<p><strong>Abstract :</strong>&nbsp;The perception of risks by educators in new school activities developed around open data induces improvisations and some forms of institutional resilience. Information governance arrangements also appear on the side of data diffusers and educators. This investigation based on interviews and a typology of resources on the Internet allows to identify an emergent ecosystem that creates and tests resources, self-organizes and learns through projects to face the new challenges of the digital society.</p> <p><strong>Keywords :</strong>&nbsp;open data, digital risk, data vizualisation, information governance, project-based learning</p> <p>&nbsp;</p> <h2>INTRODUCTION&nbsp;</h2> <p>Les donn&eacute;es num&eacute;riques prennent de plus en plus de place dans notre quotidien. La donn&eacute;e, au sens informatique, d&eacute;signe la repr&eacute;sentation d&#39;une information sous une forme conventionnelle destin&eacute;e &agrave; faciliter son traitement. Sous cette d&eacute;finition neutre, elle nous renvoie pourtant &agrave; une forme de menace diffuse et envahissante. Les personnes, les objets, les espaces, les temps, les comportements sont trac&eacute;s gr&acirc;ce aux donn&eacute;es recueillies et trait&eacute;es par les syst&egrave;mes informatiques (Merzeau, 2009). Ces donn&eacute;es concernent aussi bien les informations personnelles volontairement diffus&eacute;es par les utilisateurs, que les traces d&rsquo;utilisation, au sens d&rsquo;empreintes, collect&eacute;es via ces syst&egrave;mes sans que les utilisateurs le sachent. La prise de conscience de ce ph&eacute;nom&egrave;ne, souvent pr&eacute;sent&eacute; dans les m&eacute;dias comme vertigineux, nous oblige &agrave; nous interroger sur la fa&ccedil;on dont il est int&eacute;gr&eacute; dans l&rsquo;&eacute;ducation, l&rsquo;&eacute;cole ayant une mission d&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&rsquo;information. En travaillant sur les modalit&eacute;s de cette &eacute;ducation telle qu&rsquo;elle est pr&eacute;conis&eacute;e dans les textes et les ressources p&eacute;dagogiques, et mise en place par les enseignants dans les classes, nous avons r&eacute;alis&eacute; qu&rsquo;elle passait essentiellement par une entr&eacute;e centr&eacute;e sur le danger et les risques num&eacute;riques. Les m&eacute;dias, les institutions, les chercheurs, les assureurs, v&eacute;hiculent des discours autour des risques num&eacute;riques auxquels nous sommes confront&eacute;s. Ces risques, li&eacute;s aux traces des usages num&eacute;riques, sont multiples, du piratage informatique, &agrave; l&rsquo;espionnage, &agrave; l&rsquo;usurpation d&rsquo;identit&eacute;, au contr&ocirc;le potentiellement liberticide. Il s&rsquo;agit &eacute;galement de l&rsquo;exploitation commerciale des go&ucirc;ts et des pratiques informationnelles et sociales (Ertzscheid, 2009). Les donn&eacute;es et traces mettent aussi en jeu l&rsquo;e-r&eacute;putation des personnes ou des organisations (Alloing, 2016), les in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information (Pariser, 2011), la perturbation de l&rsquo;attention (Citton, 2014). La perception de ces risques s&rsquo;appuie sur des faits r&eacute;els (Cardon, 2015), mais aussi sur les imaginaires et les repr&eacute;sentations auxquels renvoie la sph&egrave;re du num&eacute;rique (Flichy, 2001 ; Plantard, 2015). Elle a une influence sur les fa&ccedil;ons de s&rsquo;informer, de communiquer, d&rsquo;agir dans et sur le monde. Ces repr&eacute;sentations traduisent une &laquo;&nbsp;rupture survenue &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une modernit&eacute; qui s&rsquo;&eacute;mancipe des contours de la soci&eacute;t&eacute; (industrielle) classique pour adopter une forme nouvelle &raquo; qu&rsquo;Ulrich Beck a nomm&eacute;e &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; du risque &raquo; (Beck, 2008 : 20), et dans laquelle les repr&eacute;sentations ont le pouvoir de faire &eacute;merger des risques dans l&rsquo;imaginaire collectif et de les rendre r&eacute;els (Beck, 2008 : 141).</p> <p>Dans ce contexte et &agrave; la lumi&egrave;re d&rsquo;un r&eacute;cent projet de recherche sur l&rsquo;usage des donn&eacute;es ouvertes en &eacute;ducation, nous cherchons &agrave; comprendre comment les enseignants cr&eacute;ent, &agrave; partir de leurs repr&eacute;sentations et de leurs pratiques, une forme de r&eacute;silience pour l&rsquo;institution scolaire, c&rsquo;est-&agrave;-dire des mani&egrave;res d&rsquo;agir ou de r&eacute;agir pour &laquo;&nbsp;continuer &agrave; se construire dans un environnement d&eacute;favorable&nbsp;&raquo; (Tisseron, 2014 : 3). L&rsquo;usage des donn&eacute;es en &eacute;ducation suppose la prise en compte d&rsquo;un environnement &agrave; risques. Nous pr&eacute;senterons d&rsquo;abord les mod&egrave;les et approches p&eacute;dagogiques de l&rsquo;usage des donn&eacute;es dans la soci&eacute;t&eacute; du num&eacute;rique. L&rsquo;enqu&ecirc;te permet, d&rsquo;une part, d&rsquo;analyser le contexte institutionnel, les strat&eacute;gies et ressources de m&eacute;diation mises en place par les acteurs de l&rsquo;&eacute;ducation, d&rsquo;autre part, de comprendre les modalit&eacute;s de la r&eacute;silience.</p> <h2><a id="t2"></a>APPROCHE PAR LE RISQUE ET MOD&Egrave;LES P&Eacute;DAGOGIQUES AUTOUR DES DONN&Eacute;ES</h2> <p>Associer le risque au num&eacute;rique peut sembler aller &agrave; contre-courant des politiques d&rsquo;int&eacute;gration des activit&eacute;s sociales, culturelles, et &eacute;ducatives autour du num&eacute;rique. Pourtant, loin d&rsquo;un horizon id&eacute;al<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/658-2-2017-revue-capelle-lehmans-morandi-soumagnac#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>, le num&eacute;rique, d&eacute;crit par Bernard Stiegler (2015 : 18), appara&icirc;t comme un pharmakon, &agrave; la fois poison et rem&egrave;de, source de danger et d&rsquo;action pour l&rsquo;&eacute;cole.&nbsp;</p> <h3>La donn&eacute;e comme nouvel enjeu &eacute;ducatif</h3> <p>Le passage r&eacute;cent du contenu &agrave; la donn&eacute;e constitue une rupture &agrave; la fois technique, communicationnelle, cognitive, et citoyenne. Pour Bruno Bachimont (2015), nous passons, avec le big data, &laquo; d&rsquo;une &eacute;pist&eacute;mologie de la mesure, sur laquelle la science de la nature est fond&eacute;e, &agrave; une &eacute;pist&eacute;mologie de la donn&eacute;e, permettant d&rsquo;aborder &agrave; nouveaux frais le monde de la culture &raquo;. Dans cette soci&eacute;t&eacute; &laquo; datacentrique &raquo; (L&eacute;vy, 2015), le savoir prend racine sur les hypoth&egrave;ses de ceux qui manipulent les donn&eacute;es et fournissent des informations &agrave; partir d&rsquo;un point de vue statistique et algorithmique, &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de l&#39;&eacute;laboration d&#39;une pens&eacute;e critique. Il appara&icirc;t alors essentiel de travailler sur le &laquo; symbolique, (comme) la possibilit&eacute; de se repr&eacute;senter l&#39;absence, de forger des notions et des concepts, de construire des mod&egrave;les et des th&eacute;ories. &raquo; (Meirieu, 2016 : 23). L&rsquo;immersion dans les donn&eacute;es ouvre une nouvelle perspective en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle cr&eacute;e une nouvelle exigence &eacute;ducative. Cette exigence associe les conditions de la connaissance aux garanties de la citoyennet&eacute; et de l&rsquo;autonomie. Elle am&egrave;ne le monde scolaire &agrave; concevoir des projets et des enseignements dans une soci&eacute;t&eacute; expos&eacute;e aux risques. Un autre angle d&rsquo;approche possible, que nous n&rsquo;aborderons pas ici, est celui de la prise en main des donn&eacute;es &agrave; travers la programmation informatique dans la robotique et la construction d&rsquo;algorithmes.</p> <p>Le &laquo; monde des donn&eacute;es &raquo; est un monde de risques en mati&egrave;re de s&eacute;curit&eacute; des syst&egrave;mes et de libert&eacute; des personnes, dans le domaine politique, social, du point de vue cognitif, psychologique et sanitaire. Or, Ulrich Beck, notamment, montre que les effets de la perception du risque modifient le syst&egrave;me (Beck, 2008 : 143). Ainsi, l&rsquo;institution scolaire est amen&eacute;e &agrave; red&eacute;finir les contenus et les modalit&eacute;s des enseignements sur les donn&eacute;es face &agrave; une soci&eacute;t&eacute; en prise avec les risques num&eacute;riques. Les donn&eacute;es constituent l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment de base de l&rsquo;architecture du num&eacute;rique, de la construction (ou de la reconstruction) des savoirs (Sala&uuml;n, 2007). Dans ce contexte, l&rsquo;approche par le risque peut devenir un d&eacute;nominateur commun des projets d&#39;accompagnement des usages num&eacute;riques. Pour les enseignants et les &eacute;ducateurs, la rencontre avec le num&eacute;rique met en sc&egrave;ne l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve et sa relation au risque.</p> <h3>La place du risque dans l&rsquo;&eacute;ducation aux donn&eacute;es : l&rsquo;approche par projets</h3> <p>Conjuguer &eacute;ducation aux donn&eacute;es et risque num&eacute;rique suppose non seulement d&rsquo;&eacute;duquer aux &ldquo;bons usages&ldquo;, mais aussi d&rsquo;accompagner les &eacute;l&egrave;ves dans les situations o&ugrave; le num&eacute;rique les met en danger ou en difficult&eacute;. L&rsquo;approche &laquo; par le risque &raquo; s&rsquo;attache, d&rsquo;une part &agrave; identifier les &eacute;cueils, les pertes potentielles, les d&eacute;tournements ou les obstacles associ&eacute;s &agrave; une situation ou &agrave; une activit&eacute; autour des donn&eacute;es. D&rsquo;autre part, elle invite &agrave; concevoir une forme sp&eacute;cifique de gestion de l&rsquo;activit&eacute; pour pr&eacute;munir les acteurs en concevant les situations par rapport aux dangers qui y sont associ&eacute;s. Cette conception p&eacute;dagogique se rapproche d&rsquo;un enseignement au num&eacute;rique prenant appui sur des comp&eacute;tences plurielles complexes. La repr&eacute;sentation du risque en est un maillon essentiel. Elle est li&eacute;e &agrave; la responsabilisation des acteurs et leur &laquo; empowerment &raquo; (Bruillard 2012, Baron 2014), mais aussi &agrave; la gestion des risques par les &eacute;l&egrave;ves comme par les enseignants, par l&rsquo;appropriation des activit&eacute;s. Cette pr&eacute;vention des risques aboutit &agrave; &eacute;tablir des mises en situation cibl&eacute;es correspondant &agrave; chaque type de risques et &agrave; des analyses r&eacute;flexives adapt&eacute;es. L&rsquo;approche par projet, inspir&eacute;e de la philosophie de John Dewey (Dewey, 2011), peut s&rsquo;organiser &agrave; partir d&rsquo;un probl&egrave;me ou d&rsquo;une question qui sert de fil conducteur aux activit&eacute;s r&eacute;alis&eacute;es, permettant d&rsquo;aboutir &agrave; une r&eacute;alisation finale qui apporte une r&eacute;ponse au probl&egrave;me. Cette approche centr&eacute;e sur la construction et la co-&eacute;laboration, peut sembler contradictoire par rapport &agrave; celle du risque, centr&eacute; sur la perception du danger, et sur une repr&eacute;sentation n&eacute;gative de l&rsquo;agir (Lehmans, 2015). Pourtant, on peut &eacute;mettre l&rsquo;hypoth&egrave;se que la &laquo; connaissance &raquo; du risque fait d&eacute;sormais partie de la gouvernance, de la conception et de la conduite de projet autant que de l&rsquo;exp&eacute;rience num&eacute;rique. Cette approche conduit &agrave; des projets qui identifient, compensent ou pallient les manques par rapport &agrave; l&rsquo;approche p&eacute;dagogique centr&eacute;e sur les &laquo; bons usages &raquo;. La prise en compte du risque peut ainsi devenir un &eacute;l&eacute;ment dynamique dans la m&eacute;canique du projet, dans une perspective &eacute;cosyst&eacute;mique qui suppose les interactions entre syst&egrave;mes techniques, sociaux, &eacute;ducatifs et leur environnement. La &laquo;&nbsp;capacit&eacute; &agrave; r&eacute;ussir, &agrave; vivre, &agrave; r&eacute;ussir et &agrave; se d&eacute;velopper positivement&nbsp;&raquo;, (Cyrulnik, 1999), la r&eacute;silience, en est l&rsquo;enjeu.&nbsp;</p> <h2><a id="t3"></a>CADRE M&Eacute;THODOLOGIQUE ET CONTEXTE SCOLAIRE POUR LA FORMATION AUX DONN&Eacute;ES</h2> <p>La question des donn&eacute;es retient notre attention, parce qu&rsquo;elle est l&rsquo;objet d&rsquo;une injonction paradoxale entre risque et &eacute;ducation &agrave; la fois pour les enseignants et leurs &eacute;l&egrave;ves et pour l&rsquo;institution scolaire. Dans le cadre d&rsquo;un projet de recherche IDEX men&eacute; par notre &eacute;quipe RUDII<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/658-2-2017-revue-capelle-lehmans-morandi-soumagnac#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a>, nous nous sommes interrog&eacute;s sur la place et les repr&eacute;sentations des donn&eacute;es dans l&rsquo;imaginaire et les pratiques des enseignants. L&rsquo;&eacute;ducation aux donn&eacute;es est &agrave; l&rsquo;interface entre la prise de conscience d&rsquo;exigences p&eacute;dagogiques complexes et les discours institutionnels forts. Nous avons mis en place un cadre m&eacute;thodologique qui nous permet, dans un premier temps, d&rsquo;identifier les textes et discours institutionnels, et dans un second temps, les pratiques et repr&eacute;sentations des enseignants.</p> <h3>Approche m&eacute;thodologique</h3> <p>Dans le cadre du projet de recherche, nous nous sommes attach&eacute;s &agrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que les enseignants portent aux donn&eacute;es ouvertes pour leurs enseignements. Il ne s&rsquo;agit pas des donn&eacute;es au sens de traces laiss&eacute;es par les individus involontairement, mais de celles qui sont volontairement diffus&eacute;es par les organismes qui les collectent, les traitent et les mettent &agrave; disposition du public. Le fait que ce type de donn&eacute;es soit mis &agrave; disposition et rendu accessible &agrave; travers des jeux de donn&eacute;es exploitables par tous ceux qui le souhaitent nous a conduits &agrave; enqu&ecirc;ter sur la place des donn&eacute;es ouvertes et des donn&eacute;es au sens large, dans l&rsquo;enseignement.</p> <p>Notre recherche concilie deux types d&rsquo;approches :&nbsp;</p> <ul> <li>une approche top-down, visant &agrave; identifier et analyser les moyens d&eacute;velopp&eacute;s par les organismes publics et l&rsquo;institution scolaire pour introduire les donn&eacute;es dans les enseignements,</li> <li>une approche bottom-up, qui interroge la fa&ccedil;on dont les enseignants envisagent et construisent des s&eacute;ances de formation des &eacute;l&egrave;ves seuls ou avec des partenaires &agrave; partir des donn&eacute;es produites, collect&eacute;es et diffus&eacute;es sur internet.</li> </ul> <p>Nous avons analys&eacute; les discours &agrave; partir de l&rsquo;information diffus&eacute;e sur les sites institutionnels, dans les programmes du minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation nationale fran&ccedil;ais et par les acteurs engag&eacute;s pour faire conna&icirc;tre ou former aux donn&eacute;es. Les programmes de l&rsquo;&eacute;ducation nationale t&eacute;moignent de l&rsquo;importance accord&eacute;e &agrave; ces questions. Leur r&eacute;orientation r&eacute;cente en novembre 2015 et la red&eacute;finition des comp&eacute;tences des &eacute;l&egrave;ves &agrave; l&rsquo;&eacute;cole &eacute;l&eacute;mentaire et au coll&egrave;ge int&egrave;grent les langages informatiques, l&rsquo;algorithmique et les m&eacute;dias num&eacute;riques, comme de nouvelles fa&ccedil;ons de donner &agrave; voir et &agrave; repr&eacute;senter le monde &agrave; travers la lecture et l&rsquo;&eacute;criture num&eacute;riques. Pour autant, la donn&eacute;e comme objet de connaissance n&rsquo;appara&icirc;t qu&rsquo;en toile de fond de ces nouveaux programmes, et l&rsquo;aborder pose la question de la responsabilit&eacute; de l&rsquo;enseignant et de ses propres repr&eacute;sentations.</p> <p>Nous avons donc r&eacute;alis&eacute; des entretiens aupr&egrave;s des acteurs sur le terrain impliqu&eacute;s aux niveaux politique, associatif, militant, et &eacute;ducatif. Nous avons identifi&eacute; des enseignants qui s&rsquo;int&eacute;ressent et utilisent les donn&eacute;es avec leurs &eacute;l&egrave;ves dans le cadre de projets soutenus par le centre de liaison pour l&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&rsquo;information (CLEMI) dans l&rsquo;acad&eacute;mie de Bordeaux et au niveau national &agrave; travers les Travaux Acad&eacute;miques Mutualis&eacute;s (TraAM). Nous avons &eacute;galement interrog&eacute; les formateurs &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole Sup&eacute;rieure du Professorat et de l&rsquo;Education (ESPE) d&rsquo;Aquitaine pour rep&eacute;rer des acteurs impliqu&eacute;s dans cette th&eacute;matique. Enfin, nous avons identifi&eacute; les comptes les plus actifs sur les r&eacute;seaux socio-num&eacute;riques, Twitter principalement. Nous nous sommes attach&eacute;s &agrave; cerner les perceptions mutuelles entre les acteurs de l&rsquo;&eacute;ducation, les cadres dans les collectivit&eacute;s territoriales et les diffuseurs de donn&eacute;es, ainsi que les m&eacute;diateurs de donn&eacute;es, comme la FING (F&eacute;d&eacute;ration Internet Nouvelle G&eacute;n&eacute;ration), proactifs sur les questions d&rsquo;acculturation aux donn&eacute;es ouvertes. Une dizaine d&rsquo;entretiens semi-directifs avec tous ces acteurs et des observations en contexte nous ont permis d&rsquo;identifier les objectifs p&eacute;dagogiques des enseignants autour des donn&eacute;es.&nbsp;</p> <h3>La place des donn&eacute;es dans l&rsquo;&eacute;ducation</h3> <p>Deux volets apparaissent dans les usages p&eacute;dagogiques des donn&eacute;es : celui des programmes qui abordent la donn&eacute;e sous l&rsquo;angle technique comme &eacute;l&eacute;ment de base de construction de l&rsquo;information, et celui des politiques d&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias dans le cadre, notamment, du socle commun de connaissances, de comp&eacute;tences et de culture<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/658-2-2017-revue-capelle-lehmans-morandi-soumagnac#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a>. Dans le premier volet, les enseignants sont susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre int&eacute;ress&eacute;s par les donn&eacute;es ouvertes &agrave; plusieurs titres. Dans les programmes de sciences &eacute;conomiques et sociales ou de gestion, les donn&eacute;es brutes (des chiffres ou statistiques), pr&eacute;sent&eacute;es sous un format num&eacute;rique, peuvent &ecirc;tre manipul&eacute;es dans des tableurs informatiques et fournir des contextes r&eacute;alistes d&rsquo;exercices. Il s&rsquo;agit, par exemple, de statistiques sur l&rsquo;emploi dans une r&eacute;gion, du nombre d&rsquo;arbres dans les quartiers ou encore du nombre de v&eacute;los disponibles en libre service (flux de donn&eacute;es dynamiques, actualis&eacute; en temps r&eacute;els). Autant de jeux de donn&eacute;es exploit&eacute;s comme ressources &agrave; didactiser, et permettant de former les &eacute;l&egrave;ves &agrave; leur compr&eacute;hension, leur analyse, leur exploitation, leur visualisation, et leur communication.</p> <p>Le second volet des usages potentiels des donn&eacute;es est celui, plus transversal, de l&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&rsquo;information. Les enseignants peuvent mettre en lien les usages des donn&eacute;es avec la question du big data, qui permet d&rsquo;aborder les risques qui p&egrave;sent sur les individus &agrave; travers la perte du contr&ocirc;le sur leurs donn&eacute;es personnelles. Les donn&eacute;es permettent aussi d&rsquo;aborder la question de leur visualisation dans une perspective communicationnelle. C&rsquo;est dans ce second volet d&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&rsquo;information que l&rsquo;approche par et face aux risques li&eacute;s aux usages des donn&eacute;es sur internet est susceptible d&rsquo;&ecirc;tre la plus marqu&eacute;e.&nbsp;</p> <h2><a id="t4"></a>&Eacute;TAT DES LIEUX : L&rsquo;OFFRE DE RESSOURCES DE M&Eacute;DIATION ET DE FORMATION</h2> <p>Trois groupes d&rsquo;acteurs fournissant des ressources pour l&rsquo;usage des donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; identifi&eacute;s : les diffuseurs qui cherchent &agrave; d&eacute;mocratiser la r&eacute;utilisation de donn&eacute;es en direction du grand public ; les cadres de l&rsquo;&eacute;ducation qui repr&eacute;sentent l&rsquo;institution scolaire au niveau minist&eacute;riel ou acad&eacute;mique ; les enseignants ou associations qui d&eacute;veloppent spontan&eacute;ment des projets et partagent leurs exp&eacute;riences.</p> <h3>Des ressources de m&eacute;diation sur les portails Open data des diffuseurs</h3> <p>Dans le cadre de la loi pour une r&eacute;publique num&eacute;rique, publi&eacute;e au Journal officiel du 8 octobre 2016, le gouvernement, les entreprises rattach&eacute;es &agrave; des missions de service public (comme la SNCF, P&ocirc;le Emploi ou la RATP), ainsi que de nombreuses collectivit&eacute;s (Bordeaux M&eacute;tropole, le D&eacute;partement de la Gironde, Montpellier ou Nantes) se sont lanc&eacute;s dans la r&eacute;alisation ou l&rsquo;alimentation de portails d&rsquo;open data et de ressources en ligne &agrave; destination des usagers. Ces donn&eacute;es sont qualifi&eacute;es de donn&eacute;es ouvertes, car elles sont mises &agrave; disposition gratuitement le plus souvent dans un format et avec une licence permettant leur r&eacute;utilisation. Les portails d&rsquo;open data ont vocation &agrave; mettre &agrave; disposition de tous les publics des donn&eacute;es brutes exploitables, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de chercheurs, d&rsquo;enseignants, d&rsquo;entreprises, d&rsquo;organisations &agrave; but non lucratif, d&rsquo;associations, de designers, de journalistes, etc. Le but affich&eacute; par les institutions est la mise &agrave; disposition des donn&eacute;es &agrave; des fins de circulation de l&rsquo;information au-del&agrave; de la prise de connaissance et de l&rsquo;acc&egrave;s aux donn&eacute;es jusqu&rsquo;alors peu accessibles et difficilement exploitables par les citoyens. Sur la plateforme du gouvernement data.gouv.fr qui recense des jeux de donn&eacute;es sur des th&eacute;matiques r&eacute;parties suivant les secteurs d&rsquo;activit&eacute; professionnels, les usagers cibl&eacute;s sont d&eacute;sign&eacute;s comme &laquo; citoyens&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;producteurs&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;r&eacute;utilisateurs&nbsp;&raquo;, cat&eacute;gories dans lesquelles peuvent s&rsquo;inscrire les acteurs de l&#39;&eacute;ducation, bien qu&rsquo;ils ne soient pas directement mentionn&eacute;s. Tous les acteurs de la soci&eacute;t&eacute; sont invit&eacute;s &agrave; contribuer, que ce soit en ajoutant au catalogue de nouveaux jeux de donn&eacute;es ou bien en publiant un projet r&eacute;utilisant des donn&eacute;es. La m&eacute;diation pour la r&eacute;utilisation des donn&eacute;es passe par l&rsquo;argument de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &agrave; r&eacute;utiliser les donn&eacute;es publiques, par la pr&eacute;sentation de techniques de traitement des donn&eacute;es, puis par des exemples de r&eacute;alisations graphiques ou cartographiques. Un discours pr&eacute;ventif est adress&eacute; aux r&eacute;utilisateurs par rapport &agrave; la &laquo;&nbsp;qualit&eacute; moyenne (informations manquantes, libell&eacute;s &agrave; harmoniser...)&nbsp;&raquo; des donn&eacute;es brutes, &laquo;&nbsp;souvent en s&eacute;ries incompl&egrave;tes&nbsp;&raquo;, n&eacute;cessitant parfois aussi d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;enrichies&nbsp;&raquo; (compl&eacute;t&eacute;es) ou crois&eacute;es avec d&rsquo;autres donn&eacute;es. Parmi les acteurs publics, l&rsquo;&eacute;ducation nationale et l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur sont &eacute;galement pourvoyeurs de donn&eacute;es publiques avec quelques jeux mis en ligne. Sans communication directe aux enseignants et sans supports de m&eacute;diation permettant une r&eacute;exploitation imm&eacute;diate, ces ressources offrent n&eacute;anmoins des outils permettant aux enseignants de se former et de s&rsquo;approprier les contenus disponibles pour construire leurs propres s&eacute;quences p&eacute;dagogiques.</p> <h3>Des ressources institutionnelles pour les enseignants</h3> <p>Pour les acteurs de l&rsquo;&eacute;ducation nationale, les programmes de coll&egrave;ge et de quelques disciplines de lyc&eacute;e abordent la question du traitement, de l&rsquo;utilisation et de l&rsquo;analyse de donn&eacute;es. Au coll&egrave;ge, la ma&icirc;trise des donn&eacute;es est un des aspects transversaux des diff&eacute;rents domaines du socle commun dans le cadre de la r&eacute;forme de 2015, li&eacute; &agrave; la ma&icirc;trise des langages pour apprendre, communiquer (domaine 1), &agrave; la formation du citoyen et &agrave; la culture num&eacute;rique (domaine 3), &agrave; la repr&eacute;sentation du monde et de l&rsquo;activit&eacute; humaine (domaine 5). Le CLEMI joue un r&ocirc;le de m&eacute;diateur particuli&egrave;rement actif sur ces questions, avec notamment la mise en &oelig;uvre d&rsquo;un projet de TraAM intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Datavisualisation et cyber-citoyennet&eacute;&nbsp;&raquo; dans le contexte de l&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&rsquo;information.</p> <p>En lyc&eacute;e, le programme de sciences &eacute;conomiques et sociales est l&rsquo;un de ceux qui font le plus appel &agrave; la notion de donn&eacute;e pour construire le cadre et la m&eacute;thodologie de travail propres aux disciplines constitutives comme la sociologie, l&rsquo;&eacute;conomie ou les sciences politiques. Les textes officiels stipulent que les &eacute;l&egrave;ves doivent travailler avec des donn&eacute;es &laquo;&nbsp;concr&egrave;tes&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;empiriques&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;chiffr&eacute;es&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;quantitatives&nbsp;&raquo;. Dans cette perspective, le travail avec et sur les donn&eacute;es permet de proposer aux &eacute;l&egrave;ves une approche scientifique du monde social. Ce travail a pour but d&rsquo;exp&eacute;rimenter l&rsquo;ambition didactique des sciences sociales de produire des connaissances. Le terme de &laquo;&nbsp;donn&eacute;es ouvertes&nbsp;&raquo; ou open data n&rsquo;appara&icirc;t en revanche pas dans ce programme. C&rsquo;est pour les options de terminale &ldquo;Informatique et Sciences du Num&eacute;riques&rdquo; (ISN) et surtout pour l&rsquo;option &ldquo;Informatique et Cr&eacute;ation Num&eacute;rique&rdquo; (ICN) que le concept de donn&eacute;es est le plus pr&eacute;sent, avec la &laquo;&nbsp;collecte de donn&eacute;es brutes&nbsp;&raquo;, leur &laquo;&nbsp;visualisation&nbsp;&raquo; par la &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentation graphique&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;g&eacute;olocalisation&nbsp;&raquo;, avec des outils informatiques permettant des traitements &laquo;&nbsp;instrument&eacute;s et automatis&eacute;s&nbsp;&raquo; pour passer de la donn&eacute;e &agrave; l&rsquo;information et &agrave; la connaissance<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/658-2-2017-revue-capelle-lehmans-morandi-soumagnac#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a>.&nbsp; Dans le programme de la classe de premi&egrave;re en sciences de gestion, la question &laquo;&nbsp;Donn&eacute;e, information et connaissance&nbsp;&raquo; appara&icirc;t &eacute;galement dans le th&egrave;me &laquo;&nbsp;Information et intelligence collective&nbsp;&raquo;.&nbsp;</p> <h3>Des ressources construites et partag&eacute;es par les enseignants</h3> <p>Des ressources sont &eacute;galement construites par les enseignants et partag&eacute;es sur les sites web de quelques acad&eacute;mies et dans des disciplines bien pr&eacute;cises (sciences &eacute;conomiques et sociales, g&eacute;ographie, sciences et techniques industrielles). Des fiches de s&eacute;quences p&eacute;dagogiques ou des r&eacute;cits d&rsquo;exp&eacute;riences commencent &agrave; circuler. Ils renvoient souvent &agrave; des sites g&eacute;n&eacute;rateurs de donn&eacute;es. Les enseignants se trouvent ainsi dans une position de m&eacute;diation de l&rsquo;information &agrave; travers leur expertise p&eacute;dagogique. Ces exemples apparaissent dans des disciplines plut&ocirc;t tourn&eacute;es vers l&rsquo;exploitation des donn&eacute;es informatiques et statistiques visant &agrave; consolider des connaissances pour permettre aux jeunes de prendre position et d&rsquo;agir dans la soci&eacute;t&eacute;, s&rsquo;inscrivant ainsi dans le parcours d&rsquo;&eacute;ducation &agrave; la citoyennet&eacute;. La dynamique de travail des enseignants s&rsquo;organise autour de la cr&eacute;ation, de la fouille de donn&eacute;es, de la mise en forme et de la compr&eacute;hension de la donn&eacute;e ouverte dans le contexte du big data, servant &eacute;galement &agrave; irriguer les connaissances disciplinaires et parfois interdisciplinaires, dans une pluris&eacute;mioticit&eacute; (Lacoste, 2005). Tr&egrave;s peu de liens existent entre les diffuseurs de donn&eacute;es ouvertes, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, qui cherchent surtout &agrave; animer une communaut&eacute; d&rsquo;utilisateurs, qu&rsquo;ils situent plut&ocirc;t du c&ocirc;t&eacute; des entreprises, ou &agrave; former des professionnels, et l&rsquo;&eacute;ducation de l&rsquo;autre. Cependant, les acteurs de l&rsquo;&eacute;ducation envisagent effectivement cette question comme un enjeu de formation, notamment pour faire face aux probl&eacute;matiques li&eacute;es &agrave; la soci&eacute;t&eacute; du num&eacute;rique. On trouve ainsi sur Eduscol.fr, le grand portail d&rsquo;accompagnement des enseignants, des informations sur le site de formation en ligne europ&eacute;en sur l&rsquo;open data.</p> <p>Dans sa mission d&rsquo;&eacute;ducation des jeunes g&eacute;n&eacute;rations &agrave; l&rsquo;utilisation, &agrave; la compr&eacute;hension, &agrave; la ma&icirc;trise des technologies de l&rsquo;information et de la communication, l&rsquo;institution scolaire a pour r&ocirc;le d&rsquo;apprendre aux jeunes &agrave; anticiper et g&eacute;rer les risques li&eacute;s au num&eacute;rique. Sans d&eacute;finition claire, ni programme pr&eacute;cis ou r&eacute;servoir de ressources d&eacute;di&eacute;es, les enseignants qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; cette question improvisent, bricolent. Ce sont ces bricolages qui retiennent notre attention parce qu&rsquo;ils t&eacute;moignent d&rsquo;un processus dynamique de construction, &agrave; travers les discours et les approches p&eacute;dagogiques, entre formation et pr&eacute;vention. Ils permettent l&rsquo;&eacute;mergence de formes de r&eacute;silience de l&rsquo;institution, au sens de moyens de reconstruction pour s&rsquo;adapter &agrave; un contexte perturb&eacute; par la perception de risques.</p> <h2><a id="t5"></a>FORMER &Agrave; L&rsquo;USAGE DES DONN&Eacute;ES : LES STRAT&Eacute;GIES ET PRATIQUES OBSERV&Eacute;ES</h2> <p>La question des donn&eacute;es ouvertes, et des donn&eacute;es au sens large, est particuli&egrave;rement complexe parce qu&rsquo;elle requiert de la part des enseignants une culture de l&rsquo;information d&eacute;velopp&eacute;e, ainsi que des comp&eacute;tences techniques qui leur permettent non seulement de comprendre, mais aussi de manipuler les donn&eacute;es avec les &eacute;l&egrave;ves.&nbsp;</p> <h3>Des strat&eacute;gies proactives autour du risque</h3> <p>Les enseignants qui forment leurs &eacute;l&egrave;ves &agrave; l&rsquo;usage des donn&eacute;es ouvertes s&rsquo;inscrivent pour l&rsquo;instant dans quelques disciplines seulement. Il s&rsquo;agit de professeurs de sciences &eacute;conomiques et sociales, de gestion, de technologie, de technologie, d&rsquo;informatique et de math&eacute;matiques, ainsi que des professeurs documentalistes. Dans les projets observ&eacute;s, l&rsquo;approche par le risque appara&icirc;t comme un &eacute;l&eacute;ment saillant, m&ecirc;me si elle n&rsquo;est pas toujours revendiqu&eacute;e clairement.&nbsp;Elle se manifeste de fa&ccedil;on variable, tant dans l&rsquo;identification des risques sur lesquels les enseignants se focalisent, que dans la pr&eacute;sentation du projet et l&rsquo;activit&eacute; &agrave; mener avec les &eacute;l&egrave;ves. Pour la discipline des sciences &eacute;conomiques et sociales, l&rsquo;approche p&eacute;dagogique adopt&eacute;e prend explicitement le parti d&rsquo;aborder les questions de risques informationnels, li&eacute;s aux pratiques num&eacute;riques personnelles sur internet. Ces risques sont rattach&eacute;s &agrave; la probl&eacute;matique du big data et aux in&eacute;galit&eacute;s &eacute;conomiques face &agrave; l&rsquo;exploitation des donn&eacute;es. Ainsi, un des enseignants interrog&eacute;s affirme&nbsp;: &laquo; Au d&eacute;part, j&rsquo;&eacute;tais extr&ecirc;mement favorable &agrave; cette id&eacute;e de mise &agrave; disposition des donn&eacute;es...mais quand j&rsquo;en ai vu l&rsquo;usage (...) qui &eacute;tait fait par les start-up...je suis de plus en plus dubitatif, c&rsquo;est-&agrave;-dire que je suis inquiet dans le traitement de ces donn&eacute;es ouvertes, produites par la communaut&eacute; (...). Ces donn&eacute;es sont ensuite crois&eacute;es, et ces croisements m&rsquo;inqui&egrave;tent &eacute;norm&eacute;ment. &Ccedil;a pose un souci. &raquo;. L&rsquo;enseignement s&rsquo;inscrit pleinement dans la formation aux enjeux &eacute;conomiques, mais aussi sociaux et citoyens. Il s&rsquo;agit de rendre les &eacute;l&egrave;ves conscients de leurs droits et devoirs en tant que citoyens, et notamment de les guider vers une responsabilit&eacute; de leurs pratiques num&eacute;riques sur internet et la pr&eacute;servation de leur vie priv&eacute;e. Il s&rsquo;agit aussi de les sensibiliser pour en faire des acteurs de la d&eacute;mocratie, de les doter d&rsquo;un sens critique, voire engag&eacute; et militant pour d&eacute;fendre leurs droits. Pour un enseignant de sciences &eacute;conomiques et sociales : &laquo; on voit, aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;explosion des applications dites collaboratives, o&ugrave; on voit que, finalement, on s&rsquo;empare de cette information &agrave; des fins lucratives. C&rsquo;est un d&eacute;tournement complet de ce que pourrait &ecirc;tre le num&eacute;rique pour le collaboratif. &raquo;. En technologie, les probl&eacute;matiques li&eacute;es aux donn&eacute;es nominatives et aux donn&eacute;es sensibles sont &eacute;galement abord&eacute;es, mais cette fois-ci comme pouvant mettre &laquo; l&rsquo;&eacute;tat en danger ou une vie en danger &raquo; (enseignant de technologie). Pour cet enseignant, les risques repr&eacute;sent&eacute;s sont d&rsquo;ordre communicationnel, li&eacute;s &agrave; la lib&eacute;ration et &agrave; la diffusion des donn&eacute;es vers le grand public. La confusion entre donn&eacute;es ouvertes et donn&eacute;es personnelles est tr&egrave;s fr&eacute;quente chez les enseignants qui peinent &agrave; identifier une d&eacute;finition juridique pr&eacute;cise de la donn&eacute;e ouverte et voient dans l&rsquo;ouverture un facteur de risque potentiel.&nbsp;</p> <h3>L&rsquo;&eacute;mergence de besoins de formation : la datavisualisation comme principal format de connaissance</h3> <p>Du point de vue des comp&eacute;tences techniques, la datavisualisation constitue un moyen de faire d&eacute;couvrir aux &eacute;l&egrave;ves ce qu&rsquo;ils peuvent faire des donn&eacute;es, et la fa&ccedil;on dont ils peuvent les transformer en informations communicables, tout en les sensibilisant au respect de la vie priv&eacute;e et aux donn&eacute;es personnelles. Une certaine confusion entre datavisualisation et infographie demeure. Les pratiques de communication priment ici dans le projet d&rsquo;enseignement, alli&eacute;es &agrave; l&rsquo;attention aux comp&eacute;tences techniques. Cet aspect appara&icirc;t en effet comme un obstacle important auquel les enseignants eux-m&ecirc;mes peuvent se voir confronter, puisque les jeux de donn&eacute;es qui sont mis &agrave; disposition par les collectivit&eacute;s sont souvent incomplets et d&eacute;contextualis&eacute;s. Ainsi, en l&rsquo;absence de m&eacute;tadonn&eacute;es, l&rsquo;interpr&eacute;tation des donn&eacute;es peut entra&icirc;ner des formes de m&eacute;sinformation, des confusions, qui peuvent mettre en porte-&agrave;-faux les collectivit&eacute;s. Aborder l&rsquo;utilisation de donn&eacute;es en classe permet donc de traiter des questions d&rsquo;&eacute;valuation de l&rsquo;information dans le cadre de l&rsquo;&eacute;ducation aux m&eacute;dias et &agrave; l&rsquo;information.</p> <p>La question des licences, qui encadrent les modalit&eacute;s de r&eacute;utilisation des donn&eacute;es ouvertes et de communication des r&eacute;sultats, illustre &eacute;galement les contraintes qui restreignent la cr&eacute;ativit&eacute; et la communication envisag&eacute;es dans chaque projet, ainsi que la complexit&eacute; des enjeux tant pour les &eacute;l&egrave;ves que pour les enseignants. Pour ces derniers, la recherche de jeux de donn&eacute;es passe la plupart du temps par un moteur de recherche et non par une plateforme de diffusion de donn&eacute;es ouvertes. Cela pour plusieurs raisons : soit parce que les enseignants ne traitent pas l&rsquo;objet des donn&eacute;es ouvertes en particulier, soit parce que les donn&eacute;es diffus&eacute;es en open data y sont peu nombreuses et qu&rsquo;ils n&rsquo;y trouvent pas ce qu&rsquo;ils recherchent, soit parce que les donn&eacute;es sont incompl&egrave;tes ou difficiles &agrave; manipuler. En effet, le format le plus utilis&eacute; (comma-separated values, csv), rend les donn&eacute;es peu lisibles et peu compr&eacute;hensibles. Ainsi, au risque d&rsquo;utiliser des donn&eacute;es dont la possibilit&eacute; de r&eacute;exploitation n&rsquo;est pas clairement &eacute;tablie, certains enseignants privil&eacute;gient leur activit&eacute; p&eacute;dagogique. Ils choisissent des donn&eacute;es qui sont publi&eacute;es et diffus&eacute;es sur internet, mais qui ne constituent pas des donn&eacute;es ouvertes au sens strict, comme les offres d&rsquo;emploi dans la r&eacute;gion par secteurs d&rsquo;activit&eacute;s, ou les chiffres de l&rsquo;absent&eacute;isme scolaire d&rsquo;un lyc&eacute;e publi&eacute;s sur le site d&rsquo;une acad&eacute;mie. L&rsquo;offre de jeux de donn&eacute;es ouvertes sur les plateformes d&eacute;di&eacute;es appara&icirc;t donc encore trop limit&eacute;e ou floue et conduit &agrave; des bricolages ou &agrave; des prises de risques, de la part des enseignants en attente de jeux de donn&eacute;es pr&eacute;cis. Une autre strat&eacute;gie consiste pour eux &agrave; faire collecter les donn&eacute;es par les &eacute;l&egrave;ves.</p> <p>Ce travail autour de donn&eacute;es ouvertes fait par ailleurs &eacute;merger l&rsquo;importance de la comparaison des informations construites &agrave; partir des outils de repr&eacute;sentation graphique. Par exemple, au cours d&rsquo;un travail r&eacute;alis&eacute; par des &eacute;tudiants, la comparaison de deux graphiques r&eacute;alis&eacute;s &agrave; partir des m&ecirc;mes chiffres organis&eacute;s dans un tableur Excel et dans un outil de visualisation de donn&eacute;es (Piktochart) est particuli&egrave;rement &eacute;clairante. Elle met en &eacute;vidence les d&eacute;calages qui peuvent exister dans l&rsquo;interpr&eacute;tation des m&ecirc;mes informations &agrave; l&rsquo;aide des fonctionnalit&eacute;s automatis&eacute;es des outils.</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;<img alt="2017 revue capelle" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-capelle.png" style="width: 500px; height: 223px;" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1. Travail r&eacute;alis&eacute; par des &eacute;tudiants pour repr&eacute;senter les donn&eacute;es sur l&rsquo;absent&eacute;isme dans un lyc&eacute;e professionnel,<br /> sur Excel (&agrave; gauche) et sur Piktochart (&agrave; droite)</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans le graphique de gauche, le changement d&rsquo;&eacute;chelle propos&eacute; automatiquement par l&rsquo;outil biaise la repr&eacute;sentation de l&rsquo;information. Les donn&eacute;es sur l&rsquo;axe des ordonn&eacute;es sont repr&eacute;sent&eacute;es &agrave; partir de la valeur de 18 500 demi-journ&eacute;es d&rsquo;absences annuelles alors que sur le graphique de droite, les valeurs commencent &agrave; partir de 0. Bien que les chiffres soient exacts sur les deux graphiques, c&rsquo;est leur point de r&eacute;f&eacute;rence qui diff&egrave;re, ce qui entra&icirc;ne un d&eacute;calage dans le message communiqu&eacute;. L&rsquo;approche par le projet met en &eacute;vidence les comp&eacute;tences n&eacute;cessaires aussi bien pour les enseignants que pour les &eacute;l&egrave;ves : comp&eacute;tences techniques pour r&eacute;guler les fonctionnalit&eacute;s assist&eacute;es de l&rsquo;outil ; comp&eacute;tences informationnelles pour analyser les donn&eacute;es et la mani&egrave;re dont elles sont repr&eacute;sent&eacute;es ; comp&eacute;tences culturelles et critiques pour comprendre dans quelle mesure l&rsquo;outil formate la repr&eacute;sentation de la r&eacute;alit&eacute;. L&rsquo;introduction d&rsquo;une dimension ludique dans l&rsquo;activit&eacute; de traitement de donn&eacute;es par le graphisme et l&rsquo;infographie, ainsi que l&rsquo;attractivit&eacute; d&rsquo;outils intuitifs, renforcent l&rsquo;importance de former &agrave; une r&eacute;flexion globale sur l&rsquo;analyse critique des dispositifs de m&eacute;diation et de communication des informations.</p> <p>L&rsquo;&eacute;mergence de ce nouvel objet que sont les donn&eacute;es ouvertes r&eacute;interroge la prise en compte par les enseignants des pratiques informelles des &eacute;l&egrave;ves et des comp&eacute;tences qu&rsquo;ils d&eacute;veloppent en dehors de l&rsquo;&eacute;cole. Dans les &eacute;changes que nous avons observ&eacute;s, le discours sur le fait que les &eacute;l&egrave;ves &laquo;&nbsp;n&rsquo;ont aucune connaissance&nbsp;&raquo; des donn&eacute;es et &laquo;&nbsp;sont incapables d&rsquo;en comprendre les enjeux&nbsp;&raquo; est aussi pr&eacute;sent. Il semble ainsi qu&rsquo;entre la complexit&eacute; de l&rsquo;objet &laquo;&nbsp;donn&eacute;es ouvertes&nbsp;&raquo; et la s&eacute;duction parfois inqui&eacute;tante des techniques de visualisation, la place pour des projets p&eacute;dagogiques soit ouverte. Cette place doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e dans un &eacute;cosyst&egrave;me comprenant l&rsquo;&eacute;cole en relation avec le monde qui l&rsquo;entoure, en l&rsquo;occurrence les acteurs de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, mais aussi la r&eacute;alit&eacute; sociale des &eacute;l&egrave;ves qui ont une appr&eacute;hension intuitive des donn&eacute;es et de leurs usages dans leur environnement.</p> <h2><a id="t6"></a>DISCUSSION : R&Eacute;SILIENCE INSTITUTIONNELLE ET PRATIQUES &Eacute;MERGENTES</h2> <p>L&rsquo;ouverture des donn&eacute;es renvoie aux grands enjeux de l&rsquo;&eacute;ducation et &agrave; ceux d&rsquo;une culture num&eacute;rique. Celle-ci appara&icirc;t comme n&eacute;cessaire chez les &eacute;l&egrave;ves comme chez les enseignants, le risque cristallisant un enjeu de citoyennet&eacute; pour une r&eacute;appropriation des donn&eacute;es. Dans ce contexte, il est important de comprendre comment le syst&egrave;me &eacute;ducatif et les organismes diffuseurs de donn&eacute;es sont amen&eacute;s &agrave; s&rsquo;engager dans une forme de r&eacute;silience, qui les d&eacute;stabilise, mais aussi qui est de plus en plus riche en opportunit&eacute;s sociales, &eacute;conomiques, politiques... Envisag&eacute;e comme un changement positif, la r&eacute;silience d&rsquo;un syst&egrave;me face &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de risques nouveaux peut &ecirc;tre caract&eacute;ris&eacute;e par trois facteurs, que sont la diversit&eacute; (de pratiques plus ou moins bricol&eacute;es ou de strat&eacute;gies), l&rsquo;auto-organisation des membres, et la capacit&eacute; des acteurs &agrave; se former et &agrave; apprendre (Dauphin&eacute; et Provitolo, 2007 : 117). Notre enqu&ecirc;te fait appara&icirc;tre ces trois facteurs, qui donnent lieu &agrave; de nouvelles dynamiques dans les interactions entre les syst&egrave;mes politique et &eacute;ducatif autour des probl&eacute;matiques li&eacute;es aux donn&eacute;es publiques.</p> <h3>Des formes diverses de r&eacute;actions des syst&egrave;mes</h3> <p>La th&eacute;matique et l&rsquo;id&eacute;ologie du risque sont f&eacute;d&eacute;ratrices, mais pas n&eacute;cessairement ferm&eacute;es sur des perspectives de refus de l&rsquo;action au nom du danger. Au contraire, les enseignants portent un discours dynamique, parfois contradictoire par rapport &agrave; celui des collectivit&eacute;s territoriales. Ainsi, la question de la r&eacute;utilisation des donn&eacute;es est per&ccedil;ue de fa&ccedil;on tr&egrave;s diff&eacute;rente dans le monde &eacute;ducatif et dans les collectivit&eacute;s territoriales. Pour ces derni&egrave;res, la r&eacute;utilisation commerciale est souhaitable et t&eacute;moigne de l&rsquo;efficacit&eacute; des politiques d&rsquo;ouverture. La r&eacute;utilisation constitue le principal usage vis&eacute;. Pour certains enseignants au contraire, elle est un facteur de risque d&rsquo;exploitation critiquable des donn&eacute;es publiques, et de glissement des donn&eacute;es ouvertes vers les donn&eacute;es personnelles, dans un amalgame r&eacute;current entre donn&eacute;e et donn&eacute;e personnelle. Cette perception n&eacute;gative d&eacute;pend cependant des cultures d&rsquo;origine des enseignants et des interactions dans les &eacute;quipes. Ainsi, pour un groupe compos&eacute; d&rsquo;enseignants en informatique et en sciences de gestion, la r&eacute;utilisation commerciale constitue l&rsquo;horizon du projet p&eacute;dagogique, puisqu&rsquo;on demande aux &eacute;l&egrave;ves de d&eacute;velopper des applications commercialement int&eacute;ressantes &agrave; partir des jeux de donn&eacute;es. La diversit&eacute; des strat&eacute;gies est &eacute;galement observable du c&ocirc;t&eacute; des institutions. Leur discours f&eacute;d&eacute;rateur sur les usages innovants ne correspond pas &agrave; des strat&eacute;gies uniformes, aussi bien dans leur communication aupr&egrave;s des citoyens, que dans l&rsquo;organisation des services et la n&eacute;cessaire formation des professionnels pour accomplir cette transition vers l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es publiques collect&eacute;es. Les actions en direction de l&rsquo;&eacute;ducation paraissent alors centrales pour certaines collectivit&eacute;s, m&ecirc;me si les mondes restent encore cloisonn&eacute;s, et inexistantes pour d&rsquo;autres.&nbsp;</p> <h3>Auto-organisation et auto-formation gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de m&eacute;diateurs</h3> <p>Les usages des donn&eacute;es ouvertes dans l&rsquo;enseignement sont rendus possibles par la convergence de trois strat&eacute;gies : des strat&eacute;gies politiques et sociales d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es du c&ocirc;t&eacute; des institutions ; des strat&eacute;gies de communication des acteurs locaux ; et des strat&eacute;gies &eacute;ducatives autour des enjeux li&eacute;s aux usages num&eacute;riques dans la soci&eacute;t&eacute;, port&eacute;es par des enseignants souvent militants, proactifs, et engag&eacute;s dans des projets exigeants. Dans cette convergence, certains acteurs remplissent des fonctions de m&eacute;diation, mais aussi de valorisation, qui sont essentielles, en produisant des ressources et des m&eacute;thodes autour des comp&eacute;tences professionnelles notamment, des ressources p&eacute;dagogiques du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;&eacute;ducation nationale, des ressources communicationnelles du c&ocirc;t&eacute; des associations qui sont &agrave; l&rsquo;interface entre plusieurs mondes. Dans les &eacute;tablissements scolaires et les &eacute;quipes p&eacute;dagogiques, certains acteurs impulsent aussi des dynamiques de projets autour de questions pourtant tr&egrave;s complexes, et d&eacute;veloppent des formes d&rsquo;expertise. Dans les collectivit&eacute;s territoriales, les acteurs qui sont &agrave; l&rsquo;interface entre plusieurs cultures professionnelles, souvent pour des raisons personnelles de parcours de formation ou de vie (l&rsquo;&eacute;poux d&rsquo;une enseignante, un ancien documentaliste), sont des moteurs importants de changement et de r&eacute;silience.</p> <h2><a id="t7"></a>CONCLUSION</h2> <p>La place des donn&eacute;es dans le monde social appelle une r&eacute;action de la part de l&rsquo;institution scolaire. La dynamique des projets que nous avons pu observer permet d&rsquo;aborder avec les &eacute;l&egrave;ves ces enjeux de soci&eacute;t&eacute; dans le contexte num&eacute;rique de mani&egrave;re concr&egrave;te. La recherche nous montre que la th&eacute;matique des donn&eacute;es ouvertes, li&eacute;e &agrave; celle de gouvernement ouvert, cr&eacute;e une redistribution de la r&eacute;flexion et des comp&eacute;tences, ainsi que l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un dialogue incontournable entre les institutions productrices de donn&eacute;es et l&rsquo;&eacute;cole, qui produit, utilise, et a pour mission d&rsquo;&eacute;duquer aux usages des donn&eacute;es. La gouvernance des donn&eacute;es ouvertes offre un espace de parole aux &laquo;&nbsp;citoyens&nbsp;&raquo;, terme flou et dont on peine &agrave; d&eacute;finir les contours, mais qui fait des &eacute;l&egrave;ves les acteurs d&rsquo;une d&eacute;marche en construction. En demandant aux collectivit&eacute;s des jeux de donn&eacute;es qui ne sont pas &agrave; disposition du public, parfois pour croiser des donn&eacute;es sur un sujet sensible, les &eacute;l&egrave;ves et leurs enseignants adoptent une posture active, parfois perturbante, qui appelle des r&eacute;ponses. Ces r&eacute;ponses impliquent alors la mise en place et le respect de garanties de la p&eacute;rennit&eacute; des donn&eacute;es, de l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; des syst&egrave;mes, du d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences m&eacute;tiers dans les organisations et de la l&eacute;gitimit&eacute; des politiques en place. On peut alors parler d&rsquo;une dynamique &eacute;cosyst&eacute;mique, qui conduit chacun des acteurs &agrave; repenser et &agrave; reconstruire ses activit&eacute;s en fonction des autres et autour de ces enjeux dans la soci&eacute;t&eacute; du num&eacute;rique.&nbsp;</p> <h2><a id="t8"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Alloing, C. (2016). 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