<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, les biblioth&egrave;ques ont diversifi&eacute; leurs propositions de services. Les catalogues, les services et les ressources &eacute;lectroniques de la biblioth&egrave;que sont d&eacute;sormais accessibles&nbsp;&agrave; distance via des dispositifs en ligne. Les usagers fr&eacute;quentent les biblioth&egrave;ques aussi bien en se connectant &agrave; leurs sites Web qu&rsquo;en se rendant sur place. A la biblioth&egrave;que physique se double ainsi, une autre num&eacute;rique. Aussi, de plus en plus, les interactions avec les usagers passent par les interfaces des dispositifs en ligne. Ainsi, proposer des interfaces ergonomiques, qui tiennent compte des sp&eacute;cificit&eacute;s des usagers, de leurs niveaux de comp&eacute;tences, de leurs besoins et pratiques informationnels devient un d&eacute;fi majeur. Le relever passe par une &eacute;valuation r&eacute;guli&egrave;re des interfaces. Evaluer un service ou un dispositif en biblioth&egrave;que revient selon la norme ISO 2789 (2013) &agrave; estimer son efficacit&eacute;, son efficience, son utilit&eacute; et sa pertinence. Cette conception de l&rsquo;&eacute;valuation ne nous semble pas explicite et sp&eacute;cifique aux dispositifs en ligne. Nous partageons plut&ocirc;t celle de Tricot et tricot (2000:195) &agrave; savoir que &laquo;&nbsp;lorsqu&rsquo;on &eacute;value un syst&egrave;me d&rsquo;information, on doit &eacute;valuer sa mise en &oelig;uvre (son utilisation) et ses r&eacute;sultats (les buts qu&rsquo;il permet d&rsquo;atteindre, leur conformit&eacute; aux buts attendus)&nbsp;&raquo; . En clair, &eacute;valuer un dispositif reviendrait &agrave; d&eacute;terminer son utilisabilit&eacute; et son utilit&eacute;. A ces deux dimensions, nous ajoutons celle de sa d&eacute;sirabilit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire la n&eacute;cessit&eacute; du dispositif et l&rsquo;envie d&rsquo;utilisation suscit&eacute;e. On peut, en effet, interroger la raison d&rsquo;&ecirc;tre d&rsquo;un dispositif qui bien qu&rsquo;&agrave; la fois utile et utilisable ne suscite aucune envie chez les utilisateurs. Nous postulons que l&rsquo;&eacute;valuation d&rsquo;un dispositif en ligne revient donc &agrave; estimer son <i>utilisabilit&eacute;</i>, son <i>utilit&eacute; </i>et sa <i>d&eacute;sirabilit&eacute;</i>. Que recouvrent exactement ces trois dimensions&nbsp;? Comment les op&eacute;rationnaliser dans le cadre sp&eacute;cifique de la biblioth&egrave;que&nbsp;? Dans la premi&egrave;re partie de notre papier, nous proposons un cadre conceptuel pour cerner ces dimensions. Ainsi, nous avan&ccedil;ons que l&rsquo;utilit&eacute; est l&rsquo;ad&eacute;quation du contenu du dispositif avec les besoins informationnels de l&rsquo;utilisateur. Nous postulons que deux indicateurs mesurent cette utilit&eacute; : <i>l&rsquo;efficience</i>, et <i>l&rsquo;avantage relatif</i>. Pour l&rsquo;utilisabilit&eacute;, nous l&rsquo;appr&eacute;hendons comme le degr&eacute; selon lequel l&rsquo;utilisateur consid&egrave;re que l&rsquo;utilisation du dispositif est facile et ne requiert pas d&rsquo;effort suppl&eacute;mentaire, et que le cas &eacute;ch&eacute;ant, le processus d&rsquo;apprentissage est clair et ais&eacute; &agrave; r&eacute;aliser. Nous identifions quatre indicateurs pour son &eacute;valuation : <i>l&rsquo;efficacit&eacute;</i>, l<i>&rsquo;apprenabilit&eacute;</i>, la <i>m&eacute;morisation</i> et la <i>fiabilit&eacute;</i>. Enfin, pour ce qui est de la d&eacute;sirabilit&eacute;, nous la percevons dans sa dimension h&eacute;donique c&rsquo;est-&agrave;-dire une r&eacute;action &eacute;motionnelle concernant le dispositif. Deux construits affectivo-motivationnels se d&eacute;gagent pour son &eacute;valuation : les <i>motivations intrins&egrave;ques</i> et les <i>affects</i>. Toutes ces dimensions sont li&eacute;es les unes aux autres et certains auteurs vont jusqu&rsquo;&agrave; affirmer qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;bon&nbsp;&raquo; dispositif en biblioth&egrave;que remplit obligatoirement ces trois dimensions. Ainsi, il devrait &laquo;&nbsp;&agrave; la fois servir &agrave; quelque chose, &ecirc;tre ais&eacute; d&rsquo;acc&egrave;s et donner envie de l&rsquo;utiliser&nbsp;&raquo; (Schmidt et Etches, 2016&nbsp;:p.18). M&ecirc;me si nous partageons cet avis, nous avan&ccedil;ons que les relations entre les dimensions ne sont pas binaires, elles peuvent &ecirc;tre vari&eacute;es et diverses. En effet, un dispositif peut &ecirc;tre utile, mais pas facile &agrave; prendre en main et par cons&eacute;quent ne suscitera pas un engouement quant &agrave; son utilisation. En outre, il peut &ecirc;tre d&eacute;sirable, mais pas facile &agrave; pratiquer et par ricochet pas utile &agrave; l&rsquo;utilisateur. Il y a un ensemble de sc&eacute;narios possibles dont l&rsquo;interpr&eacute;tation permettrait de mieux comprendre l&rsquo;&eacute;valuation. Ainsi, un dispositif qui &agrave; la suite d&rsquo;une s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;valuation se r&eacute;v&egrave;le d&eacute;sirable, mais inutilisable et inutile. Comment savoir ce qu&rsquo;il faut am&eacute;liorer ? Am&eacute;liorer l`utilisabilit&eacute; pourrait-il occasionner l&rsquo;am&eacute;lioration de l&rsquo;utilit&eacute; ? Ou que l&rsquo;am&eacute;lioration de l&rsquo;utilit&eacute; entrainera-t-elle syst&eacute;matiquement une am&eacute;lioration de l&rsquo;utilisabilit&eacute; ? Dans la deuxi&egrave;me partie de notre papier, nous proposons dans un premier temps un cadre m&eacute;thodologique appartenant &agrave; la fois aux champs de l&rsquo;empirisme et de l&rsquo;heuristique pour mettre en &oelig;uvre l&rsquo;&eacute;valuation des trois dimensions. Et dans un second temps, &agrave; partir de diff&eacute;rents sc&eacute;narios r&eacute;alis&eacute;s suivant des &eacute;quations structurelles, nous construisons un cadre formel d&rsquo;interpr&eacute;tation des liens possibles entre les variables. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Au total, notre papier se veut &agrave; la fois th&eacute;orique et m&eacute;thodologique. Il vise &agrave; s&eacute;lectionner les indicateurs les plus pertinents dans les champs de l&rsquo;exp&eacute;rience utilisateur, de l&rsquo;acceptation des technologies et de l&rsquo;interaction humain-machine, afin de concevoir un nouveau cadre conceptuel et interpr&eacute;tatif pour les dispositifs en ligne de la biblioth&egrave;que. </span></span></p>