Dans l’histoire de l’humanité, des innovations majeures ont rythmé le développement de la société. Ces inventions, adoptées par l’Homme au fur et à mesure de son évolution, ont permis l’essor de sa condition et le développement des civilisations. C’est avec l’invention de l’écriture, puis de son adoption, que nous sommes entrés dans l’histoire. Vu comme une compétence extérieure et étrangère (Platon), l’écriture peut être comparée à l’informatique moderne : une révolution qui change notre façon de penser (sens) et nos interactions avec le monde. L’intelligence artificielle, qui bien qu’ancienne sur le papier, a vu depuis les années 2012, une accélération dans l’hétérogénéité de ses adoptions et usages. C’est la sommation des réseaux de neurones profonds, du big data et de la capacité de calcul qui a rendu le deep-learning viable et utilisable à grande échelle. Les nombreux domaines d’applications ont facilité les perspectives d’utilisation de la technologie. Plus récemment, la diffusion de ChatGPT a amené une prise de conscience du grand public sur la grande évolution de ces modèles et leur utilité pour se substituer à de vulgaires moteurs de recherches. C’est principalement ce dernier qui suscite engouement, doutes et questionnements sur l’avenir professionnel de nombreux secteurs dont une potentielle perte de sens. Dans un monde de plus en plus connecté et dépendant de la technologie, l'IA offre des possibilités infinies pour résoudre des problèmes complexes, automatiser des tâches fastidieuses et améliorer l'efficacité globale des processus. Il est en revanche nécessaire de préciser que dans de nombreux corps de métiers (droit, graphisme, industrie, médecine,…), des modèles ou méthodes algorithmiques se substituent déjà depuis longtemps à des activités automatisables. SIRI, assistant vocal d’Appel, a été racheté en 2010 puis redéveloppé sous sa forme actuelle en 2011. L’ajout du langage, d’une capacité de discussion à une calculette ou un ordinateur, facilite grandement l’interaction homme machine, progrès actuel amené par les LLM. Dans de nombreux secteurs, ce n’est pas l’homme ou la machine qui sont en compétition pour décrocher un poste. Il convient de préciser que l’association de l’IA à l’homme permet d’enrichir les pratiques professionnelles pour arriver à de meilleurs résultats. Cette évolution peut être trop rapide, du moins pas assez encadrée à date, est peut être ce qui questionne en matière d’innovation, tout comme l’ont été les démocratisations de l’informatique, d’internet et des téléphones portables. Cette transformation de nos usages et compétences, et peut être ce qui nourrit la crainte d’obsolescence d’une part, voire des perspectives d’augmentation des capacités humaines qui nous rapprochent encore un peu plus du transhumanisme d’autre part. Il semble difficile en l’état de répondre à la question : « l'IA est-elle en train de redéfinir le travail et sa valeur ? » On peut en revanche préciser que son emploi, au même titre que l’écriture, l’informatique et internet, devient incontournable. Elle s’avère déjà être une compétence changeante qui modifie les pratiques quotidiennes de nombreux travailleurs. Dans une autre mesure, elle ouvre à de nouveaux métiers tel que celui de prompteur : le tapeur de mots clés de demain ? Une injonction économique de cette nouvelle compétence à acquérir ? Mais à nouveaux outils peuvent émerger des utilisations dont les résultats peuvent être bien éloignées des souhaits premiers (cyberattaque, fake news,…). Si, l’on se réfère aux romans d’anticipation, la SF ou autre conte dystopique, nous irions vers un monde ou nous aurions du mal à discerner le vrai du faux : observation d’autant plus juste à quelques jours de la sortie de Sora d’OpenAI. Ainsi nous pourrons réfléchir et apporter des éléments de réponses lors de ce colloque aux questions suivantes : Quel sens donner à ces nouvelles pratiques qui se substitueraient à l’apprentissage d’une vie (avocat, designer, graphisme, photographie,…) ? Des usages se normaliseront-ils ou verrons nous émerger principalement des détournements de ces outils ? Enfin, et compte tenu des résultats probabilistes de l’IA, quel sens donner aux outputs de cet outil qui articule déjà de nouvelles façons de travailler et communiquer ?