<h2>Introduction</h2> <p>Le S&eacute;n&eacute;gal est confront&eacute; aujourd&rsquo;hui &agrave; la saturation des effectifs dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur. &Agrave; tire d&rsquo;exemple, l&rsquo;Universit&eacute; Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) compte plus de quatre-vingt mille (80&thinsp;000) &eacute;tudiants alors que sa capacit&eacute; est de seulement dix mille (10&thinsp;000) places. Chaque ann&eacute;e, plus 20&thinsp;000 nouveaux bacheliers souhaitent &ecirc;tre orient&eacute;s &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Dakar. Entre autres solutions, l&rsquo;&Eacute;tat s&eacute;n&eacute;galais a choisi d&rsquo;orienter des nouveaux bacheliers dans des &eacute;coles et universit&eacute;s priv&eacute;es apr&egrave;s avoir mis en place une Universit&eacute; virtuelle d&eacute;nomm&eacute;e (UVS) qui comptait en 2017 plus de 22&thinsp;000 &eacute;tudiants, se pla&ccedil;ant ainsi au rang de deuxi&egrave;me universit&eacute; du S&eacute;n&eacute;gal derri&egrave;re l&rsquo;UCAD, en termes d&rsquo;effectifs. La formation &agrave; distance exp&eacute;riment&eacute;e &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; virtuelle du S&eacute;n&eacute;gal (UVS), et pratiqu&eacute;e &agrave; l&rsquo;EBAD depuis l&rsquo;ann&eacute;e 2000, est aujourd&rsquo;hui vue comme &eacute;tant un palliatif voire une panac&eacute;e aux probl&egrave;mes des effectifs des universit&eacute;s s&eacute;n&eacute;galaises. &Agrave; ce titre l&rsquo;EBAD est toujours cit&eacute;e en exemple par le rectorat de l&rsquo;UCAD et son mod&egrave;le se pr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui comme &eacute;tant un exemple &agrave; suivre.</p> <p>L&rsquo;introduction des TIC &agrave; l&rsquo;EBAD est ant&eacute;rieure &agrave; la formation &agrave; distance. Elle date de 1990 et s&rsquo;est effectu&eacute;e dans le cadre d&rsquo;un projet triangulaire sur l&rsquo;informatique documentaire, r&eacute;unissant l&rsquo;EBAD, l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al et l&rsquo;&Eacute;cole sup&eacute;rieure de l&rsquo;information (ESI) de Rabah au Maroc. Par la suite, l&rsquo;EBAD a accueilli l&rsquo;un des premiers points SYFED[i] &nbsp; de l&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest install&eacute;s par l&rsquo;Agence universitaire de la francophonie appel&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;poque r&eacute;seau (AUPELF/UREF), au d&eacute;but des ann&eacute;es 90. Ceci a permis de familiariser tr&egrave;s t&ocirc;t les enseignants, les &eacute;tudiants, et le personnel administratif, technique et de service (PATS) de l&rsquo;EBAD avec l&rsquo;ordinateur alors que l&rsquo;internet n&rsquo;existait pas encore en Afrique et qu&rsquo;on ne parlait pas encore de FOAD en Afrique.</p> <p>D&eacute;marr&eacute;e en 2000 sous l&rsquo;appellation de Formation continue en Information informatis&eacute;e en R&eacute;seau (FORCIIR), avec le soutien de la Coop&eacute;ration fran&ccedil;aise &agrave; travers le programme PROCOOPTIC[ii], la FOAD &agrave; l&rsquo;EBAD a pendant longtemps &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute;e comme un mod&egrave;le innovant en Afrique. Selon L&ocirc; &amp; Castex (2012) &laquo;&thinsp;&Agrave; l&rsquo;&eacute;poque, la FADIS, comme on la d&eacute;signe &agrave; l&rsquo;EBAD, s&rsquo;appuyait sur un dispositif technique innovant fait de c&acirc;blage int&eacute;gral de l&rsquo;&Eacute;cole (60 points d&rsquo;acc&egrave;s internet) avec un parc informatique de 50 ordinateurs, deux laboratoires d&rsquo;application et une plateforme d&rsquo;enseignement &agrave; distance con&ccedil;ue localement et bien adapt&eacute;e aux besoins du programme&thinsp;&raquo;.&nbsp;</p> <p>Au-del&agrave; du dispositif technique, le projet FORCIIR, coordonn&eacute; par la direction de l&rsquo;EBAD est dirig&eacute; par un chef de projet mandat&eacute; par la Mission de coop&eacute;ration fran&ccedil;aise, assist&eacute; d&rsquo;une sp&eacute;cialiste de la gestion qui a &eacute;t&eacute; recrut&eacute;e par l&rsquo;EBAD au d&eacute;part du chef de Projet. En plus de l&rsquo;&eacute;quipe projet, un Comit&eacute; d&eacute;nomm&eacute; &laquo;&thinsp;PILOT FADIS&thinsp;&raquo; compos&eacute; de tous les segments de l&rsquo;&eacute;tablissement (Direction, enseignants, personnel administratif et de service et autres ressources ext&eacute;rieures) participait activement au fonctionnement du projet.</p> <p>Le mod&egrave;le p&eacute;dagogique choisi, d&egrave;s le d&eacute;but de la FADIS, est une approche hybride qui permet de r&eacute;unir tous les apprenants en d&eacute;but de formation afin de leur permettre de rencontrer pendant trois jours les enseignants pour d&eacute;finir un projet de recherche, se familiariser avec l&rsquo;&eacute;quipe p&eacute;dagogique et ma&icirc;triser l&rsquo;usage de la plateforme. En plus du regroupement de d&eacute;but de formation, les apprenants de la FOAD soutenaient leur m&eacute;moire &agrave; Dakar jusqu&rsquo;&agrave; ce que l&rsquo;EBAD exp&eacute;rimente la soutenance par visioconf&eacute;rence avec l&rsquo;appui des Campus num&eacute;riques francophones de l&rsquo;AUF.&nbsp;</p> <p>En 18 ans (2000-2018) huit cent quatre-vingt-neuf (889)[iii] professionnels de vingt-huit (28) nationalit&eacute;s ont &eacute;t&eacute; form&eacute;s &agrave; distance (Licence et Master) aux m&eacute;tiers des sciences de l&rsquo;information documentaire, sans compter l&rsquo;exp&eacute;rimentation d&rsquo;une formation d&eacute;nomm&eacute;e F2 (certification en e-archiviste) pendant deux ann&eacute;es pour des travailleurs ou dipl&ocirc;m&eacute;s non sp&eacute;cialis&eacute;s dans le c&oelig;ur de m&eacute;tiers auxquels forme l&rsquo;EBAD.</p> <p>Cette &eacute;tude n&rsquo;a pas la pr&eacute;tention de motiver une prise de d&eacute;cision quant &agrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de maintenir ou non la formation &agrave; distance de l&rsquo;EBAD. Son objectif est bien diff&eacute;rent&thinsp;; il vise &agrave; analyser un dispositif de formation &agrave; distance en sciences de l&rsquo;information et de la communication tr&egrave;s innovant &agrave; ses d&eacute;buts (2000), mais qui, vingt&nbsp; ans apr&egrave;s, malgr&eacute; les &eacute;volutions technologiques et celles des m&eacute;thodes p&eacute;dagogiques d&rsquo;enseignement apprentissage n&rsquo;a pas connu de changements majeurs.</p> <p>Le &laquo;&thinsp;mod&egrave;le &eacute;badien&thinsp;&raquo; r&eacute;pond-il encore aux objectifs des apprenants et aux nouvelles &nbsp; exigences li&eacute;es aux m&eacute;tiers des sciences de l&rsquo;information et de la communication&thinsp;? Quelles aptitudes et quels profils de professionnels africains des SIC former &agrave; distance&thinsp;? Aussi, &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; l&rsquo;EBAD semble &ecirc;tre un mod&egrave;le de r&eacute;ussite en Afrique, il serait utile de se demander si sa formation &agrave; distance est reproductible. Autant de questions que soul&egrave;ve la probl&eacute;matique de la Formation &agrave; distance en SIC Afrique.</p> <p>Nous formulons l&rsquo;hypoth&egrave;se que la formation &agrave; distance de l&rsquo;EBAD n&rsquo;est pas reproductible au point d&rsquo;&ecirc;tre cit&eacute; &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Dakar pour r&eacute;soudre la question des effectifs pl&eacute;thoriques et qu&rsquo;il convient d&rsquo;en analyser le dispositif p&eacute;dagogique pour pouvoir appr&eacute;cier le niveau de satisfaction des apprenants, les connaissances acquises en SIC, les effets induits,&nbsp; la reproductibilit&eacute; ou r&eacute;plicabilit&eacute;.</p> <p>Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; le contexte de la FOAD au S&eacute;n&eacute;gal et &agrave; l&rsquo;EBAD, la deuxi&egrave;me partie de l&rsquo;article sera consacr&eacute;e au cadre th&eacute;orique et conceptuel, la troisi&egrave;me partie &agrave; l&rsquo;approche m&eacute;thodologique et la quatri&egrave;me partie pr&eacute;sente et analyse les r&eacute;sultats de l&rsquo;&eacute;tude. Elle sera suivie d&rsquo;une discussion sur la reproductibilit&eacute; du mod&egrave;le &eacute;badien.</p> <h2>Cadre conceptuel et th&eacute;orique.&nbsp;</h2> <p>L&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;un dispositif p&eacute;dagogique peut s&rsquo;inscrire dans le cadre th&eacute;orique de l&rsquo;&eacute;valuation. En l&rsquo;esp&egrave;ce, plusieurs approches sont utilis&eacute;es. Cependant, le mod&egrave;le de Kirkpatrick (1959) nous semble bien indiqu&eacute; pour analyser la FADIS de l&rsquo;EBAD. Il convient alors de pr&eacute;senter une revue de la litt&eacute;rature sur la formation &agrave; distance en g&eacute;n&eacute;ral et la FADIS de l&rsquo;EBAD en particulier avant de revenir sur l&rsquo;&eacute;valuation et le mod&egrave;le de Kirkpatrick et les raisons de son choix.</p> <h3>Revue de la litt&eacute;rature sur la formation &agrave; distance de l&rsquo;EBAD</h3> <p>Le concept de &laquo;&thinsp;formation &agrave; distance&thinsp;&raquo; est &eacute;tudi&eacute; aussi bien en psychologie du travail qu&rsquo;en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation. Selon Gilibert, D. &amp; Gillet, I. (2010), &laquo;&thinsp;La formation est la plupart du temps un concept qui est assez mal d&eacute;fini, tant elle peut prendre des formes vari&eacute;es adapt&eacute;es &agrave; chaque demande, besoin ou contexte&thinsp;&raquo;. La formation a pour objectif de transmettre des connaissances qui conf&egrave;rent une qualification, un grade ou un titre, &laquo;&thinsp;une qualification professionnelle&thinsp;&raquo; Djambian C. et Agostinelli S. (2013). Elle peut &eacute;galement conf&eacute;rer une comp&eacute;tence voire un rang social comme le confirment ces m&ecirc;mes auteurs : &laquo;&thinsp;la comp&eacute;tence professionnelle tend aujourd&rsquo;hui &agrave; devenir une comp&eacute;tence sociale&thinsp;&raquo;. On peut alors retenir que la formation permet de transmettre, des attitudes ou des aptitudes donc un savoir-faire ou un savoir-&ecirc;tre.</p> <p>La notion de distance dans &laquo;&thinsp;formation &agrave; distance&thinsp;&raquo; quant &agrave; elle fait r&eacute;f&eacute;rence au mode d&rsquo;acheminement des &eacute;l&eacute;ments de connaissance (les cours), mais elle sous-entend, une absence de co-pr&eacute;sence physique entre l&rsquo;apprenant et son ma&icirc;tre. Cette distance qui peut s&eacute;parer les acteurs de la formation &agrave; distance peut-&ecirc;tre soit g&eacute;ographique ou temporelle ou les deux &agrave; la fois, entra&icirc;nant alors la n&eacute;cessit&eacute; de l&rsquo;usage d&rsquo;un artefact pour assurer un &eacute;change et une interaction entre les diff&eacute;rents acteurs (apprenants, enseignants, institutions concern&eacute;es).</p> <p>Vingt ans apr&egrave;s ce que l&rsquo;EBAD qualifiait &agrave; l&rsquo;&eacute;poque d&rsquo;une &laquo;&thinsp;aventure p&eacute;dagogique&thinsp;&raquo;, au point de baptiser sa plateforme &laquo;&thinsp;Ariane&thinsp;&raquo;[iv], la FOAD &agrave; l&rsquo;EBAD n&rsquo;a jamais fait l&rsquo;objet d&rsquo;une &eacute;valuation par des pairs. Juste quelques &eacute;tudes lui ont &eacute;t&eacute; consacr&eacute;es, notamment des communications, Diarra Mamadou (2005)&thinsp;; Sow Mody. &amp; Tendeng Antoine. (2001)&thinsp;; L&ocirc; Ibrahima (2007)&thinsp;; Gaye Doudou Sall (2008).&nbsp;</p> <p>Loiret Pierre-Jean (2007) est cependant celui qui a consacr&eacute; plus d&rsquo;&eacute;tudes &agrave; la FADIS de l&rsquo;EBAD, notamment &agrave; travers une th&egrave;se de doctorat en science de l&rsquo;&eacute;ducation soutenue en 2007 &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Rouen et &eacute;galement dans un article paru dans le vol VI n&deg; 2/2008 de la revue &laquo;&thinsp;Distance et Savoir&thinsp;&raquo;. Le m&ecirc;me auteur analyse, dans un ouvrage collectif dont il est le coordinateur (Loiret, 2013), les facteurs de succ&egrave;s du mod&egrave;le de l&rsquo;EBAD. Il qualifie la FOAD de l&rsquo;EBAD &laquo;&thinsp;d&rsquo;une bonne pratique &agrave; reproduire&thinsp;&raquo; et dont le succ&egrave;s pourrait &ecirc;tre analys&eacute; &agrave; travers le cadre th&eacute;orique du &laquo;&thinsp;leadership partag&eacute;&thinsp;&raquo;. Selon cet auteur, &laquo;&thinsp;le leadership partag&eacute; nous para&icirc;t &ecirc;tre la principale raison du succ&egrave;s de l&rsquo;entreprise. Toutefois, nous rajoutons au titre des bonnes pratiques &agrave; reproduire, le fait que le projet a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;un suivi dans le temps, accompagnant le changement et permettant de b&acirc;tir des fondations solides&thinsp;&raquo; (Loiret, 2007). Aussi pour ce dernier, l&rsquo;adh&eacute;sion des acteurs de l&rsquo;&Eacute;cole est aussi un &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;explication de la r&eacute;ussite de &laquo;&thinsp;l&rsquo;aventure p&eacute;dagogique&thinsp;&raquo; de la FOAD &agrave; l&rsquo;EBAD.&thinsp;&raquo; Il estime &agrave; ce titre que &laquo;&thinsp;l&rsquo;engagement des ressources humaines de l&rsquo;EBAD, de m&ecirc;me que le style de management de l&rsquo;&eacute;quipe-projet sont des facteurs de succ&egrave;s&thinsp;&raquo;. Il rejoint en cela Djambian et Agostinelli (2013) selon qui la relation humaine est au c&oelig;ur de la formation. Doudou Sall Gaye (2014) annon&ccedil;ait d&eacute;j&agrave; en 2009 dans son&nbsp; m&eacute;moire de fin d&rsquo;&eacute;tudes en SIC que&thinsp;&raquo; La FADIS de l&rsquo;EBAD peut &ecirc;tre une synergie d&rsquo;efforts et de bonnes pratiques entre l&rsquo;E-learning et les sciences de l&rsquo;information &mdash; documentation&thinsp;&raquo;.&nbsp;</p> <h3>Le cadre th&eacute;orique de l&rsquo;&eacute;valuation&nbsp;</h3> <p>Cette &eacute;tude s&rsquo;inscrit dans le cadre th&eacute;orique de l&rsquo;&laquo;&thinsp;&eacute;valuation&thinsp;&raquo; qui se d&eacute;finit comme &eacute;tant une &laquo;&thinsp;d&eacute;marche rigoureuse de collecte et d&rsquo;analyse d&rsquo;information qui vise &agrave; porter un jugement sur un programme, une politique, un processus, une activit&eacute;́ ou un projet pour aider &agrave; la prise de d&eacute;cision&thinsp;&raquo; (Gouvernement du Qu&eacute;bec, Secr&eacute;tariat du Conseil du tr&eacute;sor, 2013). L&rsquo;&eacute;valuation d&rsquo;une formation &agrave; distance consiste selon Leroux J.L. (2017) &agrave; &laquo;&thinsp;recueillir des informations sur l&rsquo;apprentissage r&eacute;alis&eacute; par l&rsquo;&eacute;tudiant et &agrave; les interpr&eacute;ter en vue de porter un jugement et de prendre les meilleures d&eacute;cisions possibles sur le niveau d&rsquo;apprentissage de l&rsquo;&eacute;tudiant et la qualit&eacute; de l&rsquo;enseignement&thinsp;&raquo;.</p> <p>Notre &eacute;tude vise plus particuli&egrave;rement &agrave; &eacute;valuer notamment un dispositif p&eacute;dagogique d&rsquo;enseignement &agrave; distance en sciences de l&rsquo;information et de la communication (SIC) exp&eacute;riment&eacute; pour la premi&egrave;re fois en Afrique francophone &agrave; l&rsquo;EBAD afin d&rsquo;am&eacute;liorer son efficacit&eacute;.&nbsp;&nbsp;</p> <p>Il existe plusieurs approches et autant de m&eacute;thodes d&rsquo;&eacute;valuation parmi lesquelles le CIRO pr&ocirc;n&eacute; par Ward, Bird et Rackam (1970) qui s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; l&rsquo;efficacit&eacute; de la formation et le mod&egrave;le de Kraiger et al. (1993), centr&eacute; sur le niveau d&rsquo;apprentissage. D&rsquo;autres mod&egrave;les, inspir&eacute;s de Tinto (1987) et Kember (1990) s&rsquo;int&eacute;ressent au tutorat et ils sont consacr&eacute;s aux interactions entre apprenants et enseignants. Aharony N. (2014) s&rsquo;int&eacute;resse particuli&egrave;rement &agrave; la perception des apprenants en SIC sur le mobile learning.</p> <p>Cependant, le mod&egrave;le d&rsquo;&eacute;valuation de Krikpatrick (1959) nous semble mieux indiqu&eacute; pour &eacute;valuer la FADIS de l&rsquo;EBAD. Ce choix est motiv&eacute; par le fait que notre d&eacute;marche s&rsquo;inscrit plus dans une analyse critique que dans une d&eacute;marche de choix ou d&rsquo;abandon de la FADIS. Elle rejoint alors Kirkpatrick (1959) en ce qu&rsquo;il s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; &eacute;tudier l&#39;efficacit&eacute; dans le but de le rendre plus performant &laquo;&thinsp;mesurer son efficacit&eacute; et de voir comment l&#39;am&eacute;liorer. Par ailleurs, le mod&egrave;le de Kirkpatrick est selon Santos et Stuart (2003), celui qui est &laquo;&thinsp;le plus utilis&eacute; par les professionnels de la formation, mais aussi les chercheurs travaillant sur l&rsquo;&eacute;valuation des actions de formation&thinsp;&raquo;, comme dans notre cas. Ce mod&egrave;le nous semble donc tout indiqu&eacute; pour &eacute;valuer la FADIS de l&rsquo;EBAD. D&rsquo;autant plus que cette derni&egrave;re &eacute;tait &agrave; sa cr&eacute;ation une toute nouvelle exp&eacute;rience qui a su d&eacute;velopper ses propres outils et m&eacute;thodes et que son &eacute;valuation peut donc n&eacute;cessiter la combinaison de plusieurs approches. Conscient des limites du mod&egrave;le de Kirkpatrick, ant&eacute;rieur au d&eacute;veloppement du num&eacute;rique et centr&eacute; sur les sciences de l&rsquo;&eacute;ducation et la formation, nous l&rsquo;avons combin&eacute; avec un autre mod&egrave;le propos&eacute; par Karsenti, Depover, Collin, Jaillet et Peraya, (2013) qui analysent les perceptions et les principales caract&eacute;ristiques de 2416 &eacute;tudiants inscrits en formation &agrave; distance. Il convient cependant de pr&eacute;ciser que ce dernier mod&egrave;le est aussi d&eacute;riv&eacute; du mod&egrave;le de Kirkpatrick.</p> <h3>Retour sur le mod&egrave;le de Kirkpatrick</h3> <p>En 1959, Kirkpatrick publia la seconde &eacute;dition de son ouvrage intitul&eacute; &laquo;&thinsp;Evaluating Training Programs&thinsp;&raquo; qui proposait un mod&egrave;le &agrave; quatre niveaux pour &eacute;valuer une formation. Selon lui, il peut y avoir plusieurs raisons d&rsquo;&eacute;valuer une formation parmi lesquels la d&eacute;cision de poursuivre ou non le programme, mais &eacute;galement la collecte d&rsquo;information sur &laquo;&thinsp;comment am&eacute;liorer l&rsquo;efficacit&eacute; du programme&thinsp;&raquo;. Le mod&egrave;le de Kirkpatrick se r&eacute;sume alors &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation de l&rsquo;impact d&rsquo;une formation &agrave; travers plusieurs niveaux :</p> <p>&nbsp; - La r&eacute;action qui mesure le niveau de satisfaction de l&rsquo;apprenant&thinsp;;</p> <p>- L&rsquo;apprentissage qui mesure le niveau d&rsquo;acquisition des connaissances &eacute;tudi&eacute;es&thinsp;;</p> <p>- Le comportement ou le niveau de capitalisation et d&rsquo;utilisation des connaissances apprises&thinsp;;</p> <p>- Le r&eacute;sultat ou le niveau de performance ou l&rsquo;impact de la formation &agrave; la fois chez l&rsquo;apprenant et chez l&rsquo;entit&eacute; formatrice.</p> <p>L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que suscite le mod&egrave;le de Kirkpatrick s&rsquo;explique par plusieurs raisons dont les plus importantes sont sa simplicit&eacute; et le fait qu&rsquo;il r&eacute;ponde &laquo;&thinsp;aux besoins des professionnels de la formation de comprendre l&rsquo;&eacute;valuation de la formation de mani&egrave;re syst&eacute;matique&thinsp;&raquo; (Shelton &amp; Alliger, 1993).</p> <p>Cependant, comme le montrent si bien Gilibert, D. &amp; Gillet, I. (2010), le mod&egrave;le de Kirkpatrick est parfois critiqu&eacute; par certains chercheurs comme Houlton (1996) qui remet en cause le caract&egrave;re scientifique de sa d&eacute;marche. Aussi, Bates (2004) estime &laquo;&thinsp;qu&rsquo;il ne prend pas suffisamment en compte le contexte de la formation notamment les besoins de formation et l&rsquo;&eacute;valuation de la rentabilit&eacute;&thinsp;&raquo;. Reitz, P. (1997) admet que le mod&egrave;le de Kirkpatrick peut bien &laquo;&thinsp;s&rsquo;appliquer dans un contexte de recherche scientifique, mais il ne semble pas r&eacute;aliste pour &eacute;valuer les r&eacute;sultats des efforts de formation en milieu de travail&thinsp;&raquo;. Pour Kraiger et al. (1997), le mod&egrave;le de Kirkpatrick ne permet pas de prendre une d&eacute;cision &laquo;&thinsp;quant &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t, la reconduite ou surtout l&rsquo;optimisation d&rsquo;une formation&thinsp;&raquo;. Kirkpatrick (1959) affirme &agrave; ce propos que &laquo;&thinsp;la raison qui le plus souvent motive l&rsquo;&eacute;valuation c&rsquo;est la volont&eacute; de mesurer son efficacit&eacute; et de voir comment l&rsquo;am&eacute;liorer. Souvent la d&eacute;cision de poursuivre la formation est d&eacute;j&agrave; prise. Malgr&eacute; toutes les critiques, le mod&egrave;le de Kirkpatrick reste aujourd&rsquo;hui l&rsquo;un des plus utilis&eacute;s.</p> <h2>Approche m&eacute;thodologique : &laquo;&thinsp;l&rsquo;approche syst&eacute;mique&thinsp;&raquo;</h2> <p>L&rsquo;approche syst&eacute;mique nous semble &ecirc;tre un cadre d&rsquo;&eacute;tude int&eacute;ressant pour analyser la formation &agrave; distance l&rsquo;EBAD. Selon Depover (2009), &laquo;&thinsp;le cadre syst&eacute;mique conduit les chercheurs &agrave; la r&eacute;solution des probl&egrave;mes en contexte r&eacute;el afin de d&eacute;gager des solutions qui puissent &ecirc;tre reproductibles, ou du moins g&eacute;n&eacute;ralisables &agrave; une gamme de situations&thinsp;&raquo; Notre approche m&eacute;thodologique ob&eacute;it &agrave; cette logique, elle ne vise donc pas comme le dit Depover (2009) &laquo;&thinsp;&agrave; &eacute;laborer une loi, mais plut&ocirc;t &agrave; comprendre en profondeur certains ph&eacute;nom&egrave;nes pour mieux les prendre en compte et mettre en &oelig;uvre des dispositifs d&rsquo;apprentissage plus efficaces&thinsp;&raquo;. Nous &eacute;tudions dans notre analyse les motivations, les niveaux de satisfaction des apprenants, les connaissances acquises et l&rsquo;impact de la formation &agrave; distance chez les dipl&ocirc;m&eacute;s de l&rsquo;EBAD.&nbsp;</p> <p>Nous avons constitu&eacute; un corpus compos&eacute; de plusieurs types de documents : M&eacute;moires et th&egrave;ses sur l&rsquo;EBAD, Communications de colloques, articles scientifiques, rapports de mission, comptes rendus de r&eacute;unions. Ces diff&eacute;rents documents ont permis de rappeler le contexte de d&eacute;veloppement de la FADIS &agrave; l&rsquo;EBAD, de disposer de quelques &eacute;l&eacute;ments statistiques et aussi de pouvoir faire la revue de la litt&eacute;rature. Les diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments du corpus sont compl&eacute;t&eacute;s par les statistiques disponibles &agrave; la scolarit&eacute; de l&rsquo;EBAD concernant le nombre d&rsquo;inscrits en formation &agrave; distance, leur nationalit&eacute;, le taux de r&eacute;ussite.</p> <p>Pour recueillir des donn&eacute;es, nous avons &eacute;tabli un questionnaire bas&eacute; sur le mod&egrave;le &agrave; quatre niveaux de Kirkpatrick, mais &eacute;galement inspir&eacute; de la d&eacute;marche de Karsenti, Depover, Collin, Jaillet et Peraya (2013).&nbsp;</p> <p>La principale limite de notre &eacute;tude est qu&rsquo;il ne nous a pas &eacute;t&eacute; possible d&rsquo;interroger tous les apprenants dipl&ocirc;m&eacute;s de la FADIS de l&rsquo;EBAD. Nous avons d&eacute;cid&eacute; dans l&rsquo;&eacute;chantillonnage de nous limiter &agrave; la d&eacute;cennie 2008-2018. Aussi la collecte de donn&eacute;es (le questionnaire) ne concerne pas les promotions en cours de formation (2019-2020).</p> <h2>Pr&eacute;sentation et analyse des r&eacute;sultats</h2> <p>Pour d&eacute;terminer notre &eacute;chantillon, nous avons adopt&eacute; une approche d&rsquo;&laquo;&thinsp;&eacute;chantillonnage raisonn&eacute;&thinsp;&raquo;. En partant de l&rsquo;id&eacute;e que les classes de Master comptent le m&ecirc;me nombre d&rsquo;&eacute;tudiants par ann&eacute;e (30 en moyenne), nous avons envoy&eacute; le questionnaire aux apprenants des dix derni&egrave;res ann&eacute;es de formation &agrave; distance (2008-2018 &agrave; raison de 10 apprenants par promotion soit 100 apprenants au total. Nous avons eu un taux de retours de 78 %.&nbsp;</p> <p>Nous n&rsquo;avons pas eu trop de difficult&eacute;s majeures &agrave; collecter des donn&eacute;es sur la FADIS. Notre &eacute;chantillon &eacute;tant compos&eacute; d&rsquo;anciens &eacute;tudiants de l&rsquo;EBAD dont les contacts sont encore disponibles au service de la scolarit&eacute; de l&rsquo;&eacute;cole. Cependant, le questionnaire &eacute;tant enti&egrave;rement administr&eacute; en ligne, la seule contrainte pour certains r&eacute;pondants est la lenteur dans le retour que certains d&rsquo;entre eux justifient par des difficult&eacute;s de connexion dans leur pays (Cameroun, Burkina Faso et Rwanda notamment).</p> <p>Notre questionnaire, au-del&agrave; du profil sociologique et professionnel des apprenants et leurs motivations &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e, &eacute;tudie principalement :&nbsp;</p> <p>- le niveau de satisfaction des apprenants&thinsp;;</p> <p>- les connaissances et comp&eacute;tences acquises (Repr&eacute;sentation)&thinsp;;</p> <p>- la capitalisation ou r&eacute;utilisation des connaissances en milieu professionnel&thinsp;;</p> <p>- les b&eacute;n&eacute;fices ou effets induits de la FOAD chez les apprenants et au niveau de leurs institutions.</p> <p>Notre d&eacute;marche consiste &agrave; pr&eacute;senter et &agrave; analyser directement les r&eacute;sultats de chaque variable &eacute;tudi&eacute;e en commen&ccedil;ant par le profil sociologique des apprenants et leurs motivations.</p> <h3>Le profil sociologique et les motivations des apprenants &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e</h3> <p>Le profil sociologique nous a permis de faire une cat&eacute;gorisation des apprenants selon le genre, l&rsquo;&acirc;ge et l&rsquo;activit&eacute; exerc&eacute;e au moment de l&rsquo;inscription en FADIS. Nous pr&eacute;sentons ici le profil sociologique des apprenants de l&rsquo;EBAD, pour ensuite &eacute;valuer leurs motivations &agrave; l&rsquo;inscription en formation &agrave; distance afin de pouvoir analyser leur niveau de satisfaction ou ressenti.</p> <h3>Le profil sociologique de l&rsquo;apprenant&nbsp;</h3> <p>Le profil sociologique de l&rsquo;apprenant de la FADIS est &agrave; dominante masculin (55 % d&rsquo;hommes pour 45 % de femmes) et en g&eacute;n&eacute;ral de nationalit&eacute; s&eacute;n&eacute;galaise (26 %), m&ecirc;me si d&rsquo;autres nationalit&eacute;s africaines sont bien pr&eacute;sentes &agrave; l&rsquo;EBAD (C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire 13 %, Burkina Faso 12, Niger 10 %, Cameroun 9 %).&nbsp;</p> <p>Les apprenants sont pour l&rsquo;essentiel des professionnels de l&rsquo;information documentaire en activit&eacute;s d&rsquo;un &acirc;ge relativement avanc&eacute; 30 &agrave; 40 ans, 40 personnes soit 51 %, 40 &agrave; 50 ans 19 inscrits soit 24 %, 20 &agrave; 30 ans, 23 personnes soit 16 % et seulement 6 % pour plus 50 ans, soit 5 inscrits. Un apprenant n&rsquo;ayant pas r&eacute;pondu &agrave; la question. Pour 95 % des r&eacute;pondants, soit 74 personnes, les apprenants de la FADIS sont des professionnels en activit&eacute; contre 2 % d&rsquo;&eacute;tudiants et 2 % de professionnels en ch&ocirc;mage soit 2 r&eacute;pondants pour chaque cat&eacute;gorie. La pr&eacute;dominance des professionnels en activit&eacute; et en &acirc;ge avanc&eacute; comparativement &agrave; leurs homologues postulant pour la m&ecirc;me formation en pr&eacute;sentiel est de fait li&eacute;e aux conditions d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la formation &agrave; distance de l&rsquo;EBAD qui privil&eacute;gient les candidats ayant satisfait au moins trois &agrave; cinq ans d&rsquo;exp&eacute;riences professionnelles dans les m&eacute;tiers de l&rsquo;information.</p> <p>La forte pr&eacute;sence des S&eacute;n&eacute;galais s&rsquo;explique par le fait que l&rsquo;EBAD bien qu&rsquo;&eacute;tant une &eacute;cole r&eacute;gionale est bas&eacute;e au S&eacute;n&eacute;gal depuis 1967. Aussi les candidatures provenant du S&eacute;n&eacute;gal sont toujours plus nombreuses du fait que vivre &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger (pour les &eacute;tudiants non s&eacute;n&eacute;galais) demande des moyens financiers et que les organismes de financement sont de plus en plus rares. Sans compter le fait que le S&eacute;n&eacute;gal &agrave; une forte communaut&eacute; de professionnels de l&rsquo;information form&eacute;s &agrave; un niveau de techniciens (Bac+2 et Bac+3). Il convient aussi de rappeler que ce constat valable de nos jours n&rsquo;en &eacute;tait pas toujours ainsi. Il confirme une inversion de la tendance observ&eacute;e aux premi&egrave;res ann&eacute;es de la formation &agrave; distance. En effet, la proposition du second cycle en ligne a provoqu&eacute; un engouement sans pr&eacute;c&eacute;dent des anciens &eacute;tudiants s&eacute;n&eacute;galais et surtout &eacute;trangers, qui, du fait de leur indisponibilit&eacute; professionnelle, et des contraintes g&eacute;ographiques, se r&eacute;signaient &agrave; postuler au dipl&ocirc;me en Pr&eacute;sentiel (Diakhate, 2014).</p> <p>Aussi certains pays de la sous-r&eacute;gion (Mali, B&eacute;nin, C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire) mettent en place des fili&egrave;res de formation en sciences de l&rsquo;information documentaire et ils n&rsquo;ont plus r&eacute;ellement besoin d&rsquo;inscrire leurs ressortissants &agrave; l&rsquo;EBAD.&nbsp;</p> <p>&Agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, la formation &agrave; distance en science de l&rsquo;information &agrave; l&rsquo;EBAD concerne surtout des professionnels d&eacute;j&agrave; en activit&eacute; (51 %). La pr&eacute;sence des &eacute;tudiants issus directement du premier cycle (licence) s&rsquo;explique selon le Directeur de l&rsquo;EBAD, par le fait que l&rsquo;EBAD autorise ses meilleurs &eacute;tudiants dipl&ocirc;m&eacute;s en licence (cinq meilleurs de chaque promotion) &agrave; s&rsquo;inscrire directement en Master 1 pr&eacute;sentiel, les autres pouvant concourir &agrave; la s&eacute;lection en formation &agrave; distance. Aussi, il est d&eacute;j&agrave; arriv&eacute; que des apprenants d&eacute;j&agrave; inscrits en formation pr&eacute;sentielle, pour des raisons personnelles, demandent &agrave; &ecirc;tre transf&eacute;r&eacute;s en formation &agrave; distance.</p> <h3>Les&nbsp;motivations : des perspectives professionnelles ou un &eacute;panouissement personnel</h3> <p>Au-del&agrave; des diff&eacute;rences de profils, l&rsquo;&eacute;tude a r&eacute;v&eacute;l&eacute; plusieurs motivations &agrave; l&rsquo;inscription.</p> <p>La forte pr&eacute;sence des professionnels en activit&eacute; en FADIS se justifie, par ailleurs, par leurs motivations. En effet, comme l&rsquo;atteste le tableau ci-dessous, en r&eacute;pondant &agrave; la question &laquo;&thinsp;Qu&rsquo;est-ce qui a motiv&eacute; votre inscription en FADIS&thinsp;?&thinsp;&raquo;, les apprenants ont exprim&eacute; des motivations essentiellement professionnelles, comme le montre le tableau suivant :&nbsp;<br /> &nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="177" src="https://www.numerev.com/img/ck_475_1_image.png" width="470" /></p> <p style="text-align: center;">Tableau&nbsp;1&nbsp;: Motivations des apprenants &agrave; l&rsquo;inscription</p> <p>Le tableau des motivations construit sur 95 observations avec des pourcentages calcul&eacute;s par rapport au nombre de citations montre que 32 % des apprenants sont motiv&eacute;s par des perspectives d&rsquo;avancement professionnel&thinsp;; 31 % par la possibilit&eacute; de travailler et d&rsquo;&eacute;tudier en m&ecirc;me temps&thinsp;; 26 % par un &eacute;panouissement personnel c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;acquisition de connaissances en sic, 6 % par le co&ucirc;t acceptable de la formation, 2 % pour mieux conna&icirc;tre les TIC et enfin 1 % pour ne pas vivre le ch&ocirc;mage.</p> <p>Nous pouvons alors retenir que les apprenants de la FADIS sont essentiellement motiv&eacute;s par des perspectives d&rsquo;&eacute;volutions professionnelles. M&ecirc;me si le coup de la formation est relativement &eacute;lev&eacute; (600&thinsp;000 F CFA soit plus de 916 euros pour la licence et 800&thinsp;000 F CFA 1200 euros pour le Master), il constitue une motivation pour certains apprenants (6 %). Cela peut s&rsquo;expliquer par le fait que quoique relativement &eacute;lev&eacute;, compar&eacute; au revenu moyen en Afrique (le co&ucirc;t annuel de la formation repr&eacute;sente un &agrave; deux, voire trois mois de salaire mensuel moyen au S&eacute;n&eacute;gal). Ils consid&egrave;rent que &laquo;&thinsp;la formation &agrave; distance de l&rsquo;EBAD co&ucirc;te beaucoup moins cher qu&rsquo;une formation dans une universit&eacute; &eacute;trang&egrave;re&thinsp;&raquo; (France ou Canada en g&eacute;n&eacute;ral), avec le risque pour certains de perdre leur emploi, comme l&rsquo;affirme un r&eacute;pondant, &laquo;&thinsp;l&rsquo;incertitude de retrouver mon poste apr&egrave;s une formation &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger qui exigerait une d&eacute;mission ou la mise en position de stage, parfois sans solde&thinsp;&raquo;.</p> <p>Une autre motivation est ressortie en r&eacute;ponse &agrave; une question ouverte (autres motivations). Il s&rsquo;agit du&nbsp; souhait de poursuivre des &eacute;tudes doctorales (5 r&eacute;pondants &acirc;g&eacute;s de 20 &agrave; 30 ans). Cette motivation concerne surtout des apprenants relativement jeunes, qui esp&egrave;rent pour l&rsquo;essentiel embrasser une carri&egrave;re d&rsquo;universitaire.</p> <p>Notons par ailleurs, &agrave; partir de l&rsquo;entretien que nous avons eu avec les enseignants que ces dix derni&egrave;res ann&eacute;es (2008-2018) l&rsquo;EBAD a recrut&eacute; comme enseignant la moiti&eacute; des &eacute;tudiants s&eacute;n&eacute;galais qui ont soutenu une th&egrave;se de doctorat en science de l&rsquo;information documentaire (5) et m&ecirc;me d&rsquo;autres &eacute;tudiants de nationalit&eacute;s africaines initialement form&eacute;s &agrave; l&rsquo;EBAD (2). M&ecirc;me si le taux de recrutement d&rsquo;enseignants form&eacute;s &agrave; l&rsquo;EBAD est encore moyen, nous faisons alors l&rsquo;hypoth&egrave;se que ce type de d&eacute;bouch&eacute; entre en jeu dans la motivation des &eacute;tudiants.</p> <h3>La satisfaction des apprenants</h3> <p>Le niveau de satisfaction des apprenants concerne principalement le rythme de travail, le contenu de la formation, les modes d&rsquo;&eacute;valuation, le tutorat et la plateforme d&rsquo;apprentissage comme le montre le tableau suivant :</p> <p style="text-align: center;"><img height="315" src="https://www.numerev.com/img/ck_475_1_image2.png" width="470" /></p> <p style="text-align: center;">Tableau&nbsp;2&nbsp;: niveau de satisfaction des apprenants<br /> &nbsp;</p> <p>En dehors de la question relative au niveau de satisfaction globale, chaque niveau de satisfaction est mesur&eacute; avec une r&eacute;ponse unique sur une &eacute;chelle de notation allant de 1 (pas du tout) &agrave; 4 (beaucoup). Les calculs sont effectu&eacute;s sans tenir compte des non-r&eacute;ponses.</p> <p>L&rsquo;analyse du niveau de satisfaction montre que 65 r&eacute;pondants sur 78 soit environ 83 % des apprenants sont globalement satisfaits de la FADIS avec 83 % de r&eacute;ponse positive pour seulement 15 % de r&eacute;ponse n&eacute;gative. En dehors de la convivialit&eacute; de la plateforme (58 %), et du contenu de la formation (49 %) qui sont relativement bien appr&eacute;ci&eacute;s, la satisfaction reste moyenne pour l&rsquo;ensemble des autres crit&egrave;res (entre 25 et 33 %).&nbsp;</p> <p>Le bon niveau de satisfaction sur l&rsquo;usage de la plateforme s&rsquo;explique selon les apprenants rencontr&eacute;s lors du stage de regroupent de l&rsquo;ann&eacute;e 2019 par &laquo;&thinsp;la participation des apprenants &agrave; un stage de regroupement au d&eacute;marrage de la formation. Cela permet &agrave; l&rsquo;apprenant de conna&icirc;tre aussi bien les acteurs de la FADIS que le mode de fonctionnement de la plateforme&thinsp;&raquo;. Aussi, les apprenants ont cit&eacute; d&rsquo;autres motifs de satisfaction dans leurs r&eacute;ponses tels que, la flexibilit&eacute; de la FADIS, l&rsquo;usage des TIC et le co&ucirc;t de la formation qu&rsquo;ils jugent &ecirc;tre acceptable.</p> <p>Le tutorat quant &agrave; lui reste le maillon faible de la FADIS de l&rsquo;EBAD. En effet, une analyse de la plateforme de la FADIS que nous avons faite (promotion, Master 2017) nous montre que le tutorat se limite plut&ocirc;t &agrave; la publication de messages sur le forum (d&eacute;sign&eacute; sous l&rsquo;appellation de classe virtuelle). Bien souvent, le contenu des messages concerne l&rsquo;annonce de la date des &eacute;valuations, la disponibilit&eacute; des notes, une proposition de corrig&eacute; d&rsquo;une &eacute;valuation. Aussi, les messages peuvent porter sur l&rsquo;annonce d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement social (bapt&ecirc;me, d&eacute;c&egrave;s, mariage, apprenant malade &agrave; qui l&rsquo;on souhaite un prompt r&eacute;tablissement, etc.). Les enseignants ne sont pratiquement jamais interpell&eacute;s sur des questions li&eacute;es au contenu ou &agrave; la d&eacute;marche p&eacute;dagogique de leurs enseignements.</p> <p>En plus du forum, le stage de regroupement en d&eacute;but de formation, la messagerie &eacute;lectronique et le t&eacute;l&eacute;phone sont &eacute;galement utilis&eacute;s par les apprenants pour interagir avec les services de l&rsquo;EBAD et les enseignants. Le tutorat est donc plus administratif et technique que p&eacute;dagogique. Il constitue ainsi la principale faiblesse de la FADIS.</p> <h3>Repr&eacute;sentation&nbsp;et capitalisation des connaissances en milieu professionnel</h3> <p>Nous pr&eacute;sentons ici la &laquo;&thinsp;repr&eacute;sentation&thinsp;&raquo; des apprenants &agrave; travers leurs perceptions des connaissances et comp&eacute;tences acquises gr&acirc;ce &agrave; la FADIS. Aussi avons-nous analys&eacute; la valorisation ou la capitalisation de ces connaissances en SIC en milieu professionnel chez les apprenants en situation de travail.</p> <h3>La perception ou l&rsquo;acquisition de connaissances et comp&eacute;tences en FADIS.</h3> <p>Nous avons &eacute;valu&eacute; les connaissances des &eacute;tudiants, non pas en termes &laquo;&thinsp;d&rsquo;&eacute;valuation sommative ou formative&thinsp;&raquo;, mais juste la repr&eacute;sentation, c&rsquo;est-&agrave;-dire les connaissances et comp&eacute;tences qu&rsquo;ils croient assimil&eacute;es et pour lesquelles ils estiment avoir d&eacute;velopp&eacute; des comp&eacute;tences. La question porte sur &laquo; les connaissances acquises et utilis&eacute;es aujourd&rsquo;hui en environnement de travail &raquo;. &Agrave; ce niveau, les pourcentages sont calcul&eacute;s par rapport au nombre de citations (127) m&ecirc;me si l&rsquo;observation porte sur 78 apprenants.<br /> &nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="469" src="https://www.numerev.com/img/ck_475_1_image1.png" width="470" /></p> <p style="text-align: center;">Tableau&nbsp;3&nbsp;: Acquisition de connaisssances et comp&eacute;tences en SIC</p> <p>Les r&eacute;sultats montrent qu&rsquo;une grande partie des apprenants n&rsquo;arrive pas &agrave; identifier clairement les comp&eacute;tences acquises (20 % de non-r&eacute;ponse). Les comp&eacute;tences li&eacute;es &agrave; la recherche documentaire (13 %) sont, selon les apprenants, celles qu&rsquo;ils ma&icirc;trisent d&eacute;sormais, suivies de l&rsquo;intelligence &eacute;conomique et du records management avec 6,3 % de r&eacute;ponse. La GED, la conception web et la ma&icirc;trise des TIC sont &eacute;galement cit&eacute;es avec 5,5 % de r&eacute;ponses.</p> <p>Nous remarquons que certains enseignements d&eacute;sign&eacute;s comme &eacute;tant des &laquo;&thinsp;fondamentaux de la documentation&thinsp;&raquo; par les enseignants tels que l&rsquo;&laquo;&thinsp;analyse documentaire&thinsp;&raquo; et la &laquo;&thinsp;conception de produits documentaires&thinsp;&raquo; sont faiblement cit&eacute;s. Ces comp&eacute;tences sont cens&eacute;es &ecirc;tre acquises au premier cycle de formation et ne constituent pas en r&eacute;alit&eacute; une acquisition de comp&eacute;tences nouvelles, mais plut&ocirc;t une &laquo;&thinsp;actualisation de connaissances&thinsp;&raquo;. Nous notons &eacute;galement une grande diff&eacute;rence entre le niveau de satisfaction globale exprim&eacute; (plus de 83 %) et le faible taux de connaissances acquises exprim&eacute;es par les r&eacute;pondants. Cela conforte l&rsquo;hypoth&egrave;se que les inscrits en FADIS sont principalement motiv&eacute;s par des perspectives professionnelles et pas forc&eacute;ment par l&rsquo;acquisition de connaissances. C&rsquo;est ce qui explique que certaines comp&eacute;tences techniques comme &laquo;&thinsp;l&rsquo;hyperm&eacute;dia&thinsp;&raquo;, &laquo;&thinsp;la conception de dossiers documentaires&thinsp;&raquo;, &laquo;&thinsp;la veille informative&thinsp;&raquo;, &laquo;&thinsp;l&rsquo;analyse documentaire&thinsp;&raquo; sont faiblement voire pas du tout cit&eacute;es (1 %) comme &eacute;tant des connaissances assimil&eacute;es. En plus de la motivation, il est aussi important de signaler que l&rsquo;assimilation faible des cours techniques pourrait &ecirc;tre li&eacute;e au fait que la standardisation et la normalisation des plateformes d&rsquo;enseignement &agrave; distance, celle de l&rsquo;EBAD y compris,&nbsp; &laquo;&thinsp;ne suscite pas autant d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts que les questions relatives &agrave; la cr&eacute;ation de contenus, le tutorat, l&rsquo;&eacute;valuation des apprenants, etc.&thinsp;&raquo;. (Henda 2011).&nbsp; La transmission des connaissances techniques plus exigeantes dans un environnement virtuel d&rsquo;apprentissage s&rsquo;en trouve fortement affect&eacute;e.</p> <h3>La capitalisation des connaissances et comp&eacute;tences re&ccedil;ues en FADIS</h3> <p>Comme nous l&rsquo;avons &eacute;voqu&eacute; dans le pr&eacute;c&eacute;dent paragraphe, les apprenants de la FADIS sont principalement motiv&eacute;s par des perspectives professionnelles (&eacute;volution dans la carri&egrave;re), mais &eacute;galement par l&rsquo;&eacute;panouissement personnel. Le fait de r&eacute;ussir au Master est en soi une satisfaction pour l&rsquo;apprenant puisqu&rsquo;il augure &agrave; la fois une reconnaissance sociale, un sentiment d&rsquo;accomplissement personnel, mais aussi une &eacute;volution dans la carri&egrave;re.</p> <p>Un constat encore plus visible dans les carri&egrave;res de l&rsquo;information dont l&rsquo;&eacute;volution&nbsp; est positivement corr&eacute;l&eacute;e &agrave; la r&eacute;surgence des enjeux li&eacute;s &agrave; la ma&icirc;trise de l&rsquo;information dans nos soci&eacute;t&eacute;s. En effet, les possibilit&eacute;s d&rsquo;insertion professionnelle suivent naturellement les mutations induites par les technologies de l&rsquo;information et de la communication qui red&eacute;finissent notre rapport &agrave; l&rsquo;information. De nouvelles probl&eacute;matiques qui font appel &agrave; de nouvelles comp&eacute;tences&thinsp;; donc des perspectives de carri&egrave;res dans les entreprises, ONG, administrations publiques et priv&eacute;es. C&rsquo;est le cas des agents de l&rsquo;Universit&eacute; de Dakar dipl&ocirc;m&eacute;s de l&rsquo;EBAD, reclass&eacute;s au grade de &laquo;&thinsp;conservateur&thinsp;&raquo; suite &agrave; leur admission en Master.</p> <p>Aussi notre &eacute;tude montre qu&rsquo;une bonne partie (43) des &eacute;tudiants form&eacute;s &agrave; l&rsquo;EBAD en FADIS a pu capitaliser le dipl&ocirc;me par une promotion professionnelle (fonction publique, universit&eacute;s entreprises priv&eacute;es), un recrutement dans des organismes internationaux (OMS, Union africaine, Coop&eacute;ration fran&ccedil;aise, etc.), inscription en doctorat qui a valu &agrave; certains un recrutement &agrave; l&rsquo;universit&eacute; comme enseignant. Il convient cependant de souligner que certaines &eacute;tudes montrent qu&#39;il existe une grande inqui&eacute;tude des &eacute;tudiants en sciences de l&#39;information par rapport &agrave; leurs employabilit&eacute; &ldquo;there is great anxiety by current library students about how their online degree will be received &rdquo; Gonzales S-R., Kennedy K., Cenzer P.(2007). Les apprenants de l&rsquo;EBAD en FADIS ne semblent pas trop souffrir de cette crainte des employeurs puisqu&rsquo;ils sont d&eacute;j&agrave; pour l&rsquo;essentiel en activit&eacute; et n&rsquo;ont pas forc&eacute;ment besoin de trouver un nouvel emploi. Aussi, l&rsquo;&eacute;volution positive dans les carri&egrave;res constat&eacute;e chez les anciens auditeurs de l&rsquo;EBAD semble lever en Afrique les inqui&eacute;tudes de Gonzales et al. (2007). Cela peut aussi s&rsquo;expliquer par le fait qu&rsquo;en 2007, les apprenants et les employeurs n&rsquo;avaient pas suffisamment de connaissances et de recul pour pouvoir appr&eacute;cier la formation &agrave; distance en SIC, devenue aujourd&rsquo;hui (2020) une modalit&eacute; d&rsquo;enseignement aussi valable que le mod&egrave;le classique pr&eacute;sentiel.</p> <p>Par ailleurs, pour les personnels administratifs techniques et de service (PATS) en service &agrave; l&rsquo;EBAD, l&rsquo;implication dans la gestion de la FADIS a permis de d&eacute;velopper des comp&eacute;tences techniques et manag&eacute;riales qui sont aujourd&rsquo;hui valoris&eacute;es pour certains &agrave; l&rsquo;EBAD (service de la scolarit&eacute;, service de l&rsquo;informatique, biblioth&egrave;que) et pour d&rsquo;autres dans de nouvelles universit&eacute;s cr&eacute;&eacute;es au S&eacute;n&eacute;gal. Aussi, pratiquement tous les enseignants de l&rsquo;EBAD sont aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;aise avec les TICE et une bonne partie de leur cours est sous format num&eacute;rique (Word, PowerPoint, HTML et PDF). Le format vid&eacute;o est cependant tr&egrave;s peu utilis&eacute; par les enseignants de l&rsquo;EBAD, mais l&rsquo;Universit&eacute; de Dakar dispose d&eacute;sormais d&rsquo;une unit&eacute; d&rsquo;enregistrement pouvant permettre aux enseignants de se former dans ce domaine.</p> <h2>La FADIS de l&rsquo;EBAD, un exemple &agrave; suivre&thinsp;?</h2> <p>Notre objectif dans cette &eacute;tude n&rsquo;est pas d&rsquo;opposer la FADIS &agrave; la formation pr&eacute;sentielle, nous avons souhait&eacute; juste poser un regard critique sur son dispositif de formation en SIC pour en ressortir les forces et les faiblesses afin de voir comment le mod&egrave;le a atteint ses limites et dans quelle mesure il serait reproductible.</p> <p>Pour autant, nous pouvons constater, avec les statistiques de la scolarit&eacute; que les taux de r&eacute;ussite en Master en FADIS sont nettement plus &eacute;lev&eacute;s que les taux de r&eacute;ussite en Master &laquo;&thinsp;pr&eacute;sentiel&thinsp;&raquo;. En effet, pour l&rsquo;ann&eacute;e 2016 par exemple, le taux de r&eacute;ussite au Master &agrave; distance &agrave; l&rsquo;EBAD est de 61,76 % (21/34) pour 32,35 % (11/34) de redoublement et 5,88 % d&rsquo;exclus (2/34). Pour la m&ecirc;me ann&eacute;e, le taux de r&eacute;ussite au Master en &laquo;&thinsp;pr&eacute;sentiel&thinsp;&raquo; est de seulement 26,31 % (5/19) pour 10,52 % (2/19) d&rsquo;exclus et 63,15 % (12/19) de redoublement.</p> <p>Le fort taux de r&eacute;ussite au Master distanciel se justifie par la motivation des apprenants qui sont souvent des professionnels pouvant pr&eacute;tendre &agrave; une promotion apr&egrave;s leurs &eacute;tudes. Aussi le Master &agrave; distance &eacute;tant payant, les apprenants travaillent durement pour &eacute;viter de redoubler une classe et de devoir payer encore une ann&eacute;e de scolarit&eacute;. Contrairement &agrave; la formation &agrave; distance, en &laquo;&thinsp;pr&eacute;sentiel&thinsp;&raquo; o&ugrave; les apprenants sont tous boursiers et ils conservent leur bourse m&ecirc;me en cas de premier redoublement dans un m&ecirc;me cycle.</p> <p>Par ailleurs, l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;EBAD, nous conforte dans l&rsquo;id&eacute;e que la formation &agrave; distance en sciences de l&rsquo;information en Afrique n&rsquo;est pas destin&eacute;e &agrave; des primo-entrants. Ces derniers n&rsquo;ont pas souvent dans leurs cursus suffisamment de pratiques et d&rsquo;usages des TIC &agrave; des fins p&eacute;dagogiques. Le cas de l&rsquo;EBAD semble confirmer cette hypoth&egrave;se, puisque sa formation &agrave; distance est destin&eacute;e exclusivement &agrave; des &eacute;tudiants qui ont d&eacute;j&agrave; une exp&eacute;rience des TICE (Troisi&egrave;me ann&eacute;e de licence et Master) ou &agrave; des professionnels exp&eacute;riment&eacute;s. Il est aussi &eacute;vident que la formation &agrave; distance en SIC n&rsquo;est pas qu&rsquo;une alternative &agrave; la formation &laquo;&thinsp;pr&eacute;sentielle&thinsp;&raquo; classique qu&rsquo;elle est un autre mode d&rsquo;enseignement qui utilise des dispositifs techniques et p&eacute;dagogiques diff&eacute;rents, mais qui permet de former aux m&ecirc;mes m&eacute;tiers comme c&rsquo;est le cas &agrave; l&rsquo;EBAD.</p> <p>Aussi, le mode de tutorat adopt&eacute; par la FADIS de l&rsquo;EBAD &agrave; ses d&eacute;buts ne semble plus r&eacute;pondre aux attentes des apprenants et il gagnerait &eacute;galement &agrave; &eacute;voluer vers un tutorat sous la forme d&rsquo;un &laquo;&thinsp;accompagnement r&eacute;gulier ou ponctuel d&rsquo;un groupe d&rsquo;&eacute;tudiants par des tuteurs, un peu plus avanc&eacute;s qu&rsquo;eux dans le cursus universitaire&thinsp;&raquo; (Jacquinot-Delaunay &amp; Fichez, 2008 : 188).</p> <p>La plateforme actuelle de la FADIS se pr&ecirc;te tr&egrave;s peu &agrave; l&rsquo;interactivit&eacute; et elle ne permet pas non plus certaines formes d&rsquo;&eacute;valuation en ligne. Sans compter que certaines mati&egrave;res dites techniques se pr&ecirc;tent difficilement &agrave; l&rsquo;enseignement &agrave; distance avec la plateforme actuelle de l&rsquo;EBAD. Le contenu des cours est aussi statique et se pr&eacute;sente principalement sous un format HTML et quelquefois au format &ldquo;pdf&rdquo;, alors que la tendance actuelle est orient&eacute;e vers la classe virtuelle et les capsules vid&eacute;o. Il n&rsquo;est donc pas indiqu&eacute; de reproduire le &laquo;&thinsp;mod&egrave;le &eacute;badien&thinsp;&raquo; en l&rsquo;&eacute;tat. Il convient d&egrave;s lors de faire &eacute;voluer la plateforme vers les standards plus adapt&eacute;s, et de varier le format des cours (plus de vid&eacute;os) et les modes d&rsquo;&eacute;valuation (qcm) pour plus d&rsquo;interactivit&eacute;.</p> <h2>Conclusion et perspectives</h2> <p>Une formation, qu&rsquo;elle soit &laquo;&thinsp;pr&eacute;sentielle&thinsp;&raquo; ou &laquo;&thinsp;distancielle&thinsp;&raquo; est &agrave; la base un projet qui ob&eacute;it &agrave; une certaine d&eacute;marche et &agrave; des granularit&eacute;s allant de l&rsquo;&eacute;tude de besoin &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation des effets ou impacts &agrave; la fois chez l&rsquo;apprenant et chez l&rsquo;organisme qui en est le ma&icirc;tre d&rsquo;ouvrage. &nbsp; Mc Cain (2005) affirme &agrave; ce titre que l&rsquo;&eacute;valuation permet de d&eacute;terminer et d&rsquo;am&eacute;liorer la valeur d&rsquo;une formation. Selon lui, &laquo;&thinsp;Cette forme d&rsquo;&eacute;valuation s&rsquo;effectue sur la base de standards ou de crit&egrave;res sp&eacute;cifiques &agrave; &eacute;laborer, appr&eacute;cier une formation en vue de prendre une d&eacute;cision (maintenir ou non la formation en l&rsquo;&eacute;tat)&thinsp;&raquo;. &nbsp; L&rsquo;&eacute;valuation peut donc intervenir a priori pour mesurer les attentes des apprenants, mais elle arrive le plus souvent a post&eacute;riorit&eacute; pour mesurer le niveau de satisfaction des acteurs. Entre les deux &eacute;tapes, il peut y avoir plusieurs types d&rsquo;&eacute;valuation qui portent sur l&rsquo;assimilation des connaissances (&eacute;valuation formative ou sommative). Au-del&agrave; de ces formes d&rsquo;&eacute;valuation qui mesurent le niveau de compr&eacute;hension et d&rsquo;assimilation des enseignements, il y&rsquo;en a une autre qui peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un outil d&rsquo;aide &agrave; la prise de d&eacute;cision.</p> <p>La FADIS de l&rsquo;EBAD est sans conteste un mod&egrave;le de r&eacute;ussite du point de vue des r&eacute;sultats et de la p&eacute;rennit&eacute;. Il est donc &agrave; ce titre un exemple pouvant inspirer des &eacute;coles de science de l&rsquo;information, voire des universit&eacute;s africaines &agrave; penser leur propre approche. Pour autant, le mod&egrave;le de l&rsquo;EBAD ne nous semble pas &ecirc;tre reproductible en l&rsquo;&eacute;tat, encore moins pour r&eacute;gler la question des effectifs des universit&eacute;s s&eacute;n&eacute;galaises. Il devrait plut&ocirc;t s&rsquo;adapter aux nouveaux standards et dispositifs techniques de formation tels que les Moocs, mais &eacute;galement migrer vers une plateforme qui favorise plus d&rsquo;interactivit&eacute; entre les enseignants et les apprenants afin de pouvoir mieux enseigner les mati&egrave;res dites techniques.</p> <p><br /> &nbsp;</p> <h3>Notes</h3> <p>[i] Les SYFED sont devenus Campus Num&eacute;rique Francophone de l&rsquo;Agence universitaire de la francophone (AUF). Elle s&rsquo;appelait Association des universit&eacute;s partiellement ou enti&egrave;rement de langue francophone &ndash; Universit&eacute; des r&eacute;seaux d&rsquo;expression fran&ccedil;aise (AUPELF / UREF)</p> <p>[ii] PROCOOPTIC : Programme en Coop&eacute;ration pour le D&eacute;veloppement en Nouvelles Technologies de l&rsquo;Information et de la Communication du Minist&egrave;re fran&ccedil;ais des Affaires &eacute;trang&egrave;res.</p> <p>[iii] Ce chiffre obtenu &agrave; partir des statistiques de la scolarit&eacute; n&rsquo;est que le total brut des apprenants inscrits en ann&eacute;e de sortie (licence et M2).</p> <p>[iv] En r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la fus&eacute;e dont la r&eacute;ussite du lancement n&rsquo;est jamais une certitude. L&rsquo;EBAD n&rsquo;&eacute;tait donc pas s&ucirc;re de r&eacute;ussir l&rsquo;aventure, mais elle con&ccedil;ut sa propre plateforme de formation &agrave; distance&nbsp; pour mieux combler ses attentes.</p> <p><br /> &nbsp;</p> <h3>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques :</h3> <p>Aharony, N. (2014). Library and Information Science students&rsquo; perceptions of m-learning. Journal of Librarianship and Information Science, 46(1), 48‑61. https://doi.org/10.1177/0961000613518819</p> <p>Arnaud, M. (2012). Apprendre par les r&eacute;seaux sociaux, qu&rsquo;est-ce qui change? &Eacute;tudes de communication, 38, 10.</p> <p>Bates, R. (2004). A critical analysis of evaluation practice : The Kirkpatrick model and the principle of beneficence. Evaluation and program planning, 27(3), 341&ndash;347.</p> <p>Berrouk Said, &amp; Jaillet, A. (2013). Les fonctions tutorales : Pour un d&eacute;s&eacute;quilibre dynamique. 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