<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La grève de longue haleine menée par les scénaristes et acteurs américains a imposé l’intelligence artificielle générative comme un sujet de débat au sein des professions créatives de l’audiovisuel. En effet, les 11 500 membres de la Writers Guild of America ont cessé le travail avec pour revendications trois points majeurs concernant l’IA : elle ne doit pas être reconnue comme écrivant ou récrivant du « matériel littéraire », elle ne doit pas non plus être considérée comme auteur d’un « matériel source » et enfin le syndicat réclame que les œuvres des scénaristes ne soient pas utilisées pour entraîner des IA génératives. Si les enjeux ne mobilisent pas dans des proportions comparables en France, il demeure que le lancement du robot conversationnel ChatGPT en novembre 2022, puis l’annonce par les studios américains du recours à l’IA pour concevoir des scénarios, a suscité une vive émotion chez les professionnels de l’audiovisuel comme en témoignent les âpres négociations autour de l’IA Act européen. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Pourtant, l’IA est déjà largement implantée et exploitée dans le domaine audiovisuel, notamment sous l’impulsion de Netflix. Dans le secteur, l’usage le plus répandu est celui de <i>deep learning</i> ou de <i>machine learning </i>afin d’améliorer les systèmes de recommandations et de fournir des contenus jugés plus pertinents à partir des données utilisateurs. France Télévisions s’est ainsi dotée depuis 2020 d’un service dédié à l’IA, en partenariat avec Capgemini, et chargé de collecter et traiter les métadonnées liées à ses programmes. Outre ce volet, l’IA est désormais mobilisée dès les bancs de montage ou en post-prod notamment en recourant à des algorithmes de vision par ordinateur et de Speech to text qui servent à automatiser et systématiser des tâches nécessaires mais chronophages et répétitives. Si le recours généralisé à une IA cantonnée à des besognes subalternes n’a pas semblé susciter de levée de boucliers chez les professionnels, le développement de l’IA dite générative paraît changer la donne. Cependant, malgré l’unisson apparent des syndicats, des personnels créatifs affirment recourir à l’IA afin d’optimiser certaines phases de leur travail : la scénariste et réalisatrice française Anna Apter qui a remporté deux prix au Nikon Film Festival grâce à son court-métrage <i>Imagine</i> réalisé à l’aide de MidJourney, le scénariste Simon Bouisson a conçu son prochain film avec GPT-3 lors d’une résidence à la Villa Albertine en Californie tandis que la ville de Montpellier a accueilli le premier festival dédié aux courts-métrages réalisés à l’aide des IAG.</span></span></span></p>
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<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans ce contexte, la communication proposée souhaite s’interroger sur les usages effectifs des IAG dans le secteur audiovisuel français, mais aussi sur les stratégies développées par les structures ou les individus afin d’intégrer ces technologies dans leurs pratiques professionnelles. Pour ce faire, la présentation s’appuie sur une enquête sociologique d’inspiration ethnographique, fondée sur une vingtaine d’entretiens qualitatifs réalisés auprès de diffuseurs, producteurs et personnels créatifs de différents secteurs de l’audiovisuel (télévision, plateformes et RSN, jeu vidéo et animation). </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Il s’agit donc dans une première partie d’élaborer un panorama d’usages qui fait émerger trois strates d’utilisation : des usages dits bureautiques, puis des usages semi-créatifs et enfin des usages proprement créatifs. Corrélés à cette étape préliminaire, je propose de mettre en évidence les gains perçus par les usagers notamment en termes de temps, d’efficacité ou encore de créativité. Il apparaît ainsi qu’une des fonctions cardinales des IAG réside dans la dimension communicationnelle de ces outils, appréhendés à la fois comme interface entre les collaborateurs et comme réducteur d’incertitude. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Puis, la seconde partie souhaite se concentrer sur les liens spécifiques entre IAG et créativité dans le secteur audiovisuel. Il s’agit ainsi de déterminer les étapes du processus créatif susceptibles d’investiguer les potentialités des IAG ainsi que leur apport, notamment lors des phases amont d’idéation et d’élaboration. Enfin, je propose de détailler les modes de collaboration entre créateurs et machines (« cyborg » ou « centaure »), le « dialogue » et le rôle endossé par ces technologies dans la création. </span></span></span></p>