Lors de la journée d’étude proposée par le comité de suivi de l’édition scientifique qui s’est tenue le 27 janvier 2020 à Paris (Bibliothèque BULAC), il a été souligné l’importance du rôle des revues scientifiques françaises dans le paysage de la recherche, notamment en sciences humaines et sociales (Merindol, 2019). Il a également été rapporté que le chercheur devait continuer à être libre dans ses activités et que l’obligation d’aller vers l’Open Access n’était pas une solution (malgré la tentative du CNRS d’imposer la présence de 100% des publications sur HAL pour les prochains recrutements). A cette issue, nous avons réfléchi à un nouveau mode d’évaluation de la recherche qui ne reposerait plus sur « le chercheur» mais sur la revue elle-même. Comment repenser l’évaluation de la recherche suite à l’ampleur du mouvement de l’Open Access ? Quels seraient les impacts d’une mode de diffusion par les revues scientifiques uniquement en libre accès (voie green et/ou voie diamant) ? Ces revues peuvent-elles exister uniquement grâce à ce modèle ? La qualification au CNU demande certains critères bien précis sur les publications dans des revues scientifiques (françaises et internationales). Dans ce prolongement, il serait souhaitable d’évaluer la présence du chercheur dans des revues en OA, en complément des revues qualifiantes/classantes/de rang françaises ou internationales pour la qualification. De même, il est possible de remplacer cette tâche (que les chercheurs repoussent encore majoritairement) et la remplacer par des automates (algorithme d’automatisation, scrapping, moissonnage) qui seront gérer par les professionnels de l’IST. Cette nouvelle évaluation de la recherche bouscule les codes : changement d’acteurs de l’OA, création de postes plus « techniques », réévaluation des missions du chercheur dans la recherche française. Cette nouvelle évaluation repose donc sur plusieurs principes : - Création des revues en Open Access (voie green ou voie diamant de préférence) avec attribution de DOI pour chaque article - Publier de préférence dans les revues en OA - Privilégier les plateformes de type Cairn et OpenEdition - Toutes les publications en OA sont recensées directement par les professionnels de l’IST (les données ouvertes dans les revues en OA seront privilégiées) - L’HCERES, le CNRS et le CNU doivent évaluer, selon leurs besoins, les chercheurs français en fonction de  <ul> <li style="text-align: justify; text-indent: -18pt; margin-left: 48px;">      Leur présence dans les revues qualifiantes/classantes/à rang</li> <li style="text-align: justify; text-indent: -18pt; margin-left: 48px;">      Leur présence dans les revues en Open Access </li> </ul> - Les revues scientifiques privées qui ne voudraient pas passer en libre accès seraient sollicitées pour ouvrir (au minima) les données bibliographiques pour le référencement de la production sur les archives ouvertes - La production scientifique ne se limite pas à la rédaction d’article scientifique. Elle prend en compte les monographies, les chapitres d’ouvrage, les actes de colloque. Pour résumer : il n’est plus nécessaire d’évaluer la présence d’un chercheur sur l’archive ouverte nationale HAL, mais plutôt d’évaluer en amont sa présence dans les revues en libre accès. Car de toute évidence, les données produites par les revues en libre accès seront par définition ouvertes et facilement exploitables/réutilisables par les tiers. C’est là que nous pointons le rôle des professionnels de l’IST et des bibliothécaires des universités afin de diffuser ces données et les productions résultantes de ce processus sur les archives ouvertes . Le libre accès gagnera du terrain grâce à la création de nouvelles revues électroniques. Le DOAJ<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[1]</a> recense aujourd’hui plus de 14 341 revues en libres accès, avec ou sans DOAJ (dont 601 en « Sciences Sociales ») dans près de 133 pays. Avec ce modèle, le chercheur reste libre dans ses activités, sans subir les contraintes et la pression actuelle concernant l’évaluation de la recherche. Lors de son intervention en 2016 à Toulouse, Bernard Rentier a rappelé le principe de l’évaluation dans la recherche scientifique : « Selon le principe universellement accepté de la recherche, celle-ci conduit à des publications. Leur raison d’être est avant tout de permettre la collectivisation du savoir et du savoir-faire et elles sont la manifestation d’une transmission désintéressée et efficace des connaissances et des découvertes. Elles sont toutefois devenues la base même du processus d’évaluation ». La limite de cette proposition demeure dans l’économie des revues scientifiques et académiques. Même si plusieurs maisons d’édition se dirigent peu à peu vers le libre accès, un grand nombre refuse encore de renoncer à leur chiffre d’affaires générés par leur modèle économique d’origine (Ourouk, 2019). Malgré le caractère utopique de cette proposition pour une nouvelle évaluation de la recherche, l’enjeux de cette problématique reste toujours d’actualité d’autant plus que l’ouverture de la science bouleverse les principes mêmes de l’évaluation par les pairs. Bibliographie                      Merindol, J-Y. (2019). L’avenir de l’édition scientifique en France. Comment favoriser le dialogue ? Comment organiser la concertation ?. Consulté sur : <a href="https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Edition_scientifique/57/3/Rapport_JYM_Edition_Scientifique_1235573.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Edition_scientifique/57/3/Rapport_JYM_Edition_Scientifique_1235573.pdf</a>          Ourouk. (2019). Analyse comparative de neuf plateformes de diffusion de revues scientifiques françaises. Consulté sur : <a href="http://www.ourouk.fr/wp-content/uploads/2019/12/MESRI_analyse-comparative-plateformes-France_VFinale_20_01_2020.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://www.ourouk.fr/wp-content/uploads/2019/12/MESRI_analyse-comparative-plateformes-France_VFinale_20_01_2020.pdf</a>             Rentier, B. (2016, octobre). L'évaluation de la recherche et des chercheurs: une réflexion sur la reconnaissance des mérites scientifiques dans un environnement de science ouverte. Communication présentée à la conférence Open Access et évaluation de la recherche : vers un nouvel écosystème ?, Toulouse, France. Récupéré du site : <a href="https://openeval2016.sciencesconf.org/program" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://openeval2016.sciencesconf.org/program</a> <div>  <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[1]</a> <a href="https://www.doaj.org/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.doaj.org/</a> </div> </div>