Sur le web, les hyperliens jouent un rôle central en tant que fils conducteurs, connectant les pages et guidant les utilisateurs dans leur exploration en ligne. Ils sont essentiels à l'architecture de l'information et à l'expérience utilisateur (UX), car ils façonnent les parcours de navigation. Au-delà de leur fonction technique de redirection, les hyperliens possèdent une dimension socio-technique plus complexe, influençant la manière dont l'information est transmise, perçue et interprétée. Cet article examine l'intérêt des études sur les hyperliens à l'intersection des sciences de l'information et de la communication et des sciences cognitives, en explorant notamment l'aspect sensoriel de leur manipulation, les signes iconiques cachés qu'ils peuvent représenter, ainsi que leurs différents usages. Au-delà de la navigation : Les hyperliens en tant qu'éléments structurants l'expérience utilisateur. Nous mobilisons le concept de "système socio-technique"<a href="https://www.zotero.org/google-docs/?Ato5k3" style="">(Akrich, 2006)</a> pour illustrer la manière dont les hyperliens se forment grâce à l'interaction entre des acteurs humains et non-humains. Derrière chaque hyperlien, on trouve une diversité d'acteurs aux idéologies, motivations et objectifs variés, influençant ainsi l'expérience utilisateur. Les choix éditoriaux, les algorithmes et les interfaces graphiques façonnent un parcours utilisateur spécifique. L'impact des hyperliens dépasse la simple navigation : ils modifient la façon dont les utilisateurs perçoivent et interagissent avec un site web, influençant leur expérience globale. Ainsi, les hyperliens agissent comme “des médiateurs socio-cognitifs”, orientant l'attention des utilisateurs et influençant leur exploration d'informations et leurs processus de compréhension et d'apprentissage sur le web. En naviguant de lien en lien, les utilisateurs participent à un vaste réseau d'informations, activant ainsi un processus cognitif profond <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?fc0NZ0" style="">(Macedo-Rouet, 2022)</a>. Tisser une toile invisible : L'art de la conception d'hyperliens Les liens hypertextes peuvent valoriser des informations, mettre en lumière des concepts ou guider les utilisateurs vers des actions spécifiques. Selon Nathalie Pinède et David Reymond, un Site Web Organisationnel (SWO) est une collection de produits hypertextuels d'informations et de services, centralisée sous une responsabilité institutionnelle unique, mais pouvant être gérée par diverses autorités éditoriales<a href="https://www.zotero.org/google-docs/?4j5PCa">(Pinède & Reymond, 2013)</a>. Dans le cas des liens hypertextes, la partie visible qui transmet l'information est ce que Nathalie Pinède nomme l'Unité Lexicale Hypertextuelle (ULH)<a href="https://www.zotero.org/google-docs/?8QHGvQ">(Massou et al., 2022</a>, p. 205<a href="https://www.zotero.org/google-docs/?zssTVR">)</a>. <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?t80gGi">Davallon et  Jeanneret (2004)</a> suggèrent d'utiliser le terme “signe passeur” plutôt que “lien” pour mieux refléter l'impact cognitif des liens hypertextes sur l'expérience utilisateur. Quelles études et quelles approches méthodologiques en SIC? L’étude des liens hypertextes en sciences de l'information et de la communication et des sciences cognitives  implique une évolution méthodologique vers une approche mixte, combinant méthodes quantitatives et qualitatives. Cette évolution correspond à ce que Dominique Boullier appelle une "troisième génération" de recherches en sciences humaines et sociales <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?bTF5TZ" style="">(Boullier, 2017)</a>. Nous proposons d'examiner les liens hypertextes en nous inspirant des méthodes proposées par Nathalie Pinède en Sciences de l’Information et de la Communication <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?TpZvcw">(Pinède, 2014)</a>. Ainsi, l’étude des liens hypertextes, en tant qu’actes communicationnels, pourrait s’inscrire dans le domaine de recherche sur "l’influence et la communication" <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?ajObVG">(Alloing et al., 2021)</a>, un champ en plein essor dans les sciences de l’information et de la communication, notamment au sein du laboratoire “Labfluens”  de l’Université du Québec à Montréal. Références <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?G6qMTX" style="">Akrich, M. (2006). La construction d’un système socio-technique. Esquisse pour une anthropologie des techniques. In M. Callon & B. Latour (Éds.), Sociologie de la traduction : Textes fondateurs (p. 109‑134). Presses des Mines. https://doi.org/10.4000/books.pressesmines.1195</a> Alloing, C., Cordelier, B., & Yates, S. (2021). Pour une approche communicationnelle de l’influence. Communication et organisation. Revue scientifique francophone en Communication organisationnelle, 60, Article 60. https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.10385 <a href="https://www.zotero.org/google-docs/?G6qMTX" style="">Boullier, D. (2017). Pour des sciences sociales de troisième génération (SS3G) : Des traces numériques aux réplications. In P.-M. Menger & S. Paye (Éds.), Big data et traçabilité numérique : Les sciences sociales face à la quantification massive des individus (p. 163‑184). Collège de France. https://doi.org/10.4000/books.cdf.5011</a> Davallon, J., & Jeanneret, Y. (2004). La fausse évidence du lien hypertexte. Communication & Langages, 140(1), 43‑54. https://doi.org/10.3406/colan.2004.3266 Macedo-Rouet, M. (2022). Mônica Macedo-Rouet : « évaluer l’information est une opération cognitive coûteuse ». 358(8), 52‑53. https://doi.org/10.3917/arma.358.0052 Massou, L., Mpondo-Dicka, P., & Pinède-Wojciechowski, N. (2022). Analyses des sites Web. Iste editions. Pinède, N. (2014). Le réseau, un « entre-deux » liens ? De quelques facettes et dynamiques du lien hypertexte. Sciences de la société, 91, Article 91. https://doi.org/10.4000/sds.1299 Pinède, N., & Reymond, D. (2013). Classer les sites web organisationnels. Une approche taxonomique des liens hypertextes. Hermes, La Revue, n° 66(2), 181‑188.