Axe 1 : Télémédecine et activités du patient/soignant : soin distant, présence connectée et proximité re-négociée  La télémédecine vise à répondre aux problèmes de santé publique de grande importance d’un point de vue social et économique, comme la hausse démographique des personnes âgées et la baisse du nombre de médecins qui sont couplés à des problématiques d’inégalités de santé territoriales (Mathieu-Fritz et al., 2012). Cette pratique est appelée à se développer dans une logique de complémentarité avec les consultations « physiques » et du respect du parcours de soins (Naty-Daufin et Carmona, 2012). Néanmoins, son déploiement eu égard aux objectifs fixés est jugé globalement décevant, inégal et balbutiant notamment au sein des EHPAD (Gaglio et Mathieu Fritz, 2018). L’un des freins de la télémédecine en EHAPD est lié au défaut d’implication du personnel médical pour la réalisation des téléconsultations (Dupouy, 2020). Devant ce faible engagement des praticiens au sein de ces établissements se pose des questions essentielles : Comment les praticiens d’EHPAD se représentent-ils l’usage projeté de la téléconsultation ? Dans quelle mesure cette représentation peut-elle favoriser ou défavoriser leur adhésion ? Nous avons abordé cette problématique dans le cadre d’une expérimentation d’implémentation de la téléconsultation au sein des EHPAD de la Mutualité Française de Bourgogne (MFB). Nous avons mené une recherche axée sur une approche compréhensive conduite sur 10 mois (entre septembre 2021 et juin 2022) auprès des praticiens (directeurs, médecins coordinateurs, infirmiers, aides-soignants et agents des services hospitaliers) de deux EPHAD participant à l’expérimentation. Cette recherche nous a permis de réaliser 20 entretiens semi-directifs auprès de cette population.  L’objectif appliqué à cette recherche est d’élaborer une cartographie de facteurs qui démotivent le personnel sur l’usage projeté de la téléconsultation pour permettre de mieux appréhender et anticiper sur cet aspect. Les résultats de l’enquête montrent que le ressenti sur le déploiement futur de la téléconsultation des professionnels au sein de leur établissement respectif est mitigé, voire défavorable. La tendance est encore plus marquée dans l’établissement témoin par rapport à l'établissement test. Nous pensons que ce ressenti défavorable est lié à la place du facteur humain dans la stratégie de mise en place de la téléconsultation. Cela se manifeste, entre autres, à travers la méconnaissance des outils du dispositif par les professionnels et le manque de formation et de pratique pour son futur usage. D’autres facteurs ont été mis en évidence lors de nos analyses notamment l’engagement de la responsabilité du personnel paramédical, le manque de conviction quant à l’utilité de la téléconsultation, le désaccord quant au principe du médecin à distance et le changement récurrent des équipes. Bibliographie DUPOUY, J, (2019), État des lieux de la télémédecine en EHPAD en France métropolitaine et dans les DROM. Thèse de doctorat en médecine, Université de Bordeaux. GAGLIO, G. et MATHIEU-FRITZ, A. (2018), « Les pratiques médicales et soignantes à distance. La télémédecine en actes », Réseaux, vol.207, n°1, p.9-24. MATHIEU-FRITZ, A.,  SMADJA, D., ESPINOZA, P. et ESTERLE, L. (2012), « Télémédecine et gériatrie. La place du patient âgé dans le dispositif de consultations médicales à distance du réseau Télégéria », Gérontologie et société, vol.35/141, n°2, p. 117-127.  MATHIEU-FRITZ, A. et ESTERLE, L. (2013), « Les transformations des pratiques professionnelles lors des téléconsultations médicales. Coopération interprofessionnelle et délégation des tâches », Revue française de sociologie, vol.54, n°2, p.303-329. NATY-DAUFIN, P. et CARMONA, E. (2020), « Chapitre 17. Les nouvelles technologies au service de la santé », dans : Jacques Raimondeau éd., Manuel de santé publique, Rennes, Presses de l’EHESP, p.479-511