s&rsquo;oppose pas &agrave; l&rsquo;autonomie. Les dispositifs de m&eacute;diation disparaissent derri&egrave;re l&rsquo;&laquo;&nbsp;esprit de transfert des comp&eacute;tences&nbsp;devant habiter les &eacute;ventuels accompagnements des publics &raquo;, donnant l&rsquo;impression que le transfert est direct, ou en tout cas que ses supports sont secondaires. Quant &agrave; l&rsquo;accueil, &laquo;&nbsp;objectif premier&nbsp;&raquo; du projet, &laquo;&nbsp;imm&eacute;diatement visible&nbsp;&raquo;, il doit aussi &ecirc;tre &laquo;&nbsp;le plus discret possible, sinon confidentiel&nbsp;&raquo;. Le programme &eacute;num&egrave;re bien les diff&eacute;rents publics qu&rsquo;il vise&nbsp; (accueil des &laquo;&nbsp;publics sp&eacute;cifiques&nbsp;&raquo;, des enfants, des &laquo;&nbsp;publics sensibles&nbsp;&raquo;), ses modalit&eacute;s (accueil en ligne, accueil de groupes) et ses appuis (dispositifs &laquo;&nbsp;c&ocirc;te-&agrave;-c&ocirc;te&nbsp;&raquo; plut&ocirc;t qu&rsquo;en vis-&agrave;-vis, port d&rsquo;un badge par les professionnels). Mais malgr&eacute; leur r&eacute;currence dans le programme o&ugrave; ils sont pr&eacute;sent&eacute;s comme des &laquo;&nbsp;imp&eacute;ratifs&nbsp;&raquo;, l&rsquo;accueil et la m&eacute;diation s&rsquo;apparentent surtout &agrave; une id&eacute;e, l&rsquo;accueil ne constituant plus une fonction distincte mais un &laquo;&nbsp;esprit&nbsp;&raquo;. La biblioth&egrave;que para&icirc;t former un encha&icirc;nement d&rsquo;une harmonie telle que les maillons qui le font tenir semblent s&rsquo;effacer.</p> <p>Le programme, enfin, oscille sans cesse entre d&eacute;termination et ind&eacute;termination. C&rsquo;est une de ses caract&eacute;ristiques : iI a vocation &agrave; fournir les soubassements du projet architectural tout en permettant aux concepteurs de s&rsquo;exprimer de la mani&egrave;re la plus libre et la plus person0nelle possible. Mais on observe que la biblioth&egrave;que de demain, reposant sur la qualit&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience, sur l&rsquo;atmosph&egrave;re et sur des notions aussi impalpables et subjectives que la convivialit&eacute; est bien plus difficile &agrave; mettre en mots et en images qu&rsquo;un lieu de savoir plus traditionnel, cadr&eacute; par la quantit&eacute; de collections, la sophistication des outils documentaires ou les modalit&eacute;s du pr&ecirc;t. Cette difficult&eacute; &agrave; objectiver ce qui rel&egrave;ve de l&rsquo;exp&eacute;rience, notamment individuelle, est alors compens&eacute;e par l&rsquo;insistance sur la &laquo;&nbsp;qualit&eacute;&nbsp;&raquo;, que le programme s&rsquo;emploie &agrave; objectiver en sugg&eacute;rant l&rsquo;usage de certifications ou de d&eacute;marches qualit&eacute;, par exemple la Charte Marianne<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn18" id="ftnref18" name="_ftnref18">[18]</a></sup>&nbsp;ou la certification HQE<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn19" id="ftnref19" name="_ftnref19">[19]</a></sup>. La description du forum est sans doute la plus r&eacute;v&eacute;latrice de cette ambigu&iuml;t&eacute; du programme, qui stabilise le sens de la future biblioth&egrave;que autant qu&rsquo;il le laisse flotter. Espace central, sur lequel doivent s&rsquo;ouvrir tous les autres, il est tout sauf un hall vide. Particuli&egrave;rement dense, il regroupe des espaces et des fonctions bien circonscrites : des pr&eacute;sentations de documents, un labo num&eacute;rique<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn20" id="ftnref20" name="_ftnref20">[20]</a></sup>, une galerie mus&eacute;ographique, des espaces de visionnage et d&rsquo;&eacute;coute, un espace sc&eacute;nique, un espace kiosque, sans oublier un auditorium dot&eacute; d&rsquo;un foyer et une brasserie. Pour autant, les services qu&rsquo;il offre et les activit&eacute;s qu&rsquo;il permet sont si divers, allant de l&rsquo;accueil &agrave; l&rsquo;emprunt de documents, de l&rsquo;organisation de projections aux exp&eacute;rimentations num&eacute;riques, de l&rsquo;enregistrement d&rsquo;&eacute;missions de t&eacute;l&eacute;visions aux signatures d&rsquo;auteurs, que presque tout y semble possible. Il pr&eacute;sente donc la particularit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la fois tr&egrave;s repr&eacute;sentable et tr&egrave;s flottant&nbsp;: on sait que ses murs, transparents en fa&ccedil;ade, seront &eacute;quip&eacute;s de syst&egrave;mes d&rsquo;accrochage&nbsp;; que le sol, &laquo;&nbsp;adapt&eacute; &agrave; un tr&egrave;s fort trafic&nbsp;&raquo;, pr&eacute;sentera un &laquo;&nbsp;bel aspect&nbsp;&raquo;&nbsp;; qu&rsquo;il sera &laquo;&nbsp;tr&egrave;s largement ouvert sur l&rsquo;ext&eacute;rieur&nbsp;&raquo;. Mais nombre de ses caract&eacute;ristiques ouvrent la voie &agrave; des interpr&eacute;tations multiples&nbsp;: le laboratoire num&eacute;rique, &laquo;&nbsp;multifonctionnel&nbsp;&raquo;, favorisera ainsi l&rsquo;autoformation &laquo;&nbsp;dans tous les domaines&nbsp;&raquo;&nbsp;; l&rsquo;espace sera &laquo;&nbsp;tr&egrave;s attractif&nbsp;&raquo;, les pr&eacute;sentations de documents &laquo;&nbsp;vivantes&nbsp;&raquo;, les animations culturelles &laquo;&nbsp;en interaction aux &eacute;v&eacute;nements soci&eacute;taux&nbsp;&raquo;, la circulation &laquo;&nbsp;libre&nbsp;&raquo;. On per&ccedil;oit dans cette ambigu&iuml;t&eacute; du forum, &agrave; la fois tr&egrave;s net et tr&egrave;s flou, toute la difficult&eacute; qu&rsquo;il y a &agrave; pr&eacute;figurer un espace dont le succ&egrave;s repose avant tout sur l&rsquo;appropriation future&nbsp;et sur son caract&egrave;re &laquo;&nbsp;vivant&nbsp;&raquo; : jusqu&rsquo;o&ugrave; faut-il le structurer, pr&eacute;ciser ses contours ou laisser du jeu&nbsp;?</p> <h2><a id="t5"></a>CONCLUSION</h2> <p>Cette incursion dans la mise en forme discursive de la biblioth&egrave;que, &agrave; travers les id&eacute;es expos&eacute;es sur deux supports &ndash; des revues professionnelles&nbsp;; un programme architectural &ndash; met en lumi&egrave;re des mutations dans les repr&eacute;sentations spatiales des concepteurs. La biblioth&egrave;que est figur&eacute;e comme un espace sensible, appr&eacute;hend&eacute; &agrave; partir des exp&eacute;riences individuelles multiples et peu norm&eacute;es qui sont susceptibles d&rsquo;y avoir cours, int&eacute;grant perceptions et &eacute;motions. A l&rsquo;issue de cette double analyse, deux pistes de r&eacute;flexion s&rsquo;ouvrent.</p> <p>La premi&egrave;re concerne l&rsquo;identit&eacute; de cet espace&nbsp;: la biblioth&egrave;que esquiss&eacute;e dans les articles et le programme est-elle encore avant tout un espace documentaire&nbsp;? Notons qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas ici de souligner l&rsquo;&eacute;clatement de la documentation au-del&agrave; des supports physiques &agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique et d&rsquo;Internet, que les biblioth&egrave;ques int&egrave;grent de plus en plus dans leur offre, comme on le voit dans le programme. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de supports num&eacute;riques ou physiques, c&rsquo;est bien la notion g&eacute;n&eacute;rique de document, entendu comme objet d&eacute;fini par un usage &agrave; des fins informatives, selon une conception que l&rsquo;on retrouve de Meyriat &agrave; Buckland, qui semble aujourd&rsquo;hui trop restreinte (Meyriat, 1981&nbsp;; Buckland, 1991). La &laquo;&nbsp;ressource&nbsp;&raquo; au sens que lui donne Jill Adler ouvre des chemins int&eacute;ressants&nbsp;: est ressource, pour Adler, tout ce qui &laquo; re-source&nbsp;&raquo;, tout ce qui&nbsp;&laquo;&nbsp;nourrit&nbsp;&agrave; nouveau ou diff&eacute;remment&nbsp;&raquo; (Adler, 2000, 2010<sup><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftn21" id="ftnref21" name="_ftnref21">[21]</a></sup>). Cette acception para&icirc;t pertinente pour caract&eacute;riser la diversit&eacute; des appuis, mat&eacute;riels (des &laquo;&nbsp;vitres inscriptibles&nbsp;&raquo; des BU au &laquo;&nbsp;labo num&eacute;rique&nbsp;&raquo; du programme) et immat&eacute;riels (des savoirs issus de parcours composites) que les publics mobilisent pour construire du savoir et de la pens&eacute;e. La biblioth&egrave;que agit comme un interface qui facilite leur interconnexion et leur agencement au sein d&rsquo;un m&ecirc;me espace, h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne et non clos, au profit d&rsquo;un usager d&eacute;sormais acteur du savoir. En somme, la d&eacute;finition des &laquo;&nbsp;documents&nbsp;&raquo; en biblioth&egrave;que gagne peut-&ecirc;tre &agrave; s&rsquo;&eacute;largir en s&rsquo;ouvrant &agrave; une approche processuelle, qui en fait des traces d&rsquo;activit&eacute;s et de dynamiques&nbsp;plus que des &laquo;&nbsp;produits finis&nbsp;&raquo;, comme y invitent Anne Lehmans et Vincent Liqu&egrave;te (2019). La recherche sur les documents garde alors toute son actualit&eacute; en biblioth&egrave;que, si on la con&ccedil;oit comme l&rsquo;&eacute;tude des &laquo;&nbsp;modes de circulation des connaissances sous l&rsquo;angle de leur mat&eacute;rialit&eacute;&nbsp;&raquo;, ainsi que le propose Anne Cordier (Cordier, 2019). Il semble, en effet, que la mat&eacute;rialit&eacute; de la biblioth&egrave;que se maintienne, voire se renforce, mais en se d&eacute;pla&ccedil;ant&nbsp;: &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; le savoir semble de plus en plus d&eacute;border des supports physiques qui l&rsquo;enserraient, la biblioth&egrave;que r&eacute;introduit avec force l&rsquo;objet sous d&rsquo;autres formes que celle du document. Les r&eacute;flexions sur la hauteur des &eacute;tag&egrave;res, les courbes des b&acirc;timents, la couleur des plafonds, le moelleux des fauteuils, la modularit&eacute; des espaces, mais aussi les &eacute;quipements allant des studios d&rsquo;exp&eacute;rimentation aux cocons de sieste en passant par les caf&eacute;s, ne disent-elles pas que le savoir et l&rsquo;imagination sont avant tout des activit&eacute;s incarn&eacute;es, qui requi&egrave;rent de la mati&egrave;re pour s&rsquo;ouvrir sur les &eacute;tendues infinies de l&rsquo;imaginaire, de la rencontre et de la pens&eacute;e&nbsp;?</p> <p>La deuxi&egrave;me piste de r&eacute;flexion concerne davantage l&rsquo;institution biblioth&egrave;que. On d&eacute;c&egrave;le dans les articles et le programme une mutation du &laquo;&nbsp;travail sur autrui&nbsp;&raquo; proche de celle mise en lumi&egrave;re par Fran&ccedil;ois Dubet dans ses &eacute;tudes sur l&rsquo;&eacute;cole ou l&rsquo;h&ocirc;pital (Dubet, 2002). L&rsquo;usager entre d&eacute;sormais dans l&rsquo;institution dans sa complexit&eacute;, sinon dans son enti&egrave;ret&eacute;&nbsp;: non plus comme &eacute;l&egrave;ve ou malade, mais comme personne, d&eacute;sireuse de se faire reconna&icirc;tre au-del&agrave; d&rsquo;un r&ocirc;le circonscrit par un besoin bien d&eacute;limit&eacute; et un rapport purement vertical. La biblioth&egrave;que des parcours et des exp&eacute;riences individuels semble ne pas faire exception &agrave; ce vaste processus de transformation institutionnelle. Si les articles et le programme &eacute;voquent souvent avec enthousiasme cette reconfiguration des relations entre biblioth&eacute;caires autrefois experts et publics anciennement profanes et les innovations qu&rsquo;elle rend possible, on peut aussi voir derri&egrave;re l&rsquo;espace des possibles que devient la biblioth&egrave;que un certain malaise, comme en t&eacute;moignent les ambigu&iuml;t&eacute;s du programme. Outre la difficult&eacute; &agrave; tout concilier, on observe que lLa responsabilit&eacute; du plein accomplissement de ce potentiel troisi&egrave;me lieu est alors partag&eacute;e avec les partenaires, usagers, artistes ou acteurs culturels. Si on peut se r&eacute;jouir de cet &eacute;largissement du pouvoir au sein d&rsquo;un service public culturel comme la biblioth&egrave;que, on peut se demander s&rsquo;il ne traduit pas aussi une difficult&eacute; &agrave; affirmer une identit&eacute; singuli&egrave;re et &agrave; occuper une place sp&eacute;cifique : il existe un risque, &agrave; trop se d&eacute;finir comme un carrefour, de ne plus pouvoir faire lieu ni m&ecirc;me lien.</p> <h2><b><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</b></h2> <p>Adler, J. (2000). Conceptualising resources as a theme&nbsp;for mathematics&nbsp;teacher education.&nbsp;<em>Journal Of Mathematics Teacher Education</em>, 3(3), 205-224.</p> <p>Adler, J. (2010). La conceptualisation des resssources. 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Le Silence comme service.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),</i>&nbsp;17, 50-57.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2019-17-0050-005">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2019-17-0050-005</a></p> <p>Masse, C. (2013).&nbsp;La MeZZanine.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),&nbsp;</i>&nbsp;2, 70-73.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2013-02-0070-011">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2013-02-0070-011</a></p> <p>Oulc&rsquo;hen, E. (2014).&nbsp;La Musique &agrave; la BPI.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF)</i>, 2, 102-111.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2014-02-0102-009">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2014-02-0102-009</a></p> <p>Paoletti, C., Semp&eacute;r&eacute;, J. (2019).&nbsp;Projeter son habitat.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),&nbsp;</i>&nbsp;17, 96-105.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2019-17-0096-010">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2019-17-0096-010</a></p> <p>Rivoire, L. (2012). Le R&eacute;seau de Bourg-en-Bresse, de &laquo;&nbsp;petites &raquo; biblioth&egrave;ques au centre de l&rsquo;action.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),&nbsp;</i>&nbsp;2, 18-22.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2012-02-0018-005">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2012-02-0018-005</a></p> <p>Roche, J. (2015). LILLIAD Learning Center Innovation.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),&nbsp;</i>&nbsp;4, 96-108.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2015-04-0096-007">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2015-04-0096-007</a></p> <p>Sanson, J. (2015).&nbsp;La Biblioth&egrave;que en&nbsp;mouvement.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF)</i>,<i>&nbsp;</i>4, 118-131.doi:&nbsp;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2015-04-0118-008">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2015-04-0118-008</a></p> <p>Wagner, P. (2008).&nbsp;Mise en espace des collections dans une m&eacute;diath&egrave;que : Quels partis pour quels effets&nbsp;?.&nbsp;<i>Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),&nbsp;</i>&nbsp;4, 44-49. doi: &lt;<a href="http://%28%3Cem%3Ebbf%3C/em%3E.enssib.fr/consulter/(%3Cem%3EBBF%3C/em%3E-2008-04-0044-008%3E.">http://BBF.enssib.fr/consulter/BBF-2008-04-0044-008&gt;.</a>&nbsp;ISSN&nbsp;1292-8399.</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref1" id="ftn1">[1]</a>La th&egrave;se d&rsquo;Isabelle Fabre &eacute;claire la complexit&eacute; de la notion d&rsquo;espace documentaire, con&ccedil;u comme un dispositif s&eacute;miotique et spatial, tiss&eacute; de symbolisme et d&rsquo;imaginaire. (Fabre, 2006)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref2" id="ftn2">[2]</a>On observe en effet aujourd&rsquo;hui, en g&eacute;ographie ou en architecture, un int&eacute;r&ecirc;t croissant pour les ambiances, la perception et la dimension sensible dans l&rsquo;&eacute;tude des espaces. Voir par exemple Besse (2006), et Pallasmaa (2007). Voir aussi le num&eacute;ro 102 de&nbsp;<i>Communications&nbsp;</i>paru en 2018, consacr&eacute; aux &laquo;&nbsp;atmosph&egrave;res en sciences sociales.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>Dans les biblioth&egrave;ques universitaires am&eacute;ricaines se sont r&eacute;cemment d&eacute;velopp&eacute;es des &eacute;tudes destin&eacute;es &agrave; mieux conna&icirc;tre les pratiques des publics qui mobilisent des m&eacute;thodes ethnographiques et sont souvent men&eacute;es avec des chercheurs en sciences sociales, notamment anthropologues. L&rsquo;&eacute;tude pionni&egrave;re, intitul&eacute;e&nbsp;<i>Studying Students&nbsp;: The Undergraduate Research Project at the University of Rochester</i>, a &eacute;t&eacute; conduite de 2004 &agrave; 2007 &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Rochester, par l&rsquo;anthropologue Nancy Fried Foster et la biblioth&eacute;caire universitaire Susan Gibbons.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref4" id="ftn4">[4]</a>L&rsquo;enssib (Ecole Nationale Sup&eacute;rieure des Sciences de l&rsquo;information et des Biblioth&egrave;ques) forme les laur&eacute;ats des concours d&rsquo;Etat de niveau A de la fili&egrave;re biblioth&egrave;que (&eacute;l&egrave;ves biblioth&eacute;caires et conservateurs). Elle offre &eacute;galement des formations initiales et continues.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>Plusieurs m&eacute;dias s&rsquo;en sont fait l&rsquo;&eacute;cho au cours des derni&egrave;res ann&eacute;es (<i>T&eacute;l&eacute;rama</i>, France Inter). L&rsquo;expression a &eacute;t&eacute; utilis&eacute;e autour de la conception de nouveaux &eacute;quipements, par des &eacute;lus comme par des architectes ou des programmistes. En 2018, le rapport de la mission men&eacute;e par Erik Orsenna et No&euml;l Corbin, &laquo;&nbsp;Voyage au pays des biblioth&egrave;ques&nbsp;&raquo;, consacre l&rsquo;institutionnalisation de la notion.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>Notons toutefois les travaux de Jo&euml;lle Le Marec et&nbsp;Igor&nbsp;Babou (2003) ou d&rsquo;Isabelle Fabre (2017), qui s&rsquo;attachent &agrave; penser l&rsquo;espace &agrave; partir du point de vue et des pratiques des professionnels.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref7" id="ftn7"><sup><sup>[7]</sup></sup></a>&laquo;&nbsp;Le dispositif est donc toujours inscrit dans un jeu de pouvoir, mais toujours li&eacute; aussi &agrave; une ou &agrave; des bornes de savoir, qui en naissent mais, tout autant, le conditionnent. C&#39;est &ccedil;a, le dispositif : des strat&eacute;gies de rapports de forces supportant des types de savoir, et support&eacute;s par eux.&nbsp;&raquo; (Foucault, 1977).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref8" id="ftn8">[8]</a>C&rsquo;est aussi la p&eacute;riode o&ugrave; les blogs professionnels se font l&rsquo;&eacute;cho de ces nouvelles tendances. Voir par exemple en novembre 2007 l&rsquo;article du tr&egrave;s suivi&nbsp;<i>Bibliobsession</i>&nbsp;sur l&rsquo;OBA d&rsquo;Amsterdam. [Http://www.bibliobsession.net/2007/11/05/la-bibliotheque-publique-d-amsterdam-vous-n-en-reviendrez-pas/]</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref9" id="ftn9">[9]</a>Sur les&nbsp;<i>fablabs</i>&nbsp;en biblioth&egrave;que, voir par exemple Simon (2015). Sur les&nbsp;<i>fablabs&nbsp;</i>en g&eacute;n&eacute;ral, voir Lhoste et Barbier (2016).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref10" id="ftn10">[10]</a>Voir les travaux de Madeleine Akrich sur les objets techniques comme inscriptions, c&rsquo;est-&agrave;-dire comme dispositifs incorporant une d&eacute;finition des relations entre l&rsquo;objet et son environnement. (&shy;&shy;&shy;&shy;Akrich, 1991).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref11" id="ftn11">[11]</a>La rupture que repr&eacute;sente le mod&egrave;le de learning center autour de 2009-2010 peut &ecirc;tre rapproch&eacute;e de ce qu&rsquo;a repr&eacute;sent&eacute; le troisi&egrave;me lieu pour les biblioth&egrave;ques de lecture publique. Voir par exemple le rapport de l&rsquo;Inspection g&eacute;n&eacute;rale des biblioth&egrave;ques de 2009, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Les Learning centres : un mod&egrave;le international de biblioth&egrave;que int&eacute;gr&eacute;e &agrave; l&rsquo;enseignement et &agrave; la recherche&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est en 2010 qu&rsquo;ouvre &agrave; Lausanne le Rolex Learning Center, consid&eacute;r&eacute; comme un &eacute;tablissement pionnier.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref12" id="ftn12">[12]</a>Voir le guide de la ma&icirc;trise d&rsquo;ouvrage public con&ccedil;u par le<em>CAUE</em><i>(</i><em>conseil d&#39;architecture, d&#39;urbanisme et de l&#39;environnement. [En ligne]&nbsp;<a href="http://guidemop.caue44.fr/">http://guidemop.caue44.fr/</a></em></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref13" id="ftn13">[13]</a>Dans le sillage de la loi, la profession de programmiste s&rsquo;est progressivement structur&eacute;e, notamment avec la constitution d&rsquo;un syndicat, le SYPAA. La mise en place d&rsquo;une mission interminist&eacute;rielle de la qualit&eacute; de la construction publique (MIQC), en 1977, a &eacute;galement beaucoup &oelig;uvr&eacute; pour promouvoir la d&eacute;marche de programmation aupr&egrave;s des collectivit&eacute;s.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref14" id="ftn14">[14]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La biblioth&egrave;que permettra des pratiques culturelles individuelles, les plus autonomes possibles.&nbsp;&raquo;</p> <p>[15] &laquo;&nbsp;Les publics demandant une forme particuli&egrave;re d&#39;accueil seront identifi&eacute;s et des protocoles &eacute;labor&eacute;s pour chaque cas, que ces publics se pr&eacute;sentent en groupe ou individuellement.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref16" id="ftn16">[16]</a>&laquo;&nbsp;La biblioth&egrave;que proposera aux usagers plusieurs types de relation &agrave; l&#39;&eacute;crit, &agrave; l&#39;image, au son, selon des modes traditionnels [&hellip;] ou exp&eacute;rimentaux [&hellip;] &raquo;.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref17" id="ftn17">[17]</a>&laquo;&nbsp;L&rsquo;accueil [&hellip;] sera mat&eacute;rialis&eacute; au plan architectural par des espaces d&eacute;di&eacute;s, traduisant au plan fonctionnel et symbolique les intentions de l&#39;&eacute;tablissement : large parvis ext&eacute;rieur, accessibilit&eacute; de plain-pied, ouvertures larges sur l&#39;ext&eacute;rieur, lieux [&hellip;] de libre circulation &raquo;. On lit &eacute;galement que &laquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;[l]a lisibilit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale du b&acirc;timent sera recherch&eacute;e par l&#39;architecture et l&#39;am&eacute;nagement int&eacute;rieur ; l&#39;architecture par exemple permettra des vues d&#39;ensemble &agrave; partir de coursives, d&#39;escaliers, d&#39;ascenseurs...&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref18" id="ftn18">[18]</a>Le r&eacute;f&eacute;rentiel Marianne a succ&eacute;d&eacute; en 2013 &agrave; la charte Marianne, g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e depuis 2005 dans les services de l&rsquo;Etat. Il comporte dix-neuf engagements destin&eacute;s &agrave; am&eacute;liorer l&rsquo;accueil des usagers au sein des services publics.&nbsp;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref19" id="ftn19">[19]</a>La Haute Qualit&eacute; Environnementale correspond &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration de crit&egrave;res d&rsquo;exigence environnementaux dans la construction ou la r&eacute;habilitation de b&acirc;timents. La d&eacute;marche a donn&eacute; naissance en France &agrave; la mise en place de certifications &laquo;&nbsp;NF Ouvrage D&eacute;marche HQE&nbsp;&raquo; d&eacute;livr&eacute;es par l&rsquo;association HQE.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref20" id="ftn20">[20]</a>D&eacute;fini comme un &laquo;&nbsp;lieu d&rsquo;accueil, de d&eacute;monstration et de pr&ecirc;ts des outils innovants en coh&eacute;rence avec les missions de la biblioth&egrave;que.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/746-figurer-l-espace-des-possibles-la-bibliotheque-de-demain-dans-les-mots-des-professionnels-emilie-garcia-guillen#ftnref21" id="ftn21">[21]</a>L&rsquo;article originel dit &laquo;&nbsp;re-source&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;source again or differently&nbsp;&raquo;), tandis que la version fran&ccedil;aise de l&rsquo;article traduit par &laquo;&nbsp;re-sourcer&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;nourrir &agrave; nouveau ou diff&eacute;remment&nbsp;&raquo;.</p>