Proposition faisant suite à l’appel à contribution n°15.   Thème : Entre sciences de l’information et de la communication et sciences cognitives : les bases d’un dialogue possible. Revue : Cossi. Dossier thématique dirigé par Anne Lehmans et Monica Macedo. Titre provisoire de l’article : L’approche interdisciplinaire de l’analyse du média social YouTube : entre interface et effets de réception. Annexe de la proposition : références bibliographiques.   Résumé Cette étude repose sur les travaux de recherche doctoraux menés autour de l'influence des médias sociaux à caractère politique, et plus particulièrement de celle du média social YouTube. De par son caractère socialisant, l'analyse de YouTube repose sur de multiples méthodologies : de l'image, du discours et des effets de la réception. A cet égard, cet article souhaite rendre compte des résultats d'une enquête qualitative menée auprès des usagers de cette plateforme en ce qui concerne l'activation des biais de confirmation induits par l'interface, ainsi que des référentiels utilisés par le vidéaste dans son entreprise de persuasion et de communication. <h2 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;">Développement</h2> La définition des médias sociaux reste confuse. L’usage d'un grand nombre de termes pour désigner des concepts différents tels que web 2.0, web social, web communautaire, médias participatifs et collaboratifs, ou encore réseaux sociaux semble contribuer à la confusion autour de cette notion. Ces termes mobilisent des domaines conceptuels variés, comme le social, la communauté, les médias, et impliquent des formes diverses de connexion et de circulation de l'information. Cette confusion dans la terminologie complique la compréhension du phénomène des médias sociaux et de ses multiples facettes (Coutant, Stenger, 2012). Derrière cette complexité terminologique se cachent les enjeux de la circulation de l'information. Les médias sociaux sont régulièrement associés à un modèle horizontal de circulation de l'information, où les individus participent activement en partageant, produisant et diffusant du contenu. Ce modèle s’oppose à celui plus traditionnel et pyramidal de la circulation de l'information des médias dits “traditionnels”. Les médias sociaux ont remodelé cette dynamique en permettant aux individus de jouer un rôle actif dans la création et la diffusion de l’information. L'analyse de la circulation de l'information sur les médias sociaux nécessite par conséquent une approche interdisciplinaire qui combine la politique, la sociologie des médias et les sciences de l’information et la communication (Rieffel, 2015). Cela permet de prendre en compte à la fois les aspects politiques des contenus partagés et la manière dont les individus ordinaires, à travers leur participation active, créent et diffusent des informations. Cette combinaison d'approches offre une perspective plus complète pour comprendre les enjeux d’influence sur les médias sociaux. Il convient à cet égard de mettre l'accent sur des éléments tels que la culture visuelle, l'image et la culture du remix (Allard, 2017), des notions porteuses de sens dans la société de l’information numérique contemporaine. En outre, cette proposition d’article repose sur les travaux de recherche doctoraux menés autour de l’influence des médias sociaux comme nouveau support d’information à caractère politique, et plus particulièrement le cas de la plateforme sociale YouTube. Cette dernière façonne l'émergence d'une nouvelle culture, et délimite un genre d’écriture. Ce travail examine par conséquent la fonction médiatique de la plateforme, en se concentrant sur les documents audiovisuels produits par des vidéastes semi-professionnels tels que le YouTubeur Usul. La littérature francophone s’est davantage concentrée sur le réseau social Facebook comme objet d’étude, ainsi que les blogs et les forums. Les travaux nord-américains analysent principalement YouTube sous le prisme de la politique américaine (Effing, Halpern et English). Cette réflexion s’inscrit dans la continuité des travaux portés par les sociologues des médias, sous l’influence de Rémy Rieffel (2015). Le principal objectif de notre démarche tend alors à aborder la circulation de l’information sous l’angle des effets de réception, qui constitue l’un de nos trois corpus d’analyse. Les effets de la médiation opérée par YouTube est surtout analysée sous le prisme du contenu audiovisuel politique, une information capable de produire du sens chez l’individu susceptible par ce moyen d’enrichir ses connaissances. Être en mesure d’informer et de s’informer par l’entremise des médias sociaux numériques suppose de mobiliser des capacités cognitives et d’avoir acquis de multiples littératies, tant pour se saisir des rapports de force en jeu que pour apprécier la valeur de l’information. De plus, l’image produit du sens et est un moyen de culture (Vieira, 1997). Les images attirent l'attention et se trouvent souvent dans une proximité temporelle, spatiale ou sensorielle (Joffe, 2007). Ces images détiennent alors un « pouvoir de positionnement » (Joffe, 2007) dans l'esprit du spectateur, ce qui les rend résistantes aux arguments contraires et aux réflexions critiques. Celles-ci sont généralement absorbées instantanément sans nécessiter de médiation, car les spectateurs ne sont pas suffisamment encouragés à les analyser ou à les déconstruire tel un message verbal. La valeur émotionnelle de l'image est à prendre en compte dans l'analyse de la réception, notamment dans le contexte de l'étude des pratiques sociomédiatiques amateures et des communautés en ligne. Hélène Joffe poursuit que les images favorisent l'identification à la souffrance d’autrui et à l’empathie. Celles-ci convoquent les émotions primaires, ce qui les place dans le domaine de l'émotion, faisant de YouTube un outil de persuasion puissant. Les images ont la capacité d'impliquer émotionnellement les individus, là où le contenu textuel ou verbal les garde sur un chemin de réflexion plus rationnel, logique et linéaire. La problématique de notre étude renvoie à la manière dont les sciences cognitives fournissent un éclairage intéressant à l’étude de cet objet médiatique, et plus largement aux sciences de l'information et de la communication. En effet, l’icône ou l'image matérielle offre au destinataire, au spectateur, la possibilité de reconstruire mentalement une représentation d'un aspect du monde, qu'il soit proche ou lointain, mais en tout cas, différent de son environnement immédiat (Moles, 1981). Le web design a révélé comment les divers signes utilisés au sein des interfaces web constituent un langage spécifique, généralement compris par les utilisateurs, indépendamment de la technologie numérique utilisée. La normalisation des chartes graphiques et de l’iconographie des interfaces contribuent à donner à l'utilisateur une forme d'intelligence intuitive, lui permettant de naviguer en ligne avec plus d’autonomie. Ce travail met également en lumière l'évolution de la place de l'écrit sur les interfaces web, qui tend à diminuer au profit de l'économie de l'attention et de l'aspect de plus en plus minimaliste et épuré des chartes graphiques des réseaux sociaux visuels. En 1984, Yannis Vassiliou évoquait que l'utilisation d'images et d'objets visuels en général était plus instinctive dans les interactions humaines que l'utilisation de représentations linguistiques, et ces éléments étaient présents bien avant le langage dans l'évolution humaine. La plateforme YouTube et la culture algorithmique feront d’abord l’objet de notre attention avant, dans un deuxième temps, de préciser en quoi et de quelle manière la notion de littératie numérique apporte des informations sur la façon dont les internautes parviennent à maîtriser les codes de la YouTubosphère et du genre YouTube (Longhi, 2019) en nous basant sur l’analyse des entretiens compréhensifs (Kaufmann, 2016) menés auprès des spectateurs d’Usul et de son émission politique Ouvrez les guillemets. Ce deuxième point nous permettra de présenter en dernier lieu les différents référentiels utilisés par le YouTubeur Usul pour développer des imageries, mais également des imaginaires, auprès de ses spectateurs réceptifs. Les vidéastes activent dès lors des perceptions et des représentations mentales spécifiques et symboliques. A cet égard, cela nous permettra de dresser le portrait de ces internautes, lequel s’ajoute à celui ciblé par Anaïs Théviot concernant les militants politiques sur le réseau social Facebook (2013) : un haut potentiel cognitif, une culture familiale de la politique, un bagage culturel conséquent car fréquentant les lieux de documentation et de culture, et &oelig;uvrant au sein d’associations militantes.   Références bibliographiques 1) Babeau, Franck. « La participation politique des citoyens « ordinaires » sur l'Internet. La plateforme Youtube comme lieu d'observation », Politiques de communication, vol. 3, no. 2, 2014, pp. 125-150. 2) Bédard, Mégan. 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