<h2 style="text-align: justify;">DES TRACES PHYSIQUES&hellip;</h2> <p style="text-align: justify;">Une tr&egrave;s large part des sciences humaines repose, de mani&egrave;re centrale ou secondaire, sur le mat&eacute;riau que constituent les traces de l&rsquo;activit&eacute; des Hommes&nbsp;: histoire, histoire des arts, litt&eacute;rature, sociologie, anthropologie, architecture, philosophie, musicologie, sciences de l&rsquo;information, la communication et la documentation, &eacute;conomie, gestion&hellip;, &agrave; un moment ou un autre, dans leur approche et leurs m&eacute;thodes partent d&rsquo;archives et d&rsquo;objets produits par les hommes.</p> <p style="text-align: justify;">Les traces de l&rsquo;existence et de l&rsquo;activit&eacute; humaine sont traditionnellement&nbsp;mat&eacute;rielles (objets produits&nbsp;; textes, images, sons enregistr&eacute;s sur des supports mat&eacute;riels&nbsp;; architecture et organisation de l&rsquo;espace urbain et rural&nbsp;; productions artistiques dans l&rsquo;espace public, restes humains&hellip;). Leur p&eacute;rennit&eacute; est assur&eacute;e par la qualit&eacute; des mat&eacute;riaux mis en &oelig;uvre, tout particuli&egrave;rement leur r&eacute;sistance aux outrages du temps&nbsp;: r&eacute;sistance des mat&eacute;riaux de construction aux intemp&eacute;ries et usage des locaux pour les traces architecturales, r&eacute;sistance des mat&eacute;riaux de fabrication pour les traces des activit&eacute;s &eacute;conomiques productives, r&eacute;sistance des supports de l&rsquo;&eacute;criture (pierre, papyrus, bois, argile, v&eacute;lin, papier&hellip;) et des encres et pigments employ&eacute;s pour les traces des activit&eacute;s intellectuelles ou symboliques, r&eacute;sistance des divers constituants du corps et de l&rsquo;ADN pour les traces de la pr&eacute;sence de l&rsquo;homme&hellip;</p> <p style="text-align: justify;">Lorsqu&rsquo;elles ne restent pas in situ en raison de leur pr&eacute;servation sur site (b&acirc;ti monumental, vernaculaire&hellip;), les traces de l&rsquo;activit&eacute; humaine sont collect&eacute;es dans la perspective d&rsquo;une utilisation ult&eacute;rieure selon un dispositif organis&eacute; sommairement &agrave; au moins cinq niveaux&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify;">Collecte par les acteurs publics selon un dispositif organis&eacute;&nbsp;: documents et actes publics, documents priv&eacute;s pouvant &ecirc;tre transmis &agrave; des fonds d&rsquo;archives, des biblioth&egrave;ques&hellip;, traces arch&eacute;ologiques confi&eacute;es &agrave; des mus&eacute;es&hellip; ;</li> <li style="text-align: justify;">Collecte par des acteurs priv&eacute;s d&eacute;l&eacute;gataires de missions&nbsp;: documents et actes devant &ecirc;tre gard&eacute;s par les notaires, dossiers m&eacute;dicaux&hellip;</li> <li style="text-align: justify;">Versement volontaire par des acteurs priv&eacute;s &agrave; d&rsquo;autres acteurs priv&eacute;s, publics ou associatifs (fondations&nbsp;; universit&eacute;s&nbsp;; associations &agrave; vocation historique&nbsp;; &eacute;diteurs pour publication&nbsp;; mus&eacute;es, quels qu&rsquo;en soient les statuts&hellip; )</li> <li style="text-align: justify;">Conservation par les familles pour leur usage, leur transmission, la constitution d&rsquo;un patrimoine historique ou &eacute;conomique familial ou personnel (mobilier, objets, , documents de propri&eacute;t&eacute;, de mariage, courriers, photos&hellip;)</li> <li style="text-align: justify;">Conservation par les entreprises dans le cadre de ce que la loi d&eacute;finit comme obligatoire et pour leur usage propre &agrave; titre</li> </ul> <p style="text-align: justify;">Collecte, archivage et r&eacute;-exploitation des traces mobiles oscille entre organisation r&eacute;gul&eacute;e et norm&eacute;e par les organismes professionnellement charg&eacute;s de conserver et organiser ces traces et bricolage personnel pour toutes celles relevant de la sph&egrave;re priv&eacute;e. La durabilit&eacute; des mat&eacute;riaux collect&eacute;s n&rsquo;est donc pas n&eacute;cessairement assur&eacute;e, mais la relative r&eacute;sistance au temps de nombre de supports permet &agrave; tout le moins, et sauf accident<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>, de conserver pour l&rsquo;avenir des &eacute;l&eacute;ments de preuve permettant de fonder des connaissances scientifiques solides.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">&hellip; AUX TRACES NUM&Eacute;RIQUES</h2> <p style="text-align: justify;">La g&eacute;n&eacute;ralisation des formes num&eacute;riques de communication, autant dans la sph&egrave;re publique que priv&eacute;e &laquo;&nbsp;au moment o&ugrave; la soci&eacute;t&eacute; contemporaine se voue au culte de la m&eacute;moire et de la m&eacute;morisation&nbsp;&raquo; (Galinon-M&eacute;l&eacute;nec &amp; Zlitni, 2013), confronte l&rsquo;ensemble des acteurs &agrave; de nouvelles formes de traces qu&rsquo;il n&rsquo;est pas envisageable de traiter par les processus pr&eacute;c&eacute;dents.</p> <p style="text-align: justify;">Les traces num&eacute;riques ne sont pas techniquement immat&eacute;rielles, mais ce n&rsquo;est pas leur mat&eacute;rialit&eacute; qui pose habituellement question. La complexit&eacute; nait d&egrave;s la d&eacute;finition m&ecirc;me de la notion de trace num&eacute;rique. Une d&eacute;finition sur laquelle l&rsquo;unanimit&eacute; ne se fait pas.</p> <p style="text-align: justify;">La trace doit d&rsquo;abord &ecirc;tre distingu&eacute;e de l&rsquo;empreinte. Galinon-M&eacute;l&eacute;nec (2013), consid&eacute;rant qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas n&eacute;cessairement impression visible sur une surface, pr&eacute;f&egrave;re le terme de trace, dont les &laquo;&nbsp;emplois plus vari&eacute;s permettent d&rsquo;int&eacute;grer l&rsquo;infinit&eacute;simal, voire l&rsquo;invisible.&nbsp;&raquo; Pour sa part, Mille (2013) voit dans l&rsquo;empreinte &laquo;&nbsp;l&rsquo;inscription de quelque chose dans l&rsquo;environnement au temps du processus&nbsp;&raquo; alors que la trace est une &laquo;&nbsp;observation d&rsquo;une s&eacute;rie d&rsquo;empreintes&nbsp;&raquo; qui nait donc de l&rsquo;attention qui lui est port&eacute;e et plus pr&eacute;cis&eacute;ment du regard que l&rsquo;on choisit de porter sur elle (&eacute;thique, juridique, commercial, s&eacute;mantique, strat&eacute;gique&hellip;). Il rejoint sur ce point Serres (2002) pour qui la trace num&eacute;rique &laquo;&nbsp;se caract&eacute;rise par son g&eacute;nitif intrins&egrave;que, [&hellip;] au sens où la trace est toujours trace de quelque chose ; elle ne se d&eacute;finit pas par elle-m&ecirc;me, elle n&rsquo;a pas d&rsquo;existence propre, autonome, au plan ontologique du moins, elle n&rsquo;existe que par rapport à autre chose [&hellip;] et ne prend son sens que sous le regard qui la d&eacute;chiffrera &raquo;. &nbsp;Kr&auml;mer (2012) ne dit pas autre chose&nbsp;: &laquo;&nbsp;&agrave; la diff&eacute;rence du signe que nous cr&eacute;ons, la signification d&rsquo;une trace existe au-del&agrave; de l&rsquo;intention de celui qui la g&eacute;n&egrave;re&nbsp;&raquo; La pens&eacute;e de la signification de la trace soul&egrave;ve donc une question d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie.</p> <p style="text-align: justify;">Ainsi, pour Galinon-M&eacute;l&eacute;nec (2013, p. 95) qui adopte un point de vue anthropos&eacute;miotique, il conviendrait de r&eacute;fl&eacute;chir en termes de signe-trace&nbsp;: &laquo;&nbsp;les signes portent les traces de la complexit&eacute; de l&rsquo;entrelacement du vivant (humain ou non) et du non vivant, conjugu&eacute;s &agrave; l&rsquo;entrecroisement des repr&eacute;sentations portant sur le pass&eacute;, le pr&eacute;sent et les projections sur l&rsquo;avenir.&nbsp;&raquo; D&egrave;s lors comment aborder le signe-trace autrement qu&rsquo;avec un regard constructiviste&nbsp;? Merzeau (2013) ne va pas jusque-l&agrave;. Voyant dans la trace une &laquo;&nbsp;manifestation observable de l&rsquo;impens&eacute;&nbsp;&raquo;, elle&nbsp;estime &laquo;&nbsp;qu&rsquo;elle appelle un art interpr&eacute;tatif comme celui du chasseur, du critique d&rsquo;art, du psychanalyste ou du devin pour faire sens. Plus la trace sera involontaire, plus elle aura valeur de preuve, de sympt&ocirc;me ou d&rsquo;attestation &raquo;. En revanche, lorsque l&rsquo;on change de champ scientifique, le regard sur les traces peut-&ecirc;tre assez radicalement diff&eacute;rent. Mericskay, Noucher et Roche (2018), traitant des usages des traces num&eacute;riques en g&eacute;ographie adoptent ainsi un point de vue substantiellement plus resserr&eacute; et positif&nbsp;: &laquo;&nbsp;les traces num&eacute;riques peuvent ainsi se d&eacute;finir comme des donn&eacute;es personnelles, descriptives de l&rsquo;activit&eacute; ou de l&rsquo;identit&eacute; d&rsquo;un individu&nbsp;&raquo;. &nbsp;Au-del&agrave;, Le B&eacute;chec (2010, p.351) &eacute;tend la notion de tra&ccedil;abilit&eacute; pour inclure la m&eacute;moire d&rsquo;un territoire. Elle avance que &laquo;&nbsp;Le web pourrait &eacute;galement &ecirc;tre un outil faisant le pont entre la m&eacute;moire d&rsquo;un territoire et Web, m&ecirc;me si les formes de cette circulation restent &agrave; inventer&nbsp;&raquo;. Elle argumente que &laquo;&nbsp;Les traces sont diff&eacute;rentes des souvenirs, de l&rsquo;oubli et de la discussion qui offrent des possibilit&eacute;s de reformulation et de remise en cause. L&rsquo;archive est l&rsquo;exactitude, alors que l&rsquo;oubli participe au souvenir. Il semble qu&rsquo;une autre m&eacute;moire du territoire d&eacute;finie par la technique se met en place sur le Web&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">D&Eacute;MATERIALISATION ET QUESTIONNEMENT DES TRACES NUM&Eacute;RIQUES SOUS L&#39;ANGLE DE LA DURABILIT&Eacute;&nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Le syst&egrave;me de production, d&rsquo;organisation, de conservation, de mise &agrave; disposition des chercheurs et du public des traces de l&rsquo;activit&eacute; humaine est profond&eacute;ment questionn&eacute; par la mont&eacute;e en puissance des usages num&eacute;riques prescrits (num&eacute;risation contrainte progressive des traces de relations avec l&rsquo;&Eacute;tat, notamment les traces fiscales, mais aussi la constitution de dossiers de demandes d&rsquo;allocations, le traitement de dossiers de candidatures &agrave; l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, ou au recrutement dans la fonction publique universitaire&hellip; pour ne prendre que ces processus bien connus des enseignants-chercheurs) ou encourag&eacute;s par un discours hypertrophi&eacute; de valorisation des usages du num&eacute;riques, annonc&eacute;s tant&ocirc;t comme une r&eacute;volution anthropologique, tant&ocirc;t comme un bienfait pour une &eacute;conomie durable.</p> <p style="text-align: justify;">La num&eacute;risation des donn&eacute;es, et donc des traces de l&rsquo;activit&eacute; humaine<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a> a de tr&egrave;s nombreuses cons&eacute;quences, parmi lesquelles&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align: justify;">Des modifications importantes du travail des acteurs missionn&eacute;s traditionnellement pour collecter, organiser et restituer les traces&nbsp;;</li> <li style="text-align: justify;">L&rsquo;irruption d&rsquo;acteurs dominants priv&eacute;s (GAFAM et autres entreprises) qui s&rsquo;approprient les traces num&eacute;riques des activit&eacute;s humaines d&egrave;s lors qu&rsquo;elles recourent aux r&eacute;seaux sociaux, m&eacute;dias sociaux, moteurs de recherche, etc. pour en faire la base de leur business model&nbsp;;</li> <li style="text-align: justify;">L&rsquo;intervention de la puissance publique pour une prise de conscience et une plus grande autonomie de d&eacute;cision des acteurs priv&eacute;s quant aux traces qu&rsquo;ils laissent (RGPD)&nbsp;;</li> <li style="text-align: justify;">Un co&ucirc;t croissant en consommation &eacute;nerg&eacute;tique et en production de mat&eacute;riel pour l&rsquo;utilisation du num&eacute;rique (voir le r&eacute;cent rapport Greenit<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>)&nbsp;;</li> </ul> <p style="text-align: justify;">Elle interroge plus largement la soci&eacute;t&eacute; sur les cons&eacute;quences n&eacute;gatives de son usage massif (Desmurget, 2019)</p> <p style="text-align: justify;">Quant &agrave; la tra&ccedil;abilit&eacute; sur les m&eacute;dias sociaux, qui constituent un questionnement important m&eacute;lang&eacute; de peurs et d&rsquo;inqui&eacute;tude de la part des internautes qui se demandent si la tra&ccedil;abilit&eacute; de tous les individus, de mani&egrave;re exhaustive et &agrave; un niveau international, est-elle vraiment r&eacute;alisable ? Les travaux de Rieder (2013) proposent en 2010 le terme &laquo;&nbsp;la tra&ccedil;abilit&eacute; du tra&ccedil;age&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit de saisir &laquo;&nbsp;comment examiner et contr&ocirc;ler des techniques en bo&icirc;te noire, prot&eacute;g&eacute;s &agrave; la fois par le fonctionnement de l&rsquo;espace num&eacute;rique (sans code source, il est tr&egrave;s difficile d&rsquo;analyser un algorithme) et de l&rsquo;espace juridique (le secret professionnel). La question de savoir comment &eacute;tudier ces objets est donc elle-m&ecirc;me un enjeu politique&nbsp;&raquo;. Le B&eacute;chec et Alloing (2018, p.3) nous rassurent en expliquant qu&rsquo;il reste impossible de r&eacute;cup&eacute;rer toutes les traces depuis les r&eacute;seaux sociaux num&eacute;riques, &laquo;&nbsp;l&rsquo;usage des API nous montre que l&rsquo;extraction de donn&eacute;es sur des activit&eacute;s pass&eacute;es est limit&eacute;e, que l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; des donn&eacute;es ouvertes comporte plus que des lacunes et que le traitement de ces donn&eacute;es tant du point de vue de la d&eacute;claration que de la confidentialit&eacute; est une question encore &eacute;mergente en sciences de l&rsquo;information et de la communication&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">LES ARTICLES DE CE NUM&Eacute;RO</h2> <p style="text-align: justify;">Dans ce contexte, la Revue COSSI a invit&eacute; les chercheurs en sciences humaines &agrave; analyser les d&eacute;fis soci&eacute;taux et professionnels pos&eacute;s par la g&eacute;n&eacute;ralisation du num&eacute;rique et des traces que cela g&eacute;n&egrave;re dans une perspective de durabilit&eacute;. Il s&rsquo;agissait de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; ce que pourrait &ecirc;tre une hygi&egrave;ne du num&eacute;rique dans la perspective d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; consciente de la probl&eacute;matique majeure que constituent l&rsquo;information et la communication durables et responsables (Mallowan &amp; Marcon, 2019).</p> <p style="text-align: justify;">En ouverture de ce num&eacute;ro, Jacques Henno, dans Pourquoi laissons-nous des traces num&eacute;riques ? L&#39;hypoth&egrave;se de la volont&eacute; (ou de l&#39;illusion ?) d&#39;acc&eacute;der &agrave; une forme d&#39;&eacute;ternit&eacute; construite, s&rsquo;interroge&nbsp;: pourquoi les utilisateurs du num&eacute;rique acceptent-ils de laisser des traces alors que la plupart de ces internautes savent que ces informations peuvent &ecirc;tre utilis&eacute;es pour tenter d&#39;&eacute;valuer et d&#39;influencer leurs comportements commerciaux, politiques ou s&eacute;curitaires ? Une question &agrave; laquelle l&rsquo;auteur tente de r&eacute;pondre en consid&eacute;rant les traces num&eacute;riques comme des instruments transitionnels afin de d&eacute;finir les projections et les sch&egrave;mes mobilis&eacute;s lorsque nous laissons de telles traces. En menant une analyse technique, s&eacute;miotique puis anthropologique des traces analogiques et num&eacute;riques, Henno formule une d&eacute;finition de la trace num&eacute;rique comme un contrat (au sens de norme, de transaction et de promesse) entre un internaute et une plateforme de publication : en particulier, les traces num&eacute;riques intentionnelles sont une promesse, au sens o&ugrave; certaines plateformes (Facebook par exemple) auxquelles les utilisateurs les confions s&#39;engagent, en contrepartie, &agrave; les conserver &eacute;ternellement.</p> <p style="text-align: justify;">C&eacute;cile-Marie Martin et Alexandre Wautier abordent alors le sujet sous l&rsquo;angle de la pr&eacute;servation. Leur article Les traces num&eacute;riques dans le cadre du d&eacute;p&ocirc;t l&eacute;gal : conservation, production, restitution porte sur les missions de conservation et de restitution des traces de l&rsquo;activit&eacute; humaine assur&eacute;es par de nombreux acteurs de la sph&egrave;re priv&eacute;e et publique, parmi lesquelles les institutions charg&eacute;es du d&eacute;p&ocirc;t l&eacute;gal. Celles-ci ont pour mission de collecter, cataloguer, conserver et enrichir tous les champs de la connaissance ainsi que le patrimoine national. La singularit&eacute; des traces num&eacute;riques est &eacute;tudi&eacute;e dans cet article gr&acirc;ce &agrave; une discussion autour du projet ArTeC &laquo; Machines &agrave; lire les arts num&eacute;riques &raquo; (M&agrave;LAN), visant &agrave; d&eacute;velopper un dispositif de m&eacute;diation unique. Par ce truchement, l&rsquo;article aborde les probl&eacute;matiques auxquelles font face les institutions charg&eacute;es du d&eacute;p&ocirc;t l&eacute;gal, &agrave; savoir la n&eacute;cessit&eacute; de r&eacute;pondre &agrave; la fois au travail de conservation et &agrave; celui de la communication au public de documents, dans un format traditionnel, mais aussi interactif.</p> <p style="text-align: justify;">Avec la pand&eacute;mie de coronavirus, le num&eacute;rique s&rsquo;est impos&eacute; comme un incontournable d&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;mes en pleine &eacute;volution disruptive. Avec son article intitul&eacute; Les traces num&eacute;riques : port&eacute;e des enjeux &eacute;conomiques et/ou de surveillance dans une soci&eacute;t&eacute; de connaissances, Viviane Du Castel s&rsquo;interroge sur les diff&eacute;rents enjeux, tant &eacute;conomiques que de contr&ocirc;le et de surveillance de la situation actuelle. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, son article s&rsquo;appuie sur trois axes&nbsp;: les traces num&eacute;riques en lien avec les nouveaux Business Models, les traces num&eacute;riques en relation avec le patrimoine num&eacute;rique et enfin les traces num&eacute;riques appr&eacute;hend&eacute;es comme des smart datas dans le contexte de l&rsquo;apprentissage tout au long de la vie. L&rsquo;article aborde &eacute;galement le nouveau mode de t&eacute;l&eacute;travail, fortement d&eacute;velopp&eacute; en raison de la pand&eacute;mie, qui a accru les traces num&eacute;riques visibles et invisibles engendrant, selon l&rsquo;auteur, de nouveaux d&eacute;fis de stockage et de nouvelles menaces cybern&eacute;tiques, de contr&ocirc;le et de surveillance. Dans ce contexte, les outils num&eacute;riques constituent des d&eacute;fis en termes de connaissances et de comp&eacute;tences pour les acteurs, tout en &eacute;tant des opportunit&eacute;s pour les organisations en termes de m&eacute;moire et de tra&ccedil;abilit&eacute; num&eacute;riques.</p> <p style="text-align: justify;">Dans un article intitul&eacute;&nbsp;La tra&ccedil;abilit&eacute; pour d&eacute;tecter la mutation d&rsquo;une rumeur en l&eacute;gende urbaine. &Eacute;tude de cas de Danone &Eacute;gypte, Mona Shehata interroge les cons&eacute;quences de l&rsquo;archivage des traces de l&rsquo;activit&eacute; humaine sur la recherche scientifique en sciences humaines, en particulier en sciences de l&rsquo;information et la communication. L&rsquo;auteure examine la tra&ccedil;abilit&eacute; d&rsquo;une rumeur qui persiste sur le Web et les r&eacute;seaux socionum&eacute;riques (RSN) pendant plus d&rsquo;une d&eacute;cennie tout en faisant le lien entre sa mutation et sa transformation en l&eacute;gende urbaine. La premi&egrave;re partie dans cet article revient sur les diff&eacute;rences et les similarit&eacute;s entre rumeur et l&eacute;gende urbaine afin d&rsquo;affiner leur distinction. Puis, l&rsquo;article pr&eacute;sente une &eacute;tude de cas concr&egrave;te sur une rumeur qui a circul&eacute; sur l&rsquo;entreprise fran&ccedil;aise Danone en &Eacute;gypte. L&rsquo;analyse de cette rumeur conduit l&rsquo;auteure &agrave; apporter des r&eacute;ponses &agrave; la question centrale de son propos&nbsp;: comment la tra&ccedil;abilit&eacute; pourrait-elle permettre de d&eacute;tecter une mutation de rumeur sur les RSN ? L&rsquo;interpr&eacute;tation des r&eacute;sultats pr&eacute;sente aux entreprises victimes de ces attaques des pistes innovantes notamment sur la persistance d&rsquo;une rumeur sur le Web afin de mieux s&rsquo;armer par une gestion plus adapt&eacute;e face &agrave; ces fausses informations &eacute;ternelles.</p> <p style="text-align: justify;">Dans son article, Analyser les transformations des pratiques professionnelles par une approche usages : plasticit&eacute;, instabilit&eacute;, fragilit&eacute;, J-C Domenget&nbsp;propose un cadre m&eacute;thodologique pour analyser les transformations des pratiques professionnelles dans les m&eacute;tiers de la communication &agrave; partir d&rsquo;une approche usages, adapt&eacute;e au contexte actuel.&nbsp; Une fois dessin&eacute;es &agrave; grand trait les &eacute;volutions de ce type d&rsquo;approche ainsi que sa compl&eacute;mentarit&eacute; avec celle sur les traces num&eacute;riques et les interrogations li&eacute;es &agrave; une perspective de durabilit&eacute;, l&rsquo;auteur traite de l&rsquo;importance d&rsquo;un enrichissement conceptuel (autour des concepts de plasticit&eacute;, d&rsquo;instabilit&eacute; et de fragilit&eacute;) et d&rsquo;un d&eacute;placement du regard (d&rsquo;une approche fixiste &agrave; une approche dynamique). Pour illustrer cette d&eacute;marche, Domenget s&rsquo;appuie sur les r&eacute;sultats d&rsquo;un terrain de recherche visant &agrave; analyser les pratiques de r&eacute;seautage au sein d&rsquo;un groupe professionnel lors d&rsquo;un &eacute;v&egrave;nement sp&eacute;cifique.</p> <p style="text-align: justify;">Enfin, avec Thomas Bonnecarr&egrave;re, nous terminons par une approche prospective des pratiques d&rsquo;autogestion communautaire des donn&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle locale. L&rsquo;article, intitul&eacute; L&rsquo;autogestion d&eacute;mocratique des donn&eacute;es pour p&eacute;renniser la tra&ccedil;abilit&eacute; du savoir dans la complexit&eacute; explore la probl&eacute;matique de la&nbsp;soutenabilit&eacute; technique pour p&eacute;renniser les donn&eacute;es dans un contexte d&rsquo;effondrement &eacute;cologique. L&rsquo;auteur propose une approche transdisciplinaire du probl&egrave;me li&eacute; &agrave; l&rsquo;autogestion d&eacute;mocratique d&rsquo;un patrimoine de donn&eacute;es commun, auto-h&eacute;berg&eacute; par des communaut&eacute;s locales (&eacute;pist&eacute;miques et de pratique) engag&eacute;es dans l&rsquo;utilisation d&rsquo;un mod&egrave;le d&rsquo;&eacute;laboration, d&rsquo;hybridation, de protection et de valorisation de savoir qu&rsquo;il exp&eacute;rimente dans le cadre d&rsquo;une recherche-action. Ce mod&egrave;le prototypaire a pour but de faciliter l&rsquo;&eacute;volution durable de communaut&eacute;s locales dans un monde de plus en plus mat&eacute;riellement et &eacute;nerg&eacute;tiquement contraint.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Les coordinateurs du num&eacute;ro remercient vivement pour leur participation &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation des articles re&ccedil;us :</p> <p style="text-align: justify;">ABIL, Abdellah, Professeur-Chercheur, Habilit&eacute;, Ecole Nationale de Commerce et de Gestion</p> <p style="text-align: justify;">Universit&eacute; Ibn Zohr, Agadir, Maroc</p> <p style="text-align: justify;">CATELLANI, Andrea, Professeur de communication, l&#39;Universit&eacute; catholique de Louvain</p> <p style="text-align: justify;">CHEBBI, Aida, Enseignante, Universit&eacute; de Montr&eacute;al (EBSI), Universit&eacute; de la Manouba (ISD)</p> <p style="text-align: justify;">BROUDOUX, Evelyne, Ma&icirc;tre de conf&eacute;rences (HDR) en Sciences de l&#39;information, institut national des sciences et techniques de la documentation- Equipe de recherche Dicen-CNAM</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">BIBLIOGRAPHIE</h2> <p style="text-align: justify;">Desmurget M., 2019. La fabrique du cr&eacute;tin digital, &Eacute;ditions du Seuil, 426 p.</p> <p style="text-align: justify;">Galinon-M&eacute;l&eacute;nec B., 2013.&nbsp; Des signes-traces &agrave; l&rsquo;Homme-trace. La production et l&rsquo;interpr&eacute;tation des traces plac&eacute;e dans une perspective anthropologique, Intellectica, 2013/1, 59, p. 94</p> <p style="text-align: justify;">Krämer S., 2012. Qu&rsquo;est-ce donc qu&rsquo;une trace, et quelle est sa fonction &eacute;pist&eacute;mologique ? &Eacute;tat des lieux. Trivium [en ligne], 10,&nbsp; <a href="https://journals.openedition.org/trivium/4171">https://journals.openedition.org/trivium/4171</a></p> <p style="text-align: justify;">Le B&eacute;chec M., 2010. Territoire et communication politique sur le &laquo; web r&eacute;gional breton &raquo; (Doctoral dissertation, Universit&eacute; Rennes 2 ; Universit&eacute; Europ&eacute;enne de Bretagne). <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00551746">https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00551746</a></p> <p style="text-align: justify;">Le B&eacute;chec M. et Alloing C., 2018.&nbsp; Au-del&agrave; des traces num&eacute;riques visibles, 5e Colloque International R&eacute;seaux sociaux, traces num&eacute;riques et communication &eacute;lectronique, Le Havre, juin 2018</p> <p style="text-align: justify;">Mallowan M. et Marcon C., 2019, Information et de la communication durables. Utopies, discours et pratiques, &Eacute;ditions ISTE, 192 p.</p> <p style="text-align: justify;">Mericskay B., Noucher M. et Roche S., 2018.&nbsp; Usages des traces num&eacute;riques et g&eacute;ographie&nbsp;: potentiels heuristiques et enjeux de recherche, in L&rsquo;Information g&eacute;ographique, Armand Colin, 2018, 2018(2), pp.39-61. halshs-01809615</p> <p style="text-align: justify;">Mille A., 2013. Traces num&eacute;riques et construction de sens, in Traces num&eacute;riques. De la production &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation, Galinon-M&eacute;l&eacute;nec B. et Zlitni S. (dir), &Eacute;ditions du CNRS, p. 111-127</p> <p style="text-align: justify;">Rieder B., 2013. Studying Facebook via data extraction: the Netvizz application&rdquo;. In WebSci &#39;13 Proceedings of the 5th Annual ACM Web Science Conference (pp. 346-355). New York: ACM.</p> <p style="text-align: justify;">Rieder B., 2010. Pratiques informationnelles et analyse des traces num&eacute;riques : de la repr&eacute;sentation &agrave; l&rsquo;intervention &raquo;, &Eacute;tudes de communication [En ligne], 35 | 2010, mis en ligne le 01 d&eacute;cembre 2012, consult&eacute; le 19 avril 2019.</p> <p style="text-align: justify;">Serres A., 2002. Quelle(s) probl&eacute;matique(s) de la trace ? sic_00001397</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <div> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <hr size="1" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> On se contentera de citer &agrave; titre d&rsquo;exemple dramatique la destruction de l&rsquo;Hortus d&eacute;liciarum et de nombre d&rsquo;ouvrages lors du bombardement de Strasbourg par l&rsquo;arm&eacute;e allemande le 23 ao&ucirc;t 1870. Mais il faudrait aussi citer les destructions de monuments op&eacute;r&eacute;es et l&rsquo;&eacute;parpillement de mat&eacute;riau arch&eacute;ologique par Daesh durant son &eacute;tablissement au Moyen orient. Et, plus pr&egrave;s de nous, les dommages caus&eacute;s &agrave; la cath&eacute;drale Notre Dame de Paris par son incendie accidentel en avril 2019.</p> </div> <div id="ftn2"> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> La question n&rsquo;est certes pas r&eacute;sum&eacute;e aux traces de l&rsquo;activit&eacute; humaine. Elle concerne &eacute;galement les traces collect&eacute;es par les Hommes dans tous les domaines de la science et du vivant. Mais nous centrons le pr&eacute;sent appel sur les traces des activit&eacute;s humaines.</p> </div> <div id="ftn3"> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> <a href="https://www.greenit.fr/empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/">https://www.greenit.fr/empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/</a></p> </div> </div>