Résumé Le but de cet article est de présenter une méthode de développement culturel (au niveau territorial et inter-territorial) transdisciplinaire centrée sur la régénération de sens (entendu dans ses dimensions intelligible, sensible et directionnelle) dans un contexte de complexité croissante. Cette méthode fait dialoguer des disciplines issues des sciences de l’information-communication (notamment l’intelligence stratégique et la documentation) et des sciences cognitives (notamment la psychologie géopolitique clinique). Par le biais d’une recherche-action ancrée dans l’éducation populaire (Maurel, 2010 ; Verrier, 2017), nous introduirons une approche dialogique qui vise à faciliter l’élaboration, le partage, l’hybridation et la transcendance de savoir au sein de communautés épistémiques et de pratique pour un apprentissage évolutif continu dans la transformation sociale et l’appréhension des problèmes d’effondrements auxquels nos sociétés doivent actuellement faire face. Tout d’abord, nous aborderons le nécessaire dialogue entre sciences cognitives et sciences de l’information-communication pour appréhender la complexité à l’échelle des territoires. Nous nous basons sur les analyses de Dominique Wolton (2009) concernant la vision anthropologique de la communication, ancrée dans une approche démocratique. Dans ce cadre, la communication renvoie à la relation, au partage et à la négociation. Plus spécifiquement, elle vise à la négociation<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a> pour la cohabitation, avec pour horizon l’incommunication. Nous nous basons également sur les travaux de la psychologue clinicienne Françoise Sironi (2007) pour mieux cerner les enjeux d’une différenciation pour une diversification culturelle afin de renforcer les capacités des territoires à évoluer durablement dans la complexité croissante. La culture renvoie dans notre analyse à une force locale sous la forme d’un réservoir de mémoire collective vivante qui sert à sécuriser en fabriquant du prévisible partagé, sous la forme d’une réalité complexe constituée par la présence du groupe dans l’individu. La culture « fonctionne » lorsqu’elle protège les humains de la frayeur et de l’imprévisible (Sironi, op.cit., pp.199, 63, 72, 159). Ensuite, nous présenterons l’approche de développement « pluriverselle » que nous avons adoptée pour opérer ce dialogue harmonieux. Le plurivers renvoie à un monde global au sein duquel peuvent s’intégrer et coexister harmonieusement une potentielle infinité de mondes locaux à la fois autonomes et interdépendants, dont les acteurs &oelig;uvrent pour des futurs écologiquement régénérateurs et socialement justes. Dans notre approche de développement territorial, les mondes locaux ancrés dans un plurivers hébergent en leur sein des « lieux d’interface entre les mondes » sociaux, mais aussi entre le politique, le social et le culturel facilitant un travail de recherche-action existentielle (basé sur l’éducation populaire) construisant une éthique de la multiplicité. Nous nous basons ici sur les travaux d’Arturo Escobar (2018), et défendrons la nécessité pour les chercheurs en sciences de l’information-communication et en sciences cognitives d’endosser le rôle de designers pour concevoir puis expérimenter des méthodes et dispositifs sociotechniques d’information-communication adaptés aux problématiques de terrain. Enfin, nous synthétiserons la méthodologie de recherche-action que nous avons élaborée dans l’intention de faciliter la régénération culturelle des territoires, ancrant ce dialogue entre ces deux champs scientifiques dans une recherche-action. Celle-ci relie, fait dialoguer puis hybride les praxis intelligence stratégique, imaginierie stratégique, design instructionnel, éducation populaire et psychologie géopolitique clinique. Nous présenterons ici la méthode de fonctionnement d’un des outils d’intelligence collective que nous avons conçus : le SOLARIS. Les matrices documentaires qui constituent cet outil induisent toutes un processus d’élaboration de savoir mobilisant, dans le cadre de la présentation d'une observation ou d'une création, une vision du monde élargie faisant dialoguer : - mode de pensée logico-scientifique déconstruisant un objet d’étude pour mieux l'appréhender ; et - mode de pensée narratif construisant une appréhension globale et intuitive de cet objet. La structure de la matrice de base de cette méthodologie (nommée SOLIS) permet la formalisation et le partage d’un savoir personnel situé et politisé, et facilite l’élaboration d’analyses complexes par le biais de questions stratégiques précises. Cette matrice facilite ainsi l’analyse métacognitive par son utilisateur, en l’orientant vers l’identification de ses biais cognitifs pouvant induire de potentielles erreurs d’analyse et de jugement à l’égard d’une situation donnée.   La problématique que nous explorerons dans cet article est la suivante : Comment articuler et faire dialoguer sciences de l’information-communication et sciences cognitives afin de faciliter la régénération culturelle des territoires dans la complexité croissante ? Références   Maurel, C. (2010). Education populaire et puissance d’agir. Sironi, F. (2007). Psychopathologie des violences collectives, Paris : Odile Jacob Verrier, C. (2017). Former à la Régénérer le sens des territoires par un dialogue entre sciences de l’information -communication et sciences de la cognition pour appréhender la complexité croissante   Le but de cet article est de présenter une méthode de développement territorial et inter-territorial transdisciplinaire centrée sur la régénération de sens (entendu dans ses dimensions intelligible, sensible et directionnelle) dans un contexte de complexité croissante.   Tout d’abord, nous aborderons de manière générale le nécessaire dialogue entre sciences cognitives et sciences de l’information-communication pour appréhender la complexité à l’échelle des territoires. Ensuite, nous présenterons l’approche de développement « pluriverselle » que nous avons adoptée pour opérer ce dialogue harmonieux. Enfin, nous synthétiserons la méthodologie de recherche-action que nous avons élaborée dans l’intention de faciliter la régénération culturelle des territoires, ancrant ce dialogue entre ces deux champs scientifiques dans une recherche-action existentielle. La problématique que nous explorerons dans cet article est la suivante : Comment articuler et faire dialoguer sciences de l’information-communication et sciences cognitives afin de faciliter la régénération culturelle des territoires dans la complexité croissante ? <div id="sdfootnote1"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> La négociation renvoie à un processus par lequel deux ou plusieurs parties qui perçoivent une différence d'intérêts ou de perspectives tentent de parvenir à un accord (Malhotra (2016, p.5). </div>