<p><strong>Abstract&nbsp;:&nbsp;</strong>The necessary reconciliation between information management practices and performance evaluation practices raises new questions regarding the information specialist role and the extent of his fields of expertise. This expertise should not only focus on archival appraisal to fulfill the compliance requirements, but also includes skills in business analysis. This article introduces an information governance methodology to examine the mechanisms that generate the value associated with information, at the time of its creation within the business processes. The methodology comprises four steps: 1) needs and organizational capacity analysis; 2) functional analysis; 3) representation and description of business processes; 4) information architecture development. With a unique business analysis methodology in hand, information specialists have a concerted approach to implement an information governance program focusing on organizational performances.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong>&nbsp;Information governance, information architecture, business process analysis, performance measurement, archival appraisal</p> <p>&nbsp;</p> <h2>CONTEXTE ET PROBL&Eacute;MATIQUE</h2> <p>La gouvernance de l&#39;information (GI) est d&eacute;finie comme un &laquo; cadre strat&eacute;gique et interdisciplinaire compos&eacute; de normes, de processus, de r&ocirc;les et de param&egrave;tres qui tiennent les organisations et les individus responsables de la bonne gestion des actifs informationnels &raquo; (ARMA, 2018, p.1, traduction libre). Selon ce cadre, &eacute;tablir de saines pratiques de gestion documentaire est essentiel car celles-ci garantissent la s&eacute;curit&eacute; et la confidentialit&eacute; de l&rsquo;information, l&#39;efficacit&eacute; de la prestation des programmes et des services ainsi que des m&eacute;thodes fiables pour g&eacute;rer de mani&egrave;re coh&eacute;rente les donn&eacute;es et les documents d&rsquo;archives (Hagmann, 2013). En tant que &laquo; super-discipline &raquo; qui emprunte ses principes &agrave; plusieurs domaines cl&eacute;s tels que le droit, la gestion des documents administratifs, les technologies de l&#39;information, la gestion de la s&eacute;curit&eacute; et la gestion des affaires, la gouvernance de l&#39;information n&eacute;cessite une &laquo; nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de professionnels de l&#39;information qui pr&eacute;sentent des comp&eacute;tences issues de ces domaines complexes d&eacute;j&agrave; bien &eacute;tablis &raquo; (Smallwood, 2020, p.xvii, traduction libre).</p> <p>Aujourd&#39;hui, la profession assiste &agrave; une &eacute;volution du r&ocirc;le traditionnel du sp&eacute;cialiste de l&rsquo;information, qu&#39;on le nomme &laquo;&nbsp;gestionnaire des documents administratifs&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;archiviste d&rsquo;entreprise&nbsp;&raquo;, dont les t&acirc;ches se concentrent d&eacute;sormais sur l&#39;ensemble du continuum de l&#39;information - du point de cr&eacute;ation &agrave; la fin du cycle de vie - en incluant &eacute;galement des responsabilit&eacute;s relevant de la planification strat&eacute;gique, l&rsquo;analyse d&rsquo;affaires et l&rsquo;&eacute;valuation du rendement. Par cons&eacute;quent, les professionnels de l&rsquo;information doivent acqu&eacute;rir des comp&eacute;tences suppl&eacute;mentaires afin que la gestion documentaire contribue efficacement &agrave; la r&eacute;alisation de la mission de l&rsquo;organisation. En cela, l&#39;optimisation des processus m&eacute;tier et la valorisation de l&rsquo;information constituent les deux c&ocirc;t&eacute;s d&#39;une m&ecirc;me m&eacute;daille. Pour parvenir &agrave; cette optimisation, l&rsquo;&eacute;valuation archivistique des documents administratifs durant leur phase active doit aujourd&rsquo;hui tenir compte des strat&eacute;gies d&rsquo;&eacute;valuation des performances des processus qui g&eacute;n&egrave;rent ces documents.</p> <p>Dans un contexte archivistique, l&#39;&eacute;valuation consiste &agrave; &eacute;tablir la valeur de l&#39;information, &agrave; qualifier cette valeur et &agrave; d&eacute;terminer sa dur&eacute;e (Duranti, 1994, p.329). Traditionnellement, l&#39;archiviste &eacute;tait responsable de d&eacute;terminer la valeur des documents, dans le but de pr&eacute;server les informations d&#39;importance soci&eacute;tale &agrave; la fin de leur cycle de vie (par exemple Schellenberg, 1956; Boles &amp; Young, 1985; Eastwood, 1993; Cox, 2002). Avec la progression de la discipline archivistique vers une approche plus int&eacute;gr&eacute;e de la gestion des documents d&rsquo;archives incluant &agrave; la fois les documents utilis&eacute;s pour soutenir les activit&eacute;s d&rsquo;une organisation (phase active) et les archives (c&#39;est-&agrave;-dire les documents inactifs pr&eacute;sentant des valeurs historiques et de recherche &agrave; long terme), les th&eacute;ories traditionnelles de l&#39;&eacute;valuation sont en cours de r&eacute;examen (Couture &amp; Lajeunesse, 2014; Robyns, 2014; Makhlouf Shabou, 2015).</p> <p>De nombreuses recherches commencent &agrave; remettre en question le &laquo; choc des int&eacute;r&ecirc;ts &raquo; (Cook, 2010, p.72, traduction libre) dans les crit&egrave;res d&#39;&eacute;valuation entre les gestionnaires de documents et les archivistes, qui interviennent &agrave; diff&eacute;rentes &eacute;tapes de la vie de l&#39;information et &agrave; des fins diff&eacute;rentes (Cook, 2010; Duranti, 2010; Cook, 2011; Bailey, 2013; Cumming et Picot, 2014). &Agrave; cela s&rsquo;ajoute la nouvelle n&eacute;cessit&eacute; de quantifier les actifs informationnels pour r&eacute;pondre aux besoins de mesurer la performance des pratiques de gestion de l&rsquo;information (Laney, 2017). C&rsquo;est ici qu&rsquo;un programme de gouvernance informationnelle efficace permettra de quantifier les activit&eacute;s de gestion de l&rsquo;information suivant une perspective holistique (dimensions l&eacute;gales, s&eacute;curit&eacute; et risques d&rsquo;affaires, conformit&eacute; aux lois, performance des activit&eacute;s, mesures du rendement, etc.).</p> <h2>OBJECTIFS</h2> <p>Afin de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; la contribution de l&rsquo;archiviste d&rsquo;affaires aux activit&eacute;s d&rsquo;&eacute;valuation des performances en sciences de l&rsquo;information, cet article pr&eacute;sente une m&eacute;thodologie de gouvernance de l&#39;information qui emprunte des concepts, des outils et des techniques aux domaines de l&rsquo;architecture de l&rsquo;information et de l&#39;analyse d&rsquo;affaires. Cette m&eacute;thodologie a &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute;e &agrave; partir d&#39;un examen de la litt&eacute;rature, des normes et des m&eacute;thodologies disponibles telles que Smallwood (2013, 2020), Laney, 2017, DIRKS, ISO 15489 et le mod&egrave;le de gouvernance de l&rsquo;information de l&rsquo;ARMA (2018). Cette m&eacute;thodologie est &eacute;galement appuy&eacute;e de r&eacute;sultats obtenus dans le cadre de plusieurs projets de recherche-action et de conseil en gestion de l&#39;information (Mas &amp; Marleau, 2009&nbsp;; Alberts et al., 2010, Alberts et al., 2015) ainsi que d&#39;entrevues et d&#39;enqu&ecirc;tes cognitives avec des consultants experts en gestion de l&#39;information et en archivistique d&rsquo;entreprise (Vellino &amp; Alberts, 2016).</p> <p>L&rsquo;objectif premier de la m&eacute;thodologie est de contribuer au d&eacute;veloppement d&rsquo;une strat&eacute;gie de gouvernance informationnelle ayant une port&eacute;e &laquo;&nbsp;holistique&nbsp;&raquo; touchant &agrave; ces diff&eacute;rents aspects de gestion de l&rsquo;information. Sans viser le d&eacute;veloppement des outils sp&eacute;cifiques aux diff&eacute;rents domaines d&rsquo;expertise n&eacute;cessaires &agrave; une saine gouvernance de l&rsquo;information, la m&eacute;thodologie se concentre sur l&rsquo;identification de l&rsquo;information ayant de la &laquo;&nbsp;valeur&nbsp;&raquo; pour une organisation (cette valeur &eacute;tant propre &agrave; chaque organisation) et sur le d&eacute;veloppement d&rsquo;une architecture de l&rsquo;information unique (vocabulaire et associations de termes communs &agrave; l&rsquo;organisation). L&rsquo;analyse de la valeur et le d&eacute;veloppement de l&rsquo;architecture de l&rsquo;information, plus amplement d&eacute;crits aux points suivants, serviront de v&eacute;ritable point d&rsquo;ancrage au d&eacute;veloppement des strat&eacute;gies sp&eacute;cifiques de GI ; chaque domaine d&rsquo;expertise aura en main une repr&eacute;sentation commune des flux d&rsquo;information, de la cr&eacute;ation de la valeur dans l&rsquo;organisation, des risques d&rsquo;affaires d&eacute;coulant d&rsquo;une mauvaise gestion de l&rsquo;information, des technologies n&eacute;cessaires au rendement organisationnel, ainsi que du vocabulaire pour d&eacute;crire l&rsquo;information de mani&egrave;re coh&eacute;rente et unifi&eacute;e. Pour les sp&eacute;cialistes des diff&eacute;rents domaines d&rsquo;expertise, ce vocabulaire commun permettra d&rsquo;&eacute;laborer des strat&eacute;gies et des outils de gestion de l&rsquo;information cibl&eacute;s, tels que des ontologies, glossaires, th&eacute;saurus, proc&eacute;dures, calendriers de conservation, sch&eacute;mas de m&eacute;tadonn&eacute;es, structures de disques durs, etc.</p> <h2>SOLUTION ET MISE EN OEUVRE</h2> <p>La m&eacute;thodologie repr&eacute;sent&eacute;e &agrave; la figure 1 comprend quatre &eacute;tapes&nbsp;: 1) l&#39;analyse des besoins et de la capacit&eacute; organisationnelle relative &agrave; la gouvernance de l&rsquo;information ; 2) l&rsquo;analyse fonctionnelle ; 3) la repr&eacute;sentation et la description des processus d&rsquo;affaires, ou processus m&eacute;tier 4) le d&eacute;veloppement de l&#39;architecture de l&#39;information. Ces &eacute;tapes sont d&eacute;crites aux points suivants.</p> <p style="text-align: center;"><img height="213" src="https://www.numerev.com/img/ck_407_1_image.png" width="235" /></p> <address style="text-align: center;">Figure 1. Survol de la m&eacute;thodologie</address> <h3>Analyse des besoins et de la capacit&eacute; organisationnelle</h3> <p>Chaque organisation devant d&eacute;velopper une strat&eacute;gie de gouvernance de l&rsquo;information pr&eacute;sente un ensemble de facteurs qui auront une influence importante sur le succ&egrave;s de son ex&eacute;cution. Des facteurs tels que la culture organisationnelle et informationnelle, la maturit&eacute; dans la d&eacute;finition des processus d&rsquo;affaires, le style de leadership, les exigences de conformit&eacute; d&eacute;coulant de la r&eacute;alisation des processus d&rsquo;affaires, la taille et la complexit&eacute; des pratiques auront une incidence non n&eacute;gligeable sur les &eacute;tapes subs&eacute;quentes de la m&eacute;thodologie. Dans leur ouvrage, Couture et Roy (2006) insistent sur l&rsquo;importance de l&rsquo;analyse contextuelle afin d&rsquo;obtenir une bonne connaissance de l&rsquo;environnement organisationnel (incluant sa structure, son fonctionnement, sa culture), de l&rsquo;environnement l&eacute;gislatif (lois qui influencent la r&eacute;alisation des pratiques d&rsquo;affaires) et l&rsquo;environnement informationnel (en termes de forces et de faiblesses des pratiques de gestion des documents d&rsquo;archives). Il s&rsquo;agit ici de rapprocher les pratiques de gestion de l&rsquo;information et les pratiques d&rsquo;affaires, en demeurant &laquo;&nbsp;le plus possible coll&eacute; &agrave; la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; des activit&eacute;s de l&rsquo;organisation (Couture et Roy, 2006, p.154).</p> <p>L&rsquo;analyse des besoins vise donc &agrave; obtenir un portrait exhaustif de l&rsquo;organisation, afin de d&eacute;terminer comment la gestion de l&rsquo;information peut supporter les pratiques d&rsquo;affaires tout en mitigeant les risques associ&eacute;s &agrave; ces pratiques. &Agrave; ce stade-ci, plusieurs sources d&rsquo;information sont consult&eacute;es, incluant les documents d&rsquo;affaires (tels que les organigrammes, les repr&eacute;sentations des processus d&rsquo;affaires, les listes de description de t&acirc;ches effectu&eacute;es par le personnel, les rapports d&rsquo;audits internes, les cadres de mesure de la performance, les lois et r&egrave;glements applicables) et les outils de gestion de l&rsquo;information (tels que le plan de classification des documents administratifs ou les structures de disques durs partag&eacute;s). Des entrevues avec les principaux cadres responsables de la gestion des processus et de la mesure de la performance seront &eacute;galement effectu&eacute;es afin de d&eacute;terminer le niveau de structuration des processus et les d&eacute;fis rencontr&eacute;s dans la r&eacute;alisation de ces derniers. Par exp&eacute;rience, il appara&icirc;t qu&rsquo;un bon syst&egrave;me de gouvernance informationnelle, incluant des pratiques de gestion de l&rsquo;information bien d&eacute;finies, va de pair avec des processus m&eacute;tier clairement articul&eacute;s.</p> <p>Au terme de l&rsquo;enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire, le gestionnaire de l&rsquo;information sera en mesure de d&eacute;terminer les forces et les faiblesses du syst&egrave;me de gestion des documents d&rsquo;archives d&eacute;j&agrave; en place, et le niveau d&rsquo;int&eacute;gration actuel et potentiel avec les pratiques de gouvernance strat&eacute;gique de l&rsquo;organisation. L&rsquo;exp&eacute;rience a ici d&eacute;montr&eacute; qu&rsquo;un projet d&rsquo;analyse des processus m&eacute;tier en vue d&rsquo;implanter une strat&eacute;gie de gouvernance informationnelle sera vou&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;chec si l&rsquo;organisation concern&eacute;e n&rsquo;accorde pas l&rsquo;importance n&eacute;cessaire &agrave; la gestion de l&rsquo;information ; il vaut mieux alors miser sur un changement de culture organisationnelle et informationnelle avant de se lancer dans un projet de telle envergure.</p> <h3>Analyse fonctionnelle</h3> <p>Afin de d&eacute;velopper un point d&rsquo;ancrage &agrave; l&rsquo;inventaire des processus m&eacute;tier, une analyse fonctionnelle sera d&rsquo;abord effectu&eacute;e. Dans la litt&eacute;rature, on distingue une &laquo;&nbsp;fonction&nbsp;&raquo; par rapport &agrave; un processus comme &eacute;tant&nbsp;&laquo;&nbsp;toute fin, responsabilit&eacute;, t&acirc;che ou activit&eacute; de haut niveau qui est attribu&eacute;e au programme de responsabilit&eacute;s d&#39;un minist&egrave;re ou organisme en vertu d&#39;une mesure l&eacute;gislative, d&#39;une politique ou d&#39;un mandat&nbsp;&raquo; (LAC, 2006). En 1991, les Archives nationales du Canada ont adopt&eacute; le mod&egrave;le de macro-&eacute;valuation pour identifier les documents qui ont une valeur durable pour la soci&eacute;t&eacute; (Bailey, 1997, p.89). Bas&eacute;e sur l&#39;analyse des fonctions m&eacute;tier et des activit&eacute;s exerc&eacute;es par l&#39;organisation, la strat&eacute;gie de macro-&eacute;valuation se concentre principalement sur le lien entre le dossier et son contexte de cr&eacute;ation. Ici, il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;tudier les fonctions de chaque structure de l&rsquo;organisme producteur des archives et des unit&eacute;s qui la composent afin de d&eacute;terminer l&rsquo;importance ou signification relative de la fonction faisant l&rsquo;objet d&rsquo;un examen archivistique (Makhlouf Shabou, 2011, p.51).</p> <p>Dans la m&eacute;thodologie, l&rsquo;analyse fonctionnelle vise &agrave; d&eacute;velopper une repr&eacute;sentation de deux &agrave; quatre niveaux hi&eacute;rarchiques des principales fonctions et sous-fonctions de l&rsquo;organisation. De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, ces fonctions se distinguent des processus en cela qu&rsquo;elles sont ind&eacute;pendantes, non chronologiques, et qu&rsquo;elles se concentrent g&eacute;n&eacute;ralement sur un m&ecirc;me objet (par exemple, la gestion des ressources humaines, la gestion des technologies, la gestion des finances, etc.). Loin d&rsquo;&ecirc;tre parfaite puisque certains processus horizontaux traversent les fonctions (voir Alberts et al., 2010 pour une discussion d&eacute;taill&eacute;e), cette approche est utilitaire car elle r&eacute;pond aux principes th&eacute;oriques de la macro-&eacute;valuation archivistique tout en permettant &agrave; l&rsquo;analyse des processus d&rsquo;&ecirc;tre divis&eacute;es par groupes d&rsquo;activit&eacute;s. De plus, l&rsquo;exp&eacute;rience d&eacute;montre que tr&egrave;s souvent les fonctions correspondent plus ou moins pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; la structure de l&rsquo;organigramme d&rsquo;une organisation. Il devient alors plus ais&eacute; d&rsquo;orchestrer les entrevues pour analyser les processus m&eacute;tier en fonction de ces sous-groupes, quitte &agrave; rassembler des employ&eacute;s appartenant &agrave; diff&eacute;rentes unit&eacute;s administratives dans le cas des processus transversaux.</p> <p>Avant de proc&eacute;der &agrave; des entrevues pour d&eacute;velopper le mod&egrave;le fonctionnel, il s&rsquo;agit d&rsquo;abord de produire un mod&egrave;le pr&eacute;liminaire &agrave; l&rsquo;aide de la documentation disponible, incluant l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; de mandat et de mission de l&rsquo;organisation, les mod&egrave;les d&rsquo;affaires existants, le cadre de mesure de la performance, les rapports annuels, l&rsquo;organigramme, les descriptions de t&acirc;ches, les rapports d&rsquo;audits internes et externes, les politiques et les lois pertinentes. On examinera alors le mandat principal de l&rsquo;organisation, ainsi que les activit&eacute;s permettant de r&eacute;aliser ce mandat, incluant les activit&eacute;s m&eacute;tier, les activit&eacute;s administratives et les activit&eacute;s de gouvernance strat&eacute;gique. Ces activit&eacute;s seront alors regroup&eacute;es en fonctions autonomes.</p> <p>Pour faciliter cette analyse, une approche &laquo;&nbsp;orient&eacute;e objet&nbsp;&raquo; emprunt&eacute;e &agrave; la programmation informatique est utilis&eacute;e, puisqu&rsquo;elle permet de regrouper hi&eacute;rarchiquement des entit&eacute;s plus ou moins concr&egrave;tes en fonction de leurs propri&eacute;t&eacute;s (voir Sage, 2019). &nbsp;Dans cette approche (voir la figure 2), la racine de la hi&eacute;rarchie r&eacute;f&egrave;re &agrave; des groupes d&rsquo;activit&eacute;s portant sur des entit&eacute;s abstraites (telles que &laquo;&nbsp;l&rsquo;adh&eacute;sion des membres&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la certification des membres&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement professionnel&nbsp;&raquo;) en se d&eacute;composant en activit&eacute;s qui produisent des entit&eacute;s plus concr&egrave;tes. Au terme de la d&eacute;composition fonctionnelle, qui comportera deux &agrave; quatre niveaux de sp&eacute;cificit&eacute;s, il sera possible d&rsquo;identifier les processus m&eacute;tier que l&rsquo;on reconna&icirc;tra gr&acirc;ce aux objets/extrants, par exemple les &laquo;&nbsp;inscriptions&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;plaintes&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;proc&eacute;dures disciplinaires&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="245" src="https://www.numerev.com/img/ck_407_1_image1.png" width="291" /></p> <address style="text-align: center;">Figure 2. Extrait de mod&egrave;le fonctionnel avec identification des processus</address> <h3>Analyse des processus m&eacute;tier</h3> <p>Dans la litt&eacute;rature d&rsquo;affaires, on d&eacute;finit g&eacute;n&eacute;ralement un processus m&eacute;tier comme une &laquo;&nbsp;collection de t&acirc;ches structur&eacute;es et connexes qui g&eacute;n&egrave;rent un produit ou un service sp&eacute;cifique pour r&eacute;pondre &agrave; un certain objectif pour un acteur ou un ensemble d&#39;acteurs particulier&nbsp;&raquo; (Krogstie, 2013, p.1, traduction libre). La mani&egrave;re traditionnelle de consid&eacute;rer les processus est en termes de transformation, selon une approche IPE (intrant-processus-extrant) (Krogstie, 2013, p.1). Parce que ce sont des mod&egrave;les abstraits et flexibles, il importe de d&eacute;finir les objectifs tr&egrave;s pr&eacute;cis de l&rsquo;exercice de mod&eacute;lisation des processus m&eacute;tier. En effet, il est tr&egrave;s facile de se perdre au cours de l&rsquo;exercice, en y consacrant un niveau de d&eacute;tail superflu.</p> <p>Dans la m&eacute;thodologie, l&rsquo;analyse des processus m&eacute;tier se concentre sur l&rsquo;identification de l&rsquo;information produite ou re&ccedil;ue dans le cadre des activit&eacute;s de l&rsquo;organisation. Cette analyse est r&eacute;alis&eacute;e durant des entrevues rassemblant les principaux intervenants des processus, qui peuvent provenir de diff&eacute;rentes unit&eacute;s administratives ou appartenir &agrave; diff&eacute;rents niveaux hi&eacute;rarchiques. Durant ces s&eacute;ances, l&rsquo;analyste se concentre sur les activit&eacute;s qui g&eacute;n&egrave;rent de l&rsquo;information ; cette prise de position est importante car elle aura une influence sur le r&eacute;sultat de la mod&eacute;lisation. Au terme de ces s&eacute;ances, on aura identifi&eacute; les avoirs informationnels pour chaque processus, sous forme de carte d&eacute;taill&eacute;e ou de formulaire, ainsi qu&rsquo;une &eacute;valuation de leur &laquo;&nbsp;valeur&nbsp;&raquo; pour l&rsquo;organisation (nous &eacute;laborerons sur le concept de &laquo;&nbsp;valeur&nbsp;&raquo; dans la discussion).</p> <p>De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, les cartes d&eacute;taill&eacute;es sont utilis&eacute;es pour les processus qui g&eacute;n&egrave;rent davantage de valeur (processus op&eacute;rationnels directement en lien avec la mission de l&rsquo;organisation) alors que les formulaires, qui comprennent une liste sommaire de documents associ&eacute;s &agrave; chaque processus, sont &eacute;labor&eacute;s pour les processus secondaires administratifs ou de gouvernance. La figure 3 offre un extrait de carte de processus m&eacute;tier r&eacute;sultant de cette approche&nbsp;:</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="256" src="https://www.numerev.com/img/ck_407_1_image2.png" width="452" /></p> <address style="text-align: center;">Figure 3. Extrait de carte de processus m&eacute;tier</address> <p>La figure 3 illustre comment l&rsquo;information produite et re&ccedil;ue dans le cadre d&rsquo;un processus d&rsquo;avis juridique acquiert de la valeur aux diff&eacute;rentes &eacute;tapes. Dans ce processus, les avoirs informationnels sont identifi&eacute;s comme intrants ou extrants au-dessus de chaque t&acirc;che. L&rsquo;information en noir a &eacute;t&eacute; identifi&eacute;e par le groupe qui a pris part &agrave; l&rsquo;exercice de mod&eacute;lisation (incluant l&rsquo;archiviste de l&rsquo;organisation) comme &eacute;tant critique, et devant &ecirc;tre conserv&eacute;e &agrave; long terme dans un syst&egrave;me archivistique. L&rsquo;information en gris a &eacute;t&eacute; identifi&eacute;e comment ayant de la valeur d&rsquo;affaires pour l&rsquo;organisation, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;elle est essentielle au quotidien pour compl&eacute;ter le processus et doit &ecirc;tre conserv&eacute;e dans un syst&egrave;me de gestion documentaire, mais pas &agrave; long terme. Finalement, l&rsquo;information identifi&eacute;e &agrave; l&rsquo;aide des symboles blancs poss&egrave;de une valeur temporaire ou interm&eacute;diaire, c&rsquo;est le cas ici d&rsquo;un gabarit de document &ndash; le mod&egrave;le d&rsquo;avis. Ce qui est int&eacute;ressant de noter dans cet exemple, c&rsquo;est la vari&eacute;t&eacute; des formes des avoirs informationnels recens&eacute;s (par exemple, la demande d&rsquo;avis est un courriel, le tableau de suivi une base de donn&eacute;es et le projet d&rsquo;avis un document formel). On constate &eacute;galement que le &laquo;&nbsp;projet d&rsquo;avis&nbsp;&raquo; comporte diff&eacute;rentes versions ainsi que des commentaires additionnels, qui auront de la valeur &agrave; court terme jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;aboutissement du processus. Au terme du processus (qui n&rsquo;est pas visible ici &agrave; la figure 3), c&rsquo;est l&rsquo;avis juridique sign&eacute; qui acquiert de la valeur archivistique. La repr&eacute;sentation du processus r&eacute;v&egrave;le &eacute;galement que ce sont les juristes qui ajoutent davantage de valeur &agrave; l&rsquo;information afin de produire les extrants.</p> <p>Dans le cadre de la m&eacute;thodologie, la repr&eacute;sentation des processus m&eacute;tier r&eacute;pond ainsi &agrave; plusieurs objectifs, qui doivent &ecirc;tre align&eacute;s aux objectifs strat&eacute;giques de l&rsquo;organisation &eacute;tudi&eacute;e. Tout d&rsquo;abord, l&rsquo;analyse de processus compl&egrave;te la d&eacute;composition fonctionnelle au dernier niveau de la hi&eacute;rarchie des activit&eacute;s de l&rsquo;organisation, remplissant les objectifs de conformit&eacute; en mati&egrave;re de gestion des documents d&rsquo;archives (dont le d&eacute;veloppement du calendrier de conservation). En permettant l&rsquo;identification de l&rsquo;information produite ou re&ccedil;ue sous toutes ses formes documentaires (courriel, rapport officiel, message texte, donn&eacute;es structur&eacute;es, etc.), la repr&eacute;sentation des processus supporte l&rsquo;identification des avoirs informationnels de l&rsquo;organisation, en d&eacute;montrant o&ugrave;, quand et comment l&rsquo;information acquiert de la valeur. L&rsquo;analyse des processus permet &eacute;galement d&rsquo;examiner le point de cr&eacute;ation de l&rsquo;information au sein des flux de production et de contr&ocirc;ler les diff&eacute;rentes versions documentaires ainsi que leur valeur respective.</p> <p>Dans une perspective de gouvernance de l&rsquo;information, la m&eacute;thodologie g&eacute;n&egrave;re des processus qui se concentrent sur les &laquo;&nbsp;objets&nbsp;&raquo; informationnels, en r&eacute;v&eacute;lant quels syst&egrave;mes sont n&eacute;cessaires pour les produire et les g&eacute;rer, les risques d&rsquo;affaires associ&eacute;es &agrave; certaines pratiques, et les besoins de collaboration entre les diff&eacute;rents intervenants. Parce qu&rsquo;une approche participative est adopt&eacute;e lors de l&rsquo;exercice d&rsquo;&eacute;licitation du processus, la m&eacute;thodologie contribue &agrave; conscientiser, former et faire adh&eacute;rer les employ&eacute;s &agrave; l&rsquo;importance des bonnes pratiques de gestion de l&rsquo;information. Au cours des entrevues pour repr&eacute;senter les processus, les employ&eacute;s parviennent &agrave; n&eacute;gocier ou ren&eacute;gocier certaines approches pour am&eacute;liorer les flux informationnels, ce qui a une incidence positive sur les performances de l&rsquo;organisation.</p> <p>En mettant l&rsquo;emphase sur les pratiques de production de l&rsquo;information et sur les objets informationnels r&eacute;sultants &agrave; chaque &eacute;tape, l&rsquo;analyse des processus m&eacute;tier dans une perspective de gouvernance de l&rsquo;information r&eacute;v&egrave;le quelles pratiques de travail ajoutent davantage de valeur pour une organisation, contribuant ainsi &agrave; la mesure de la performance. Dans l&rsquo;exemple de la figure 3, on pourrait associer au processus de production d&rsquo;avis juridique diff&eacute;rentes mesures d&rsquo;&eacute;valuation de la performance, telles que le nombre d&rsquo;avis juridiques produits, le temps exig&eacute; pour produire un avis, le nombre d&rsquo;intervenants n&eacute;cessaires pour formuler l&rsquo;avis juridique ou le niveau de qualit&eacute; de l&rsquo;avis juridique final. De plus, cette fa&ccedil;on de repr&eacute;senter les processus m&eacute;tier supporte l&rsquo;identification des risques d&rsquo;affaires associ&eacute;s &agrave; certaines pratiques de gestion de l&rsquo;information, en permettant au sp&eacute;cialiste de l&rsquo;information de concentrer ses efforts sur les pratiques dont le seuil de criticit&eacute; est &eacute;lev&eacute;. Finalement, tel que nous le verrons au point suivant, l&rsquo;analyse des processus m&eacute;tier est incontournable pour d&eacute;velopper une architecture de l&rsquo;information coh&eacute;rente, v&eacute;ritable pierre angulaire d&rsquo;un programme de gouvernance de l&rsquo;information.</p> <h3>D&eacute;veloppement de l&rsquo;architecture de l&rsquo;information</h3> <p>Smallwood (2020, p.26) stipule qu&rsquo;un programme de gouvernance de l&rsquo;information r&eacute;ussi d&eacute;pend de l&rsquo;utilisation d&rsquo;un vocabulaire contr&ocirc;l&eacute; et centralis&eacute;, d&eacute;coulant d&rsquo;un effort collaboratif entre les diff&eacute;rentes branches de l&rsquo;organisation. Il s&rsquo;agit de s&rsquo;entendre sur la d&eacute;finition et l&rsquo;utilisation des termes employ&eacute;s dans l&rsquo;organisation afin d&rsquo;am&eacute;liorer les performances lors de la classification et du rep&eacute;rage de l&rsquo;information &agrave; l&rsquo;aide des m&eacute;tadonn&eacute;es. Suivant cet objectif, la m&eacute;thodologie d&eacute;veloppe, &agrave; partir de la d&eacute;composition fonctionnelle et de l&rsquo;analyse des processus m&eacute;tier, une architecture de l&rsquo;information, d&eacute;finie ici comme un mod&egrave;le d&rsquo;information&nbsp;s&eacute;mantique et conceptuel qui peut &ecirc;tre utilis&eacute; pour d&eacute;crire toutes les informations produites dans une organisation sur une base coh&eacute;rente et contr&ocirc;l&eacute;e. La figure 4 situe l&rsquo;architecture de l&rsquo;information au sein de la m&eacute;thodologie.</p> <p style="text-align: center;"><img height="205" src="https://www.numerev.com/img/ck_407_1_image3.png" width="269" /></p> <address style="text-align: center;">Figure 4. Architecture de l&rsquo;information d&rsquo;affaires</address> <p>La figure 4 illustre comment le mod&egrave;le d&rsquo;affaires, qui comprend la d&eacute;composition fonctionnelle et les processus d&rsquo;affaires, agit comme point d&rsquo;ancrage de l&rsquo;architecture de l&rsquo;information. En effet, c&rsquo;est &agrave; partir du mod&egrave;le hi&eacute;rarchique des fonctions et des repr&eacute;sentations de processus m&eacute;tier (les cartes ou les formulaires) que le mod&egrave;le d&rsquo;information est d&eacute;velopp&eacute;. Le mod&egrave;le d&rsquo;information inclut diff&eacute;rentes perspectives (ou &laquo;&nbsp;facettes&nbsp;&raquo;) pour d&eacute;crire les informations d&rsquo;affaires &agrave; l&rsquo;aide des m&eacute;tadonn&eacute;es. Ces facettes regroupent des taxonomies de termes contr&ocirc;l&eacute;s qui repr&eacute;sentent les facettes n&eacute;cessaires pour d&eacute;crire chaque objet informationnel, notamment&nbsp;: 1) la fonction et la sous-fonction m&eacute;tier ; 2) le nom du processus m&eacute;tier ; 3) le r&ocirc;le du cr&eacute;ateur de l&rsquo;information au sein du processus ; 4) la structure organisationnelle responsable de l&#39;information ; 5) le mode d&rsquo;organisation du travail (titre du projet, nom du comit&eacute;, num&eacute;ro du cas, etc.) ; 6) le type ou genre de document ; 7) d&rsquo;autres facettes pertinentes relev&eacute;es durant l&rsquo;exercice de mod&eacute;lisation du processus (voir Mas &amp; Marleau (2009) pour plus de d&eacute;tails sur ce mod&egrave;le).</p> <p>Le mod&egrave;le d&rsquo;information &eacute;tablit &eacute;galement des relations s&eacute;mantiques entre les diff&eacute;rents champs de m&eacute;tadonn&eacute;es et/ou termes contr&ocirc;l&eacute;s au sein de ces champs (par exemple, un projet X ne peut &ecirc;tre qu&rsquo;associ&eacute; au processus X, un r&ocirc;le Y est toujours rempli au sein de la fonction Y, etc.). En passant par le d&eacute;veloppement d&rsquo;un mod&egrave;le d&rsquo;affaires pour d&eacute;velopper le mod&egrave;le d&rsquo;information, la m&eacute;thodologie contribue &agrave; pr&eacute;server le lien essentiel entre l&rsquo;objet informationnel et son contexte d&rsquo;affaires. Puisque les objets informationnels produits ou re&ccedil;us au sein d&rsquo;un m&ecirc;me processus m&eacute;tier sont d&eacute;finis &agrave; l&rsquo;aide de m&eacute;tadonn&eacute;es s&eacute;mantiquement li&eacute;es, les actions et prises de d&eacute;cision au sein de l&rsquo;organisation sont document&eacute;es de mani&egrave;re transparente et coh&eacute;rente dans l&rsquo;ensemble de l&rsquo;organisation.</p> <p>Conceptuelle et ind&eacute;pendante des diff&eacute;rents syst&egrave;mes utilis&eacute;s pour l&rsquo;impl&eacute;menter, l&rsquo;architecture de l&rsquo;information diff&egrave;re de l&rsquo;architecture d&rsquo;entreprise qui se concentre principalement sur l&rsquo;int&eacute;gration des syst&egrave;mes informatiques. Pour les diff&eacute;rents acteurs impliqu&eacute;s dans la gouvernance de l&rsquo;information, l&rsquo;architecture de l&rsquo;information permettra de d&eacute;river les diff&eacute;rents outils n&eacute;cessaires &agrave; une gestion performante de l&rsquo;information, comme par exemple les sch&eacute;mas de m&eacute;tadonn&eacute;es au sein des diff&eacute;rents syst&egrave;mes de gestion documentaire, le d&eacute;veloppement des bases de donn&eacute;es structur&eacute;es, les taxonomies de sites web, le plan de classification des documents administratifs, la structure de dossiers partag&eacute;s, la gestion des acc&egrave;s et de la s&eacute;curit&eacute; informatique, les indicateurs de performance, etc.</p> <p>Avec en main une m&eacute;thodologie unique permettant de comprendre les m&eacute;canismes de g&eacute;n&eacute;ration de la valeur inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;information, au moment de sa cr&eacute;ation au sein des processus m&eacute;tier, les sp&eacute;cialistes de l&rsquo;information, les gestionnaires de strat&eacute;gies d&rsquo;entreprises et les responsables des technologies disposent d&rsquo;une approche concert&eacute;e pour g&eacute;rer &laquo;&nbsp;la totalit&eacute; des avoirs de l&rsquo;organisation, dans une perspective de contr&ocirc;le et de conformit&eacute;&nbsp;&raquo; (Smallwood, 2020, p.8). Ce d&eacute;fi, au c&oelig;ur des pratiques de gouvernance de l&rsquo;information, soul&egrave;ve de nouvelles questions quant au r&ocirc;le du sp&eacute;cialiste de l&rsquo;information et &agrave; l&rsquo;&eacute;tendue de ses champs d&rsquo;expertise, qui doivent non seulement porter sur l&rsquo;&eacute;valuation archivistique des documents dans une perspective de conformit&eacute;, mais &eacute;galement comprendre des comp&eacute;tences en analyse de processus d&rsquo;affaires et en &eacute;valuation des performances.</p> <h2>DISCUSSION</h2> <p>Selon l&rsquo;ARMA qui a r&eacute;cemment publi&eacute; un manuel sur la gouvernance de l&rsquo;information, c&rsquo;est le professionnel de l&rsquo;information qui doit aujourd&rsquo;hui jouer un r&ocirc;le de leadership et de coordination des diff&eacute;rentes parties prenantes concern&eacute;es par une gestion de l&rsquo;information efficace (ARMA, 2018, p.7). Alors que la gestion de l&rsquo;information se concentrait principalement sur la supervision du cycle de vie de l&rsquo;information et le support aux usagers, les professionnels d&#39;aujourd&#39;hui n&eacute;cessitent des comp&eacute;tences beaucoup plus larges. Ici, la m&eacute;thodologie r&eacute;v&egrave;le qu&rsquo;en associant la gestion du cycle de vie de l&rsquo;information &agrave; la r&eacute;alisation efficace des diff&eacute;rentes &eacute;tapes d&rsquo;un processus, on assure une plus grande efficacit&eacute; pour les employ&eacute;s, tout en facilitant la reddition de comptes, la transparence et l&rsquo;application des principes de bonne gouvernance.</p> <p>Dans les derni&egrave;res d&eacute;cennies, on a heureusement assist&eacute; aux aspirations grandissantes d&rsquo;une culture de la transparence, amenant un accroissement des attentes relatives &agrave; l&rsquo;adoption de saines pratiques de gestion d&rsquo;entreprise. De plus en plus, la haute gestion subit des pressions afin que la r&eacute;alisation des processus soit conforme aux normes de performance et aux exigences l&eacute;gislatives en vigueur. Ceci a largement contribu&eacute; au rapprochement n&eacute;cessaire des pratiques de gestion de l&rsquo;information et des pratiques propres &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation des performances. De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, les pratiques d&rsquo;&eacute;valuation des performances consistent &agrave; d&eacute;terminer les objectifs de l&rsquo;organisation pour ensuite mesurer l&rsquo;accomplissement de ces objectifs &agrave; l&rsquo;aide des produits r&eacute;sultant des processus d&rsquo;affaires, mesurables principalement gr&acirc;ce aux avoirs informationnels. Pour le sp&eacute;cialiste de l&rsquo;information, il s&rsquo;agit aujourd&rsquo;hui d&rsquo;atteindre un haut niveau de transparence organisationnelle en identifiant ces avoirs, ce qui n&rsquo;est pas diff&eacute;rent de son r&ocirc;le traditionnel. Ce qui importe, c&rsquo;est l&rsquo;adoption d&rsquo;un langage commun permettant aux deux pratiques de communiquer. C&rsquo;est ici que le concept de processus m&eacute;tier acquiert une importance capitale. &Agrave; titre de langage commun et &eacute;prouv&eacute;, le processus facilite l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;isation des pratiques et le transfert des connaissances entre les archivistes et les planificateurs strat&eacute;giques.</p> <p>Ainsi, dans le cadre de la m&eacute;thodologie, l&rsquo;archiviste comme gestionnaire de l&rsquo;information op&eacute;rationnelle se concentre davantage sur la valeur des ressources documentaires, d&egrave;s leur point de cr&eacute;ation dans les processus. Cette valeur peut &ecirc;tre envisag&eacute;e suivant diff&eacute;rents crit&egrave;res tels que la &laquo;&nbsp;mon&eacute;tisation directe&nbsp;&raquo; (par exemple, la vente de donn&eacute;es ou de produits et services d&rsquo;information) (Laney, 2017, p.67) ou la &laquo;&nbsp;mon&eacute;tisation indirecte&nbsp;&raquo; visant par exemple &agrave; am&eacute;liorer les efficiences, r&eacute;duire mesurablement les risques, d&eacute;velopper de nouveaux produits et march&eacute;s, et construire et solidifier les relations avec les partenaires (Laney, 2017, p.68). Cette perspective op&eacute;rationnelle vient enrichir l&rsquo;approche fonctionnelle et les principes de la macro-&eacute;valuation archivistique qui se concentre davantage sur la valeur soci&eacute;tale des documents en fin de vie.</p> <p>Ainsi, l&rsquo;&eacute;valuation des performances propres &agrave; un processus est intimement li&eacute;e &agrave; la capacit&eacute; de mesurer la valeur des actifs informationnels, souvent qualifi&eacute;e comme &eacute;tant intangible (Laney, 2017). En adoptant une approche participative et multidisciplinaire dans l&rsquo;examen des pratiques d&rsquo;affaires, la m&eacute;thodologie d&eacute;crite dans cet article met en &oelig;uvre des strat&eacute;gies d&rsquo;&eacute;valuation des actifs informationnels qui contribuent &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation des performances des processus, en sciences de l&rsquo;information ou autre.</p> <h2>CONCLUSION</h2> <p>La m&eacute;thodologie introduite dans cet article comporte des dimensions qui sont &agrave; la fois pratiques et th&eacute;oriques. D&#39;un point de vue pratique, la m&eacute;thodologie comprend un ensemble d&rsquo;&eacute;tapes, applicables et adaptables &agrave; diff&eacute;rents contextes organisationnels, permettant de repr&eacute;senter efficacement les processus m&eacute;tier &agrave; des fins gestion de l&rsquo;information et de gouvernance. &Agrave; l&rsquo;aide de cette m&eacute;thodologie, les consultations r&eacute;alis&eacute;es aupr&egrave;s des employ&eacute;s supportent efficacement, et de mani&egrave;re holistique, l&#39;identification des ressources informationnelles &agrave; valeur op&eacute;rationnelle au moment de leur cr&eacute;ation, la repr&eacute;sentation des flux d&#39;information internes et externes et le d&eacute;veloppement des m&eacute;tadonn&eacute;es n&eacute;cessaires &agrave; leur gestion. De ce fait, la m&eacute;thodologie agit comme point d&rsquo;ancrage pour la mise en place d&rsquo;un programme de gouvernance de l&rsquo;information, en rassemblant les diff&eacute;rents membres de l&rsquo;&eacute;quipe consacr&eacute;e &agrave; son &eacute;tablissement, par exemple la s&eacute;curit&eacute;, les technologies, le support l&eacute;gal et la planification strat&eacute;gique.</p> <p>D&#39;un point de vue th&eacute;orique, les concepts traditionnels emprunt&eacute;s &agrave; l&rsquo;archivistique tels que la &laquo;&nbsp;macro-&eacute;valuation&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&#39;analyse fonctionnelle&nbsp;&raquo; sont enrichis afin de fournir un cadre tenant compte des nouvelles exigences en mati&egrave;re de gouvernance de l&rsquo;information. Des concepts issus du domaine des affaires tels que &laquo; l&rsquo;analyse des processus m&eacute;tier &raquo;, les &laquo; indicateurs de performance &raquo; et la &laquo; valeur op&eacute;rationnelle de l&rsquo;information &raquo; sont utilis&eacute;s pour combler les lacunes des m&eacute;thodes traditionnelles en science de l&rsquo;information. L&rsquo;approche introduite ici am&egrave;ne une meilleure compr&eacute;hension des chevauchements qui existent entre la gestion de l&#39;information et la mesure du rendement en se concentrant sur les dimensions des processus m&eacute;tier qui peuvent &ecirc;tre exploit&eacute;es pour atteindre la conformit&eacute; en mati&egrave;re gouvernance de l&rsquo;information.</p> <p>Selon Smallwood (2020, p.8), la premi&egrave;re &eacute;tape pour justifier l&rsquo;existence d&rsquo;un programme de gouvernance de l&rsquo;information consiste &agrave; &ecirc;tre en mesure de calculer de mani&egrave;re convaincante les co&ucirc;ts des avoirs informationnels, puis de d&eacute;couvrir les moyens de r&eacute;cup&eacute;rer ces co&ucirc;ts en g&eacute;n&eacute;rant de la valeur. Pour cet auteur, ce sont des &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences fondamentales pour les professionnels de l&#39;information dans la nouvelle &egrave;re des donn&eacute;es volumineuses et de l&#39;infonomie&nbsp;&raquo; (Smallwood, 2020, p.132, traduction libre). C&rsquo;est ici que les comp&eacute;tences traditionnelles du sp&eacute;cialiste de l&rsquo;information, notamment les pratiques associ&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation archivistique, constituent un ao&ucirc;t ind&eacute;niable.</p> <h2>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Alberts, I., Schellinck, J., Eby, C., &amp; Marleau, Y. (2010). Bridging functions and processes for records management/Combler le foss&eacute; entre les fonctions et les processus dans la gestion documentaire. Canadian Journal of Information and Library Science, 34(4), 365-390.</p> <p>Alberts, I., Marleau, Y., &amp; Eby, C. (2015). 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