<p><strong>Proposition (résumé de 5000 signes) :</strong></p>
<p>Au sein du projet de recherche PERSCOL (PERSévérance SCOLaire), financé par l’ANR (2023-2026), nous cherchons à identifier les facteurs de persévérance des lycéens à distance, face à un taux d’abandon souvent plus élevé à distance (Dussarps, 2014). Notre terrain d’étude est principalement le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED). Il s’agit de comprendre notamment l’influence de l’isolement, de la médiatisation de l’apprentissage, des médiations, médiatisées (avec les enseignants, le personnel administratif, certains de leurs pairs) ou non (leur famille, leurs pairs « en présence ») et des éléments d’ordre cognitif et affectif sur la réussite de leur scolarité. Sont alors considérés l’individu, son environnement socio-technique et le dispositif de formation, dont l’ensemble constitue un véritable éco-système.</p>
<p>Ce projet réunit des chercheurs de quatre disciplines : sciences de l’information et de la communication (SIC), Sciences de l’éducation et de la formation (SEF), psychologie cognitive et informatique. Nous mettons en œuvre des méthodes, approches et outils de recueils de données qui se veulent complémentaires : questionnaires (en grande partie basée sur les théories issues de la psychologie cognitive), entretiens semi-directifs d’approche compréhensive, étude des données de scolarité et des traces d’activité sur la plateforme, étude de la plateforme dans sa dimension ergonomique et sémiodiscursive. Nous veillons dans ce projet à laisser à chaque discipline l’opportunité de s’exprimer et d’étudier les phénomènes permettant d’expliquer la persévérance par ses objets, méthodes et traditions propres, mais cherchons aussi à permettre l’émergence d’une interdisciplinarité propre à notre objet d’étude.</p>
<p>Dans cette proposition, nous souhaitons montrer en quoi l’articulation entre les SIC, les SEF et la psychologie cognitive permet 1) l’émergence d’une interdisciplinarité au sein du projet PERSCOL et 2) de mieux comprendre la persévérance qu’avec une approche « unidisciplinaire ». Pour cela, nous montrerons en quoi la persévérance peut être un objet d’étude des SIC (et pas seulement des SEF et de la psychologie) et comment nous mettons en œuvre une approche interdisciplinaire et mixte, permettant la rencontre, notamment, entre la psychologie cognitive et les SIC, l’une de tradition plutôt quantitative et néo-positiviste, l’autre plutôt d’approche qualitative et de l’ordre du constructivisme social.</p>
<p>Les facteurs de persévérance sont nombreux et hétérogènes (Dussarps, 2014). Les SIC y étudieront notamment la dimension sociale de l’enseignement-apprentissage et les médiations à l’œuvre dans le soutien et son influence sur la persévérance des apprenants, la médiatisation des relations et des savoirs, explicative de certaines formes d’incommunication et de difficultés à se saisir du discours écrit (contenus de cours ou informations administratives notamment) voire d’une non-communication, la théorie de l’activité et de la cognition distribuée (Desfriches Doria, 2015) pour mieux comprendre l’environnement informationnel et communicationnel, médiatisé ou non, de l’individu en situation d’apprentissage, la gestion et les stratégies info-documentaires mises en œuvre par l’apprenant au sein de son éco-système d’apprentissage, participant d’un travail autonome (Liquète et Maury, 2007). A ces exemples, l’on pourrait ajouter l’étude de l’ensemble du dispositif comme « organisation apprenante » (Cordier et Lehmans, 2016). Ainsi, les SIC peuvent apporter un éclairage important sur la persévérance des apprenants au travers des différentes approches et champs de recherche qui les constituent. La persévérance ne peut s’observer sans tenir compte de l’individu et de sa subjectivité, de façon conjointe à l’étude de l’environnement et des médiations.</p>
<p>La psychologie cognitive, quant à elle, éclaire sur les processus cognitifs, métacognitifs et affectivo-motivationnels mobilisés pour apprendre, pour réaliser des tâches en interaction avec un environnement, et dans les dimensions informationnelles et communicationnelles. Elle s’intéresse aux stratégies mises en œuvre par l’apprenant, faisant plus ou moins preuve d’auto-régulation dans son apprentissage et donc dans sa capacité à s’organiser (sur un plan spatial, temporel, documentaire…), à apprendre à apprendre, à savoir mobiliser des ressources (y compris humaines) pour être aidé, etc. Ainsi, la psychologie cognitive apporte non seulement son éclairage propre, mais également un éclairage aux objets des SIC ; elle apporte également des méthodes complémentaires, permettant une triangulation des données et des sources (Denzin, 1970) et renforçant alors la qualité scientifique de l’étude. Dans l’article complet, nous montrerons comment, au sein du projet PERSCOL, nous mettons en œuvre une véritable interdisciplinarité, en particulier les SIC et la psychologie cognitive et l’intérêt de cette approche pour expliquer la persévérance apprenante.</p>