<p style="text-align: justify;"><strong>Abstract :</strong>&nbsp;The objective of this article is to propose a methodological framework to analyze the transformations of professional practices in the communication professions from a usage approach. Once we have drawn a broad outline of the evolutions of this type of approach as well as their complementarity with those on digital traces and questions linked to a perspective of sustainability, we will discuss the importance of a conceptual enrichment (around the concepts of plasticity, instability and fragility) and of a shift in the way we look at things (from a fixist approach to a dynamic approach). To illustrate our approach, we will rely on the results of a research fieldwork aimed at analyzing networking practices within a professional group during a specific event. By taking a step back from the methodology used, we propose a methodological framework for analyzing professional practices, adapted to the current context. In conclusion, we will complete the reflection on the modalities of a complex analysis of the identified transformations.</p> <p style="text-align: justify;"><strong>Keywords :&nbsp;</strong>uses, professional practices, plasticity, instability, fragility.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">INTRODUCTION</h2> <p style="text-align: justify;">Les pratiques professionnelles dans les m&eacute;tiers de la communication, correspondant aux principales fonctions des communicateurs (&eacute;crits, conseils, strat&eacute;gie de communication, d&eacute;finition et gestion du plan de communication, mise en relation entre diff&eacute;rentes parties prenantes, etc.) ont connu une transformation majeure avec le transfert d&rsquo;une partie de ces activit&eacute;s en ligne. &Eacute;tudier depuis une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es par les chercheuses et chercheurs en SIC, ces transformations ont donn&eacute; lieu par exemple &agrave; un questionnement sur les nouvelles comp&eacute;tences du communicateur, bouscul&eacute; par le num&eacute;rique (Coutant et Domenget, 2015) ou encore la gestion des dimensions documentaire, algorithmique, affectif et manag&eacute;rial de l&rsquo;e-r&eacute;putation par ces praticiens (Alloing, 2016). Ce riche questionnement souligne la complexit&eacute; et la difficult&eacute; &agrave; saisir les changements en cours. Cela est d&rsquo;autant plus vrai que les dispositifs de m&eacute;diations de ces activit&eacute;s ont connu eux-m&ecirc;mes des transformations profondes. La dimension socionum&eacute;rique de ces m&eacute;diations conduit &agrave; constater que les dispositifs d&rsquo;information &ndash; communication utilis&eacute;s aujourd&rsquo;hui par les communicateurs, dont les plus connus sont les m&eacute;dias socionum&eacute;riques sont profond&eacute;ment instables. Ils ont conduit &agrave; d&eacute;velopper une fragilit&eacute; des usages, laquelle est inscrite dans un contexte actuel marqu&eacute; par l&rsquo;incertitude.</p> <p style="text-align: justify;">Proposant des pistes d&rsquo;analyse de ces transformations, l&rsquo;objet de cet article est d&rsquo;apporter des &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;ponse &agrave; la double question&nbsp;: comment analyser les transformations des pratiques professionnelles, en int&eacute;grant &agrave; la fois la dynamique des usages mais aussi dans une moindre mesure, la circulation des traces num&eacute;riques et la longue dur&eacute;e, inscrite dans une perspective en termes de durabilit&eacute;&nbsp;? Comment &eacute;galement op&eacute;rationnaliser cette ambition &agrave; travers une d&eacute;marche m&eacute;thodologique permettant de r&eacute;pondre &agrave; la complexit&eacute; du processus analys&eacute;&nbsp;? Dans ce but, nous proposons un renouvellement conceptuel des approches usages, compl&eacute;t&eacute; par un nouveau regard sur les ph&eacute;nom&egrave;nes analys&eacute;s. Une int&eacute;gration d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments d&rsquo;analyse, issus de travaux sur les traces num&eacute;riques et d&rsquo;approches en terme de durabilit&eacute;, sera initi&eacute;e, m&ecirc;me si cela restera limit&eacute;, dans une ambition de dialogue avec d&rsquo;autres traditions de recherche. Pour illustrer l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et les difficult&eacute;s de la d&eacute;marche pr&eacute;sent&eacute;e, nous reviendrons sur une &eacute;tude de cas portant sur une pratique professionnelle sp&eacute;cifique, le r&eacute;seautage. Une prise de recul vis-&agrave;-vis de la m&eacute;thodologie mise en &oelig;uvre nous conduira &agrave; proposer une grille d&rsquo;analyse des pratiques professionnelles m&eacute;di&eacute;es par des dispositifs de communication num&eacute;rique, en listant un certain nombre de th&eacute;matiques &agrave; aborder, en soulignant le n&eacute;cessaire changement de perspective &agrave; r&eacute;aliser, en d&eacute;taillant plusieurs crit&egrave;res &agrave; prendre en compte et en proposant quelques instruments d&rsquo;enqu&ecirc;te. Nous conclurons sur diff&eacute;rentes pistes d&rsquo;ouverture pointant d&rsquo;autant plus la complexit&eacute; de l&rsquo;analyse &agrave; conduire.</p> <h2 style="text-align: justify;">UN RENFORCEMENT CONCEPTUEL ET UN NOUVEAU REGARD DES APPROCHES USAGES</h2> <p style="text-align: justify;">Des traditions de recherche en sociologie des usages (Jaur&eacute;guiberry et Proulx, 2011), nous retiendrons une capacit&eacute; &agrave; analyser les transformations des relations entre objet technique et usage mais aussi plus largement de l&rsquo;activit&eacute; (ou pratiques) dans laquelle l&rsquo;usage s&rsquo;ins&egrave;re. L&rsquo;&eacute;volution r&eacute;cente des travaux de la sociologie des usages est marqu&eacute;e par leur diss&eacute;mination dans l&rsquo;approche interdisciplinaire des SIC (Jou&euml;t, 2015), &agrave; travers des questionnements sur les ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;appropriation, de construction de nouvelles pratiques, des relations sociales en r&eacute;seau, etc. et de nouvelles th&eacute;matiques comme l&rsquo;essor des m&eacute;dias socionum&eacute;riques renouvelant l&rsquo;approche des usages sociaux, les diff&eacute;rentes figures de l&rsquo;identit&eacute; num&eacute;rique, l&rsquo;&eacute;mergence de l&rsquo;usager producteur de contenus, etc. La proposition d&rsquo;un renforcement conceptuel des approches d&rsquo;usages s&rsquo;inscrit en grande partie dans cette &eacute;volution mais elle s&rsquo;en d&eacute;tache &eacute;galement &agrave; partir du nouveau regard qu&rsquo;elle appelle de ses v&oelig;ux.</p> <p style="text-align: justify;">En effet, les recherches en sociologie des usages sont marqu&eacute;es par un tropisme impens&eacute; vers le fix&eacute;, qui a fa&ccedil;onn&eacute; une approche statique des usages (Domenget et Latzko-Toth, 2015), et ont montr&eacute; leur limite &agrave; analyser les usages des dispositifs de communication num&eacute;rique actuels. Face &agrave; ces dispositifs instables et aux changements dans les activit&eacute;s marqu&eacute;es par une incertitude accrue, les usages ne sont jamais eux-m&ecirc;mes stabilis&eacute;s. L&rsquo;accent ne doit plus simplement &ecirc;tre mis sur la continuit&eacute;, la reproduction, la filiation des usages (concepts relevant d&rsquo;une vision fixiste de l&rsquo;&eacute;volution des usages).</p> <p style="text-align: justify;">De plus, la prise en compte de l&rsquo;environnement num&eacute;rique de l&rsquo;usager dans son ensemble permet d&rsquo;analyser les multiples dimensions de la pr&eacute;sence num&eacute;rique (visuelle, traqu&eacute;e, marchand&eacute;e, (re)documentaire, algorithmique, fractale, &eacute;cosyst&eacute;mique, etc.) analys&eacute;es par Merzeau (2009). Elle met notamment l&rsquo;accent sur les dispositifs, les algorithmes, les recommandations automatis&eacute;es et les prescriptions g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;es, faisant des traces num&eacute;riques le r&eacute;sultat d&rsquo;une combinaison entre usages du dispositif et calcul de l&rsquo;activit&eacute;. Cette dimension calcul&eacute;e de la trace num&eacute;rique est d&rsquo;autant plus int&eacute;ressante qu&rsquo;elle fait &eacute;cho &agrave; l&rsquo;analyse en termes de trivialit&eacute; de la trace d&rsquo;usage propos&eacute;e par Jeanneret (2019), laquelle renvoie &agrave; une id&eacute;e de circulation de la trace sur diff&eacute;rents supports.&nbsp; Au fil de cette circulation, la trace se charge de sens et de valeur, devenant de plus en plus complexe, m&ecirc;lant aspect et pr&eacute;sence du pass&eacute; dans le pr&eacute;sent. Cette analyse peut &ecirc;tre alors utilement mise en parall&egrave;le avec les approches en termes de durabilit&eacute;. Au-del&agrave; d&rsquo;une inscription dans le temps long, ce &laquo;&nbsp;concept probl&egrave;me&nbsp;&raquo; (Simonnot, cit&eacute; par Liqu&egrave;te, 2013) permet en effet d&rsquo;envisager l&rsquo;ensemble des externalit&eacute;s occasionn&eacute;es par les utopies, discours et pratiques info-communicationnelles de notre &eacute;poque (Mallowan et Marcon, 2019). Il est pour nous un garde-fou face &agrave; l&rsquo;instabilit&eacute; durable des dispositifs pr&eacute;sent&eacute;e ci-dessous, une vis&eacute;e d&rsquo;&eacute;quilibre dans le respect de l&rsquo;environnement et des g&eacute;n&eacute;rations futures.</p> <p style="text-align: justify;">Dans le but annonc&eacute; de renouvellement conceptuel, nous proposons une s&eacute;rie de trois concepts afin de penser la dynamique des usages au quotidien et l&rsquo;&eacute;volution des pratiques associ&eacute;es. De m&ecirc;me, nous souhaitons suivre la piste d&rsquo;un nouveau regard, dans une d&eacute;marche marqu&eacute;e par l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, en nous appuyant sur des propositions faites dans d&rsquo;autres disciplines des sciences humaines et sociales autour des notions que nous souhaitons mobiliser&nbsp;: la plasticit&eacute;, l&rsquo;instabilit&eacute; et la fragilit&eacute;.</p> <h3 style="text-align: justify;">INTEGRER LA DIMENSION NEGATIVE DE LA PLASTICITE</h3> <p style="text-align: justify;">Premier concept &agrave; int&eacute;grer, la plasticit&eacute; impr&egrave;gne l&#39;ensemble de l&#39;exp&eacute;rience d&#39;usage des dispositifs d&#39;information et de communication contemporains. &laquo;&nbsp;Si la plasticit&eacute; est en effet pr&eacute;sente dans l&#39;essence m&ecirc;me des dispositifs, elle s&#39;inscrit &eacute;galement dans l&#39;exp&eacute;rience interactive de l&#39;usager et impr&egrave;gne les supports, les textes mais aussi les aspects relationnels. Elle se d&eacute;veloppe &agrave; la faveur des choix auctoriaux dans des limites que l&#39;usage ne cesse de tester et de contester&nbsp;&raquo; (Morelli et Lazar, 2015&nbsp;: 8). Dans une vision positive, la plus commun&eacute;ment partag&eacute;e de la plasticit&eacute;, celle-ci permet de s&rsquo;adapter aux situations. R&eacute;fl&eacute;chir &agrave; la plasticit&eacute; des dispositifs, c&rsquo;est souligner leur capacit&eacute; d&rsquo;adaptation &agrave; la cr&eacute;ativit&eacute; des usagers, c&rsquo;est interroger &eacute;galement la marge de libert&eacute; de ces derniers. En effet, &laquo; agent soumis &agrave; des d&eacute;terminismes sociaux, &eacute;conomiques et techniques, [l&rsquo;usager voit cependant son autonomie] brid&eacute;e par les proc&eacute;dures d&eacute;pos&eacute;es dans les dispositifs techniques, mais elle l&rsquo;est aussi par les identit&eacute;s, appartenances, perceptions, habitus et autres dispositions qui structurent sa relation au monde et vont conditionner son envie, sa mani&egrave;re, ainsi que sa capacit&eacute;́ pratique &agrave; s&rsquo;approprier tel ou tel dispositif technique &raquo;. Granjon (2004&nbsp;: 2, cit&eacute; par Morelli et Lazar, 2015&nbsp;: 15). Cette approche en termes de limites reste tr&egrave;s ancr&eacute;e dans une vision positive de la plasticit&eacute;, dont la mise en place est contre-carr&eacute;e par un ensemble de facteurs bloquants.</p> <p style="text-align: justify;">Notre proposition consiste &agrave; renouveler le regard sur la plasticit&eacute; et &agrave; int&eacute;grer sa dimension n&eacute;gative. Dans son travail m&ecirc;lant philosophie, neurosciences et biologie, Catherine Malabou a introduit la notion de plasticit&eacute; destructrice (Malabou, 2009) pour traduire la nouvelle identit&eacute; d&#39;un individu &laquo;&nbsp;&eacute;tranger &agrave; soi-m&ecirc;me&nbsp;&raquo;, suite &agrave; un &eacute;v&eacute;nement traumatique c&eacute;r&eacute;bral, du type maladie d&rsquo;Alzheimer. Cette notion de plasticit&eacute; destructrice conduit &agrave; analyser les phases de rupture dans la vie des individus et &agrave; aborder la &laquo;&nbsp;puissance explosive, destructrice et d&eacute;sorganisatrice&nbsp;&raquo; de la plasticit&eacute;. Il s&#39;agira bien &eacute;videmment d&#39;&eacute;valuer la pertinence &eacute;pist&eacute;mologique de la notion de plasticit&eacute; destructrice dans les ph&eacute;nom&egrave;nes en cours de stabilisation mais d&#39;ores-et-d&eacute;j&agrave; elle permet de concevoir diff&eacute;remment, &agrave; la fois les changements, les modifications permanentes que connaissent les dispositifs mobilis&eacute;s, mais aussi les usages qui en sont faits. Ainsi d&rsquo;un point de vue des crit&egrave;res d&rsquo;analyse, il s&rsquo;agit de s&rsquo;int&eacute;resser aux moments de rupture dans les usages, en lien avec la plasticit&eacute; des interfaces et des dispositifs analys&eacute;s. De m&ecirc;me, en relation avec les r&eacute;flexions sur les traces comme mat&eacute;riau d&rsquo;analyse de ces moments de rupture, il s&rsquo;agira de se questionner sur les probl&egrave;mes m&eacute;thodologiques que cela pose. Renfor&ccedil;ant ce premier &eacute;largissement conceptuel, un second propose de tenir compte de l&rsquo;instabilit&eacute; des dispositifs &eacute;tudi&eacute;s et de concevoir cette instabilit&eacute; comme un &eacute;tat durable.</p> <h3 style="text-align: justify;">CONCEVOIR L&rsquo;INSTABILITE COMME UN ETAT DURABLE</h3> <p style="text-align: justify;">Les approches d&rsquo;usages se sont longtemps bas&eacute;es sur une conception quelque peu &laquo;&nbsp;fixiste&nbsp;&raquo; de l&rsquo;usage, dans la mesure o&ugrave; les dispositifs eux-m&ecirc;mes &eacute;taient relativement stables sur une p&eacute;riode de temps consid&eacute;r&eacute;e, incitant &agrave; &eacute;tudier la mise en usage de dispositifs stabilis&eacute;s. Une telle approche allait de pair avec une conception s&eacute;quentielle du &laquo;&nbsp;cycle de vie&nbsp;&raquo; d&rsquo;une innovation &ndash; d&eacute;veloppement, int&eacute;gration sociale, usage &ndash; qui, non seulement a montr&eacute; ses limites dans le cas des premi&egrave;res g&eacute;n&eacute;rations de technologies d&rsquo;information et de communication (TIC), mais qui est devenue tout &agrave; fait inad&eacute;quate lorsqu&rsquo;on tente de l&rsquo;appliquer aux dispositifs num&eacute;riques actuels. En effet, les nouveaux dispositifs techniques de communication ayant &eacute;merg&eacute; dans le sillage d&rsquo;Internet et du Web, autrement dit les m&eacute;dias num&eacute;riques &agrave; support logiciel &ndash; parce qu&rsquo;ils d&eacute;pendent moins d&rsquo;une infrastructure mat&eacute;rielle sp&eacute;cifique que d&rsquo;une infrastructure logicielle&nbsp;: protocoles, plateformes, etc. &ndash; diff&egrave;rent des TIC qui les ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute; en ce que la plasticit&eacute; des artefacts perdure bien apr&egrave;s qu&rsquo;ils aient &eacute;t&eacute; mis en usage (Latzko-Toth, 2011). Ces dispositifs sont en mutation permanente. C&rsquo;est ce que Neff et Stark (2003) ont voulu exprimer par la notion de &laquo;&nbsp;permanently b&ecirc;ta&nbsp;&raquo; pour d&eacute;crire un nouveau paradigme de d&eacute;veloppement du logiciel o&ugrave; la &laquo;&nbsp;version b&ecirc;ta&nbsp;&raquo; n&rsquo;est plus cet &eacute;tat transitoire entre l&rsquo;&eacute;tape du d&eacute;veloppement (o&ugrave; la bo&icirc;te est encore ouverte et transparente) et celle de la mise en march&eacute; (o&ugrave; la bo&icirc;te est close et opaque), mais un &eacute;tat permanent d&rsquo;inach&egrave;vement du dispositif, en &eacute;volution constante, o&ugrave; la r&eacute;troaction constante des usagers (tous promus &laquo;&nbsp;b&ecirc;ta-testeurs&nbsp;&raquo;) est int&eacute;gr&eacute;e au processus de d&eacute;veloppement de l&rsquo;artefact. Si bien que ces dispositifs sont en quelque sorte instable par conception&nbsp;: la plasticit&eacute; du dispositif est instrumentalis&eacute;e par le concepteur pour enr&ocirc;ler les usagers dans le processus de conception (Garud, Jain et Tuertscher, 2008 ; Latzko-Toth, 2011). Il s&rsquo;agit aujourd&rsquo;hui de tenir compte de ce mod&egrave;le de d&eacute;veloppement en informatique, dans lequel le produit n&#39;est jamais stabilis&eacute; et ce, en r&eacute;ponse &agrave; l&#39;&eacute;volution continuelle des besoins et des attentes des usagers. Cette instabilit&eacute; est accrue par le fait que les dispositifs num&eacute;riques sont fortement interreli&eacute;s et interd&eacute;pendants, formant des configurations sociotechniques &eacute;ph&eacute;m&egrave;res car sujettes &agrave; des recompositions permanentes.</p> <p style="text-align: justify;">Face &agrave; ces changements, comment analyser l&rsquo;instabilit&eacute; des dispositifs dans une perspective non seulement de situation permanente mais aussi de durabilit&eacute; (Mallowan et Marcon, 2019). Autrement dit, est-ce que l&rsquo;instabilit&eacute; par conception de ces dispositifs peut devenir un ph&eacute;nom&egrave;ne durable, dans le sens de p&eacute;renne et dans le respect des g&eacute;n&eacute;rations futures&nbsp;? Afin d&rsquo;apporter un premier &eacute;l&eacute;ment de r&eacute;ponse, seule une perspective &eacute;cologique ou &eacute;thique, dans le respect des int&eacute;r&ecirc;ts des &ecirc;tres vivants et de leurs environnements, ou des individus et de leurs interactions sociales, semble &ecirc;tre ad&eacute;quate avec une approche en termes de durabilit&eacute;. En compl&eacute;ment des deux concepts que nous venons d&rsquo;&eacute;voquer, la plasticit&eacute; et l&rsquo;instabilit&eacute;, le troisi&egrave;me, la fragilit&eacute;, est en g&eacute;n&eacute;ral abord&eacute;e de mani&egrave;re n&eacute;gative.</p> <h3 style="text-align: justify;">PENSER LA FRAGILITE COMME UNE RICHESSE</h3> <p style="text-align: justify;">Pris dans l&rsquo;instabilit&eacute; des dispositifs, les usages num&eacute;riques se r&eacute;v&egrave;lent &eacute;minemment fragiles (Domenget, 2013), sujets &agrave; des changements dans les attitudes, les comportements et les repr&eacute;sentations du dispositif. Ces variations vont bien au-del&agrave; des ajustements habituels que connaissaient les usages des TIC, dans une dynamique de circularit&eacute; avec l&rsquo;objet technique (Boullier, 1997). Le concept de fragilit&eacute; est &agrave; comprendre dans un sens de changement permanent, beaucoup plus que dans celui de vuln&eacute;rabilit&eacute; qui lui est commun&eacute;ment associ&eacute;. Il peut &ecirc;tre saisi dans sa dimension temporelle, &agrave; l&rsquo;instar des deux premiers concepts de la plasticit&eacute; et de l&rsquo;instabilit&eacute;. En effet, la fragilit&eacute;&nbsp; renvoie &agrave; une dimension de pr&eacute;carit&eacute;, d&#39;instabilit&eacute;, d&#39;incertitude qui caract&eacute;rise aujourd&#39;hui de nombreux ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux mais aussi des attitudes et des comportements humains. Dans les soci&eacute;t&eacute;s contemporaines, l&rsquo;incertitude est une dimension caract&eacute;ristique de l&rsquo;individu. De nombreuses approches sociologiques en attestent<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>. L&rsquo;incertitude s&rsquo;inscrit dans l&rsquo;individualisme contemporain qu&#39;Alain Ehrenberg a analys&eacute; comme la g&eacute;n&eacute;ralisation d&#39;une norme d&#39;autonomie, marqu&eacute;e par la fragilisation des individus qui doivent se produire eux-m&ecirc;mes dans un monde de plus en plus morcel&eacute; (Ehrenberg, 1995). Ainsi, penser la fragilit&eacute; comme une richesse (Balmary et al., 2013) reste un d&eacute;fi car cette notion renvoie &agrave; la condition m&ecirc;me de l&#39;&ecirc;tre humain (fragilit&eacute; de certaines classes sociales, de certains &acirc;ges de la vie &ndash; adolescence et vieillesse notamment, d&rsquo;&eacute;tats de sant&eacute; li&eacute;s aux maladies, etc.). Appr&eacute;hender la fragilit&eacute; comme une exp&eacute;rience positive consiste &agrave; apprendre des efforts de cr&eacute;ativit&eacute;, d&rsquo;adaptation (en termes de richesse et de limites) des individus fragiles.</p> <p style="text-align: justify;">Au niveau des usages, la difficult&eacute; &agrave; d&eacute;passer concerne la p&eacute;riode &agrave; prendre en compte pour pouvoir saisir les changements &agrave; observer. En effet, l&rsquo;observation des usages des divers dispositifs num&eacute;riques donne &agrave; voir des refus d&rsquo;engagement auxquels succ&egrave;dent des engagements intenses, puis des d&eacute;sengagements relatifs ou d&eacute;finitifs. A titre d&rsquo;exemple, les &eacute;volutions dans les pratiques de partage sur Facebook se sont r&eacute;alis&eacute;es ind&eacute;pendamment de celles des fonctionnalit&eacute;s, nombre d&rsquo;usagers se d&eacute;clarant beaucoup plus s&eacute;lectifs apr&egrave;s quelques ann&eacute;es&nbsp; dans ce qu&rsquo;ils d&eacute;voilent &agrave; leur sujet (Gallant et al., 2020). N&eacute;anmoins, il s&rsquo;agira d&rsquo;&eacute;viter les limites d&rsquo;une observation des usages dont la focale serait trop longue, ne permettant d&rsquo;accommoder l&rsquo;analyse que sur deux types de rapports au dispositif&nbsp;: l&rsquo;usage routinier ou &laquo;&nbsp;social&nbsp;&raquo; &ndash; car &eacute;pousant un sch&eacute;ma &eacute;tabli &ndash; et le &laquo;&nbsp;non-usage&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;usage limit&eacute;&nbsp;&raquo; (Kellner et al., 2010). Or, le constat de la fragilit&eacute; des usages num&eacute;riques nous am&egrave;ne &agrave; envisager ces notions, non comme des r&eacute;alit&eacute;s empiriques, mais comme des id&eacute;aux-types bornant un entre-deux au sein duquel se retrouve un ensemble foisonnant de pratiques. Cette proposition d&rsquo;&eacute;largissement conceptuel et de changement de regard souligne un ensemble de probl&egrave;mes &agrave; r&eacute;soudre aussi bien au niveau &eacute;pist&eacute;mologique que m&eacute;thodologique. Le passage par une &eacute;tude de cas permet d&rsquo;en mesurer les enjeux, les int&eacute;r&ecirc;ts et les difficult&eacute;s.</p> <h2 style="text-align: justify;">&Eacute;TUDE DE CAS AUTOUR DE PRATIQUES PROFESSIONNELLES</h2> <p style="text-align: justify;">Le cas &eacute;voqu&eacute; concerne des pratiques professionnelles (pratiques de r&eacute;seautage et de circulation de l&rsquo;autorit&eacute;), au sein d&rsquo;un groupe professionnel dans les m&eacute;tiers de la communication, analys&eacute;es lors d&rsquo;un &eacute;v&egrave;nement sp&eacute;cifique, un salon professionnel. Cet &eacute;v&egrave;nement professionnel nous a permis de saisir les usages d&rsquo;un dispositif de communication comme Twitter, le r&ocirc;le des traces num&eacute;riques qui entrent en jeu dans la reproduction d&rsquo;une identit&eacute; professionnelle num&eacute;rique, r&eacute;sultat d&rsquo;actions de visibilit&eacute;, d&rsquo;une strat&eacute;gie de pr&eacute;sence, de demandes de reconnaissance professionnelle, etc. A travers les usages de live tweeting, d&eacute;fini comme &laquo;&nbsp;un partage de messages entre diff&eacute;rents acteurs, par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;un mot-di&egrave;se ou hashtag, [et int&eacute;grant] un collectif pr&eacute;sent lors de l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement et des publics, dont l&rsquo;attention se focalise pendant cette p&eacute;riode&nbsp; donn&eacute;e sur les activit&eacute;s, les comportements, les discours de quelques acteurs, ayant le plus souvent un statut de c&eacute;l&eacute;brit&eacute; et b&eacute;n&eacute;ficiant de formes d&rsquo;autorit&eacute;&nbsp;&raquo; (Domenget et Segault, 2016), il s&rsquo;agit en fait d&rsquo;analyser un moment particulier de fabrication collective de l&#39;autorit&eacute; (collective au sens de configurations ou recoupements observables entre collectifs, groupes informels et publics dans les modalit&eacute;s de fabrication de l&rsquo;autorit&eacute;). D&rsquo;un point de vue m&eacute;thodologique, un recueil de traces num&eacute;riques pendant et apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement a permis de r&eacute;aliser une analyse structurale de r&eacute;seaux, en nous appuyant sur la th&eacute;orie des graphes (Degenne et Fors&eacute;, 2004&nbsp;; Merckl&eacute;, 2011). Afin d&rsquo;analyser la fabrication de l&rsquo;autorit&eacute;, nous avons mix&eacute; cette analyse de r&eacute;seaux sociaux avec une observation participante et une analyse compr&eacute;hensive des messages<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">Parmi les r&eacute;sultats de cette &eacute;tude de cas, nous avions soulign&eacute; que le live tweeting d&#39;un &eacute;v&eacute;nement professionnel est moins un moment de fabrication de l&rsquo;autorit&eacute; qu&#39;un moment de reproduction de formes d&#39;autorit&eacute; existantes, laquelle joue sur un m&eacute;canisme de circulation de l&#39;autorit&eacute; entre acteurs connus et reconnus. Les usages de live tweeting rel&egrave;vent de pratiques de r&eacute;seautage et de fabrique de l&#39;autorit&eacute; lors d&#39;un &eacute;v&eacute;nement professionnel dont les normes ont &eacute;t&eacute; int&eacute;rioris&eacute;es par les diff&eacute;rents acteurs en jeu. Compl&eacute;tant ce r&eacute;sultat principal (dimension statique), nous avions d&eacute;j&agrave; introduit des pistes d&rsquo;analyse plus dynamique, qu&rsquo;il nous semble aujourd&rsquo;hui int&eacute;ressant d&rsquo;approfondir. En effet, la reproduction des formes d&#39;autorit&eacute; existantes n&#39;est pas g&eacute;n&eacute;ralisable &agrave; tous les types de collectifs, et ne repr&eacute;sente pas une situation p&eacute;renne. Ces r&eacute;sultats d&eacute;pendent notamment du type de collectifs que constitue le groupe professionnel analys&eacute; et du niveau d&#39;appropriation du dispositif. Premi&egrave;rement, les pratiques collectives analys&eacute;es d&eacute;pendent &eacute;troitement de &laquo;&nbsp;ce qui fait lien&nbsp;&raquo; (Proulx, 2006) entre les membres du groupe. Il s&rsquo;agit d&rsquo;analyser si le collectif &eacute;tudi&eacute; constitue un groupe professionnel (Dubar, Tripier et Boussard, 2011), au sens de sp&eacute;cialit&eacute; consid&eacute;r&eacute;e comme un m&eacute;tier, une &laquo;&nbsp;communaut&eacute;&nbsp;&raquo; rassembl&eacute;e autour d&rsquo;id&eacute;es, de valeurs, de signes partag&eacute;s, &eacute;tablissant la particularit&eacute; du groupe (Proulx et Latzko-Toth, 2000&nbsp;; Rieder, 2010) et/ou un collectif plus informel. Deuxi&egrave;mement, les usages de live tweeting analys&eacute;s rel&egrave;vent de pratiques de communication plus larges comme celles du r&eacute;seautage. Ces derni&egrave;res s&rsquo;inscrivent clairement dans un environnement normatif de patterns d&rsquo;habitude de r&eacute;seautage qui se r&eacute;v&egrave;lent &agrave; travers l&rsquo;analyse de &laquo;&nbsp;trajectoires d&#39;usages individuels et collectifs, i.e. les parcours d&#39;individus et de groupes (usages successifs et concomitants) &agrave; travers une constellation d&#39;objets communicationnels pass&eacute;s, pr&eacute;sents, &eacute;mergents ou sur le d&eacute;clin&nbsp;&raquo; (Proulx, 2002). N&eacute;anmoins, cette continuit&eacute; dans les pratiques de r&eacute;seautage est &agrave; mettre en balance avec des usages plus cr&eacute;atifs renouvelant les r&egrave;gles du r&eacute;seautage, lesquels se rep&egrave;rent plus facilement dans une phase d&rsquo;appropriation d&rsquo;un dispositif et de constitution d&rsquo;un r&eacute;seau relationnel, ce qui n&rsquo;&eacute;tait clairement pas le cas au sein du collectif analys&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">La lecture initiale de reproduction (continuit&eacute;) de la circulation des formes d&rsquo;autorit&eacute; au sein d&rsquo;un collectif professionnel illustre la difficult&eacute; &agrave; changer de regard. Pourtant une analyse dynamique de ces pratiques est tout aussi valable, en s&rsquo;appuyant sur les nombreux facteurs qui conduisent &agrave; fragiliser cette reproduction (mont&eacute;e des incertitudes, &laquo;&nbsp;crise&nbsp;&raquo; des identit&eacute;s professionnelles (Dubar, 2010), instabilit&eacute; des dispositifs, fragilit&eacute; des usages, etc.). Pour r&eacute;ussir ce basculement, il nous semble indispensable de mettre en place des pr&eacute;cautions m&eacute;thodologiques afin de saisir les dynamiques (changements de membres, de profils) au sein des groupes formels ou informels auxquels les usagers appartiennent. De m&ecirc;me, l&rsquo;analyse centr&eacute;e sur les usages d&rsquo;un dispositif montre les limites de ce type d&rsquo;approches alors que les &eacute;changes se font &eacute;galement en dehors de celui-ci. Ces principes de m&eacute;thodes doivent &ecirc;tre approfondies afin de permettre l&rsquo;approche dynamique des usages et des pratiques professionnelles appel&eacute;e de nos v&oelig;ux.</p> <h2 style="text-align: justify;">PRINCIPES DE METHODE</h2> <p style="text-align: justify;">Afin d&rsquo;analyser des pratiques professionnelles m&eacute;di&eacute;es par un dispositif instable et d&rsquo;analyser la fragilit&eacute; des usages associ&eacute;s, plusieurs principes m&eacute;thodologiques peuvent &ecirc;tre suivis. Nous les avons synth&eacute;tiser dans un tableau qui propose un programme d&rsquo;analyse complexe, lequel doit &ecirc;tre adapt&eacute; aux questionnements et &agrave; la probl&eacute;matique construite.</p> <p class="Textbody" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">&nbsp;</p> <table class="Table" style="border-collapse:collapse" width="643"> <tbody> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:129px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:1px solid black; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dimensions</span></span></span></p> <p class="TableContents" style="text-align: center;">&nbsp;</p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:128px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:1px solid black; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nouveau regard</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:1px solid black; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Crit&egrave;res</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:1px solid black; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Instruments d&rsquo;enqu&ecirc;te</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:129px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pratiques professionnelles</span></span></span></p> </td> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:128px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Int&eacute;grer la dimension n&eacute;gative de la plasticit&eacute;</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pratiques sociales</span></span></span></p> </td> <td rowspan="2" style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Observation de longue dur&eacute;e</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Type de collectifs</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Trajectoires professionnelles des individus</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Analyse de traces d&rsquo;usage</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:129px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dispositifs &amp; usages</span></span></span></p> </td> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:128px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Concevoir l&rsquo;instabilit&eacute; comme un &eacute;tat durable</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Multimodalit&eacute; et trajectoires d&rsquo;usage</span></span></span></p> </td> <td rowspan="2" style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Entretiens qualitatifs</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Usages situ&eacute;s</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Niveaux d&rsquo;appropriation</span></span></span></p> </td> <td rowspan="2" style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">M&eacute;thodes hybrides</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:129px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Temporalit&eacute;s</span></span></span></p> </td> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:128px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Penser la fragilit&eacute; comme une richesse</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Evolution du dispositif &agrave; travers le temps</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Configuration sociotechnique &eacute;ph&eacute;m&egrave;re</span></span></span></p> </td> <td rowspan="2" style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;">&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:193px; padding:3px 3px 3px 3px; border-top:none; border-right:none; border-left:1px solid black" valign="top"> <p class="TableContents" style="text-align: center;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;v&eacute;nement / moment de rupture</span></span></span></p> </td> </tr> </tbody> </table> <address style="text-align: center;">Tableau 1&nbsp;: principes de m&eacute;thode d&rsquo;analyse de pratiques professionnelles m&eacute;di&eacute;es par un dispositif instable</address> <p style="text-align: justify;">La d&eacute;marche g&eacute;n&eacute;rale propos&eacute;e consiste &agrave; analyser les usages de dispositifs instables, en les r&eacute;ins&eacute;rant dans une pratique sociale plus large et plus stable, et en utilisant les temporalit&eacute;s comme clef d&rsquo;analyse de l&rsquo;&eacute;volution et de la dynamique des ph&eacute;nom&egrave;nes analys&eacute;s. Ces trois dimensions des pratiques professionnelles (1), dispositifs et usages (2) et temporalit&eacute;s (3) constituent le socle de la d&eacute;marche. Le choix de ces dimensions inscrit le programme dans un ensemble de traditions de recherche sur les dispositifs dans une perspective complexe (Monnoyer-Smith, 2013), dans une lecture d&rsquo;encadrement des usages, lesquels s&rsquo;inscrivent dans un ensemble de pratiques sociales (Jaur&eacute;guiberry et Proulx, 2011, Jou&euml;t, 2011). La dimension de pratiques professionnelles renvoie &agrave; des probl&eacute;matiques de professionnalisation et de construction de groupes professionnels (Dubar, Tripier et Boussard, 2011). Quant &agrave; la dimension des temporalit&eacute;s, elle est &agrave; concevoir comme une clef d&rsquo;analyse des pratiques et usages analys&eacute;s (Domenget, 2017).</p> <p style="text-align: justify;">Comme indiqu&eacute; dans la partie d&rsquo;&eacute;largissement conceptuel, notre proposition consiste notamment &agrave; apporter un nouveau regard &agrave; l&rsquo;analyse des usages de dispositifs d&rsquo;information-communication, en &eacute;tant sensible non plus seulement au processus de reproduction, filiation d&rsquo;usages entre dispositifs mais aussi aux ph&eacute;nom&egrave;nes de plasticit&eacute;, d&rsquo;instabilit&eacute; et de fragilit&eacute;. Trois d&eacute;marches ont &eacute;t&eacute; rep&eacute;r&eacute;es. Premi&egrave;rement, int&eacute;grer la dimension n&eacute;gative de la plasticit&eacute; conduit &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser aux moments de rupture dans les usages en relation avec la plasticit&eacute; des interfaces et des dispositifs analys&eacute;s. Il s&rsquo;agit ainsi d&rsquo;interroger en quoi cette plasticit&eacute; peut &ecirc;tre source de destruction ou de d&eacute;sorganisation des usages. Deuxi&egrave;mement, concevoir l&rsquo;instabilit&eacute; comme un &eacute;tat durable permet de mieux saisir le type de dispositifs &agrave; support logiciel que nous souhaitons analyser. Dans une perspective en termes de durabilit&eacute;, cette approche oriente vers une approche &eacute;cologique ou &eacute;thique des usages, dans le respect des individus et de leurs interactions sociales. Troisi&egrave;mement, penser la fragilit&eacute; comme une richesse oriente le regard vers les variations dans les engagements, en pointant les efforts de cr&eacute;ativit&eacute;, d&rsquo;adaptation dont les usagers font preuve.</p> <p style="text-align: justify;">Pour analyser ces trois dimensions et correspondre au nouveau regard propos&eacute;, un ensemble de crit&egrave;res d&rsquo;analyse peuvent &ecirc;tre observ&eacute;s, lesquels dans un soucis de coh&eacute;rence scientifique peuvent &ecirc;tre rassembl&eacute;s en trois blocs, correspondant en grande partie aux dimensions distingu&eacute;es. Pr&eacute;cisions que ces crit&egrave;res rel&egrave;vent de principes m&eacute;thodologiques et techniques d&rsquo;enqu&ecirc;te cumul&eacute;es, s&#39;inscrivant dans la r&eacute;flexion men&eacute;e depuis une dizaine d&rsquo;ann&eacute;e sur l&#39;ethnographie en ligne, autour de l&#39;observation des usages &agrave; l&#39;aune d&#39;un dispositif sociotechnique (Jou&euml;t et Le Caroff, 2013) ou &laquo;&nbsp;les nouvelles sociologies pragmatiques des usages&nbsp;&raquo; telles que les ont qualifi&eacute;es Jaur&eacute;guiberry et Proulx (2011).</p> <p style="text-align: justify;">En relation avec un contexte professionnel pr&eacute;cis, un premier bloc de crit&egrave;res concerne la caract&eacute;risation des pratiques sociales (dans notre cas des pratiques professionnelles) m&eacute;di&eacute;es par les usages d&rsquo;un dispositif socionum&eacute;rique. Comme indiqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment, cette analyse fine de ce crit&egrave;re est essentielle. Elle s&rsquo;inscrit dans les principes d&eacute;fendus notamment par Jou&euml;t afin d&rsquo;&eacute;viter une approche r&eacute;duite des usages (2011). De m&ecirc;me, les types de collectifs analys&eacute;s pr&eacute;sentent des caract&eacute;ristiques sp&eacute;cifiques qu&rsquo;il s&rsquo;agit de relever, li&eacute;s aux types de groupes professionnels auxquels ils peuvent appartenir. Ainsi, l&rsquo;analyse des groupes professionnels qui se fait &agrave; un niveau collectif peut &ecirc;tre mise en relation avec la professionnalisation du secteur qui est lui analys&eacute; &agrave; un niveau social. Quant au niveau individuel de l&rsquo;usager, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t portera prioritairement sur l&rsquo;analyse des bifurcations dans les trajectoires professionnelles et biographiques des individus (Denave, 2015).</p> <p style="text-align: justify;">Le second bloc de crit&egrave;res rel&egrave;ve directement de l&rsquo;objectif d&rsquo;analyse de l&rsquo;instabilit&eacute; des dispositifs et de la fragilit&eacute; des usages, en remettant le contexte au centre de l&rsquo;observation. Il s&rsquo;agit d&rsquo;abandonner le plus possible une approche mono-centr&eacute;e sur un seul dispositif et d&rsquo;int&eacute;grer une approche des trajectoires d&rsquo;usage dans une vis&eacute;e de reconstruction des pratiques sociales m&eacute;di&eacute;es par une multitude de dispositifs (pass&eacute;s et actuels). &laquo;&nbsp;On passe ainsi d&#39;un ancien point de vue centr&eacute; sur un usager agissant dans un contexte d&eacute;fini a priori par l&#39;observateur &agrave; une d&eacute;marche d&#39;observation qui laisse aux acteurs eux-m&ecirc;mes le soin de d&eacute;finir le contexte de leurs actions. Cet usager &laquo;&nbsp;fait des choses dans un environnement&nbsp;&raquo; en mobilisant (ou non) des technologies de communication dans la r&eacute;alisation de ses actions. [&hellip;] Les nouvelles sociologies pragmatiques des usages seraient alors plus &agrave; m&ecirc;me de pouvoir penser la &laquo;&nbsp;multimodalit&eacute;&nbsp;&raquo; (multitasking) dans l&#39;activit&eacute; des acteurs ou l&#39;entrelacement des technologies (anciennes et nouvelles) mobilis&eacute;es par les acteurs (Denis, 2003&nbsp;; 2008)&nbsp;&raquo; (Jaur&eacute;guiberry et Proulx, 2011, p. 100-101). Ce type d&rsquo;approche cherche &agrave; saisir l&#39;environnement, tel qu&#39;il est d&eacute;fini par l&#39;usager lui-m&ecirc;me, lequel englobe les usages. &laquo;&nbsp;L&rsquo;usage &eacute;tant situ&eacute;, la totalit&eacute; de la situation doit &ecirc;tre observ&eacute;e et d&eacute;crite&nbsp;: interactions entre toutes les personnes concern&eacute;es par l&rsquo;activit&eacute;, contraintes et possibilit&eacute;s li&eacute;es &agrave; la t&acirc;che et aux activit&eacute;s de coordination, contraintes organisationnelles, caract&eacute;ristiques du dispositif technique et interactions des agents humains avec la machine&hellip;&nbsp;&raquo; (Proulx, 2015). Le niveau d&rsquo;appropriation qui peut &ecirc;tre variable au sein du collectif analys&eacute;, permet de saisir le niveau de fragilit&eacute; des usages. Celle-ci peut se retrouver notamment au d&eacute;but de l&rsquo;appropriation d&rsquo;un dispositif, lorsque l&rsquo;usage n&rsquo;est pas encore ancr&eacute; dans les habitudes (approche classique de la 2&egrave;me topique) mais aussi de mani&egrave;re plus durable, en relation avec la plasticit&eacute; du dispositif, les bifurcations professionnelles, les changements de repr&eacute;sentations, etc., lesquels caract&eacute;risent un contexte en mouvement. En effet, &laquo;&nbsp;si&egrave;ge de questionnements continus de la part des usagers comme des concepteurs, les limites et les potentialit&eacute;s cr&eacute;atives des dispositifs num&eacute;riques d&#39;information sont sans cesse n&eacute;goci&eacute;es par l&#39;activit&eacute; qui se d&eacute;veloppe en ligne. Pour &ecirc;tre mod&eacute;lis&eacute;es, les plasticit&eacute;s de tels dispositifs r&eacute;clament d&eacute;sormais d&#39;&ecirc;tre analys&eacute;es par le biais d&#39;intersections th&eacute;oriques, pratiques et professionnelles, sources d&#39;interrogations immanentes d&#39;ordre &eacute;pist&eacute;mologique &agrave; reformuler et &agrave; adapter au contexte en mouvement&nbsp;&raquo; (Morelli et Lazar, 2015&nbsp;: 15).</p> <p style="text-align: justify;">Un troisi&egrave;me bloc de crit&egrave;res renvoie &agrave; la dimension des temporalit&eacute;s, prise comme clef d&rsquo;analyse privil&eacute;gi&eacute;e des ph&eacute;nom&egrave;nes analys&eacute;s. Il est n&eacute;cessaire d&rsquo;avoir un regard diachronique consistant &agrave; &eacute;tudier comment les pratiques s&rsquo;articulent avec l&rsquo;&eacute;volution du dispositif, &agrave; travers le temps. La prise en compte de ce crit&egrave;re fait &eacute;chos avec les r&eacute;flexions propos&eacute;es autour de la plasticit&eacute;, de l&rsquo;instabilit&eacute; et de la fragilit&eacute; afin d&rsquo;&ecirc;tre attentif aux changements, dynamiques, variations, qui &eacute;vitent des conclusions rapidement p&eacute;rissables ou fortuites. En effet, les configurations sociotechniques analys&eacute;es sont &eacute;ph&eacute;m&egrave;res et il s&rsquo;agit d&rsquo;&ecirc;tre fin dans la description de ce qui change et de ce qui perdure. Compl&eacute;tant ce n&eacute;cessaire regard diachronique et la description fine des variations des configurations sociotechniques analys&eacute;es, une autre entr&eacute;e d&#39;analyse des usages est envisageable, &agrave; travers une prise en compte des &eacute;v&eacute;nements, des moments de rupture dans les trajectoires d&rsquo;usage. Il s&rsquo;agit d&rsquo;&ecirc;tre sensible dans le discours des acteurs &agrave; l&rsquo;&eacute;vocation de l&rsquo;instabilit&eacute; des dispositifs, de la fragilit&eacute; des usages, des moments de ruptures, du temps avant et apr&egrave;s un &eacute;v&eacute;nement, des temps de latence, d&#39;h&eacute;sitation, d&rsquo;arr&ecirc;t et de reprise dans l&rsquo;appropriation d&#39;un dispositif. En effet, l&rsquo;appropriation des dispositifs du web social est rarement aussi simple et imm&eacute;diate que le laissent entendre les discours d&rsquo;escorte qui accompagnent leur essor. De m&ecirc;me, les changements qu&rsquo;ils connaissent &agrave; travers notamment des modifications de conditions d&rsquo;utilisation ou l&rsquo;introduction de nouvelles fonctionnalit&eacute;s donnent lieu souvent &agrave; des pol&eacute;miques &agrave; un niveau social, r&eacute;v&eacute;latrices des enjeux (dans notre cas) professionnels, identitaires, &eacute;thiques et relationnels que les nouveaux &eacute;l&eacute;ments soul&egrave;vent.</p> <p style="text-align: justify;">Sur la base de ces principes (inscription dans les r&eacute;flexions autour de l&#39;ethnographie en ligne, prise en compte d&#39;une &laquo;&nbsp;fragilit&eacute; &eacute;pist&eacute;mologique&nbsp;&raquo;, renouvellement de la place du contexte dans l&#39;observation, abandon d&#39;approches mono-centr&eacute;es, proposition d&#39;un regard diachronique, sensibilit&eacute; aux &eacute;ventuelles pol&eacute;miques, etc.), divers instruments d&rsquo;enqu&ecirc;te &ndash; d&rsquo;inspiration ethnographique &ndash; peuvent &ecirc;tre mobilis&eacute;s de fa&ccedil;on compl&eacute;mentaire dans l&rsquo;&eacute;tude &laquo;&nbsp;temporaliste&nbsp;&raquo; des usages d&rsquo;un dispositif num&eacute;rique de communication.</p> <p style="text-align: justify;">Nous en dressons ici une liste non exhaustive&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify;">l&rsquo;observation de longue dur&eacute;e (sur une p&eacute;riode de plusieurs ann&eacute;es), qui suppose une immersion du chercheur dans le dispositif&nbsp;; cette observation participante (&agrave; divers degr&eacute;s) lui permet de d&eacute;velopper une pratique r&eacute;flexive du dispositif ainsi qu&rsquo;une vision diachronique de son &eacute;volution&nbsp;;</li> <li style="text-align: justify;">l&rsquo;entretien qualitatif, qui permet de saisir les modalit&eacute;s d&#39;articulation des temporalit&eacute;s propres &agrave; chaque individu en lien avec l&rsquo;usage, &agrave; la fois dans leurs dimensions synchronique et diachronique &ndash; leur &eacute;volution au fil d&rsquo;une trajectoire d&rsquo;usage &ndash; et d&rsquo;en analyser la variabilit&eacute; ou les traits communs&nbsp;;</li> <li style="text-align: justify;">l&rsquo;analyse de traces, pour &eacute;tudier de mani&egrave;re asynchrone des usages effectifs capt&eacute;s par le dispositif (ex&nbsp;: archives de tweets&nbsp;; historiques d&rsquo;activit&eacute; Facebook...)&nbsp;;</li> <li style="text-align: justify;">des m&eacute;thodes hybrides, notamment l&rsquo;entretien sur traces, dans lequel est effectu&eacute;e une co-analyse des traces avec les usagers (Gallant et al., 2020).</li> </ul> <p style="text-align: justify;">Fort de ces principes et des divers instruments d&#39;enqu&ecirc;te list&eacute;s, il reste &agrave; poursuivre le dialogue interdisciplinaire dans une vision complexe.</p> <h2 style="text-align: justify;">CONCLUSION</h2> <p style="text-align: justify;">Cet article appelle &agrave; un renouvellement conceptuel sur les usages en proposant un nouveau regard. Face &agrave; des dispositifs instables par conception et des usages fragiles, la proposition consiste &agrave; int&eacute;grer la dimension n&eacute;gative de la plasticit&eacute;, &agrave; concevoir l&rsquo;instabilit&eacute; comme un &eacute;tat durable et &agrave; penser la fragilit&eacute; comme une richesse. Cette proposition nous semble &ecirc;tre pertinente pour analyser les transformations des pratiques professionnelles dans un contexte marqu&eacute; par l&rsquo;incertitude. En guise de conclusion, nous souhaitons &eacute;voquer au moins trois pistes d&rsquo;ouverture. La premi&egrave;re consiste &agrave; inscrire cette proposition dans la vis&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale d&#39;un dialogue interdisciplinaire permettant seul d&#39;appr&eacute;hender les transformations dans une vision complexe, laquelle sera variable en fonction des bagages &eacute;pist&eacute;mologique, th&eacute;orique, m&eacute;thodologique du chercheur. Si l&rsquo;importance d&rsquo;une analyse complexe a &eacute;t&eacute; relev&eacute;e pour les dispositifs par une chercheuse comme Laurence Monnoyer-Smith (2013), rappelons qu&#39;un cadre d&rsquo;analyse complexe a &eacute;t&eacute; d&rsquo;abord au c&oelig;ur du programme de la socio-politique des usages, appelant &agrave; ne pas r&eacute;duire l&rsquo;explication des usages &agrave; un principe unique mais plut&ocirc;t &agrave; prendre constamment en compte &laquo;&nbsp;les interrelations complexes entre outil et contexte, offre et utilisation, technique et social&nbsp;&raquo; (Vedel, 1994, p. 32). De m&ecirc;me, d&egrave;s son bilan de la sociologie des usages de 2000, Jou&euml;t appelait d&eacute;j&agrave; &agrave; l&#39;int&eacute;gration des approches d&#39;usages dans les sciences sociales (Jou&euml;t, 2000), avant de constater la diss&eacute;mination du courant de la sociologie des usages dans l&#39;approche interdisciplinaire des SIC (Jou&euml;t, 2015). De m&ecirc;me, Proulx a rappel&eacute; le n&eacute;cessaire dialogue avec des courants voisins des Science &amp; Technology Studies (STS) (2015) lequel avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; suivi par Latzko-Toth et Millerand (2012). Celui-ci correspond au rapprochement avec les approches sociotechniques analys&eacute;es par Coutant (2015). Enfin, plus sp&eacute;cifique &agrave; l&rsquo;approche de la fragilit&eacute; des usages et de l&#39;instabilit&eacute; des dispositifs, un dialogue doit &ecirc;tre renforc&eacute; avec les approches &laquo;&nbsp;temporalistes&nbsp;&raquo; d&eacute;velopp&eacute;es notamment en histoire et sociologie et que nous d&eacute;veloppons depuis plusieurs ann&eacute;es en SIC (Domenget, 2013, Domenget et Latzko-Toth, 2015, Domenget, 2017).</p> <p style="text-align: justify;">Ensuite, la seconde piste concerne la focale propos&eacute;e. Si le renouvellement appel&eacute; des concepts et du regard apport&eacute; &agrave; l&rsquo;analyse des usages invite &agrave; tenir compte beaucoup plus des variations, des changements, des moments de rupture, etc., ce basculement ne doit pas conduire &agrave; ignorer les dimensions de continuit&eacute; persistante qui illustrent diff&eacute;remment la diversit&eacute; des usages. Il s&rsquo;agit pour nous de plusieurs tendances qui se chevauchent, de plusieurs regards &agrave; croiser. La tendance d&#39;une fragilisation des usages et d&#39;une instabilit&eacute; par conception des dispositifs se croise avec celle d&#39;une continuit&eacute; de certaines pratiques, malgr&eacute; la fragilit&eacute; au niveau individuel et la mont&eacute;e des incertitudes au niveau collectif et social. Cette complexit&eacute; s&#39;illustre par exemple dans la notion de &laquo;&nbsp;migration d&#39;usagers&nbsp;&raquo; propos&eacute;e par Genevi&egrave;ve Vidal (2012), laquelle &eacute;voque des usages &laquo;&nbsp;mobiles et fluctuants&nbsp;&raquo; ou des collectifs d&#39;usagers en ligne instables dans leur composition (migration d&#39;usagers) mais qui subsistent. L&#39;auteure propose pour analyser cette tendance de s&#39;appuyer sur des &laquo;&nbsp;r&eacute;seaux plus stables (amis, familles, coll&egrave;gues)&nbsp;&raquo;. Cette id&eacute;e de stabilit&eacute;/instabilit&eacute; dans les groupes renvoie &agrave; la distinction op&eacute;r&eacute;e par Bernhard Rieder, entre r&eacute;seau et communaut&eacute; (stables) d&#39;un c&ocirc;t&eacute;, foule et &eacute;cume (instables) de l&#39;autre (Rieder, 2010). &nbsp;Ce vocabulaire peut &agrave; son tour venir renforcer celui proposer dans cet article afin de d&eacute;finir les contours d&#39;une troisi&egrave;me topique des approches d&#39;usage.</p> <p style="text-align: justify;">Enfin la troisi&egrave;me piste souhaite revenir sur l&rsquo;objet du colloque initialement pr&eacute;vu en mai 2020 lequel invitait &agrave; s&rsquo;interroger sur les apports d&rsquo;un dialogue avec les approches de la durabilit&eacute; et des traces num&eacute;riques. Si les dimensions temporelles et &eacute;thiques font clairement le lien avec les questionnements en termes de durabilit&eacute;, les travaux sur les traces num&eacute;riques renvoient eux &agrave; la dimension centrale en sciences de l&rsquo;information et de la communication de la m&eacute;diation des pratiques sociales. L&rsquo;inscription dans l&rsquo;ensemble des traditions de recherche de ces concepts renforce alors la vis&eacute;e d&rsquo;une approche complexe des transformations des pratiques professionnelles propos&eacute;e.Ce vocabulaire peut &agrave; son tour venir renforcer celui proposer dans cet article afin de definir&nbsp;les contours d&#39;une troisi&egrave;me topique des approches d&#39;usage.</p> <h2 style="text-align: justify;">BIBLIOGRAPHIE</h2> <p style="text-align: justify;">Alloing, C. (2016). [E]r&eacute;putation. M&eacute;diation, calcul, &eacute;motion. 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[&hellip;] &Agrave; l&#39;&eacute;preuve de l&#39;incertain, l&rsquo;individu contemporain devient de plus en plus difficilement identifiable en tant qu&rsquo;individu isol&eacute; ou encore en tant qu&rsquo;individu caract&eacute;ris&eacute; par une appartenance &agrave; un statut ou &agrave; un collectif&nbsp;&raquo;.&nbsp; http://congres2012.aislf.org/pages/page12.php</p> </div> <div id="ftn2"> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a>Pour une pr&eacute;sentation d&eacute;taill&eacute;e de la m&eacute;thodologie employ&eacute;e, voir (Domenget, Segault, 2016). Indiquons simplement que l&rsquo;observation participante a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e lors de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement professionnel, support du live tweeting, qui a s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute; les 13 et 14 mars 2014. L&rsquo;analyse structurale de r&eacute;seaux s&rsquo;est bas&eacute;e sur un jeu de donn&eacute;es rassemblant 4676 tweets, &agrave; partir d&rsquo;un recueil effectu&eacute; pendant et apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement. Quant &agrave; l&rsquo;analyse compr&eacute;hensive des messages, elle a &eacute;t&eacute; construite en int&eacute;grant les diff&eacute;rentes formes d&rsquo;autorit&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment distingu&eacute;es.</p> </div> </div>