Introduction L’autonomisation des jeunes dans le processus électoral en Afrique demeure une préoccupation. Déjà en 2015, l’IDEA International publiait une étude selon laquelle, « Les jeunes âgés de 15 à 35 ans comptent pour un tiers de la population de l’Afrique. Mais leur influence sur les politique nationales reste limitée » (IDEA, 2015).  Nombre de pays d’Afrique noire, dont la Côte d’Ivoire se retrouve dans cette situation ambiguïté. Ce qui a fait écrire Boga Agodio dans Jeunesse et participation citoyenne en Côte d’Ivoire que « S’il est vrai que la jeunesse est de plus en plus perçue comme une force positive pour le changement social transformateur, il convient de reconnaitre que l’un des problèmes auquel la jeunesse est en général confrontée reste celui de sa participation citoyenne » (Boga Agodio, 2022 : 95).  Pour cet auteur, la place de la jeunesse ivoirienne dans le processus démocratique reste encore faible. La jeunesse en Côte d’Ivoire jouerait un rôle essentiel dans le processus démocratique si elle est suffisamment incluse. Car selon le dernier Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH, 2021) « la population ivoirienne demeure encore très jeune. En effet, 75,6 % de la population totale a moins de 35 ans, soit un peu plus de 3 personnes sur 4 ». En raison de son effectif et de son potentiel d'influence, cette jeunesse constitue une ressource essentielle pour la vie sociale et démocratique de la nation et un poids significatif dans les processus électoraux et politiques. Cette prédominance démographique de la jeune constitue une force électorale essentielle, capable de modeler l'avenir politique du pays par leur participation électorale et leur engagement citoyen. Cependant, bien que dotés d'une forte représentation démographique et d'un potentiel d'influence, les jeunes ivoiriens restent souvent en marge des instances décisionnelles et des processus politiques. Les défis tels que le chômage, la pauvreté et un accès insuffisant à l'éducation et à la santé compromettent leur capacité à participer pleinement au processus démocratique. Aussi, « malgré de nombreux écueils, on assiste, en Afrique, à l’apparition de nouveaux espaces d’expression issus de l’usage des technologies de l’information et de la communication » (Kiyindou, 2016). Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une société de communication où l’accès à l’information et son usage ne peuvent plus être détenus par un « groupe privilégier ». De plus, les jeunes sont des consommateurs avides d'informations provenant des plateformes numériques, particulièrement actifs sur les réseaux sociaux numériques et utilisateurs fréquents des nouvelles technologies pour s'informer, communiquer et exprimer leurs idées. Dans ce contexte, il importe de reconnaître le rôle spécifique que peut jouer la jeunesse ivoirienne dans le processus démocratique. Leur participation active et leur engagement civique sont fondamentaux pour encourager la démocratie, la transparence et la responsabilité au sein de la société ivoirienne. Par ailleurs, l’accès à l’information et l’importance de l’intelligence artificielle dans l’autonomisation des jeunes, ainsi que la place de la jeunesse ivoirienne dans le processus démocratique met en lumière à la fois son potentiel et les défis auxquels elle est confrontée. En effet, l’IA apparait de nos jours comme un outil pourvoyeur de connaissance. À ce titre, l'IA offre aux jeunes ivoiriens des possibilités multiples pour collecter, vérifier et analyser des informations à caractères politiques afin de s'impliquer dans la vie civique et démocratique de leur pays. À ce titre, l'IA joue un rôle incontournable dans l'autonomisation des jeunes et la construction d'une société démocratique plus juste et inclusive en Côte d'Ivoire ; en favorisant l'accès à l'information, en stimulant la participation citoyenne, en défendant la transparence et en augmentant l'engagement politique. En outre, les « technologies nouvelles » et plus spécifiquement l’Intelligence Artificielle sont des sujets d’actualité qui intéressent tant les gouvernants que les citoyens. Surtout la transition et la disruption vers un nouveau mode de fonctionnement qu’elles permettent (Mallard, 2019). Au nombre des prouesses vantées de l’IA, il y a la participation citoyenne des jeunes par la création d’espaces de dialogue et de débats entre les jeunes et les décideurs politiques. Aussi en plus des usages et de la complexité des algorithmes, nous nous posons la question de savoir comment l'exploitation stratégique de l'intelligence artificielle peut-elle catalyser l'accès équitable à l'information, favorisant ainsi l'émancipation des jeunes et leur engagement actif dans le processus démocratique en Côte d'Ivoire ? Cette étude vise à analyser dans un premier temps l’appropriation de l’IA par les jeunes, et dans un second temps à questionner les potentialités de l’IA dans l’accès à l’information et leurs autonomisations dans le débat démocratique. En plus du cadre conceptuel, nous adopterons une méthodologie mixte. Pour y parvenir, des enquêtes et des entretiens semi directifs seront menés pour obtenir des informations aussi bien quantitatives que qualitatives sur les connaissances de l’IA, les besoins en information politique et les expériences individuelles. 1. Cadre conceptuel Le cadre conceptuel a pour objectif de définir les éléments fondamentaux qui sous-tendent la question de départ de cette étude. Il s’agit pour nous dans d’abord de clarifier les notions d’« intelligence artificielle (IA) », d’« accès à l’information », ensuite d’expliciter le nation d’« autonomisation des jeunes » et enfin d’expliquer le concept de « participation citoyenne et engagement politique ».   L’intelligence artificielle (IA) Considéré comme l'un des pionniers de l'intelligence artificielle, John McCarthy (1927-2011), professeur d'informatique à l'université de Stanford, a introduit le terme « intelligence artificielle » au milieu des années 1950 (Ponce Del Castillo, 2023). Pour lui, l’Intelligence artificielle est perçue comme « la science et l’ingénierie visant à créer des machines intelligentes, en particulier des programmes informatiques intelligents » (Site Internet Actiss Partners, 2021).  Dès lors, « Elle est liée à la mission connexe consistant à utiliser des ordinateurs pour comprendre l’intelligence humaine, mais l’IA ne doit pas se limiter aux méthodes qui sont biologiquement observables » (McCarthy 2007, Cité par Ponce Del Castillo, 2023). À partir de cette définition, il est possible d’entrevoir que l’intelligence artificielle englobe deux « dimensions » distincts. D’abord la création de machines et de programmes informatique capables de réaliser des activités intelligences et ensuite l’utilisation des ordinateurs pour mieux comprendre l’intelligence humaine. Cependant, chez McCarthy, l’IA ne consiste pas seulement à l’imitation des processus biologiques observables mais examine aussi les innovations. Pour lui, l’IA cherche à reproduire et même à aller au-delà de l’intelligence humaine. Par ailleurs selon les recherches de Jean Lassègue (2019), Stuart Russell et Peter Norvig ont une approche beaucoup plus explicite de la notion de l’IA, en la définissant « comme l’étude des agents qui reçoivent des percepts de leur environnement et effectuent des actions ». Mieux, « Chacun de ces agents met en &oelig;uvre une fonction qui fait correspondre les séquences de percepts aux actions et nous couvrons différentes façons de représenter ces fonctions ». (Russell et Norvig 2009 cité par Ponce Del Castillo, 2023). De ces différentes définitions, nous retenons que l’IA est un ensemble de technologie numérique basée sur l’usage de dispositifs informatiques d’émuler la perspicacité humaine. L'intelligence artificielle est ainsi investie de la faculté de perception, de raisonnement, d'interaction, ainsi que de prise de décisions autonomes. Selon Koné (2018) L'implémentation des outils numériques, notamment d'Internet « s’accompagne de nombreuses promesses en termes de renouvellement des pratiques de communication dans le domaine politique » (Mabi, Theviot, 2014 : p. 5, cité par Tahirou Koné, 2018). Ainsi, les jeunes très attachées aux nouvelles technologies et très actifs sur les réseaux sociaux numériques peuvent se saisir des opportunités offertes par l’IA pour un accès rapide et facile aux informations vérifiées et prendre place dans les débats en ligne. Dans le cadre de l’étude sur l’information et de l’autonomisation des jeunes dans le processus démocratique en Côte d’Ivoire, d’une part, l’usage de l’IA peut s’avérer indispensable et d’autre part à influencer les acteurs et les décisions politiques dans une dynamique de transparence et de responsabilité collectives.   L’accès à l’information Ruel, J. et Al (2019) ont définit l’accès à l’information comme le fait de rendre disponible les outils nécessaires afin d’aider les différents groupes et services à mieux informer leurs populations afin de renforcer l'accès à l'information et favoriser sa compréhension. Quant au site Internet InfoAcessible, en se basant sur les travaux de Patrick Fougeyrollas et Al (2015), soutient que pour accéder à l’information à l’information et la comprendre, il faut qu’elle soit disponible, accessible, acceptable, abordable et utilisable. En nous référant au paradigme de la société de l’information cette définition de l’accès à l’information comprends les cinq paramètres susmentionnés. C’est-à-dire sa disponibilité, garantissant qu'elle est présente physiquement ou en ligne ; son accessibilité, assurant qu'elle est facilement accessible à tous, y compris aux personnes handicapées ; son acceptabilité, qui implique une présentation respectueuse des différentes cultures et langues ; son abordabilité, qui évite qu'elle ne représente une charge financière excessive ; enfin, sa utilisabilité, qui facilite sa compréhension et son utilisation efficace par le public cible, encourageant ainsi son appropriation et son utilisation effective. Pour approfondir notre compréhension de la notion d’accès à l’information, nous avons convoquer une définition qui bien qu’ancienne nous parait adéquate, concept qui avait été défini par Yves Léveillé (1990 : p 20-21) en ces termes : L'accès à l'information véritable concerne l'éducation, l'économie, la culture et l'autonomie des peuples. À titre d'éducateurs cela nous concerne donc aussi. L'accès, l'absence de l'accès ou l'impossibilité d'accès ont des incidences sur le droit à l'information, sur les libertés individuelles ou collectives, sur la démocratie en général et évidemment sur la qualité de la formation des élèves. En définitif, en nous référant à la déclaration de l’UNESCO lors de la Journée Internationale de l'Accès Universel à l'Information, nous pouvons retenir que l’accès à l’information c’est aussi « lorsque les citoyens sont informés, ils sont en mesure de prendre des décisions en connaissance de cause ... »… Ce qui signifie également que si les populations sont suffisamment informées des orientations données aux politiques de gouvernement, elles seront en mesure de critiquer, de prendre place dans le débats et même d’exiger des comptes à leurs dirigeants. Car l’'information est une source de pouvoir. « Par conséquent, l'accès universel à l'information est la pierre angulaire de sociétés du savoir à la fois saines et inclusives » (IDUAI, L'édition 2022).   L’autonomisation des jeunes La définition de l’autonomisation des jeunes dans le cadre de cette étude revoir au processus par lequel le jeune développement les aptitudes, les savoirs et les moyens nécessaires pour prendre place et s’impliquer pleinement dans la dynamique démocratique. Cette « autonomisation des jeunes » est favorisée par l’évolution de la société de l’information<a href="https://numerev.com/imprim_article.php?ecriture=8188&mode_eval=dble#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[1]</a> en Côte d’Ivoire. Cela se manifeste par un accès à l’information basé sur les TIC et le développement l’intelligence artificielle qui offrent aux jeunes les possibilités de s’informer, de s’engager et d’agir sur les politiques publiques. Touré (2023 : 92) abonde dans ce sens lorsqu’elle affirme qu’« En Afrique de l’Ouest, l’intelligence artificielle a le potentiel de transformer l’engagement politique des jeunes en leur fournissant des outils innovants pour accéder à l’information et participer aux débats démocratiques ». Dès lors, l’utilisation des technologies avancées de filtrage de contenus et de création de plateforme de débats permettent aux jeunes de s’informer régulièrement et de façon efficace, d’exprimer leurs opinions et de s’engager activement dans les processus démocratiques. De plus, l’IA favorise et renforce la transparence, incite à la responsabilité. Cet cette manière les jeunes développent une autonomie et contribuent ainsi à la participation civique et inclusive des toutes les parties prenantes quel que soit la zone ou la région.   2. Méthodologie La sélection des répondants La sélection des participants s'est faite par un échantillonnage en boule de neige. Cette technique consiste selon Pickard (2007) à établir un premier contact avec des informateurs clés, qui recommandent ensuite des cas riches en informations. Nous avons dans notre cas identifié initialement des informateurs clés, tels que des leaders de jeunesse politiquement engagés et des représentants d'organisations de la société civile, pour leur expertise et leur capacité à recommander d'autres participants. Pour assurer une bonne représentativité, nous avons inclus des acteurs impliqués dans des initiatives numériques et ayant une expérience variée des processus démocratiques. Le critère principal était leur engagement actif dans l'utilisation des technologies numériques pour renforcer la participation politique des jeunes. Nous avons déterminé la taille de l'échantillon par saturation empirique, ce qui a abouti à des entretiens approfondis avec 10 informateurs clés, étendus à un total de 122 jeunes répartis à travers les 31 régions de la Côte d’Ivoire. Des étudiants, des membres d'organisations de jeunesse et des activistes numériques ont participé aux entretiens semi-structurés et aux focus groupes. Des dispositifs sociotechniques ont enrichi notre collecte de données en intégrant des sources numériques pertinentes pour examiner les comportements d'information et de participation politique des jeunes. Ainsi nos critères portent-ils sur les jeunes engagés politiquement, les leaders de jeunesse, les experts en technologie, les décideurs politiques et les jeunes citoyens ordinaires. Des représentants du gouvernement ont également été interviewés pour discuter des politiques et des initiatives visant à promouvoir l'engagement civique des jeunes et à intégrer l'IA dans le processus démocratique. Cette méthodologie garantit une diversifiée des jeunes acteurs du processus démocratique en Côte d'Ivoire.    La collecte des données Pour la collecte des données de cette étude s'est faite avec des outils complémentaires que sont: le questionnaire en ligne, le protocole d’interview, les groupes de discussion ciblés, l’étude cyber-ethnographique. La cyber-ethnographie (cyber-ethonograpy), ou encore la netnography pour Kozinets (2008, Cité par Quentin Magogeat, 2019) est une « une méthode d’interprétation pour étudier le comportement de communautés présentes sur Internet » (Kozinets, 2008, p. 366). C’est que Vincent Barry (2012 : 36) nomme ethnographie du virtuel. Il la définit comme « l’étude des populations et des pratiques sur le réseau mondial : tchats, forums de discussions, sites internet, blogs, réseaux sociaux… et mondes virtuels. En effet, cette méthode permet « d’observer l’interaction des individus en ligne par rapport au sujet d’intérêt, et ce, sans s’interposer » (Sayarh, 2013, p. 231). Le recours à cette méthode vise à comprendre au cours d’une observation, les comportements, les pratiques et les habitudes des jeunes sur les plateformes numériques. Dans cette étude, elle a été adoptée pour étudier les interactions des jeunes ivoiriens sur les plateformes numériques comme Facebook, WhatsApp, les applications et site d’IA, etc. Cette méthode a permis de collecter et d'analyser les données concernant leur utilisation des outils numériques pour s'informer sur les questions politiques et participer aux discussions démocratiques en ligne. Le protocole d’interview a été mené avec une sélection variée de jeunes, y compris des étudiants, les universitaires, des responsable d’ONG et société civique et des activistes politiques. Ces entretiens ont exploré en profondeur leurs expériences personnelles, leurs perceptions et leurs attitudes à l'égard de l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le contexte politique. Les discussions ont également porté sur les défis rencontrés et les opportunités perçues pour une participation démocratique accrue grâce aux technologies numériques.   Cadre d'analyse des données Nos données collectées (interview et discussions de groupe) ont fait l’objet d’une triangulation pour un croisement des informations afin de comparer la cohérence leur, leur fiabilité et renforcer la validité. L’analyse descriptive incluant principalement les pourcentages et les moyennes a servi pour les données quantitatives. Quant à l’analyse thématique, a été utilisée pour identifier et analyser les thèmes récurrents dans les données qualitatives recueillies à travers les entretiens et les documents. Cette technique permet d'organiser les données en catégories pertinentes. Les unités de sens ont été traitées à l'aide de Microsoft Excel. Les résultats obtenus à partir du traitement des données sont présentés et discutés ci-après.   3. Présentation et analyse des résultats La présentation et l’analyse des résultats s’est faite à la lumière des variables sur les données sociodémographiques, l’utilisation et le degré d’appropriation de l’IA, l’accès à l'information politique par les jeunes à l’ère de l’IA, les attitudes et les comportements politiques et les perceptions de l'impact de l'IA sur l'autonomisation politique des jeunes   Les données sociodémographiques <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-1.png" style="width:1353px; height:547px" />Les données relatives aux variables démographiques ont permis de circonscrire la présente étude. En effet, en Côte d’Ivoire, le décret N°72-746 du 24 novembre 1972 fixe l’âge de la jeunesse de 16 à 35 ans. Et cette frange constitue la frange la plus élevée de la population ivoirienne. Ainsi, en prenant en compte l’intervalle d’âge de 15 à 40 ans révolu, nous sommes à même d’avoir une idée globale des personnes touchées par cette étude. Graphique 1 : données relatives à l’âge des personnes interrogées   Sur un effectif de 122 personnes interrogées, 56,6% ont l’âge compris entre 21 et 30 ans. Et 23% ont l’âge compris entre 31 et 40%. Nous nous rendons compte que la quasi-totalité des jeunes ayant répondu au questionnaire, soit 79,6% ont un âge compris entre 21 et 40 ans.   L’utilisation et le degré d’appropriation de l’IA par les jeunes Relativement à l’appropriation des outils technologiques numériques en général, et particulièrement l’usage des technologies IA en particulier. Les mesures étatiques relatives à l’inclusion numérique depuis ces dernières années ont permis aux jeunes en zone urbaine de faire une certaine familiarité avec les outils numériques. En outre, les jeunes semblent avoir un usage de plus en plus fréquent des technologies numériques. En témoigne les chiffres indiqués ci-dessous. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-2.png" style="width:1384px; height:534px" /> Graphique 2 : données relatives à la fréquence d’utilisation des technologies numériques   À la lecture de ce graphique, il ressort que 45,1% des jeunes ont un usage « quotidien » ; 28,7% utilise ces technologies « plusieurs fois par jour ». Toutefois, 13,1% les utilisent de façon hebdomadaire, contre 13,1% qui confie utiliser « rarement » ces outils. À l’analyse, nous pouvons retenir que les technologies nouvelles sont l’apanage des jeunes. Plusieurs auteurs ivoiriens le confirment dans leurs travaux. D’abord Kouakou (2018) dans ces recherches sur l'appropriation des technologies de l'information et de la communication par les jeunes ivoiriens, avait indiqué que « les jeunes ivoiriens sont particulièrement attirés par les TIC pour des raisons d'éducation, de divertissement et de communication, bien plus que les générations plus âgées ». Et ensuite, N’Guessan (2019) qui a aussi abordé la question de la problématique de l’appropriation des outils numériques par les jeunes notamment les réseaux sociaux. N’Guessan (2019) dans son étude a noté que les jeunes ivoiriens sont les principaux utilisateurs des médias sociaux, « pour diverses activités sociales et éducatives ».   <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-3.png" style="width:1384px; height:456px" /> Graphique 3 : données relatives au niveau de familiarité des utilisateurs   Par ailleurs, le graphique ci-dessus illustre bien le fait que les jeunes soient « assez familiers » avec outils numériques, 51,6% des personnes interrogées vient corroborer cette thèse. 29,5% sont « très familiers ». En sujet des types d’applications d’IA utilisées, nous avons obtenu les résultats du graphique qui suit : <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-4.png" style="width:1384px; height:606px" /> Graphique 4 : données relatives aux types d’applications d’IA utilisées   Relativement aux types d’applications d’IA utilisées, nous retenons que la plupart des usagers se réfèrent aux Réseaux Sociaux Numériques.       L’accès à l'information politique par les jeunes à l’ère de l’IA Relativement à l’accès à l’information par les jeunes à l’ère de l’IA, il ressort que 66,4% des jeunes soumis au questionnaire appartiennent à des organisations de jeunesse à caractère civique et/ou politique. L’appartenance des jeunes à des structures les prédispose à être des vecteurs d’information. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-5.png" style="width:1384px; height:582px" /> Graphique 5 : données relatives à l’appartenance à une organisation de jeunesse à caractère civique ou politique   À l'ère de l'intelligence artificielle (IA), l'accès à l'information politique pour les jeunes connait une transformation profonde. L'IA offre de nouvelles opportunités pour s'informer, s'engager et participer à la vie démocratique, mais présente également des défis qu'il ne faut pas négliger. En effet, cette idée est soutenue par la Déclaration Mondiale sur l’Intégrité de l’Information en Ligne (Octobre 2023), qui est convaincu que les technologies d'IA générative, ainsi que divers autres systèmes d'intelligence artificielle, ont ouvert des perspectives inédites pour le développement et l'innovation. Les grands modèles de langage, notamment, ont prouvé leur capacité exceptionnelle à améliorer l'accès à l'information et à en évaluer la précision. Son avènement devrait offrir aux jeunes ivoiriens un accès à l'information politique plus large et plus diversifié que jamais auparavant. Les plateformes en ligne et les réseaux sociaux, alimentés par l'IA, permettent aux jeunes de s'informer sur l'actualité politique, les programmes des candidats et les débats en cours, le tout à partir de leur smartphone ou de leur ordinateur. Aussi, les algorithmes d'IA peuvent analyser les intérêts et les préférences des utilisateurs pour leur proposer des informations politiques personnalisées et pertinentes. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-6.png" style="width:1384px; height:658px" /> Graphique 6 : données relatives aux sources d’information politique préférées des jeunes   L'IA a le potentiel de transformer l'accès à l'information politique pour les jeunes en Côte d'Ivoire. Cependant, il est essentiel de relever les défis liés à la désinformation, à la fracture numérique et à la protection des données pour garantir que l'IA profite à tous les jeunes et contribue à renforcer la démocratie. En s'attaquant à ces défis et en promouvant une utilisation responsable de l'IA, la Côte d'Ivoire peut faire en sorte que les jeunes soient des acteurs informés, engagés et autonomes dans le processus démocratique. De plus, les observations, les discussions de groupes et les entretiens ont révélé que les jeunes ont pour principale source d’information politique les réseaux sociaux numérique ou les leaders politiques. Toutefois, ils ont une approche subjective et une traitement limités de ces sources qui ne sont pas toujours fiable.   Les attitudes et les comportements politiques des jeunes Les jeunes en Côte d'Ivoire représentent une part importante de la population et leur engagement politique est crucial pour l'avenir du pays. Comprendre leurs attitudes et comportements politiques est donc essentiel pour les acteurs politiques et les organisations de la société civile. À la suite des enquêtes réalisées et à propos du niveau de confiance des jeunes aux institutions politiques et gouvernementales 58,2% des personnes interrogées sont « assez confiant », 32% ne sont pas « très confiant ». <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-7.png" style="width:1384px; height:582px" /> Graphique 7 : données relatives à la confiance aux institutions politiques et gouvernementales Les jeunes ivoiriens s'intéressent de plus en plus à la politique, mais cet intérêt reste souvent superficiel et ne se traduit pas nécessairement par une participation active. La confiance des jeunes dans les institutions politiques, telles que le gouvernement et les partis politiques, est généralement faible. À l’ère de la démocratisation des sources d’information facilitée par les outils numériques et l’IA, l'intérêt croissant des jeunes pour la politique, l'utilisation croissante des médias sociaux et la mobilisation croissante de la société civile offrent des opportunités pour accroître la participation des jeunes à la vie politique. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-8.png" style="width:1384px; height:531px" /> Graphique 8 : données relatives au niveau d’engagement dans le débat en ligne et hors ligne L'engagement des jeunes dans les débats politiques est crucial pour le dynamisme et la vitalité d'une démocratie. En Côte d'Ivoire, comme dans de nombreux pays africains, les jeunes constituent une part importante de la population et leur participation aux discussions politiques est essentielle pour l'avenir du pays.   Les perceptions de l'impact de l'IA sur l'autonomisation politique des jeunes L'intelligence artificielle (IA) a le potentiel de transformer la manière dont les jeunes s'informent, s'engagent et participent à la vie politique. Les perceptions des jeunes sur l'impact de l'IA sur leur autonomisation politique sont variées et complexes. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-9.png" style="width:1384px; height:582px" /> Graphique 9 : Données relatives à l’opinion des jeunes sur l’efficacité de l’IA pour améliorer l’accès à l’information politique Selon les personnes interrogées, l’IA serait « assez efficace » pour améliorer l’accès à l’information politique en Côte d’Ivoire. Malgré les avantages potentiels, certains jeunes expriment des inquiétudes quant à l'utilisation de l'IA pour la participation démocratique. Certains jeunes craignent que l'IA soit utilisée par des acteurs politiques ou des entreprises pour manipuler l'opinion publique et influencer les résultats électoraux. En outre, les algorithmes d'IA peuvent être opaques et difficiles à comprendre, ce qui soulève des questions de transparence et de responsabilité dans le contexte de la participation démocratique. Enfin, l'utilisation excessive de l'IA pour la participation démocratique pourrait conduire à une déresponsabilisation des citoyens et à une diminution de l'engagement direct dans les processus démocratiques traditionnels. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-10.png" style="width:1384px; height:582px" /> Graphique 10 : données relatives à la perception de l’IA comme outil de participation démocratique Relativement à la perception de l’IA comme outil de participation démocratique, 58,3% des personnes que nous avons interrogées sont « plutôt d’accord ». 12,5% sont « tout à fait d’accord » avec le fait que l’IA soit un outil adéquat de participation démocratique. En d’autres termes, ils estiment que l’IA en général et particulièrement l’IA générative peut faciliter l’accès à l’information sur des sujets d’ordre démocratique. Aussi, la facilité d’utilisation des outils de l’IA peut permettre aux jeunes de produire du contenu sur des questions citoyennes, civiques et démocratiques. Cependant, il faut souligner que 25,8%.   En offrant de nouveaux outils et plateformes, l'IA peut faciliter l'accès à l'information, la mobilisation citoyenne et la participation aux processus démocratiques. <img src="https://www.numerev.com/img/ck_3262_1_image-20240624223828-11.png" style="width:1384px; height:582px" /> Graphique 11 : données relatives aux risques potentiels de l’IA pour la démocratie   Malgré l’espoir suscité par l’IA et de ses potentialités à faciliter l’accès à l’information, donc à contribuer à la construction de la démocratie, il n’en demeure pas moins qu’elle augure une nouvelle ère de suspicion, de problématique voire des préoccupations. En effet, 56,7% de notre échantillon estiment être « assez préoccupés », 18,3 % « très préoccupé ». Ces chiffrent montrent que la grande majorité des jeunes reste préoccupée. Au nombre de ses préoccupations, il y a l'accès disparate aux technologies, en particulier dans les zones rurales ou défavorisées, risque d'exclure certains groupes de citoyens de la participation démocratique en ligne, creusant ainsi les inégalités sociales et limitant l'inclusion. Aussi, l'IA peut être utilisée pour diffuser de fausses informations et de la propagande à grande échelle, influençant les opinions et manipulant les comportements électoraux, menaçant l'intégrité des processus démocratiques.   En récapitulatif, nous retenons de nos résultats d’enquête que les opinions des jeunes ivoiriens sur l'efficacité de l'IA à améliorer l'accès à l'information politique en Côte d'Ivoire sont mitigées. L'IA offre des opportunités prometteuses pour élargir l'accès à l'information, la personnaliser et la rendre plus fiable. Cependant, il est crucial de s'attaquer aux défis de la fracture numérique, des biais algorithmiques, de la manipulation et du manque de compétences critiques pour garantir que l'IA profite à tous les jeunes et contribue à un accès démocratique et équitable à l'information politique.   4. Discussions des résultats Dans cette section nous tenterons d’interpréter certains résultats obtenus de l'analyse des données portant sur l'utilisation et l'appropriation de l'intelligence artificielle (IA) par les jeunes en Côte d'Ivoire, et son impact potentiel sur leur accès à l'information et leur participation au processus démocratique. Il s’agit de mettre en lumière les principales conclusions de la réflexion, les confronterons également les résultats d'autres recherches existantes, et discuterons de leurs implications pour la pratique et les politiques publiques. Utilisation et appropriation de l'IA par les jeunes Nos résultats indiquent que les jeunes en Côte d'Ivoire utilisent couramment les technologies numériques. L’usage quotidien d’Internet et des applications mobiles est indéniable, en témoigne le taux de pénétration estimé à 149,1% de la population totale, soit 43,59 millions de personnes (Datareportal, 2024). Cependant, l’usage de l'IA dans leur vie quotidienne, notamment pour l'accès à l'information et la communication sur la chose politique reste encore à désirer. En outre, les jeunes en zone urbaine avec pour certains un niveau d’étude relativement bas et d’autres avec un niveau universitaire, semblent mieux habitués à l’utilisation des outils numériques et se les approprient au mieux. Ce constat laisse entrevoir une inégalité entre les jeunes vivant dans les grandes et ceux encore en zone rurale comme nous l’avons souligné dans les sections précédentes. Si certains sont semblent être assez familiers avec les concepts de base de l'IA et ont des connaissances sur ses potentialités et opportunités. Il est important de signifier qu’il existe un écart important entre la connaissance et l'utilisation efficiente de l'IA, ce qui suggère un besoin de renforcer l'éducation et la formation des jeunes dans ce domaine. Intelligence Artificielle, information et autonomisation des jeunes L'étude montre que l’intelligence artificielle peut jouer un rôle important dans l'autonomisation des jeunes en Côte d’Ivoire. Selon le constructivisme vygotskien (Ta&scaron;ner et Gaber, 2018), notamment les fonctions cognitives supérieures, la connaissance, le raisonnement, la planification et la résolution de problèmes se développent initialement dans un contexte social. Le contexte social en milieu urbain est plus favorable à de l’accès à l’information par rapport au milieu rural et donc facilite l’autonomisation des jeunes à Certains niveau. En effet, grâce à la stratégie nationale de développement du numérique en Côte d’Ivoire inimitié par le gouvernement ivoirien depuis 2021, nous assistons à une forte réduction de la fracture numérique au niveau des équipements, des infrastructures et de la qualité de l’Internet. La majorité des localités ivoiriennes continuent de bénéficier de l’accès à l’Internet (SNNCI 2021-2025 Version 1.4., 2022). Ainsi, la difficulté d’accès à l'information est de plus en plus large et plus inclusive. Les outils Internet favorisent une diffusion des informations et des ressources éducatives aux jeunes, en particulier dans les zones rurales et isolées bien que des efforts tant techniques, qu’infrastructurels restent à faire. De plus, l'IA contribue à la création de plateformes avec l’appui des startups locales. Cette dynamique facilite la participation citoyenne et encourage jeunes à s'exprimer et de s'engager dans le processus démocratique. IA et participation des jeunes au processus démocratique Nos résultats suggèrent que l'IA peut avoir un impact positif sur la participation des jeunes au processus démocratique en les rendant plus informés, engagés et connectés. Notons que Yéo (2021) dans ses recherches sur cette problématique a fait observer que les jeunes ivoiriens utilisent de plus en plus des applications d’IA pour accéder à l’information politique, organiser des mouvements et influencer les processus démocratiques. Par ailleurs, du point de vue de Agodio (2022 : 105) « La faible participation citoyenne des jeunes, aussi bien politique que sociale, représente un frein pour la consolidation de la démocratie, gage de cohésion sociale en Côte d’Ivoire ». Car la jeunesse ivoirienne, la participation politique et l’engagement même si elle connait une légère progression selon le rapport (2022) sur la participation des jeunes à la vie politique, elle demeure une préoccupation.  En effet, les jeunes semblent de plus en plus disposés à s’engager dans les processus démocratiques mais les observations et les entretiens de terrain ont permis de comprendre que la jeunesse ivoirienne aspire à un changement du jeu politique basé sur la transformation, la libre expression des opinions, le respect des engagements politiques et la prise en compte de leurs problèmes dans les prises de décisions. De plus plusieurs affirment que « les programmes de développement et les actions sociales (année de la jeunesse) sont orientés vers des partisans politiques ou des connaissances, ce qui explique les échecs qui maintiennent les jeunes dans une situation de dépendance ». Cependant, il est important de noter que l'IA ne peut pas se substituer à l'éducation civique et à la mobilisation politique traditionnelle. Il est également important de veiller à ce que les technologies d'IA soient utilisées de manière transparente, responsable et éthique afin de ne pas exacerber les inégalités existantes ou de miner les processus démocratiques. Limites et perspectives de recherche Cette étude présente quelques limitations. D’abord, l'étude s'est basée sur des données autodéclarées, ce qui pourrait conduire à des biais de réponse. De futures recherches devraient s'attacher à ces limites en collectant des données dans des contextes plus divers et en utilisant des méthodes de recherche plus rigoureuses. Néanmoins, cette étude fournit des informations précieuses sur le potentiel de l'IA pour autonomiser les jeunes et renforcer leur participation au processus démocratique en Côte d'Ivoire. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les impacts de l'IA sur les jeunes et pour développer des politiques et des programmes qui favorisent une utilisation équitable et responsable de l'IA pour le bien démocratique. Car, pour Ganascia (2021), « Il n’y a pas une discipline scientifique qui a autant transformé le monde que l’intelligence artificielle. » (Ganascia, 2021, p. 150). Ainsi, pour donner orientation éclairée et comprendre les perspectives de la recherche sur l’intelligence artificielle en lien avec l’autonomisation politique de la jeunesse ivoirienne, nous avons convoqué la théorie du constructivisme social dans cette recherche.   Constructivisme social et impact de l'Intelligence Artificielle sur l'autonomisation politique des jeunes en Côte d'Ivoire   Compte tenu de l'aspect interdisciplinaire de notre étude, le paradigme du constructivisme est appropriée plus particulièrement la théorie du constructivisme social. D’abord nous nous référons la définition donnée de Jean Piaget et reprise par Elliott et al (2000 : 256, cité par MentorShow, 2023) en ces termes : Le constructivisme est une théorie de l’apprentissage qui met l’accent sur le rôle actif des apprenants dans la construction de leur propre compréhension. Plutôt que de recevoir passivement des informations, les apprenants réfléchissent à leurs expériences, créent des représentations mentales et intègrent de nouvelles connaissances dans leurs schémas. Le constructivisme est une approche de l’apprentissage qui considère que les gens construisent activement leurs propres connaissances et que la réalité est déterminée par les expériences de l’apprenant. Par contre, dans son ouvrage The Development of Higher Psychological Processes, Vygotsky (1978) développe une approche plus sociale du constructivisme en la définissant en ces termes : « Le constructivisme est une théorie qui postule que les individus construisent activement leur propre compréhension du monde à travers leurs interactions sociales et leurs expériences personnelles » (Vygotsky, 1978 : 88). Chez Vygotsky, la connaissance n'est pas simplement transmise, mais est construite activement par les individus à travers leurs interactions et expériences. Cette approche semble pertinente pour notre recherche sur l’usage de l'IA par les jeunes en Côte d'Ivoire dans le processus démocratique, car elle met en lumière la manière dont l’appropriation des TIC peut influencer la construction active, en créant des opportunités et en apportant des connaissances nouvelles sur la démocratiques. Par ailleurs, en nous appuyant sur l'article de Veronika Ta&scaron;ner et Slavko Gaber intitulé « Lev Vygotski, initiateur du constructivisme social et penseur insaisissable de l’éducation », nous pouvons observer que « Basil Bernstein a découvert Vygotski et Luria en 1958 et a - absorbé la notion de langage en tant que système d’orientation et de régulation » (Bernstein, 1971, cité par Ta&scaron;ner et Gaber, 2018). De ces rencontres sont née des travaux proposés par Bernstein. Selon ces recherches analyser par Ta&scaron;ner et Gaber, nous pouvons retenir que le constructivisme vygotskien est une théorie du développement cognitif qui met l'accent sur l'importance de l'interaction sociale et culturelle dans la formation des connaissances et des compétences. Cette approche considère que le langage joue un rôle central en tant qu'outil médiateur des processus cognitifs et que les fonctions cognitives supérieures se développent initialement dans un contexte social avant d'être intériorisées par l'individu. Ainsi, nous déduire de ce qui précède que les concepts clés découlant du constructivisme social reposent essentiellement sur la l’interaction sociale et contextualisation culturelle, le rôle central du langage, les fonctions cognitives supérieures et construction de la connaissance et la zone proximale de développement (ZPD). Dans le cadre de cet article intitulé « Intelligence Artificielle, information et autonomisation des jeunes dans le processus démocratique en Côte d’Ivoire », l'application des concepts clés du constructivisme social donne des orientations et des opportunités sur la façon dont les jeunes ivoiriens s’approprient et interagissent avec les technologies numériques et son impact sur leur engagement dans le processus démocratique.   L’interaction sociale et la contextualisation culturelle L'interaction sociale et la contextualisation culturelle sont des éléments indispensables à l’acquisition de la connaissance chez Vygotsky. Chez cet auteur, les connaissances et les compétences sont construites par l'individu à travers des interactions avec les autres membres de la société, particulièrement ceux qui sont plus compétents ou expérimentés. Dans notre contexte, il est nécessaire d’explorer la manière dont la jeunesse ivoirienne recourt aux plateformes d'intelligence artificielle pour accéder régulièrement à l'information politique et exprimer leurs opinions dans leur cadre socioculturel. Ainsi, ces interactions numériques modèlent leur compréhension de la démocratie et participent à leur autonomisation en tant que citoyens engagés.   Le rôle central du langage Le langage dans le processus cognitif apparait comme un outil de modération, car pour Vygotsky, il est non seulement l’élément central de la communication mais aussi l’outil de penser et de résolution des problèmes. Le développement du langage est donc intrinsèquement lié au développement cognitif. En effet, le rôle central du langage se traduit à travers des discussions en ligne, ainsi que l'utilisation d'algorithmes d'intelligence artificielle pour traiter et diffuser l'information politique. Cette utilisation de l’IA façonne directement la manière dont ces jeunes communiquent et interprètent les données générées par l'IA. Le langage utilisé dans les discussions influence directement leur participation démocratique et leur capacité à prendre des décisions éclairées. Le contenu et le sens caché du langage employé par les parties prenantes entrainent des jugements de valeurs sur la base des connaissances acquises grâce à IA.   Les fonctions cognitives supérieurs et la construction de la connaissance Pour Bernstein (1971, cité par Ta&scaron;ner et Gaber, 2018) le constructivisme vygotskien, a analysé les fonctions cognitives supérieures en se basant sur le raisonnement, la planification et la résolution de problèmes. Les fonctions cognitives se développent initialement dans un contexte social. À travers cette étude, nous constatons que les jeunes développent des compétences critiques et analytiques en naviguant à travers les informations politiques disponibles grâce aux technologies de l’IA. L’accès permanent et rapide à l’information et la triangulation des données accroit la capacité des jeunes ivoiriens à évaluer les sources, à comprendre les différents points de vue et à formuler des opinions informées sur les questions démocratiques.   La zone proximale de développement (ZPD) La ZPD fait partie des piliers de la pensée socioconstructivisme chez Vygotsky. C’est l'écart entre ce que l'apprenant peut accomplir seul et ce qu'il peut accomplir avec l'aide d'un adulte ou de pairs plus compétents. C'est dans cette zone que l'apprentissage optimal se produit, grâce à un soutien approprié appelé « scaffolding » (guidage progressif ou étayage). Grâce aux renforcements des capacités, aux formations et à l’orientation éclairée favorisées par les ZPD, la jeunesse utilise les technologies d'IA pour accéder à des informations diversifiées et pour apprendre à interpréter et à utiliser ces données de manière constructive tout en se les appropriant. L’approches de la zone proximale de développement est bénéfique pour les initiatives éducatives et les politiques publiques afin de soutenir l’utilisation responsable de l'IA et renforcer l'engagement démocratique des jeunes en Côte d'Ivoire.   Pour synthèse, l’utilisation du constructivisme dans cet article permet explorer comment les jeunes interagissent avec les technologies de l'IA pour accéder à l'information, analyser les aspects socio-culturels de ces interactions qui limite leur appropriation, mesurer le niveau de confiance et comprendre ainsi leur influence sur la perception de la démocratie et l'engagement politique et citoyen. Il permet d’examiner également comment ces interactions sur les plateformes d’intelligence artificielle aident les jeunes à construire leur compréhension du processus démocratique et à développer une conscience politique favorable à leur autonomisation dans le contexte démocratique. Conclusion Cette article examine le potentiel de l'intelligence artificielle (IA) pour autonomiser politiquement les jeunes en Côte d'Ivoire, en s'appuyant sur le constructiviste social. Ce modèle théorique met l'accent sur la construction sociale de la réalité par les interactions humaines et les médias numériques. Il est pertinent pour comprendre comment les technologies numériques peuvent influencer et façonner les pratiques numériques tout en suscitant l’autonomisation et engagement politique de la jeunesse ivoirienne. Par ailleurs, nos résultats indiquent que l'intelligence artificielle offre des opportunités significatives pour améliorer l'accès à l'information politique et encourager la participation citoyenne. En intégrant des plateformes numériques intelligentes, l'IA peut créer des espaces inclusifs pour le dialogue politique, l'organisation sociale et la mobilisation des communautés rurales. Ces technologies peuvent aider les jeunes à se sentir plus engagés et influents dans les processus démocratiques, en facilitant un accès plus équitable à l'information et en augmentant la transparence. Cependant, l'étude met en évidence des défis majeurs. Les disparités d'accès à Internet entre les jeunes des zones urbaines et rurales risquent d'amplifier les inégalités existantes. De plus, des préoccupations éthiques telles que la fiabilité des algorithmes d’IA, la problématique des usages et de la vie privée demande un examen particulier et une réglementation adéquate pour assurer une utilisation plus responsable de l'IA. De plus, pour maximiser les avantages et les opportunités liées à l’intelligence artificielle, il est nécessaire d’opter pour une l'éducation numérique permanente des jeunes et de promouvoir des compétences numériques chez les jeunes. Ces initiatives de formation doivent être basées sur l’appropriation et l'utilisation éthique et critique de l'IA. En outre, les politique de gouvernance inclusives peuvent créer un environnement favorable dans lequel l’intelligence artificielle peut effectivement soutenir la participation citoyenne et contribuer à un avenir démocratique durable pour la jeunesse ivoirienne. En Clair, cette recherche démontre que l'IA peut se positionner comme catalyseur de la transformation dans l'autonomisation politique des jeunes en Côte d'Ivoire, en s'appuyant sur des principes constructivistes sociaux. Toutefois, la réalisation de ce potentiel nécessite un effort collectif pour surmonter les obstacles et promouvoir une utilisation équitable et éthique de cette technologie. <div> </div>   Bibliographie Agodio, C. J. B. (2022). Jeunesse et participation citoyenne en Côte d’Ivoire. Statéco, 116, 1-23. Bădău, H. M. (2015). Manuel de journalisme en ligne. Bucarest: Ed. Tritonic. Bădău, H. M. (2019). Intelligence artificielle et réseaux socio-numériques: étude d’impact sur la dynamique des mouvements sociaux en France et en Roumanie. Les Cahiers du numérique, 2019(3), 211-226. <a href="https://doi.org/10.4000/lavoisier.2019.3.211" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" target="_new">https://doi.org/10.4000/lavoisier.2019.3.211</a> Boyadjian, J. (2020). 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