<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Depuis le début des années 2000, les bibliothèques ont diversifié leurs propositions de services. Les catalogues, les services et les ressources électroniques de la bibliothèque sont désormais accessibles à distance via des moteurs de recherche ou des bases de données / liens hypertextuels. Les usagers fréquentent les bibliothèques aussi bien en se connectant à leurs sites Web qu’en se rendant sur place. A la bibliothèque physique se double ainsi, une autre virtuelle. Aussi, de plus en plus, les interactions avec les usagers passent par les services en ligne. Ainsi, la qualité et l’accessibilité de ses outils et services sont au centre de l’évaluation en Bibliothèque. Toutefois, il est à remarquer que jusqu’à très récemment, l’évaluation de ces outils était principalement estimée à travers des données statistiques concernant leur utilisation (le nombre de sessions, les fonctionnalités les plus usitées ou les types de ressources les plus consultées, etc.) L’évaluation de leur impact, donc de leur utilité pour les usagers est souvent ignorée, alors que, de très bons dispositifs, bien conçus et participant à la diffusion des savoirs se trouvent parfois sous-utilisés, voire même inutilisables. Aussi, il arrive que des outils d’une utilisation plutôt facile ne rencontrent pas les besoins réels et potentiels des usagers. Certains n’auraient ni le temps ni les compétences ou même l’envie de les utiliser. Evaluer une bibliothèque numérique reviendrait donc à s’intéresser aussi bien à sa mise en œuvre et à son impact, qu’à sa désirabilité. En d’autres termes, il s’agit d’évaluer respectivement l’utilisabilité et l’utilité et l’acceptabilité. Que recouvre exactement ces trois concepts ? Comment les opérationnaliser dans le cadre de l’évaluation d’une bibliothèque numérique ? Comment les évaluer ? Comment interpréter les relations entre ces variables ? <span lang="FR">Prenons le cas d’une bibliothèque numérique qui à la suite d’une série d’évaluation se révèle acceptable mais inutilisable et inutile. Comment savoir ce qu’il faut améliorer ? Améliorer l`utilisabilité pourrait-il occasionner l’amélioration de l’utilité ? Ou que l’amélioration de l’utilité entrainera systématiquement une amélioration de l’utilisabilité ?</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="FR">Dans ce papier, nous proposons premièrement un cadre conceptuel construit à partir des études sur l’interaction humain-machine </span><span lang="FR">(Tricot et…,Bobilier-Chaumont et Dubois, Brangier…,)</span><span lang="FR"> et des modèles de l’acceptation des technologies </span><span lang="FR">(Rogers, 1993 ; Ajzen…, Davis… et Venkatesh, 2003) </span><span lang="FR">pour opérationnaliser les concepts utilité - utilisabilité – acceptabilité considérés comme des variables. En effet, il nous semble que la confusion liée aux trois concepts est assez courante, y compris dans des travaux plus récents qui recommande l’adoption du modèle du design UX en bibliothèque (</span>Etches et Schmidt, 2016 ; Alarcon, 2016)<span lang="FR">.</span> Ce cadre comportera en plus des Ainsi, Nous définissons l’utilité comme l’adéquation entre le contenu de la bibliothèque numérique et les besoins informationnels de l’utilisateur sur un sujet et dans un contexte donné. Nous postulons qu’elle se mesure à travers deux critères : l’<i>efficience</i> (mesure par laquelle l’information trouvée est pertinente), et <i>l’avantage relatif </i>(degré de valeur ajoutée apportée par les résultats obtenus <s>par rapport à l’information déjà connu de l’utilisateur</s>). L’utilisabilité est appréhendée par nous comme le degré selon lequel l’utilisateur considère que l’utilisation de la bibliothèque numérique est facile et ne requiert pas d’effort supplémentaire, et que le cas échéant, le processus d’apprentissage est clair et aisé à réaliser. Nous suggérons quatre critères pour l’évaluer : <i>l’efficacité</i> (trouver des informations pertinentes le plus rapidement possible avec le moindre effort), <i>l’apprentissage/apprennabilité</i> (facilité de la prise en main de l’outil), <i>la mémorisation</i> (capacité de réutiliser sans encombre l’outil après un temps de pause) et <i>la fiabilité</i> (c’est la capacité de l’outil à prévenir ou à gérer les erreurs de l’utilisateur). <span lang="FR">Pour ce qui est de l’acceptabilité de l’outil, nous la percevons comme la valeur des représentations mentale et affectives à son propos. Deux construits se dégagent ainsi pour évaluer l’acceptabilité : <i>les attitudes </i>et <i>les affects</i>. Les affects renvoient aux réactions émotionnelles face à un outil. Quand les attitudes, elles se rapportent à l’ensemble des jugements positifs ou négatifs émis par l’utilisateur envers l’outil. Pour leur évaluation, nous recommandons une méthodologie mixte alliant évaluation empirique à inspection heuristique. Sa mise en œuvre requiert l’apport de différents acteurs : le tryptique ergonome-utilisateur-bibliothécaire. </span>L’évaluation heuristique est réalisée par un « expert » ergonome qui inspecte la bibliothèque numérique suivant des critères d’utilisabilité. L’évaluation empirique est quant à elle conduite par le bibliothécaire auprès d’un échantillon représentatif des utilisateurs. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="FR">Deuxièmement, nous proposons un cadre formel d’interprétation des liens entre les variables. Tricot et Tricot (2003) ont tenté de proposer un cadre similaire avec des tests fictifs prenant en compte uniquement les variables. Nous proposition va au-delà en prenant en compte les relations entre les critères au sein d’une même variable. Ainsi, à travers une combinaison de régression linéaire simple et multiple nous proposons des scénarios d’interprétations des liens possibles entre ces variables. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Au total, notre papier propose d’une part, un cadre conceptuel et un instrument de mesure d’évaluation des bibliothèques numériques en particulier, qui peut être adapté aux autres services en ligne et produits offerts par la bibliothèque. Et d’autre part, une cadre formel d’interprétation des résultats évaluations.</span></span></p>