<p><strong>Abstract :</strong> This communication intends to question the journalistic mediations of otherness through one of his figures: the dying process, as passage from life to death of human beings. This research is part of an historic perspective of depictions of death, implemented through a comparative analysis between two years - 1882 and 2014 - that captures journalism in its institutionalization process. It relies on a thesis in &quot;sciences de l&#39;information et de la communication&quot; that highlights the existence of two types of discourse of dying : an infra-ordinary regime and a regime that we could qualify consequently, &quot; supra-ordinary &quot;. The coexistence of these two types of discourse in the newspaper allows to question the place of knowledge and information in journalism, to question the function of &quot;make know&quot; of a media and helps lay the difference between journalism and media.</p> <p><strong>Keywords :&nbsp;</strong>Journalism, media, mediation, process, alterity, knowledges, non-knowledges, claim to inform, format, semiotic</p> <p>&nbsp;</p> <h2>INTRODUCTION&nbsp;</h2> <p>Ce texte est n&eacute; d&rsquo;un pari&nbsp;: analyser les repr&eacute;sentations journalistiques de la mort permettrait d&rsquo;en apprendre autant sur l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; que sur le journalisme. La mort peut en effet &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme une figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; (entendue au sens large de caract&egrave;re de ce qui est autre) &agrave; double titre. D&rsquo;une part, elle implique une rupture dans l&rsquo;univers de l&rsquo;exp&eacute;rience. Comme l&rsquo;&eacute;voque Emmanuel L&eacute;vinas (1975), &laquo;&nbsp;la relation &agrave; mon propre mourir n&rsquo;a pas le sens de savoir ou d&rsquo;exp&eacute;rience &ndash; f&ucirc;t-ce au sens de pressentiment, de prescience. On ne sait pas, on ne peut assister &agrave; son an&eacute;antissement (si tant est que la mort soit an&eacute;antissement) [&hellip;]&nbsp;&raquo;. D&rsquo;autre part, la mort ne peut &ecirc;tre partag&eacute;e puisqu&rsquo;elle implique la mort de l&rsquo;&ecirc;tre qui en fait l&rsquo;exp&eacute;rience. C&rsquo;est Ernst Wolff (2007) qui, en commentant l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Emmanuel Levinas, &eacute;nonce que &laquo;&nbsp;ma mort est une alt&eacute;rit&eacute;, dont la r&eacute;alit&eacute; est ind&eacute;niable, mais dont on ne peut faire de ph&eacute;nom&eacute;nologie. La mort est une &laquo;&nbsp;transcendance&nbsp;&raquo; [&hellip;] qui restera &agrave; jamais &eacute;trang&egrave;re &agrave; l&rsquo;identit&eacute; du moi &raquo;. Par ailleurs, si l&rsquo;on admet avec Emmanuel Kant (1912 [1791]) que &laquo;&nbsp;toute connaissance sp&eacute;culative de la raison se r&eacute;duit aux seuls objets de l&rsquo;exp&eacute;rience&nbsp;&raquo;, alors il faut bien admettre que toute tentative de production de savoirs sur la mort est rendue impossible. Le tr&eacute;pas &ndash; entendu comme passage de la vie &agrave; la mort - ne peut constituer un objet de savoir&nbsp; puisqu&rsquo;il implique par d&eacute;finition, la disparition de l&rsquo;&ecirc;tre qui en fait l&rsquo;exp&eacute;rience. L&rsquo;exp&eacute;rience de la mort met donc particuli&egrave;rement en danger une profession qui s&rsquo;institutionnalise avec la revendication de produire et de faire circuler du fait vrai, de l&rsquo;information, &agrave; savoir le journalisme. On peut donc se demander dans quelle mesure le journalisme parvient &agrave; &eacute;crire le tr&eacute;pas qui est un objet journalistique, sans se mettre en danger lui-m&ecirc;me ? Comment <em>informer</em> sur une figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ?</p> <p>Ce texte s&rsquo;appuie sur une th&egrave;se en sciences de l&rsquo;information et de la communication en cours de finalisation, reposant sur un corpus de 244 num&eacute;ros de journaux. Nous proposons d&rsquo;interroger les m&eacute;diations du tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &agrave; l&rsquo;aune d&rsquo;une &eacute;tude des repr&eacute;sentations mises en jeu au sein du journal, consid&eacute;r&eacute; comme symbole contemporain d&rsquo;une information journalistique s&eacute;rieuse et de qualit&eacute;. Le journal est explor&eacute; ici dans une perspective g&eacute;n&eacute;alogique et donc &agrave; travers une d&eacute;marche d&rsquo;&eacute;clairage du pr&eacute;sent &agrave; partir du pass&eacute;, par comparaison entre deux ann&eacute;es&nbsp;: 1882 et 2014. Il s&rsquo;agit donc de mettre en balance des repr&eacute;sentations produites dans des contextes tr&egrave;s diff&eacute;rents&nbsp;: 1882, qui est une ann&eacute;e durant laquelle le journalisme commence &agrave; s&rsquo;institutionnaliser et une p&eacute;riode de l&rsquo;histoire m&eacute;diatique o&ugrave; s&rsquo;affirment la presse capitaliste et l&rsquo;information de masse (Christian Delporte, 1999). L&rsquo;ann&eacute;e 2014 renvoie quant &agrave; elle &agrave; notre p&eacute;riode actuelle, durant laquelle le journalisme est pleinement institutionnalis&eacute; et professionnalis&eacute;, en particulier depuis la reconnaissance du statut professionnel des journalistes en 1935. Nous nous int&eacute;resserons &agrave; deux titres nationaux pour chaque p&eacute;riode&nbsp;: <em>Le Petit Journal</em>, populaire et bon march&eacute; et <em>Le Figaro</em>, plus mondain, pour l&rsquo;ann&eacute;e 1882 ; <em>Le Figaro</em> de nouveau avec une prise en compte de ses transformations, identifi&eacute; aujourd&rsquo;hui comme plut&ocirc;t conservateur et <em>Le Monde</em>, consid&eacute;r&eacute; comme journal de r&eacute;f&eacute;rence ; tous deux appartenant &agrave; la presse quotidienne d&rsquo;information g&eacute;n&eacute;rale et politique, pour l&rsquo;ann&eacute;e 2014. L&rsquo;analyse communicationnelle que nous proposerons ici s&rsquo;attachera &agrave; prendre en compte les signes dans leur inscription mat&eacute;rielle au sein de dispositifs ayant une identit&eacute; &eacute;ditoriale propre. Nous prendrons donc en compte &agrave; la fois le versant s&eacute;miotique et le versant logistique des signes (Y. Jeanneret, 2008) afin d&rsquo;en proposer une analyse qualitative, d&rsquo;ordre techno-s&eacute;miotique (Y. Jeanneret, E. Souchier, 2005).</p> <p>Nous verrons dans un premier temps dans quelle mesure le tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; interroge le journalisme dans son institutionnalisation et mettrons en exergue la n&eacute;cessit&eacute; de r&eacute;interroger ce dernier comme produisant et faisant circuler des savoirs sur le monde. Nous verrons en seconde et troisi&egrave;me partie que le journalisme &eacute;labore deux types de r&eacute;gimes de discours du tr&eacute;pas&nbsp;: l&rsquo;un &eacute;tant un r&eacute;gime dit infra-ordinaire, expression de Georges Perec (1989) et reprise en sciences de l&rsquo;information et de la communication par Emmanu&euml;l Souchier (1998) pour qualifier &laquo;&nbsp;ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l&rsquo;&eacute;vident, le commun, l&rsquo;ordinaire, l&rsquo;infra-ordinaire, le bruit de fond, l&rsquo;habituel [&hellip;]&nbsp;&raquo;. Nous qualifierons l&rsquo;autre r&eacute;gime de &laquo;&nbsp;supra-ordinaire&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer ce qui, &agrave; l&rsquo;inverse, est valoris&eacute;, mis en avant par les modes de signification de l&rsquo;information en journalisme. Nous verrons ainsi en quoi la figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; du tr&eacute;pas passe par des jeux de visibilit&eacute; et d&rsquo;invisibilit&eacute; et des passages des savoirs aux valeurs dans le journal.&nbsp;</p> <h2><a id="t2"></a>LE TREPAS COMME FIGURE DE L&rsquo;ETRANGET&Eacute;&nbsp;: UN OBJET QUI INTERROGE LE PROCESSUS D&rsquo;INSTITUTIONNALISATION DU JOURNALISME</h2> <p>Cette premi&egrave;re partie insistera tout d&rsquo;abord sur la fonction de &laquo;&nbsp;faire savoir&nbsp;&raquo; du journal et son r&ocirc;le dans l&rsquo;institutionnalisation du journalisme, pour mieux venir l&rsquo;interroger par la suite. Nous montrerons dans quelle mesure cette fonction est en effet mise en p&eacute;ril par l&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, qui rend impossible a priori sa m&eacute;diation comme fait vrai. Enfin, nous verrons en quoi le tr&eacute;pas interroge aussi bien le journalisme comme pouvoir qu&rsquo;impuissance.</p> <h5>L&rsquo;institutionnalisation du journalisme par le fait vrai</h5> <p>Parmi les &eacute;tapes marquantes de l&rsquo;institutionnalisation du journalisme que Christian Delporte (1999) situe entre 1880 et 1950, relevons celle du &laquo;&nbsp;passage d&rsquo;un journalisme d&rsquo;id&eacute;es &agrave; un journalisme de faits&nbsp;&raquo;, permise notamment par la naissance du reportage. C&rsquo;est en effet et notamment avec la mont&eacute;e en puissance et la protocolisation d&rsquo;un mod&egrave;le objectif de l&rsquo;information, que le journalisme s&rsquo;institutionnalise peu &agrave; peu. Ce mod&egrave;le objectif repose sur l&rsquo;&eacute;laboration de &laquo;&nbsp;faits vrais&nbsp;&raquo; (Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty, 2007), ob&eacute;issant &agrave; un imp&eacute;ratif d&rsquo;actualit&eacute;. Il soutient la pr&eacute;tention du journalisme &agrave; &ecirc;tre un simple t&eacute;moin ou encore le &laquo;&nbsp;t&eacute;moin de t&eacute;moin&nbsp;&raquo; pour reprendre une expression d&rsquo;Anne Beyaert-Geslin (2009), qui dans le m&ecirc;me temps, r&eacute;v&egrave;le le monde. Ce mod&egrave;le objectif est soutenu par un r&eacute;gime du vraisemblable reposant sur l&rsquo;&laquo;&nbsp;effet de r&eacute;el&nbsp;&raquo; mis en &eacute;vidence par Maurice Mouillaud et Jean-Fran&ccedil;ois T&eacute;tu (1989). L&rsquo;enjeu de cr&eacute;er et de faire circuler des &laquo;&nbsp;faits vrais&nbsp;&raquo; est port&eacute; par le r&eacute;gime du vraisemblable auquel va notamment participer la photographie de reportage d&rsquo;abord dans les hebdomadaires puis dans les quotidiens. Aussi la fonction de &laquo;&nbsp;faire savoir&nbsp;&raquo; du journal est-elle conditionn&eacute;e par celle de &laquo;&nbsp;faire croire&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ajoutons &agrave; cela que le r&eacute;gime de l&rsquo;information en journalisme fonctionne par la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une tension entre individuel et collectif. Le r&eacute;gime journalistique repose en effet sur une standardisation des exp&eacute;riences, alors que l&rsquo;exp&eacute;rience est par d&eacute;finition singuli&egrave;re. Comme l&rsquo;&eacute;voquent Maurice Mouillaud et Jean-Fran&ccedil;ois T&eacute;tu (1989), &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;rience n&rsquo;est pas reproductible. Elle est li&eacute;e &agrave; un site, &agrave; un point de l&rsquo;espace et &agrave; un moment du temps &raquo;. La standardisation des exp&eacute;riences ob&eacute;it &agrave; un imp&eacute;ratif communicationnel qu&rsquo;Adeline Wrona (2012) a qualifi&eacute; de &laquo;&nbsp;je-nous&nbsp;&raquo; m&eacute;diatique. Celui-ci consiste &agrave; d&eacute;singulariser les figures d&rsquo;individus parce que l&rsquo;&eacute;criture de ces derni&egrave;res dans le journal ob&eacute;it &agrave; un imp&eacute;ratif communicationnel, r&eacute;pond &agrave; l&rsquo;enjeu d&rsquo;&eacute;crire pour des publics. Informer en journalisme se fait suivant des logiques d&rsquo;actualit&eacute;, de p&eacute;riodicit&eacute; (pour le journal) mais aussi d&rsquo;objectivit&eacute; et d&rsquo;exemplarit&eacute;. De fait, le journalisme ne peut a priori laisser de place &agrave; la question de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Toutefois et comme nous allons le voir, l&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas nous semble venir interroger le journalisme.</p> <h5>Le tr&eacute;pas comme mise en p&eacute;ril du r&eacute;gime de l&rsquo;information en journalisme</h5> <p>Contrairement aux approches postulant une d&eacute;symbolisation de la mort dans la soci&eacute;t&eacute;, nous rep&eacute;rons une &eacute;laboration et une circulation massive du tr&eacute;pas dans les journaux et dans les m&eacute;dias d&rsquo;une mani&egrave;re plus g&eacute;n&eacute;rale. Le tr&eacute;pas est omnipr&eacute;sent dans le journal ; &agrave; cet &eacute;gard, on peut dire qu&rsquo;il est un v&eacute;ritable objet journalistique et m&eacute;diatique mettant en p&eacute;ril, par sa nature, le journalisme. Le tr&eacute;pas est en effet une figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &agrave; double titre&nbsp;: en tant que figure du non-savoir d&rsquo;une part et en tant que figure du neutre, d&rsquo;autre part. On peut en effet et tout d&rsquo;abord d&eacute;finir le tr&eacute;pas comme figure du non-savoir ; la mort est &laquo;&nbsp;ce secret qui appartiendra &agrave; tout le monde&nbsp;&raquo;, pour reprendre une expression c&eacute;l&egrave;bre de Claude Aveline. C&rsquo;est aussi ce que souligne Vladimir Jank&eacute;l&eacute;vitch (1977) lorsqu&rsquo;il &eacute;nonce que &laquo;&nbsp;le caract&egrave;re d&eacute;concertant et m&ecirc;me vertigineux de la mort, [&hellip;] tient lui-m&ecirc;me &agrave; cette contradiction&nbsp;: d&rsquo;une part un myst&egrave;re qui a des dimensions m&eacute;tempiriques, c&rsquo;est-&agrave;-dire infinies, ou mieux pas de dimension du tout, et d&rsquo;autre part un &eacute;v&eacute;nement familier qui advient dans l&rsquo;empirie et s&rsquo;accomplit parfois sous nos yeux&nbsp;&raquo;. Ainsi et selon lui, penser la mort ne peut s&rsquo;op&eacute;rer que dans le cadre d&rsquo;une tension entre le caract&egrave;re banal et le caract&egrave;re &eacute;trange de la mort. Nous entretenons donc bien une relation avec la mort &agrave; travers la mort d&rsquo;autrui ; n&eacute;anmoins, celle-ci ne rel&egrave;ve pas de l&rsquo;ordre du savoir (E. L&eacute;vinas, 1975) et encore moins de celui du t&eacute;moignage.</p> <p>La seconde raison qui nous am&egrave;ne &agrave; envisager le tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; tient &agrave; ce qu&rsquo;il est une figure du neutre. Le neutre sera ici envisag&eacute; au sens structural d&eacute;fini par Roland Barthes (1977-1978), c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;tout ce qui d&eacute;joue le paradigme&nbsp;&raquo; ou l&rsquo;opposition. L&rsquo;opposition que d&eacute;joue le tr&eacute;pas est celle fait en Occident entre la vie et la mort. Il est un entre-deux qui interdit les m&eacute;canismes journalistiques traitant habituellement de la vie et de la mort&nbsp;: le tr&eacute;pas ne peut &ecirc;tre le sujet d&rsquo;information d&rsquo;une n&eacute;crologie telle qu&rsquo;elle est constitu&eacute;e aujourd&rsquo;hui et dont la vocation est d&rsquo;annoncer la mort ; le tr&eacute;pas ne peut pas &ecirc;tre non plus, a priori, le sujet d&rsquo;un r&eacute;cit de vie. On peut donc supposer que le tr&eacute;pas d&eacute;pend de formes m&eacute;diatiques autres que celles habituellement mobilis&eacute;es pour &eacute;voquer la vie et la mort, en tant que figure du neutre. Il est &agrave; ce titre une figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; pour le journalisme qui le questionne dans ses propres fondements.</p> <h5>La pr&eacute;tention al&egrave;thurgique ou la mise en &eacute;vidence d&rsquo;une tension entre pouvoir et impuissance du journalisme par le tr&eacute;pas</h5> <p>Dans un cours au Coll&egrave;ge de France qu&rsquo;il donne en 1980 intitul&eacute; <em>Du gouvernement des vivants</em>, Michel Foucault d&eacute;finit l&rsquo;information comme un r&eacute;gime de v&eacute;rit&eacute;, une al&egrave;thurgie c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;l&rsquo;ensemble des proc&eacute;d&eacute;s possibles, verbaux ou non, par lesquels on am&egrave;ne au jour ce qui est pos&eacute; comme vrai par opposition au faux, au cach&eacute;, &agrave; l&rsquo;indicible, &agrave; l&rsquo;impr&eacute;visible, &agrave; l&rsquo;oubli&nbsp;&raquo;. Cette notion est importante pour nous car elle permet de d&eacute;finir le journalisme comme une al&egrave;thurgie. En effet, par le savoir pos&eacute; en v&eacute;rit&eacute; sur le monde qu&rsquo;il institue, le journalisme se l&eacute;gitime, s&rsquo;institutionnalise lui-m&ecirc;me, s&rsquo;&eacute;labore en pouvoir. L&rsquo;al&egrave;thurgie est donc la condition de l&rsquo;exercice d&rsquo;un pouvoir journalistique, d&rsquo;un &laquo;&nbsp;gouvernement des journalistes&nbsp;&raquo; (R&eacute;my Rieffel, Roselyne Ringoot, Jean-Fran&ccedil;ois T&eacute;tu et Adeline Wrona, 2012). Elle est un enjeu communicationnel majeur du journalisme.</p> <p>Or et comme nous l&rsquo;avons vu ci-dessus le tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et plus particuli&egrave;rement du non-savoir, rend a priori impossible le discours al&egrave;thurgique puisqu&rsquo;on ne peut produire de savoirs dessus. Le tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; invite &agrave; penser aussi le journalisme dans son impuissance &agrave; produire du fait vrai et donc &agrave; penser autant la possibilit&eacute; d&rsquo;une op&eacute;rativit&eacute; symbolique de l&rsquo;al&egrave;thurgie (Louis Qu&eacute;r&eacute;,1982) que sa mise en &eacute;chec qui ne peuvent &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;es que parce que le tr&eacute;pas est textualis&eacute;. Proposer une approche communicationnelle de l&rsquo;al&egrave;thurgie c&rsquo;est donc envisager l&rsquo;al&egrave;thurgie comme processus qui soutient l&rsquo;institutionnalisation du journalisme, mais c&rsquo;est aussi consid&eacute;rer l&rsquo;al&egrave;thurgie comme pr&eacute;tention communicationnelle. Cette notion, forg&eacute;e par Yves Jeanneret (2014), d&eacute;signe &laquo;&nbsp;le lien qui s&rsquo;&eacute;tablit entre une conception de la communication et un projet d&rsquo;intervenir sur elle&nbsp;&raquo;. De fait, envisager l&rsquo;al&egrave;thurgie comme pr&eacute;tention communicationnelle, c&rsquo;est consid&eacute;rer que celle-ci en tant que construction peut &ecirc;tre envisag&eacute;e sous l&rsquo;angle de son op&eacute;rativit&eacute; symbolique, comme sous celui de sa mise en &eacute;chec. Les m&eacute;diations journalistiques du tr&eacute;pas renvoient &agrave; une tension entre journalisme comme pouvoir et journalisme comme impuissance. Cette tension entre pouvoir et impuissance al&egrave;thurgique du journalisme est rendue visible &agrave; travers deux r&eacute;gimes de l&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas. Au m&ecirc;me titre que Muriel Pic, Barbara Selmeci Castioni et Jean-Pierre Elslande (2012) montrent que les figures du non-savoir affectent la nature de la litt&eacute;rature, nous souhaiterions montrer que les figures de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; affectent la nature du journalisme, questionnent son institutionnalisation et les marges de son institutionnalisation.&nbsp;</p> <h2><a id="t3"></a>LE&nbsp;REGIME &laquo;&nbsp;SUPRA-ORDINAIRE&nbsp;&raquo; DU TREPAS&nbsp;OU LA MISE EN VISIBILITE DU PROCESSUS D&rsquo;INSTITUTIONNALISATION DU JOURNALISME</h2> <p>Le r&eacute;gime supra-ordinaire renvoie ici aux proc&eacute;d&eacute;s journalistiques de construction de savoirs en v&eacute;rit&eacute;s sur le monde ; il renvoie donc &agrave; l&rsquo;al&egrave;thurgie journalistique telle que nous l&rsquo;avons d&eacute;finie plus haut. Comme nous allons le voir ici, le r&eacute;gime supra-ordinaire du tr&eacute;pas r&eacute;pond aux enjeux communicationnels du journal faisant du tr&eacute;pas un sujet d&rsquo;information centr&eacute; moins sur les savoirs que les valeurs, quitte &agrave; reprendre ou d&eacute;tourner les m&eacute;canismes journalistiques ordinaires.</p> <h5>Annoncer le tr&eacute;pas, signaler les renomm&eacute;es des hommes</h5> <p>Le tr&eacute;pas comme sujet d&rsquo;information en 1882 &ndash; et donc, aux d&eacute;buts du processus d&rsquo;institutionnalisation du journalisme - renvoie &agrave; la mise en sc&egrave;ne du passage de la vie &agrave; la mort des hommes illustres. &Eacute;crire le tr&eacute;pas dans le journal de 1882, c&rsquo;est en effet signaler l&rsquo;importance des hommes et la pr&eacute;sence du tr&eacute;pas dans un article indique d&eacute;j&agrave; la renomm&eacute;e d&rsquo;un individu. On peut relever que les modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas varient suivant la renomm&eacute;e que veut bien accorder chaque titre &agrave; la personne mourante. Moins la personne est reconnue, plus le volume du texte se r&eacute;duit et se trouve rel&eacute;gu&eacute; dans les pages int&eacute;rieures du journal. D&rsquo;ailleurs, le tr&eacute;pas n&rsquo;appara&icirc;t pas, par exemple, dans les petites annonces en derni&egrave;re page. Pour les hommes c&eacute;l&egrave;bres, souvent hommes politiques ou militaires haut grad&eacute;s, des articles relativement courts paraissent chaque jour, banalisant ainsi le tr&eacute;pas des hommes illustres.</p> <p>Le tr&eacute;pas des grands hommes&nbsp;est quant &agrave; lui moins fr&eacute;quent&nbsp;: pour la seule ann&eacute;e 1882, seules les annonces n&eacute;crologiques de Louis Blanc et de Giuseppe Garibaldi se distinguent dans notre corpus, s&rsquo;&eacute;talant sur plusieurs jours en premi&egrave;re page du journal. Celui de Victor Hugo qui a lieu trois ans plus tard, en 1885,&nbsp;est embl&eacute;matique d&rsquo;une m&eacute;diatisation tr&egrave;s forte du tr&eacute;pas qui participe au processus de construction des grands hommes dont le propre est, selon Adeline Wrona (2010), de &laquo;&nbsp;souder une m&eacute;moire collective autour d&rsquo;une vie &eacute;lev&eacute;e au rang de symbole&nbsp;&raquo;. Retrouv&eacute; en Une du journal plusieurs jours de suite dans les quotidiens nationaux, l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement laisse davantage place &agrave; une po&iuml;&eacute;tique du tr&eacute;pas racont&eacute; sous une forme romantique (le tr&eacute;pas comme combat, renvoyant ainsi au sens &eacute;tymologique de l&rsquo;agonie), en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle exemplarise le tr&eacute;pas&nbsp;: pour Victor Hugo par exemple, il s&rsquo;agissait de &laquo;&nbsp;rester lucide&nbsp;&raquo;. L&rsquo;expression d&rsquo;un affect &eacute;nonc&eacute; sous une forme collective est par ailleurs le signe de la grandeur de l&rsquo;&eacute;crivain. &laquo;&nbsp;<em>On ne s&rsquo;&eacute;tait pas pr&eacute;par&eacute; &agrave; cette id&eacute;e que la France puisse avoir &agrave; le pleurer un jour</em>&nbsp;&raquo;, d&eacute;plore ainsi le journaliste Maxime Boucheron<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>. A l&rsquo;inverse, l&rsquo;expression de cet affect collectif passe g&eacute;n&eacute;ralement par des &eacute;critures plut&ocirc;t routinis&eacute;es et protocolis&eacute;es pour les hommes de moins grandes renomm&eacute;es, comme c&rsquo;est le cas par exemple avec le tr&eacute;pas du g&eacute;n&eacute;ral de Cissey :</p> <blockquote> <p>Nous avons le regret d&rsquo;apprendre que l&rsquo;&eacute;tat du g&eacute;n&eacute;ral de Cissey s&rsquo;est sensiblement aggrav&eacute; depuis deux jours, et que les m&eacute;decins ne conservent que peu d&rsquo;espoir de sauver le malade. Les nouvelles que nous avons fait prendre hier soir &agrave; minuit laissent entrevoir comme tr&egrave;s prochaine la crise finale.<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a></p> </blockquote> <p>Dans ce passage, on voit bien en quoi l&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas peut int&eacute;grer des protocoles d&rsquo;&eacute;criture pouvant s&rsquo;appliquer &agrave; d&rsquo;autres hommes. Entre m&eacute;canisme d&rsquo;exemplarit&eacute; et routines, raconter le tr&eacute;pas permet de signaler aux publics, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle participe de ce processus, la renomm&eacute;e des hommes. Avec l&rsquo;institutionnalisation du journalisme reposant sur un mod&egrave;le objectif de l&rsquo;information, la m&eacute;diatisation du tr&eacute;pas des hommes porte davantage sur ce que nous appellerons, en regard de la cat&eacute;gorie des &laquo;&nbsp;contemporains c&eacute;l&egrave;bres&nbsp;&raquo; propos&eacute;e&nbsp;par Adeline Wrona (2012), les &laquo;&nbsp;contemporains inconnus&nbsp;&raquo;. &nbsp;</p> <h5>La &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; ou l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un probl&egrave;me public contemporain</h5> <p>L&rsquo;expression de &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; est un r&eacute;gime de signification sp&eacute;cifique du tr&eacute;pas, proprement contemporain. En effet, la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, expression quasi inexistante au XIXe si&egrave;cle, est devenue aujourd&rsquo;hui une expression couramment mobilis&eacute;e et naturalis&eacute;e dans le discours journalistique. Il est difficile d&rsquo;en d&eacute;terminer l&rsquo;origine et la d&eacute;finition car la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; recouvre des enjeux multiples&nbsp;: elle peut &ecirc;tre mobilis&eacute;e pour signifier autant la vie que la mort, voire une &laquo;&nbsp;d&eacute;gradation&nbsp;&raquo; ou une &laquo;&nbsp;d&eacute;ch&eacute;ance&nbsp;&raquo; suivant les acteurs qui l&rsquo;&eacute;noncent, discours que les journalistes vont citer et r&eacute;&eacute;crire. La &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; semble r&eacute;unir les conditions permettant de la consid&eacute;rer comme formule, suivant la d&eacute;finition qu&rsquo;a donn&eacute;e Alice Krieg-Planque (2009), c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;un ensemble de formulations qui, du fait de leurs emplois &agrave; un moment donn&eacute; et dans un espace public donn&eacute;, cristallisent des enjeux politiques et sociaux que ces expressions contribuent dans le m&ecirc;me temps &agrave; construire&nbsp;&raquo;. Elle signale de surcro&icirc;t le moment o&ugrave; le tr&eacute;pas devient un probl&egrave;me public. Pr&eacute;sent&eacute; comme un &laquo;&nbsp;sujet soci&eacute;tal&nbsp;&raquo; dans un article du <em>Figaro</em><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a>, la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; renvoie en r&eacute;alit&eacute; &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne discursif que l&rsquo;on pourrait qualifier de pol&eacute;mique, selon la d&eacute;finition qu&rsquo;en donne Ruth Amossy (2014)&nbsp;: &laquo;&nbsp;une gestion verbale du conflit effectu&eacute;e sur le mode du dissentiment&nbsp;&raquo;, entre les acteurs des soins palliatifs, d&rsquo;une part et les militants de la l&eacute;galisation de l&rsquo;euthanasie et du suicide assist&eacute;, d&rsquo;autre part. La &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; renvoie &agrave; un questionnement &eacute;thique&nbsp;au sens de Paul Ricoeur (1990) &ndash; autrement dit comme &laquo;&nbsp;vis&eacute;e de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes&nbsp;&raquo; - qui gravite notamment autour de ce qu&rsquo;il convient de faire pour les personnes gravement malades, de la responsabilit&eacute; de la soci&eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des individus exprimant le souhait d&rsquo;une euthanasie ou d&rsquo;un suicide assist&eacute;, de la diff&eacute;rence &agrave; faire ou non entre &laquo;&nbsp;faire mourir&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;laisser mourir&nbsp;&raquo; cristallis&eacute;e aujourd&rsquo;hui autour de la question m&eacute;dicale et &eacute;thique de la s&eacute;dation. La dite &laquo;&nbsp;affaire Vincent Lambert&nbsp;&raquo; pr&eacute;sente dans les journaux de 2014 t&eacute;moigne de ces questionnements, alors que Vincent Lambert n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;en fin de vie&nbsp;&raquo; mais maintenu en vie artificiellement, dans un &eacute;tat qualifi&eacute; par les m&eacute;decins de &laquo;&nbsp;pauci-relationnel&nbsp;&raquo;. Ce qu&rsquo;il est notamment int&eacute;ressant de relever ici, c&rsquo;est que le tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; devient une affaire de positions, o&ugrave; la l&eacute;gitimit&eacute; de la parole experte est questionn&eacute;e. Dans le cadre du d&eacute;bat sur la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, cette derni&egrave;re est moins convoqu&eacute;e dans l&rsquo;autorit&eacute; qu&rsquo;elle incarne habituellement que comme une parole parmi d&rsquo;autres, dans le souci d&rsquo;une mise en &oelig;uvre polyphonique dans le journal.</p> <p>Ainsi, du tr&eacute;pas des hommes illustres &agrave; la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, le tr&eacute;pas se fait &laquo;&nbsp;actualit&eacute; chaude&nbsp;&raquo;, appara&icirc;t dans les premi&egrave;res pages du journal (les pages &laquo;&nbsp;L&rsquo;Ev&eacute;nement&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; du<em> Figaro</em>, &laquo;&nbsp;France&nbsp;&raquo; du <em>Monde</em>) dont la Une, avec l&rsquo;&eacute;volution du journal comme support. Le processus d&rsquo;institutionnalisation du journalisme est rendu observable gr&acirc;ce &agrave; un objet comme la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, qui est un des r&eacute;gimes de signification du tr&eacute;pas. La &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; permet d&rsquo;observer le savoir-faire journalistique &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans la mise en sc&egrave;ne d&rsquo;un probl&egrave;me public du tr&eacute;pas et de ses protocoles d&rsquo;&eacute;criture. Elle est &eacute;galement un moyen, comme nous allons le voir, de maintenir le t&eacute;moignage que l&rsquo;on pouvait penser impossible &agrave; mettre en &oelig;uvre. &nbsp;&nbsp;</p> <h5>&Eacute;tirer le temps du tr&eacute;pas, maintenir la possibilit&eacute; du t&eacute;moignage</h5> <p>Les repr&eacute;sentations de cette figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; qu&rsquo;est le tr&eacute;pas dans le journal interrogent tout particuli&egrave;rement le t&eacute;moignage. Selon le Dictionnaire historique de la langue fran&ccedil;aise qui d&eacute;finit la notion de t&eacute;moin, &laquo; le mot fran&ccedil;ais&nbsp;a cumul&eacute; les sens de <em>testimonium</em> et de <em>testis</em> renvoie tout d&rsquo;abord &agrave; de l&rsquo;attestation juridique et de &laquo;&nbsp;personne qui peut certifier une chose&nbsp;&raquo;. Le t&eacute;moignage sert la pr&eacute;tention al&egrave;thurgique et l&rsquo;&eacute;criture du fait vrai ; il s&rsquo;inscrit dans un&nbsp;mod&egrave;le objectif de l&rsquo;information, qui comme nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute; bri&egrave;vement, pose probl&egrave;me avec le tr&eacute;pas parce qu&rsquo;on ne peut a priori pas t&eacute;moigner de son exp&eacute;rience de passage de la vie &agrave; la mort. L&rsquo;&eacute;criture de la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; a pour autre effet de restaurer la possibilit&eacute; du t&eacute;moignage de celui qui se sait proche de la mort. Sur le plan s&eacute;miotique, la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; &eacute;tire en effet la temporalit&eacute; du tr&eacute;pas, permettant au t&eacute;moignage de la personne concern&eacute;e de se maintenir. Ceci est li&eacute; notamment au lien qu&rsquo;entretient le journalisme avec la m&eacute;decine, et plus particuli&egrave;rement les soins palliatifs. En effet et selon la d&eacute;finition que propose la Soci&eacute;t&eacute; Fran&ccedil;aise d&rsquo;Accompagnement et de soins Palliatifs, &laquo;&nbsp;les soins palliatifs sont des soins actifs d&eacute;livr&eacute;s dans une approche globale de la personne atteinte d&#39;une maladie grave, &eacute;volutive ou terminale. L&rsquo;objectif des soins palliatifs est de soulager les douleurs physiques et les autres sympt&ocirc;mes, mais aussi de prendre en compte la souffrance psychologique, sociale et spirituelle&nbsp;&raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a>. Bien que les soins palliatifs ne soient pas dispens&eacute;s qu&rsquo;aux personnes dites en phase terminale d&rsquo;une maladie, les personnes gravement malades peuvent &ecirc;tre nomm&eacute;es comme &laquo;&nbsp;en fin de vie&nbsp;&raquo; dans le journal, par un jeu de glissement s&eacute;miotique.</p> <p>L&rsquo;allongement du temps de vie avec une maladie grave, la mise en jeu de l&rsquo;euthanasie (au sens contemporain du terme) comme mort programm&eacute;e dans ce d&eacute;bat et la mont&eacute;e en puissance du fait vrai dans le journal ont pour incidence la restauration du t&eacute;moignage de la personne malade. Ainsi peut-on lire les propos suivant d&rsquo;une personne malade, dans un article du <em>Monde</em>&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo; Paradoxalement, remarque-t-elle, Dignitas, l&rsquo;association qui va provoquer ma mort, m&rsquo;a sauv&eacute; la vie. Savoir que cette solution existait m&rsquo;a permis de vivre ces derniers mois avec joie et l&eacute;g&egrave;ret&eacute;.&raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a></p> </blockquote> <p>Dans le d&eacute;bat sur la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, les t&eacute;moins sont aussi souvent les proches qui peuvent t&eacute;moigner de leur propre souffrance. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne a &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute; par Marie-Christine Lipani-Vaissade qui a montr&eacute;, dans le cas de la m&eacute;diatisation dans la presse fran&ccedil;aise du crash d&rsquo;un Boeing pr&egrave;s de Charm el-Cheikh (Egypte) en 2004, que lorsque les personnes concern&eacute;es ne peuvent t&eacute;moigner, ce sont leurs proches qui t&eacute;moignent. Elle y explique que ces personnes &laquo;&nbsp;t&eacute;moignantes&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;sont utilis&eacute;es comme t&eacute;moins, mais t&eacute;moignent d&rsquo;elles-m&ecirc;mes, de leur &eacute;tat et de leur ressenti&nbsp;&raquo;. On peut lire par exemple, au sein du m&ecirc;me article que celui cit&eacute; ci-dessus, le t&eacute;moignage d&rsquo;un &laquo;&nbsp;ami proche&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Lorsque le soir, apr&egrave;s le dernier repas au restaurant de l&rsquo;h&ocirc;tel, tout le monde est parti se coucher, &laquo; on s&rsquo;est tous dit, en lui disant bonne nuit, que c&rsquo;&eacute;tait la derni&egrave;re fois &raquo;, soupire-t-il.<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a></p> </blockquote> <p>Ici, c&rsquo;est bien le journaliste qui donne au proche toute sa place de &laquo;&nbsp;t&eacute;moignant&nbsp;&raquo; en mobilisant l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;soupire-t-il&nbsp;&raquo;. Dans le cas de la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, les proches sont aussi l&agrave; pour t&eacute;moigner de ce que la personne aurait souhait&eacute; quant &agrave; sa vie ou &agrave; sa mort, en particulier lorsque celle-ci est encore vivante mais ne peut plus s&rsquo;exprimer&nbsp;: c&rsquo;est le cas de Vincent Lambert et de la mise en sc&egrave;ne m&eacute;diatique du d&eacute;chirement entre ses proches. Le titre d&rsquo;un article paru dans Le Monde le 18 janvier 2014, qui est en m&ecirc;me temps une citation de la femme de Vincent Lambert&nbsp;(&laquo; Je souhaite que l&#39;on respecte Vincent, au-del&agrave; des consid&eacute;rations id&eacute;ologiques &raquo;) est embl&eacute;matique de ce ph&eacute;nom&egrave;ne, tout autant que le passage suivant tir&eacute; d&rsquo;un article du Figaro mentionnant qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;aller au bout d&rsquo;une promesse jamais formul&eacute;e mais &eacute;vidente entre eux : ne pas laisser son mari dans un &eacute;tat de &quot;d&eacute;pendance&quot; qu&rsquo;&quot;il aurait refus&eacute;&quot;&raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref">[7]</a>. Le journalisme, ainsi, parvient &agrave; maintenir le m&eacute;canisme que l&rsquo;on pensait impossible du t&eacute;moignage. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne est rendu possible par le lien qu&rsquo;entretient le journalisme avec la m&eacute;decine et la clinique, dans un contexte o&ugrave; l&rsquo;on vit de plus en plus longtemps avec des maladies graves. Que ce soit le tr&eacute;pas des hommes plus ou moins illustres ou la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo;, le r&eacute;gime supra-ordinaire a pour effet d&rsquo;invisibiliser d&rsquo;autres discours du tr&eacute;pas, sur lesquels nous proposons &agrave; pr&eacute;sent de porter une attention sp&eacute;cifique.&nbsp;</p> <h2><a id="t4"></a>LE R&Eacute;GIME INFRA-ORDINAIRE DU TR&Eacute;PAS OU LA TEXTUALISATION DES MARGES DU JOURNALISME</h2> <p>La derni&egrave;re partie de cette communication traitera du r&eacute;gime invisible, infra-ordinaire (George Perec, 1989) du tr&eacute;pas dans le journal. Nous verrons que les m&eacute;diations dans le journal ne sont pas seulement journalistiques : le programme t&eacute;l&eacute;visuel, les mots crois&eacute;s et les mots-fl&eacute;ch&eacute;s, les publicit&eacute;s constituent des formats m&eacute;diatiques du tr&eacute;pas. Nous verrons &eacute;galement que ce r&eacute;gime r&eacute;active le lien historique entre litt&eacute;rature et journalisme (M.-E. Th&eacute;renty, 2007) mais peut &ecirc;tre &eacute;galement tr&egrave;s normative, voire empreinte de st&eacute;r&eacute;otypie (R. Amossy, A. Herschberg Pierrot, 2014). Le r&eacute;gime infra-ordinaire du tr&eacute;pas t&eacute;moigne d&rsquo;une tension entre po&iuml;&eacute;tique et st&eacute;r&eacute;otypie, entre information fictionnalis&eacute;e et m&eacute;diations journalistiques des valeurs.&nbsp;</p> <h5>Le tr&eacute;pas dissimul&eacute; et la mise en jeu de la diff&eacute;rence entre journalistique et m&eacute;diatique</h5> <p>Si l&rsquo;on sait que le journalisme ne peut pas tout savoir et tout dire, il est int&eacute;ressant d&rsquo;observer que ce non-savoir est textualis&eacute; par le biais d&rsquo;une figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; comme le tr&eacute;pas. Envisager le tr&eacute;pas comme une figure &ndash; de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, du non-savoir, du neutre - permet de &laquo;&nbsp;garder les valeurs de fiction et de feinte qui marquent la forme de manifestation du projet&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;&eacute;voque Louis Marin (1994). Ainsi, le tr&eacute;pas est textualis&eacute; dans le journal mais selon des modalit&eacute;s particuli&egrave;res. En m&ecirc;me temps que le journalisme le dit, il l&rsquo;invisibilise suivant un r&eacute;gime infra-ordinaire. Le tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; permet, par cons&eacute;quent, de rendre visible les marges et limites du processus d&rsquo;institutionnalisation en journalisme. Ce dernier repose sur une pr&eacute;sence furtive du tr&eacute;pas, quasi invisible, sous forme de quelques mots ou d&rsquo;un court passage dans un texte plus global, dont nous allons &eacute;voquer quelques exemples. Dans ce r&eacute;gime, le tr&eacute;pas d&eacute;borde les protocoles d&rsquo;&eacute;criture journalistiques, tout en s&rsquo;ins&eacute;rant dans des textes qui se fondent sur ces protocoles.</p> <p>Nous avons vu que la &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; renvoie &agrave; une conception fig&eacute;e &agrave; la fois de la mort et du journalisme&nbsp;; avec le tr&eacute;pas en r&eacute;gime infra-ordinaire, nous d&eacute;busquons des pratiques invisibilis&eacute;es par les journalistes mais aussi des pratiques autres que le journalisme&nbsp;r&eacute;alis&eacute;es par d&rsquo;autres auteurs du journal. C&rsquo;est ainsi que nous pouvons rep&eacute;rer du tr&eacute;pas au sein de la publicit&eacute; au sein des deux p&eacute;riodes &eacute;tudi&eacute;es. Dans le journal contemporain seulement, parce que son contenu s&rsquo;est &eacute;toff&eacute; et diversifi&eacute; avec le temps, on retrouve aussi du tr&eacute;pas au sein des mots crois&eacute;s, du programme t&eacute;l&eacute;visuel, par exemple, comme en t&eacute;moignent les exemples ci-dessous.&nbsp;</p> <table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td style="text-align: center;" width="220">&nbsp;<img alt="2017 revue fontaine1" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-fontaine1.png" /></td> <td style="text-align: center;" width="220">&nbsp;<img alt="2017 revue fontaine2" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-fontaine2.png" /></td> </tr> <tr> <td width="220"><em>Figure n&deg;1&nbsp;: Publicit&eacute; charlatanesque pour les capsules Dartois, auteur inconnu, Le Figaro, 1er et 13 mai 1882, p. 4<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a></em></td> <td width="220"> <p><em>Figure n&deg;2&nbsp;: Probl&egrave;me n&deg;3457, par Vincent Labb&eacute;, Le Figaro et vous, le 25 avril 2014, p. 31</em></p> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p>Cette communication vient donc appuyer la diff&eacute;rence propos&eacute;e par Roselyne Ringoot (2014) entre le journalistique et m&eacute;diatique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Distinguer le m&eacute;diatique et le journalistique semble aujourd&rsquo;hui incontournable, car si le journalisme est intrins&egrave;quement li&eacute; aux m&eacute;dias, il y occupe une place somme toute limit&eacute;e. L&rsquo;extension du domaine m&eacute;diatique rend de plus en plus caduque la synonymie encore entretenue entre les deux termes.&nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p>Ainsi, le r&eacute;gime du tr&eacute;pas demeure au XXIe si&egrave;cle, mais plus dans les m&ecirc;mes espaces du journal, plus sur le plan de l&rsquo;institutionnalisation. Le journalisme rejette dans les marges ce qui, auparavant, &eacute;tait au centre, au c&oelig;ur du journal. Ceci n&rsquo;emp&ecirc;che pas toutefois que le journalisme demeure pris dans une tension entre essayer de rendre famili&egrave;re l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et la volont&eacute; de la traiter comme telle.</p> <h5>Figer et rejouer le passage de la vie &agrave; la mort des contemporains&nbsp;: le journal comme lieu de ritualisation</h5> <p>Aujourd&rsquo;hui le tr&eacute;pas des hommes illustres a nettement diminu&eacute; dans les n&eacute;crologies des hommes c&eacute;l&egrave;bres, bien que la naissance de la n&eacute;crologie ait ritualis&eacute; l&rsquo;expression du deuil collectif autour des hommes illustres. Les n&eacute;crologies sont en effet &laquo;&nbsp;une des formes modernes du rite fun&eacute;raire en Occident&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;a d&eacute;montr&eacute; Marie-Laure Flor&eacute;a (2015), Il est toutefois int&eacute;ressant de constater que l&rsquo;&eacute;criture de la mort des hommes illustres ne passe que peu par l&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas. Dans le journal contemporain, le tr&eacute;pas est davantage mobilis&eacute; lorsqu&rsquo;il touche aux contemporains inconnus &ndash; notion que nous proposons en &eacute;cho &agrave; celle des contemporains c&eacute;l&egrave;bres forg&eacute; par Adeline Wrona (2012). En effet, le tr&eacute;pas des contemporains inconnus se retrouve majoritairement dans les faits divers en 1882. Or, les faits divers n&rsquo;ont que peu de place au sein des deux titres contemporains que nous &eacute;tudions ; l&rsquo;&eacute;criture du tr&eacute;pas des contemporains inconnus s&rsquo;est d&eacute;plac&eacute;e des faits divers aux &laquo;&nbsp;carnets&nbsp;&raquo;, correspondant aux petites annonces contemporaines de d&eacute;c&egrave;s, de naissance, de mariage&hellip; Si les petites annonces existaient d&eacute;j&agrave; en 1882, le carnet contemporain propose en effet de faire rejouer, en particulier par le biais d&rsquo;une rubrique &laquo;&nbsp;souvenirs&nbsp;&raquo;, la sc&egrave;ne du passage de la vie &agrave; la mort d&rsquo;un proche par la mobilisation d&rsquo;expressions fig&eacute;es, ritualis&eacute;es&nbsp;dans un texte lui-m&ecirc;me protocolis&eacute; (bien que Le Monde contrairement au Figaro ait aujourd&rsquo;hui tendance &agrave; s&rsquo;ouvrir davantage &agrave; une po&eacute;tique, une personnalisation des annonces).</p> <p>Cette st&eacute;r&eacute;otypie n&rsquo;est pas nouvelle et est fortement pr&eacute;sente dans le journal durant nos deux p&eacute;riodes &eacute;tudi&eacute;es. La m&eacute;diatisation du tr&eacute;pas des hommes illustres en 1882 en est le parfait exemple et rejoint en ce sens les faits divers de la m&ecirc;me &eacute;poque&nbsp;: &laquo;&nbsp;expirer&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;rendre son dernier souffle&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&eacute;tat d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;&nbsp;&raquo; sont des expressions tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement mobilis&eacute;es pour qualifier le tr&eacute;pas. Notons au passage que ces expressions sont tr&egrave;s m&eacute;diag&eacute;niques (Philippe Marion, 1997) au sens o&ugrave; elles figurent ce passage de la vie &agrave; la mort. En 2014, cette st&eacute;r&eacute;otypie se retrouve donc dans les carnets, mais aussi dans la formule &laquo;&nbsp;fin de vie&nbsp;&raquo; &eacute;tudi&eacute;e plus haut et a pour effet de figer une expression du tr&eacute;pas. Ainsi, la cr&eacute;ation de valeurs qui fige, familiarise, exemplarise le tr&eacute;pas t&eacute;moigne d&rsquo;une volont&eacute;, d&rsquo;un d&eacute;sir journalistique de neutraliser le caract&egrave;re autre du tr&eacute;pas, de rendre familier l&rsquo;infamilier. Ceci se r&eacute;alise dans le cadre d&rsquo;une tension avec une po&iuml;&eacute;tique&nbsp;dans les espaces o&ugrave; le journalisme joue avec ses propres fronti&egrave;res, est moins centr&eacute; sur le&nbsp;&laquo;&nbsp;fait vrai&nbsp;&raquo; que sur son rapport &agrave; la litt&eacute;rature. &nbsp;&nbsp;</p> <h5>Po&iuml;&eacute;tique journalistique du tr&eacute;pas ou la r&eacute;activation du lien historique entre journalisme et litt&eacute;rature</h5> <p>Cette figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; qu&rsquo;est le tr&eacute;pas passe &eacute;galement par une po&iuml;&eacute;tique, capacit&eacute; que peut avoir un journaliste &agrave; cr&eacute;er par le texte et que l&rsquo;on peut diff&eacute;rencier de la st&eacute;r&eacute;otypie rep&eacute;r&eacute;e plus en amont, qui se d&eacute;finit par sa r&eacute;p&eacute;tition. D&eacute;busquer le tr&eacute;pas en r&eacute;gime infra-ordinaire n&eacute;cessite de ne pas pr&eacute;juger des discours et donc, de ne pas passer par exemple par une recherche par mots-cl&eacute;s dans l&rsquo;&eacute;tape de la constitution de corpus. Le r&eacute;gime infra-ordinaire en po&iuml;&eacute;tique ne peut se laisser saisir que par le biais d&rsquo;une lecture int&eacute;grale du num&eacute;ro de journal, par une tactique de contournement de l&rsquo;information signifi&eacute;e par le chercheur. La po&iuml;&eacute;tique du tr&eacute;pas r&eacute;active le lien historique entre journalisme et litt&eacute;rature.</p> <p>Ce lien explique la pr&eacute;sence plus nombreuse du tr&eacute;pas dans Le Figaro compar&eacute; au Petit Journal, ce qui &agrave; premi&egrave;re vue, peut para&icirc;tre surprenant. On sait en effet que Le Petit Journal, l&rsquo;un des plus grands repr&eacute;sentants de la petite presse en 1882, est un journal &laquo;&nbsp;&agrave; sensations&nbsp;&raquo;, propre &agrave; &eacute;voquer la mort et donc aussi, peut-&ecirc;tre, le passage de la vie &agrave; la mort. Or, c&rsquo;est tout l&rsquo;inverse qui se produit&nbsp;: c&rsquo;est Le Figaro, plus proche d&rsquo;un r&eacute;gime litt&eacute;raire que de celui du &laquo;&nbsp;petit fait vrai&nbsp;&raquo; du Petit Journal (Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty, 2007) qui met davantage en sc&egrave;ne le tr&eacute;pas. Le tr&eacute;pas se retrouve de mani&egrave;re tr&egrave;s diffuse dans le journal et &agrave; plus haut degr&eacute; dans les espaces d&eacute;di&eacute;s &agrave; la litt&eacute;rature dans le p&eacute;riodique, comme les romans feuilletons ou le suppl&eacute;ment litt&eacute;raire du dimanche du Figaro. Dans ce dernier, on retrouve par exemple et &agrave; l&rsquo;occasion de la mort de l&rsquo;&eacute;crivain Auguste Barbier, une republication de ses po&egrave;mes dont l&rsquo;un &eacute;voque la mer &laquo; se roulant sur le sable et d&eacute;chirant la terre, avec le r&acirc;le d&#39;un mourant &raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref">[9]</a>. Malgr&eacute; le passage du r&eacute;gime du possible au r&eacute;gime du fait vrai qui accompagne la pr&eacute;tention al&egrave;thurgique du journalisme, on retrouve ce lien entre journalisme et litt&eacute;rature dans des espaces beaucoup plus circonscrits du journal. En effet et comme l&rsquo;&eacute;voque Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty (2007) qui travaille sur le rapport entre litt&eacute;rature et journalisme, &laquo; la&nbsp;litt&eacute;rarisation du journal passe notamment par une fictionnalisation du quotidien&nbsp;[&hellip;]&nbsp;&raquo; et on rep&egrave;re que l&rsquo;information fictionnalis&eacute;e du tr&eacute;pas est toujours pr&eacute;sente dans le journal, dans des espaces beaucoup plus d&eacute;limit&eacute;s. Il s&rsquo;agit des espaces culturels et litt&eacute;raires et des suppl&eacute;ments du journal, au sein desquels appara&icirc;t certes furtivement mais massivement, le tr&eacute;pas. Il s&rsquo;agit par ailleurs d&rsquo;espaces proposant un rapport sp&eacute;cifique &agrave; la temporalit&eacute; dans le journal, correspondant aux actualit&eacute;s &laquo;&nbsp;froides &raquo;. C&rsquo;est ainsi que l&rsquo;on peut lire dans Le Monde des Livres qu&rsquo;un ouvrage pr&eacute;sent&eacute; dans l&rsquo;article &laquo; raconte l&#39;agonie d&#39;une vieille femme. Une m&egrave;re veill&eacute;e par ses enfants qui s&#39;entre-d&eacute;chirent &raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref">[10]</a>. Ces espaces entretiennent non seulement un rapport sp&eacute;cifique au r&eacute;cit mais aussi &agrave; la fiction, qui autorise l&rsquo;impossible en journalisme face &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. On peut le voir par exemple dans l&rsquo;&eacute;criture de la pens&eacute;e d&rsquo;un mourant, propos&eacute;e par Fran&ccedil;ois Angelier dans Le Monde des Livres&nbsp;:</p> <p>&laquo; Le 14 septembre 1982, un accident de moto confia brutalement le romancier John Gardner aux bons soins de la mort. Il avait 49 ans. A qui ce fragile colosse blond, &agrave; la veille d&#39;un troisi&egrave;me mariage, rescap&eacute; d&#39;un cancer, min&eacute; par l&#39;alcool, destina-t-il ses ultimes pens&eacute;es ? A son jeune fr&egrave;re Gilbert, dont le tr&eacute;pas accidentel l&#39;avait endeuill&eacute; &agrave; vie et profond&eacute;ment culpabilis&eacute; ? A son fermier et pr&eacute;dicateur de p&egrave;re et &agrave; sa m&egrave;re institutrice qui lui avaient donn&eacute; le go&ucirc;t de la lecture ? A Shakespeare, l&#39;idole de sa famille ? A Geoffrey Chaucer, son auteur f&eacute;tiche, l&#39;inventeur des Contes de Canterbury ? A son amie Joyce Carol Oates ? Aux &eacute;tudiants auxquels il enseignait la dure asc&egrave;se de l&#39;&eacute;criture ? Lui seul le sait. &raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref">[11]</a></p> <p>Ce ph&eacute;nom&egrave;ne renvoie &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;importance litt&eacute;raire du fait m&eacute;diatique&nbsp;&raquo;, d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;expression de Dominique Kalifa, Philippe R&eacute;gnier, Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty et Alain Vaillant (2011), toujours pr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui dans le journal. Cette derni&egrave;re demeure importante &agrave; penser avec le journal contemporain car elle montre que le r&eacute;gime infra-ordinaire du tr&eacute;pas est pris dans une tension entre normalisation et po&iuml;&eacute;tique, entre familier et infamilier, tension soulign&eacute;e par Vladimir Jank&eacute;l&eacute;vitch (1977) &agrave; propos de la mort.</p> <p>&shy;</p> <h2><a id="t5"></a>CONCLUSION</h2> <p>En passant du discours du journal sur le tr&eacute;pas au discours sur le journal (A. L&eacute;vrier, A. Wrona, 2013) et le journalisme, nous montrons que le journalisme s&rsquo;institutionnalise par la mise en avant d&rsquo;une objectivit&eacute;, d&rsquo;une neutralisation, de la mont&eacute;e en puissance du fait et de l&rsquo;escamotage du possible. Ceci a &eacute;t&eacute; rendu visible par le rep&eacute;rage d&rsquo;une &eacute;volution entre deux r&eacute;gimes possibles&nbsp;que nous avons qualifi&eacute;s d&rsquo;infraordinaire (XIXe si&egrave;cle) et de supraordinaire (XXIe si&egrave;cle), autrement dit le passage d&rsquo;un r&eacute;gime de discours &agrave; un autre. Nous montrons &eacute;galement comment les m&eacute;diations du tr&eacute;pas comme figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; conduisent &agrave; r&eacute;interroger la fonction revendiqu&eacute;e d&rsquo;un m&eacute;dia, &laquo;&nbsp;faire savoir&nbsp;&raquo;, situ&eacute;e entre information, communication et savoirs. En proposant le concept de &laquo;&nbsp;pr&eacute;tention al&egrave;thurgique&nbsp;&raquo;, nous montrons qu&rsquo;une &eacute;tude des repr&eacute;sentations du tr&eacute;pas contribue &agrave; poser la diff&eacute;rence entre le journalistique et le m&eacute;diatique (R. Ringoot, 2014). Car interroger les m&eacute;diations du tr&eacute;pas dans le journal, c&rsquo;est aussi poser la question de l&rsquo;institutionnalisation du journalisme et de ses marges. Comme l&rsquo;&eacute;voque Denise Jodelet (2005),&nbsp; &laquo;&nbsp;si l&rsquo;autre se d&eacute;finit par rapport &agrave; un m&ecirc;me, le m&ecirc;me s&rsquo;affirme autant relativement &agrave; l&rsquo;autre qu&rsquo;&agrave; soi&nbsp;&raquo;. Le tr&eacute;pas appara&icirc;t comme une occasion d&rsquo;&eacute;tudier l&rsquo;affirmation du journalistique dans le m&eacute;diatique et soutient la th&egrave;se d&rsquo;une r&eacute;invention permanente du journalisme (Roselyne Ringoot, Jean-Michel Utard, 2005).</p> <h2><b><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</b></h2> <p>AMOSSY, R. (2014).&nbsp;<i>Apologie de la pol&eacute;mique.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Presses Universitaires de France</p> <p>AMOSSY, R. et HERSCHBERG PIERROT, A. (2014).&nbsp;<i>St&eacute;r&eacute;otypes et clich&eacute;s.&nbsp;</i>Paris : Armand Colin</p> <p>BAKHTINE, M. (1970).&nbsp;<i>La Po&eacute;tique de Dosto&iuml;evski.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Seuil</p> <p>BARTHES, R. (2002 [1977-1978]). Le&nbsp;<i>Neutre. Cours et s&eacute;minaires au Coll&egrave;ge de France (1977-1978)</i>, texte &eacute;tabli, annot&eacute; et pr&eacute;sent&eacute; par Thomas Clerc. Paris&nbsp;: Seuil</p> <p>BEYAERT-GESLIN, A. (2009)&nbsp;<i>L&rsquo;Image pr&eacute;occup&eacute;e</i>. Paris&nbsp;: Herm&egrave;s-Lavoisier</p> <p>DELPORTE, C. (1999).&nbsp;<i>Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction d&rsquo;une profession</i>. Paris&nbsp;: Seuil</p> <p>FLOREA, M.-L. (2015).&nbsp;<i>Les n&eacute;crologies dans la presse fran&ccedil;aise contemporaine&nbsp;: une analyse de discours</i>, Th&egrave;se de doctorat en sciences du langage, Lyon II, soutenue le 11 d&eacute;cembre 2015</p> <p>FOUCAULT, M. (2012 [1979-1980]).&nbsp;<i>Du gouvernement des vivants. Cours au Coll&egrave;ge de France. 1979-1980</i>, texte &eacute;tabli sous la direction de Fran&ccedil;ois Ewald et Alessandro Fontana, par Michel Senellart, Paris&nbsp;: EHESS, Gallimard, Seuil</p> <p>JANK&Eacute;L&Eacute;VITCH V. (1977).&nbsp;<em>La Mort</em>. Paris&nbsp;: Flammarion.</p> <p>JEANNERET, Y. et SOUCHIER, E. (2005) &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale dans les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran&nbsp;&raquo;, Dans&nbsp;<i>Communication et langages</i>. n&deg;145. p. 3-15</p> <p>JEANNERET, Y. (2008).&nbsp;<i>Penser la trivialit&eacute;.&nbsp;</i>Volume 1&nbsp;:&nbsp;<i>La vie triviale des &ecirc;tres culturels</i>.<i>&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Herm&egrave;s-Lavoisier</p> <p>JEANNERET, Y. (2014).&nbsp;<i>Critique de la trivialit&eacute;. Les m&eacute;diations de la communication, enjeu de pouvoir</i>. Paris&nbsp;: Editions Non Standard</p> <p>JODELET, D. (2005) &laquo;&nbsp;Formes et figures de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo;, Dans&nbsp;SANCHEZ-MAZAS, M. et LICATA, L. (dir.)&nbsp;<strong><i>L&#39;Autre : Regards psychosociaux</i></strong>. Grenoble : Les Presses de l&rsquo;Universit&eacute; de Grenoble. p. 23-47</p> <p>KALIFA, D., R&Eacute;GNIER, P., TH&Eacute;RENTY, M.-E., VAILLANT, A. (dir.) (2011).&nbsp;<em>La Civilisation du journal. Histoire culturelle et litt&eacute;raire de la presse fran&ccedil;aise au xix<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle.&nbsp;</em>Paris&nbsp;: Nouveau Monde &Eacute;ditions</p> <p>KANT, E. (1912 [1781]).&nbsp;<i>Critique de la raison&nbsp; pure</i>. Tome I. Paris&nbsp;: Flammarion.</p> <p>KRIEG-PLANQUE, A. (2009).<i>&nbsp;La Notion de &laquo;&nbsp;formule&nbsp;&raquo; en analyse du discours. Cadre th&eacute;orique et m&eacute;thodologique</i>. Paris&nbsp;: Presses universitaires de Franche-Comt&eacute;</p> <p>LAVAUD, M. (2004). &laquo; Enqu&ecirc;te sur un genre vivant : l&rsquo;interview n&eacute;crologique &raquo;, Dans&nbsp;:&nbsp;<i>Lieux litt&eacute;raires</i>,&nbsp;<i>La Revue</i>. n&deg;9-10. p. 119-147</p> <p>L&Eacute;VINAS, E. (1997 [1991]).&nbsp;<i>La Mort et le temps</i>,&nbsp;cours de 1975/1976, &eacute;dition &eacute;tablie par Jacques Rolland. Paris&nbsp;: L&rsquo;Herne</p> <p>L&Eacute;VRIER, A. et WRONA, A. (dirs.) (2013).&nbsp;<i>Mati&egrave;re et esprit du journal. Du Mercure galant &agrave; Twitter.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Presses Universitaires de Paris Sorbonne</p> <p>MARION, P. (1997). &laquo;&nbsp;Narratologie m&eacute;diatique et m&eacute;diag&eacute;nie des r&eacute;cits&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Recherches en communication</i>, n&deg; 7, p. 61-88</p> <p>MOUILLAUD, M. et TETU, J.-F. (1989).&nbsp;<i>Le Journal quotidien</i>. Lyon&nbsp;: Presses Universitaires de Lyon</p> <p>PEREC, G. (1989).&nbsp;<i>L&rsquo;Infra-ordinaire</i>, Paris&nbsp;: Seuil</p> <p>PIC, M., SELMECI CASTIONI, B. et VAN ELSLANDE, J.-P. (dir.) (2012).&nbsp;<i>La Pens&eacute;e sans abri. Non-savoir et litt&eacute;rature</i>. Nantes&nbsp;: Editions nouvelles C&eacute;cile Defaut</p> <p>QU&Eacute;R&Eacute;, L. (1982).&nbsp;<i>Des miroirs &eacute;quivoques. Aux origines de la communication moderne</i>, Paris&nbsp;: &Eacute;ditions Aubier Montaigne</p> <p>RICOEUR, P. (1990).&nbsp;<i>Soi-m&ecirc;me comme un autre</i>. Paris&nbsp;: Seuil</p> <p>RIEFFEL, R., RINGOOT, R., T&Eacute;TU, J.-F., WRONA, A. (2013).&nbsp;&laquo; Le &ldquo; gouvernement &rdquo; des journalistes. Introduction &raquo;.&nbsp;<i>Sur le journalisme, About journalism, Sobre jornalismo&nbsp;</i>[En ligne], Vol 2, n&deg;2 - 2013, mis en ligne le 15 d&eacute;cembre 2013. URL :&nbsp;<a href="http://surlejournalisme.com/rev" target="_blank">http://surlejournalisme.com/rev</a></p> <p>RINGOOT, R. (2014),&nbsp;<i>Analyser le discours de presse</i>, Paris&nbsp;: Armand Colin</p> <p>RINGOOT, R. et UTARD J.-M. (dir.) (2005),&nbsp;<i>Le Journalisme en invention. Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs</i>. Rennes&nbsp;: Presses Universitaires de Rennes</p> <p>SOUCHIER,&nbsp;E. (1998). &laquo;&nbsp;L&#39;image du texte pour une th&eacute;orie de l&#39;&eacute;nonciation &eacute;ditoriale&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les cahiers de m&eacute;diologie</em><em>, vol. 2</em>, n&deg; 6, p.&nbsp;137-145</p> <p>TH&Eacute;RENTY, M.-&Egrave;. (2007).&nbsp;<i>La Litt&eacute;rature au quotidien. Po&eacute;tiques journalistiques au XIX<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle</i>. Paris&nbsp;: Seuil</p> <p>WOLFF, E. (2007).&nbsp;<i>De l&rsquo;&Eacute;thique &agrave; la justice&nbsp;: langage et politique dans la philosophie de L&eacute;vinas.&nbsp;</i>Dordrecht&nbsp;: Springer</p> <p>WRONA, A. (2010).&nbsp;&laquo;&nbsp;Figures du grand homme&nbsp;&raquo; dans&nbsp;PAG&Egrave;S,&nbsp;A. (&eacute;d.).&nbsp;<i>Zola au Panth&eacute;on: l&#39;&eacute;pilogue de l&#39;affaire Dreyfus</i>. Paris&nbsp;: Presses Sorbonne Nouvelle</p> <p>WRONA, A. (2012).&nbsp;<i>Face au portrait. De Sainte-Beuve &agrave; Facebook.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Hermann</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref1" id="ftn1">[1]</a> &laquo;&nbsp;Le 22 mai&nbsp;&raquo;, par Maxime Boucheron, <em>L&rsquo;Echo de Paris</em>, 24 mai 1885, p. 1</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref2" id="ftn2">[2]</a> &laquo;&nbsp;Peu d&rsquo;espoir de sauver le g&eacute;n&eacute;ral de Cissey&nbsp;&raquo;, par Le Masque de Fer, <i>Le Figaro</i>, le 25 mai 1882, p. 1-2</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref3" id="ftn3">[3]</a> &laquo; Hollande rend sa pr&eacute;sidence r&eacute;voltante &raquo;, par Ivan Rioufol, <i>Le Figaro</i>, 31 janvier 2014, p. 15</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref4" id="ftn4">[4]</a> En ligne sur&nbsp;: <a href="http://www.sfap.org/rubrique/definition-et-organisation-des-soins-palliatifs-en-france" target="_blank">http://www.sfap.org/rubrique/definition-et-organisation-des-soins-palliatifs-en-france</a> (page consult&eacute;e le 28 mai 2016)</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref5" id="ftn5">[5]</a> &laquo;&nbsp;Le dernier voyage&nbsp;&raquo;, par Fran&ccedil;ois B&eacute;guin, <i>Le Monde</i>, 10 mars 2015, p. 16</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref6" id="ftn6">[6]</a> <i>Ibid. </i></p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref7" id="ftn7">[7]</a> &laquo;&nbsp;Rachel Lambert : le &quot;laisser partir&quot;, son &quot;geste d&rsquo;amour&quot;&raquo;, par Delphine de Mallevo&uuml;e, <i>Le Figaro</i>, les 15 et 16 f&eacute;vrier 2014, p. 13</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref8" id="ftn8">[8]</a> <em>Source&nbsp;: gallica.bnf.fr / Biblioth&egrave;que nationale de France</em></p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref9" id="ftn9">[9]</a> &laquo; La Popularit&eacute; &raquo;, par Auguste Barbier, <i>Le Figaro. Suppl&eacute;ment litt&eacute;raire du dimanche</i>, le 18 f&eacute;vrier 1882, p. 26</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref10" id="ftn10">[10]</a> &laquo; La splendeur du grognon &raquo;, par Florence Noiville, <i>Le Monde des Livres</i>, le 25 avril 2014, p. 10</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/568-1-2017-revue-fontaine#ftnref11" id="ftn11">[11]</a> &laquo; Le diable s&rsquo;est arr&ecirc;t&eacute; &agrave; Batavia (Etat de New-York) &raquo;, par Fran&ccedil;ois Angelier, <i>Le Monde des Livres</i>, le 14 mars 2014, p. 9</p>