<p>Résumé</p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Aptos, sans-serif">Un engagement public est de plus en plus attendu de la part des chercheurs. Certains événements récents, qu’il s’agisse de la pandémie de Covid-19 ou de la montée des problématiques liées au réchauffement climatique, ont montré l’importance de cet engagement public des chercheurs, pour exposer la démarche scientifique, lutter contre les <i>fake news</i> ou encore développer l’intérêt du public pour la recherche (J. C. Besley, Dudo, & Yuan, 2018 ; Scheufele et al., 2021), mais aussi les risques sous-jacents à l’exposition médiatique pour les scientifiques (J. Besley & Dudo, 2017 ; Roedema et al., 2021). La pratique de la vulgarisation scientifique, si elle n’est officiellement pas considérée comme un facteur d’avancement dans la carrière du chercheur, comme en témoigne l’avis du comité d’éthique du CNRS (Adda et al., 2023), ni comme une obligation contractuelle des chercheurs, est de plus en plus présente dans les appels à projets des agences de financement nationales (<i>Agence Nationale de la Recherche</i>) et internationales (<i>European Research Council</i>, <i>Commission Européenne</i>) et perçue comme une des missions importantes des scientifiques. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Aptos, sans-serif">Une meilleure compréhension des facteurs guidant la participation des chercheurs aux activités de communication scientifique s’avère donc cruciale pour les mobiliser, mais aussi répondre à leurs interrogations et adapter les actions à leur profil, leur sujet et aux attentes du public. Mais interroger les modalités qui guident l’engagement public des chercheurs n’est pas sans difficulté. Depuis plus de 50 ans, les sciences de l’information et de la communication ont cherché à identifier les facteurs qui guident l’implication des scientifiques dans des activités de vulgarisation scientifique (Boltanski & Maldidier, 1970), auprès de publics variés, allant des scolaires aux décideurs publics. Ce champ d’études est encore particulièrement vivace aujourd’hui, et les différents effets mis en évidence jusqu’à présent sont régulièrement discutés au sein de la communauté (J. C. Besley, Dudo, Yuan, et al., 2018 ; Entradas et al., 2020). Une difficulté importante à laquelle sont confrontés les chercheurs dans leurs enquêtes est la présence de biais déclaratifs, complexes à écarter, qui conduisent à un décalage entre les intentions exprimées par les scientifiques et leur pratique réelle. Pour la contourner, et ainsi mieux comprendre les modalités de l’engagement public des chercheurs, les chercheurs en sciences de l’information et de la communication ont intégré, depuis des années, des concepts issus d’autres disciplines, en particulier des sciences cognitives. Ainsi, la théorie du comportement planifié, développée en psychologie sociale par Icek Ajzen (Ajzen, 1991), a été à l’origine d’un renouveau pour l’étude de l’engagement des chercheurs (Poliakoff & Webb, 2007) et fait l’objet de nouveaux développements depuis lors (J. C. Besley, Dudo, Yuan, et al., 2018 ; Dudo, 2013).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Aptos, sans-serif">Nous proposons ici une réflexion sur l’application d’autres modèles utilisés par les sciences et neurosciences cognitives pour explorer l’engagement public des scientifiques. Plus particulièrement, nous nous intéressons ici aux théories micro-économiques appliquées aux neurosciences de la prise de décision. Celles-ci intègrent le fait qu’une décision est basée sur un équilibre entre les bénéfices attendus et les coûts anticipés (Basten et al., 2010). Les bénéfices escomptés font référence aux résultats positifs attendus d’une décision, tandis que les coûts anticipés comprennent les efforts, le temps ou les risques nécessaires pour atteindre ces résultats. Après une revue de littérature dédiée à l’engagement public des scientifiques et aux modèles cognitifs de prise de décision, la présente communication entend apporter ici de nouvelles perspectives sur l’application de ces théories à la décision de s’investir dans des actions de communication scientifique. Il s’agit ainsi de réfléchir à la définition des variables de bénéfices espérés et de coûts anticipés, dans un contexte bien défini, fondé sur les facteurs d’engagement identifiés jusqu’à présent par le domaine, et à leur intégration dans la décision d’engagement. Enfin, nous discutons les modalités possibles d’une enquête qui permettrait d’accéder aux évaluations de ces variables par les chercheurs et d’identifier et estimer les paramètres individuels qui les pondèrent dans leurs décisions d’engagement auprès du public. </span></span></span></p>