Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis de développer un nouveau paradigme en santé notamment, la e-santé, qui vise à briser les barrières géographiques et atténuer les disparités entre les citoyens et les acteurs de la santé. Elle constitue également un instrument de pilotage de la santé publique, de coordination des soins entre les différents acteurs de santé locaux, nationaux, privés et publics (AMREF, 2019). De ce point de vue, nous pouvons dire que les TIC jouent un rôle primordial dans la modernisation de la santé qui prescrit l’informatisation et la mise en réseau de ce champ. Ce questionnement intéresse aussi bien les pays développés qu’en développement notamment africains dont la plupart des populations sont confrontés aux problèmes d’accessibilité à des soins de qualité, d’équipements sans oublier l’épineuse question du déficit en personnel de santé. Pour Mbemba et al. (2017), les technologies constituent l’épine dorsale des services pour prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies, en invitant les états membres à tirer parti de l’utilisation de l’e-santé dans la vision de la santé pour tous (Mbemba et al., 2017). Elles pourraient faciliter, pour les professionnels de santé d’acquérir des connaissances, d’échanger et partager les informations et par conséquent impacter leurs conditions de travail. Dans le même contexte Renaud (2020) estime que « internet et les technologies numériques sont par ailleurs devenus incontournables pour faciliter la gestion des soins et de l’information clinique (le dossier médical partagé) » (Renaud, 2020). L’utilisation des TIC a contribué à l’émergence de la télémédecine qui connaît aujourd’hui une véritable expansion dans le monde et en Afrique en particulier.  Ainsi, un certain nombre de projets en télémédecine ont été mis en place en Côte d’Ivoire et vise à accroître de manière durable l’accessibilité aux services de santé des populations de certaines zones difficiles. Il s’agit notamment de « l’initiative Bogou », « l’initiative MedecinDirect Côte d’Ivoire », le projet AGA KHAN et La téléECG. Dans le cadre de cette réflexion nous allons nous appesantir sur les deux derniers projets (AGA KHAN et la téléECG) qui sont consacrés au suivi des personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) pour le premier, la transmission et l’analyse d’électrocardiogrammes à distance pour le deuxième. Notre travail s’appuie sur les interrogations suivantes : comment les professionnels de santé perçoivent ils la nouvelle approche de soins à distance qu’est la télémédecine ? Quelle sont leurs motivations face à ce dispositif ? D’un point de vue méthodologique, ce travail se repose à la fois sur une recherche théorique et empirique à partir de données collectées en Côte d’Ivoire dans le cadre de mes travaux de thèse de doctorat, réalisée dans une approche qualitative. Sur 34 entretiens, nous nous sommes appuyés sur 7 réalisés avec les personnels des différents projets de télémédecine (médecins, infirmiers, sage-femmes). De cette étude nous pouvons retenir que malgré l’insuffisance du matériel technologique, de la connectivité à internet, la plupart des personnes interrogées sont satisfaits des applications utilisées. Également l’on retient que la télémédecine dans les centres expérimentés permet non seulement de réduire le nombre de malades à référer vers des centres de niveaux supérieurs mais aussi les épargner des dépenses supplémentaires liées au déplacement. Aussi, l’on constate que la majorité des personnes interrogées éprouve de la satisfaction au travail, le sentiment de sécurité, l’autonomie dans la prise de décision, le développement des compétences, l’amélioration de la qualité des soins auprès des patients, l’amélioration des relations avec les autres professionnels et les patients. Enfin, l’accessibilité aux TIC ou à la télémédecine favoriserait le recrutement et la rétention des professionnels de la santé dans les zones enclavées.   Bibliographie Abba, S., Abba, H., Leleu-Merviel, S. (2010), Afrique subsaharienne: les implications de l’arrivée de la télémédecine dans les systèmes de santé nationaux. In ACFAS’2010, 78ème colloque international ACFAS,«Mutations des systèmes de santé et Communication entre organisations, professionnels, patients et Société civile (pp. 83-89). Carré D., Lacroix J.-G. (2000), La santé et l’autoroute de l’information. La greffe informatique, Paris L’Harmattan, collection communication, pp.312. Marius A.T. (2007), Utilisations et non-utilisation des TIC en santé : le cas des réseaux de soins en cancerologie : aspects techniques, organisationnels, sociopolitiques et dimension communicationnelle, Thèse, Université Paris 13. Mbemba G.I.C, Hamelin-Brabant L., Gagnon M.-P, Ngangue P.A, Bagayoko C.O (2017), Utilisation et perceptions de la télésanté par les professionnels de la santé des zones rurales au Mali, European Research in Telemedicine / La Recherche Européenne en Télémédecine, Volume 6, Issues 3–4, Pages 165-172. Raveyre, M., Ughetto, P. (2003), Le travail, part oubliée des restructurations hospitalières. Revue française des affaires sociales, (3), 95-119. Renaud L., Communication pour la santé : construction d’un champ de recherche et d’intervention, communiquer, La communication à l’UQUAM|2020, 61-76. AMREF (2019), Livre blanc des 1ères rencontres de la santé numérique en Afrique de l’Ouest (AO).