<p><strong>Abstract :</strong>&nbsp;In French secondary school libraries, pupils and teachers develop active space abilities to move and live in such a standardized documentary space and make it signifiant. They are no passive users, instead they develop different ways of inhabiting this space. The ways they appropriate the place able them to build their own identity and to socialize in the same time.</p> <p><strong>Keywords :</strong>&nbsp;French secondary school &ndash; use -school library - space abilities &ndash; place of knowledge&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Le paysage de la documentation scolaire en France est caract&eacute;ris&eacute; par une uniformit&eacute; des lieux, des outils et des produits au nom de l&rsquo;universalit&eacute; et en d&eacute;pit des situations particuli&egrave;res, tel est le constat port&eacute; par H. Fondin (2006). L&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;A. Piponnier (2002) l&rsquo;&eacute;tablissait d&eacute;j&agrave; en s&rsquo;appuyant sur des arguments topographiques concrets et en recensant les topo&iuml; des centres de documentation et d&rsquo;information (CDI), &laquo;&nbsp;lieux communs cens&eacute;s doter le territoire de rep&egrave;res lisibles et permettre sa distribution voire son parcours&nbsp;&raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref1">[1]</a>. Cette taxonomie spatiale a vocation &agrave; r&eacute;pondre aux missions institutionnelles du professeur documentaliste, enseignant et responsable d&rsquo;un lieu identifi&eacute; comme &laquo;&nbsp;lieu de formation, de lecture, de culture et d&#39;acc&egrave;s &agrave; l&#39;information &raquo;.<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;Elle correspond &agrave; une grille de lecture fonctionnelle du CDI dans la mesure o&ugrave; &laquo;&nbsp;les centres de documentation et d&rsquo;information sont construits et structur&eacute;s pour offrir des rep&egrave;res, des lieux guid&eacute;s, des circuits accompagn&eacute;s, des espaces &eacute;claircis. Ils sous-tendent donc une organisation des savoirs qui se traduit par un agencement intellectuel, un am&eacute;nagement mat&eacute;riel, une normalisation, une signal&eacute;tique et des divisions. Cette organisation est le pilier de l&rsquo;espace qu&rsquo;elle structure&nbsp;&raquo; (Gardies &amp; Fabre, 2009). Dans quelle mesure un espace ainsi organis&eacute;, norm&eacute; et codifi&eacute; pour fournir &agrave; ceux qui le fr&eacute;quentent &laquo;&nbsp;un code de lecture de l&rsquo;espace&nbsp;&raquo; (Piponnier, ibid.) laisse-t-il de la place &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience singuli&egrave;re qui fait l&rsquo;habiter&nbsp;?</p> <h3>Habiter</h3> <p>Pour r&eacute;pondre &agrave; cette question, un retour sur la notion d&rsquo;habiter est essentiel. S&rsquo;interroger sur les mani&egrave;res d&rsquo;habiter le CDI c&rsquo;est avec P. Bonnin (2002) &laquo;&nbsp;comprendre comment, au probable tournant d&#39;une &egrave;re, nos soci&eacute;t&eacute;s produisent et sp&eacute;cifient leurs lieux, en cr&eacute;ent de nouveaux et r&eacute;interpr&egrave;tent ceux dont elles h&eacute;ritent, les agencent et les distribuent en des configurations signifiantes&nbsp;&raquo;. L&rsquo;apport de la pens&eacute;e heideggerienne (Heidegger, 1980) en fait une notion existentielle, affranchie de toute coloration mat&eacute;rielle car profond&eacute;ment li&eacute;e &agrave; l&rsquo;&ecirc;tre. Pour M. Segaud (2010), l&rsquo;habiter qu&rsquo;elle distingue d&rsquo;habiter, est un fait anthropologique. La proposition du g&eacute;ographe M. Stock (2007) d&rsquo; &laquo; un autre fondement de la conceptualisation de l&rsquo;habiter, fond&eacute;e sur le probl&egrave;me de la pratique : &lsquo;faire avec de l&rsquo;espace&rsquo; au lieu d&rsquo;&ecirc;tre dans l&rsquo;espace&nbsp;&raquo; conf&egrave;re &agrave; cette notion une dynamique spatiale certaldienne pertinente pour les sciences de l&rsquo;information et de la communication (Certeau, 1990). C&#39;est bien l&#39;action des acteurs, individuelle et collective, qui fait l&rsquo;habiter et l&rsquo;exp&eacute;rience spatiale importe plus que l&rsquo;espace. D&egrave;s lors, habiter un espace n&rsquo;est pas conditionn&eacute; &agrave; des questions de forme et de mat&eacute;rialit&eacute; et l&rsquo;espace num&eacute;rique est tout aussi habit&eacute; et habitable que n&rsquo;importe quel autre (Ghliss &amp; Jahjah, 2019). &nbsp;Comme le pr&eacute;cise le philosophe et historien J.M. Besse (2013), habiter un espace, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;prouver, le vivre en exp&eacute;rience, et c&rsquo;est toujours aussi cohabiter. La notion d&rsquo;habiter, largement d&eacute;velopp&eacute;e dans les &eacute;tudes qui portent un regard anthropologique sur les lieux de savoir en g&eacute;n&eacute;ral, et les biblioth&egrave;ques en particulier, permet d&rsquo;appr&eacute;hender les pratiques des usagers dans toute leur compl&eacute;tude. Choisir d&rsquo;&eacute;tudier un espace sous l&rsquo;angle de l&rsquo;habiter, c&rsquo;est accorder a priori une l&eacute;gitimit&eacute; pleine et enti&egrave;re &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience ordinaire des acteurs qui occupent un espace et s&rsquo;y sentent &agrave; leur place (Amar et al., 2019).&nbsp;</p> <h3>Approche sensible</h3> <p>Saisir l&rsquo;habiter c&rsquo;est comprendre les logiques d&rsquo;habitation qui se dessinent et approchent de plus pr&egrave;s toute l&rsquo;&eacute;paisseur sensible du rapport &agrave; l&rsquo;espace documentaire entendu comme &laquo;&nbsp;un dispositif, lieu o&ugrave; humains, objets mat&eacute;riels et liens s&rsquo;organisent pour mettre en &oelig;uvre les interactions &agrave; la fois r&eacute;elles et symboliques qui instituent des modalit&eacute;s et des logiques d&rsquo;usage&nbsp;&raquo; (Fabre, 2013) et appr&eacute;hend&eacute; dans sa globalit&eacute; physique et num&eacute;rique comme un espace d&rsquo;exp&eacute;riences, notamment spatiales, qui oscillent entre enracinement et exploration (Moles &amp; Rohmer, 1998).</p> <p>Si l&rsquo;adjectif sensible est d&eacute;fini comme ce qui peut &ecirc;tre per&ccedil;u par la sensibilit&eacute; ou les sens&nbsp;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref3">[3]</a>, l&rsquo;exp&eacute;rience sensible ou le sensible, ainsi substantiv&eacute;, ne peut s&rsquo;y r&eacute;duire. Aussi l&rsquo;entr&eacute;e par les lieux quand ils sont trait&eacute;s comme &eacute;l&eacute;ments fragment&eacute;s et exclusivement li&eacute;s au visible, nous semble trompeuse ou en tout cas, partielle, car les sens ne sauraient se r&eacute;duire &agrave; la vue, pas plus que le sensible ne saurait se r&eacute;duire aux sens. J.J. Boutaud (2016) nous rappelle, &agrave; ce titre, qu&rsquo;il ne faut pas &laquo;&nbsp;tomber dans le pi&egrave;ge d&rsquo;une vision organiciste simplifi&eacute;e, travaill&eacute;e simplement par des forces affectives et &eacute;motives&nbsp;&raquo;. L&rsquo;approche visible occulte les dimensions exp&eacute;riencielle et repr&eacute;sentationnelle de l&rsquo;espace qui le constituent pourtant dans une dynamique d&rsquo;agr&eacute;gation. &nbsp; Pour P. Lardellier (2016), le sensible &laquo;&nbsp;recouvre les dimensions synesth&eacute;tiques des relations sociales et du rapport de l&rsquo;individu &agrave; son identit&eacute;, &agrave; autrui et &agrave; son environnement. Il implique une relation au monde construite sur la prise en consid&eacute;ration des diff&eacute;rents sens, participent de la m&eacute;moire et de l&rsquo;identit&eacute;&nbsp;&raquo;.</p> <h3>M&eacute;thodologie mobilis&eacute;e</h3> <p>Pour r&eacute;pondre &agrave; cette probl&eacute;matique, notre article s&rsquo;appuie sur des entretiens individuels, men&eacute;s dans le cadre de notre doctorat, dans cinq coll&egrave;ges avec cinquante coll&eacute;giens des niveaux cinqui&egrave;me et quatri&egrave;me, soit dix coll&eacute;giens par &eacute;tablissement, et les cinq professeurs documentalistes exer&ccedil;ant dans chacun des coll&egrave;ges<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref4">[4]</a>. Le choix de l&rsquo;entretien et plus largement d&rsquo;une m&eacute;thode qualitative, r&eacute;pond &agrave; notre volont&eacute; de d&eacute;crire les pratiques et les repr&eacute;sentations des acteurs de l&rsquo;espace documentaire scolaire, sans chercher ni &agrave; les expliquer ni &agrave; les justifier. Dans le cadre d&rsquo;une approche qualitative, le&nbsp;topos, dans sa conception aristot&eacute;licienne ne se suffit pas &agrave; lui-m&ecirc;me, et doit se voir adjoindre une qualit&eacute; relationnelle, la&nbsp;&nbsp;ch&ocirc;ra&nbsp;platonicienne (Berque, 2010) entre autres exprim&eacute;e par les discours. La &laquo; parole de l&rsquo;habitant&nbsp;&raquo; (Segaud, ibid.) permet de saisir l&rsquo;habiter dans ses formes multiples. Elle permet d&rsquo;interroger les &eacute;l&eacute;ments topographiques et de sonder, au-del&agrave; de l&rsquo;uniformit&eacute; apparente du visible, le sens accord&eacute; par les acteurs &agrave; leurs pratiques, sens qui peut &eacute;chapper &agrave; l&rsquo;observation. Les &eacute;tablissements, tous situ&eacute;s en Gironde, et construits apr&egrave;s 2003 pour &eacute;viter les trop fortes contraintes de b&acirc;ti, ont &eacute;t&eacute; choisis pour leur caract&egrave;re ordinaire. Nous nous sommes attach&eacute;e &agrave; ne pas choisir des cas exemplaires ou extra-ordinaires, car l&rsquo;extra-ordinaire n&rsquo;est pas, par essence, plus signifiant que l&rsquo;ordinaire, entendu ici comme &laquo;&nbsp;ce qui ne se distingue par rien de particulier&nbsp;&raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref5">[5]</a>. Il n&rsquo;est pas &agrave; comprendre au sens qualitatif ou p&eacute;joratif, mais &agrave; embrasser comme un objet signifiant, un objet de connaissance et de compr&eacute;hension (Troude &amp; Lebas, 2014). Nous avons fait le choix d&rsquo;une m&eacute;thode d&rsquo;&eacute;chantillonnage cibl&eacute;e. Si nous consid&eacute;rons les non-usagers comme des acteurs sociaux &agrave; part enti&egrave;re, notre choix s&rsquo;est port&eacute; sur les &eacute;l&egrave;ves qui fr&eacute;quentent r&eacute;guli&egrave;rement le CDI dans la mesure o&ugrave; la fr&eacute;quentation est ici constitutive de l&lsquo;exp&eacute;rience. Pour &eacute;viter un biais de s&eacute;lection, nous constituons notre &eacute;chantillon &agrave; partir des listes d&rsquo;appel des CDI, mais l&rsquo;attitude volontaire des &eacute;l&egrave;ves retenus demeure un pr&eacute;alable indispensable &agrave; l&rsquo;entretien. La grille d&rsquo;entretiens semi-directifs utilis&eacute;e vise &agrave; approcher les repr&eacute;sentations et les pratiques de l&rsquo;espace documentaire dans le cadre scolaire par ses deux principaux acteurs. L&rsquo;analyse op&eacute;r&eacute;e est une analyse de contenu qui repose sur des unit&eacute;s de signification, et qui cherche &agrave; appr&eacute;hender ce que les acteurs font avec l&rsquo;espace documentaire et comment ils se le repr&eacute;sentent.</p> <p>Nous nous proposons d&rsquo;&eacute;tudier les dynamiques spatiales de l&rsquo;habiter d&eacute;ploy&eacute;es dans l&rsquo;espace et qui participent de son appropriation, puis d&rsquo;analyser les logiques d&rsquo;habitation et de cohabitation mis en &oelig;uvre par les &eacute;l&egrave;ves et les professionnels dans un espace qui est aussi un espace social.</p> <h2><a id="t2"></a>S&rsquo;APPROPRIER L&rsquo;ESPACE DOCUMENTAIRE&nbsp;</h2> <p>Quand les deux notions ne sont pas simplement synonymes (Leroux, 2008), l&rsquo;appropriation apparait comme constitutive de l&rsquo;habiter. Pour M. Segaud (ibid.) &laquo;&nbsp;S&rsquo;approprier un espace, c&rsquo;est &eacute;tablir une relation entre cet espace et le soi (se le rendre propre) par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;un ensemble de pratiques. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;attribuer de la signification &agrave; un lieu&nbsp;&raquo;. L&rsquo;appropriation, processus dynamique, se construit &agrave; travers un certain nombre de comp&eacute;tences de spatialit&eacute;, parmi lesquelles celle de &laquo;&nbsp;d&eacute;limiter&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;franchir&nbsp;&raquo; (Lussault, 2013). Consid&eacute;rer la spatialit&eacute; des acteurs, c&rsquo;est penser l&rsquo;habiter en actes. Les pratiques des acteurs informent l&rsquo;espace documentaire, lui donnant une forme mouvante et singuli&egrave;re.</p> <h3>D&eacute;limiter</h3> <p>Si le lieu dans sa partie visible et mat&eacute;rielle est objectivement d&eacute;limitable, les acteurs lui superposent des espaces singuliers qui ne se bornent pas &agrave; des d&eacute;limitations mat&eacute;rielles et &eacute;chappent parfois &agrave; toute tangibilit&eacute;, tra&ccedil;ant les contours de leur espace sensible. L&rsquo;usage d&eacute;termine le rapport &agrave; l&rsquo;espace r&eacute;el entretenu par les &eacute;l&egrave;ves et qui est, &agrave; premi&egrave;re vue, invisible ou invisibilis&eacute;. Une fabrication personnelle de l&rsquo;espace et de ses limites se construit et un rapport &agrave; l&rsquo;espace parcellaire et volontairement s&eacute;lectif, d&eacute;j&agrave; observ&eacute; par E. V&eacute;ron (1990), se d&eacute;ploie dans l&rsquo;espace topographique &laquo;&nbsp;Je vais jamais au fond que ce soit ici ou l&agrave;-bas&nbsp;&raquo; (E8-A) &laquo;&nbsp;souvent je vais aux m&ecirc;mes endroits&nbsp;&raquo; (E7-D)- &laquo;&nbsp;je vais jamais par l&agrave;&nbsp;&raquo;. &nbsp;Pour les &eacute;l&egrave;ves, l&rsquo;inclusion d&rsquo;internet et surtout du web dans l&rsquo;espace documentaire n&rsquo;est pas une repr&eacute;sentation unanime. Si la majorit&eacute; l&rsquo;inclut sans h&eacute;siter parce que c&rsquo;est souvent le seul endroit o&ugrave; on peut y acc&eacute;der dans le coll&egrave;ge de fa&ccedil;on autonome, d&rsquo;autres, en revanche, h&eacute;sitent, quand d&rsquo;autres encore l&rsquo;excluent fermement.</p> <p>Les notions de contigu&iuml;t&eacute; ou d&rsquo;inclusion qui permettent de qualifier la distance et les interrelations entre deux unit&eacute;s sont d&eacute;construites au regard de l&rsquo;exp&eacute;rience. Aussi la contigu&iuml;t&eacute; n&rsquo;entraine pas n&eacute;cessairement de repr&eacute;sentations inclusives, malgr&eacute; une fronti&egrave;re commune. L&rsquo;espace s&rsquo;exp&eacute;rimente au regard d&rsquo;un ensemble de repr&eacute;sentations et de valeurs investies dans l&rsquo;espace et qui ne sont pas seulement topographiques. Quand la salle informatique est contig&uuml;e au CDI (coll. B et E), elle peut apparaitre comme partie int&eacute;grante, voire essentielle &laquo;&nbsp;quand je pense une recherche d&rsquo;info avec les &eacute;l&egrave;ves, maintenant essentiellement, je pense &agrave; la salle informatique&nbsp;&raquo; (Prdoc E), mais elle peut &ecirc;tre per&ccedil;ue comme une salle autonome, ind&eacute;pendante du CDI utilis&eacute;e en compl&eacute;ment d&rsquo;autres espaces (Prdoc B), c&rsquo;est alors la multi-spatialit&eacute; plus que la contigu&iuml;t&eacute; qui apparait comme pertinente et signifiante. Dans ces &eacute;tablissements, les &eacute;l&egrave;ves ont tr&egrave;s fortement tendance &agrave; exclure cette salle de leurs repr&eacute;sentations spatiales du CDI, soit qu&rsquo;elle est totalement absente de leurs discours, soit qu&rsquo;elle est associ&eacute;e &agrave; un acc&egrave;s contraint et disciplinaire qui s&rsquo;oppose &agrave; leurs repr&eacute;sentations de l&rsquo;espace documentaire comme permettant un acc&egrave;s libre et autonome au web. L&rsquo;inclusion physique d&rsquo;un espace dans un autre, alors qu&rsquo;elle est spatialement plus liante, n&rsquo;apparait pas comme plus d&eacute;terminante. La petite salle de travail incluse dans l&rsquo;espace principal du CDI constitue bel et bien un &eacute;l&eacute;ment topographique r&eacute;current, pr&eacute;sent dans tous les CDI de notre &eacute;tude. Cette salle fait l&rsquo;objet d&rsquo;une palette d&rsquo;exp&eacute;riences et de repr&eacute;sentations tr&egrave;s large. Elle peut &ecirc;tre totalement exclue, mais aussi mentionn&eacute;e comme un &eacute;l&eacute;ment &agrave; part enti&egrave;re, voire central, du CDI pour les &eacute;l&egrave;ves alors qu&rsquo;elle est tenue &agrave; distance par les professionnels comme une extension spatiale du CDI qui suppl&eacute;e en capacit&eacute; l&lsquo;espace principal. Li&eacute; &agrave; une effectivit&eacute; de l&rsquo;usage, l&rsquo;espace n&rsquo;est pas fig&eacute;. Pour certains &eacute;l&egrave;ves qui ont utilis&eacute; la petite salle les ann&eacute;es pr&eacute;c&eacute;dentes, elle est essentiellement rattach&eacute;e &agrave; un usage r&eacute;volu qui contribue d&egrave;s lors &agrave; redessiner les limites d&rsquo;un espace qui est &eacute;volutif.</p> <p>La traditionnelle relation ext&eacute;rieur/int&eacute;rieur n&rsquo;est pas syst&eacute;matiquement pertinente pour comprendre l&rsquo;espace tel qu&rsquo;il est pratiqu&eacute; par les acteurs. Lieu interne au coll&egrave;ge, l&rsquo;espace documentaire permet de s&rsquo;en &eacute;chapper pourtant&nbsp;: &laquo;&nbsp;pour moi c&rsquo;est surtout un lieu de d&eacute;tente, qui permet de s&rsquo;&eacute;vader du coll&egrave;ge pendant un certain temps&nbsp;&raquo; (E10-A). Les limites de l&rsquo;espace habit&eacute; d&eacute;bordent les limites mat&eacute;rielles de la salle proprement dite : quand le CDI est ferm&eacute; pendant la pause m&eacute;ridienne alors qu&rsquo;elle souhaiterait y aller, une coll&eacute;gienne raconte comment elle pallie cet emp&ecirc;chement&nbsp;: &laquo;&nbsp;on se met juste devant, dans le coin l&agrave;, puis on se serre&nbsp;&raquo; (E4-C). Le hall ext&eacute;rieur apparait alors comme un substitut du CDI aux fronti&egrave;res poreuses. Bornage physique dans son acception la plus courante, la fronti&egrave;re peut &ecirc;tre aussi symbolique, et se substituer par int&eacute;riorisation aux barri&egrave;res topographiques et mat&eacute;rielles (Lecat-Deschamps, 2012). Le CDI commence quand &laquo;&nbsp;on a envie d&rsquo;&ecirc;tre tranquille&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;s&rsquo;arr&ecirc;te vraiment quand on veut venir l&agrave; pour faire n&rsquo;importe quoi&nbsp;&raquo; (E2-A).</p> <h2>Franchir</h2> <p>L&rsquo;enqu&ecirc;te ethnographique de M. Roselli et M. Perrenoud (2010) montre comment la biblioth&egrave;que cr&eacute;e des fronti&egrave;res &laquo;&nbsp;invisibles bien que palpables&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un lieu unique. Elle est le lieu d&rsquo;une &laquo;&nbsp;territorialisation des pratiques&nbsp;&raquo;. Pour d&eacute;jouer les fronti&egrave;res, qui peuvent aussi &ecirc;tre de nature technique, des comp&eacute;tences de franchissement (Lussault, ibid.) sont mises en &oelig;uvre. La proc&eacute;dure obligatoire d&rsquo;identification individuelle de chaque utilisateur qui acc&egrave;de au r&eacute;seau apparait comme une fronti&egrave;re emp&ecirc;chante qu&rsquo;il s&rsquo;agit de franchir. En tacticiens, les professionnels la contournent gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;utilisation des terminaux mobiles pour lesquels &laquo;&nbsp;y a pas de session, c&rsquo;est en free&nbsp;&raquo; (Prdoc C). M&ecirc;me quand elle n&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;tat de projet, l&rsquo;utilisation pr&eacute;vue est une ruse&nbsp;: &laquo;&nbsp;moi ce serait plus pour aller sur internet, faire une recherche, contourner la session, &ccedil;a prend trois minutes&nbsp;&raquo; (Prdoc D). La m&eacute;morisation des identifiants, la pr&eacute;sence et la compatibilit&eacute; des logiciels&nbsp;obligent &agrave; des parcours polytopiques (Schneider, 2016) complexes, entre la maison et le CDI mais aussi entre le papier et l&rsquo;&eacute;cran. Les &eacute;tapes du travail, de la recherche d&rsquo;information &agrave; la production finale demand&eacute;e, sont inscrites dans des espaces-temps diff&eacute;rents. Aux acteurs de trouver les comp&eacute;tences et les perm&eacute;abilit&eacute;s qui leur permettent de jouer avec ces fronti&egrave;res ou de les d&eacute;jouer.</p> <p>Les pratiques informationnelles appellent ces m&ecirc;mes comp&eacute;tences. La culture de l&rsquo;information d&eacute;finie comme &laquo; un ensemble de pratiques informationnelles articulant des connaissances issues de la culture acad&eacute;mique traditionnelle (&eacute;cole, universit&eacute;, entreprise) avec celles plus intuitives et moins formalis&eacute;es li&eacute;es &agrave; l&rsquo;information, aux documents et plus largement aux m&eacute;dias de masse &raquo; (Liqu&egrave;te, de Lourdes Oliveira, Salgueiro Marques, 2017) est une activit&eacute; aux fondements hybrides qui se d&eacute;ploie comme telle dans l&rsquo;espace. Comme l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; constat&eacute; C. Fluckiger (2008) qui pointe de faibles verbalisations et capacit&eacute;s de conceptualisation du processus de recherche, le discours des &eacute;l&egrave;ves d&eacute;crit des pratiques empiriques peu ancr&eacute;es dans des savoirs ou un lexique formalis&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai juste &agrave; taper ce que je cherche et voil&agrave;&nbsp;&raquo; (E3-B)&nbsp;; &laquo;&nbsp;On tape ce qu&rsquo;on cherche et voil&agrave; on va sur le premier site et normalement y a des choses bien et qu&rsquo;on prend&nbsp;&raquo; (E3-A), ou encore&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je tape juste le nom de ce qu&rsquo;on doit trouver et en g&eacute;n&eacute;ral &ccedil;a marche&nbsp;&laquo;&nbsp;(E2-C). Pour se rep&eacute;rer dans cet espace, les &eacute;l&egrave;ves d&eacute;veloppent des strat&eacute;gies personnelles. Si E1-A opte pour la pers&eacute;v&eacute;rance &laquo;&nbsp;&ccedil;a arrive pas souvent mais des fois je demande &agrave; Mme X, par exemple &lsquo;est-ce qu&rsquo;il y a un site qui pourrait expliquer &ccedil;a&nbsp;?&rsquo; et puis si elle trouve pas, c&rsquo;est pas grave, je chercherai encore&nbsp;&raquo;, d&rsquo;autres racontent comment ils se rep&egrave;rent dans l&rsquo;espace web &laquo;&nbsp;moi par d&eacute;duction je regarde les cinq-six premiers sites, je regarde le site qui explique le mieux&nbsp;&raquo; (E6-E), &laquo;&nbsp;Y a marqu&eacute; le d&eacute;but du texte de ce que je recherche et si c&rsquo;est le m&ecirc;me d&eacute;but et je v&eacute;rifie que tout est pareil&nbsp;&raquo; (E6-C). Les exemples d&eacute;crits par les &eacute;l&egrave;ves confirment le choix de la formulation de requ&ecirc;te (Boub&eacute;e, 2008), en cons&eacute;quence (algorithmique) de quoi les pratiques informationnelles des &eacute;l&egrave;ves s&rsquo;organisent aussi massivement autour de Wikip&eacute;dia. &laquo;&nbsp;Autour&nbsp;&raquo; de Wikip&eacute;dia, car pr&eacute;cis&eacute;ment nombre d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves contournent l&rsquo;encyclop&eacute;die pour &eacute;pouser les contours d&rsquo;un espace de recherche recommand&eacute;. Les prescriptions du corps professoral qui ne &laquo;&nbsp;conseillent&nbsp;pas&nbsp;&raquo; Wikip&eacute;dia nourrissent un sentiment de circonspection chez les &eacute;l&egrave;ves qui dessine les fronti&egrave;res d&rsquo;un espace documentaire l&eacute;gitime &laquo;&nbsp;D&eacute;j&agrave; je vais pas sur Wikip&eacute;dia parce que les profs ils disent que c&rsquo;est pas bien&nbsp;&raquo;, (E8-E) &laquo; et surtout j&rsquo;vais pas sur Wikip&eacute;dia&nbsp;&raquo; (E5-C)&nbsp;- &laquo;&nbsp;on nous a toujours dit que c&rsquo;&eacute;taient pas vraiment des gens qu&rsquo;y s&rsquo;y connaissaient&nbsp;&raquo; (E3-E). Mais ces recommandations peuvent entrer en conflit avec d&rsquo;autres crit&egrave;res. Entre efficacit&eacute; constat&eacute;e et connaissance du principe de fonctionnement contributif qui inspire la m&eacute;fiance, entre praticit&eacute; incontest&eacute;e et respect de la prescription professorale, les discours montrent un r&eacute;agencement de l&rsquo;espace documentaire et des itin&eacute;raires informationnels complexes qui alimentent le substrat d&rsquo;une culture de l&rsquo;information.</p> <h3>Quand l&rsquo;espace documentaire est aussi espace de travail&nbsp;</h3> <p>Pour les professionnels, l&rsquo;espace documentaire, objet de leur travail, est tout autant leur espace de travail. &Eacute;tudi&eacute; en tant que construction sociale d&rsquo;un territoire, l&rsquo;espace de travail touche &agrave; l&rsquo;identit&eacute; des acteurs (Fischer, 2011), au-del&agrave; de sa seule fonctionnalit&eacute;. Ces derniers y d&eacute;veloppent des formes d&rsquo;appropriations spatiales individuelles car &laquo;&nbsp;les bureaux ne sont pas seulement des espaces de travail&nbsp;&raquo; (Monjaret, 2002). La sociologie des organisations met en avant les relations de pouvoir qui structurent n&eacute;cessairement les organisations (Bernoux, 1998), et auquel l&rsquo;espace ne pourrait &eacute;chapper. L&rsquo;espace de travail en tant que marqueur identitaire territorialise un espace statutaire symbolique. Le bureau, &eacute;l&eacute;ment de mobilier essentiel dans l&rsquo;espace scolaire et dans l&rsquo;espace de travail, apparait comme une fronti&egrave;re autour de laquelle se tissent des repr&eacute;sentations et des pratiques signifiantes qui mettent en jeu l&rsquo;identit&eacute; du professionnel et construisent son rapport &agrave; autrui. Le bureau est identifi&eacute; comme un &laquo;&nbsp;espace de travail&nbsp;&raquo; (Prdoc E)&nbsp;; PrdocD &laquo;&nbsp;essaie de bosser au maximum &agrave; [s]on bureau&nbsp;&raquo;, PrdocB y fait de la &laquo;&nbsp;pr&eacute;paration p&eacute;dagogique&nbsp;&raquo;. D&egrave;s lors, c&rsquo;est un endroit o&ugrave; les professionnels passent un certain temps au quotidien. Il circonscrit au sein du centre de documentation et d&rsquo;information leur espace de travail resserr&eacute;. &Eacute;voquant son bureau, PrdocD s&rsquo;exclame &laquo;&nbsp;d&egrave;s fois je peux regretter d&rsquo;y &ecirc;tre trop&nbsp;&raquo; et PrdocC avoue &laquo;&nbsp;c&rsquo;est un pi&egrave;ge parce que j&rsquo;ai du mal &agrave; m&rsquo;en d&eacute;coincer&nbsp;&raquo;. Le bureau apparait alors comme une fronti&egrave;re potentiellement enfermante. Une tendance que ne contredit pas une &eacute;l&egrave;ve qui y voit m&ecirc;me un avantage certain dans sa strat&eacute;gie d&rsquo;occupation de l&rsquo;espace &laquo;&nbsp;si elle avait pas son bureau, elle circulerait, du coup y aurait moins d&rsquo;endroits cosy&nbsp;&raquo; (E1-B). Le bureau agit &eacute;galement comme une barri&egrave;re par rapport &agrave; une relation qui peut parfois &ecirc;tre v&eacute;cue comme envahissante : &laquo;&nbsp;je veux que ce soit mon territoire et je leur dis et &laquo;&nbsp;ils passent pas de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;&nbsp;&raquo; (PrdocB) - &laquo;&nbsp;c&rsquo;est pas leur espace du tout&nbsp;&raquo; (PrdocE) - &laquo;&nbsp;dans la mesure du possible les &eacute;l&egrave;ves ne vont pas dans l&rsquo;espace de mon bureau&nbsp;&raquo; (PrdocA). Des professeurs documentalistes analysent cette barri&egrave;re mat&eacute;rielle comme un &eacute;l&eacute;ment symbolique signifiant en termes de construction identitaire, voire d&rsquo;autorit&eacute; : &laquo;&nbsp;&ccedil;a met une limite par rapport &agrave; mon positionnement personnel par rapport &agrave; eux&nbsp;&raquo; explique PrdocB. Quand le bureau est un comptoir, il institue de fa&ccedil;on spatiale une forme de pouvoir port&eacute;e par le professionnel. Il lui permet d&rsquo;asseoir un positionnement professionnel par rapport aux &eacute;l&egrave;ves&nbsp;&laquo;&nbsp;un comptoir en hauteur qui pose bien les choses&nbsp;&raquo; (PrdocB) et qui aide &agrave; se sentir pleinement professeur dans ce coll&egrave;ge. - &laquo;&nbsp;je me rends compte que je me mets derri&egrave;re et que &ccedil;a donne une position, c&rsquo;est curieux&nbsp;&raquo; (PrdocC).</p> <h3>&laquo;&nbsp;Parler est une mani&egrave;re d&rsquo;habiter&nbsp;&raquo; (Bonnin, 2002)</h3> <p>En interrogeant le CDI &agrave; l&rsquo;aune de la notion de &laquo;&nbsp;non-lieu&nbsp;&raquo; d&eacute;velopp&eacute;e par M. Aug&eacute; (1992), I. Fabre &amp; V. Couzinet&nbsp;(2008) font de la question lexicale, une question signifiante.&nbsp;L&rsquo;organisation par p&ocirc;les, mais aussi le lexique employ&eacute; pour les d&eacute;signer apparaissent &agrave; la fois comme responsables et symptomatiques de l&rsquo;absence de signification propre au non-lieu. Or, comme le rappelle P. Bonnin (ibid.), le langage participe de l&rsquo;habiter&nbsp;car nommer l&rsquo;espace &laquo;&nbsp;c&#39;est non seulement reconna&icirc;tre un lieu, mais se l&#39;approprier, lui donner consistance en le faisant sien, lui pr&ecirc;ter un sens, le produire en quelque sorte.&nbsp;&raquo;. En nous int&eacute;ressant au lexique employ&eacute; par les diff&eacute;rents acteurs pour d&eacute;crire et d&eacute;signer l&rsquo;espace, nous nous int&eacute;ressons aux mani&egrave;res dont ils reconfigurent l&rsquo;espace car &laquo;&nbsp;c&rsquo;est bien dans les cadres de la langue que nous pensons, c&rsquo;est bien &agrave; travers elle que nous &eacute;laborons nos r&eacute;flexions ou plus simplement que nous vivons au quotidien&nbsp;&raquo; (Souchier, 2012). &Agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de chaque CDI, les parties qui composent le CDI sont variables et font appel &agrave; des objets diff&eacute;rents&nbsp;: caract&eacute;ristique architecturale, objet du mobilier, type de ressource, fonctionnalit&eacute; de l&rsquo;espace sont autant d&rsquo;entr&eacute;es significatives qui organisent le CDI du point de vue des &eacute;l&egrave;ves comme des professionnels. Les mots et expressions sont h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes plus que st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;s, m&eacute;langeant organisation symbolique et mat&eacute;rielle, vocabulaire courant et plus professionnel. La variation du vocabulaire employ&eacute; de fa&ccedil;on inter-cat&eacute;gorielle ou intra cat&eacute;gorielle infirme un &eacute;tat statique qui fige l&rsquo;espace en un paysage lexicalement format&eacute;. Cette absence globale de lexique commun raconte un usage plus personnel que collectif, plus intuitif que norm&eacute; qui participe de l&rsquo;appropriation de l&rsquo;espace documentaire sur le mode sensible. Pour d&eacute;crire l&rsquo;organisation spatiale, un professionnel explique &laquo;&nbsp;je me suis dit que j&rsquo;allais faire des p&ocirc;les&nbsp;&raquo; et r&eacute;pertorie un &laquo;&nbsp;p&ocirc;le BD&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;p&ocirc;le lecture&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;p&ocirc;le fictions&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;p&ocirc;le documentaires&nbsp;&raquo; et un &laquo;&nbsp;p&ocirc;le enseignants&nbsp;&raquo; (PrdocA). Un autre, en revanche, pr&eacute;f&egrave;re parler d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;espace&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;pour moi &ccedil;a c&rsquo;est l&lsquo;espace biblioth&egrave;que, apr&egrave;s il y a l&rsquo;espace informatique, l&rsquo;espace de travail collectif&nbsp;&raquo; (PrdocB) mais aucun de ces deux termes n&rsquo;est unanimement utilis&eacute;. On trouve aussi dans les discours des appellations plus volontiers h&eacute;t&eacute;roclites&nbsp;: une zone, la salle de travail, les &eacute;tag&egrave;res, le rayon, le coin,&nbsp;qui leur conf&egrave;rent une certaine mat&eacute;rialit&eacute;. Un autre professionnel&nbsp;se r&eacute;f&egrave;re &eacute;galement &agrave; une organisation des supports par p&ocirc;le mais &eacute;voque aussi des formes g&eacute;om&eacute;triques &laquo;&nbsp;l&agrave; j&rsquo;ai fait un carr&eacute; livres documentaires&nbsp;&raquo; ou un &laquo;&nbsp;coin plus lecture albums, bandes-dessin&eacute;es, mangas&nbsp;&raquo; - &laquo;&nbsp;Moi c&rsquo;est mon p&ocirc;le fiction l&agrave; si tu veux, mais au milieu j&rsquo;ai l&rsquo;orientation, bon ben c&rsquo;est comme &ccedil;a, c&rsquo;est pas tr&egrave;s grave &raquo; (PrdocD). De la nature des ressources &agrave; la fonction des espaces, les crit&egrave;res de diff&eacute;renciation des sous-espaces ne sont pas universels. Dans les discours des &eacute;l&egrave;ves, l&rsquo;organisation du CDI est d&eacute;crite de fa&ccedil;on singuli&egrave;re et reprend rarement le lexique usit&eacute; par les professeurs documentalistes. Les sous-espaces sont variables&nbsp;: Pour un &eacute;l&egrave;ve le CDI &laquo;&nbsp;est divis&eacute; en trois, il y a le studio, les ordinateurs et puis les livres&nbsp;&raquo; (E3-A)&nbsp;tandis que pour le m&ecirc;me CDI, un autre explique qu&rsquo; il y a au CDI &laquo;&nbsp;un espace pour lire, un espace pour travailler, un espace pour faire des recherches&nbsp;&raquo; (E4-A). Si pour l&rsquo;un, il y a &laquo;&nbsp;une salle avec un vid&eacute;oprojecteur et une autre salle avec des livres et des ordinateurs&nbsp;&raquo; (E9-B), pour sa camarade (E7-B) qui se place &agrave; une autre &eacute;chelle, le CDI est d&eacute;crit &agrave; travers les ordinateurs, les livres, les tables et les fauteuils. L&rsquo;appropriation va parfois jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; alternative. Une &eacute;l&egrave;ve &eacute;voque le &laquo; studio &raquo; (E10-A) pour parler de la petite salle vitr&eacute;e situe &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du CDI, appellation qui provient de l&rsquo;activit&eacute; que cette &eacute;l&egrave;ve m&egrave;ne avec ses amis dans cette salle, &agrave; savoir le chant. Pour d&eacute;crire le &laquo;&nbsp;coin lecture&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;l&rsquo;espace lecture&nbsp;&raquo;, identifi&eacute; spatialement et lexicalement comme tel par les professionnels, les &eacute;l&egrave;ves ont recours &agrave; des expressions vari&eacute;es se rapportant au mobilier ou aux fonctions assign&eacute;es &agrave; cet espace &laquo;&nbsp;zone des fauteuils&nbsp;&raquo; (E5-C), &laquo;&nbsp;coin BD avec les poufs&nbsp;&raquo; (E9-B), &laquo;&nbsp;coin d&eacute;tente&nbsp;&raquo; (E6-E), &laquo;&nbsp;espace des livres qui sont le plus emprunt&eacute;s&nbsp;&raquo; (E7-D), &laquo;&nbsp;coin repos&nbsp;&raquo; (E9 D), &laquo;&nbsp;espace des livres, des BD, des mangas&nbsp;&raquo; (E4-A) &laquo;&nbsp;espace un peu sympa et d&eacute;tente&nbsp;&raquo; (E5-A).&nbsp;</p> <h3>Qualifier&nbsp;: des lieux communs sensibles</h3> <p>E. Souchier (2012) explicite la qualit&eacute; polysensorielle de l&rsquo;absorption des informations qui constituent notre espace dans toute sa quotidiennet&eacute;. La chaleur, la lumi&egrave;re, le bruit sont autant d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments qui participent d&rsquo;une appr&eacute;hension et d&rsquo;une appropriation sensibles de l&rsquo;espace par les &eacute;l&egrave;ves. Parmi les cinq sens, et au premier chef de ces lieux communs sensibles, celui de l&rsquo;ou&iuml;e est souvent convoqu&eacute; par les &eacute;l&egrave;ves. Dans les repr&eacute;sentations qu&rsquo;ont les &eacute;l&egrave;ves du CDI, le calme est une notion centrale r&eacute;currente. A l&rsquo;instar d&rsquo;autres &eacute;l&egrave;ves, c&rsquo;est m&ecirc;me la toute premi&egrave;re image qui vient &agrave; l&rsquo;esprit de certains &laquo;&nbsp;c&rsquo;est un endroit calme&nbsp;&raquo; (E8-E) &laquo;&nbsp;un espace calme, reposant o&ugrave; on s&rsquo;y sent bien&nbsp;&raquo; (E2-D). Le calme est associ&eacute; &agrave; l&rsquo;espace en soi en tant que qualit&eacute; intrins&egrave;que du lieu&nbsp;ou en tant que qualit&eacute; relative par rapport au reste du coll&egrave;ge, il s&rsquo;agit d&rsquo; &laquo;&nbsp;&ecirc;tre au calme et puis au coll&egrave;ge sinon c&rsquo;est tr&egrave;s bruyant&nbsp;&raquo; (E5-B), un &eacute;l&egrave;ve va m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; utiliser le superlatif &laquo;&nbsp;le plus calme&nbsp;&raquo; (E3-E). Cette qualit&eacute; se d&eacute;tache du lieu&nbsp;pour caract&eacute;riser un bien-&ecirc;tre, une sensation &laquo;&nbsp;pour &ecirc;tre dans le calme&nbsp;&raquo; (E6-B). D&eacute;tach&eacute;s des d&eacute;cibels, ces adjectifs renvoient &agrave; un &eacute;tat d&rsquo;esprit, &agrave; un repos symbolique, les &eacute;l&egrave;ves se sentent &laquo;&nbsp;au calme&nbsp;&raquo;, un &eacute;l&egrave;ve y trouve une forme de s&eacute;r&eacute;nit&eacute; tandis qu&rsquo;un autre va m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; d&eacute;centrer les ressources au profit du calme lui-m&ecirc;me, d&eacute;crivant le CDI comme &laquo;&nbsp;quelque chose de calme avec des livres&nbsp;&raquo; (E2-B). Les couleurs, le mobilier et la lumi&egrave;re sont des &eacute;l&eacute;ments qui participent aussi d&rsquo;une appr&eacute;hension et d&rsquo;une appropriation sensibles de l&rsquo;espace par les &eacute;l&egrave;ves&nbsp; quand ils appr&eacute;cient &laquo;&nbsp;un grand cdi, agr&eacute;able, illumin&eacute;&nbsp;&raquo; (E3-E) ou &laquo;&nbsp;l&rsquo;ambiance, les couleurs, le fait qu&rsquo;il y ait des livres un peu partout &raquo; (E8-B) -</p> <p>&Agrave; la diff&eacute;rence de la cour de r&eacute;cr&eacute;ation, le CDI en tant que pi&egrave;ce int&eacute;rieure chauff&eacute;e est &eacute;voqu&eacute; de fa&ccedil;on tr&egrave;s simple par les &eacute;l&egrave;ves dans leurs motivations de fr&eacute;quentation et dans la fa&ccedil;on dont ils se repr&eacute;sentent l&rsquo;espace. Ce facteur, non n&eacute;gligeable dans les usages des &eacute;l&egrave;ves, n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pas n&eacute;glig&eacute; par les professeurs documentalistes, certains &eacute;non&ccedil;ant clairement que les &eacute;l&egrave;ves &laquo;&nbsp;viennent se r&eacute;chauffer l&rsquo;hiver&nbsp;&raquo; (Prdoc B) - &laquo;&nbsp;midi-deux, ils viennent pour lire, &ecirc;tre au chaud&nbsp;&raquo; (PrdocC). Des &eacute;l&egrave;ves disent venir pour se r&eacute;chauffer tout en faisant une activit&eacute; propre au CDI &agrave; l&rsquo;image de cette &eacute;l&egrave;ve qui associe imm&eacute;diatement le CDI &agrave; &laquo;&nbsp;un espace chaud quand il fait froid&nbsp;&raquo; (E4-A), quand une autre avoue &laquo;&nbsp;j&rsquo;ai ma petite excuse, je viens souvent quand il fait froid&nbsp;&raquo; (E4-C) &laquo;&nbsp;Le CDI c&rsquo;est un espace chaud, il fait meilleur que dans la cour et &ccedil;a rajoute aussi&hellip;de passer de ce glacial o&ugrave; personne ne se parle au CDI chaleureux o&ugrave; tout le monde discute, tout le monde lit&nbsp;&raquo;&nbsp;(E8-A) : le glissement s&eacute;mantique op&eacute;r&eacute; entre le sens propre et le sens figur&eacute; conf&egrave;re &agrave; la chaleur une dimension doublement significative, &agrave; la fois physiologique et morale, et finalement &eacute;minemment sensible car au carrefour des sens et du sens.</p> <p>D&rsquo;un point de vue signifiant, la libert&eacute; apparait comme une notion centrale dans les discours des &eacute;l&egrave;ves. La majorit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves associent l&rsquo;espace de la documentation scolaire au sentiment de libert&eacute; &laquo;&nbsp;en fait, on a notre libert&eacute; ici&nbsp;&raquo; - &laquo;&nbsp;on peut s&rsquo;&eacute;vader, se lib&eacute;rer, y a tout qui nous est ouvert &raquo; (E1-B). La libert&eacute; &eacute;prouv&eacute;e concerne le type d&rsquo;activit&eacute;s que l&rsquo;on peut y mener &laquo;&nbsp;comme si c&rsquo;&eacute;tait une autre classe, mais on peut faire ce qu&rsquo;on veut&nbsp;&raquo; (E3-C). Parce que cet espace n&rsquo;est pas assign&eacute; &agrave; une seule fonction, il offre une possibilit&eacute; de choix qui peuvent &ecirc;tre pris en toute libert&eacute; &laquo;&nbsp;c&rsquo;est un espace libre et pas tr&egrave;s limit&eacute; parce que tu peux vraiment faire ce que tu veux, par exemple, t&rsquo;es pas oblig&eacute;, comme pourraient penser certains, de lire, si t&rsquo;as pas envie de lire, tu lis pas&nbsp;&raquo; (E8-A). La multi-activit&eacute;s potentielle et permise est souvent associ&eacute;e &agrave; ce sentiment de libert&eacute; &laquo;&nbsp;on peut y faire plein de choses, on peut lire, aller sur les ordinateurs&nbsp;&raquo; (E7-B). Une multi-activit&eacute;s qui permet de lutter contre un certain sentiment d&rsquo;ennui ou de r&eacute;p&eacute;tition. L&rsquo;espace CDI en ce qu&rsquo;il permet en un m&ecirc;me lieu diff&eacute;rentes activit&eacute;s, mais aussi diff&eacute;rentes postures et diff&eacute;rentes modalit&eacute;s de travail, &eacute;ventuellement interchangeables en cours d&rsquo;heure, est vu comme moins fortement ritualis&eacute; que d&rsquo;autres espaces scolaires &laquo;&nbsp;c&rsquo;est le seul endroit o&ugrave; on peut&hellip;pas forc&eacute;ment parler, mais faire ce qu&rsquo;on veut &agrave; peu pr&egrave;s, pas rester assis et &eacute;couter&nbsp;&raquo; (E6-B). Ce sentiment de libert&eacute; fortement exprim&eacute; par les &eacute;l&egrave;ves est &eacute;galement corr&eacute;l&eacute; &agrave; des choix spatiaux&nbsp;: on a la libert&eacute; de choisir &laquo;&nbsp;sa&nbsp;&raquo; place, sa position dans l&rsquo;espace, mais elle se r&eacute;f&egrave;re aussi &agrave; la libert&eacute; de circuler, de se d&eacute;placer &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du CDI alors que dans la classe, les d&eacute;placements sans autorisation demeurent transgressifs et la gestion de l&rsquo;espace tr&egrave;s codifi&eacute;e est un &eacute;l&eacute;ment cl&eacute; dans le maintien de l&rsquo;ordre rituel scolaire. (Delory-Momberger 2005) &laquo;on bouge beaucoup c&rsquo;est le but du CDI je trouve. On a une question, on se l&egrave;ve et on va chercher le dictionnaire et on se rassoit. On a fin notre travail on va poser nos affaires et apr&egrave;s on peut aller sur les ordinateurs, se documenter, s&rsquo;assoir par terre et lire le document &agrave; c&ocirc;t&eacute;&nbsp;&raquo; (E10-B). Pour autant, les &eacute;l&egrave;ves distinguent clairement libert&eacute; et anarchie et &eacute;voquent &agrave; plusieurs reprises leur sentiment de libert&eacute; &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur m&ecirc;me d&rsquo;un cadre r&eacute;glement&eacute; qui semble &agrave; la fois n&eacute;cessaire et appr&eacute;ciable &laquo;&nbsp;C&rsquo;est bien parce qu&rsquo;il y a des r&egrave;gles, mais, enfin, c&rsquo;est plus libre&nbsp;&raquo; (E4-E). Un &eacute;l&egrave;ve (E1-A) utilise m&ecirc;me l&rsquo;expression de &laquo;&nbsp;libert&eacute; conditionnelle&nbsp;&raquo; pour expliquer qu&rsquo;&laquo;&nbsp;on est &agrave; la fois en libert&eacute; mais &agrave; la fois surveill&eacute;&nbsp;&raquo; faisant ainsi &eacute;cho &agrave; une acception pleine et enti&egrave;re de l&rsquo;autorit&eacute; telle que l&rsquo;&Eacute;cole la poursuit et qui seule permet le d&eacute;veloppement de rapports sociaux.</p> <h2><a id="t3"></a>UN ESPACE DE SOCIABILITE</h2> <p>Le rapport &agrave; soi et aux autres apparait comme un pilier du sensible. Cette construction de l&rsquo;individu pour lui-m&ecirc;me, par lui-m&ecirc;me mais aussi pour les autres et par les autres s&rsquo;exerce dans l&rsquo;espace, et avec lui.</p> <h3>La sociabilit&eacute;&nbsp;: une dynamique spatiale&nbsp;?</h3> <p>&laquo;&nbsp;Dans sa d&eacute;finition la plus achev&eacute;e, la sociabilit&eacute; d&eacute;signe aujourd&rsquo;hui en sociologie, l&rsquo;ensemble des relations qu&rsquo;un individu entretient avec d&rsquo;autres compte tenu de la forme que prennent ces relations &raquo; (Rivi&egrave;re, 2004). Cette approche sociologique g&eacute;n&eacute;rique est d&rsquo;autant plus pertinente que la sociologie de la jeunesse a montr&eacute; comment la sociabilit&eacute; est une des caract&eacute;ristiques essentielles de la p&eacute;riode adolescente. O. Galland (2011) &eacute;voque une adolescence qui est &laquo;&nbsp;avant tout relationnelle&nbsp;&raquo;&nbsp;et qui accorde une place plus importante au &laquo;&thinsp;&ecirc;tre-ensemble&thinsp;&raquo; plus encore qu&rsquo;au &laquo;&thinsp;faire-ensemble&thinsp;&raquo;. Les activit&eacute;s scolaires ne peuvent suffire alors &agrave; d&eacute;finir et &agrave; comprendre les pratiques spatiales des acteurs. Ces activit&eacute;s s&rsquo;entrem&ecirc;lent &agrave; des pr&eacute;occupations d&rsquo;ordre social et instaurent un r&eacute;gime spatial plus complexe qui met en jeu des logiques plurielles. Dans une &eacute;tude qui s&rsquo;appuie sur un dispositif appel&eacute; &laquo;&nbsp;coll&egrave;ge id&eacute;al&nbsp;&raquo; au cours duquel des adolescents sont amen&eacute;s &agrave; commenter les plans de r&eacute;habilitation de leur coll&egrave;ge, A. Maurin (2010) &eacute;crit que &laquo;&nbsp;ce qu&rsquo;ils redoutent par-dessus tout, c&rsquo;est que ce qui leur est aujourd&rsquo;hui presque impossible, &agrave; savoir&nbsp;: rester &lsquo;tranquilles&rsquo; dans les couloirs pour &lsquo;parler ensemble&rsquo;, &lsquo;se raconter&rsquo;,&nbsp;&lsquo;discuter&rsquo;, &lsquo;blaguer&rsquo;, &lsquo;jouer &agrave; se bagarrer un peu&rsquo;, leur soit finalement interdit&nbsp;&raquo;. On retrouve dans la bouche des &eacute;l&egrave;ves cette m&ecirc;me pr&eacute;occupation &laquo;&nbsp;on a le droit de parler, de rire, de bouger, de discuter&nbsp;&raquo; (E1-D). Ces activit&eacute;s, essentielles dans la vie d&rsquo;un adolescent, ne sont pas r&eacute;serv&eacute;es aux espaces de circulation qui &eacute;chappent &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; mais peuvent aussi avoir lieu dans un espace traditionnel institutionnel habit&eacute;.</p> <p>Cette fonction induit des modes sp&eacute;cifiques d&rsquo;habiter l&rsquo;espace qui viennent se superposer &agrave; une lecture plus fonctionnelle. Il semble que l&rsquo;espace de sociabilit&eacute; soit un d&eacute;nominateur presque commun des repr&eacute;sentations des acteurs. Les professeurs documentalistes identifient clairement que la sociabilit&eacute; peut &ecirc;tre directement li&eacute;e &agrave; un projet d&rsquo;usage, les &eacute;l&egrave;ves viennent &laquo;&nbsp;discuter&nbsp;&raquo; (PrdocD), &laquo;&nbsp;papoter&nbsp;&raquo; (PrdocA), &laquo;&nbsp;&ecirc;tre en table ronde &agrave; plusieurs&nbsp;&raquo; (PrdocC). Quand la sociabilit&eacute; n&rsquo;apparait pas comme effective, elle est source de tension fonctionnelle pour le professionnel entre &laquo;&nbsp;espace de vie&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;espace scolaire&nbsp;&raquo; (PrdocE).</p> <p>Dans tous les &eacute;tablissements, les &eacute;l&egrave;ves expriment simplement ce besoin d&rsquo;&ecirc;tre ensemble, que celui-ci suppl&eacute;e toute autre forme d&rsquo;activit&eacute; ou vienne s&rsquo;y ajouter. D&rsquo;un point de vue g&eacute;n&eacute;ral, et m&ecirc;me si certains recherchent l&rsquo;isolement et la tranquillit&eacute;, la majorit&eacute; exprime cette possibilit&eacute; de &laquo;&nbsp;se regrouper ensemble&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;on lit ensemble, on se met l&agrave; on partage nos lectures&nbsp;&raquo; (E6-C) - &laquo;&nbsp;c&rsquo;est plus agr&eacute;able de rester avec des gens&nbsp;&raquo; (E4-B) - &laquo;&nbsp;c&rsquo;est bien ici parce qu&rsquo;on peut parler en m&ecirc;me temps, du coup on prend un livre, on parle en m&ecirc;me temps&nbsp;&raquo; (E7-D).</p> <p>La recherche de sociabilit&eacute; apparait comme un facteur d&eacute;cisif d&rsquo;occupation de l&rsquo;espace. &laquo;&nbsp;des fois c&rsquo;est &ccedil;a qui fait le truc c&rsquo;est que si le copain il est pas&hellip;.., si on a pas d&rsquo;ami au CDI, c&rsquo;est pas tr&egrave;s marrant&nbsp;&raquo; (E6-C). Pour expliquer comment il se rep&egrave;re dans le CDI, un &eacute;l&egrave;ve explique &laquo;&nbsp;c&rsquo;est vachement simple, d&rsquo;abord je vais &agrave; gauche, l&agrave; il y a un petit coin avec plein de gens assis en cercle avec des BD autour&nbsp;&raquo; (E5-A). Les &eacute;l&egrave;ves constituent ici l&rsquo;axe principal des rep&eacute;rage spatiaux tandis que les documents apparaissent comme un &eacute;l&eacute;ment p&eacute;riph&eacute;rique. La recherche de sociabilit&eacute; peut aller jusqu&rsquo;&agrave; conditionner l&rsquo;usage du dispositif documentaire propos&eacute;&nbsp;quand une &eacute;l&egrave;ve dit ne pas utiliser les ordinateurs au CDI &laquo;&nbsp;parce qu&rsquo;en fait sur ordinateur on est, on doit &ecirc;tre un par ordinateur, et souvent comme je viens avec mes amies, j&rsquo;ai plus envie d&rsquo;&ecirc;tre avec mes amies que d&rsquo;&ecirc;tre seule sur l&rsquo;ordinateur&nbsp;&raquo; (E1-C).</p> <p>La sociabilit&eacute; permise au CDI trouve, du c&ocirc;t&eacute; des &eacute;l&egrave;ves, sa mat&eacute;rialit&eacute; la plus achev&eacute;e dans le cercle &laquo;&nbsp;souvent avec mes amis, on va l&agrave; et on fait un cercle&nbsp;&raquo; (E2-C). Une &eacute;l&egrave;ve &laquo; trouve &ccedil;a bien, on est en rond. &Ccedil;a donne quelque chose &lsquo;tous &agrave; c&ocirc;t&eacute;&rsquo;&nbsp;&raquo; (E8-A). La figure du cercle apparait comme un motif social. Elle permet la reconstitution d&rsquo;une aire amicale emp&ecirc;ch&eacute;e dans d&rsquo;autres espaces de l&lsquo;&eacute;tablissement &laquo;&nbsp;des fois en permanence, on a pas le droit d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; c&ocirc;t&eacute; des amis, ils nous mettent un par table&nbsp;&raquo; (E4-C). En tant qu&rsquo;espace ferm&eacute;, elle permet d&rsquo;exercer un contr&ocirc;le sur l&rsquo;espace et les personnes autoris&eacute;es &agrave; l&rsquo;occuper. Pour un &eacute;l&egrave;ve, la table ronde est directement associ&eacute;e &agrave; son groupe de copains avec lequel il fr&eacute;quente le CDI, &laquo;&nbsp;parce que c&rsquo;est sympa d&rsquo;&ecirc;tre en rond tout autour de la table&nbsp;&raquo; (E6-C). La forme circulaire favorise les interactions entre pairs&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est mieux on peut toutes se voir, alors que dans les tables carr&eacute;es on doit, on est expr&egrave;s de tourner la t&ecirc;te et tout, alors que dans les tables rondes on jette juste un coup d&rsquo;&oelig;il et c&rsquo;est bon&nbsp;&raquo; (E1-C). Il s&rsquo;agit aussi de reconstituer une aire de sociabilit&eacute; &agrave; soi qui, pour exister, a parfois besoin d&rsquo;&ecirc;tre tenu &agrave; l&rsquo;&eacute;cart des autres, et surtout du professeur documentaliste. Une &eacute;l&egrave;ve raconte qu&rsquo;elle va tout au fond avec ses copines &laquo;&nbsp;comme &ccedil;a Mme X elle nous voit pas&nbsp;&raquo; et le livre apparait comme un alibi certain &laquo;&nbsp;on prend un livre dans la main et on fait semblant&nbsp;&raquo; (E3-E). On se cache &laquo;&nbsp;pour faire les b&ecirc;tises, des fois, on se met &agrave; la table du fond&nbsp;&raquo; (E6-C).</p> <h3>&Ecirc;tre soi au CDI</h3> <p>Le rapprochement de l&rsquo;espace CDI &agrave; l&lsquo;espace de la maison, voire &agrave; l&rsquo;espace encore plus intime, surtout &agrave; l&rsquo;adolescence, de la chambre &laquo;&nbsp;lieu qu&rsquo;ils d&eacute;signent comme leur &lsquo;endroit&rsquo; &agrave; eux, &lsquo;ma pi&egrave;ce&rsquo;, &lsquo;mon endroit perso&rsquo;&nbsp;&raquo; (Glevarec, 2010) r&eacute;v&egrave;le un processus d&rsquo;individuation&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est vraiment comme chez nous&nbsp;&raquo; (E10-B). C&rsquo;est le sentiment de r&eacute;confort et de protection qui sous-tend cette comparaison &agrave; l&rsquo;espace intime ou &agrave; celle de &laquo;&nbsp;bulle&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est ma petite bulle, c&rsquo;est l&rsquo;endroit o&ugrave; je me sens vraiment moi, l&agrave; o&ugrave; je peux exprimer ma personnalit&eacute;&nbsp;&raquo; (E2-D). Un autre &eacute;l&egrave;ve reconnait que le CDI l&rsquo;a chang&eacute;, lui a &laquo;&nbsp;forg&eacute;&nbsp;&raquo; son caract&egrave;re (E6-C). Il s&rsquo;agit aussi d&rsquo;occuper des parties volontairement plus recul&eacute;es pour jouir d&rsquo;un &laquo; petit effet renferm&eacute;&nbsp;&raquo; (E2-B). Les &eacute;l&egrave;ves investissent toute sorte d&rsquo;espace, chacun pouvant se (d&eacute;)poser dans un coin, dans une approche toute bachelardienne de l&rsquo;habiter (Bachelard, 1961) : &laquo;j&rsquo;aime bien des endroits r&eacute;serv&eacute;s. Dans ma chambre des fois je fais des cabanes avec des couvertures et tout, je fais encore &ccedil;a. J&rsquo;aime bien mon petit cocon&nbsp;&raquo; (E8-B). Le CDI, tout en &eacute;tant un &eacute;l&eacute;ment spatial d&rsquo;un syst&egrave;me scolaire cod&eacute; plus vaste, apparait comme ce qu&rsquo;A. Dizerbo (2017) appelle des &laquo;&nbsp;lieux &agrave; &lsquo;soi&rsquo; &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du lieu-&eacute;cole&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;chez-soi&nbsp;&raquo; au sens de P. Serfaty-Gazon (2003).</p> <h3>&laquo;&nbsp;Habiter c&rsquo;est toujours cohabiter&nbsp;&raquo; (Besse, 2013)</h3> <p>La cohabitation est consubstantielle du partage d&rsquo;un espace en commun. Elle op&egrave;re &agrave; diff&eacute;rents niveaux et, concerne non seulement les acteurs, mais aussi les actants.</p> <p>A. Sgard et A.F Hoyaux (2006) insistent sur le caract&egrave;re &rsquo;collectif&rsquo; de l&rsquo;espace scolaire, qui n&rsquo;est pas un espace &lsquo;public&rsquo; dans la mesure o&ugrave; il n&rsquo;est pas accessible &agrave; tous et qui n&rsquo;est pas &lsquo;commun&rsquo; dans la mesure o&ugrave; la pr&eacute;sence et le parcours des &eacute;l&egrave;ves rel&egrave;vent souvent plus d&rsquo;une contrainte que d&rsquo;un choix. A l&rsquo;&eacute;chelle du CDI, l&rsquo;espace &laquo;&nbsp;commun&nbsp;&raquo;, espace d&rsquo;&eacute;changes, de solidarit&eacute; entre pairs et d&rsquo;attention port&eacute;e aux autres qui fr&eacute;quentent volontairement le CDI, est la forme spatiale la plus partag&eacute;e. &Agrave; ce titre, plusieurs &eacute;l&egrave;ves ont manifest&eacute; une attention particuli&egrave;re &agrave; leurs pairs, ces autres qui fr&eacute;quentent le CDI, et qui ne sont pas n&eacute;cessairement leurs amis. La notion d&rsquo;&eacute;change agit comme une notion structurante, espace d&rsquo;&eacute;changes avec ses pairs, avec le professeur documentaliste, mais aussi &eacute;changes intellectuels en vue d&rsquo;enrichir ses connaissances. Les interactions avec les autres &eacute;l&egrave;ves sont recherch&eacute;es par des &eacute;l&egrave;ves, via des &eacute;changes directs par le langage ou indirects par l&rsquo;exposition de travaux. Une &eacute;l&egrave;ve explique le sens qu&rsquo;elle donne aux livres expos&eacute;s par les pairs dans le CDI : &laquo;&nbsp;pour moi &ccedil;a repr&eacute;sente le CDI parce que &ccedil;a repr&eacute;sente le fait que chacun dit ce qu&rsquo;il pense et d&rsquo;avoir cette connexion entre les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;&raquo; (E8-A).</p> <p>L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve en tant qu&rsquo;&laquo;&nbsp;animal politique&nbsp;&raquo; (Aristote, 2015) habite dans un espace commun dont il approuve les r&egrave;gles. Les pratiques ordinaires et les repr&eacute;sentations s&rsquo;articulent autour de l&rsquo;&eacute;change et du contact et concourent &agrave; la co-construction d&rsquo;un espace social. Elles participent d&rsquo;un &laquo;&nbsp;habiter ensemble&nbsp;&raquo; (Besse, ibid.) dans l&rsquo;espace de la documentation scolaire. La mise &agrave; disposition et le partage des outils sont des &eacute;l&eacute;ments cl&eacute;s dans le discours des &eacute;l&egrave;ves. Ils concernent surtout le num&eacute;rique, lequel est le plus souvent convoqu&eacute; comme outil relevant d&rsquo;un service public &laquo; parce qu&rsquo;il y en a qu&rsquo;ont pas internet comme &ccedil;a ils peuvent venir chercher ici&nbsp;&raquo; (E10-D). Ce partage r&eacute;v&egrave;le une solidarit&eacute; entre pairs &laquo;&nbsp;pas moi, mais pour les autres aussi, y en a qui ont pas d&rsquo;ordinateur chez eux, ni de t&eacute;l&eacute;phone&nbsp;&raquo; (E2-E). La juste r&eacute;partition des activit&eacute;s de loisir et de travail est &eacute;galement une pr&eacute;occupation partag&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;les jeux on n&rsquo;est pas oblig&eacute;. C&rsquo;est mieux de laisser ceux qui ont besoin de travailler sur les PC&nbsp;&raquo; (E10-C). On remarque dans ces propos une forte int&eacute;riorisation des codes propres au CDI, ciment du vivre ensemble dans un espace commun. La possibilit&eacute; faite &agrave; tous les &eacute;l&egrave;ves de proposer des ressources &agrave; acqu&eacute;rir participe &eacute;galement de ce sentiment d&rsquo;appartenance &agrave; un espace commun &laquo;&nbsp;au final, c&rsquo;est comme si tout le monde avait un petit bout du CDI&nbsp;&raquo; (E1-D).</p> <p>La relation &agrave; l&rsquo;espace est aussi marqu&eacute;e par les actants en pr&eacute;sence. L&rsquo;approche sensible nous incite &agrave; interroger les interrelations entre espace &eacute;nonc&eacute; et espace v&eacute;cu, examin&eacute;es du point de vue des acteurs. L&rsquo;&eacute;nonciation de l&rsquo;espace de la documentation scolaire est multiple, &agrave; la fois professionnelle institutionnelle, et scientifique. H. Fondin (2006) s&rsquo;interrogeait sur les grands principes qui fondent l&rsquo;organisation de l&rsquo;institution scolaire documentaire, et, r&eacute;futant l&rsquo;orientation-usager tout en concluant &agrave; l&rsquo;absence de grand principe directeur, reconnaissait la nette valorisation de l&rsquo;orientation &laquo;&nbsp;formation&nbsp;&raquo;. Cette orientation formative est &eacute;galement mise en avant d&rsquo;un point de vue l&eacute;gal quand la circulaire de missions d&eacute;finit le CDI comme &laquo;&nbsp;un espace de formation et d&#39;information ouvert &agrave; tous les membres de la communaut&eacute; &eacute;ducative.&raquo;.<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;Cette convergence laisse entrevoir un principe fort qui enracine l&rsquo;espace. Pourtant, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t port&eacute; &agrave; la formation dans l&lsquo;organisation de l&rsquo;espace semble assez limit&eacute;. Les orientations usages et usager sont, du point de vue du professionnel, les orientations tr&egrave;s majoritairement vis&eacute;es et &eacute;nonc&eacute;es&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est vraiment l&rsquo;usage qui est central&nbsp;&raquo; (Prdoc B).&nbsp; Elles se d&eacute;clinent de fa&ccedil;on tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne&nbsp;: la simplification de la cotation, le choix des acquisitions, l&rsquo;am&eacute;nagement du lieu, la facilitation des acc&egrave;s aux ressources ou le contenu des formations sont autant de signes explicites mis en avant par les professionnels pour illustrer cette orientation. L&rsquo;orientation usager apparait aussi comme une opposition assum&eacute;e &agrave; la technique&nbsp;: &laquo;&nbsp;une prise en compte plus de l&rsquo;usager plus que de la technique. Pour un puriste, ce serait peut-&ecirc;tre pas bien du tout.&nbsp;&raquo; explique PrdocD &agrave; propos de la personnalisation et de la simplification des cotes. Un professionnel explique comment il a model&eacute; ses choix &laquo;&nbsp;au regard de ce vers quoi ils vont et j&rsquo;ai gard&eacute; un petit pourcentage de choses que je leur propose parce qu&rsquo;il faut quand m&ecirc;me leur proposer des choses&nbsp;&raquo;. Les usages au sein de l&rsquo;espace de la documentation scolaire contredisent parfois des repr&eacute;sentations id&eacute;ales comme l&rsquo;exprime ce professeur documentaliste &agrave; propos du catalogue &laquo;&ccedil;a c&rsquo;est l&rsquo;id&eacute;al des &eacute;l&egrave;ves qui utiliseraient tous, super, le logiciel documentaire &agrave; la maison&nbsp;&raquo; (PrdocE)- &laquo;&nbsp;il faudrait que les &eacute;l&egrave;ves prennent l&rsquo;habitude, que ce soit un peu comme un r&eacute;flexe, ils cherchent quelque chose il faudrait qu&rsquo;ils aillent, mais c&rsquo;est loin d&rsquo;&ecirc;tre &ccedil;a&nbsp;&raquo; (PrdocA) ou de la figure de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve autonome &nbsp;&laquo;&nbsp;techniquement tout est mis en place pour qu&rsquo;ils soient autonomes l&agrave;-dessus&nbsp;: y peuvent interroger e-sidoc<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref7">[7]</a>, ils ont le toucan<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;l&agrave; sur le comptoir, enfin bon y a plein d&rsquo;outils pour, bon ils vont g&eacute;n&eacute;ralement passer par moi&nbsp;&raquo; (PrdocB).</p> <p>L&rsquo;espace est aussi le point de rencontre entre des mod&egrave;les de formation, tels qu&rsquo;ils sont, ou ont &eacute;t&eacute;, enseign&eacute;s ou partag&eacute;s entre pairs et les usages effectifs des &eacute;l&egrave;ves. A l&rsquo;instar du professeur documentaliste qui justifie ainsi le classement des fictions &laquo;&nbsp;Parce que je les ai vus toujours comme &ccedil;a&nbsp;&raquo; (PrdocC). &laquo;&nbsp;Je suis convaincue que c&rsquo;est formateur d&rsquo;apprendre &agrave; utiliser un livre documentaire et de travailler dessus, je suis convaincue &agrave; 100%, mais sauf qu&rsquo;ils le font pas, le principe de r&eacute;alit&eacute;, c&rsquo;est que &ccedil;a ne se fait pas&nbsp;&raquo;, ce constat oblige PrdocE &agrave; r&eacute;orienter ses objectifs de formations au regard des usages constat&eacute;s. Le principe de r&eacute;alit&eacute; se heurte parfois explicitement &agrave; celui de plaisir quand les ressources achet&eacute;es par plaisir ne rencontrent pas les besoins des &eacute;l&egrave;ve (PrdocB).</p> <p>Les logiques d&rsquo;activit&eacute;s r&eacute;elles des &eacute;l&egrave;ves ne s&rsquo;inscrivent pas toujours non plus dans un espace national programmatique et prescriptif commun. Le CDI ouvert &agrave; tous, &laquo;&nbsp;de la 6e &agrave; la 3e, de ceux qui font chier le monde dans la cour &agrave; ceux qui ont &eacute;norm&eacute;ment de potes&nbsp;&raquo; (E1-A), ne fait pas exception. La cohabitation peut &ecirc;tre source de tensions quand elle rassemble dans un m&ecirc;me lieu des &eacute;l&egrave;ves qui n&rsquo;ont pas tous les m&ecirc;mes projets d&rsquo;usage. Alors, plus subie que choisie, elle apparait comme un point de cristallisation&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est pas que &ccedil;a me g&ecirc;ne, mais je trouve &ccedil;a pas correct d&rsquo;utiliser un endroit pour faire &ccedil;a, juste pour se r&eacute;chauffer, alors que de base c&rsquo;est pour travailler&nbsp;&raquo; (E5-C) L&rsquo;usage de r&eacute;f&eacute;rence, &agrave; savoir le travail, s&rsquo;oppose &agrave; un usage d&eacute;tourn&eacute; qui apparait comme d&eacute;viant par rapport &agrave; un usage norm&eacute;. Un &eacute;l&egrave;ve, qui appr&eacute;cie d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;&eacute;loign&eacute; du monde&nbsp;&raquo; au CDI, d&eacute;plore, la pr&eacute;sence de &laquo;&nbsp;petits intrus&nbsp;&raquo;&nbsp;qui &laquo; restent l&agrave; juste pour discuter&nbsp;&raquo; (E1-B). La cohabitation d&rsquo;usages h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes dans un lieu unique soul&egrave;ve des questions d&rsquo;affiliation qui se posent pr&eacute;cis&eacute;ment en termes d&rsquo;espace&nbsp;: &laquo;&nbsp;je vois qu&rsquo;il y a un manque, ils ont peut-&ecirc;tre besoin d&rsquo;endroit justement, ils ont besoin de ce c&ocirc;t&eacute; pour se d&eacute;fouler, pour rigoler&nbsp;&raquo;(E10-B).</p> <p>Parce qu&rsquo;elles constituent l&rsquo;exp&eacute;rience quotidienne des acteurs dans l&rsquo;espace, la question de la l&eacute;gitimit&eacute; de ces pratiques est hors de propos pour le chercheur (Amar et al., ibid.). Pour les &eacute;l&egrave;ves, les pratiques sont un marqueur fort de l&rsquo;espace et c&rsquo;est &agrave; travers elles qu&rsquo;ils se le repr&eacute;sentent. Ils associent tr&egrave;s directement l&rsquo;espace documentaire aux activit&eacute;s que l&rsquo;on peut y mener&nbsp;: lire, travailler, faire ses devoirs, travailler sur l&rsquo;ordinateur, faire des jeux &eacute;ducatifs mais aussi s&rsquo;instruire et se cultiver, se d&eacute;tendre, se reposer, faire des recherches, se documenter, ou dessiner. Les &eacute;l&egrave;ves construisent un espace d&rsquo;activit&eacute;s contextuel qui interroge l&rsquo;espace &eacute;nonc&eacute; : &laquo;&nbsp;Apr&egrave;s tout on peut pas dire qu&rsquo;ils fassent du bruit, c&rsquo;est pas du travail non plus, je suis pas vraiment l&agrave; pour &ccedil;a, mais bon&nbsp;&raquo; (PrdocB) - &laquo;&nbsp;Je pr&eacute;f&egrave;re qu&rsquo;ils viennent. M&ecirc;me pour pas faire grand-chose que de plus venir parce que je vais les emb&ecirc;ter &agrave; faire&hellip;. Les obliger &agrave; faire quelque chose qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas envie. Parce qu&rsquo;ils viennent, ils feuillettent, ils font des petites choses, ils travaillent ensemble. C&rsquo;est pas extraordinaire, c&rsquo;est pas un mod&egrave;le de fonctionnement de CDI&nbsp;&raquo; (PrdocC). Dans ces tensions prot&eacute;iformes, l&rsquo;attention port&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cart entre r&eacute;alit&eacute; et virtualit&eacute; cr&eacute;e un espace singulier fa&ccedil;onn&eacute; par les acteurs dans une interaction dynamique qui les oblige &agrave; d&eacute;velopper des strat&eacute;gies spatiales. L&rsquo;attention port&eacute;e au sensible, &agrave; la fois comme approche m&eacute;thodologique et objet d&rsquo;&eacute;tude apparait alors comme une entr&eacute;e f&eacute;conde pour questionner l&rsquo;utopie au sens o&ugrave; l&rsquo;entendent A. Cordier &amp; V. Liqu&egrave;te (2018)&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Interroger les utopies revient &agrave; analyser et tenter de comprendre une &eacute;poque, un moment d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;, et &agrave; consid&eacute;rer les attentes des acteurs, que nous ayons &agrave; faire &agrave; des masses ou &agrave; des groupes d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, professionnel, sectoriel, etc. L&rsquo;utopie s&rsquo;inscrit ainsi comme force d&rsquo;opposition &agrave; des modalit&eacute;s d&rsquo;organisation sociale, &eacute;conomique, technique et revendique des formes de changement pour une suppos&eacute;e am&eacute;lioration de l&rsquo;ordre des choses&nbsp;&raquo;.</p> <h2><a id="t4"></a>CONCLUSION</h2> <p>L&rsquo;approche sensible, vue dans une tradition philosophique rationaliste comme emp&ecirc;chante, est parfois m&eacute;pris&eacute;e au profit d&rsquo;une d&eacute;marche rationnelle et scientifique jug&eacute;e &agrave; la fois plus noble et plus probante et qui seule permettrait d&rsquo;acc&eacute;der aux faits, au vrai et au certain. Pourtant, donner &agrave; voir le sensible &laquo; ne signifie pas renoncement et d&eacute;ficit de scientificit&eacute;, mais au contraire progression en mode mineur dans les arcanes du sensible et du sensoriel, plus pr&egrave;s du sujet, de l&rsquo;exp&eacute;rience, de la saveur des choses et du monde&nbsp;&raquo; (Boutaud, Dufour, Hugol-Gential, 2016). La difficult&eacute; pour le chercheur &agrave; saisir cet &laquo;&nbsp;intelligible complexe&nbsp;&raquo; (Laplantine, 2007), n&rsquo;en reste pas moins grande.</p> <p>Comment ne pas faire sienne l&rsquo;interrogation de l&rsquo;&eacute;crivain G. Perec (1989)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, I&rsquo;&eacute;vident, le commun, l&rsquo;ordinaire, l&rsquo;infra-ordinaire, le bruit de fond, I&rsquo;habituel, comment en rendre compte, comment l&rsquo;interroger, comment le d&eacute;crire ?&nbsp;&raquo; Cette question du sensible pose, de fait, des questions d&rsquo;ordre m&eacute;thodologique. Pour embrasser toute cette complexit&eacute; sensible, il revient au chercheur de d&eacute;multiplier les inventions et les variations sur le terrain. Les travaux d&rsquo;I. Fabre (2006) autour de l&rsquo;espace documentaire &agrave; travers les textes et images litt&eacute;raires contribuent &agrave; cette approche sensible de l&rsquo;espace documentaire et nous laissent entrevoir toute sa richesse. En construisant des m&eacute;thodologies participatives centr&eacute;es sur l&rsquo;image, des chercheurs en SIC cherchent &agrave; appr&eacute;hender la pratique par son versant sensible, &agrave; l&rsquo;instar de C. Dupin de Saint Cyr-Heckel (2018) qui interroge les pratiques et postures de lecture &agrave; travers le dessin. Au-del&agrave; des seules m&eacute;thodes visuelles, l&rsquo;anthropologie de l&rsquo;olfaction ou encore l&rsquo;ethnographie sensorielle offrent, dans le champ des sciences humaines et sociales, des pistes &eacute;pist&eacute;mologiques et m&eacute;thodologiques int&eacute;ressantes qui peuvent potentiellement enrichir la compr&eacute;hension des lieux de savoir en faisant &eacute;merger des repr&eacute;sentations et des usages ordinaires, souvent fuyants et impens&eacute;s. L&rsquo;appel de F. Laplantine (ibid.) pour une &laquo;&nbsp;&eacute;pist&eacute;mologie de la continuit&eacute;&nbsp;&raquo; invite les chercheurs &agrave; jouer de ces fronti&egrave;res qui quadrillent l&rsquo;espace de la recherche pour mieux l&rsquo;habiter.</p> <h2><a id="t5"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Amar, M. et al. (2019).&nbsp;Habitu&eacute;s, s&eacute;journeurs, habitants.&nbsp;Bulletin des biblioth&egrave;ques de France (BBF),&nbsp;2019, n&deg;&nbsp;17, p. 32-41.</p> <p>Aristote (2015). Les politiques. Paris&nbsp;: Flammarion.</p> <p>Aug&eacute;, M. (1992). Non-lieux&nbsp;: Introduction &agrave; une anthropologie de la surmodernit&eacute;. Paris&nbsp;: Seuil.</p> <p>Bachelard, G. (1961). La po&eacute;tique de l&rsquo;espace. Paris : Les Presses universitaires de France, 3e &eacute;dition.</p> <p>Bernoux, P. (1998). 15. Syst&egrave;mes d&#39;autorit&eacute; et relations de pouvoir au sein d&#39;une organisation. Dans : Michel De Coster &eacute;d.,&nbsp;Trait&eacute; de sociologie du travail&nbsp;(pp. 359-376). Louvain-la-Neuve, Belgique : De Boeck Sup&eacute;rieur.&nbsp;</p> <p>Berque, A. (2010). Logique des lieux de l&#39;&eacute;coum&egrave;ne.&nbsp;Communications, 87(2), 17-26.</p> <p>Besse, J.M. (2013). Habiter un monde &agrave; mon image. Paris&nbsp;: Flammarion.</p> <p>Bonnin, P. (2002) Nommer/habiter. Langue japonaise et d&eacute;signation spatiale de la personne. Dans &nbsp;Bonnin, P. (dir) Communications, 73, 2002. Mani&egrave;res d&#39;habiter, pp. 245-265.</p> <p>Boub&eacute;e, N. (2008). Les strat&eacute;gies des jeunes chercheurs d&#39;informations en ligne.&nbsp;Questions de communication, 14(2), 33-48.</p> <p>Boutaud,J.J., Dufour, S. &amp; Hugol-Gential, C. (2016). Pour une approche qualitative du sensible.&nbsp;Recherches Qualitatives, ARQ Association pour la Recherche Qualitative, 2016, Prudence empirique et risque interpr&eacute;tatif, 341-354.</p> <p>Boutaud, J.J. (dir.) 2016. Sensible et communication : du cognitif au symbolique. Paris&nbsp;: ISTE &eacute;dition.</p> <p>Certeau, M. de. (1990). L&rsquo;invention du quotidien. 1. Arts de faire. Paris&nbsp;: Gallimard.</p> <p>Cordier A., Liqu&egrave;te V. (2018). Utopies contemporaines en information-documentation. Paris&nbsp;: ISTE &eacute;dition.</p> <p>Delory-Momberger, C. (2005). Espaces et figures de la ritualisation scolaire.&nbsp;&nbsp;Herm&egrave;s, La Revue, 43,(3), 79-85.</p> <p>Dizerbo, A. (2017). &laquo;&nbsp;Quels murs pour quelle &eacute;cole&nbsp;? Architecture scolaire, normes scolaires et figures d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves&nbsp;&raquo;,&nbsp;&Eacute;ducation et socialisation&nbsp;[En ligne], 43&nbsp;|&nbsp;2017, mis en ligne le 01 f&eacute;vrier 2017, consult&eacute; le 18 f&eacute;vrier 2019.</p> <p>Dupin de Saint Cyr-Heckel, C. (2018). Le dessin comme m&eacute;diation, du portrait &agrave; la sc&egrave;ne de lecture&nbsp;: questionner les pratiques de lecteurs au coll&egrave;ge (Th&egrave;se de doctorat). Sciences de l&rsquo;information et de la communication. Universit&eacute; de Toulouse.</p> <p>Fabre, I. (2006).&nbsp;<a href="http://www.sudoc.abes.fr/xslt/DB=2.1/SET=1/TTL=1/CLK?IKT=1016&amp;TRM=L%27espace+documentaire+comme+espace+de+savoir">L&#39;espace documentaire comme espace de savoir</a>&nbsp;: itin&eacute;raires singuliers et imaginaires litt&eacute;raires (Th&egrave;se de doctorat). Sciences de l&rsquo;information et de la communication. Universit&eacute; de Toulouse.</p> <p>Fabre, I. (2013). L&rsquo;espace documentaire comme lieu de m&eacute;diations. Revue Esquisse.</p> <p>Fabre, I. &amp; Couzinet, V. (2008) D&eacute;sir, curiosit&eacute;, culture informationnelle : l&#39;organisation des savoirs au c&oelig;ur de l&#39;histoire des id&eacute;es. 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Les missions des professeurs documentalistes. Circulaire n&deg;2017-051 du 28 mars 2017, Bulletin Officiel de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale n&deg;13 du 30 mars 2017 disponible sur&nbsp;<a href="http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=114733">http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=114733</a>&nbsp;[consult&eacute; le 31 juillet 2019]</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>Sensible. (2005). Dans Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. 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A, B, C, D et E&nbsp;&raquo;&nbsp;; les &eacute;l&egrave;ves de &laquo;&nbsp;E1 &agrave; E10&nbsp;&raquo;, ainsi &laquo;&nbsp;E1-A&nbsp;&raquo; est employ&eacute; pour l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve 1 du coll&egrave;ge A, etc.&nbsp;; les professeurs documentalistes sont cod&eacute;s &laquo;&nbsp;Prdoc&nbsp;&raquo;, ainsi &laquo;&nbsp;PrdocA&nbsp;&raquo; est employ&eacute; pour le professeur documentaliste du coll&egrave;ge A, etc.</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>&nbsp;Ordinaire. (2005). Dans Rey, A. (dir.). Dictionnaire Culturel en langue fran&ccedil;aise. Paris&nbsp;: Le Robert.</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>&nbsp;Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur et de la recherche. Les missions des professeurs documentalistes. Circulaire n&deg;2017-051 du 28 mars 2017, Bulletin Officiel de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale n&deg;13 du 30 mars 2017 disponible sur&nbsp;<a href="http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=114733">http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=114733</a>&nbsp;[consult&eacute; le 31 juillet 2019]</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftnref7" id="ftn7">[7]</a>&nbsp;e-sidoc&nbsp;: portail d&rsquo;information et de recherche documentaire d&eacute;velopp&eacute; par &laquo;&nbsp;R&eacute;seau Canop&eacute;&nbsp;&raquo; et pr&eacute;sent dans la majorit&eacute; des centres de documentation et d&rsquo;information fran&ccedil;ais.</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-6-2019-questionner-les-manieres-d-habiter-les-espaces-documentaires-d-acces-aux-savoirs-une-approche-sensible-et-comprehensive/751-de-l-habiter-dans-l-espace-documentaire-scolaire-approche-sensible-valentine-mazurier#ftnref8" id="ftn8">[8]</a>&nbsp;Toucan&nbsp;: repr&eacute;sentation graphique de la classification de Dewey sous forme de toucan, qui attribue &agrave; chaque classe une couleur et une partie de l&rsquo;oiseau. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un outil p&eacute;dagogique sous forme d&rsquo;affiche &eacute;dit&eacute; par le CEDIS.</p>