<p><strong>Abstract :</strong>&nbsp;The digital technology has changed the movie industry, including public practices and promotional strategies. In this paper, we show how digital technology also transforms relations between moviegoers and economic players. Specifically, we show that digital technology has changed how publics approach promotional contents (movie posters, movie trailers) produced by economic players, and how economic players approach contents produced by publics. In fact, today, web surfers poach Producers Generated Contents. These poaches involve communicational risks (copyright) for economic players, who choose to strategically poach these poaches, rather than boycott it.</p> <p><strong>Keywords :&nbsp;</strong>Movie industry, digital, moviegoers, strategies, bricolages</p> <p>&nbsp;</p> <h2>INTRODUCTION&nbsp;</h2> <p>Le cin&eacute;ma relevant depuis ses origines &agrave; la fois de l&rsquo;art, du discours ancr&eacute; dans le social et sur le social, et de la r&eacute;volution technologique, l&rsquo;&eacute;tude de l&rsquo;impact de la r&eacute;volution num&eacute;rique et du web social sur le cin&eacute;ma promet d&rsquo;&ecirc;tre f&eacute;conde pour les Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication. La rencontre du cin&eacute;ma et du num&eacute;rique a en effet de multiples implications, notamment dans les pratiques des publics et dans les strat&eacute;gies &eacute;conomiques de ceux qui financent, fabriquent et distribuent les films. Dans la premi&egrave;re partie de ce travail, nous appr&eacute;hendons les travaux acad&eacute;miques consacr&eacute;s aux publics et aux acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique. Nous constatons que ces travaux mettent en lumi&egrave;re le caract&egrave;re crucial de l&rsquo;arriv&eacute;e du num&eacute;rique pour ces acteurs, mais ne se concentrent pas sur les implications que peut avoir le num&eacute;rique dans les liens qui se tissent entre ces acteurs. Ce constat constitue le pivot de notre r&eacute;flexion. Nous choisissons de questionner, dans cet article, ce que le num&eacute;rique a chang&eacute; dans les rapports entre acteurs &eacute;conomiques et publics de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique. Quels sont les<i>&nbsp;</i>liens<i>&nbsp;</i>de ces acteurs&nbsp;&agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique ? Sur le web, que font les publics des contenus produits par les acteurs &eacute;conomiques&nbsp;? Et que font les acteurs &eacute;conomiques des contenus produits par les publics&nbsp;? La deuxi&egrave;me partie de ce travail pr&eacute;sente les aspects m&eacute;thodologiques de notre recherche. Nous y pr&eacute;sentons le mat&eacute;riau m&eacute;thodologique mobilis&eacute;&nbsp; - un corpus documentaire - ainsi que ses modalit&eacute;s. La troisi&egrave;me partie de cette recherche fait &eacute;tat des r&eacute;sultats qui &eacute;mergent du traitement du corpus. Ceux-ci pointent la fa&ccedil;on dont les internautes &laquo;&nbsp;bricolent&nbsp;&raquo; (De Certeau, 1990) les dispositifs promotionnels (<i>Producers Generated Contents</i>)&hellip; et la fa&ccedil;on dont les acteurs &eacute;conomiques &laquo;&nbsp;bricolent&nbsp;&raquo; (De Certeau, 1990) les contenus produits par les internautes (<i>User Generated Contents</i>).</p> <h2><b><a id="t2"></a>REVUE DE LITTERATURE</b></h2> <p>Le cin&eacute;ma est un objet largement &eacute;tudi&eacute;. Les chercheurs, chacun dans leur discipline, lui consacrent de nombreux travaux. Toutefois, dans la pr&eacute;sente revue de litt&eacute;rature, nous constatons que les auteurs soulignent les enjeux du num&eacute;rique dans les activit&eacute;s respectives des acteurs &eacute;conomiques et des publics, mais occultent les implications que peut avoir le num&eacute;rique dans les rapports entre ces acteurs.</p> <h3><b>Publics, pratiques et reconfigurations &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique</b><b>&nbsp;</b></h3> <p>Les publics du cin&eacute;ma et leurs pratiques sont au centre des pr&eacute;occupations d&rsquo;une multitude de chercheurs. Diverses disciplines se penchent sur les individus qui se rendent au cin&eacute;ma, et proposent diff&eacute;rentes fa&ccedil;ons de les envisager. En Sciences de Gestion, ces derniers incarnent une&nbsp;<i>demande&nbsp;</i>de films, souvent appr&eacute;hend&eacute;e &agrave; travers des enqu&ecirc;tes statistiques. En Sociologie, ils sont des individus pluriels (Leveratto, 2003), auteurs de pratiques polymorphes. En Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication, ils sont des individus complexes, donnant vie &agrave; des pratiques cin&eacute;matographiques riches (Ethis, 2009) et non exclusives de pratiques m&eacute;diatiques (Allard, 2000&nbsp;; Cardon &amp; Granjon, 2003).</p> <p>Les chercheurs qui s&rsquo;int&eacute;ressent aux publics du cin&eacute;ma s&rsquo;attellent le plus souvent &agrave; saisir les ressorts de leurs pratiques. Selon les auteurs et les disciplines, certaines dimensions de ces pratiques sont mises en exergue. Certains s&#39;int&eacute;ressent &agrave; la pratique cin&eacute;matographique la plus commune, qui consiste au visionnage d&rsquo;un film dans une salle de projection (Qu&eacute;r&eacute;, 1996). D&rsquo;autres s&rsquo;int&eacute;ressent aux pratiques qui se d&eacute;veloppent&nbsp;<i>avant</i>&nbsp;la s&eacute;ance et notamment &agrave; la d&eacute;marche d&rsquo;information sur les films &agrave; l&rsquo;affiche (Cooper-Martin, 1992&nbsp;; Ferrandi &amp; Kruger, 2009). Ils montrent que cette recherche d&rsquo;informations peut &ecirc;tre nourrie par des &eacute;l&eacute;ments&nbsp;<i>ex situ</i>&nbsp;- dispositifs promotionnels (Euzeby &amp; Martinez, 2004), avis de critiques (Boor, 1990 ; Debenedetti, 2006), avis d&rsquo;internautes (Balagu&eacute; &amp; Flor&egrave;s, 2007&nbsp;; Ardelet &amp; Brial, 2011) - ou des &eacute;l&eacute;ments&nbsp;<i>in situ</i>, se trouvant dans le cin&eacute;ma (Ethis, 2000). D&rsquo;autres auteurs s&rsquo;int&eacute;ressent aux formes de pratiques cin&eacute;matographiques qui naissent&nbsp;<i>apr&egrave;s</i>&nbsp;le visionnage du film (et notamment l&rsquo;expression d&rsquo;avis). Ils rappellent combien ces pratiques sont r&eacute;v&eacute;latrices d&rsquo;identit&eacute;s sociales (Ethis, 2009), vectrices de communication (Allard, 1995), cr&eacute;atrices de sociabilit&eacute;s (Juan &amp; Tr&eacute;buil, 2012) et de communaut&eacute;s de go&ucirc;ts. En t&eacute;moignent notamment les&nbsp;<i>fandoms<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a></i>&nbsp;(Jenkins, 2006a),&nbsp;<i>flashmobs<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a></i>&nbsp;et&nbsp;<i>lipdubs<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a></i>&nbsp;d&eacute;di&eacute;s aujourd&rsquo;hui aux films de cin&eacute;ma.</p> <p>Parmi les travaux consacr&eacute;s aux pratiques cin&eacute;matographiques, nombreux sont les chercheurs qui pointent l&rsquo;incidence du num&eacute;rique dans ces pratiques. D&rsquo;une part, le num&eacute;rique transforme les pratiques en salles. En effet, aujourd&rsquo;hui, certains spectateurs publient, pendant le film, depuis la salle de projection, des contenus, et notamment des<i>&nbsp;tweets&hellip;</i>&nbsp;au point que certains exploitants envisagent de r&eacute;server des si&egrave;ges (&laquo;&nbsp;<i>tweet seats</i>&nbsp;&raquo;) pour permettre aux &laquo;&nbsp;<i>twittos&nbsp;</i>&raquo; (usagers de Twitter) de publier des &laquo;&nbsp;<i>live-tweets</i>&nbsp;&raquo; pendant le film, sans g&ecirc;ner leurs voisins. D&rsquo;autre part, le num&eacute;rique transforme les pratiques d&rsquo;<i>avant-s&eacute;ance&nbsp;</i>et notamment la recherche d&rsquo;informations sur les films &agrave; l&rsquo;affiche, qui peut aujourd&rsquo;hui s&rsquo;effectuer&nbsp;<i>via&nbsp;</i>le web (Belvaux &amp; Marteaux, 2007&nbsp;; Wang et al., 2010). Enfin, le num&eacute;rique transforme les pratiques d&rsquo;<i>apr&egrave;s-s&eacute;ance&nbsp;</i>(Liu, 2006). Le web introduit de nouvelles alternatives pour l&rsquo;expression et le partage d&rsquo;avis sur les films. Les espaces num&eacute;riques (blogs, forums, r&eacute;seaux sociaux) impulsent une culture de la contribution, un&nbsp;<i>halo</i>&nbsp;de conversations en ligne, qui donnent vie &agrave; des versions modernes et virtuelles des&nbsp;<i>cin&eacute;-clubs</i>&nbsp;de l&rsquo;&eacute;poque.</p> <p>Cette premi&egrave;re partie de la revue de litt&eacute;rature nous permet de comprendre que les chercheurs s&rsquo;int&eacute;ressent aux publics du cin&eacute;ma, &agrave; leurs pratiques et aux implications qu&rsquo;a pu avoir l&rsquo;arriv&eacute;e du num&eacute;rique dans ces pratiques. D&rsquo;autres acteurs, producteurs de contenus sur les films, attirent &eacute;galement l&rsquo;attention des chercheurs : il s&rsquo;agit des acteurs &eacute;conomiques.</p> <h3><b>Acteurs &eacute;conomiques, strat&eacute;gies promotionnelles&hellip; et reconfigurations &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique</b></h3> <p>Une multitude de chercheurs s&rsquo;int&eacute;ressent aux strat&eacute;gies orchestr&eacute;es par les acteurs &eacute;conomiques (producteurs, distributeurs, exploitants) (Creton, 2000&nbsp;; Forest, 2002&nbsp;; Garcia, 2011). Ils &eacute;tudient la morphologie et les rouages des campagnes de promotion, bas&eacute;es sur le d&eacute;ploiement de dispositifs promotionnels (affiche, bande-annonce, synopsis&hellip;).</p> <p>De nombreux auteurs &eacute;tudient les formes contemporaines que prennent ces strat&eacute;gies promotionnelles. Ils indiquent combien les campagnes de promotion sont renouvel&eacute;es par les m&eacute;dias (Croquet, 1998&nbsp;; Duchet, 2009). Aujourd&rsquo;hui, en effet, les acteurs &eacute;conomiques utilisent la convergence des m&eacute;dias (Jenkins, 2006b) et l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; des dispositifs m&eacute;diatiques pour d&eacute;ployer les dispositifs promotionnels sur un ensemble de m&eacute;dias, dans la logique des campagnes &agrave; 360 degr&eacute;s, ou plus r&eacute;cemment dans la dynamique des strat&eacute;gies&nbsp;<i>cross m&eacute;dia</i>&nbsp;et&nbsp;<i>transm&eacute;dia&nbsp;</i>(Bourdaa, 2012). Le num&eacute;rique impulse un ensemble de mutations dans la promotion des films, &agrave; l&rsquo;image notamment des pages&nbsp;<i>Facebook</i>&nbsp;ou&nbsp;<i>Twitter</i>, des cha&icirc;nes&nbsp;<i>Youtube</i>, cr&eacute;&eacute;es aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;effigie des films d&egrave;s leur sortie. Ces mutations rappellent que l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique porte les stigmates d&rsquo;une &eacute;conomie m&eacute;diatico-publicitaire, port&eacute;e par des m&eacute;dias et reconfigur&eacute;e par le num&eacute;rique (Chantepie &amp; Le Diberder, 2010).<b>&nbsp;</b></p> <h3><b>Un d&eacute;nominateur commun&hellip; abord&eacute; de fa&ccedil;on partielle</b></h3> <p>A ce stade de notre revue de litt&eacute;rature, nous constatons que les chercheurs appr&eacute;hendent certains renouvellements induits par le num&eacute;rique (renouvellement des pratiques des publics, reconfiguration des strat&eacute;gies des acteurs &eacute;conomiques) mais n&rsquo;abordent pas ces renouvellements de mani&egrave;re exhaustive et transversale. En effet, de nombreux travaux abordent ce que le num&eacute;rique a transform&eacute; dans les pratiques des publics et dans celles des acteurs &eacute;conomiques, mais des questionnements demeurent concernant les implications que peut avoir le num&eacute;rique dans les rapports entre publics et acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique. Ces interrogations constituent un&nbsp;<i>angle mort</i>, auquel il nous semble opportun de rem&eacute;dier. Nous choisissons donc d&rsquo;axer notre probl&eacute;matique sur les rapports qui se tissent entre acteurs &eacute;conomiques et publics &agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique. Nous nous demanderons plus pr&eacute;cis&eacute;ment, &agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique, ce que les publics font des contenus produits par les acteurs &eacute;conomiques, ou&nbsp;<i>PGC (Producers Generated Contents)&nbsp;?</i>&nbsp;Et ce que les acteurs &eacute;conomiques font des contenus produits par les publics, ou&nbsp;<i>UGC (User Generated Contents)</i>&nbsp;?&nbsp;&nbsp;</p> <h2><b><a id="t3"></a>METHODOLOGIE</b></h2> <p>Nous souhaitons &eacute;tudier les liens qui se tissent, &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique, entre publics et acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment ce que les publics font des contenus d&eacute;ploy&eacute;s par les acteurs &eacute;conomiques (PGC), et ce que les acteurs &eacute;conomiques font des contenus d&eacute;ploy&eacute;s par les publics (UGC). Nous ancrons cette &eacute;tude dans une approche communicationnelle, et mobilisons un corpus documentaire, offrant un point d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; ces &eacute;l&eacute;ments.</p> <h3><b>Num&eacute;rique, liens, complexit&eacute;&nbsp;: une approche communicationnelle de chercheur en SIC</b></h3> <p>Notre position est celle d&rsquo;un chercheur en Sciences de l&rsquo;Information et de la Communication, d&eacute;sireux de percer &agrave; jour certains questionnements fondamentaux dans cette discipline&nbsp;: les enjeux du num&eacute;rique dans le rapport entre publics et professionnels des secteurs culturels, l&rsquo;&eacute;volution des pratiques des publics (et plus pr&eacute;cis&eacute;ment la fa&ccedil;on dont ils traitent les PGC sur le web), les strat&eacute;gies adopt&eacute;es dans les industries culturelles (et plus pr&eacute;cis&eacute;ment la fa&ccedil;on dont les acteurs &eacute;conomiques traitent les UGC d&rsquo;internautes). Notre approche est r&eacute;solument communicationnelle. En effet, plut&ocirc;t que d&rsquo;aborder, isol&eacute;ment, les pratiques des publics ou celles des acteurs &eacute;conomiques, nous choisissons d&rsquo;&eacute;tudier les rapports qui peuvent se tisser, sur le web, entre ces acteurs, &agrave; travers notamment la fa&ccedil;on dont ils traitent mutuellement leurs contenus. Nous relions des &eacute;l&eacute;ments (acteurs, contenus) qui auraient &eacute;t&eacute; s&eacute;par&eacute;s si nous ne les avions pas envisag&eacute;s dans une perspective communicationnelle. Par cette approche, nous entendons consid&eacute;rer et restituer la complexit&eacute; et l&rsquo;&eacute;paisseur des rapports entre ces acteurs.</p> <h3><b>Un point d&rsquo;entr&eacute;e sur les rapports publics / acteurs &eacute;conomiques &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique&nbsp;: le corpus documentaire</b></h3> <p>Afin d&rsquo;&eacute;tayer notre propos, nous mobilisons le corpus documentaire constitu&eacute; dans le cadre de notre recherche doctorale (Marty, 2014). Dans celle-ci, nous cherchons &agrave; comprendre le choix de film men&eacute; par les publics du cin&eacute;ma. Pour ce faire, nous constituons et actualisons, de 2009 &agrave; 2013<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a>, un corpus documentaire, recensant les diff&eacute;rents contenus pouvant participer au processus de choix de film. Compte tenu du volume de contenus susceptibles de nourrir et orienter ce choix, la collecte est canalis&eacute;e sur les contenus &eacute;mergeant autour de deux films&nbsp;:&nbsp;<i>Un Proph&egrave;te</i>&nbsp;(Audiard, 2009) et la saga&nbsp;<i>Twilight</i>&nbsp;(Hardwicke, 2009 ; Weitz, 2009 ; Slade, 2010 ; Condon, 2011 ; Condon, 2012). Ce&nbsp;<i>focus</i>&nbsp;sur ces deux films s&rsquo;explique par plusieurs raisons. D&rsquo;une part, il s&rsquo;agit de films relevant de march&eacute;s de taille diff&eacute;rente, renvoyant de fait &agrave; des ressorts &eacute;conomiques et des modes de financement relativement distincts.&nbsp;<i>Un proph&egrave;te</i>&nbsp;est un film fran&ccedil;ais r&eacute;alis&eacute; par Jacques Audiard et d&eacute;ploy&eacute; dans une perspective nationale<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a>.&nbsp;<i>Twilight</i>&nbsp;est une saga am&eacute;ricaine, produite et distribu&eacute;e dans une perspective mondiale. D&rsquo;autre part,&nbsp;<i>Un proph&egrave;te et Twilight&nbsp;</i>renvoient &agrave; des&nbsp;<i>familles,&nbsp;</i>des genres cin&eacute;matographiques tout &agrave; fait diff&eacute;rents, et s&rsquo;adressent &agrave; des publics eux aussi tr&egrave;s diff&eacute;rents.&nbsp;<i>Un proph&egrave;te&nbsp;</i>se rapproche des films d&rsquo;auteur, destin&eacute;s aux amateurs de cin&eacute;ma d&rsquo;art et d&rsquo;essai, tandis que&nbsp;<i>Twilight&nbsp;</i>s&rsquo;apparente davantage &agrave; un&nbsp;<i>blockbuster</i>, ou plus pr&eacute;cis&eacute;ment un&nbsp;<i>teen movie</i>, &agrave; destination de la sph&egrave;re adolescente<i>.</i></p> <p>Par plusieurs aspects, ce corpus documentaire s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre un mat&eacute;riau f&eacute;cond pour &eacute;tayer le propos du pr&eacute;sent article. Il recense des contenus produits sur des films<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a>, et notamment les contenus d&eacute;ploy&eacute;s par les acteurs &eacute;conomiques (PGC) et par les publics du cin&eacute;ma (UGC), qui nous int&eacute;ressent tout particuli&egrave;rement dans la pr&eacute;sente contribution. Mais ce corpus ne permet pas seulement de saisir la fa&ccedil;on dont les UGC et PGC se pr&eacute;sentent &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique. Il permet &eacute;galement d&rsquo;entrevoir ce que les publics font des PGC produits par les acteurs &eacute;conomiques, et ce que les acteurs &eacute;conomiques font des UGC produits par les publics. En effet, le corpus recense des contenus susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre mobilis&eacute;s dans le cadre d&rsquo;un processus de choix de film. Nous avons organis&eacute; ces contenus, tout au long de notre recherche doctorale, selon leurs auteurs (acteurs &eacute;conomiques, critiques, publics de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique) et selon les dispositifs m&eacute;diatiques sur lesquels ils sont d&eacute;ploy&eacute;s (support de presse, programme radiophonique, programme t&eacute;l&eacute;vis&eacute;, site web, r&eacute;seau social). Mais, au fil de la constitution du corpus, nous avons rencontr&eacute; - et isol&eacute; - des&nbsp;<i>contenus transverses&nbsp;</i>: en d&rsquo;autres termes, des contenus passant d&rsquo;un auteur &agrave; un autre (<i>cross-auteurs)</i>&nbsp;et/ou d&rsquo;un m&eacute;dia &agrave; un autre (<i>cross-m&eacute;dias)</i>.&nbsp;Ces&nbsp;<i>contenus transverses</i>&nbsp;sont un point d&rsquo;entr&eacute;e pour &eacute;tudier ce que les publics font des PGC, et ce que les acteurs &eacute;conomiques font des UGC, sur le web. Nous r&eacute;alisons une analyse de contenu centr&eacute;e sur ces&nbsp;<i>contenus transverses</i>, afin de comprendre leurs dynamiques et, par extension, les dynamiques qui se tissent entre leurs auteurs (acteurs &eacute;conomiques et publics de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique), &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique.</p> <h2><b><a id="t4"></a>RESULTATS</b></h2> <p>L&rsquo;&eacute;tude des&nbsp;<i>contenus transverses</i>&nbsp;r&eacute;v&egrave;le les liens complexes qui se tissent, &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique, entre les publics et les acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique. Dans cette partie, consacr&eacute;e aux r&eacute;sultats de notre &eacute;tude, nous pointons dans un premier temps la fa&ccedil;on dont les internautes &laquo;&nbsp;bricolent<i>&nbsp;</i>&raquo; (De Certeau, 1990) les PGC (contenus d&eacute;ploy&eacute;s par les acteurs &eacute;conomiques) et notamment l&rsquo;affiche et la bande-annonce. Nous soulignons combien ces bricolages repr&eacute;sentent, pour les acteurs &eacute;conomiques, des risques communicationnels (porosit&eacute;, &eacute;quivocit&eacute;,&nbsp;<i>copyright</i>) et&nbsp;<i>in fine&nbsp;</i>des risques financiers. Dans un deuxi&egrave;me temps, nous &eacute;tudions comment certains acteurs &eacute;conomiques r&eacute;agissent &agrave; ces bricolages d&rsquo;internautes et choisissent de les exploiter strat&eacute;giquement, plut&ocirc;t que d&rsquo;essayer de limiter leur diffusion ou de les ignorer. Nous assimilons ces formes d&rsquo;exploitation d&rsquo;UGC (contenus produits par les publics) &agrave; des strat&eacute;gies, adopt&eacute;es par ces acteurs &eacute;conomiques pour faire face aux risques communicationnels pr&eacute;c&eacute;demment identifi&eacute;s.</p> <h3><b>Bricolages de PGC par les publics&nbsp;: des risques communicationnels pour les acteurs &eacute;conomiques&nbsp;?</b></h3> <p>L&rsquo;&eacute;tude du corpus documentaire nous permet de constater que les publics s&rsquo;emparent aujourd&rsquo;hui des PGC. En effet, les internautes profitent aujourd&rsquo;hui des opportunit&eacute;s offertes par les dispositifs num&eacute;riques (acc&egrave;s aux contenus, interop&eacute;rabilit&eacute; des dispositifs&hellip;) pour prendre en charge les dispositifs promotionnels et les faire circuler sur le web. Ils&nbsp;<i>copient/collent</i>&nbsp;les synopsis de films dans leurs blogs&nbsp;; ils utilisent les affiches de films en photo de profil ou en illustration de leurs publications (Facebook, Twitter, Instagram)&nbsp;; ils alimentent leurs&nbsp;<i>posts&nbsp;</i>et leurs&nbsp;<i>murs&nbsp;</i>(Facebook) avec des bandes-annonces de films&hellip;</p> <p>Mais les internautes ne se contentent pas de ventiler les PGC : ils &laquo;&nbsp;bricolent&nbsp;&raquo; (De Certeau, 1990) certains de ces PGC, tels que l&rsquo;affiche ou la bande-annonce. En effet, les internautes redessinent les affiches de films &agrave; la main, ou les reproduisent &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;outils technologiques<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref">[7]</a>. Ils r&eacute;alisent des montages, en greffant, par exemple, sur l&rsquo;affiche originale, des personnages d&rsquo;autres films, dans l&rsquo;esprit des&nbsp;<i>mash up&nbsp;</i>(combinaison de plusieurs films)<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a>. Ils con&ccedil;oivent et mettent en ligne des versions parodiques<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref">[9]</a>&nbsp;des affiches de film. La figure suivante pr&eacute;sente quelques-uns de ces&nbsp;<i>bricolages&nbsp;</i>d&rsquo;affiches.</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><em><img alt="2017 revue marty1" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-marty1.png" style="width: 500px; height: 141px;" /></em></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1. L&rsquo;affiche de&nbsp;Twilight&nbsp;r&eacute;invent&eacute;e</em></p> <p>Outre les affiches de films, les internautes &laquo;&nbsp;bricolent&nbsp;&raquo; (De Certeau, 1990) les bandes-annonces. Ils recourent en effet &agrave; des outils technologiques pour transformer la morphologie sonore et/ou visuelle de la bande-annonce originale. Sur le plan sonore, ils r&eacute;inventent les dialogues, les doublages, la bande-son, les fonds musicaux. Sur le plan visuel, nous rep&eacute;rons deux principaux types d&rsquo;initiatives. Celles qui consistent &agrave; transformer visuellement la bande-annonce originale, en recourant &agrave; des trucages, des effets sp&eacute;ciaux, des montages. C&rsquo;est notamment le cas des internautes qui m&eacute;langent les images de la bande-annonce originale avec des extraits d&rsquo;autres films, afin d&rsquo;inventer des&nbsp;<i>mash up&nbsp;</i>ou des scenarii alternatifs. Le deuxi&egrave;me type d&rsquo;initiatives consiste &agrave; rejouer la bande-annonce originale. Pour ce faire, certains internautes se mettent en sc&egrave;ne personnellement et rejouent la bande-annonce dans des d&eacute;cors et costumes dignes des meilleurs&nbsp;<i>cosplays<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref">[10]</a></i>. D&rsquo;autres utilisent des figurines (L&eacute;go &copy; notamment) pour rejouer la bande-annonce sous forme de&nbsp;<i>micro-film en</i>&nbsp;<i>stopmotion</i>. La planche suivante permet d&rsquo;entrevoir quelques-unes de ces initiatives.</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><em><img alt="2017 revue marty2" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-marty2.png" style="width: 500px; height: 138px;" />&nbsp;</em></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 2. Bande-annonce de&nbsp;Twilight&nbsp;r&eacute;invent&eacute;e<br /> (mash up, mise en sc&egrave;ne personnelle,&nbsp;stopmotion&nbsp;Lego&copy;)<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref">[11]</a></em></p> <p>Nous rep&eacute;rons, en filigrane, dans ce panorama d&rsquo;UGC, diff&eacute;rents&nbsp;<i>registres de bricolages</i>, et diff&eacute;rents types de&nbsp;<i>bricoleurs</i>. En effet, nous relevons des variations en ce qui concerne les registres adopt&eacute;s par les internautes&nbsp;<i>bricoleurs&nbsp;</i>: des registres allant de l&rsquo;hommage &agrave; un film, jusqu&rsquo;au d&eacute;nigrement, en passant par l&rsquo;humour et la parodie. Parall&egrave;lement &agrave; ces&nbsp;<i>registres de bricolages, nous&nbsp;</i>identifions diff&eacute;rentes&nbsp;<i>figures d&rsquo;internautes bricoleurs</i>, allant de l&rsquo;auteur de bricolages&nbsp;<i>home made</i>&nbsp;(faits maison) d&eacute;complex&eacute;s (affiche redessin&eacute;e &agrave; main lev&eacute;e, bande-annonce rejou&eacute;e et parodi&eacute;e personnellement) &agrave; l&rsquo;auteur de&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;relativement aboutis, et requ&eacute;rant un certain nombre de comp&eacute;tences professionnelles (re-cr&eacute;ation de l&rsquo;affiche&nbsp;<i>via&nbsp;</i>des logiciels de traitement d&rsquo;images, r&eacute;invention de la bande-annonce&nbsp;<i>via&nbsp;</i>des logiciels de montages, trucages/effets sp&eacute;ciaux, conception de&nbsp;<i>mash up</i>&hellip;). Ces&nbsp;<i>registres et figures de bricoleurs</i>&nbsp;soulignent combien il est important, &agrave; ce jour, d&rsquo;envisager ces activit&eacute;s de&nbsp;<i>bricolages&nbsp;</i>en tenant compte de leur h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute;, et en leur restituant toute leur &eacute;paisseur.</p> <p>Outre l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des activit&eacute;s de&nbsp;<i>bricolages,&nbsp;</i>les initiatives d&rsquo;internautes que nous avons identifi&eacute;es mettent au jour des pratiques cin&eacute;matographiques et m&eacute;diatiques contemporaines, et diff&eacute;rentes r&eacute;flexions qui s&rsquo;y rattachent. Premi&egrave;re r&eacute;flexion&nbsp;: les pratiques que nous avons observ&eacute;es r&eacute;v&egrave;lent combien le num&eacute;rique a transform&eacute; le rapport des publics du cin&eacute;ma aux acteurs &eacute;conomiques. En effet, les internautes, actifs et inventifs, d&eacute;bordent, d&eacute;tournent, contournent, s&rsquo;&eacute;mancipent des propositions faites par les acteurs &eacute;conomiques. Ils contribuent,&nbsp;<i>via&nbsp;</i>leurs&nbsp;<i>bricolages</i>, &agrave; la notori&eacute;t&eacute; et &agrave; la promotion des films&nbsp;: qu&rsquo;ils soient ancr&eacute;s dans un registre d&rsquo;hommage, de parodie, de d&eacute;nigrement, ces&nbsp;<i>bricolages&nbsp;</i>alimentent le bouche-&agrave;-oreille sur les films. Ils deviennent simultan&eacute;ment de potentiels prescripteurs (Hatchuel, 1995&nbsp;;&nbsp;Stenger &amp; Coutant, 2009), capables de jouer un r&ocirc;le aupr&egrave;s des futurs publics, et dans les entr&eacute;es en salles (Liu, 2006&nbsp;; Belvaux &amp; Marteaux, 2007&nbsp;; Larceneux, 2007). Ils esquissent d&egrave;s lors les contours d&#39;une&nbsp;<i>co-promotion des films</i>, dans laquelle les UGC d&rsquo;internautes coudoient avec les PGC des acteurs &eacute;conomiques. Cette id&eacute;e de&nbsp;<i>co-promotion&nbsp;</i>donne un nouvel &eacute;cho &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de convergence culturelle (Jenkins, 2006b), d&eacute;crivant l&rsquo;immiscion actuelle des cultures participatives et des communaut&eacute;s en ligne dans les logiques de production. Elle introduit l&rsquo;&eacute;ventualit&eacute; d&rsquo;une promotion dans laquelle UGC et PGC &eacute;voluent c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te (convergent), dans des rapports vari&eacute;s (relai, parodie, d&eacute;nigrement), constitutifs d&rsquo;un&nbsp;<i>storytelling transmedia</i>&nbsp;synerg&eacute;tique. Finalement, &agrave; travers leurs<i>&nbsp;bricolages</i>&nbsp;de PGC, les internautes r&eacute;v&egrave;lent leur propension &agrave; s&rsquo;immiscer dans le domaine de la promotion, longtemps r&eacute;serv&eacute; aux acteurs &eacute;conomiques<i>.&nbsp;</i>Ils montrent que le discours promotionnel n&rsquo;est plus l&rsquo;apanage exclusif et monopolistique des acteurs &eacute;conomiques, mais peut &ecirc;tre port&eacute; par des autorit&eacute;s informationnelles multiples (Fabiani, 2007). Ainsi, les UGC que nous avons identifi&eacute;s r&eacute;v&egrave;lent de nouvelles formes d&rsquo;interm&eacute;diation promotionnelle, qui bousculent les canons&nbsp;<i>classiques</i>&nbsp;de la promotion des films (d&eacute;sormais&nbsp;<i>partag&eacute;e)</i>&nbsp;et secouent un certain nombre de fronti&egrave;res et de hi&eacute;rarchies &eacute;tablies dans le secteur du cin&eacute;ma.</p> <p>Deuxi&egrave;me r&eacute;flexion&nbsp;: les pratiques cr&eacute;atives que nous avons observ&eacute;es soulignent combien le num&eacute;rique a reconfigur&eacute; le rapport des publics &agrave; l&rsquo;information cin&eacute;matographique, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment aux PGC. En effet, le num&eacute;rique a transform&eacute; les modalit&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s et les formes de traitement des PGC par les publics. Ces derniers&nbsp;investissent les diff&eacute;rentes dimensions et&nbsp;<i>&eacute;paisseurs</i>&nbsp;du num&eacute;rique (Cotte, 2004) &ndash; &eacute;paisseurs mat&eacute;rielle (ordinateur, tablette,&nbsp;<i>smartphone</i>), logicielle (Photoshop, Indesign), sociale (r&eacute;seaux sociaux) &ndash; comme autant d&rsquo;opportunit&eacute;s pour&nbsp;<i>bricoler</i>&nbsp;(De Certeau, 1990) l&rsquo;information cin&eacute;matographique, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment les PGC (affiche, bande-annonce). Ces&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;r&eacute;v&egrave;lent ainsi les possibilit&eacute;s introduites par le num&eacute;rique, en termes d&rsquo;acc&egrave;s, de traitement, de redocumentarisation (Sala&uuml;n, 2007) de contenus. Mais ils relancent &eacute;galement un certain nombre de probl&eacute;matiques. En effet, les internautes&nbsp;<i>subtilisent&nbsp;</i>les PGC, qui &eacute;chappent d&egrave;s lors au contr&ocirc;le des acteurs &eacute;conomiques et deviennent des&nbsp;<i>Loser Generated Contents (contenus qui &eacute;chappent &agrave; leurs auteurs)&nbsp;</i>(Petersen, 2008)<i>.&nbsp;</i>Cette&nbsp;<i>subtilisation&nbsp;</i>questionne tout &agrave; la fois le droit &agrave; la rediffusion (Dulong de Rosnay, 2011), le&nbsp;<i>copyright&nbsp;</i>et la propri&eacute;t&eacute; intellectuelle (Rochelandet, 2011) des &oelig;uvres cin&eacute;matographiques et des contenus qui les promeuvent.</p> <p>Plus largement, les&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;des internautes r&eacute;v&egrave;lent qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique, les acteurs &eacute;conomiques se trouvent confront&eacute;s &agrave; un certain nombre de risques communicationnels (Bouzon, 2001) au cours de la promotion de leurs films. A l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique, en effet, les PGC d&eacute;ploy&eacute;s par les acteurs &eacute;conomiques sont subtilis&eacute;s par les internautes. D&egrave;s lors, les acteurs &eacute;conomiques perdent le contr&ocirc;le de leurs contenus promotionnels, et se trouvent face &agrave; plusieurs d&eacute;fis, concernant notamment la porosit&eacute; et l&rsquo;&eacute;quivocit&eacute; (Weick, 2001) de leurs PGC. Ces d&eacute;fis sont des risques communicationnels (Bouzon, 2001), auxquels les acteurs &eacute;conomiques doivent faire face, avant qu&rsquo;ils ne deviennent des sources de vuln&eacute;rabilit&eacute; affectant et d&eacute;stabilisant le processus de promotion du film. Notre corpus documentaire nous permet d&rsquo;aller plus loin et d&rsquo;&eacute;tudier la fa&ccedil;on dont les acteurs &eacute;conomiques r&eacute;agissent - font face - aux&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;des internautes, et aux risques communicationnels introduits par ces&nbsp;<i>bricolages.</i></p> <h3><b><i>Bricolages</i></b><b>&nbsp;d&rsquo;UGC par les acteurs &eacute;conomiques&nbsp;: des formes strat&eacute;giques de&nbsp;<i>r&eacute;silience</i>&nbsp;dans l&rsquo;industrie du cin&eacute;ma&nbsp;?</b></h3> <p>Le corpus documentaire nous permet d&rsquo;entrevoir la fa&ccedil;on dont certains acteurs &eacute;conomiques r&eacute;agissent aux&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;des internautes. Plut&ocirc;t que de consid&eacute;rer les risques communicationnels induits par ces bricolages (effet d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;, perte de contr&ocirc;le sur leurs PGC), certains acteurs &eacute;conomiques semblent miser sur le potentiel de ces&nbsp;<i>bricolages</i>. En effet, nous constatons que certains acteurs &eacute;conomiques ne revendiquent pas la paternit&eacute; de leurs PGC, et ne semblent pas consid&eacute;rer la porosit&eacute; de leurs PGC comme une vuln&eacute;rabilit&eacute;. Ils &laquo;&nbsp;improvisent&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;composent&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;font avec&nbsp;&raquo; ces UGC&nbsp;<i>(Users Generated Contents)</i>, et choisissent d&rsquo;<i>exploiter&nbsp;</i>(strat&eacute;giquement) ces&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;d&rsquo;internautes, plut&ocirc;t que de les&nbsp;<i>boycotter.&nbsp;</i>En d&rsquo;autres termes, ils choisissent de&nbsp;<i>bricoler</i>, &agrave; leur tour, des strat&eacute;gies autour des<i>&nbsp;bricolages&nbsp;</i>des internautes<i>.</i><i>&nbsp;</i></p> <p>Certains acteurs &eacute;conomiques semblent &agrave; la fois conscients de l&rsquo;attrait des internautes pour le<i>&nbsp;bricolage</i>, et conquis par leur gratuit&eacute;, leur viralit&eacute;, et le fait qu&rsquo;ils contribuent &agrave; la notori&eacute;t&eacute; du film sans &ecirc;tre assimil&eacute;s &agrave; du matraquage promotionnel<i>.&nbsp;</i>Ces acteurs &eacute;conomiques&nbsp;<i>bricolent&nbsp;</i>des strat&eacute;gies centr&eacute;es sur l&rsquo;exploitation de ces&nbsp;<i>bricolages.</i>&nbsp;En utilisant certaines fonctionnalit&eacute;s offertes par les r&eacute;seaux sociaux (<i>share, re-tweet)</i>, ils publient et relaient les&nbsp;<i>bricolages&nbsp;</i>d&rsquo;internautes publics sur les pages officielles (Facebook, Twitter) du film, signant simultan&eacute;ment la pleine int&eacute;gration des UGC dans les strat&eacute;gies promotionnelles. Nous rep&eacute;rons &agrave; ce titre des photos, des vid&eacute;os d&rsquo;internautes, tr&ocirc;nant sur les pages Facebook et Twitter (officielles) de la saga Twilight, car&nbsp;<i>lik&eacute;es</i>, partag&eacute;es ou&nbsp;<i>re-tweet&eacute;es</i>&nbsp;par les&nbsp;<i>community managers&nbsp;</i>charg&eacute;s de l&rsquo;animation de ces espaces. Une multitude de&nbsp;<i>fancreations&nbsp;</i>fleurissent sur les pages officielles de&nbsp;<i>Twilight&nbsp;</i>: des&nbsp;<i>bricolages&nbsp;</i>photo et vid&eacute;o d&eacute;di&eacute;s &agrave; la saga, des vid&eacute;os de&nbsp;<i>haul&nbsp;</i>(d&eacute;ballage et pr&eacute;sentation, par un internaute, d&rsquo;un produit d&eacute;riv&eacute;&nbsp;<i>Twilight&nbsp;</i>qu&rsquo;il vient de recevoir), des vid&eacute;os de&nbsp;<i>swaps</i>&nbsp;(&eacute;change de cadeaux Twilight entre Youtubeurs, officialis&eacute; par une vid&eacute;o)&hellip; Certains acteurs &eacute;conomiques ne se contentent pas de faire circuler les contenus cr&eacute;&eacute;s spontan&eacute;ment par les internautes. Ils les incitent plus directement &agrave; s&rsquo;adonner au&nbsp;<i>bricolage</i>, en lan&ccedil;ant des concours, r&eacute;compensant les meilleures cr&eacute;ations&nbsp;<i>home made</i>. En 2013, le concours #TwilightFanFilm invite les internautes &agrave;&nbsp;<i>bricoler&nbsp;</i>un montage vid&eacute;o sur la saga, afin de gagner des coffrets&nbsp;<i>collector&nbsp;</i>&agrave; l&rsquo;effigie de la saga. En 2015, le concours #FanCorrespondentContest (d&eacute;ploy&eacute;&nbsp;<i>via&nbsp;</i>les pages Facebook et Twitter officielles de la saga) invite les internautes &agrave;&nbsp;<i>bricoler&nbsp;</i>et publier une vid&eacute;o-t&eacute;moignage r&eacute;v&eacute;lant leur attachement &agrave; la saga, en vue de gagner des invitations pour un &eacute;v&eacute;nement d&eacute;di&eacute; &agrave; la saga. Les vid&eacute;os con&ccedil;ues sont alors des&nbsp;<i>bricolages-sur-commande.&nbsp;</i>Les meilleures sont publi&eacute;es, sous forme de&nbsp;<i>Top List,&nbsp;</i>sur les pages officielles de la saga. Aujourd&rsquo;hui, les acteurs &eacute;conomiques d&eacute;veloppent d&rsquo;autres strat&eacute;gies pour inciter les publics &agrave;&nbsp;<i>bricoler&nbsp;</i>des contenus sur les films. Ils livrent aux publics des contenus&nbsp;<i>pr&ecirc;ts-&agrave;-bricoler</i>.&nbsp;<i>Via&nbsp;</i>l&rsquo;application&nbsp;<i>Dubsmash<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn12" id="ftnref12" name="_ftnref">[12]</a>,&nbsp;</i>ils offrent aux mobinautes des extraits de films, et leur donnent ainsi la possibilit&eacute; de faire un&nbsp;<i>playback&nbsp;</i>(film&eacute;) sur ces extraits.&nbsp;<i>Via</i>&nbsp;l&rsquo;application&nbsp;<i>Snapchat<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn13" id="ftnref13" name="_ftnref">[13]</a></i>, ils livrent aux mobinautes des filtres photos &agrave; l&rsquo;effigie des films (<i>X-men, Power Rangers&hellip;)</i>, et leur offrent ainsi l&rsquo;opportunit&eacute; de se prendre en photo dans un fond, un d&eacute;cor, un costume rappelant le film.&nbsp;</p> <p>Les formes d&rsquo;exploitation d&rsquo;UGC que nous avons identifi&eacute;es semblent s&rsquo;apparenter &agrave; des strat&eacute;gies, mises en place par les acteurs &eacute;conomiques pour faire des&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;d&rsquo;internautes une force et non une vuln&eacute;rabilit&eacute;. Les acteurs &eacute;conomiques<i>&nbsp;bricolent</i>&nbsp;en effet des strat&eacute;gies consistant &agrave; exploiter les&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;d&rsquo;internautes, et ce avant que les risques communicationnels port&eacute;s par ces derniers (perte de contr&ocirc;le,&nbsp;<i>copyright</i>) n&rsquo;affectent leur campagne promotionnelle. Dans un sens, ces strat&eacute;gies pourraient &ecirc;tre assimil&eacute;es &agrave; des strat&eacute;gies de r&eacute;silience (Vogus &amp; Sutcliffe, 2007). Toutefois, le fait d&rsquo;assimiler ces initiatives &agrave; des strat&eacute;gies de r&eacute;silience peut para&icirc;tre excessif, dans la mesure o&ugrave; les UGC d&rsquo;internautes ne mettent pas fondamentalement en p&eacute;ril l&rsquo;industrie du cin&eacute;ma. Nous pr&eacute;f&eacute;rons donc les d&eacute;finir comme des strat&eacute;gies de recyclage - voire de phagocytage - des&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;d&rsquo;internautes, mises en &oelig;uvre par les acteurs &eacute;conomiques avant que ces&nbsp;<i>bricolages</i>&nbsp;ne compromettent la p&eacute;rennit&eacute; et la r&eacute;silience de leurs actions promotionnelles.</p> <p>Ainsi, les internautes&nbsp;<i>bricolent</i>&nbsp;les PGC produits par les acteurs &eacute;conomiques, et les acteurs &eacute;conomiques&nbsp;<i>bricolent</i>&nbsp;un ensemble de strat&eacute;gies, reposant sur l&rsquo;utilisation des internautes et de leurs UGC. Ces op&eacute;rations donnent un nouvel &eacute;cho &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de&nbsp;<i>pouvoir des utilisateurs</i>, en anglais&nbsp;<i>user empowerment<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn14" id="ftnref14" name="_ftnref">[14]</a>&nbsp;</i>(Morrongiello, 2014)<i>.</i>&nbsp;En effet, les strat&eacute;gies que nous avons identifi&eacute;es rappellent que les internautes sont aujourd&rsquo;hui fr&eacute;quemment utilis&eacute;s comme des supports de valorisation des films&nbsp;(Siromascenko, 2010) et comme des acteurs strat&eacute;giques (Stenger &amp; Coutant, 2009) capables de relayer le discours promotionnel, de faire ou d&eacute;faire la r&eacute;putation des films. Dans le pr&eacute;sent article, nous identifions deux types de strat&eacute;gies<i>&nbsp;</i>initi&eacute;es par les acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique. Le premier type consiste &agrave; exploiter strat&eacute;giquement les UGC cr&eacute;&eacute;s spontan&eacute;ment par les internautes. Ces strat&eacute;gies reposent sur la rationalisation marchande des communaut&eacute;s en ligne (Galibert, 2003&nbsp;; Larceneux, 2007) et sur l&rsquo;instrumentalisation marketing de la participation en ligne. Elles rejoignent ce que Wipperf&uuml;rth appelle le&nbsp;<i>serendipitous hi-jack</i>, ou&nbsp;<i>d&eacute;tournement impr&eacute;vu</i>&nbsp;(Wipperf&uuml;rth, 2005) : les professionnels r&eacute;cup&egrave;rent les actions spontan&eacute;es des internautes. Le deuxi&egrave;me type de strat&eacute;gie consiste &agrave; stimuler les internautes et &agrave; les encourager &agrave; fabriquer des UGC, ou &agrave;&nbsp;<i>bricoler</i>&nbsp;des PGC. Cette d&eacute;marche se rapproche de ce que Wipperf&uuml;rth appelle le&nbsp;<i>co-created hi-jack</i>, ou&nbsp;<i>d&eacute;tournement co-cr&eacute;&eacute;</i>&nbsp;(Wipperf&uuml;rth, 2005). Les professionnels ne se contentent plus d&rsquo;exploiter les contenus cr&eacute;&eacute;s spontan&eacute;ment par les internautes, mais les incitent &agrave; produire des contenus. Ces op&eacute;rations relancent le&nbsp;<i>quid&nbsp;</i>d&rsquo;internautes ventriloques, utilis&eacute;s - voire r&eacute;mun&eacute;r&eacute;s<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/655-2-2017-revue-marty#ftn15" id="ftnref15" name="_ftnref"><i>[15]</i></a>&nbsp;- par les professionnels pour diffuser certains contenus sur leur film. Elles relancent les d&eacute;bats concernant la spontan&eacute;it&eacute; des contenus produits par les internautes, compromise par les ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;injonction &agrave; la participation, et l&rsquo;intervention des professionnels dans la production d&rsquo;UGC. Elles interrogent &eacute;galement l&rsquo;authenticit&eacute; des UGC et des internautes, aujourd&rsquo;hui fr&eacute;quemment accus&eacute;s de n&rsquo;&ecirc;tre que&nbsp;<i>des acteurs &eacute;conomiques masqu&eacute;s</i>, dissimul&eacute;s derri&egrave;re des &eacute;crans&nbsp;; des &laquo;&nbsp;travailleurs du&nbsp;<i>like</i>, faussaires de l&rsquo;e-r&eacute;putation&nbsp;&raquo; (Beauvisage &amp; Mellet, 2016), qui fabriquent, orientent et agitent les ficelles de l&rsquo;opinion en ligne.</p> <p>Plus largement, les strat&eacute;gies que nous avons identifi&eacute;es rappellent que les internautes sont aujourd&rsquo;hui int&eacute;gr&eacute;s aux campagnes promotionnelles et aux op&eacute;rations orchestr&eacute;es par les acteurs &eacute;conomiques (Dupuy-Salle, 2010). En effet, les strat&eacute;gies de promotion des films donnent aujourd&rsquo;hui la part belle aux UGC<i>,</i>&nbsp;et suivent de plus en plus un mod&egrave;le promotionnel&nbsp;<i>convergent</i>&nbsp;et&nbsp;<i>transm&eacute;dia&nbsp;</i>(Jenkins, 2006a), dans lequel les cin&eacute;philies connect&eacute;es (les internautes, leurs UGC, leurs bricolages) ont un r&ocirc;le pivot. Les acteurs &eacute;conomiques int&egrave;grent les internautes dans des op&eacute;rations d&rsquo;animation de communaut&eacute;s en ligne (<i>community management)&nbsp;</i>(Galibert, 2014). Ils exploitent les cr&eacute;ations d&rsquo;internautes dans des strat&eacute;gies de&nbsp;<i>publicit&eacute; par les fans&nbsp;</i>(<i>fanadvertising)&nbsp;</i>(Lozano Delmar et al., 2013), dans lesquelles les internautes sont utilis&eacute;s comme des outils de promotion (Bourdaa, 2016).</p> <p>Nous encourageons d&egrave;s lors &agrave; une vigilance critique &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des contenus produits par les internautes. En effet, notre analyse montre que si ces derniers peuvent s&rsquo;apparenter, de prime abord, &agrave; des contenus spontan&eacute;s et non contraints, ils peuvent aussi &ecirc;tre le fruit de strat&eacute;gies et ne sont pas exempts de manipulations. Il convient toutefois de nuancer ces propos. En effet, ces propos d&eacute;peignent des internautes exploit&eacute;s, &oelig;uvrant b&eacute;n&eacute;volement, et de fa&ccedil;on d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;e, &agrave; la r&eacute;ussite de certaines strat&eacute;gies &eacute;conomiques. Or, les internautes semblent tirer parti de cette situation. En effet, certains d&rsquo;entre eux con&ccedil;oivent des cr&eacute;ations particuli&egrave;rement abouties, requ&eacute;rant un certain nombre de comp&eacute;tences. Puis ils utilisent ces cr&eacute;ations comme des supports de valorisation de leur savoir-faire, et des modes d&rsquo;objectivation de leurs comp&eacute;tences (Auray &amp; Georges, 2012). En d&rsquo;autres termes, ils font valoir leurs UGC et les utilisent comme des passerelles de professionnalisation, des trajectoires de cons&eacute;cration (Cardon et al., 2011), et des voies d&rsquo;entr&eacute;e alternative sur les march&eacute;s du travail (Beuscart &amp; Mellet, 2015). Finalement, les&nbsp;<i>bricolages&nbsp;</i>que nous avons &eacute;tudi&eacute;s sont doublement strat&eacute;giques. D&rsquo;une part, les acteurs &eacute;conomiques les int&egrave;grent dans le travail r&eacute;putationnel (Bois et al, 2015) qu&rsquo;ils mettent en &oelig;uvre autour des films. D&rsquo;autre part, les internautes les utilisent dans leur processus de travail r&eacute;putationnel individuel, pour valoriser leurs comp&eacute;tences et poursuivre leur projet professionnel. Ces &eacute;l&eacute;ments nourrissent certaines r&eacute;flexions, concernant notamment le ph&eacute;nom&egrave;ne de professionnalisation des internautes, et les enjeux qui peuvent motiver cette professionnalisation montante. Plus largement, les strat&eacute;gies mises en &oelig;uvre par les internautes r&eacute;v&egrave;lent combien il serait inopportun de d&eacute;crire les rapports publics/acteurs &eacute;conomiques de fa&ccedil;on manich&eacute;enne, en opposant des internautes l&eacute;s&eacute;s, investis dans une participation d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;e non r&eacute;compens&eacute;e, et des professionnels perfides, focalis&eacute;s sur le potentiel strat&eacute;gique des internautes. Pour d&eacute;crire les rapports publics/acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique, nous choisissons donc plut&ocirc;t de parler de collaborations strat&eacute;giques r&eacute;ciproques (dans les deux sens), r&eacute;v&eacute;lant combien les professionnels&nbsp;<i>et&nbsp;</i>les internautes savent aujourd&rsquo;hui saisir les opportunit&eacute;s de l&rsquo;&egrave;re de la convergence, de la&nbsp;<i>propagation</i>&nbsp;et de l&rsquo;<i>&eacute;talement (spreadibility)</i>&nbsp;(Jenkins et al., 2013).&nbsp;</p> <h2><b><a id="t5"></a>CONCLUSION&nbsp;</b></h2> <p>Les r&eacute;sultats de cette recherche permettent de comprendre que le num&eacute;rique secoue et reconfigure les relations entre publics et acteurs &eacute;conomiques de l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique, et notamment la fa&ccedil;on dont les internautes consid&egrave;rent les dispositifs promotionnels (comme des PGC &agrave;&nbsp;<i>bricoler</i>) et la fa&ccedil;on dont les acteurs &eacute;conomiques consid&egrave;rent les contenus produits par les publics (comme des UGC &agrave; exploiter). A l&rsquo;heure du num&eacute;rique, les internautes s&rsquo;approprient et&nbsp;<i>bricolent</i>&nbsp;(De Certeau, 1990) certains dispositifs promotionnels (affiche, bande-annonce) con&ccedil;us par les acteurs &eacute;conomiques&hellip; lesquels choisissent fr&eacute;quemment de&nbsp;<i>bricoler&nbsp;</i>strat&eacute;giquement&nbsp;<i>les bricolages</i>&nbsp;d&rsquo;internautes. Cette &eacute;tude permet d&rsquo;entrevoir la complexit&eacute; et l&rsquo;&eacute;paisseur des relations qui se tissent entre publics et acteurs &eacute;conomiques &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique (circulation de contenus, instrumentalisation des communaut&eacute;s en ligne&hellip;). Elle met en &eacute;vidence les rapports d&rsquo;interd&eacute;pendance qui peuvent unir les acteurs sociaux, et les tensions sous-jacentes qui peuvent exister au c&oelig;ur des logiques sociales en pr&eacute;sence. Plus largement, la pr&eacute;sente recherche met en intelligence les mutations technologiques qui traversent nos soci&eacute;t&eacute;s et font &eacute;voluer les pratiques culturelles et les strat&eacute;gies &eacute;conomiques.<b>&nbsp;</b></p> <h2><b><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</b></h2> <p>Allard, L. (1995). Donner corps au fant&ocirc;me&nbsp;: &agrave; la recherche du public du cin&eacute;ma.&nbsp;<i>Quaderni</i>, n&deg;25, p.3-10.</p> <p>Allard, L. (2000). Cin&eacute;philes, &agrave; vos claviers ! R&eacute;ception, public et cin&eacute;ma.&nbsp;<i>R&eacute;seaux</i>, n&deg;99, p.131-168.</p> <p>Ardelet, C., &amp; Brial, B. (2011). Influence et recommandation d&rsquo;internautes. Le r&ocirc;le de la pr&eacute;sence sociale et de l&rsquo;expertise.&nbsp;<i>Recherches et applications en management,</i>&nbsp;n&deg;26, p.45-69.</p> <p>Auray,&nbsp;N., &amp; Georges, F. (2012). Les productions audiovisuelles des joueurs de jeux vid&eacute;o. 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