<p><b>Abstract :&nbsp;</b>The professional community of eco-designers shows that the creation of digital collections is a prerequisit for the establishment of a process of knowledge sharing and dealing in a professional community. So, to think the patrimonialisation of the professional information means implementing a negotiated and sustainabled management.</p> <p><b>Keywords :&nbsp;</b>information heritage, information management, information dispositive, information practice, eco-design, digital collection, uses of information</p> <p>&nbsp;</p> <h2>INTRODUCTION GENERALE ET CONTEXTE ETUDIE</h2> <p>Dans tout contexte de travail, la n&eacute;cessit&eacute; s&rsquo;impose de construire et pr&eacute;server une m&eacute;moire informationnelle qui s&rsquo;articule, au-del&agrave; des archives, autour de savoirs professionnels, scientifiques ou artistiques, de savoir-faire techniques et de savoir-&ecirc;tre culturels, et qui permet la circulation de l&rsquo;information, des id&eacute;es et des connaissances. Cette m&eacute;moire rassembl&eacute;e et organis&eacute;e constitue un patrimoine &agrave; partir de la co&iuml;ncidence du &laquo;&nbsp;<em>v&eacute;cu avec le connu</em>&nbsp;&raquo; (Chastel, 1997). D&egrave;s lors, le patrimoine ne se limite pas aux seules offres d&rsquo;information, mais a une fonction mat&eacute;rielle de conservation de traces s&eacute;lectionn&eacute;es de l&rsquo;activit&eacute;, une fonction sociale de pr&eacute;servation et de r&eacute;utilisation de la m&eacute;moire, ainsi qu&rsquo;une fonction culturelle et discursive. Constituer une m&eacute;moire informationnelle revient &agrave; faciliter et permettre la circulation de l&rsquo;information, des id&eacute;es et des connaissances. Cette m&eacute;moire rassembl&eacute;e et organis&eacute;e constitue un patrimoine. &nbsp;L&rsquo;organisation de l&rsquo;information en vue de son usage professionnel et de sa communication &agrave; d&rsquo;autres rel&egrave;ve de la constitution d&rsquo;une knowledge base. Nous appuierons notre propos &agrave; partir d&rsquo;une recherche que nous menons actuellement depuis deux ann&eacute;es (2014-2016) sur une communaut&eacute; professionnelle, qui nous conduit &agrave; nous interroger sur cette possibilit&eacute; de passer de l&rsquo;usage de l&rsquo;information en contexte professionnel au partage des connaissances &agrave; travers la constitution de collections documentaires professionnelles qui peuvent s&rsquo;inscrire dans un processus de patrimonialisation par la num&eacute;risation et la gestion de collections de documents num&eacute;riques. Consid&eacute;rant que toute entreprise est une &laquo;&nbsp;organisation apprenante&nbsp;&raquo; o&ugrave; la formation des pairs est une des clefs de son adaptation &agrave; l&rsquo;environnement socio-&eacute;conomique et pour faire face &agrave; la concurrence, nous avons opt&eacute; pour l&rsquo;analyse d&rsquo;un secteur d&rsquo;activit&eacute; &eacute;mergent, centr&eacute; sur l&rsquo;innovation, avec un &eacute;miettement des informations et des savoirs, peu de moyens financiers, un engagement individuel - voire un militantisme - fort des professionnels : le secteur de l&rsquo;&eacute;co-construction et de l&rsquo;architecture &eacute;co-constructive.</p> <h2><a id="t2"></a>PROBLEME DE RECHERCHE ET HYPOTHESES</h2> <p>Ainsi, en l&rsquo;absence de moyens &eacute;conomiques suffisants qui ont un co&ucirc;t financier que toutes les entreprises ne peuvent pas supporter, peut-on imaginer que les professionnels soient en mesure de constituer et pr&eacute;server un patrimoine informationnel et cognitif utilisable, qui leur permette de passer de l&rsquo;usage au partage de l&rsquo;information, du v&eacute;cu au connu tout en retenant un principe de conservation de donn&eacute;es de connaissance strat&eacute;giques sans pour autant ossifier ce patrimoine informationnel?</p> <p>Nous formulerons l&rsquo;hypoth&egrave;se qu&rsquo;un processus de patrimonialisation est susceptible de se mettre en place dans la constitution de collections &agrave; partir de ressources vari&eacute;es voire h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, en prenant en compte les activit&eacute;s informationnelles effectives, con&ccedil;ues alors comme un &laquo;&nbsp;<em>ensemble composite qui d&eacute;passe l&rsquo;usage de dispositifs sp&eacute;cialis&eacute;s</em>&nbsp;&raquo; (Paganelli, 2012). Cette approche s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la conception sous-jacente des pratiques culturelles et informationnelles dans/de ces dispositifs (Jeanneret, 2008), inscrit d&egrave;s lors autour d&rsquo;une double volont&eacute; celle de prendre appui autour d&rsquo;une information fiable et stable, tout en visant la constitution d&rsquo;une assise informationnelle durable (Liqu&egrave;te, 2015), car partag&eacute;e par un collectif humain au sein d&rsquo;une organisation ou d&rsquo;un domaine d&rsquo;activit&eacute;s. Cette approche ainsi tuile la gestion de l&rsquo;information &agrave; la gestion des connaissances en contexte, prenant appui sur une mod&egrave;le manag&eacute;rial de structuration et de gestion de l&rsquo;information.</p> <p>Au-del&agrave; du management de l&rsquo;information, l&rsquo;appr&eacute;hension et la transmission des pratiques professionnelles exigent &eacute;galement le d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences informationnelles que la formation initiale et continue des professionnels ne prend pas en compte, pas plus que les instances tut&eacute;laires ni le march&eacute; traditionnel de l&rsquo;information scientifique et technique. Ainsi, le patrimoine informationnel qui prend peu &agrave; peu forme et fait peu &agrave; peu sens pour chaque professionnel, s&rsquo;appuie sur l&rsquo;innovation m&eacute;thodologique et technologique qui est donc &agrave; d&eacute;velopper pour ces publics qui prennent progressivement conscience de leurs besoins mais sont jusqu&rsquo;alors d&eacute;sarm&eacute;s pour y r&eacute;pondre. La recherche que nous menons actuellement sur cette communaut&eacute; professionnelle, nous conduit &agrave; nous interroger sur la possibilit&eacute; de passer de l&rsquo;usage de l&rsquo;information en contexte professionnel au partage des connaissances &agrave; travers la constitution de collections documentaires professionnelles et d&rsquo;une base de connaissances qui peuvent s&rsquo;inscrire dans un processus de patrimonialisation par la num&eacute;risation et la gestion de collections de documents num&eacute;riques. Nous revendiquons d&egrave;s lors un d&eacute;passement des approches orient&eacute;es usagers ou rapport uniquement utilitaire et imm&eacute;diat &agrave; l&rsquo;information, pour un management orient&eacute; &ldquo;patrimonialisation de l&rsquo;information&rdquo;. Les proc&eacute;dures de gestion et d&rsquo;organisation de l&rsquo;information, des connaissances et des archives, dans ces collections, sont destin&eacute;es &agrave; pr&eacute;server et rendre utilisable et partageable une m&eacute;moire dans l&rsquo;organisation apprenante, un v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;patrimoine cognitif&nbsp;&raquo;. A terme, ce projet vise la mise &agrave; disposition et la valorisation de m&eacute;thodologies &agrave; partir des pratiques r&eacute;elles. Il s&rsquo;agit finalement de construire un patrimoine info-documentaire num&eacute;rique sur la base des recueils d&rsquo;analyse des pratiques professionnelles, des discours et des repr&eacute;sentations d&rsquo;une profession. Le projet interroge la possibilit&eacute; pour des&nbsp; entreprises de construire et d&rsquo;entretenir leur propre patrimoine cognitif, de le mettre en situation via des ressources num&eacute;riques constitu&eacute;es en collections dynamiques, pour &agrave; terme &ecirc;tre en mesure de les transf&eacute;rer&nbsp; et de les mettre &agrave; la disposition de ceux qui les utilisent. C&rsquo;est ainsi que nous concevons un mod&egrave;le manag&eacute;rial centr&eacute; sur le sens de la structuration et de la gestion de l&rsquo;information &agrave; vis&eacute;e professionnelle. Dans le cadre de la communaut&eacute; observ&eacute;e, notre recherche tente de rep&eacute;rer, puis de caract&eacute;riser des besoins d&rsquo;information communs et des th&eacute;matiques centrales, de cartographier les sources et ressources utiles et les r&eacute;seaux d&rsquo;acteurs (cr&eacute;ation d&rsquo;une base relationnelle), afin de mettre en place des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;une veille informationnelle et &eacute;v&egrave;nementielle durable, et de constituer progressivement le terreau d&rsquo;une patrimonialisation des connaissances professionnelles construite par la communaut&eacute; elle-m&ecirc;me. Bien que pouvant para&icirc;tre paradoxale, la veille durable s&rsquo;appuie exclusivement sur un ensemble de gisements et de sources stables, produits par des organismes et autour de th&eacute;matiques au c&oelig;ur de la pratique du professionnel&nbsp;: ce qui fait profond&eacute;ment &laquo;&nbsp;sens&nbsp;&raquo; au quotidien pour le praticien.</p> <h2><a id="t3"></a>RECENSION DES ECRITS</h2> <p>Une part de la recherche a consist&eacute; pour nous, suivant l&rsquo;approche documentaire et manag&eacute;riale, &agrave; se rendre puis retourner sur les m&ecirc;mes terrains chez certains acteurs volontaires pour comprendre l&rsquo;organisation de leur syst&egrave;me d&rsquo;information professionnel et leur syst&egrave;me d&rsquo;information personnel. Il s&rsquo;agissait alors d&rsquo;observer de l&rsquo;int&eacute;rieur, dans une approche sociographique, l&rsquo;activit&eacute; et l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me informationnel des acteurs &agrave; partir de leur syst&egrave;me d&rsquo;information personnel (Guyot, 2006) en identifiant des objets, des pratiques et des contextes informationnels forts. On peut pour cela rappeler les apports de la th&eacute;orie de l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;Engestr&ouml;m qui permet de penser l&rsquo;activit&eacute; humaine comme un processus dynamique dans un &eacute;cosyst&egrave;me qui replace le sujet individuel ou collectif dans son environnement et comme un ph&eacute;nom&egrave;ne m&eacute;diatis&eacute; par la culture (Engestr&ouml;m, 1999). Penser les pratiques d&rsquo;information &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;une communaut&eacute; professionnelle, revient ainsi &agrave; consid&eacute;rer la cha&icirc;ne des activit&eacute;s et &agrave; analyser les pratiques d&rsquo;information comme un &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;un tout complexe associant des &eacute;l&eacute;ments symboliques et communicationnels cons&eacute;quents.</p> <p>De plus, nous avons mobilis&eacute; la sociologie des usage(r)s, pour envisager les pratiques d&rsquo;information dans un ensemble complexe de pratiques professionnelles inscrite dans un mod&egrave;le de soci&eacute;t&eacute;, o&ugrave; l&rsquo;usager s&rsquo;inscrit non seulement dans un collectif humain, mais reconduit des pratiques et des comportements parfois au-del&agrave; de lui-m&ecirc;me et de sa volont&eacute; de faire. Par l&rsquo;usage, on consid&egrave;re ainsi, des formes de sociabilit&eacute;, des arts de faire, autant pour agir sur la qu&ecirc;te et l&rsquo;appropriation d&rsquo;informations, que pour &ecirc;tre en phase avec la communaut&eacute; professionnelle &agrave; laquelle on tend &agrave; appartenir et &agrave; &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;. Tout l&rsquo;enjeu pour nous consiste d&egrave;s lors, par l&rsquo;analyse des usages &agrave; identifier des biens et des m&eacute;thodes communes faisant sens pour le plus grand nombre. La sociologie des usages, en centrant sa r&eacute;flexion sur l&#39;usager permet de &laquo;&nbsp;<em>comprendre de fa&ccedil;on fine comment des significations sociales et culturelles &eacute;mergent dans des contextes d&#39;usages particuliers, et comment elles contribuent &agrave; fa&ccedil;onner les dispositifs sociotechniques</em>&nbsp;&raquo; (Vidal, 2012).</p> <h2><a id="t4"></a>METHODES</h2> <p>M&eacute;thodologiquement nous avons proc&eacute;d&eacute; &agrave; partir d&rsquo;observations puis d&rsquo;analyses de pratiques r&eacute;elles en situation, mais &eacute;galement d&rsquo;analyses des discours et des repr&eacute;sentations d&rsquo;une profession. Plusieurs approches ont &eacute;t&eacute; envisag&eacute;es d&egrave;s le d&eacute;marrage de la recherche, pour le rep&eacute;rage et la compr&eacute;hension des besoins et des pratiques d&rsquo;information ainsi que des connaissances circulant dans la communaut&eacute; et progressivement capitalis&eacute;es en &eacute;cho &agrave; des temps d&rsquo;activit&eacute;s pratiques. La communaut&eacute; professionnelle que nous avons &eacute;tudi&eacute;e, celle des acteurs de l&rsquo;architecture &eacute;co-constructive<a href="https://revue-cossi.info/numeros/1-2016-communication-information-et-savoir-quel-management-pour-une-organisation-durable/470-2016-revue-liquete#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>, partage une entr&eacute;e centr&eacute;e sur l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information r&eacute;cente et aux documents techniques, puis la constitution de collections individuelles d&rsquo;informations et de documents, associant &eacute;ventuellement quelques modes de partage, ainsi que des processus cognitifs mis &agrave; l&rsquo;oeuvre dans une strat&eacute;gie de patrimonialisation. Le patrimoine en question est technique, souvent immat&eacute;riel, reposant sur des collections de savoir-faire par exemple, et s&rsquo;appuyant sur un contexte s&eacute;mio-pragmatique qui traduit un engagement social fort, bien au-del&agrave; du seul p&eacute;rim&egrave;tre professionnel. Les documents de r&eacute;f&eacute;rence pour eux, renvoient &agrave; la description d&rsquo;une pratique effective &agrave; l&rsquo;occasion d&rsquo;un projet, d&rsquo;un chantier ou d&rsquo;une r&eacute;alisation. Ces professionnels sont tout autant impliqu&eacute;s dans des activit&eacute;s sociales associatives militantes. Nos travaux d&rsquo;observation puis d&rsquo;analyse concernent toute la cha&icirc;ne des m&eacute;tiers li&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;co-construction des architectes concepteurs, aux gestionnaires des mat&eacute;riaux de constructions, aux m&eacute;diateurs des savoirs via le r&eacute;seau associatif professionnel. Tous appartiennent &agrave; des micro-structures et cherchent par la capitalisation et les &eacute;changes de pratiques, &agrave; suivre l&rsquo;&eacute;volution technique, artistique et militante de l&rsquo;&eacute;co-construction, qui pr&eacute;sente la caract&eacute;ristique de puiser ses r&eacute;f&eacute;rences autant dans le patrimoine constructif ancien et vernaculaire que dans les avanc&eacute;es scientifiques les plus r&eacute;centes dans la ma&icirc;trise de l&rsquo;&eacute;nergie et de l&rsquo;impact environnemental de la construction ainsi que dans les exp&eacute;rimentations concr&egrave;tes.</p> <p>Plusieurs approches m&eacute;thodologiques ont nourri le rep&eacute;rage et la compr&eacute;hension des besoins et des pratiques d&rsquo;information ainsi que des connaissances circulant dans la communaut&eacute; et progressivement capitalis&eacute;s :</p> <ul> <li>premi&egrave;rement, une approche sociologique sur la base d&rsquo;enqu&ecirc;tes qui mettent en lien l&rsquo;analyse des contextes professionnels, la compr&eacute;hension des pratiques (recherche, traitement, communication) et des repr&eacute;sentations (maturit&eacute;) en jeu&nbsp;;</li> <li>deuxi&egrave;mement, une approche s&eacute;mio-pragmatique qui analyse les discours pour rep&eacute;rer&nbsp; les composants de la construction de la connaissance &agrave; travers l&rsquo;instrumentation sociale et culturelle, l&rsquo;instrumentation symbolique et s&eacute;mantique, et enfin l&rsquo;instrumentation objectale&nbsp;;</li> <li>troisi&egrave;mement, une approche documentaire et manag&eacute;riale de l&rsquo;information qui vise &agrave; analyser les syst&egrave;mes d&rsquo;information personnels en les mettant en lien avec la mati&egrave;re informationnelle produite par les communaut&eacute;s, &agrave; proposer des mod&egrave;les de tra&ccedil;age de l&rsquo;information et de gestion des ressources. Notre recherche a &eacute;t&eacute; conduite &agrave; partir d&rsquo;entretiens semi-directifs. Elle repose sur la mise en place d&rsquo;une m&eacute;thode de captation des besoins informationnels et documentaires, ainsi que sur l&rsquo;observation de la fa&ccedil;on dont les acteurs recherchent l&rsquo;information, la g&egrave;rent, la traitent, la stockent et la diffusent.</li> </ul> <p>Deux volets permettent donc d&rsquo;analyser tant les discours (d&eacute;claratif) que les pratiques. Le premier volet de la recherche a permis d&rsquo;identifier assez pr&eacute;cis&eacute;ment, avec les entreprises partenaires et les terrains d&rsquo;observation, les th&eacute;matiques informationnelles centrales pour eux pour &eacute;laborer une liste de priorit&eacute;s qui m&eacute;ritent le d&eacute;veloppement de ressources formatives ainsi que leur capitalisation, la constitution d&rsquo;un patrimoine. Le second volet a consist&eacute; &agrave; analyser avec les professionnels, par le biais d&rsquo;entretiens d&rsquo;explicitation, leur syst&egrave;me d&rsquo;information personnel et &agrave; s&eacute;lectionner quelques extraits pour identifier l&rsquo;organisation de leur travail notamment avec les outils num&eacute;riques. Nous avons alors proc&eacute;der par extraction de donn&eacute;es depuis les syst&egrave;mes d&rsquo;information.</p> <h2><a id="t5"></a>LA QUESTION DE LA PATRIMONIALISATION EN CONTEXTE PROFESSIONNEL</h2> <p>Nous consid&eacute;rons que la patrimonialisation en contexte professionnel peut se caract&eacute;riser par la constitution et l&rsquo;appropriation d&rsquo;un dispositif communicationnel, documentaire et culturel par une collectivit&eacute; (les salari&eacute;s d&rsquo;une entreprise, les membres d&rsquo;une communaut&eacute; professionnelle), s&rsquo;appuyant notamment sur les besoins d&rsquo;information et la place centrale accord&eacute;e au document technique. Le patrimoine se construit et repose, dans notre cas, sur des besoins techniques reposant sur des contenus sp&eacute;cifiques, des comp&eacute;tences, des langages et des proc&eacute;dures sp&eacute;cifiques &agrave; un champ d&rsquo;activit&eacute;s. Son assise est l&rsquo;information et le document technique constitue un carrefour au centre des besoins d&rsquo;information qui constituent des artefacts cognitifs destin&eacute;s &agrave; coordonner et articuler l&rsquo;action individuelle d&rsquo;un individu &agrave; celle du secteur d&rsquo;activit&eacute; professionnelle consid&eacute;r&eacute; dans la construction d&rsquo;une culture informationnelle professionnelle (Stalder, Delamotte, 2014).</p> <h3>Un patrimoine cognitif immat&eacute;riel&nbsp;: la dimension communicationnelle</h3> <p>Le patrimoine n&rsquo;est pas un objet donn&eacute;, statique mais le r&eacute;sultat d&rsquo;un processus lent de construction d&rsquo;une attention partag&eacute;e par les membres d&rsquo;un secteur d&rsquo;activit&eacute; dans notre cas. La patrimonialisation vise avant tout la conservation, &agrave; laquelle un objectif de communication s&rsquo;est greff&eacute;, n&eacute;cessitant des formes de m&eacute;diation et de capitalisation en vue de partager. Les documents recueillis jouent finalement le r&ocirc;le de pr&eacute;texte aux &eacute;changes et &agrave; la distribution des savoirs au sein des groupes d&rsquo;individus observ&eacute;s. Mat&eacute;riel ou immat&eacute;riel, le patrimoine est construit, et les m&eacute;tiers du patrimoine comprennent la double dimension de la recherche et de la gestion, &agrave; laquelle on ajoute aujourd&rsquo;hui celle de la m&eacute;diation. C&rsquo;est donc la fonction communicationnelle du patrimoine qui est essentielle, pour cr&eacute;er &laquo; ce temps qui ne passe pas &raquo; (Pontalis, 2011).&nbsp;</p> <p>D&egrave;s lors, la patrimonialisation en contexte professionnel peut se caract&eacute;riser par la constitution et l&rsquo;appropriation d&rsquo;un dispositif communicationnel, documentaire et culturel par une collectivit&eacute; (les salari&eacute;s d&rsquo;une entreprise, les membres d&rsquo;une communaut&eacute; professionnelle), s&rsquo;appuyant notamment sur les besoins d&rsquo;information et la place centrale accord&eacute;e au document technique. Le document technique permet certes&nbsp; la r&eacute;actualisation des connaissances, mais &eacute;galement la compr&eacute;hension de situations-probl&egrave;mes et la dimension prescriptive, permettant ainsi de renforcer la communaut&eacute; professionnelle notamment &agrave; partir des arbitrages et des prises de d&eacute;cision &agrave; acter&nbsp;; nous pouvons &eacute;voquer l&agrave; le passage de l&rsquo;information &agrave; une forme n&eacute;goci&eacute;e de connaissance. Cette construction est li&eacute;e &agrave; un contexte technologique d&rsquo;industrialisation culturelle, est aujourd&rsquo;hui ins&eacute;parable des politiques de m&eacute;diatisation, d&rsquo;une part, &agrave; travers notamment les dispositifs techniques de num&eacute;risation et de collection des fonds, et de m&eacute;diation, d&rsquo;autre part, &agrave; travers les dispositifs culturels et p&eacute;dagogiques associ&eacute;s.</p> <p>Ainsi, le patrimoine de ressources mis &agrave; disposition doit r&eacute;pondre &agrave; un ensemble de crit&egrave;res comme la lisibilit&eacute;, l&rsquo;accessibilit&eacute;, la cr&eacute;dibilit&eacute; et l&rsquo;intelligibilit&eacute;. Les professionnels que nous avons &eacute;tudi&eacute;s remettent en question, dans l&rsquo;&eacute;conomie de la construction, le mod&egrave;le industriel, rationaliste et capitaliste qui repose, du point de vue de l&rsquo;information, sur l&rsquo;industrialisation de la culture, de l&rsquo;attention et du savoir, au profit d&rsquo;une logique de l&rsquo;artisanat, du faire et du faire-avec, qui s&rsquo;incarne par exemple dans le compagnonnage ou les diverses proc&eacute;dures d&rsquo;affiliation des savoirs. Se font face les logiques d&rsquo;universalisation face &agrave; la logique s&eacute;culi&egrave;re et sp&eacute;cifique. Nombre de professionnels interrog&eacute;s (pr&egrave;s de 70% d&rsquo;entre eux) d&eacute;clarent &ecirc;tre entr&eacute;s en r&eacute;sistance avec de grands organismes fournisseurs d&rsquo;information, certes volum&eacute;triquement cons&eacute;quente mais trop &eacute;loign&eacute;e ou r&eacute;p&eacute;titive en &eacute;cho &agrave; leur connaissance et leur pratique professionnelle quotidienne.</p> <p>Par ailleurs, la circulation des savoirs se fait &agrave; partir de th&eacute;matiques ancr&eacute;es dans l&rsquo;activit&eacute; et d&eacute;finies de fa&ccedil;on structurelle (les savoirs n&eacute;cessaires, dans toute leur diversit&eacute;) et conjoncturelle (les projets). Sur le plan social enfin, dans le questionnement sur&nbsp; le r&ocirc;le et&nbsp; la place de l&rsquo;information en entreprise ou dans un collectif d&rsquo;entreprises, chaque individu repr&eacute;sente le maillon d&rsquo;une cha&icirc;ne informationnelle dans laquelle se construit l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;une m&eacute;moire collective et collaborative. Les professionnels &eacute;tudi&eacute;s regrettent souvent la difficult&eacute; de conserver une m&eacute;moire de leurs exp&eacute;riences, de leurs d&eacute;couvertes et m&ecirc;me de leur propre travail de communication. Ils s&rsquo;interrogent surtout sur les moyens de partager l&rsquo;information en ne communiquant que ce qui fait sens et correspond fondamentalement aux besoins d&rsquo;information li&eacute;s &agrave; la prise en charge de l&rsquo;activit&eacute;.</p> <h3>Les trois cat&eacute;gories d&rsquo;information apparues comme d&eacute;terminantes&nbsp;</h3> <p>De par nos enqu&ecirc;tes, entretiens et &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;observation recueillis, trois types d&rsquo;information semblent constituer le socle de la fourniture d&rsquo;information &agrave; caract&egrave;re professionnel pour les acteurs de l&rsquo;&eacute;co-construction, qu&rsquo;ils con&ccedil;oivent des projets architecturaux ou qu&rsquo;ils les construisent.</p> <p>La premi&egrave;re cat&eacute;gorie concerne les informations en lien avec l&rsquo;environnement social et culturel, c&#39;est-&agrave;-dire tout ce qui touche &agrave; la documentation et aux informations sur les lois, les textes normatifs. A travers ces niveaux de litt&eacute;rature, outre la recherche de conformit&eacute; des proc&eacute;dures est vis&eacute;e &eacute;galement une &eacute;thique professionnelle faisant sens &agrave; chacun.</p> <p>Le deuxi&egrave;me type d&rsquo;information est relatif aux instrumentations symboliques ou s&eacute;mantiques, donne &agrave; voir les courants de recherches, des &eacute;coles, les travaux de chercheurs scientifiques actuels ou plus anciens sur lesquels s&rsquo;appuient les individus dans le cadre de leur activit&eacute;. Ces informations sont plus li&eacute;es &agrave; des contenus produits et identifi&eacute;s par des auteurs de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;; l&rsquo;information est alors consid&eacute;r&eacute;e au regard d&rsquo;une approche biographique et d&rsquo;un camp de pens&eacute;e. Le d&eacute;veloppement et la structuration de l&rsquo;information reposent alors principalement sur une base de donn&eacute;es de comp&eacute;tences et de portraits que les seuls documents qui y sont associ&eacute;s.</p> <p>&nbsp;Enfin, le dernier grand type d&rsquo;information repr&eacute;sente ce qui est consid&eacute;r&eacute; par la personne comme une solution technique qu&rsquo;elle va mobiliser pour r&eacute;soudre un probl&egrave;me dans son activit&eacute; de travail&nbsp;: cette entr&eacute;e concerne principalement les logiciels utilis&eacute;s, les bulletins professionnels, les nomenclatures, les fiches de sp&eacute;cification technique. Ces qualifications des informations nous ont permis d&rsquo;envisager progressivement les bases d&rsquo;un patrimoine commun d&rsquo;informations. Ainsi, &agrave; travers l&rsquo;identification argument&eacute;e des types d&rsquo;information, cette premi&egrave;re &eacute;tape de la recherche a permis de d&eacute;terminer des domaines de surveillance partag&eacute;s&nbsp;; nous en avons rep&eacute;r&eacute; cinq &agrave; savoir : la ma&icirc;trise &eacute;nerg&eacute;tique, le sour&ccedil;age des mat&eacute;riaux de construction (comprenant la provenance, les modes de production et de distribution, l&rsquo;impact sanitaire), le transport et les formes de concertation. Nous voyons ainsi &eacute;merger un rapport invers&eacute; &agrave; l&rsquo;information, o&ugrave; le mod&egrave;le manag&eacute;rial en jeu n&rsquo;est plus de veiller et de mettre &agrave; disposition l&rsquo;information index&eacute;e sur les th&eacute;matiques du secteur d&rsquo;activit&eacute;s, mais &agrave; discriminer les informations clefs s&rsquo;inscrivant dans un besoin collectif communautaire n&eacute;goci&eacute; avec chaque membre impliqu&eacute; dans le collectif consid&eacute;r&eacute; en vue de constituer une base de connaissances partag&eacute;es.</p> <h3>Penser l&rsquo;organisation de l&rsquo;information telle qu&rsquo;elle est et non pas comme elle devrait &ecirc;tre&nbsp;</h3> <p>La deuxi&egrave;me partie de la recherche a consist&eacute;, suivant l&rsquo;approche manag&eacute;riale et documentaire, &agrave; retourner sur le terrain chez certains acteurs volontaires pour comprendre l&rsquo;organisation de leur syst&egrave;me d&rsquo;information personnel (s&eacute;lection, rangement, classement). Il s&rsquo;agissait alors d&rsquo;observer de l&rsquo;int&eacute;rieur, dans une approche sociographique, l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me informationnel des acteurs &agrave; partir de leur syst&egrave;me d&rsquo;information personnel (Guyot, 2006) en identifiant des objets, des pratiques et des contextes de r&eacute;f&eacute;rence. L&rsquo;approche sociographique convoqu&eacute;e repose sur l&rsquo;analyse des ressources par le biais de captation qui s&rsquo;est faite &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;appareils de prises de vues, d&rsquo;enregistrements sonores et d&rsquo;extraction de parties des syst&egrave;mes d&rsquo;information professionnels personnels. Outre la captation de l&rsquo;existant, la &laquo; visite &raquo; de l&rsquo;espace de travail, toujours faite en bin&ocirc;mes de chercheurs, s&rsquo;est accompagn&eacute;e d&rsquo;un entretien d&rsquo;explicitation sur les &eacute;l&eacute;ments observ&eacute;s. Nous avons donc observ&eacute; les espaces de travail en tant qu&rsquo;organisateurs de l&rsquo;information &agrave; travers des dispositifs de mise en situation d&rsquo;usage ou de communication, et les espaces internes aux syst&egrave;mes d&rsquo;information documentaires dans les ordinateurs des acteurs et &agrave; travers les mises en r&eacute;seaux. Les pratiques informationnelles vis&eacute;es ne concernent pas seulement la phase de recherche d&rsquo;information, mais plut&ocirc;t l&rsquo;organisation de l&rsquo;information en vue de son usage professionnel et de sa communication &agrave; d&rsquo;autres. A leurs yeux, l&rsquo;information recueillie devient connaissance professionnelle &agrave; compter du moment o&ugrave; celle-ci est mise en partage et en discussion entre les pairs.</p> <table align="center" border="0" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td style="text-align: center;" valign="top" width="211">&nbsp;<img alt="2015 revue liquete1" src="https://i.ibb.co/phkpWDG/2015-revue-liquete1.png" /></td> <td style="text-align: center;" valign="top" width="211">&nbsp;<img alt="2015 revue liquete2" src="https://i.ibb.co/KFSXgT9/2015-revue-liquete2.png" /></td> </tr> <tr> <td style="text-align: center;" valign="top" width="211"><em>Illustration 1&nbsp;: Exemple de document technique&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</em></td> <td style="text-align: center;" valign="top" width="211"><em>Illustration 2&nbsp;: Espace mat&eacute;riel de rangement de documents h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes</em></td> </tr> </tbody> </table> <h2><a id="t6"></a>POUR UN MANAGEMENT DURABLE PAR LA PATRIMONIALISATION NEGOCIEE DE L&rsquo;INFORMATION</h2> <p>Ainsi, le mod&egrave;le de management par la patrimonialisation que nous pr&eacute;senterons, s&rsquo;appuiera sur la r&eacute;actualisation partag&eacute;e des connaissances, la compr&eacute;hension de situations-probl&egrave;mes et la dimension prescriptive, permettant ainsi de renforcer la communaut&eacute; professionnelle dans son activit&eacute; &agrave; partir des documents conserv&eacute;s, stock&eacute;s et index&eacute;s. Cette construction n&rsquo;a de sens que si le patrimoine informationnel ainsi constitu&eacute; devient rassembleur &agrave; travers un travail de valorisation qui permet ult&eacute;rieurement de le diffuser au-del&agrave; de la communaut&eacute; professionnelle ; nous touchons l&agrave; un mod&egrave;le manag&eacute;rial complexe et croisant diverses approches de gestion et de conception de l&rsquo;information au-del&agrave; du seul paradigme de la gestion de l&rsquo;information.</p> <p>De plus, la constitution de collections professionnelles repr&eacute;sente un patrimoine collectif au sens culturel du terme s&rsquo;il est utile &agrave; tous les acteurs concern&eacute;s. Dans cette perspective &laquo; (du) point de vue th&eacute;orique&nbsp;&raquo;, la collection num&eacute;rique ne semble pas d&eacute;roger &agrave; la d&eacute;finition canonique de la collection (au sens biblioth&eacute;conomique), c&rsquo;est-&agrave;-dire un ensemble coh&eacute;rent de documents, &eacute;tabli en vue d&rsquo;un usage pr&eacute;cis, faisant l&rsquo;objet d&rsquo;une gestion. Chacun des objets qui la composent a plus de valeur dans l&rsquo;entit&eacute; collective qu&rsquo;il n&rsquo;en aurait individuellement (Martin, Berm&egrave;s, 2010). D&egrave;s lors, la constitution de collections repose sur un mod&egrave;le d&rsquo;analyse des pratiques professionnelles croisant usages et dispositifs de patrimonialisation par la num&eacute;risation. Or, pour construire un patrimoine utile &agrave; l&rsquo;usage professionnel, la m&eacute;diation passe par la production de ressources num&eacute;riques puis la num&eacute;risation qui questionnent les collections &agrave; s&eacute;lectionner alors que le patrimoine est en cours de construction, non valid&eacute;, ni institutionnalis&eacute; ni attest&eacute; par la communaut&eacute;. La construction d&rsquo;un dispositif num&eacute;rique de patrimonialisation ax&eacute; sur la m&eacute;diation et la valorisation de l&rsquo;information professionnelle offre ainsi la possibilit&eacute; d&rsquo;une articulation entre l&rsquo;action individuelle des professionnels et celle du secteur d&rsquo;activit&eacute; professionnelle consid&eacute;r&eacute;. Les collections de ressources et d&rsquo;information sont la condition d&rsquo;un patrimoine cognitif partag&eacute;.</p> <h3>La constitution de collections&nbsp;par les professionnels&nbsp;</h3> <p>La collection repr&eacute;sente un patrimoine collectif au sens culturel du terme si elle est utile &agrave; tous les acteurs concern&eacute;s. Elle peut devenir patrimoine &agrave; partir du moment o&ugrave; elle est partageable, sans restriction et porteuse de sens, pour l&rsquo;ensemble de la communaut&eacute;. Dans cette optique, la collection a principalement deux fonctions. Elle a tout d&rsquo;abord une fonction &laquo;&nbsp;m&eacute;morielle&nbsp;&raquo;, qui garantit l&rsquo;acc&egrave;s au savoir de mani&egrave;re authentifi&eacute;e et valid&eacute;e. Yves Jeanneret rappelle que la m&eacute;moire est une notion polys&eacute;mique qui permet &laquo;&nbsp;[&hellip;]&nbsp;<em>d&rsquo;attribuer une teneur cognitive &agrave; des objets textuels</em>&nbsp;(Schuerewegen, 1999)<em>&nbsp;et iconiques</em>&nbsp;(Souchier, 2007)&nbsp;&raquo; (Jeanneret, 2008&nbsp;: 32). En ce qui concerne les collections mises en &oelig;uvre par la communaut&eacute; des &eacute;co-constructeurs, la dimension patrimoniale des objets documentaires repose non pas sur des &laquo; pratiques oubli&eacute;es &raquo; mais sur des pratiques actuelles &agrave; ne surtout pas oublier et &agrave; mutualiser par le biais des technologies num&eacute;riques.</p> <p>La deuxi&egrave;me dimension de la collection repose sur l&rsquo;ouverture de l&rsquo;information&nbsp; (Calenge, 2010) &agrave; l&rsquo;ensemble de la communaut&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;informations ou de documents d&eacute;tenus localement par un acteur central de la communaut&eacute; qui n&eacute;cessitent une num&eacute;risation et une diffusion vers le collectif pour devenir ainsi un bien commun technique. Cette seconde dimension n&eacute;cessite un mode manag&eacute;rial ouvert, tentant de r&eacute;tablir la confiance et de faire accepter de tous le partage par le plus grand nombre des documents et ressources &agrave; vocation dialogique dans une communaut&eacute;.</p> <h3>L&rsquo;activit&eacute; en marche&nbsp;</h3> <p>On observe dans les espaces de travail des traces de collections documentaires dont certaines ont fait l&rsquo;objet de la part des professionnels d&rsquo;une num&eacute;risation et d&rsquo;une documentarisation (indexation, classement), permettant de mettre en lien, dans l&rsquo;espace num&eacute;rique de travail, des documents avec des projets.</p> <p>La collection, tant dans le dispositif de collecte que dans celui de communication, r&eacute;v&egrave;le et repose en fait sur une culture informationnelle partag&eacute;e dans le groupe social consid&eacute;r&eacute;. Dans le domaine de la gestion de l&rsquo;information, la culture informationnelle &laquo; [&hellip;]&nbsp;<em>est constitu&eacute;e des valeurs, des normes et des comportements partag&eacute;s par un groupe ou une organisation ayant un impact sur la fa&ccedil;on dont l&rsquo;information et per&ccedil;ue, cr&eacute;&eacute;e ou utilis&eacute;e</em>&nbsp;&raquo; (Bergeron et alii, 2010&nbsp;: 190).&nbsp; On note la coexistence de l&rsquo;usage du papier et de l&rsquo;internet avec des syst&egrave;mes de classement parall&egrave;les mettant en &oelig;uvre des syst&egrave;mes de codification &eacute;labor&eacute;s avec des groupements th&eacute;matiques hi&eacute;rarchis&eacute;s, index&eacute;s&nbsp; : codes couleurs th&eacute;matiques, codes alphanum&eacute;riques th&eacute;matiques (architecture, urbanisme, conseil/dessiner : couleurs, personnages, ambiances, textures&hellip;) pour les dossiers et sous-dossiers num&eacute;riques, classements chronologiques. Chez tous les acteurs, le syst&egrave;me de classement de l&rsquo;information correspond &agrave; une typologie des activit&eacute;s. Les collections sont aussi constitu&eacute;es &agrave; partir de d&eacute;marches de recherches sur Internet &agrave; la fois vari&eacute;es et cibl&eacute;es : les recherches se font souvent &agrave; partir des images chez les architectes observ&eacute;s, dont la formation de base est centr&eacute;e sur la repr&eacute;sentation graphique. Ils privil&eacute;gient donc la recherche dans Google Image ou plus largement par formats de fichiers, par exemple, et se constituent des bases d&rsquo;images et de graphiques dont le volume est plus important que les bases de textes. Ces &eacute;l&eacute;ments factuels deviennent des donn&eacute;es brutes sans interpr&eacute;tation aucune. Les collections se fabriquent au quotidien dans une logique pragmatique et cibl&eacute;e par rapport &agrave; des r&eacute;ponses &agrave; des probl&egrave;mes techniques ou esth&eacute;tiques. Les professionnels cr&eacute;ent ainsi des bases de donn&eacute;es faites d&rsquo;&eacute;chantillons. Les images collect&eacute;es leur permettent d&rsquo;anticiper et de se projeter sur ce qu&rsquo;ils souhaitent mettre en &oelig;uvre pour leurs futurs chantiers. La constitution de collection est une activit&eacute; d&rsquo;information r&eacute;elle chez l&rsquo;ensemble des acteurs consult&eacute;s, l&rsquo;organisation des ressources en dossiers th&eacute;matiques restant principalement un support de prise de d&eacute;cision. Les ressources sont aussi conserv&eacute;es dans des sortes de books ou catalogues au cas o&ugrave; elles pourraient servir ult&eacute;rieurement. Ceci nous rapproche du concept de &laquo;<em>personal information management</em>&nbsp;&raquo;&nbsp; au sens de Bruce (2005).</p> <p>La compilation des ressources sous forme de collections a donc une incidence tr&egrave;s concr&egrave;te, assez imm&eacute;diate, les enjeux &eacute;tant &agrave; la fois techniques et &eacute;conomiques. L&rsquo;enqu&ecirc;te montre tr&egrave;s clairement que les collections jusqu&rsquo;alors mat&eacute;rielles (revues, livres, &eacute;chantillons) ont &eacute;t&eacute; remplac&eacute;es presqu&rsquo;exclusivement par des collections virtuelles, la num&eacute;risation (le passage du document papier au document num&eacute;rique ou la num&eacute;risation du document mat&eacute;riel, assez fr&eacute;quente) offrant finalement la condition de possibilit&eacute; d&rsquo;une patrimonialisation.</p> <p>Le processus de num&eacute;risation des collections interroge le rapport aux objets collect&eacute;s par les acteurs et les dispositifs de m&eacute;diation &agrave; mettre en place. Dans l&rsquo;&eacute;volution des dispositifs d&rsquo;&eacute;criture, la num&eacute;risation a permis la reproductibilit&eacute; et la &laquo;&nbsp;<em>mise en communication</em>&nbsp;&raquo; des objets patrimoniaux avec leur public (Davallon, 2006&nbsp;: 37).</p> <h2><a id="t7"></a>DISCUSSION ET MISE EN &OElig;UVRE</h2> <h3>L&rsquo;&eacute;volution du syst&egrave;me de management pour une approche durable de la gestion de l&rsquo;information&nbsp;</h3> <p>La num&eacute;risation autorise le travail de pr&eacute;servation de l&rsquo;information en r&eacute;seau, ouvrant la possibilit&eacute; de passer du sch&eacute;ma pyramidal du pouvoir sur l&rsquo;information &agrave; une organisation r&eacute;ticulaire du savoir. En effet, les ressources documentaires issues de catalogues papier peuvent constituer des collections &agrave; num&eacute;riser dans des bases de donn&eacute;es partageables, consid&eacute;r&eacute;es comme des lieux sociaux et de savoirs partag&eacute;s et mutualis&eacute;s par la communaut&eacute; de pratique. Nous entendons par ressources &laquo; [&hellip;]&nbsp;<em>des informations construites dans une logique de m&eacute;diation et d&rsquo;usage (r&eacute;ception), &eacute;volutives (susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre mises &agrave; jour), et &eacute;ventuellement adaptables (personnalisables). Leur fonction est d&rsquo;&ecirc;tre utiles et de rendre des services. Elles fournissent du renseignement (instantan&eacute;) mais non de la preuve (au sens d&rsquo;un t&eacute;moignage historique ayant &eacute;t&eacute; pr&eacute;serv&eacute;)</em>&nbsp;&raquo; (Lain&eacute;-Cruzel, 2004&nbsp;: 112). Il devient d&egrave;s lors n&eacute;cessaire voire obligatoire d&rsquo;imaginer des modes d&rsquo;&eacute;change et de confrontation des pratiques informationnelles engag&eacute;es visant &agrave; discriminer des ressources pour ne retenir que celles qui font sens pour la plupart d&rsquo;entre eux, en faisant dialoguer les professionnels en &eacute;cho aux ressources et aux documents techniques.</p> <h3>Les bases du patrimoine informationnel&nbsp;</h3> <p>Les collections &agrave; constituer doivent ainsi comprendre non seulement l&rsquo;information scientifique et professionnelle li&eacute;e au secteur de l&rsquo;&eacute;co-construction, mais &eacute;galement les informations g&eacute;ographiques (cadastre), juridiques (normes), et techniques (documents techniques unifi&eacute;s par exemple).</p> <p>Les documents &agrave; num&eacute;riser sont les documents techniques poss&eacute;d&eacute;s mat&eacute;riellement par les acteurs, ainsi que les traces de leurs activit&eacute;s mat&eacute;rielles (photographies, recueils de notes sur les chantiers). La pertinence de la num&eacute;risation de ce type de documents repose sur les enjeux d&rsquo;un renouvellement de l&rsquo;infrastructure de l&rsquo;information autour de m&eacute;tadonn&eacute;es permettant aux acteurs de se r&eacute;approprier le savoir scientifique pour l&rsquo;instant diffus&eacute; et commercialis&eacute; partiellement par le secteur &eacute;ditorial priv&eacute;. &nbsp;La dimension collective et collaborative des collections en construction, en opposition &agrave; la logique commerciale et ferm&eacute;e des bases de donn&eacute;es, reste cantonn&eacute;e &agrave; une &eacute;chelle limit&eacute;e, essentiellement pour des raisons de formation &agrave; une culture de l&rsquo;information partag&eacute;e et &agrave; l&rsquo;absence de dispositifs techniques et humains d&rsquo;explicitation et d&rsquo;analyse des besoins informationnels.</p> <h3>Pour une architecture de l&rsquo;information&nbsp;</h3> <p>Cette architecture est &agrave; construire en fonction de collections num&eacute;riques d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sentes sur le web et rassembl&eacute;es par les professionnels, de collections d&rsquo;objets mat&eacute;riels en leur possession &agrave; num&eacute;riser, et de collections de donn&eacute;es sous forme num&eacute;rique &agrave; organiser. La difficult&eacute; de construire un dispositif adapt&eacute; aux collections de la communaut&eacute; r&eacute;side dans la fragmentation et la diversit&eacute; des contenus collectionn&eacute;s. L&rsquo;architecture de l&rsquo;information d&eacute;signe ainsi selon nous, une approche de l&rsquo;information qui combine la conception technique des dispositifs, l&rsquo;organisation des contenus et le design orient&eacute; utilisateur (Morville, 2002).</p> <p>Dans cette perspective d&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un architecture durable de l&rsquo;information en &eacute;co-construction, le dispositif pourrait se construire autour de la mise en place d&rsquo;une base de donn&eacute;es de connaissances, d&rsquo;un syst&egrave;me de classification, d&rsquo;un vocabulaire pouvant prendre la forme d&rsquo;un th&eacute;saurus&nbsp; pour avoir une base commune (type de m&eacute;tiers, proc&eacute;dures, normes) &agrave; partir de laquelle travailler, d&rsquo;un processus de standardisation des donn&eacute;es par le biais de formats, d&rsquo;un espace de stockage des collections pour rendre lisible l&rsquo;organisation documentaire globale des collections, d&rsquo;un espace de partage via les r&eacute;seaux socio-num&eacute;riques. La cr&eacute;ation d&rsquo;un tel dispositif a une valeur heuristique pour les acteurs de la communaut&eacute; &eacute;tudi&eacute;e. Elle t&eacute;moigne d&rsquo;une volont&eacute; de r&eacute;fl&eacute;chir sur le d&eacute;veloppement de la documentation num&eacute;rique et des processus de num&eacute;risation.</p> <h2><a id="t8"></a>CONCLUSION GENERALE &nbsp;</h2> <p>Les recherches men&eacute;es depuis 2014 aupr&egrave;s des &eacute;co-concepteurs montrent que le partage de connaissances au sein de la communaut&eacute; s&rsquo;appuie sur la constitution de collections num&eacute;riques dans une perspective de patrimonialisation comprise comme un processus ouvert et collectif, continuellement n&eacute;goci&eacute; entre les acteurs. Au-del&agrave; de l&rsquo;usage de documents, notamment techniques, au sein de leur activit&eacute; de travail, les professionnels du secteur ont besoin de construire une culture informationnelle commune fond&eacute;e sur la transmission et la m&eacute;diation de valeurs partag&eacute;es et mutualisables. La cr&eacute;ation d&rsquo;un dispositif num&eacute;rique ax&eacute; sur la m&eacute;diation et la valorisation de l&rsquo;information professionnelle offre ainsi la possibilit&eacute; d&rsquo;une articulation entre l&rsquo;action des individus et celle du secteur d&rsquo;activit&eacute; professionnelle consid&eacute;r&eacute;. Ainsi, penser un syst&egrave;me d&rsquo;information durable &agrave; vis&eacute;e professionnelle ne peut se concevoir que dans la n&eacute;gociation et l&rsquo;ajustement des collections par l&rsquo;analyse fine des pratiques effectivement engag&eacute;es et non suppos&eacute;es autour d&rsquo;utopies de la performance. Afin d&rsquo;&eacute;viter toute ossification de tel d&eacute;ploiement, la n&eacute;gociation entre chercheurs, d&eacute;veloppeurs et professionnels du secteur d&rsquo;activit&eacute;s observ&eacute; doit &ecirc;tre en filigrane et permanente, afin d&rsquo;ajuster r&eacute;guli&egrave;rement la base de donn&eacute;es et le patrimoine informationnel mis &agrave; disposition avec les besoins et l&rsquo;&eacute;volution de la pratique en situation. Les temps de rencontre ou de concertation, de co-production, de formations mutuelles restent des instants privil&eacute;gi&eacute;s &agrave; ces r&eacute;ajustements informationnels et manag&eacute;riaux.</p> <h2><a id="t9"></a>REPERES BIBLIOGRAPHIQUES</h2> <p>Bergeron, P. et al. (2010). La gestion strat&eacute;gique de l&rsquo;information. Dans J.-M. Sala&uuml;n et C. Arsenault (dir.), Introduction aux sciences de l&rsquo;information (p.183-205). Paris : La d&eacute;couverte.</p> <p>Bruce, H. (2005). Personal, anticipated information need. Information Research, 10/3, [en ligne]&nbsp;<a href="http://informationr.net/ir/10-3/paper232.html">http://informationr.net/ir/10-3/paper232.html</a>&nbsp;</p> <p>Calenge, B. (2010). Le nouveau visage des collections. Bulletin des Biblioth&egrave;ques de France, t. 55 (3), p. 6-12.</p> <p>Chastel, A. (1997). La notion de patrimoine. Dans P. Nora (dir.), Les lieux de m&eacute;moire (tome 1, p. 1433-1469). Paris : Gallimard.</p> <p>Davallon, J. (2006). Le don du patrimoine : une approche communicationnelle de la patrimonialisation. Paris : Herm&egrave;s Lavoisier.</p> <p>Engestr&ouml;m, Y. (1999). Activity Theory and Individual and Social Transformation. Dans Y. Engestr&ouml;m, R. Miettinen et R.-L. Punam&auml;ki &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; (dir.), Perspective on Activity Theory: Learning in doing: Social, Cognitive, and Computational Perspectives (p.19-38). New York: Cambridge University Press.</p> <p>Guyot, B. (2006). Dynamiques informationnelles dans les organisations. Paris&nbsp;: Lavoisier.</p> <p>Jeanneret, Y. (2008). Penser la trivialit&eacute;. Volume 1 : la vie triviale des &ecirc;tres culturels. Paris : Herm&egrave;s-Lavoisier.</p> <p>Lain&eacute;-Cruzel, S. (2008). Documents, ressources, donn&eacute;es : les avatars de l&rsquo;information num&eacute;rique. Information-Interaction-Intelligence, vol. 4 (1), p.105-119. &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <p>Liqu&egrave;te, V. (2015). Pr&eacute;server la durabilit&eacute; des pratiques informationnelles des acteurs de l&rsquo;architecture &eacute;co-constructive&nbsp;: des pratiques informationnelles &agrave; une m&eacute;moire collective de travail. Dans&nbsp;M. Mallowan (dir.), 5&egrave;mecolloque sp&eacute;cialis&eacute; en Sciences de l&rsquo;Information (COSSI, Shippagan, Canada).&nbsp;Culture de l&rsquo;information et &nbsp; pratiques informationnelles durables. Moncton&nbsp;: Universit&eacute;.</p> <p>Martin, F. et Berm&egrave;s, E. (2010). Le concept de collection num&eacute;rique. Bulletin des Biblioth&egrave;ques de France, t.55 (3), p. 13-17.</p> <p>Morville, P. (2002). The Definition of Information Architecture, traduit de l&rsquo;am&eacute;ricain par Fr&eacute;d&eacute;ric Cavazza, le 28 mai 2003, [en ligne]&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<a href="http://iainstitute.org/fr/translations/000125.html">http://iainstitute.org/fr/translations/000125.html</a>&nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <p>Paganelli, C. (2012). Une approche info-communicationnelle des activit&eacute;s informationnelles en contexte de travail : Acteurs, pratiques et logiques&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <p>sociales, HDR Universit&eacute; Stendhal - Grenoble III Groupe de Recherche sur les Enjeux de la Communication. Grenoble&nbsp;: Universit&eacute;.</p> <p>Pontalis, J.-B. (2001). Ce temps qui ne passe pas. Paris : Gallimard.</p> <p>Stalder, A. et Delamotte, E. (2014). Informer, s&rsquo;informer en contextes professionnels&nbsp;: une approche par le document technique. Dans V. Liqu&egrave;te (dir.), &nbsp;Cultures de l&rsquo;information (p. 91-114). Paris&nbsp;: CNRS &nbsp; Editions.</p> <p>Vidal, G. (2012). La sociologie des usages, continuit&eacute;s et transformations. Paris&nbsp;: Lavoisier, Hermes Science publications.&nbsp;</p> <h2><a id="t10"></a>ANNEXES ILLUSTRATIVES</h2> <p>Lien actif&nbsp;: [<a href="http://www.netvibes.com/espegccpa">http://www.netvibes.com/espegccpa#</a>&nbsp;&nbsp;]</p> <p style="text-align: center;"><em>Illustration 3&nbsp;: Entr&eacute;e par mat&eacute;riau de construction&nbsp;:</em></p> <p style="text-align: center;"><em><img alt="2015 revue liquete3" src="https://i.ibb.co/sQDZ3Hs/2015-revue-liquete3.png" style="width: 650px; height: 312px;" /></em></p> <p style="text-align: center;"><em>Illustration 4&nbsp;: Entr&eacute;e par phase de conception projet &eacute;co-architecture&nbsp;:</em></p> <p style="text-align: center;"><em><img alt="2015 revue liquete4" src="https://i.ibb.co/7pbrK84/2015-revue-liquete4.png" style="width: 650px; height: 335px;" /></em></p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/1-2016-communication-information-et-savoir-quel-management-pour-une-organisation-durable/470-2016-revue-liquete#ftnref1" id="ftn1"><sup>[1]</sup></a>Recherche GCCPA financ&eacute;e par le Conseil R&eacute;gional d&rsquo;Aqutaine, site en ligne,&nbsp;<a href="http://www.gccpa.espe-aquitaine.fr/">www.gccpa.espe-aquitaine.fr</a>&nbsp;&ndash; Chercheuses impliqu&eacute;es, Anne Lehmans et Karel Soumagnac Colin.</p>