<p><strong>Abstract :</strong>&nbsp;The analysis of information practices mobilizing the technical document in a community of practice of the construction sector reveals a specific literacy developed in organization by a double learning process: acquisition during the activity and acquisition by affiliation. The question of the sustainability of this literacy raises, literacy witch is not conscious among actors while it constitutes a structuring element of the organizational fact in the construction industry. The hologrammatic paradigm suggests governance for the skills related to it in their individual, shared and organizational dimensions.&nbsp;</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong>&nbsp;Information practices; technical document; literacy; affiliation; governance; hologrammatic paradigm.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>INTRODUCTION</h2> <p>Le document technique est un rapport au monde, &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;une technologie intellectuelle. Existant sous une forme connue et stabilis&eacute;e depuis les premiers trait&eacute;s d&rsquo;architecture de l&rsquo;Antiquit&eacute;, sa forme a peu vari&eacute;. Ce document &eacute;tant utilis&eacute; par des individus socialement situ&eacute;s, l&rsquo;&eacute;tude de ses pratiques permet de le consid&eacute;rer comme objet de m&eacute;diation permettant la convergence entre sa valeur cognitive, sa valeur identitaire et sa valeur op&eacute;ratoire. Il peut &ecirc;tre d&eacute;fini comme un dispositif informationnel et communicationnel puissant permettant aux diff&eacute;rents acteurs de trouver un consensus d&rsquo;action. On peut dire qu&rsquo;il est porteur d&rsquo;une culture informationnelle professionnelle (Delamotte &amp; Stalder, 2014).</p> <p>L&rsquo;un des &eacute;l&eacute;ments les plus saillants de cette culture est l&rsquo;existence d&rsquo;une litt&eacute;racie entendue ici non pas seulement comme la simple capacit&eacute; &agrave; lire et &eacute;crire avec ce document, mais bien comme la capacit&eacute; d&rsquo;agir avec lui et de parvenir &agrave; ses fins dans ses activit&eacute;s professionnelles. Alors qu&rsquo;elle peut &ecirc;tre saisie notamment gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;observation des interactions qui se jouent dans des situations localis&eacute;es, elle ne fait pas l&rsquo;objet d&rsquo;apprentissages sp&eacute;cifiques, ni &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole, ni au sein de l&rsquo;organisation. C&rsquo;est pourtant elle qui constitue des rep&egrave;res pour agir de fa&ccedil;on collective. Ne faut-il pas alors se poser les questions de sa perception par les acteurs, de sa circulation ainsi que des conditions de sa durabilit&eacute; en organisation&nbsp;?</p> <p>Pour y r&eacute;pondre cette communication s&rsquo;appuiera sur l&rsquo;&eacute;tude des pratiques informationnelles au sein d&rsquo;une communaut&eacute; de pratiques, les conducteurs de travaux en b&acirc;timent, que nous conduisons dans le cadre d&rsquo;un doctorat.</p> <h2><a id="t2"></a>UNE LITT&Eacute;RACIE MOBILIS&Eacute;E LORS DE PROCESSUS D&rsquo;&Eacute;DITORIALISATION INCESSANTS</h2> <h3>Le document technique&nbsp;: un dispositif de m&eacute;diation du fait technique</h3> <p>&Eacute;tudier le document par ses pratiques c&rsquo;est le consid&eacute;rer comme un objet central dans les relations entre acteurs dans l&rsquo;organisation. Il contribue &agrave; l&rsquo;organisation au sens o&ugrave; il permet &agrave; l&rsquo;acteur de coordonner son action avec celle des autres acteurs mais aussi avec les objectifs de l&rsquo;organisation. De simple support d&rsquo;information il devient alors un dispositif de m&eacute;diation entre les acteurs eux-m&ecirc;mes et entre les acteurs et l&rsquo;organisation. Une notion de m&eacute;diation que l&rsquo;on retrouve chez Y.&nbsp;Jeanneret qui d&eacute;finit l&rsquo;information comme &laquo;&nbsp;une relation unissant des sujets par l&rsquo;interm&eacute;diaire de m&eacute;diations mat&eacute;rielles et intellectuelles&nbsp;&raquo; (2004) et &laquo;&nbsp;elle n&rsquo;a pas de valeur, ni m&ecirc;me de sens ou d&rsquo;existence en dehors de situations personnelles ou sociales&nbsp;&raquo; (2002). Li&eacute; au processus de m&eacute;diation, le document peut ainsi &ecirc;tre envisag&eacute; dans l&rsquo;organisation comme &laquo;&nbsp;un instrument de captation et de compr&eacute;hension des processus de m&eacute;diation et des situations de communication&nbsp;&raquo; (Appel, Boulanger &amp; Massou, 2010) et permettre de saisir le fait organisationnel.</p> <p>C&rsquo;est dans le cadre th&eacute;orique des Approches Communicationnelles des Organisations (ACO) que nos travaux se situent : observer et analyser les pratiques pour comprendre les processus de m&eacute;diation via un dispositif informationnel et communicationnel pour voir les logiques organisationnelles &laquo;&nbsp;les ph&eacute;nom&egrave;nes informationnels et communicationnels ne se substituent pas aux rapports sociaux, politiques et &eacute;conomiques&nbsp;&raquo;, mais &laquo;&nbsp;ils relaient des discours, des repr&eacute;sentations sociales, mettent en &oelig;uvre des dispositifs qui influent sur les activit&eacute;s et sur les repr&eacute;sentations individuelles&nbsp;&raquo; (Bouillon, Bourdin &amp; Loneux, 2007). Le dispositif est per&ccedil;u comme un moyen d&rsquo;interactions permettant des processus d&rsquo;&eacute;changes d&rsquo;informations et permettant des constructions de sens.</p> <p>L&rsquo;intention de nos travaux est donc de consid&eacute;rer l&rsquo;organisation comme un lieu de l&rsquo;action collective organis&eacute;e o&ugrave; les activit&eacute;s informationnelles et communicationnelles ont un r&ocirc;le central. Autrement dit, de comprendre le passage de l&rsquo;agir individuel &agrave; l&rsquo;agir collectif dans l&rsquo;organisation via la m&eacute;diation d&rsquo;un document &agrave; forte port&eacute;e symbolique&nbsp;: &laquo;&nbsp;La focalisation sur les aspects symboliques, tels qu&rsquo;ils sont r&eacute;v&eacute;l&eacute;s dans les ph&eacute;nom&egrave;nes informationnels et communicationnels, permet de prolonger les nombreux travaux qui, en socio-&eacute;conomie et en sociologie, se sont interrog&eacute;s sur les probl&eacute;matiques de coordination de l&rsquo;action qui permettent de &laquo; faire organisation &raquo; (ibidem).</p> <h3>Dispositif de captation&nbsp;: le choix de l&rsquo;ethnom&eacute;thodologie</h3> <p>S&rsquo;inscrire dans le cadre th&eacute;orique des ACO implique une enqu&ecirc;te de terrain o&ugrave; se croisent trois perspectives : une perspective id&eacute;ologique&nbsp;tout d&rsquo;abord au cours de laquelle il faut recueillir les discours sur l&rsquo;activit&eacute;&nbsp;; une perspective processuelle&nbsp;ensuite o&ugrave; l&rsquo;on observe la mise en proc&eacute;dure de l&rsquo;activit&eacute;&nbsp;; une perspective situ&eacute;e&nbsp;enfin pour consid&eacute;rer les situations de communication.</p> <p>Ainsi, notre dispositif de captation est multimodal pour saisir au mieux les trois niveaux des interactions, micro, m&eacute;so et macro : &laquo;&nbsp;L&rsquo;analyse des discours ainsi que l&rsquo;observation des formes, des processus et des proc&eacute;dures, procurent un mat&eacute;riau riche d&rsquo;enseignements [...]. Tout d&rsquo;abord elles d&eacute;voilent l&rsquo;importance de la fonction &eacute;ditoriale, et le nombre d&rsquo;acteurs qui y sont mobilis&eacute;s, aussi bien ceux dont ce n&rsquo;est pas le m&eacute;tier principal que ceux qui en sont responsables. Elle s&rsquo;av&egrave;re &eacute;clat&eacute;e, distribu&eacute;e en tous points de la structure, au plan local comme &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle globale [...] elle joue tout au long de la vie d&rsquo;un document et pas seulement &agrave; sa cr&eacute;ation. Celui-ci est entour&eacute; de dispositifs et de syst&egrave;me qui forment la mati&egrave;re m&ecirc;me des interactions professionnelles&nbsp;&raquo; (Guyot, 2012).</p> <p>Les premi&egrave;res enqu&ecirc;tes de terrain conduites depuis un an confirment le choix de l&rsquo;ethnom&eacute;thodologie comme m&eacute;thode d&rsquo;observation efficiente. C&rsquo;est une m&eacute;thode &eacute;prouv&eacute;e notamment par Laurence Monnoyer-Smith et Julien Talpin qui consid&egrave;rent que pour &eacute;tudier les interactions il faut &laquo;&nbsp;d&eacute;plier tout ce qu&#39;il y a de socialement inscrit dans le dispositif technique et&nbsp; comprendre comment les pratiques sociales n&eacute;gocient avec ces dispositifs [...]. L&#39;observation des ethnom&eacute;thodes [...] devient essentielle pour comprendre comment les individus, en interagissant concr&egrave;tement au c&oelig;ur des dispositifs, actualisent les contenus s&eacute;miotiques et normatifs qui y sont inscrits&nbsp;&raquo; (Monnoyer-Smith &amp; Talpin, 2010).</p> <p>C&rsquo;est en comparant des techniques d&rsquo;observation en ethnographie que l&rsquo;ethnographie organisationnelle nous est apparue comme une m&eacute;thode potentiellement f&eacute;conde pour nos recherches. Elle permet de consid&eacute;rer la place des artefacts dans les interactions qui &oelig;uvrent comme des m&eacute;diations mat&eacute;rielles et intellectuelles&nbsp;: &laquo;&nbsp;Suivre &agrave; la trace les jeux relationnels dans lesquels les objets sont impliqu&eacute;s ou dans ceux auxquels ils donnent lieu peut &ecirc;tre une fa&ccedil;on de comprendre les organisations comme un assemblage h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne de pratiques sociales et mat&eacute;rielles (Rouleau, 2013)&nbsp;&raquo;.</p> <p>Parmi les modalit&eacute;s de recherche, nous avons choisi celle du&nbsp;<em>shadowing</em>, &laquo;&nbsp;m&eacute;thode de recherche qui consiste &agrave; suivre une personne comme son ombre &ndash; de &laquo;&nbsp;marcher dans ses pas&nbsp;&raquo; &ndash; la filant &agrave; travers ses diff&eacute;rentes activit&eacute;s et interactions tout en prenant de nombreuses notes de terrain ou en enregistrant par audio et/ou vid&eacute;o (Vasquez, Brummans &amp; Groleau, 2012)&nbsp;&raquo;. L&rsquo;objectif &eacute;tant de &laquo;&nbsp;comprendre la r&eacute;alit&eacute; organisationnelle &agrave; partir du point de vue des acteurs qui la vivent. Dans ce cas, le<em>&nbsp;shadowing</em>&nbsp;devient une m&eacute;thode privil&eacute;gi&eacute;e pour comprendre les pratiques de travail et les interpr&eacute;tations qu&rsquo;en font les acteurs &agrave; partir de leurs propres exp&eacute;riences (Vasquez, 2013).&nbsp;&raquo;.</p> <p>Dans un premier temps, il nous a sembl&eacute; opportun de privil&eacute;gier des situations extr&ecirc;mes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comprendre comment les choses fonctionnent dans un milieu sp&eacute;cifique qu&rsquo;il soit localis&eacute; &agrave; un endroit, multi-site ou virtuel implique d&rsquo;abord de mettre en place un design de recherche qui soit porteur. Les exp&eacute;riences v&eacute;cues m&rsquo;invitent d&rsquo;abord &agrave; sugg&eacute;rer l&rsquo;id&eacute;e de privil&eacute;gier des situations extr&ecirc;mes ou des cas exemplaires, voire m&ecirc;mes critiques. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de succ&egrave;s admirables, d&rsquo;&eacute;checs incompr&eacute;hensibles, de crises, d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements exotiques ou qui se produisent rarement, tous ont en commun d&rsquo;exacerber certaines dimensions de la vie organisationnelle (Rouleau, 2013). &raquo;. C&rsquo;est le cas d&rsquo;une implantation de chantier, d&rsquo;un point &eacute;tape sur le chantier en pr&eacute;sence des chefs de chantier ainsi que des compagnons suite &agrave; un impr&eacute;vu, d&rsquo;un dysfonctionnement &agrave; g&eacute;rer.</p> <p>La figure 1 est un plan sur lequel le conducteur de travaux a marqu&eacute; les diff&eacute;rentes &eacute;tapes de r&eacute;alisation d&rsquo;un chantier ren&eacute;goci&eacute;es avec le repr&eacute;sentant de l&rsquo;entreprise charg&eacute;e de la phase paysag&egrave;re du projet de construction. Ce document technique d&eacute;tourn&eacute; de son usage premier, &agrave; savoir la localisation des zones &agrave; implanter, a &eacute;t&eacute; modifi&eacute; lors d&rsquo;une r&eacute;union de suivi de chantier que l&rsquo;on peut qualifier de crise o&ugrave; devait &ecirc;tre discut&eacute; le retard trop important des travaux. Cette nouvelle planification a donn&eacute; lieu &agrave; des n&eacute;gociations longues entre les divers acteurs en pr&eacute;sence et tr&egrave;s anim&eacute;es en de tr&egrave;s nombreux moments. Ce qui &eacute;tait d&eacute;battu alors &eacute;tait aussi bien la faisabilit&eacute; en terme de temporalit&eacute; qu&rsquo;en terme d&rsquo;organisation du travail&nbsp;: une nouvelle logistique devait &ecirc;tre trouv&eacute;e. Les nouvelles informations ont &eacute;t&eacute; inscrites sur le document selon un code couleur, explicit&eacute; dans un cartouche improvis&eacute;, reprenant les conventions du dessin technique. Lors de cette situation extr&ecirc;me, le document technique s&rsquo;est transform&eacute; en document de contractualisation des travaux &agrave; r&eacute;aliser, la signature du prestataire en faute ajoutant &agrave; la dimension symbolique nouvellement donn&eacute;e, l&rsquo;engageant &agrave; tenir le planning. Inscrire les informations et porter le nouvel accord sur ce support montre la valeur hautement symbolique accord&eacute;e et partag&eacute;e dans la communaut&eacute; de la construction. Ce document a donn&eacute; lieu ensuite &agrave; une ren&eacute;gociation de contrat dans le monde du bureau.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2015 revue stalder1" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/2015-revue-stalder1.png" style="width: 650px; height: 918px;" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1. R&eacute;ajustement du planning de chantier.</em></p> <p>Mais il s&rsquo;est av&eacute;r&eacute; que les situations de routine &eacute;taient aussi porteuses de sens pour les pratiques informationnelles et communicationnelles des conducteurs de travaux. C&rsquo;est pourquoi nous les avons au fil des observations int&eacute;gr&eacute;es au dispositif de captation.</p> <p>Les informateurs de notre enqu&ecirc;te sont deux hommes et une femme, entre 30 et 40 ans, deux de formation ing&eacute;nieur (Andr&eacute; et Marguerite), le troisi&egrave;me a une licence professionnelle de conducteur de travaux, suite &agrave; un parcours en lyc&eacute;e professionnel puis technologique (Gustave).</p> <h3>La litt&eacute;racie du document technique</h3> <p>L&rsquo;observation des pratiques informationnelles mobilisant le document technique d&eacute;voile une litt&eacute;racie aux travers des nombreuses interactions notamment lors du processus dit d&rsquo;&eacute;ditorialisation. Ce processus d&eacute;crit par Brigitte Guyot (2007) d&eacute;signe la phase durant laquelle un document initial produit au sein de l&rsquo;organisation sort d&rsquo;une localit&eacute; (celle du bureau) pour entrer dans une autre localit&eacute; (le chantier) afin de constituer un document appropriable par tous les acteurs, afin qu&rsquo;ils s&rsquo;engagent dans l&rsquo;action. C&rsquo;est par cette succession de r&eacute;&eacute;critures n&eacute;goci&eacute;es que va &ecirc;tre conf&eacute;r&eacute;e au document nouvellement stabilis&eacute; sa nature d&rsquo;artefact pour l&rsquo;action.&nbsp; Dans les situations observ&eacute;es c&rsquo;est la mobilisation de ladite litt&eacute;racie qui permet de stabiliser dans une localit&eacute; le fait technique. Pour faire passer le document technique du monde du bureau au monde du chantier le conducteur de travaux entre dans un processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation qui aboutit &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;un &eacute;crit final, stabilis&eacute;, consensuel et appropriable par tous. Les informateurs reformulent des plans avec un vocabulaire hybride entre celui du bureau et celui du chantier. Ainsi, le document peut perdre de sa pr&eacute;cision en termes techniques, pr&eacute;cision si mise en avant par les conducteurs de travaux quand on leur demande&nbsp;&agrave; quoi ils reconnaissent un document technique&nbsp;: &laquo;&nbsp;&agrave; son caract&egrave;re pr&eacute;cis&nbsp;&raquo;, &nbsp;&laquo;&nbsp;il ne peut pas &ecirc;tre porteur de sous-entendu ou d&rsquo;impr&eacute;cisions&nbsp;&raquo;, &nbsp;&laquo;&nbsp;il ne peut pas &ecirc;tre &eacute;quivoque&nbsp;&raquo;. Mais en situation de communication, et face &agrave; un &eacute;v&eacute;nement impr&eacute;vu, le conducteur de travaux doit trouver un langage m&eacute;dian qui n&rsquo;est pas celui du bureau et doit lever toute ambigu&iuml;t&eacute; pour assurer la bonne r&eacute;alisation du fait technique sur le chantier.</p> <p>La figure 2 est un exemple de ce type de reformulation &agrave; laquelle un de nos informateurs a d&ucirc; proc&eacute;der au cours d&rsquo;une visite de chantier. Face &agrave; des difficult&eacute;s de lecture d&rsquo;un dessin technique de la part d&rsquo;un compagnon il a redessin&eacute; &agrave; main lev&eacute;e sur son cahier de chantier une partie du document initial r&eacute;dig&eacute; selon les normes en vigueur en ne tenant plus compte des conventions du dessin technique et en ajustant le vocabulaire. Ainsi le plancher haut a fait place au &laquo;&nbsp;plafond&nbsp;&raquo; et le plancher bas au &laquo;&nbsp;sol&nbsp;&raquo;. Les deux densit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture montrent les deux phases de cette n&eacute;gociation&nbsp;: dans un premier temps l&rsquo;informateur a redessin&eacute; le fait technique &agrave; produire en inscrivant le langage technique (plancher haut et plancher bas) pensant que cette r&eacute;&eacute;criture suffirait &agrave; lever l&rsquo;incompr&eacute;hension. Face au silence et au manque de r&eacute;action il a alors demand&eacute; au compagnon comment il d&eacute;signait ces &eacute;l&eacute;ments. Ledit compagnon a alors pr&eacute;cis&eacute; que pour lui &laquo;&nbsp;en haut c&rsquo;est le plafond et en bas c&rsquo;est le sol&nbsp;&raquo; et de commenter une fois cette mise au point faite sa compr&eacute;hension de la nouvelle coupe en d&eacute;signant avec ses doigts sur la feuille sa lecture. C&rsquo;est &agrave; la fin de cette phase de n&eacute;gociation que le conducteur de travaux a report&eacute; le vocabulaire du compagnon ainsi que la traduction de sa lecture en reportant la mention &laquo;&nbsp;quant [sic] on regarde&nbsp;&raquo;, cl&ocirc;turant ainsi l&rsquo;accord auquel ils &eacute;taient parvenus en mati&egrave;re de compr&eacute;hension du document et de r&eacute;alisation du fait technique.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2015 revue stalder2" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/2015-revue-stalder2.png" style="width: 650px; height: 394px;" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 2. Reformulation d&rsquo;une coupe</em>.</p> <p>Des entretiens conduits avec nos informateurs montrent qu&rsquo;ils per&ccedil;oivent l&rsquo;importance de ces n&eacute;gociations. Ainsi, pour Gustave, &laquo;&nbsp;il faut savoir &agrave; qui on s&#39;adresse pour ajuster son propos, quelles sont ses comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;. Tout comme, pour Andr&eacute;, &laquo;&nbsp;un document technique doit &ecirc;tre valid&eacute; par tous les int&eacute;ress&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ces comp&eacute;tences d&rsquo;&eacute;criture sont autant textuelles que visuelles puisque le recours au dessin&nbsp;est la solution tr&egrave;s souvent adopt&eacute;e par les informateurs. C&rsquo;est Marguerite&nbsp;qui insiste&nbsp;: &laquo;&nbsp;Un document technique ne peut se concevoir sans recours au dessin, au sch&eacute;ma, etc.&nbsp;&raquo; ou encore &laquo;&nbsp;utilisation de sch&eacute;mas au maximum&nbsp;&raquo;.</p> <h2><a id="t3"></a>UNE LITT&Eacute;RACIE&nbsp;ACQUISE PAR UN DOUBLE PROCESSUS D&rsquo;APPRENTISSAGE INFORMEL</h2> <p>Penser sa durabilit&eacute; suppose tout d&rsquo;abord une prise de conscience de l&rsquo;acquisition de celle-ci de la part des acteurs qui la mobilisent au cours de leurs actions. Or, si des formations existent au sein des grands groupes de B&acirc;timent et Travaux Publics&nbsp; fran&ccedil;ais, elles ne se rapportent qu&rsquo;aux contenus du document. Jamais elles ne concernent le processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation. Pourtant, il y a une perception &eacute;volutive du document technique associ&eacute;e &agrave; une appropriation de la litt&eacute;racie du document technique sans cesse mobilis&eacute;e&nbsp;: de norme inamovible, le document technique devient une aide &agrave; la r&eacute;alisation voire &laquo;&nbsp;un moyen de communication en aucun cas une v&eacute;rit&eacute; toute faite&nbsp;&raquo; selon plusieurs conducteurs de travaux interrog&eacute;s. Par ailleurs, l&rsquo;observation des interactions et l&rsquo;analyse de documents interm&eacute;diaires produits sur le chantier montrent bien qu&rsquo;ils gagnent en expertise au fil des chantiers. Ainsi, un ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;apprentissage social est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre au sein de l&rsquo;organisation t&eacute;moin d&rsquo;une affiliation par un compagnonnage informel entre pairs de fa&ccedil;on horizontale donc, mais aussi de fa&ccedil;on verticale entre conducteurs de travaux et autres professionnels pr&eacute;sents sur le chantier.</p> <h3>Processus d&rsquo;affiliation horizontale et verticale</h3> <p>Il y a une expertise du&nbsp; document technique revendiqu&eacute;e par nos informateurs quand on les interroge sur l&rsquo;&eacute;volution de leur rapport avec le document technique. C&rsquo;est le cas de Marguerite&nbsp;: &laquo;&nbsp;Avec l&#39;exp&eacute;rience, on apprend &agrave; mieux s&eacute;lectionner les informations qu&#39;il contient&nbsp;&raquo; et de Gustave &laquo;&nbsp;maintenant, quand je fais un document technique je projette les gestes pour qu&rsquo;ils soient plus efficaces&nbsp;&raquo;. Ils en retiennent m&ecirc;me des points singuliers qu&rsquo;ils mettent en avant sans relance de la part de l&rsquo;enqu&ecirc;teur. Ce qu&rsquo;ils ont appris de leur exp&eacute;rience dans les n&eacute;gociations rel&egrave;ve bien du processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation. Ainsi, pour Gustave c&rsquo;est la &laquo;&nbsp;vulgarisation du vocabulaire technique&nbsp;&raquo; et pour Marguerite une &laquo;&nbsp;utilisation de sch&eacute;mas au maximum&nbsp;&raquo;.</p> <p>Quand on leur demande ensuite comment ils ont gagn&eacute; en expertise, c&rsquo;est l&rsquo;apprentissage informel entre pairs qui est le premier d&eacute;sign&eacute;. Andr&eacute; &eacute;voque avec un grand plaisir &laquo;&nbsp;un ancien&nbsp;&raquo; comme il le nomme lui-m&ecirc;me, c&ocirc;toy&eacute; dans une pr&eacute;c&eacute;dente grande entreprise du b&acirc;timent. C&rsquo;est &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s qu&rsquo;il a le sentiment d&rsquo;avoir appris &agrave; mieux g&eacute;rer les impr&eacute;vus sur le chantier li&eacute;s &agrave; la mauvaise interpr&eacute;tation d&rsquo;un document technique. Et quand nous lui demandons pourquoi selon lui cet &laquo;&nbsp;ancien&nbsp;&raquo; avait cette expertise, il met en avant sa formation &laquo;&nbsp;maison&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est un gars qui a fait tous les m&eacute;tiers sur le chantier, du coup il sait comment tout le monde fonctionne&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ainsi, &agrave; cette affiliation horizontale, nous pouvons en ajouter une seconde, confirm&eacute;e par les observations in vivo&nbsp;: une affiliation verticale. Gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;immersion longue sur un terrain, nous avons pu noter une expertise au fil des chantiers. Certes, au fil du temps l&rsquo;informateur conna&icirc;t mieux son chantier et les dysfonctionnements &eacute;ventuels aff&eacute;rents. Mais cette expertise augment&eacute;e vient aussi de la connaissance de ses interlocuteurs au fur et &agrave; mesure du chantier o&ugrave; il y a eu de multiples interactions. D&rsquo;ailleurs, au final, quand&nbsp; on demande aux informateurs quelles sont les comp&eacute;tences en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;criture qu&rsquo;il faut avoir pour r&eacute;diger un document technique, il mettent en avant la capacit&eacute; &agrave; d&rsquo;adapter au contexte et aux interlocuteurs. Gustave dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pour moi, le document est adapt&eacute; &agrave; un contexte, &agrave; un interlocuteur&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Un document technique est un outil de travail pouvant &ecirc;tre remis en cause et am&eacute;lior&eacute;, jusqu&#39;&agrave; sa validation et son ex&eacute;cution&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est la situation de communication qui est mise en avant, celle qui fait passer le document technique du monde de la norme du bureau au monde de l&rsquo;activit&eacute; du chantier.</p> <h3>Une litt&eacute;racie d&eacute;velopp&eacute;e en cours d&rsquo;activit&eacute; pour coordonner l&rsquo;action collective</h3> <p>&Agrave; travers le processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation permanent, le conducteur de travaux d&eacute;veloppe une litt&eacute;racie du document technique qui comprend aussi sa dimension communicationnelle. C&rsquo;est sa valeur sociale qui s&rsquo;apprend au fil de l&rsquo;exp&eacute;rience du chantier (exp&eacute;rience &agrave; court terme entre les acteurs d&rsquo;un chantier) et des chantiers (exp&eacute;rience professionnelle du conducteur de travaux &agrave; moyen et long terme).</p> <p>Pour Andr&eacute;, &laquo;&nbsp;le document technique doit toujours &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; par rapport &agrave; son usage in situ&nbsp;&raquo;&nbsp;; il pr&eacute;cise encore&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le document de technique est un outil &eacute;voluant selon les phases de travaux&nbsp;&raquo;. On peut le consid&eacute;rer alors comme un objet interm&eacute;diaire, espace de n&eacute;gociation, qui donne lieu &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de connaissances co-construites. En effet, l&rsquo;apprentissage en cours d&rsquo;activit&eacute; observ&eacute;, se fait selon un processus d&eacute;crit par l&rsquo;anthropologie des connaissances&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;anthropologie des connaissances, dans son acception la plus large, renvoie &agrave; l&rsquo;&eacute;tude pluridisciplinaire des connaissances r&eacute;alis&eacute;es comme discours, comme pratiques, ou comme dispositifs techniques&nbsp;; sur les conditions de leur production, de leur utilisation, de leur transmission et, plus largement, de leur mobilisation par les collectifs humains&nbsp;&raquo; (Vinck, 2007). C&rsquo;est dans ce cadre th&eacute;orique que Dominique Vinck, sociologue des sciences et de l&rsquo;innovation, d&eacute;veloppe le concept d&rsquo;objet interm&eacute;diaire (Vinck, 1999). L&rsquo;objet interm&eacute;diaire est un objet en cours d&rsquo;activit&eacute; qui est constitutif du processus cognitif. Il est tout d&rsquo;abord une m&eacute;diation entre l&rsquo;homme et le monde. C&rsquo;est la dimension situ&eacute;e du processus cognitif. Mais l&rsquo;objet interm&eacute;diaire est aussi une m&eacute;diation entre les diff&eacute;rents acteurs d&rsquo;une situation. C&rsquo;est la dimension situ&eacute;e du processus cognitif. Ces objets sont donc des ressources pour l&rsquo;action et permettent des n&eacute;gociations entre les acteurs. Ils forment un cadrage spatial de l&rsquo;action (ex. du plan avec cotes &agrave; reporter, l&rsquo;animateur le place devant lui, les autres le voyant de c&ocirc;t&eacute;, ce qui g&eacute;n&egrave;re diff&eacute;rents points de vue sur l&rsquo;objet) en distinguant espace public (le plan) et autant d&rsquo;espaces priv&eacute;s que d&rsquo;acteurs. Des actions vont se passer dans l&rsquo;espace collectif (monstration d&rsquo;un point sur le plan), d&rsquo;autres dans l&rsquo;espace priv&eacute; (report de notes sur un carnet).</p> <p>Des r&eacute;gulations incessantes avec un recours au dessin, sur papier bloc-notes ou sur le sol, sont le signe d&rsquo;une adaptation permanente &agrave; des situations professionnelles. Le document technique constitue alors un puissant objet de m&eacute;diation g&eacute;n&eacute;rant une double dynamique de n&eacute;gociation dans un temps et un espace limit&eacute;, permettant aux diff&eacute;rents acteurs de trouver un investissement de forme pour s&rsquo;engager dans l&rsquo;action, un rep&egrave;re commun &agrave; plusieurs individus qui va permettre d&rsquo;arr&ecirc;ter un jugement pour s&rsquo;engager dans l&rsquo;action qui convient (Th&eacute;venot, 2006).</p> <h3>Une litt&eacute;racie actionnelle&nbsp;?</h3> <p>Avec l&rsquo;exp&eacute;rience professionnelle, le document technique est per&ccedil;u comme une aide qui soutient l&rsquo;activit&eacute; technique et non plus comme une norme fig&eacute;e, inamovible.</p> <p>Ce passage de perception d&rsquo;un document contraint &agrave; un document de soutien se remarque aussi chez de jeunes professionnels en formation. Une &eacute;tude conduite en 2009 dans des &eacute;tablissements scolaires fran&ccedil;ais a montr&eacute; qu&rsquo;un tout jeune apprenant a une vision tr&egrave;s contrainte du dispositif. &Agrave; la question &laquo;&nbsp;&Agrave; quoi sert-il&nbsp;?&nbsp;&raquo;, il r&eacute;pond tr&egrave;s souvent &laquo;&nbsp;&Agrave; expliquer&nbsp;ce qu&rsquo;il faut faire&raquo;, &laquo;&nbsp;&Agrave; expliquer les t&acirc;ches qu&rsquo;il faut accomplir&nbsp;&raquo; ou encore &laquo;&nbsp;&Agrave; indiquer la marche &agrave; suivre&nbsp;&raquo;. Ce qui est diff&eacute;rent chez les &eacute;l&egrave;ves du cycle terminal ou en formation sup&eacute;rieure qui r&eacute;pondent pour certains&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il m&rsquo;aide &agrave; avoir des solutions pour agir&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Il sert &agrave; m&rsquo;aider dans mon travail&nbsp;&raquo;. Ainsi, &laquo;&nbsp;il semble qu&rsquo;avec la pratique du document technique en organisation, le caract&egrave;re contraignant du dispositif dispara&icirc;t chez des acteurs pour laisser place au caract&egrave;re de coordination de l&rsquo;action&nbsp;&raquo; (Delamotte &amp; Stalder, 2014).</p> <p>Avec l&rsquo;exp&eacute;rience, le document technique devient un artefact servant &agrave; la coordination de l&rsquo;action au sein de l&rsquo;organisation et indissociable de la situation de communication. De m&ecirc;me que sa pr&eacute;cision &eacute;voqu&eacute;e dans une partie pr&eacute;c&eacute;dente est un &eacute;l&eacute;ment de sa d&eacute;finition pour nos informateurs, sa dimension communicationnelle vient ensuite. Pour Gustave&nbsp;un document technique est &laquo;&nbsp;un document servant &agrave; communiquer une id&eacute;e &quot;technique&quot; en vue de sa r&eacute;alisation&nbsp;&raquo;. Andr&eacute;&nbsp;ne dit pas autre chose quand il &eacute;nonce qu&rsquo;&laquo;&nbsp;un document technique doit pouvoir &ecirc;tre utilis&eacute; par la personne &agrave; qui il est destin&eacute;e, sans &eacute;quivoque&nbsp;&raquo;.</p> <p>&Agrave; la question &laquo;&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s votre exp&eacute;rience, quelles sont les comp&eacute;tences n&eacute;cessaires &agrave; la r&eacute;daction d&rsquo;un document techniques&nbsp;?&nbsp;&raquo;, les trois informateurs r&eacute;pondent sans marquer d&rsquo;h&eacute;sitation que c&rsquo;est avant tout la ma&icirc;trise de savoirs professionnels&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est quand m&ecirc;me bien la connaissance du sujet&nbsp;&raquo; (Andr&eacute;). Mais viennent ensuite des comp&eacute;tences communicationnelles&nbsp;: pour Andr&eacute; il s&rsquo;agit de &laquo;&nbsp;savoir &agrave; qui on s&#39;adresse pour ajuster son propos quelles que soient ses comp&eacute;tences...&nbsp;&raquo; et pour Gustave, de &laquo;&nbsp;savoir adapter au public&nbsp;&raquo;. Enfin, c&rsquo;est aussi une prise de conscience d&rsquo;une culture commune qui a ses codes. Un conducteur de travaux &agrave; qui nous avons demand&eacute; ce qui lui semblait le plus grand changement dans sa pratique du document technique depuis sa formation initiale insiste&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sa compr&eacute;hension de la symbolique&nbsp;&raquo;, &agrave; quoi il ajoute &laquo;&nbsp;&Ccedil;a, je ne l&rsquo;ai jamais vu &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, c&rsquo;est en regardant les r&eacute;actions des compagnons&nbsp;&raquo;.</p> <p>Cette co-construction de connaissances et de comp&eacute;tences par un double processus d&rsquo;affiliation horizontal et vertical est un enjeu consid&eacute;rable pour l&rsquo;organisation puisqu&rsquo;elle constitue un cadre pour l&rsquo;action dans l&rsquo;organisation &agrave; trois niveaux&nbsp;:</p> <ul> <li>niveau cognito-op&eacute;ratoire : produire le fait technique&nbsp;;</li> <li>niveau tactique : faire avec le collectif&nbsp;;</li> <li>niveau culturel : conna&icirc;tre et s&rsquo;inscrire dans des rituels et des conventions.</li> </ul> <p>Au cours des entretiens semi-directifs conduits aupr&egrave;s de nos informateurs apr&egrave;s la phase d&rsquo;enqu&ecirc;te in situ, il est apparu qu&rsquo;ils n&rsquo;&eacute;taient pas conscients de cette litt&eacute;racie d&eacute;velopp&eacute;e en organisation. Or la conscience de son existence est une question centrale &agrave; se poser si l&rsquo;on veut penser sa durabilit&eacute;.</p> <h3><a id="t4"></a>POUR UN GOUVERNANCE DE LA LITT&Eacute;RACIE&nbsp;: QUELLES CONDITIONS POUR PENSER SA DURABILIT&Eacute; ?</h3> <p>Poser la question de sa durabilit&eacute; au sein de l&rsquo;organisation c&rsquo;est poser la question des conditions de la circulation des savoirs et de leur appropriation. L&rsquo;organisation doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e alors comme un lieu de l&rsquo;action collective organis&eacute;e o&ugrave; les activit&eacute;s informationnelles et communicationnelles ont un r&ocirc;le central. On retrouve cette notion chez Gilbert de Terssac (2002) pour qui le travail est avant tout &laquo;&nbsp;une &quot;activit&eacute; permanente d&rsquo;invention de solutions&quot;&nbsp;: appliquer une proc&eacute;dure ou d&eacute;faire ce qui est structur&eacute;, produire des r&egrave;gles pratiques adapt&eacute;es au probl&egrave;me &agrave; r&eacute;soudre en contredisant l&rsquo;ordre des op&eacute;rations parall&egrave;lement d&eacute;fini, &eacute;laborer des connaissances et des routines &agrave; partir de l&rsquo;exp&eacute;rience et d&rsquo;une activit&eacute; r&eacute;flexive sur son travail, mobiliser des savoirs et des croyances, d&eacute;cider des formes de mobilisation&nbsp;&raquo;. Ces r&egrave;gles communes, le plus souvent non &eacute;crites et d&eacute;sign&eacute;es comme &laquo;&nbsp;bricolages&nbsp;&raquo;, permettent d&rsquo;&eacute;laborer une strat&eacute;gie op&eacute;ratoire commune.</p> <h3>De l&rsquo;implicite &agrave; l&rsquo;explicite&nbsp;: favoriser la r&eacute;flexivit&eacute; sur des pratiques</h3> <p>Au dispositif de captation des interactions selon une m&eacute;thode d&rsquo;inspiration ethnom&eacute;thodologique se sont ajout&eacute;s des entretiens semi-directifs pour recueillir les discours. Ils ont &eacute;t&eacute; conduits en deux temps. Dans un premier temps, nous sommes revenus avec les informateurs sur leur parcours professionnel, leurs diff&eacute;rentes exp&eacute;riences, des d&eacute;finitions li&eacute;es aux pratiques du m&eacute;tier. Les questions &eacute;taient pr&eacute;cises. Le second temps a consist&eacute; en un entretien plus libre mais au cours duquel nous avons souhait&eacute; une confrontation de l&rsquo;informateur avec le mat&eacute;riau recueilli pendant les observations de terrain afin d&rsquo;avoir une explicitation de ses pratiques. Cette m&eacute;thode, d&eacute;velopp&eacute;e par Rix et Biache qu&rsquo;elles nomment elles-m&ecirc;mes &laquo;&nbsp;m&eacute;thodologie de la constitution de l&#39;exp&eacute;rience&nbsp;&raquo;, consiste en une captation de donn&eacute;es en perspective subjective situ&eacute;e combin&eacute;e avec un entretien en re-situ subjectif qui permet de &laquo;&nbsp;rendre compte, de rendre visible, des connaissances locales, au d&eacute;part singuli&egrave;res et intimes, et de leurs rapports avec les actes, mais reste assise sur une conception du sujet dans ses rapports avec le monde&nbsp;&raquo; (Rix &amp; Biache, 2004).</p> <p>Cette visibilit&eacute; pour le chercheur est une visibilit&eacute; aussi pour l&rsquo;informateur. Ce qui ressort des premiers entretiens effectu&eacute;s selon cette m&eacute;thode est la non conscientisation de cette litt&eacute;racie, du moins non verbalis&eacute;e jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent.</p> <p>&Agrave; propos de leur marge de man&oelig;uvre sur le document technique par exemple, les conducteurs de travaux r&eacute;pondent tous dans un premier temps qu&rsquo;ils n&rsquo;en ont pas. Confront&eacute;s au mat&eacute;riau t&eacute;moignant du processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation ils r&eacute;ajustent leur point de vue en insistant sur la situation de communication. C&rsquo;est ainsi que Andr&eacute; pr&eacute;cise&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ben, en fait, je ne me suis jamais pos&eacute; la question comme &ccedil;a, je fais selon les r&eacute;actions des gars ou du chef de chantier, ou du probl&egrave;me &agrave; g&eacute;rer. Je ne fais pas gaffe, je ne sais pas &agrave; l&rsquo;avance comment je vais faire pour me faire comprendre. Tout ce que je sais, c&rsquo;est qu&rsquo;il faut bien qu&rsquo;on tombe d&rsquo;accord&nbsp;&raquo; et d&rsquo;ajouter apr&egrave;s un temps de silence &laquo;&nbsp;Ce que je sais c&rsquo;est que si on se comprend pas par &eacute;crit, &ccedil;a passera par des dessins ou des sch&eacute;mas. Les gars souvent, ils comprennent mieux un dessin, on &eacute;vite le probl&egrave;me du vocabulaire. Ben ouais, souvent ils parlent pas bien fran&ccedil;ais, &ccedil;a &eacute;vite les confusions&nbsp;&raquo;.</p> <p>Marguerite insiste&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne l&acirc;che jamais. Tant que c&rsquo;est pas compris, je continue. Je vois bien &agrave; leurs r&eacute;actions que c&rsquo;est pas compris. Leurs yeux dans le vide pour pas dire vides, hein&nbsp;! Par contre, je l&acirc;che jamais sur le c&ocirc;t&eacute; norme. Il faut que je sois dans les clous. Vous savez, une femme sur un chantier c&rsquo;est d&eacute;j&agrave; pas cr&eacute;dible, alors si je l&acirc;che sur le c&ocirc;t&eacute; norme, c&rsquo;est fichu, plus de cr&eacute;dibilit&eacute;. Du coup &ccedil;a passe beaucoup par le dessin. On se retrouve plus vite d&rsquo;accord sur le dessin. Le dessin, c&rsquo;est quand m&ecirc;me la base de tout dans le b&acirc;timent, quelque soit notre formation, notre place sur le chantier, le dessin, c&rsquo;est tout.&nbsp;&raquo;. On voit comment la situation de communication conditionne les reformulations du document initial pour qu&rsquo;il remplisse son r&ocirc;le d&rsquo;artefact dans la coordination de l&rsquo;action et permette le passage de l&rsquo;agir individuel &agrave; l&rsquo;agir collectif. Chacun s&rsquo;engage dans l&rsquo;action quand l&rsquo;investissement de forme qui convient a &eacute;t&eacute; stabilis&eacute;.</p> <h3>Consid&eacute;rer la communaut&eacute; de pratiques qui co-construit ses r&egrave;gles d&rsquo;action collective</h3> <p>Sylvie Grosjean (2013), &agrave; propos des artefacts mobilis&eacute;s par les arpenteurs en cours d&rsquo;activit&eacute;, pr&eacute;cise qu&rsquo;ils ne sont pas simplement des guides dans l&rsquo;action, mais &laquo;&nbsp;ils sont engag&eacute;s dans un processus visant &agrave; permettre l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une mani&egrave;re de voir collective et ils sont donc agissants. Autrement dit, ces diff&eacute;rents documents, croquis, plans, photographies ne sont pas de simple support &agrave; l&rsquo;action, mais ils connectent les acteurs organisationnels entre eux et participent &agrave; la mise en relation activit&eacute;s fragment&eacute;es [...]. Ces artefacts sont en quelque sorte ce que Dodier nomme des appuis conventionnels [...]. C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;ils forment un ensemble des ressources qui permettent aux acteurs organisationnels de coordonner leur action&nbsp;&raquo;.</p> <p>Durant notre enqu&ecirc;te de terrain, dans ce qui a &eacute;t&eacute; observ&eacute;, recueilli et dit, il y a un point saillant&nbsp;: l&rsquo;importance des n&eacute;gociations. Il faut que tout le monde soit d&rsquo;accord sur le m&ecirc;me document pour faire en sorte que le fait technique se produise selon la norme et le projet de d&eacute;part. Cependant, cet objectif ne peut &ecirc;tre atteint que par des r&egrave;gles institu&eacute;es ensemble sur le chantier.</p> <p>Cette co-construction de r&egrave;gles peut se r&eacute;v&eacute;ler par des gestes. Prenons l&rsquo;exemple de la posture des corps. Selon le degr&eacute; de n&eacute;gociation, la position du conducteur de travaux varie. Lorsqu&rsquo;il y a dysfonctionnement en mati&egrave;re de s&eacute;curit&eacute; sur le chantier il est seul face aux autres, dans une posture d&rsquo;autorit&eacute;. &Agrave; l&rsquo;inverse, les observations ont montr&eacute; que dans des situations routini&egrave;res tous les corps sont dans la m&ecirc;me position, le groupe regarde dans la m&ecirc;me direction.</p> <p>Elle peut aussi se manifester par des paroles ou non-paroles. La longueur des silences par exemple peut &ecirc;tre signe d&rsquo;une &eacute;coute des acteurs pr&eacute;sents ou de non-compr&eacute;hension. Avec l&rsquo;exp&eacute;rience, nos informateurs disent percevoir les diff&eacute;rentes natures de silence. Andr&eacute;&nbsp;d&eacute;clare&nbsp;: &laquo;&nbsp;Des fois j&rsquo;ai pas une r&eacute;action, l&agrave; je me dis c&rsquo;est pas possible, d&rsquo;habitude tous ils parlent, ils commentent ils se cherchent des excuses. C&rsquo;est que l&agrave; ils ont pas compris et que &ccedil;a va pas &ecirc;tre bon. Alors je leur fais r&eacute;p&eacute;ter pour &ecirc;tre s&ucirc;r.&nbsp;&raquo; Et de pr&eacute;ciser &laquo;&nbsp;&ccedil;a peut changer d&rsquo;un chantier &agrave; un autre, mais en g&eacute;n&eacute;ral, on retrouve toujours la m&ecirc;me chose. Et puis si j&rsquo;ai bien appris quelque chose c&rsquo;est &ccedil;a&nbsp;: c&rsquo;est pas une perte de temps. Il faut qu&rsquo;on tombe d&rsquo;accord de toute fa&ccedil;on. Les chantiers les plus durs, ce sont ceux justement&nbsp;o&ugrave; on tombe pas d&rsquo;accord, du coup, &ccedil;a peut conduire &agrave; des probl&egrave;mes graves&nbsp;&raquo;. Ainsi, quand des r&egrave;gles communes ne peuvent pas &ecirc;tre construites, l&rsquo;activit&eacute; s&rsquo;en ressent. Le seul recours au document ne suffit pas au bon d&eacute;roulement de l&rsquo;action, il n&rsquo;y a pas construction d&rsquo;un espace commun d&rsquo;activit&eacute; d&eacute;fini par des r&egrave;gles co-construites.</p> <h3>Un paradigme hologrammatique pour une gouvernance de la litt&eacute;racie</h3> <p>De ce qui a &eacute;t&eacute; observ&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment, on peut dire que l&rsquo;organisation est un espace topique, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;un lieu o&ugrave; se manifeste syntaxiquement une transformation, eu &eacute;gard &agrave; un programme narratif donn&eacute;, d&eacute;fini comme une transformation entre deux &eacute;tats narratifs stables&nbsp;&raquo; (Greimas &amp; Court&eacute;s 1979, t. 1, art. Topique)&nbsp;: le document technique est le programme narratif donn&eacute; qui va conna&icirc;tre deux &eacute;tats narratifs stables, l&rsquo;un au d&eacute;part, l&rsquo;autre au terme d&rsquo;un processus d&rsquo;&eacute;ditorialisation, la transformation pouvant &ecirc;tre op&eacute;r&eacute;e par la mobilisation d&rsquo;une litt&eacute;racie li&eacute;e.</p> <p>Se pose alors la question de la reconnaissance par l&rsquo;organisation de celle-ci. Comment une organisation qui se d&eacute;finit par et avec le document technique qui repose sur une forme stabilis&eacute;e depuis l&rsquo;antiquit&eacute;, r&eacute;agit-elle &agrave; ces processus incessants qui la d&eacute;stabilisent temporairement&nbsp;?</p> <p>Il faut rappeler qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui en France les seules formations formelles autour du document technique dans les entreprises du B&acirc;timent et de Travaux Publics sont d&rsquo;ordre du contenu&nbsp;: conna&icirc;tre une nouvelle norme, savoir &eacute;laborer des solutions techniques li&eacute;es, tenir compte de la nouvelle r&eacute;glementation pour r&eacute;diger un cahier de clauses techniques. Il n&rsquo;existe rien sur la pratique du document technique dans sa dimension communicationnelle alors qu&rsquo;elle s&rsquo;y d&eacute;veloppe et constitue un cadre puissant pour l&rsquo;action collective. Le risque est qu&rsquo;elle reste localis&eacute;e, &eacute;prouv&eacute;e sur un chantier et non-transf&eacute;rable sur un autre.</p> <p>Pour penser une durabilit&eacute; de comp&eacute;tences et savoirs construits collectivement il faut consid&eacute;rer l&rsquo;organisation dans sa dynamique apprenante. Il semble n&eacute;cessaire de favoriser la r&eacute;flexivit&eacute; sur les pratiques observ&eacute;es dans une communaut&eacute; en instituant des &eacute;changes formels au sein de l&rsquo;organisation entre pairs mais aussi inter-cat&eacute;goriels puisqu&rsquo;il y a double processus d&rsquo;acquisition, horizontal et vertical. Il s&rsquo;agit de valoriser les exp&eacute;riences et d&eacute;velopper un sens partag&eacute; du document technique. En cela il faut penser l&rsquo;organisation selon le paradigme hologrammatique o&ugrave; le sens partag&eacute; a une place centrale. Pour Alain Van Cuyck, les r&egrave;gles de ce sens partag&eacute; sont dans ce cadre l&agrave; &laquo;&nbsp;v&eacute;hicul&eacute;es par des transmetteurs tels que le langage, l&rsquo;action, le collectif, les signes engendr&eacute;s par des dispositifs s&eacute;miotiques &agrave; partir desquels nous construisons nos propres repr&eacute;sentations et comportements&nbsp;&raquo; (Van Cuyck, 2011). Cependant, c&rsquo;est dans une construction complexe que s&rsquo;effectue cette construction de sens commun car &laquo; nous sommes aussi agis par elles. Non seulement elles ne sont pas ext&eacute;rieures &agrave; nous, mais elles sont en nous comme nous faisons nous-m&ecirc;mes partie de ces formes et de ces dispositifs auxquels nous participons nous m&ecirc;mes &agrave; r&eacute;g&eacute;n&eacute;rer&nbsp;&raquo; (ibidem). C&rsquo;est donc dans une pens&eacute;e de la complexit&eacute; qu&rsquo;il faut envisager cette gouvernance : la partie est dans le tout, le tout est dans la partie.</p> <p>Le document technique est d&eacute;positaire de la forme de l&rsquo;organisation, il repr&eacute;sente une norme, un principe sup&eacute;rieur. En cela, il permet de rentrer dans un processus de n&eacute;gociation qui ouvre sur des r&egrave;gles co-construites pour l&rsquo;action par les individus. Ce qui requiert de ne pas consid&eacute;rer que la perception du document technique par tous doit &ecirc;tre unique et inamovible, mais co-construite dans une dynamique collective qui d&eacute;finit ses r&egrave;gles pour mesurer la marge de man&oelig;uvre par rapport &agrave; la norme institu&eacute;e et s&rsquo;engager dans l&rsquo;action collective.</p> <h2><a id="t5"></a>CONCLUSION</h2> <p>S&rsquo;int&eacute;resser aux pratiques du document technique en organisation dans une approche communicationnelle des organisations c&rsquo;est vouloir &laquo;&nbsp;comprendre les organisations, leur fonctionnement et leurs dynamiques &agrave; partir des ph&eacute;nom&egrave;nes communicationnels qui les structurent&nbsp;&raquo; (Bouillon, Bourdin &amp; Loneux, 2007). Parmi les ph&eacute;nom&egrave;nes observ&eacute;s au cours de nos travaux, celui de la mobilisation d&rsquo;une litt&eacute;racie propre au document technique est l&rsquo;une des plus significatives. Construite collectivement, elle permet la coordination de l&rsquo;action dans l&rsquo;organisation. Cela se voit particuli&egrave;rement au cours du processus observ&eacute; d&rsquo;&eacute;ditorialisation qui ouvre un espace de n&eacute;gociation autour du document technique aussi longtemps qu&rsquo;une interpr&eacute;tation commune n&rsquo;est pas trouv&eacute;e pour que chacun s&rsquo;engage dans l&rsquo;action qui convient.</p> <p>Les riches interactions observ&eacute;es montrent que le document technique dans tous ses &eacute;tats successifs permet de &laquo;&nbsp;g&eacute;rer le nombre&nbsp;&raquo; autrement dit la complexit&eacute; de l&rsquo;enjeu de la situation&nbsp;: le fait technique. Il est un moyen pour stabiliser, m&ecirc;me temporairement, les informations qui seront utiles par la suite dans l&rsquo;action &agrave; conduire.</p> <p>Acquise par un double processus d&rsquo;affiliation horizontale et verticale, observ&eacute;e in situ et d&eacute;clar&eacute;e par les informateurs, cette litt&eacute;racie se d&eacute;veloppe au fil des exp&eacute;riences de chantiers, qualifi&eacute;e d&rsquo;expertise par la communaut&eacute;. Poser les conditions de sa durabilit&eacute; c&rsquo;est consid&eacute;rer l&rsquo;organisation selon un paradigme hologrammatique o&ugrave; forme institu&eacute;e et r&egrave;gles n&eacute;goci&eacute;es sont interreli&eacute;es.</p> <h2><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Bouillon, J.-L., Bourdin, S. et Loneux, C. (2007). De la communication organisationnelle aux &laquo; approches communicationnelles &raquo; des organisations : glissement paradigmatique et migrations conceptuelles. Communication et organisation, 31, 7-25.</p> <p>Delamotte, &Eacute;. et Stalder, A. (2014). La culture informationnelle professionnelle&nbsp;: une approche par le document technique. Dans V. Liqu&egrave;te (dir.), Cultures de l&rsquo;information (p. 91-113). Paris, France&nbsp;: Essentiels Herm&egrave;s, CNRS &eacute;dition.</p> <p>Greimas, A.-J. et Court&eacute;s, J. (1979). S&eacute;miotique, dictionnaire raisonn&eacute; de la th&eacute;orie du langage (t. 1). Paris, France&nbsp;: Hachette.</p> <p>Grosjean, S. (2013). Une approche microethnographique et multi-situ&eacute;e en organisation. Double mouvement de &laquo;&nbsp;zoom avant/arri&egrave;re&nbsp;&raquo; sur l&#39;activit&eacute; d&#39;arpentage. Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, HS (suppl&eacute;ment au 48), 155-177.</p> <p>Guyot, B. (2007). Processus &eacute;ditorial&nbsp;: faire passer un document d&rsquo;un monde &agrave; l&rsquo;autre. Dans A.-F. Kogan et J.-L. Metzger (dir.), O&ugrave; va le travail &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique&nbsp;? (p. 213-225). Paris, France&nbsp;: Presses des Mines.</p> <p>Monnoyer-Smith, L. et Talpin, J. (2010, d&eacute;cembre). SIC et ethnom&eacute;thodologie&nbsp;: r&eacute;concilier une approche des pratiques avec une analyse des formes du pouvoir. Cahiers d&rsquo;ethnom&eacute;thodologie, 4, 119-128.</p> <p>Rix, G. et Biache, M.-J. (2004). Enregistrement en perspective subjective situ&eacute;e et entretien en re-situ subjectif&nbsp;: une m&eacute;thodologie de la construction de l&rsquo;exp&eacute;rience. Intellectica, 38, 363-396.</p> <p>Rouleau, L. (2013). L&#39;ethnographie organisationnelle d&#39;hier &agrave; Demain. Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, Suppl&eacute;ment (HS), 27-43.</p> <p>Terssac, G. de (2002). Le travail&nbsp;: une aventure collective. Recueil de textes. Toulouse, France&nbsp;: Octar&egrave;s &Eacute;ditions.</p> <p>Th&eacute;venot, L. (2006). L&#39;Action au pluriel. Sociologie des r&eacute;gimes d&#39;engagement. Paris, France&nbsp;: &Eacute;ditions La D&eacute;couverte.</p> <p>Van Cuyck, A. (2011). Pour une anthropologie culturelle des formes organisationnelles. R&egrave;gles, r&eacute;gulations, organisation, s&eacute;miose et perspective hologrammatique. Dans In-formation et communications organisationnelles&nbsp;: entre normes et formes (actes du colloque international tenu &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Rennes&nbsp;2, France, les 8 et 9 septembre 2011). Rep&eacute;r&eacute;&nbsp; &agrave;&nbsp;<a href="http://normesetformes.sciencesconf.org/conference/normesetformes/Actes.pdf">http://normesetformes.sciencesconf.org/conference/normesetformes/Actes.pdf</a>, 233-247.</p> <p>Vasquez, C. (2013). Devenir l&#39;ombre de soi-m&ecirc;me et de l&#39;autre. 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