<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong> The proliferation of lightweight audio-video capturing tools and remote communication devices have disrupted the ability of certain occupational groups to control their public appearances and the information surrounding their actions. In this context of new visibility, the work of police is increasingly documented by a multitude of official and unofficial pictures and reports. The police intervention must therefore also be conceived as a confrontation between pictures and an anticipation of their diffusion. Challenged by crowds with miniature cameras and Internet users sharing the images, the police is supposed to become more fair, more &quot;transparent&quot; and to better communicate on their actions. Between public information, debate on police work, and police self-promotion, the question of the transformation of &quot;police communication&quot; in the digital age will be approached with observations conducted in Switzerland.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong> Police, communication, mediatic risks, digital, public relations, transparency</p> <p>Le travail policier a fr&eacute;quemment &eacute;t&eacute; abord&eacute; par les chercheurs en sciences sociales sous l&rsquo;angle de la relation entre les policiers et la population (Mouhanna, 2011). Il s&rsquo;agit d&rsquo;interroger le regard que quelques individus, les policiers, portent sur beaucoup d&rsquo;autres (la population dans son ensemble, des communaut&eacute;s sp&eacute;cifiques). Cette conception &laquo;&nbsp;panoptique&nbsp;&raquo;, consolid&eacute;e par les analyses de Michel Foucault et r&eacute;investie pour l&rsquo;analyse de la soci&eacute;t&eacute; de surveillance (Norris et Armstrong, 1999&nbsp;; Marx, 2003), laisse cependant hors de vue un processus oppos&eacute;, mais tout aussi significatif pour le travail policier&nbsp;: le d&eacute;veloppement des m&eacute;dias et de la communication. A l&rsquo;&eacute;chelle mondiale, ce d&eacute;veloppement a d&eacute;cupl&eacute; les enjeux de la visibilit&eacute; des actions polici&egrave;res (Reiner, 2010, chapitre 6&nbsp;; Goldsmith, 2010). Les prises de parole m&eacute;diatiques de la police ont acquis une importance cruciale dans le processus de l&eacute;gitimation publique de l&rsquo;organisation.</p> <p>Cet article interroge la police sous l&rsquo;angle de ce glissement de la visibilit&eacute; et des strat&eacute;gies d&rsquo;acc&egrave;s aux espaces m&eacute;diatiques adopt&eacute;es par les organisations polici&egrave;res. En nous appuyant sur plus de dix ans de recherches conduites au sein des polices suisses<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>, nous dresserons plus globalement un tableau des mutations de la communication polici&egrave;re &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique. Pour cela, nous d&eacute;crirons certains &laquo;&nbsp;risques m&eacute;diatiques&nbsp;&raquo; sur lesquels les relationnistes et charg&eacute;s de communication de police s&rsquo;appuient pour justifier l&rsquo;imp&eacute;ratif d&rsquo;une communication polici&egrave;re professionnalis&eacute;e et tourn&eacute;e vers les territoires du num&eacute;rique. Nous d&eacute;crirons ensuite l&rsquo;insertion de ces nouvelles professions de la police dans les organigrammes, puis certains des produits multim&eacute;dias qu&rsquo;ils ont cr&eacute;&eacute;s au service d&rsquo;une nouvelle mise en repr&eacute;sentation de la force publique.</p> <h2><a id="t1"></a>UNE&nbsp;<em>NOUVELLE</em>&nbsp;VISIBILIT&Eacute; POLICI&Egrave;RE</h2> <p>Par opposition &agrave; la perspective panoptique qui positionne les policiers comme des observateurs privil&eacute;gi&eacute;s, hors de port&eacute;e des citoyens observ&eacute;s, le sociologue Thomas Mathiesen &eacute;voque un autre m&eacute;canisme de contr&ocirc;le social. Il le nomme le pouvoir &laquo;&nbsp;synoptique&nbsp;&raquo; et y voit un important retournement contemporain de la relation de pouvoir.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Non seulement nous nous dirigeons vers une situation panoptique o&ugrave; un petit nombre peut voir et surveiller un grand nombre&nbsp;&raquo; affirme le sociologue norv&eacute;gien, &laquo;&nbsp;mais nous allons sans cesse plus &ndash; en particulier &agrave; travers la t&eacute;l&eacute;vision &ndash; vers une situation synoptique sym&eacute;trique, o&ugrave; un grand nombre peut voir et suivre du regard une petite minorit&eacute;&nbsp;&raquo; (Mathiesen, 1999, p. 31, cit&eacute; et traduit par Leclerc, 2006, p. 26).</p> </blockquote> <p>Cette minorit&eacute; qui se met en sc&egrave;ne devant les cam&eacute;ras et dans les colonnes de presse, ce sont aujourd&rsquo;hui souvent les policiers en uniforme et leurs repr&eacute;sentants (porte-parole, syndicat, officier sup&eacute;rieur, ministre de tutelle). La combinaison &eacute;troite d&rsquo;un r&eacute;gime de surveillance (panoptisme) et d&rsquo;un r&eacute;gime du spectacle (synoptisme) est devenue indispensable &agrave; l&rsquo;exercice de la force publique dans la soci&eacute;t&eacute; m&eacute;diatique. Appliqu&eacute;e au travail policier, cette hypoth&egrave;se d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&Eacute;tat comme th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo; (Leclerc, 2006, p. 49-82) signifie que le spectacle localis&eacute; des policiers en rue se double toujours d&rsquo;une dimension symbolique et communicationnelle distill&eacute;e dans les m&eacute;dias et dans les repr&eacute;sentations du pouvoir qui y ont cours. Il faut alors envisager que le d&eacute;veloppement de l&rsquo;&Eacute;tat moderne passe en partie par cette spectacularisation de l&rsquo;action polici&egrave;re m&eacute;diatis&eacute;e.</p> <p>Partant de l&rsquo;id&eacute;e que cette production symbolique et m&eacute;diatique entourant l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re ne saurait &ecirc;tre vue exclusivement comme le produit du travail des journalistes (Schlesinger, 1992), nous proposons de questionner le savoir-faire des milieux policiers eux-m&ecirc;mes en mati&egrave;re de communication. Dans quelle mesure le vaste r&eacute;seau de circulation d&rsquo;images num&eacute;riques et de discours sur la police est-il configur&eacute; par des pratiques communicationnelles issues des organisations elles-m&ecirc;mes&nbsp;? Ce questionnement prolonge des travaux actuels sur les relations entre police et m&eacute;dias en Europe (Meyer, 2012), en particulier sur la&nbsp;<i>professionnalisation</i>&nbsp;de la communication polici&egrave;re telle qu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; analys&eacute;e en Grande-Bretagne (Mawby, 2002 et 2010) ou sur l&rsquo;&laquo;&nbsp;obsession du contr&ocirc;le&nbsp;&raquo; des m&eacute;dias par la force publique en France (Le Saulnier, 2012).</p> <h3>Police, gestion d&rsquo;image et communication</h3> <p>Les premiers indicateurs de cette professionnalisation r&eacute;sident dans le recrutement de sp&eacute;cialistes issus de formations autres que la police, ainsi que dans une diversification des activit&eacute;s communicationnelles et la conqu&ecirc;te de nouveaux territoires m&eacute;diatiques par la police. Dans leur tentative de contr&ocirc;le du flux d&rsquo;informations les concernant, les organisations polici&egrave;res &ndash; en Suisse comme dans toutes les d&eacute;mocraties occidentales - se sont en effet peu &agrave; peu constitu&eacute;es en porteuses d&rsquo;un savoir-faire discursif et d&rsquo;une culture du r&eacute;cit sur l&rsquo;exercice de la force publique, le droit et les normes. Face aux crises de l&eacute;gitimit&eacute; que peuvent constituer les &eacute;preuves de la visibilit&eacute; m&eacute;diatique (Thompson, 2005), elles se sont dot&eacute;es de moyens de contr&ocirc;le de la r&eacute;putation et d&rsquo;outils de promotion d&rsquo;une &laquo;&nbsp;image publique&nbsp;&raquo; positive. Le maintien de celle-ci devient ainsi la pr&eacute;occupation centrale d&rsquo;une &laquo;&nbsp;<i>police corporate communication</i>&nbsp;&raquo; (Mawby, 2010). En Suisse, cette mutation est d&rsquo;abord soutenue par les cadres sup&eacute;rieurs (form&eacute;s entre autres dans les fili&egrave;res en administration publique) et les attach&eacute;s de presse (issus des m&eacute;dias ou de la communication). Les pr&eacute;ceptes de la communication d&rsquo;entreprise ont peu &agrave; peu &eacute;t&eacute; constitu&eacute;s en pr&eacute;occupation globale et diffus&eacute;e &agrave; tous les membres de l&rsquo;organisation polici&egrave;re, jusqu&rsquo;au niveau des agents de terrain. Des ordres de service internes leur rappellent par exemple que le port de l&rsquo;uniforme et leurs attitudes sont les premi&egrave;res formes de publicit&eacute; pour l&rsquo;institution&nbsp;; qu&rsquo;il est de leur &laquo;&nbsp;devoir&nbsp;&raquo; de veiller &agrave; son image. Mentionnons le cas de la police cantonale vaudoise qui a autoris&eacute; en 2012 ses policiers &agrave; porter la barbe. &Agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;annonce publique de cette modification du r&egrave;glement, l&rsquo;officier de presse pr&eacute;cise aux journalistes que &laquo;&nbsp;la barbe est un choix personnel, certes. Mais elle devra &ecirc;tre bien taill&eacute;e. Le gendarme doit toujours &ecirc;tre de bonne pr&eacute;sentation. C&rsquo;est une question de biens&eacute;ance et de devoir. Ils sont l&rsquo;image de la gendarmerie&nbsp;&raquo; (journal&nbsp;<i>24 Heures</i>, 2&nbsp;mars 2012).</p> <p>Puisant autant dans les pratiques journalistiques que commerciales, la communication organisationnelle instaure de nouvelles formes de rencontres entre les journalistes et les sources polici&egrave;res. Entre la collecte et la diffusion d&rsquo;informations sur le travail policier interviennent &agrave; pr&eacute;sent des processus facilitateurs (&agrave; commencer par l&rsquo;acc&egrave;s direct au t&eacute;l&eacute;phone cellulaire d&rsquo;un &laquo;&nbsp;r&eacute;pondant&nbsp;&raquo;) et des produits communicationnels&nbsp;<i>pr&ecirc;t-&agrave;-diffuser&nbsp;</i>fournis par la police. Dans le contexte suisse, cette configuration s&rsquo;est exprim&eacute;e d&rsquo;abord par de nouvelles positions professionnelles &agrave; pourvoir dans les organigrammes des corps de police&nbsp;: &laquo;&nbsp;porte-parole&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;charg&eacute; de communication&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;responsable presse et communication&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;officier de presse&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;officier de communication&nbsp;&raquo;. Les &eacute;tiquettes sont nombreuses, d&rsquo;autant que le syst&egrave;me f&eacute;d&eacute;raliste suisse d&rsquo;organisation d&eacute;centralis&eacute;e des polices n&rsquo;aide pas &agrave; l&rsquo;unification des termes. De plus, le cumul est fr&eacute;quent entre t&acirc;ches de relations presse et celles de productions communicationnelles, rendant difficile la comparaison des cahiers des charges entre corps de police. Les titres et les &eacute;nonc&eacute;s des missions sont diff&eacute;rents, mais la finalit&eacute; est souvent la m&ecirc;me&nbsp;: la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une &laquo;&nbsp;communication polici&egrave;re&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire un travail institutionnalis&eacute; de prise de parole, d&rsquo;acc&egrave;s aux m&eacute;dias et de (re)pr&eacute;sentation de l&rsquo;institution polici&egrave;re effectu&eacute; activement sur tous les supports sans exception.</p> <h3>Contexte de recherche</h3> <p>En&nbsp;2011 et&nbsp;2012, nous avons assist&eacute; &agrave; deux formations sp&eacute;cialis&eacute;es en communication polici&egrave;re&nbsp;: l&rsquo;une dispens&eacute;e&nbsp;<i>pour</i>&nbsp;les &laquo;&nbsp;communicants&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a>&nbsp;de police, le module &laquo;&nbsp;Relations publiques&nbsp;&raquo; propos&eacute; par l&rsquo;Institut Suisse de Police&nbsp;; l&rsquo;autre dispens&eacute;e&nbsp;<i>par</i>&nbsp;les communicants eux-m&ecirc;mes, &agrave; destination cette fois des nouveaux entrants dans la profession polici&egrave;re (&laquo;&nbsp;introduction &agrave; la politique de communication&nbsp;&raquo;). De plus, la participation au titre de conf&eacute;rencier invit&eacute; lors de la 25<sup>e</sup>&nbsp;Conf&eacute;rence des charg&eacute;s de communication des polices suisses (21-22 juin 2012) &agrave; Gen&egrave;ve a aussi offert une occasion propice d&rsquo;observer les d&eacute;bats qui traversent ces nouveaux m&eacute;tiers de la police. &Eacute;galement dans une logique d&rsquo;observation participante, une journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tude, compos&eacute;e d&rsquo;ateliers d&rsquo;analyse de s&eacute;quences m&eacute;diatiques avec des repr&eacute;sentants des corps de police, a &eacute;t&eacute; organis&eacute;e &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Lausanne en mai&nbsp;2012<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a>. Les entretiens collectifs (<i>focus groups</i>)<i>&nbsp;</i>r&eacute;alis&eacute;s ont permis d&rsquo;identifier certaines pr&eacute;occupations &ndash; ce que nous nommerons des &laquo;&nbsp;risques m&eacute;diatiques&nbsp;&raquo; &ndash; qui traversent les discours des communicants de police concernant leurs rapports avec les sph&egrave;res m&eacute;diatiques et leur r&ocirc;le dans la construction d&rsquo;une image publique de l&rsquo;institution polici&egrave;re.</p> <p>En outre, nous avons r&eacute;alis&eacute; sept entretiens semi-directifs individuels avec des responsables ou membres de cellules presse et communication. Cinq entretiens ont &eacute;t&eacute; conduits avec des membres actifs de corps de police de la Suisse romande. Deux entretiens ont &eacute;galement &eacute;t&eacute; conduits avec des anciens repr&eacute;sentants de cantons bilingues. Les observations directes et les r&eacute;cits de pratiques par les acteurs de la communication polici&egrave;re ont &eacute;t&eacute; compl&eacute;t&eacute;s par un corpus m&eacute;diatique, utilis&eacute; comme support visuel d&rsquo;entretien (Harper, 2002)<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a>. Les donn&eacute;es d&rsquo;entretien et le corpus m&eacute;diatique permettent une mise en balance des intentions annonc&eacute;es par les communicants et les r&eacute;alisations m&eacute;diatiques effectivement diffus&eacute;es. Cela &eacute;tait n&eacute;cessaire dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;entretien avec des officiers presse et communication pr&eacute;sente une double complexit&eacute;.</p> <p>Premi&egrave;rement, les effets de censure li&eacute;s &agrave; une culture du secret qui traverse le monde policier (Monjardet, 1996) se retrouvent exacerb&eacute;s chez les communicants. Habilit&eacute;s &agrave; parler publiquement au nom du plus grand nombre de policiers (tenus au silence), les communicants s&rsquo;expriment en sources autoris&eacute;es concernant l&rsquo;opinion g&eacute;n&eacute;rale des policiers sur tous les sujets. Il est alors difficile de distinguer la position des professionnels de la communication de celle attribu&eacute;e par eux au monde policier en g&eacute;n&eacute;ral. De m&ecirc;me, il est souvent impossible d&rsquo;obtenir des informations pr&eacute;cises sur leurs m&eacute;thodes de recueil de l&rsquo;opinion des policiers. L&rsquo;alternance entre le &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;ils&nbsp;&raquo; dans le cours des entretiens est un indicateur de cette capacit&eacute; des r&eacute;pondants &agrave; convoquer une opinion qui les d&eacute;passe afin de clore la conversation sur certains sujets sensibles (&laquo;&nbsp;La plupart des policiers n&rsquo;ont pas d&rsquo;avis sur cela&nbsp;&raquo;).</p> <p>Deuxi&egrave;mement, une difficult&eacute; suppl&eacute;mentaire appara&icirc;t dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;entretien sociologique peut &eacute;galement devenir un champ d&rsquo;exercice propice au travail de communication polici&egrave;re. D&rsquo;autant plus que la communication vers les &laquo;&nbsp;milieux politiques et intellectuels&nbsp;&raquo;, selon les mots d&rsquo;un interview&eacute;, fait partie des attributions actuelles des communicants de police<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a>. Ce risque d&rsquo;instrumentalisation doit inciter &agrave; la prudence m&eacute;thodologique. L&rsquo;accroche au corpus m&eacute;diatique, en tant que trace concr&egrave;te des pratiques communicationnelles produites et valid&eacute;es par les personnes interrog&eacute;es, a offert une voie pour sortir les situations d&rsquo;entretien d&rsquo;une reproduction des routines communicationnelles de la police.</p> <h2><a id="t2"></a>LES RISQUES M&Eacute;DIATIQUES POUR LA POLICE MODERNE</h2> <p>Dans une &eacute;tude r&eacute;cente r&eacute;alis&eacute;e en France, le sociologue Guillaume Le Saulnier faisait le constat d&rsquo;une situation paradoxale en mati&egrave;re d&rsquo;analyse de la police sous l&rsquo;angle de ses m&eacute;diatisations et de ses communications&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] Au regard de l&rsquo;omnipr&eacute;sence m&eacute;diatique de la police nationale et des enjeux de cette visibilit&eacute;, &eacute;crit-il, et par contraste avec des travaux anglo-saxons pr&eacute;coces et nombreux, la communication polici&egrave;re reste un sujet d&eacute;laiss&eacute; dans la recherche fran&ccedil;aise en sciences sociales&nbsp;&raquo; (2012, p. 131). Dans les analyses anglo-saxonnes qui ont fait le pari de croiser sociologie de la police et sociologie des m&eacute;dias et de la communication (Lawrence, 2000&nbsp;; Mawby, 2002 et 2010&nbsp;; Leishman et Mason, 2003&nbsp;; Reiner, 2010, p. 177-202), il est commun de consid&eacute;rer que la relation aux journalistes et les pratiques de communication &agrave; leur attention sont des composantes essentielles du pouvoir policier, de sa l&eacute;gitimit&eacute; et de son efficacit&eacute; per&ccedil;ue par le public et les d&eacute;cideurs politiques. Visibilit&eacute; et efficacit&eacute; polici&egrave;res sont imbriqu&eacute;es, au point que la premi&egrave;re devient condition de la seconde. La m&eacute;diatisation abondante des th&egrave;mes s&eacute;curitaires a ainsi &eacute;t&eacute; contrebalanc&eacute;e par des initiatives pour&nbsp;<i>policer l&rsquo;image</i>&nbsp;des organisations polici&egrave;res et p&eacute;nales, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;assurer la production de mesures communicationnelles destin&eacute;es &agrave; accompagner et int&eacute;grer les figurations m&eacute;diatiques de la police en tant que pr&eacute;occupations et outils de l&rsquo;institution polici&egrave;re&nbsp;&raquo; (Meyer, 2012, p. 9).</p> <p>En Suisse, la relation aux m&eacute;dias et les formes de prise de parole publique sont en effet devenues des th&egrave;mes br&ucirc;lants de la r&eacute;flexivit&eacute; professionnelle. En 2011, la Conf&eacute;rence des Directrices et Directeurs de police des villes suisses, r&eacute;unissant les membres des ex&eacute;cutifs en charge de la police et de la s&eacute;curit&eacute;, organise enti&egrave;rement son 9<sup>e</sup>&nbsp;Congr&egrave;s de la s&eacute;curit&eacute; urbaine autour du th&egrave;me &laquo;&nbsp;Travail de police, relations publiques et m&eacute;dias&nbsp;&raquo; (Zurich, 08/09/2011). De m&ecirc;me, la Soci&eacute;t&eacute; des chefs de police des villes de Suisse note dans son rapport d&rsquo;activit&eacute; 2012 et se f&eacute;licite d&rsquo;une &laquo;&nbsp;augmentation des investissements dans la communication [&hellip;]&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a>. L&rsquo;omnipr&eacute;sence de la question communicationnelle dans les organisations fa&icirc;ti&egrave;res<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref">[7]</a>&nbsp;de la s&eacute;curit&eacute; publique se d&eacute;cline avec autant de vigueur dans les corps de police cantonaux et communaux. Parmi les premiers indicateurs, mentionnons la cr&eacute;ation de cellules sp&eacute;cialis&eacute;es &laquo;&nbsp;presse et communication&nbsp;&raquo; dans tous les principaux corps de police et la mise en place de rencontres r&eacute;guli&egrave;res entre leurs charg&eacute;s de communication depuis la fin des ann&eacute;es 1980. Nous ne multiplierons pas ces exemples, mais nous pouvons relever des arguments r&eacute;currents qui traversent aujourd&rsquo;hui cet accord g&eacute;n&eacute;ral dans le monde policier sur l&rsquo;importance de d&eacute;velopper une communication &laquo;&nbsp;proactive&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;transparente&nbsp;&raquo;.</p> <p>Durant les entretiens avec les communicants de police, leurs initiatives communicationnelles sont avant tout pr&eacute;sent&eacute;es comme une &laquo;&nbsp;r&eacute;ponse oblig&eacute;e&nbsp;&raquo; &agrave; trois ph&eacute;nom&egrave;nes ext&eacute;rieurs&nbsp;&agrave; la force publique&nbsp;: le d&eacute;veloppement de la presse gratuite et la &laquo;&nbsp;demande&nbsp;&raquo; accrue en faits divers, les biais de la fiction polici&egrave;re et, enfin, l&rsquo;av&egrave;nement des m&eacute;dias sociaux. Si les relations publiques se sont sans doute toujours adapt&eacute;es aux m&eacute;tamorphoses du secteur des m&eacute;dias d&rsquo;information et de divertissement, seul peut-&ecirc;tre la circulation des informations sur les m&eacute;dias sociaux apporte un r&eacute;el espace d&rsquo;incertitude pour les communicants de police. La diffusion massive et imm&eacute;diate d&rsquo;informations par des reporters amateurs produit une vuln&eacute;rabilit&eacute; des m&eacute;canismes classiques de dialogue&nbsp;<i>un &agrave; un</i>&nbsp;avec le journaliste. Les canaux d&rsquo;information du public sur Internet ne sont ni n&eacute;gociables, ni ma&icirc;trisables gr&acirc;ce &agrave; la relation d&eacute;velopp&eacute;e avec le journaliste.</p> <p>Nous parlerons de &laquo;&nbsp;risques m&eacute;diatiques&nbsp;&raquo; pour qualifier ces ph&eacute;nom&egrave;nes qui exercent une force centrip&egrave;te &eacute;vidente sur tous les communicants interrog&eacute;s. Ces derniers cherchent &agrave; les ma&icirc;triser par les moyens de la communication moderne et &agrave; valoriser les initiatives prises par leur corps de police. La reconnaissance de leur travail d&eacute;pend d&rsquo;ailleurs fortement de leur capacit&eacute; &agrave; faire valoir leur ma&icirc;trise de ces espaces communicationnels. Dans le m&ecirc;me temps, ces risques exercent une force centrifuge qui pousse les institutions &agrave; se replier en p&eacute;riph&eacute;rie de la surexposition m&eacute;diatique, &agrave; se mettre en recul des exigences constantes et nombreuses du maintien de soi dans les lieux du pouvoir synoptique. Les communicants se disent alors parfois laiss&eacute;s seuls dans cette position d&rsquo;arri&egrave;re-garde tr&egrave;s expos&eacute;e.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Pour beaucoup d&rsquo;affaires au quotidien, le commandant ne peut pas, et aussi il ne veut pas, prendre la parole publiquement. Du coup, nous devons assumer le service apr&egrave;s-vente des interventions. &Agrave; nous d&rsquo;expliquer au public et de faire comprendre les bases des interventions polici&egrave;res.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;On ne peut pas laisser faire et ne pas occuper le terrain d&rsquo;une mani&egrave;re ou d&rsquo;une autre. Les m&eacute;dias sont comme la rue, si on se retire compl&egrave;tement on obtient des zones de non-droit&nbsp;et on finira forc&eacute;ment perdant. Avec les dealers, on parle beaucoup de reconqu&eacute;rir la rue. Je dis souvent &agrave; mes coll&egrave;gues qu&rsquo;avec les journalistes on doit reconqu&eacute;rir les m&eacute;dias.&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a></p> </blockquote> <p>Dans le second extrait, par une analogie avec le travail de rue (qui met au passage les journalistes en &eacute;quivalence avec les voyous), le collaborateur de police confirme un positionnement &laquo;&nbsp;r&eacute;actif&nbsp;&raquo; face aux m&eacute;dias et leurs &eacute;volutions. Derri&egrave;re cette annonce et la professionnalisation de la communication, on per&ccedil;oit une strat&eacute;gie de conqu&ecirc;te de la parole publique&nbsp;: il faut maintenir la police dans un r&ocirc;le de d&eacute;finisseur des probl&egrave;mes publics (Pichonnaz, 2012, p. 128-131) et pour cela cultiver l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;elle est le premier r&eacute;pondant pertinent pour les journalistes.</p> <h3>Injonction &agrave; la transparence et journalisme embarqu&eacute;</h3> <p>Concernant leur insertion dans le paysage policier de Suisse, les communicants interrog&eacute;s s&rsquo;accordent sur le r&ocirc;le jou&eacute; par la presse &agrave; scandale d&egrave;s les ann&eacute;es 1980, puis au milieu des ann&eacute;es 2000 par la presse gratuite, comme catalyseurs d&rsquo;un besoin de sp&eacute;cialistes des m&eacute;dias et de la communication publique. La mutation de la presse &eacute;crite est unanimement cit&eacute;e comme centrale dans l&rsquo;histoire de leur profession.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;En 2006, le service de presse de la police a connu une augmentation importante des sollicitations des m&eacute;dias, due notamment &agrave; l&rsquo;apparition de deux journaux gratuits [<i>20 Minutes</i>&nbsp;et&nbsp;<i>Le Matin bleu</i>]. D&egrave;s lors, le bureau de la communication, compos&eacute; d&rsquo;une personne responsable de la presse et d&rsquo;une collaboratrice s&rsquo;occupant prioritairement de pr&eacute;vention, a d&ucirc; &ecirc;tre renforc&eacute; pour faire face aux nombreuses demandes lui parvenant. Pour r&eacute;pondre &agrave; ce besoin, l&rsquo;institution a d&eacute;cid&eacute; de mettre en place en 2007 une permanence presse, c&rsquo;est-&agrave;-dire un syst&egrave;me de soutien en dehors des heures de bureau.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>De plus, la description d&rsquo;une presse jug&eacute;e &laquo;&nbsp;insatiable&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;jamais contente&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;toujours &agrave; la recherche du spectaculaire&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;des m&ecirc;mes faits divers&nbsp;&raquo; termine de justifier le besoin en sp&eacute;cialistes dans les rangs des polices. L&rsquo;investissement dans le domaine de la communication serait alors une r&eacute;ponse &agrave; &laquo;&nbsp;la dramatisation qui transforme [le travail policier] en une repr&eacute;sentation th&eacute;&acirc;trale [&hellip;] un processus m&eacute;diatique qui peut &ecirc;tre ind&eacute;finiment r&eacute;it&eacute;r&eacute;&nbsp;&raquo; (Brodeur, 2008, p. 261). La police est en effet une entit&eacute; dont on ne peut parler sans &ecirc;tre rattrap&eacute; par un vaste ensemble d&rsquo;images, d&rsquo;intrigues, de sch&eacute;mas r&eacute;currents et de st&eacute;r&eacute;otypes m&eacute;diatiques. Du c&ocirc;t&eacute; des policiers t&eacute;moins de ces repr&eacute;sentations redondantes, Dominique Monjardet a montr&eacute; que le sentiment d&rsquo;une surveillance m&eacute;diatique les renfor&ccedil;ait dans un syndrome de la &laquo;&nbsp;forteresse assi&eacute;g&eacute;e&nbsp;&raquo; (Monjardet, 1996, p. 191). Les conditions d&rsquo;une rupture sont assur&eacute;es d&egrave;s lors que l&rsquo;on comprend que la distance polici&egrave;re n&rsquo;est pas proactive, mais r&eacute;active, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;protection dress&eacute;e contre le soup&ccedil;on pr&ecirc;t&eacute; &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; (<i>ibid.</i>). Cette analyse primordiale est applicable au secteur de la communication polici&egrave;re, dont toute la dramaturgie du travail tient dans une capacit&eacute; &agrave; transformer en &laquo;&nbsp;proactivit&eacute;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;transparence&nbsp;&raquo; des mesures communicationnelles qui sont elles aussi une protection dress&eacute;e contre le soup&ccedil;on pr&ecirc;t&eacute; aux journalistes et la crainte de les voir &laquo;&nbsp;creuser des&nbsp;affaires qui n&rsquo;en sont pas&nbsp;&raquo;. En offrant des visites guid&eacute;es pour les journalistes sur lieux d&rsquo;un accident ou dans les locaux de police, en multipliant les communiqu&eacute;s et les conf&eacute;rences de presse, les exercices en public et les reportages embarqu&eacute;s, la police a mis en place une rh&eacute;torique de la transparence qui substitue &agrave; l&rsquo;explication une injonction du type &laquo;&nbsp;Voyez par vous-m&ecirc;me&nbsp;&raquo;.</p> <p>Cette politique de communication de la police encourage une forme de journalisme &laquo;&nbsp;embedded&nbsp;&raquo; (int&eacute;gr&eacute; ou embarqu&eacute;), tel qu&rsquo;il est pratiqu&eacute; aux c&ocirc;t&eacute;s des forces arm&eacute;es durant les guerres (Gatien, 2009&nbsp;; Aday, Livingston et Hebert, 2005). Le dispositif anticipe les besoins et les formats journalistiques, fournissant non seulement une opportunit&eacute; de faire des images exclusives en premi&egrave;re ligne, mais aussi des &eacute;l&eacute;ments propices &agrave; un r&eacute;cit m&eacute;diatique caract&eacute;ris&eacute;, entre autres, par la personnalisation et les effets de r&eacute;el. Dans les formes contemporaines du travail journalistique, l&rsquo;&laquo;&nbsp;exclusion mutuelle de l&rsquo;information et de la narration ne va plus de soi&nbsp;&raquo; (Voirol, 2011)&nbsp;: les&nbsp;<em>news</em>&nbsp;se doivent aussi d&rsquo;&ecirc;tre des&nbsp;<em>stories</em>&nbsp;(Schudson, 2005). La proposition polici&egrave;re faite aux journalistes (de se joindre &agrave; une patrouille durant une nuit par exemple) profite de l&rsquo;attrait des m&eacute;dias pour les pratiques narratives dans l&rsquo;information, afin d&rsquo;en faire aussi un puissant outil d&rsquo;encadrement et de contr&ocirc;le sur l&rsquo;information produite.</p> <p>Du point de vue de cette strat&eacute;gie, le silence et le&nbsp;<i>no comment</i>&nbsp;deviennent par cons&eacute;quent des formes de communication potentiellement n&eacute;faste. Il faut au contraire en permanence communiquer pour r&eacute;affirmer et valider la suppos&eacute;e connivence dans l&rsquo;&eacute;laboration des r&eacute;cits d&rsquo;information. Une injonction contradictoire &agrave; communiquer pour ne pas avoir besoin de communiquer se d&eacute;voile alors parfois dans les routines relationnelles complexes que plusieurs communicants de police d&eacute;crivent.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Dans un cas comme [un accident mortel de la route avec suspicion d&rsquo;alcool&eacute;mie &eacute;lev&eacute;e], on ne peut pas &eacute;viter le communiqu&eacute; de presse. M&ecirc;me si on n&rsquo;a pas les r&eacute;sultats du test, si on n&rsquo;envoie rien, dans l&rsquo;heure ou m&ecirc;me moins, on a des appels. Alors autant r&eacute;pondre que le communiqu&eacute; va suivre, &ccedil;a nous laisse d&eacute;j&agrave; &ccedil;a pour rassembler les informations.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Faire acte de transparence prend ainsi parfois le pas sur l&rsquo;objectif secondaire d&rsquo;offrir un contenu r&eacute;ellement pertinent. Comme l&rsquo;indique Robert Reiner, les communicants ont pris la mesure du fait que &laquo;&nbsp;la police est autant une affaire d&rsquo;image que de substance&nbsp;&raquo; (1994, p. 11, notre traduction).</p> <p>La croissance des demandes va de pair avec un accroissement des situations de contact entre communicants et journalistes, que ce soit en face-&agrave;-face ou par les technologies de communication, en particulier le t&eacute;l&eacute;phone, le courriel, le texto et aujourd&rsquo;hui les r&eacute;seaux sociaux. Jouant sur la d&eacute;pendance des m&eacute;dias quant aux communiqu&eacute;s r&eacute;guliers et aux &laquo;&nbsp;nouvelles fra&icirc;ches&nbsp;&raquo;, les communicants interrog&eacute;s se positionnent comme interlocuteurs de premier plan pour l&rsquo;investigation journalistique, pour le traitement m&eacute;diatique des faits divers et pour l&rsquo;information &agrave; la population.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Les journalistes font habituellement attention &agrave; reporter fid&egrave;lement mes propos, &agrave; en garder le sens, m&ecirc;me si des imp&eacute;ratifs de place les emp&ecirc;chent de rapporter l&rsquo;entier de ce que je dis. C&rsquo;est &eacute;galement dans leur int&eacute;r&ecirc;t, puisque je suis leur source principale au niveau de la police. En d&rsquo;autres termes, ils doivent passer par moi. S&rsquo;ils nous font des coups bas ou nous tendent des pi&egrave;ges, ils comprennent qu&rsquo;ils peuvent &agrave; leur tour &ecirc;tre perdants. Notre principal moyen de protection de ce point de vue consiste &agrave; limiter les informations &agrave; l&rsquo;essentiel, &agrave; refuser de d&eacute;velopper ou m&ecirc;me &agrave; s&rsquo;en tenir au&nbsp;<i>no comment.&nbsp;</i>En limitant ainsi l&rsquo;&eacute;change, ils devront se contenter du communiqu&eacute; de presse, ce qui est insatisfaisant de leur point de vue.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Cet extrait illustre la relation &laquo;&nbsp;symbiotique&nbsp;&raquo; que conceptualise la chercheuse am&eacute;ricaine Regina Lawrence (2000, p. 54) et qui caract&eacute;rise selon elle les relations entre sph&egrave;res polici&egrave;res et m&eacute;diatiques. &laquo;&nbsp;En termes fonctionnalistes, ces liens &eacute;troits proc&egrave;dent d&rsquo;une d&eacute;pendance mutuelle&nbsp;: les policiers sont une&nbsp;<i>source privil&eacute;gi&eacute;e</i>, en tant que d&eacute;tenteurs l&eacute;gitimes et souvent exclusifs des informations polici&egrave;res, tandis que les journalistes sont des&nbsp;<i>interm&eacute;diaires oblig&eacute;s</i>, au sens o&ugrave; ils contr&ocirc;lent l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la publicit&eacute;.&nbsp;&raquo; (Le Saulnier, 2012, p.&nbsp;132). On notera toutefois que ces policiers qui deviennent des sources ne sont plus des agents de base. Ils sont peu &agrave; peu remplac&eacute;s par des communicants officiellement missionn&eacute;s pour entrer dans un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;change avec des personnes ext&eacute;rieures &agrave; la police. &Agrave; mesure que l&rsquo;institution polici&egrave;re s&rsquo;ouvre et cultive des rapports avec les journalistes, elle &eacute;loigne les subordonn&eacute;s de l&rsquo;exposition m&eacute;diatique, parfois en leur interdisant explicitement toute prise de parole devant les micros.</p> <p>Au sein de cette configuration des relations, on note en Suisse la valorisation des communicants ayant eux-m&ecirc;mes connu le terrain policier et le port de l&rsquo;uniforme. Comme si la mise en confrontation des journalistes avec leurs anciens coll&egrave;gues devenus attach&eacute;s de presse rendait trop pr&eacute;caire l&rsquo;illusion de transparence et de simple transmission des faits. Dans un renversement des interlocuteurs d&eacute;sign&eacute;s et des univers de r&eacute;f&eacute;rence, les policiers devenus communicants s&rsquo;adressent en priorit&eacute; aux journalistes, alors que d&rsquo;anciens journalistes devenus communicants ciblent, eux, les policiers &agrave; l&rsquo;interne.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Cette nouvelle accessibilit&eacute; &agrave; l&rsquo;information pour le grand public [gr&acirc;ce aux journaux gratuits et &agrave; Internet] a produit une pression accrue des m&eacute;dias, observables en termes de volume des demandes &agrave; la cellule presse [&hellip;] Sur la base de ce constat, l&rsquo;&eacute;quipe a v&eacute;cu une int&eacute;ressante permutation de ses fonctions et pr&eacute;rogatives. Puisque la connaissance-m&eacute;tier issue du monde policier est un atout pour la bonne compr&eacute;hension des situations d&rsquo;intervention, je pouvais r&eacute;pondre avec pertinence aux m&eacute;dias. D&egrave;s lors, ma coll&egrave;gue journaliste a ax&eacute; son travail principalement sur la communication interne, la pr&eacute;vention et l&rsquo;image du corps de police vis-&agrave;-vis de l&rsquo;externe. Simultan&eacute;ment, je me reposais sur ma coll&egrave;gue pour conna&icirc;tre tout ce qui relevait des structures et techniques du journalisme.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Du point de vue des enqu&ecirc;t&eacute;s, la mobilisation de cette &laquo;&nbsp;connaissance-m&eacute;tier&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire surtout la capacit&eacute; &agrave; raconter des exp&eacute;riences v&eacute;cues et des anecdotes imag&eacute;es, satisfait mieux les canons journalistiques. Les communicants issus du terrain policier se pr&eacute;sentent alors comme des traducteurs des pratiques polici&egrave;res et des logiques de l&rsquo;intervention.</p> <h3>Le policier et son double m&eacute;diatique</h3> <p>Le fort investissement m&eacute;diatique des th&egrave;mes policiers, tant par les divertissements que par les informations, a particip&eacute; &agrave; la haute visibilit&eacute; culturelle de la police. Au cours du xx<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, cette visibilit&eacute; est devenue interm&eacute;diatique&nbsp;: elle a contamin&eacute; tous les genres et tous les supports (Wilson, 2000). On observe toutefois depuis les ann&eacute;es 1990 une acc&eacute;l&eacute;ration et une diversification des formats prenant pour th&egrave;me le monde policier.&nbsp;Aux romans et s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es de fiction, bas&eacute;s sur le principe de l&rsquo;&laquo;&nbsp;enqu&ecirc;te polici&egrave;re&nbsp;&raquo;, sont venus s&rsquo;ajouter les livres de t&eacute;moignage, les&nbsp;<i>reality shows</i>, les docu-fictions et les grands reportages qui misent tous sur des propositions d&rsquo;&laquo;&nbsp;immersion&nbsp;&raquo; dans les services de la police.</p> <p>Cet ensemble de mise en images contribue &agrave; une repr&eacute;sentation m&eacute;diatique partag&eacute;e de la police que nous pouvons qualifier de&nbsp;<i>double m&eacute;diatique</i>&nbsp;du policier. Selon les communicants, cet homologue sur les &eacute;crans s&rsquo;affirme de plus en plus &laquo;&nbsp;r&eacute;aliste&nbsp;&raquo;, avec l&rsquo;ambition de coller aux conditions de travail et aux pratiques des policiers r&eacute;els. L&rsquo;effet de r&eacute;el est renforc&eacute; par le m&eacute;lange des sources et la tendance &agrave; utiliser des documents visuels issus de cam&eacute;ras de surveillance fournis par les cellules presse et communication, aussi bien que des images amateurs capt&eacute;es sur le vif par des t&eacute;moins disposant d&rsquo;une cam&eacute;ra ou d&rsquo;un t&eacute;l&eacute;phone intelligent. Finalement, les standards narratifs et l&rsquo;esth&eacute;tique visuelle du journalisme embarqu&eacute; marquent fortement les documentaires t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s sur la police et m&ecirc;me certaines sitcoms ou films qui en reprennent les caract&eacute;ristiques stylistiques (cam&eacute;ra &agrave; l&rsquo;&eacute;paule, d&eacute;cadrage, flou). Le jeu de brouillage entre r&eacute;el et fiction est d&rsquo;autant plus fort que des policiers sont courtis&eacute;s &agrave; pr&eacute;sent par les industries du divertissement en qualit&eacute; de sc&eacute;naristes ou de consultants<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref">[9]</a>.</p> <p>&Agrave; partir de ce constat, certains travaux sociologiques montrent que les traitements m&eacute;diatiques des th&egrave;mes policiers constituent, pour une large partie de la population, la principale source de contact avec la police (Skogan, 1994, p. 13-14). Difficile &agrave; documenter empiriquement pour les chercheurs (Manning, 1997), l&rsquo;impact des m&eacute;dias sur la perception publique de la police &ndash; et sur le d&eacute;roulement des rencontres entre citoyens et agents dans la rue &ndash; constitue cependant une inqui&eacute;tude omnipr&eacute;sente en arri&egrave;re-plan des discours des communicants de la police. Dans les craintes &eacute;voqu&eacute;es, la diffusion rapide d&rsquo;informations (av&eacute;r&eacute;es ou fausses) sur Internet appara&icirc;t comme une menace d&egrave;s lors qu&rsquo;elle peut conduire rapidement &agrave; des mobilisations dans la rue ou &agrave; des actes de vengeance &agrave; l&rsquo;encontre de repr&eacute;sentants de l&rsquo;&Eacute;tat. Le r&ocirc;le des r&eacute;seaux sociaux et des informations en ligne durant les &eacute;meutes de 2005 en France et de 2011 en Angleterre est souvent &eacute;voqu&eacute; en d&eacute;monstration de la puissance des m&eacute;dias. Le m&ecirc;me constat est fait en France par Guillaume Le Saulnier qui observe que &laquo;&nbsp;cette conversion [de la police] au jeu m&eacute;diatique puise dans une conviction partag&eacute;e quant aux effets directs et puissants des m&eacute;dias&nbsp;&raquo; (Le Saulnier, 2012, p. 134).</p> <h3>M&eacute;dias sociaux, journalisme citoyen et sousveillance</h3> <p>Les tensions entre actions polici&egrave;res, repr&eacute;sentations m&eacute;diatiques et effets en retour sur le travail policier sont aujourd&rsquo;hui particuli&egrave;rement mises en &eacute;vidence par les m&eacute;dias sociaux. Les actions polici&egrave;res, &agrave; commencer peut-&ecirc;tre par le maintien de l&rsquo;ordre lors de manifestations, y sont entour&eacute;es d&rsquo;images. Chaque intervention vient nourrir un r&eacute;pertoire iconographique et imaginaire qui pourra resurgir &agrave; d&rsquo;autres occasions et qui sera peut-&ecirc;tre le pr&eacute;texte &agrave; d&rsquo;autres rassemblements (par exemple en r&eacute;plique aux violences polici&egrave;res film&eacute;es). Lieux de gestation de ces r&eacute;pliques, les m&eacute;dias sociaux interrogent tout autant les communicants de police que les journalistes dont ils court-circuitent parfois le r&ocirc;le de commentateurs premiers des &eacute;v&eacute;nements (Allan, 2006).</p> <p>Les nouvelles technologies permettant la capture d&rsquo;images (cam&eacute;ras sportives miniatures, t&eacute;l&eacute;phones intelligents), leur d&eacute;mocratisation &agrave; un vaste public et l&rsquo;acc&egrave;s ais&eacute; &agrave; des plateformes de partage d&rsquo;images sur Internet ont permis l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;initiatives amateurs de documentation du travail policier dans la rue. Dans le contexte de ses interventions dans l&rsquo;espace public, la police est l&rsquo;objet d&rsquo;une forte &laquo;&nbsp;sousveillance&nbsp;&raquo; par le recours aux technologies de l&rsquo;image et de l&rsquo;Internet (Meyer et Tanner, 2017&nbsp;; Ganascia, 2009). &Agrave; l&rsquo;inverse de la surveillance par laquelle un petit nombre de personnes (les policiers) surveillent un grand nombre d&rsquo;individus (la population), la sousveillance d&eacute;signe la situation synoptique dans laquelle c&rsquo;est le plus grand nombre qui scrute attentivement les faits et gestes d&rsquo;un petit groupe au pouvoir, en particulier les policiers qui sont les repr&eacute;sentants les plus visibles de l&rsquo;&Eacute;tat dans la rue. Concr&egrave;tement, la s&eacute;quence la plus courante de sousveillance est celle qui implique pour les t&eacute;moins d&rsquo;une intervention polici&egrave;re de sortir leur t&eacute;l&eacute;phone intelligent, de filmer la sc&egrave;ne et de diffuser imm&eacute;diatement les images sur les r&eacute;seaux sociaux (Meyer, 2010). Des versions plus syst&eacute;matiques et militantes de cette sousveillance se d&eacute;veloppent &eacute;galement en Europe en s&rsquo;inspirant du mouvement am&eacute;ricain &laquo;&nbsp;Copwatch&nbsp;&raquo; (Toch, 2012). Plus agressives dans les moyens d&eacute;ploy&eacute;s, ces formes militantes de sousveillance suscitent de nombreux commentaires chez les interview&eacute;s suisses<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref">[10]</a>. En charge de d&eacute;tecter la diffusion des s&eacute;quences film&eacute;es et diffus&eacute;es, les communicants con&ccedil;oivent surtout leur r&ocirc;le en lien avec le contr&ocirc;le de la reprise des images par les m&eacute;dias traditionnels.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Chacun de notre c&ocirc;t&eacute; nous effectuons des recherches sur les sites de partage de vid&eacute;os. Souvent ce sont aussi les coll&egrave;gues qui m&rsquo;&eacute;crivent spontan&eacute;ment en disant &ldquo;Regarde, il y a cette vid&eacute;o en ligne de mon intervention. Qu&rsquo;est-ce que tu en penses&nbsp;?&rdquo;&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Il est rare que l&rsquo;on intervienne directement aupr&egrave;s des sites [comme YouTube ou Dailymotion]. Parfois on essaie de prendre contact avec le propri&eacute;taire du compte. Notre r&ocirc;le est surtout de cadrer les journalistes qui voudraient utiliser ces images. Le but est de leur donner notre version avant diffusion [&hellip;] les &eacute;l&eacute;ments que l&rsquo;on ne voit g&eacute;n&eacute;ralement pas sur les images choisies pour &ecirc;tre mises sur Internet.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>L&rsquo;efficacit&eacute; de cette captation vid&eacute;o reposerait sur le fait que la pr&eacute;sence de cam&eacute;ras peut contraindre le travail policier en lui imposant des rappels d&rsquo;autres interventions (d&rsquo;ici ou d&rsquo;ailleurs, r&eacute;elles ou fictionnelles), mais aussi en lui imposant l&rsquo;anticipation d&rsquo;une diffusion publique des images. La conviction quant &agrave; une telle puissance des images se retrouve chez les communicants de police comme chez les militants du&nbsp;<i>copwatch</i>&nbsp;(Meyer, 2010). Elle doit cependant &ecirc;tre envisag&eacute;e avec prudence, car les analyses de la m&eacute;diatisation du maintien de l&rsquo;ordre indiquent au contraire une &laquo;&nbsp;insensibilit&eacute; structurelle des forces de l&rsquo;ordre &agrave; la couverture m&eacute;diatique&nbsp;&raquo; (Fillieule et Della Porta, 2006, p. 33). En tant que sources alternatives d&rsquo;information sur les actions polici&egrave;res, les m&eacute;dias sociaux semblent cependant &ecirc;tre parvenus &agrave; ouvrir une br&egrave;che gr&acirc;ce &agrave; leur imm&eacute;diatet&eacute;, leur abondance et la possibilit&eacute; de recouper les versions d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement. Ils font peser le poids d&rsquo;un contr&ocirc;le accru sur le travail des charg&eacute;s presse et communication. N&rsquo;&eacute;tant plus dans une position de pouvoir aussi &eacute;tablie qu&rsquo;avec les m&eacute;dias traditionnels, la communication polici&egrave;re peut &ecirc;tre d&eacute;jou&eacute;e ou invalid&eacute;e, et elle-m&ecirc;me devenir la cause de la fragilisation de l&rsquo;institution tout enti&egrave;re. A l&rsquo;&eacute;chelle internationale, on peut penser aux &eacute;chos importants de l&rsquo;affaire Robert Dziekansky, &agrave; l&rsquo;a&eacute;roport de Vancouver en octobre&nbsp;2007 impliquant la Gendarmerie royale du Canada, ou &agrave; l&rsquo;affaire Ian Tomlinson &agrave; Londres pour la police m&eacute;tropolitaine de Londres. Dans les deux cas, des vid&eacute;os amateurs ont invalid&eacute; les versions officielles polici&egrave;res et ont conduit &agrave; l&rsquo;ouverture d&rsquo;enqu&ecirc;tes internes. Pour les communicants suisses interrog&eacute;s, ces situations sont autant de mises en garde pour toutes les organisations de polices lorsqu&rsquo;elles communiquent sur leurs actions&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;De mon point de vue, Internet a surtout demand&eacute; une plus grande pr&eacute;cision de la part de notre &eacute;quipe [presse et communication]. Nos communiqu&eacute;s doivent &ecirc;tre pr&eacute;cis et factuels, parce qu&rsquo;en quelques clics les journalistes comme le public peuvent avoir directement acc&egrave;s &agrave; des images de ce dont on parle.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Si la presse gratuite papier a confirm&eacute; les communicants dans un r&ocirc;le de fournisseur continu de faits divers, l&rsquo;usage d&rsquo;Internet, y compris par les versions num&eacute;riques des quotidiens d&rsquo;information, les a plac&eacute;s en situation de devoir renouveler leurs formes de r&eacute;ponses.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Internet est venu ajouter une composante de vitesse et pour &ccedil;a a rendu notre travail plus d&eacute;licat. Il faut r&eacute;aliser les m&ecirc;mes produits avec une plus grande r&eacute;activit&eacute; encore, parce que le d&eacute;lai n&rsquo;est plus au lendemain ou dans les heures suivantes. Quelques dizaines de minutes apr&egrave;s un &eacute;v&eacute;nement, les premiers sites de presse font d&eacute;j&agrave; des br&egrave;ves&nbsp;! Parfois m&ecirc;me avec des images prises sur les lieux et envoy&eacute;es par des lecteurs.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Nous retrouvons l&rsquo;insistance sur l&rsquo;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;r&eacute;activit&eacute;&nbsp;&raquo; qui confirme les communicants dans une position de r&eacute;pondant &agrave; des &eacute;volutions ext&eacute;rieures. Dans le m&ecirc;me temps, ils signalent que le maintien d&rsquo;un acc&egrave;s continu aux m&eacute;dias a deux cons&eacute;quences sur l&rsquo;organisation de leur travail&nbsp;: raccourcir les d&eacute;lais de cr&eacute;ation des produits communicationnels et &ecirc;tre disponibles en permanence (&agrave; commencer par la mise en place mat&eacute;rielle de &laquo;&nbsp;permanences&nbsp;&raquo; presse par t&eacute;l&eacute;phone et r&eacute;pondeur). Acc&eacute;der aux m&eacute;dias n&rsquo;est ainsi plus seulement une injonction &agrave; transmettre des contenus efficaces vers les journalistes. Il s&rsquo;agit &eacute;galement pour les cellules presse et communication de police de pouvoir s&rsquo;organiser afin de suivre et de trier la masse des contenus mis en ligne par les journaux ou les journalistes-blogueurs. Dans un retournement de la relation symbiotique &eacute;voqu&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment, l&rsquo;un des interview&eacute;s souligne d&rsquo;ailleurs sa propre d&eacute;pendance au flux d&rsquo;informations des journalistes.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Un &eacute;l&eacute;ment qui m&rsquo;a marqu&eacute; dans l&rsquo;&eacute;volution de ces derni&egrave;res ann&eacute;es, c&rsquo;est la rapidit&eacute; de r&eacute;action par les m&eacute;dias. Lors de manifestations, je suis au poste de commandement et mon ordinateur est habituellement connect&eacute; sur les sites des m&eacute;dias. Durant l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement lui-m&ecirc;me, les journalistes prennent des photos et les rendent publiques presque instantan&eacute;ment en ligne. Il s&rsquo;agit souvent de mes premiers contacts visuels avec l&rsquo;&eacute;volution de la situation, car le poste de commandement constitue une bulle isol&eacute;e. Les premi&egrave;res images du terrain, hormis les explications obtenues par les canaux radio de police, ce sont les m&eacute;dias qui me les offrent&nbsp;!&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Les sites web des journaux, mais aussi les &laquo;&nbsp;citoyens-journalistes&nbsp;&raquo; dont les images sont reprises par les m&eacute;dias d&rsquo;actualit&eacute;s (Gunthert, 2009), ont profond&eacute;ment modifi&eacute; le rapport des policiers &agrave; la foule pr&eacute;sente sur les lieux d&rsquo;une intervention. Les communicants, au moyen de s&eacute;ances d&rsquo;information et de sensibilisation, alertent les collaborateurs de police. Par cette m&ecirc;me occasion, ils l&eacute;gitiment leur statut de r&eacute;pondant expert pour l&rsquo;&laquo;&nbsp;image de marque&nbsp;&raquo; de l&rsquo;institution. Chaque policier est rendu sensible au fait qu&rsquo;il peut faire l&rsquo;objet d&rsquo;un soudain int&eacute;r&ecirc;t m&eacute;diatique par le truchement d&rsquo;enregistrements de sa voix ou de ses actes, devenant mati&egrave;re &agrave; une m&eacute;diatisation critique. Dans un contexte d&rsquo;hyper-vigilance &agrave; l&rsquo;image de l&rsquo;institution, &laquo;&nbsp;se&nbsp;faire remarquer dans les m&eacute;dias&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est prendre le risque de devenir une menace pour le service et d&rsquo;&ecirc;tre p&eacute;nalis&eacute; dans son avancement professionnel.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Les m&eacute;dias recherchent des &eacute;l&eacute;ments forts et nouveaux&nbsp;; ils aiment avoir le t&eacute;moignage d&rsquo;un professionnel, par exemple un pompier avec le visage noir de suie qui leur fait un point de la situation. N&eacute;anmoins, la comp&eacute;tence de r&eacute;pondre aux m&eacute;dias n&rsquo;est pas donn&eacute;e &agrave; tout le monde. Ma pr&eacute;sence sur le terrain permet &eacute;galement de choisir le collaborateur interview&eacute; et de le briefer sur le cadre l&eacute;gal en amont. Je mets la personne en garde pour la prot&eacute;ger et lui &eacute;viter des probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; son contact avec les journalistes.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Dans la perspective des communicants, les risques m&eacute;diatiques de la profession polici&egrave;re sont multiformes pour les agents sur le terrain. Renforc&eacute;s dans leur r&ocirc;le d&rsquo;interm&eacute;diaire oblig&eacute;, ils se disent seuls en mesure de combiner deux objectifs d&eacute;sirables, mais parfois oppos&eacute;s&nbsp;: la protection des collaborateurs de police et la satisfaction des demandes l&eacute;gitimes d&rsquo;information du public. Alors que la n&eacute;cessit&eacute; de communiquer est l&eacute;gitim&eacute;e par cet exercice renouvel&eacute; de d&eacute;finition des menaces m&eacute;diatiques pour la police, la place des communicants se consolide gr&acirc;ce aux savoir-faire et aux solutions qu&rsquo;ils se proposent d&rsquo;apporter pour contenir ces risques.</p> <h2><a id="t3"></a>LA PROFESSIONNALISATION DE LA COMMUNICATION POLICI&Egrave;RE</h2> <p>La mission des charg&eacute;s de presse et communication ne se d&eacute;finit pas uniquement comme une analyse des risques. Ces derniers sont contrebalanc&eacute;s par des b&eacute;n&eacute;fices potentiels de l&rsquo;usage des technologies de l&rsquo;information et de l&rsquo;image. Des opportunit&eacute;s communicationnelles sont promises aux cadres dirigeants qui acceptent le &laquo;&nbsp;jeu des m&eacute;dias&nbsp;&raquo; et font appel &agrave; des communicants. Le succ&egrave;s est au rendez-vous, comme le soulignait un responsable communication interrog&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Aucun commandant de police ne souhaite prendre le risque d&rsquo;une communication non contr&ocirc;l&eacute;e ou de prendre &agrave; la l&eacute;g&egrave;re les relations avec la presse. En tout cas pas s&rsquo;il veut durer &agrave; son poste [rire]&nbsp;&raquo;. L&rsquo;ensemble des corps cantonaux et la majorit&eacute; des polices municipales des grandes villes se sont ainsi impliqu&eacute;s depuis quinze ans, comme jamais auparavant, dans des activit&eacute;s de communication et de promotion de leur image.</p> <h3>Profils des communicants de police</h3> <p>Si l&rsquo;actualit&eacute; de la question de la &laquo;&nbsp;communication polici&egrave;re&nbsp;&raquo; tient dans le court terme &agrave; un processus de professionnalisation de la prise de parole publique, elle rel&egrave;ve aussi d&rsquo;une modernisation des institutions de la force publique tout au long des xix<sup>e</sup>&nbsp;et xx<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cles. L&rsquo;un des pionniers anglais de l&rsquo;&eacute;tude de la communication polici&egrave;re, Rob C. Mawby, affirme que la diffusion mondiale du mod&egrave;le des &laquo;&nbsp;<i>bobbies&nbsp;&raquo;</i>, entre&nbsp;1829 et&nbsp;1987, constitue un facteur crucial du d&eacute;veloppement d&rsquo;une ouverture vers le public et les m&eacute;dias (Mawby, 2002 et 2012). Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, la fondation de la police m&eacute;tropolitaine &agrave; Londres par Robert Peel, a promu le double principe de &laquo;&nbsp;visibilit&eacute;&nbsp;&raquo; (la pr&eacute;sence affich&eacute;e dans l&rsquo;espace public) et de &laquo;&nbsp;proximit&eacute;&nbsp;&raquo; (les &eacute;changes r&eacute;p&eacute;t&eacute;s avec le public), qui est aujourd&rsquo;hui au centre de toutes les polices occidentales. Ajoutons que l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re va conna&icirc;tre une profonde mutation de sa visibilit&eacute; au moment de la croissance des communications de masse dans la seconde partie du xx<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle. Organis&eacute;e autour de l&rsquo;&eacute;preuve fondamentale qu&rsquo;est la confrontation avec le regard du public (Van Maanen, 2003), la police est fortement impact&eacute;e par le d&eacute;veloppement des m&eacute;dias et des technologies de l&rsquo;information, notamment la t&eacute;l&eacute;vision. L&rsquo;abondance des interactions m&eacute;diatis&eacute;es (Thompson, 2005) oblige les organisations polici&egrave;res &agrave; reconfigurer leur mani&egrave;re de se donner &agrave; voir publiquement. La rue n&rsquo;est plus le principal lieu de contact avec les citoyens. La possibilit&eacute; de rencontres &agrave; distance avec les policiers, c&rsquo;est-&agrave;-dire avec leur double m&eacute;diatique sur les &eacute;crans, favorise l&rsquo;apparition de la communication polici&egrave;re et la consolidation des relations publiques. Depuis lors, leur objectif a &eacute;t&eacute; de cultiver ce que nous pourrions, par extension, qualifier de&nbsp;<i>proximit&eacute; m&eacute;diatique</i>.</p> <p>Rapport&eacute;es au contexte suisse, ces observations permettent d&rsquo;&eacute;tablir une p&eacute;riodisation organis&eacute;e en trois &eacute;tapes dans le processus d&rsquo;acc&egrave;s des communicants aux sph&egrave;res polici&egrave;res.</p> <p>Avant les ann&eacute;es 1980 domine une communication publique&nbsp;<i>informelle</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;elle s&rsquo;effectue sur le terrain au bon vouloir des membres du corps de police et des officiers de permanence en premier lieu. Elle n&rsquo;est pas organis&eacute;e par des mesures internes sp&eacute;cifiques et n&rsquo;a comme limites que les r&egrave;glements de service en mati&egrave;re de secret de fonction.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;La proc&eacute;dure usuelle veut que le chef de section de police secours se r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;officier de permanence lorsqu&rsquo;il &eacute;tait confront&eacute; &agrave; un &eacute;v&eacute;nement important ou sortant de l&rsquo;ordinaire [&hellip;]. Historiquement, il incombait &agrave; cet officier de permanence de renseigner la presse &agrave; propos des observations que celle-ci avait souvent d&eacute;j&agrave; effectu&eacute;es de sa propre initiative dans la rue. Sans r&eacute;elle politique de communication, sans vraiment savoir comment travailler avec les m&eacute;dias, chacun s&rsquo;appuyait sur son bon sens pour informer la presse. Dans ces circonstances, le rendu final &eacute;tait parfois d&eacute;structur&eacute; et peu cadr&eacute;.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Cette &egrave;re du &laquo;&nbsp;bon sens&nbsp;&raquo; dans la prise de parole face aux journalistes h&eacute;ritait de l&rsquo;id&eacute;e que le policier communique avant tout par sa prestance et son savoir-&ecirc;tre, comme le recommande par exemple un manuel r&eacute;dig&eacute; au d&eacute;but des ann&eacute;es 1950 par le Commandant de la police de Lausanne&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tenez la t&ecirc;te haute et sachez donner &agrave; votre regard la s&eacute;v&eacute;rit&eacute; temp&eacute;r&eacute;e d&rsquo;amabilit&eacute; qui fait le charme d&rsquo;une police moderne &agrave; la page&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref">[11]</a>. Au niveau de la haute hi&eacute;rarchie, les m&eacute;dias sont n&eacute;anmoins d&eacute;j&agrave; per&ccedil;us comme des outils puissants pour l&eacute;gitimer l&rsquo;existence et la pertinence des actions polici&egrave;res, en premier lieu gr&acirc;ce &agrave; la m&eacute;diatisation des succ&egrave;s de l&rsquo;institution.</p> <p>D&egrave;s le milieu des ann&eacute;es 1980, la communication est officiellement d&eacute;l&eacute;gu&eacute;e &agrave; un petit nombre de membres du corps de police. Ce sont des policiers qui sont choisis comme porte-parole et &laquo;&nbsp;vitrine de l&rsquo;institution&nbsp;&raquo;. Ils ne consacrent souvent qu&rsquo;une part de leur cahier des charges &agrave; ce travail de relations publiques. Il s&rsquo;agit d&rsquo;officiers ou de sous-officiers issus des carri&egrave;res traditionnelles, ayant gravi les &eacute;chelons hi&eacute;rarchiques, jusqu&rsquo;au moment o&ugrave; ils ont &eacute;t&eacute;&nbsp;<i>d&eacute;tach&eacute;s</i>&nbsp;&agrave; une cellule presse et communication. Ce profil se caract&eacute;rise par une forte valorisation de l&rsquo;exp&eacute;rience de terrain et une reconversion gr&acirc;ce aux formations continues. Ces communicants sont d&rsquo;ailleurs souvent &agrave; l&rsquo;initiative de leurs propres formations sp&eacute;cialis&eacute;es, constitu&eacute;es en outils de l&eacute;gitimation de leur place dans les rangs de l&rsquo;institution. La s&eacute;lection de ces sp&eacute;cialistes form&eacute;s sur le tas s&rsquo;op&egrave;re notamment dans les rangs des policiers affect&eacute;s &agrave; la centrale d&rsquo;engagement t&eacute;l&eacute;phonique.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;La centrale est souvent le premier point de contact entre le citoyen et la police. En recueillant toutes les informations, tant ordinaires qu&rsquo;extraordinaires, les urgences comme les cas particuliers, j&rsquo;&eacute;tais devenu un interm&eacute;diaire de premier plan. Ces comp&eacute;tences &eacute;taient alors transf&eacute;rables au travail de communication. J&rsquo;ai beaucoup appr&eacute;ci&eacute; ce r&ocirc;le de pionnier, de par les nombreuses solutions &agrave; inventer.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Cette premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration autodidacte a cr&eacute;&eacute; les lignes directrices d&rsquo;une communication d&rsquo;entreprise applicable au monde policier. Depuis ce moment et &agrave; des rythmes diff&eacute;rents dans chaque corps de police, la communication a subi un processus de professionnalisation, qui appelle de nouveaux profils. Cette derni&egrave;re &eacute;tape, qui marque la fin des ann&eacute;es 1990 et les ann&eacute;es 2000, est &agrave; relier aux &eacute;volutions engag&eacute;es par le Nouveau Management Public qui atteint avec retard les institutions polici&egrave;res. Dans une ambition de modernisation, on favorise alors le recrutement de personnels hors du monde policier, issus de fili&egrave;res sp&eacute;cialis&eacute;es en communication et en journalisme, mais aussi en marketing et en management. Int&eacute;gr&eacute;s comme &laquo;&nbsp;personnel civil&nbsp;&raquo;, les communicants sont&nbsp;<i>recrut&eacute;s</i>&nbsp;sur leur exp&eacute;rience des mondes communicationnels et m&eacute;diatiques, afin de transf&eacute;rer des savoir-faire et r&eacute;seaux au profit de la visibilit&eacute; polici&egrave;re.</p> <p>Ces profils distincts, &laquo;&nbsp;d&eacute;tach&eacute;s&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;recrut&eacute;s&nbsp;&raquo;, sont th&eacute;matis&eacute;s d&egrave;s les premiers entretiens conduits avec les charg&eacute;s presse et communication des polices suisses. Cette segmentation confirme le ph&eacute;nom&egrave;ne, observ&eacute; par Rob C. Mawby, d&rsquo;une mission pr&eacute;existante (communiquer) qui subit des pressions &agrave; la professionnalisation (communiquer par des professionnels de la communication) et peu &agrave; peu s&rsquo;autonomise des comp&eacute;tences de police&nbsp;<i>stricto sensu</i>. Les deux cat&eacute;gories deviennent indistinctement les gardiens des relations avec l&rsquo;externe et les&nbsp;<i>gatekeepers</i>&nbsp;pour les journalistes, mais aussi pour les chercheurs qui souhaitent approcher le travail policier. Les communicants sont aussi des demandeurs d&rsquo;analyses sociologiques et d&rsquo;analyse marketing, notamment sur les publics et leur &laquo;&nbsp;satisfaction&nbsp;&raquo; vis-&agrave;-vis des services policiers. De ce point de vue, ils sont doublement au contr&ocirc;le des &eacute;changes possibles avec l&rsquo;institution, comme fournisseur de donn&eacute;es sur la police et comme mandants de la production de donn&eacute;es sur celle-ci.</p> <p>Malgr&eacute; le pouvoir offert par cette position d&rsquo;interm&eacute;diaire oblig&eacute;, les communicants de police consid&egrave;rent fr&eacute;quemment leur profession comme fragile dans le contexte policier, en premier lieu car elle n&rsquo;y est pas per&ccedil;ue comme contribuant &agrave; la mission fondamentale de maintenir la paix et l&rsquo;ordre public. En jouant sur les mots, nous avons d&eacute;sign&eacute; la mission des charg&eacute;s de communication par la formule &laquo;&nbsp;policer les m&eacute;dias&nbsp;&raquo; (Meyer, 2012). Cette terminologie s&rsquo;oppose cependant aux discours des communicants qui ont tendance &agrave; &eacute;luder et ne pas assumer les dimensions de surveillance et de contr&ocirc;le de la sph&egrave;re m&eacute;diatique. Le maintien de la paix communicationnelle et de l&rsquo;ordre m&eacute;diatique peut toutefois &ecirc;tre envisag&eacute; comme leur v&eacute;ritable apport &agrave; la mission g&eacute;n&eacute;rale de police.</p> <p>En plus de ce malaise li&eacute; &agrave; la d&eacute;finition du r&ocirc;le de la communication dans la mission de maintien de l&rsquo;ordre, leur fonction met en tension une forte autonomie individuelle avec la responsabilit&eacute; de justifier syst&eacute;matiquement les actions et les d&eacute;cisions d&rsquo;autres membres de l&rsquo;institution.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Dans notre m&eacute;tier, j&rsquo;ai l&rsquo;impression que tout le monde est conscient de jouer un r&ocirc;le de fusible. Quand quelque chose ne va pas, le porte-parole est somm&eacute; de donner des explications pour les autres.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Nous sommes laiss&eacute;s devant le choix de prendre la parole dans les m&eacute;dias ou de ne pas commenter. Pour des affaires qui sont d&rsquo;embl&eacute;e importantes, avec un gros potentiel m&eacute;diatique, la d&eacute;cision peut &ecirc;tre collective, prise conjointement avec le commandant. Au quotidien, la d&eacute;cision est plus souvent individuelle. Du coup, la responsabilit&eacute; aussi&nbsp;!&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Leur position &agrave; l&rsquo;interface les met en devoir de satisfaire des demandes incompatibles et produit une vuln&eacute;rabilit&eacute; caract&eacute;ristique des professions de la communication d&rsquo;organisation. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, le droit &agrave; l&rsquo;information du public qui fonde l&rsquo;investigation journalistique et le traitement m&eacute;diatique des activit&eacute;s de police implique de forte pression pour &laquo;&nbsp;donner&nbsp;&raquo; des informations. D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, le devoir de r&eacute;serve et de discr&eacute;tion, le secret de fonction et les barri&egrave;res l&eacute;gales caract&eacute;ristiques de l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re emp&ecirc;chent la dispersion rapide, imm&eacute;diate de certaines informations, voire les obligent au refus de commenter. Toute la difficult&eacute; de leur intervention se situe dans une capacit&eacute; &agrave; se maintenir dans cette &laquo;&nbsp;injonction paradoxale, entre incitations r&eacute;p&eacute;t&eacute;es et r&egrave;gles dissuasives, exigences de r&eacute;activit&eacute; et inertie bureaucratique&nbsp;&raquo; (Le Saulnier, 2012, p. 138). La th&eacute;matisation explicite et fr&eacute;quente du &laquo;&nbsp;devoir de r&eacute;serve&nbsp;&raquo; constitue d&rsquo;ailleurs un trait saillant de leur langage professionnel. Des formules comme &laquo;&nbsp;Secret de l&rsquo;enqu&ecirc;te oblige, vous me permettrez de ne pas vous communiquer les r&eacute;sultats de cette op&eacute;ration&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn12" id="ftnref12" name="_ftnref">[12]</a>&nbsp;sont reprises (c&rsquo;est tout leur int&eacute;r&ecirc;t) comme contenu m&eacute;diatique pertinent pour les journalistes. La police, par son communicant, informe qu&rsquo;elle ne peut rien dire. Cela suffit parfois &agrave; faire information.</p> <h3>Du communicationnel &agrave; l&rsquo;op&eacute;rationnel</h3> <p>Si un tournant proactif et strat&eacute;gique dans les rapports aux m&eacute;dias et &agrave; la population est clairement marqu&eacute; par l&rsquo;entr&eacute;e en sc&egrave;ne de personnels civils issus du journalisme et de la communication, la logique d&rsquo;int&eacute;gration des pr&eacute;occupations communicationnelles va plus loin encore. Deux cas significatifs sont observables dans le canton de Vaud.</p> <p>Le recrutement d&rsquo;&Eacute;ric Lehmann &agrave; la direction de la police cantonale en octobre&nbsp;2002 constitue un premier moment exemplaire des relations police-m&eacute;dias, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;une source d&rsquo;interrogation sur les b&eacute;n&eacute;fices et les risques de tels &eacute;changes. Cet ancien journaliste et pr&eacute;sentateur du journal t&eacute;l&eacute;vis&eacute; &eacute;tait directeur g&eacute;n&eacute;ral d&rsquo;une coop&eacute;rative vinicole, ainsi que pr&eacute;sident de la Soci&eacute;t&eacute; Suisse de Radiodiffusion et t&eacute;l&eacute;vision (SSR) depuis 10 ans, au moment de son engagement comme commandant de la police cantonale. &laquo;&nbsp;Je n&rsquo;ai pas r&eacute;pondu &agrave; une annonce. Quand les chasseurs de t&ecirc;tes m&rsquo;ont t&eacute;l&eacute;phon&eacute;, je suis d&rsquo;abord rest&eacute; dubitatif, puis mon int&eacute;r&ecirc;t a grandi&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn13" id="ftnref13" name="_ftnref">[13]</a>. Le communiqu&eacute; officiel de l&rsquo;administration cantonale qui annonce la nouvelle en juin&nbsp;2002 d&eacute;crit le futur commandant&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;&Acirc;g&eacute; de 55 ans, M.&nbsp;Lehmann allie une exp&eacute;rience professionnelle particuli&egrave;rement vari&eacute;e &agrave; une r&eacute;elle vision de la soci&eacute;t&eacute; et des probl&egrave;mes de s&eacute;curit&eacute;. Journaliste &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision suisse romande, directeur-r&eacute;dacteur en chef du d&eacute;funt quotidien&nbsp;<i>La Suisse</i>, &eacute;diteur-d&eacute;l&eacute;gu&eacute; de la&nbsp;<i>Tribune de Gen&egrave;ve</i>, directeur g&eacute;n&eacute;ral de la radio-t&eacute;l&eacute;vision du Kosovo, membre de nombreux conseils d&rsquo;administration et comit&eacute;s d&rsquo;associations caritatives et artistiques&nbsp;: le parcours professionnel de M. Lehmann se caract&eacute;rise par une curiosit&eacute; constante, une r&eacute;elle ouverture au monde et une analyse lucide des probl&egrave;mes actuels.&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn14" id="ftnref14" name="_ftnref">[14]</a></p> </blockquote> <p>La suite du communiqu&eacute; rappelle que le choix s&rsquo;est port&eacute; d&rsquo;abord sur un &laquo;&nbsp;patron d&rsquo;entreprise chevronn&eacute;&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;apte &agrave; obtenir des r&eacute;sultats efficaces&nbsp;&raquo; et qui allie une &laquo;&nbsp;vision et un sens tactique&nbsp;&raquo;. Ces arguments viennent justifier ce recrutement inhabituel pour le milieu policier, mais symptomatique d&rsquo;un renouvellement des comp&eacute;tences valoris&eacute;es pour la conduite de l&rsquo;institution. Aux critiques, le principal int&eacute;ress&eacute; r&eacute;pond syst&eacute;matiquement qu&rsquo;&laquo;&nbsp;il n&rsquo;y a pas besoin d&rsquo;&ecirc;tre m&eacute;decin pour diriger un h&ocirc;pital&nbsp;&raquo;. Par voie de presse, le commandant d&eacute;sign&eacute; mentionne le souhait de se maintenir &agrave; la pr&eacute;sidence de la SSR, organe fa&icirc;tier des m&eacute;dias radios et t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s suisses, jusqu&rsquo;&agrave; fin 2003. L&rsquo;annonce cr&eacute;e un malaise dans le monde des m&eacute;dias et d&eacute;bouche imm&eacute;diatement sur une prise de position du Conseil f&eacute;d&eacute;ral qui souligne une &laquo;&nbsp;incompatibilit&eacute; des fonctions&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn15" id="ftnref15" name="_ftnref">[15]</a>, obligeant &Eacute;ric Lehmann &agrave; renoncer &agrave; ses activit&eacute;s pour la SSR.</p> <p>Autre exemple, dans l&rsquo;Ouest lausannois, la police intercommunale a aussi &eacute;t&eacute; dirig&eacute;e par un ancien journaliste, Christian S&eacute;chaud. D&rsquo;abord officier de presse de la police de Lausanne pendant cinq ans, il occupe ensuite la fonction de Commandant du corps de police de Renens, au moment o&ugrave; celle-ci pr&eacute;pare une importante fusion avec les communes de la r&eacute;gion ouest-lausannoise. Encore une fois, c&rsquo;est l&rsquo;argument de la vision neuve qui sous-tend les explications de ce recrutement.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Je ne sais pas si les journalistes sont plus recherch&eacute;s que les autres. Mais dans mon cas, c&rsquo;est une approche assez large des questions de s&eacute;curit&eacute; publique qui a int&eacute;ress&eacute; mon employeur. En tant que communicant, j&rsquo;ai peut-&ecirc;tre d&eacute;velopp&eacute; une vision plus politique, au sens propre, du m&eacute;tier.&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn16" id="ftnref16" name="_ftnref">[16]</a></p> </blockquote> <p>Ce type de situation est observable dans plusieurs pays et se per&ccedil;oit aussi pour les postes d&rsquo;expert ou de consultant en s&eacute;curit&eacute; publique. Ainsi, en juillet&nbsp;2000, John Birt, ancien directeur g&eacute;n&eacute;ral de la BBC, est nomm&eacute; conseiller strat&eacute;gique en mati&egrave;re de criminalit&eacute; aupr&egrave;s du gouvernement travailliste de Tony Blair.&nbsp;Ces mouvements dans le recrutement des cadres policiers et des experts am&egrave;nent &agrave; faire un constat&nbsp;: le communicationnel constitue une nouvelle entr&eacute;e vers les activit&eacute;s op&eacute;rationnelles et la sph&egrave;re des &eacute;tats-majors de police. Cette perm&eacute;abilit&eacute; bouleverse les &eacute;quilibres hi&eacute;rarchiques ant&eacute;rieurs et le mode traditionnel d&rsquo;avancement dans la carri&egrave;re polici&egrave;re, encore marqu&eacute; par une conception m&eacute;ritocratique du franchissement d&rsquo;&eacute;tapes oblig&eacute;es et organis&eacute; autour de la valorisation de &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;rience du terrain&nbsp;&raquo;. Alors que la majorit&eacute; des polices maintient le principe d&rsquo;un passage oblig&eacute; par le service de Police secours pour tous les collaborateurs qui souhaitent porter l&rsquo;uniforme, les charg&eacute;s presse et communications esquivent fr&eacute;quemment cette &eacute;tape ou la r&eacute;alisent tardivement dans leur parcours, notamment afin de faciliter des ambitions de progression vers les niveaux dirigeants.</p> <p>La division des identit&eacute;s professionnelles entre cadre policier, communicant et attach&eacute; de presse tend ainsi &agrave; se brouiller. Des positions hybrides apparaissent et de nouvelles trajectoires ascendantes redessinent l&rsquo;espace organisationnel de la police. L&rsquo;exp&eacute;rience et les comp&eacute;tences en mati&egrave;re de presse et communication sont aujourd&rsquo;hui valoris&eacute;es pour l&rsquo;avancement des carri&egrave;res.</p> <h2><a id="t4"></a>DE NOUVEAUX COMMUNICANTS POUR UN NOUVEAU MANAGEMENT</h2> <p>Pour comprendre cette valorisation des acteurs de la communication, il est n&eacute;cessaire de souligner certaines caract&eacute;ristiques de l&rsquo;organisation des polices en Suisse. Celles-ci sont organis&eacute;es selon le principe de &laquo;&nbsp;subsidiarit&eacute;&nbsp;&raquo; inscrit dans la Constitution suisse et au centre du f&eacute;d&eacute;ralisme&nbsp;: ce sont les 26 cantons qui mettent en &oelig;uvre l&rsquo;essentiel de la politique en mati&egrave;re de s&eacute;curit&eacute;. La &laquo;&nbsp;mosa&iuml;que f&eacute;d&eacute;raliste&nbsp;&raquo; (Bolle et Knoepfer, 2000, p. 109) et l&rsquo;importante autonomie qui en d&eacute;coule se marquent par deux ph&eacute;nom&egrave;nes&nbsp;: un morcellement de l&rsquo;organisation des services de police et une latitude dans les relations avec la population et les m&eacute;dias<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn17" id="ftnref17" name="_ftnref">[17]</a>.</p> <p>Ce contexte a favoris&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rimentation de nouvelles formes d&rsquo;organisation qui glissent vers des pratiques issues du monde des entreprises et vers une communication professionnalis&eacute;e sur l&rsquo;action publique. Ce mouvement s&rsquo;inscrit dans une importante inflexion contemporaine qui marque toutes les institutions publiques. La doctrine globale du Nouveau Management Public a en effet &eacute;t&eacute; introduite dans les institutions publiques (Belorgey, 2010), y compris la police, durant les derni&egrave;res d&eacute;cennies. Ce mod&egrave;le a incit&eacute; la police &agrave; s&rsquo;organiser comme une entreprise du secteur priv&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire avec des objectifs &agrave; atteindre, des indicateurs de performance et des &eacute;valuations r&eacute;guli&egrave;res de l&rsquo;accomplissement des objectifs fix&eacute;s (Ogien, 1995&nbsp;; Power, 2004&nbsp;; Purenne et Aust, 2010). Les outils de Nouveau Management Public ont accentu&eacute; une &laquo;&nbsp;culture du contr&ocirc;le&nbsp;&raquo; (Garland, 2001) qui a transform&eacute; la fa&ccedil;on dont l&rsquo;institution polici&egrave;re envisage sa mission et son rapport avec le public.</p> <p>Cette forme de gouvernance des institutions passe notamment par un important dispositif de publicit&eacute; des agents de l&rsquo;Etat et de leurs actions. La police se profile elle-aussi comme une &laquo;&nbsp;institution communicante&nbsp;&raquo; (Gard&egrave;re, 2009). La mutation est profonde pour la police, o&ugrave; une culture du secret et du contr&ocirc;le de l&rsquo;information a historiquement favoris&eacute; une r&eacute;sistance aux regards externes et aux injonctions de justification venues de l&rsquo;ext&eacute;rieur. Si la police moderne a, depuis ses d&eacute;buts au XIX&egrave;me si&egrave;cle, syst&eacute;matiquement produit des dispositifs d&eacute;volus &agrave; organiser le regard port&eacute; sur elle (Mawby, 2002), le Nouveau Management Public, associ&eacute; &agrave; la d&eacute;multiplications des opportunit&eacute;s et des risques induits par les technologies num&eacute;riques, a profond&eacute;ment modifi&eacute; la nature et la forme des r&eacute;ponses communicationnelles polici&egrave;res. L&rsquo;injonction &agrave; la transparence dans les d&eacute;mocraties contemporaines a suscit&eacute; des transformations organisationnelles et communicationnelles pour les institutions publiques, particuli&egrave;rement visibles dans le cas d&rsquo;une institution r&eacute;pressive comme la police<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn18" id="ftnref18" name="_ftnref">[18]</a>.</p> <p>Notre int&eacute;r&ecirc;t s&rsquo;est port&eacute; en particulier sur l&rsquo;immixtion dans le monde policier de composantes (les unit&eacute;s ou services de communication) et d&rsquo;acteurs (les communicants) &agrave; qui a &eacute;t&eacute; d&eacute;l&eacute;gu&eacute;e la gestion de l&rsquo;image et de la transparence de l&rsquo;institution. Leur mission vise &agrave; r&eacute;pondre aux visibilit&eacute;s critiques qui se d&eacute;veloppent autour de l&rsquo;action polici&egrave;re &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de comptes rendus journalistiques ou de nouvelles formes de vigilances militantes (par exemple le mouvement Copwatch ou plus largement les d&eacute;nonciations sur les m&eacute;dias sociaux). L&rsquo;apparition de &laquo;&nbsp;nouveau communicant public&nbsp;&raquo; (Gard&egrave;re, 2012, p. 31) en charge de la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;objectif de transparence et de gestion de l&rsquo;image constitue un fait saillant que nous avons mis en &eacute;vidence. A ce stade, nous pouvons affirmer d&eacute;j&agrave; que ces travailleurs de la transparence ont pour objectif de requalifier les critiques publiques et d&eacute;nonciations de l&rsquo;action polici&egrave;re, pour les transformer en preuve d&rsquo;une &laquo;&nbsp;demande de transparence&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;institution. Confirmant ainsi, par une boucle autor&eacute;alisante, la l&eacute;gitimit&eacute; et l&rsquo;importance de leur fonction au sein de l&rsquo;institution. L&rsquo;importance de leur r&ocirc;le dans le contexte policier est accentu&eacute;e par deux ph&eacute;nom&egrave;nes qui renforcent leur port&eacute;e. D&rsquo;une part,&nbsp;une &laquo;&nbsp;disparition de la disparition&nbsp;&raquo; (Haggerty et Ericson, 2000, notre traduction), c&rsquo;est-&agrave;-dire une difficult&eacute; accrue pour la police de g&eacute;rer le secret et pouvoir tirer profit de la discr&eacute;tion &ndash; &eacute;l&eacute;ments essentiels pourtant &agrave; son travail &ndash; &agrave; l&rsquo;&egrave;re d&rsquo;une exposition elle-aussi accrue de ses actions de rue. Le partage d&rsquo;informations reli&eacute;es aux actions polici&egrave;res sur les r&eacute;seaux num&eacute;riques a pour cons&eacute;quence imm&eacute;diate un affaiblissement de la version officielle des &eacute;v&egrave;nements. D&rsquo;autre part, la police est toujours plus soumise &agrave; l&rsquo;obligation de &laquo;&nbsp;r&eacute;parer l&rsquo;image&nbsp;&raquo; de l&rsquo;institution (Goldsmith, 2010, notre traduction). Elle doit non seulement &laquo;&nbsp;g&eacute;rer&nbsp;&raquo; les impressions produites par ses membres, mais aussi &laquo;&nbsp;r&eacute;parer&nbsp;&raquo; les dommages subis par son image.</p> <p>Ces deux ph&eacute;nom&egrave;nes contraignent les polices contemporaines &agrave; une obligation toujours plus grande de s&rsquo;exprimer afin de justifier leurs actions &agrave; destination des autorit&eacute;s et de l&rsquo;opinion publique.&nbsp;L&rsquo;injonction &agrave; communiquer et &agrave; faire le r&eacute;cit des actions men&eacute;es est fr&eacute;quemment vue comme une activit&eacute; de&nbsp;<i>l&eacute;gitimation</i>&nbsp;de l&rsquo;institution polici&egrave;re, en particulier dans le contexte de la revendication de &laquo;&nbsp;transparence&nbsp;&raquo;. Mais la communication peut aussi &ecirc;tre vue comme un&nbsp;<i>instrument</i>&nbsp;&agrave; part enti&egrave;re du travail policier, au m&ecirc;me titre que l&rsquo;envoi d&rsquo;agents dans les rues, les actions r&eacute;pressives ou le maintien de l&rsquo;ordre. La politique des r&eacute;sultats promue par le Nouveau Management Public, associ&eacute;e &agrave; la doctrine de la transparence, am&egrave;ne en effet la police &agrave; m&eacute;diatiser strat&eacute;giquement non seulement les interventions de ses agents, mais aussi la communication des chiffres du travail policier, les bilans statistiques, les objectifs atteints et ceux en cours d&rsquo;accomplissement (Eterno et Silverman, 2012). Comme le demandent Jean-Hugues Matelly et Christian Mouhanna, &laquo;&nbsp;l&rsquo;objectif &laquo;&nbsp;communication&nbsp;&raquo; ne vient-il pas finalement se placer quasiment au m&ecirc;me niveau que l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;action&nbsp;&raquo; elle-m&ecirc;me&nbsp;?&nbsp;&raquo; (Matelly et Mouhanna, 2007).</p> <p>Tous nos constats repris dans cet article<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn19" id="ftnref19" name="_ftnref">[19]</a>&nbsp;montrent une impasse au sein m&ecirc;me de cette exigence de transparence. Celle-ci supposerait une communication qui offre plus d&rsquo;intelligibilit&eacute; et une meilleure accessibilit&eacute; des citoyens aux actions polici&egrave;re. Or, la police demeure pour une large part une organisation de &laquo;&nbsp;haute visibilit&eacute;&nbsp;&raquo;, mais de &laquo;&nbsp;basse r&eacute;solution&nbsp;&raquo; (Brodeur, 2010)&nbsp;: l&rsquo;abondance de ses apparitions m&eacute;diatiques ne participe en fin de compte que peu &agrave; la connaissance des acteurs, des rationalit&eacute;s et des gestes du m&eacute;tier. La nouvelle configuration confirme ce paradoxe en suscitant une forme d&rsquo;invisibilit&eacute; par exc&egrave;s de transparence. La visibilit&eacute; polici&egrave;re contemporaine se caract&eacute;rise par l&rsquo;abondance des messages &agrave; l&rsquo;attention des m&eacute;dias et du public, venant se m&ecirc;ler, se confronter ou parfois se confondre avec une infinit&eacute; d&rsquo;autres repr&eacute;sentations m&eacute;diatiques de la police (fictionnelles, documentaires, militantes, etc.). L&rsquo;appropriation par les polices des canaux num&eacute;riques, en particuliers les m&eacute;dias sociaux comme Twitter ou Facebook, ont renforc&eacute; une strat&eacute;gie d&rsquo;abondance communicationnelle&nbsp;: la police communique beaucoup, abreuve d&rsquo;images et de textes les espaces m&eacute;diatiques. Mais ces nombreux messages ne participent que peu &agrave; sa connaissance par le public.</p> <h2><a id="t5"></a>COMMUNICATION DU SUCC&Egrave;S ET CONFLITS DE JURIDICTION</h2> <p>Bien que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des m&eacute;dias et du public pour la police soit d&eacute;j&agrave; ancien, l&rsquo;inverse, c&rsquo;est-&agrave;-dire la pr&eacute;occupation polici&egrave;re pour les m&eacute;dias, son image et ses audiences, &eacute;merge en Suisse avec les changements organisationnels et les initiatives communicationnelles de la fin du xx<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle, puis s&rsquo;accentue au milieu des ann&eacute;es 2000 &agrave; l&rsquo;occasion des am&eacute;nagements port&eacute;s par le Nouveau Management Public. L&rsquo;acc&egrave;s pluriforme aux m&eacute;dias, &agrave; travers les relations presse, la pr&eacute;sence sur le Web ou l&rsquo;appropriation des codes de la fiction, bouscule et pose de nouvelles questions au projet de parvenir &agrave; un &laquo;&nbsp;&eacute;nonc&eacute; des conditions d&rsquo;une police d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo; (Brodeur, 2008, p. 268). La pr&eacute;sence num&eacute;rique de la police sur les r&eacute;seaux sociaux interroge par exemple les r&eacute;percussions au niveau des formes classiques de relations entre police et population (Mouhanna, 2011&nbsp;; Beauchesne, 2010, p. 58-67). La nouvelle visibilit&eacute; polici&egrave;re entra&icirc;ne aussi des effets sur la question de la redevabilit&eacute; de la police (<i>police accountability</i>). Davantage scrut&eacute;e et face &agrave; l&rsquo;impossibilit&eacute; de contr&ocirc;ler toutes les images de policiers diffus&eacute;es sur Internet et reprises par les m&eacute;dias, la police est soumise &agrave; une obligation toujours plus stricte d&rsquo;information sur ses op&eacute;rations et d&rsquo;explication de ses choix. Ces prises de parole se destinent aux instances gouvernementales et de contr&ocirc;le de l&rsquo;institution, mais aussi et surtout &agrave; l&rsquo;opinion publique.</p> <p>Du point de vue des citoyens, les nouvelles technologies (cam&eacute;ras miniatures, t&eacute;l&eacute;phones intelligents, etc.), leur d&eacute;mocratisation et la facilit&eacute; de partage des contenus sur Internet ont produit une multiplication des canaux alternatifs d&rsquo;information sur les missions de la police. Comme on l&rsquo;observe d&eacute;sormais lors de manifestations, les m&eacute;dias traditionnels (presse &eacute;crite, radio et t&eacute;l&eacute;vision) comptent aussi sur les blogueurs, les citoyens-reporters ou les simples t&eacute;moins partageant leur &eacute;moi sur les r&eacute;seaux sociaux. Le contr&ocirc;le &eacute;ditorial de ces sources et des informations alternatives devient une partie cruciale de l&rsquo;activit&eacute; des organes de presse. Cette reconfiguration du travail journalistique provoque en retour une sollicitation toujours plus grande de la police, pour confirmer, d&eacute;mentir, tout au moins r&eacute;agir aux informations diffus&eacute;es en ligne. Cette logique circulaire prouve au moins que la police demeure une institution strat&eacute;gique pour alimenter le syst&egrave;me de construction des actualit&eacute;s et participer aux filtrages m&eacute;diatiques des informations.</p> <p>Dans leurs transactions informationnelles avec les m&eacute;dias, les polices suisses ont pris conscience que si elles ne voulaient plus &ecirc;tre accul&eacute;es &agrave; un travail de r&eacute;paration de l&rsquo;image publique, il leur fallait d&eacute;velopper des strat&eacute;gies plus agressives. Beaucoup d&rsquo;activit&eacute;s n&rsquo;apparaissent pas au public faute de &laquo;&nbsp;relief th&eacute;&acirc;tral&nbsp;&raquo; (Goffman, 1973), alors que d&rsquo;autres au contraire sont survaloris&eacute;es par le filtre m&eacute;diatique (en premier lieu, la r&eacute;pression). Les efforts principaux des corps de police se dirigent aujourd&rsquo;hui vers une mise en &eacute;vidence de la complexit&eacute; du m&eacute;tier de policier (comme dans les films de pr&eacute;sentation autoproduits par l&rsquo;organisation polici&egrave;re). Un paradoxe se maintient toutefois entre l&rsquo;ambition des communicants de rester au plus proche de la &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute; polici&egrave;re quotidienne&nbsp;&raquo; tout en offrant des produits communicationnels travaill&eacute;s et recourant aux codes les plus actuels de la dramatisation.</p> <p>D&eacute;bordant les fronti&egrave;res des supports habituels de la communication polici&egrave;re, l&rsquo;autopromotion de la force publique doit ainsi assurer sa lisibilit&eacute; et l&rsquo;attrait de ses messages pour des audiences qui sont simultan&eacute;ment des consommateurs familiers des m&eacute;dias. D&egrave;s lors, &laquo;&nbsp;[&hellip;] comme le regard synoptique des m&eacute;dias est interpr&eacute;t&eacute; par un public rompu &agrave; son d&eacute;codage, les r&eacute;cits normalisateurs de la police concernant ses propres actions doivent &ecirc;tre soigneusement sc&eacute;naris&eacute;s si on veut &eacute;viter qu&rsquo;ils soient incompr&eacute;hensibles &agrave; leur auditoire&nbsp;&raquo; (Sheptycki, 2005, p. 169). Par le recours aux r&eacute;pertoires fictionnels, &agrave; la dramatisation ou &agrave; l&rsquo;humour, les vid&eacute;os et les contenus de la communication en ligne contribuent &agrave; un r&eacute;cit des actions polici&egrave;res con&ccedil;u pour m&eacute;nager les habitudes visuelles et narratives des spectateurs des grands m&eacute;dias</p> <p>Un effort est globalement mis vers des formes de &laquo;&nbsp;communication du succ&egrave;s&nbsp;&raquo; selon la terminologie partag&eacute;e par tous les interview&eacute;s. Cette formule est utilis&eacute;e pour d&eacute;signer une strat&eacute;gie de relation aux m&eacute;dias qui consiste &agrave; y faire acc&eacute;der, non seulement les situations probl&eacute;matiques (bavures, dysfonctionnement) ou spectaculaires (faits divers sanglants, r&eacute;pression), mais encore des r&eacute;ussites grandes ou petites de l&rsquo;institution polici&egrave;re. Ainsi, un changement d&rsquo;uniforme, le recrutement de nouveaux personnels, un partenariat avec des commer&ccedil;ants, l&rsquo;acquisition d&rsquo;un chiot par la brigade cynophile peuvent devenir les sujets d&rsquo;une communication.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Une partie de mes t&acirc;ches en tant que charg&eacute; de communication consiste &agrave; mettre en avant le travail de la police. Les sollicitations de l&rsquo;&eacute;tat-major [&hellip;] sont rares, une grande partie du travail est initi&eacute;e spontan&eacute;ment au niveau de la cellule presse. Nous y adoptons un comportement proactif et intuitif lorsqu&rsquo;on constate des &eacute;l&eacute;ments nouveaux dans le corps de police, afin de les mettre en &eacute;vidence. Par exemple, il peut &ecirc;tre int&eacute;ressant de signaler spontan&eacute;ment &agrave; la population les raisons d&rsquo;un changement de la ligne graphique ou du logo du corps de police.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Dans ces circonstances, la mission visant &agrave;&nbsp;<i>policer l&rsquo;image&nbsp;</i>semble devoir s&rsquo;&eacute;tendre &agrave; de multiples domaines, eux-m&ecirc;mes trait&eacute;s sur de multiples supports m&eacute;diatiques. La boucle est ferm&eacute;e lorsque les actions de communication entreprises par la police deviennent elles-m&ecirc;mes les objets d&rsquo;un int&eacute;r&ecirc;t vif des m&eacute;dias<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn20" id="ftnref20" name="_ftnref">[20]</a>.</p> <p>Le d&eacute;veloppement d&rsquo;outils de promotion de l&rsquo;image de la police est associ&eacute; avec les nouvelles trajectoires professionnelles dans l&rsquo;institution. Cette entr&eacute;e par le c&ocirc;t&eacute;, gr&acirc;ce &agrave; la valorisation de la communication, produit cependant des probl&eacute;matiques sp&eacute;cifiques. En particulier, des &laquo;&nbsp;conflits de juridiction&nbsp;&raquo; (Abbott, 1998). Une instabilit&eacute; des fronti&egrave;res professionnelles des communicants de police se retrouve tout d&rsquo;abord&nbsp;<i>entre polices</i>, puisque dans le contexte du f&eacute;d&eacute;ralisme et d&rsquo;une criminalit&eacute; transcantonale et transnationale, les communications des polices suisses tendent &agrave; se redoubler, &agrave; se contredire ou &agrave; se court-circuiter. Des points de tensions apparaissent &eacute;galement&nbsp;<i>entre communicants de police et interlocuteurs journalistes</i>. Dans cette relation de d&eacute;pendance forte, les nouvelles technologies de la communication, en particulier les formes de communication dans le hors-m&eacute;dia, tendent &agrave; prendre un r&ocirc;le strat&eacute;gique de diffusion des versions polici&egrave;res des faits. Les efforts des polices pour inventer des formes de pr&eacute;sence sur les m&eacute;dias sociaux ne sont pas &eacute;trangers &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;ouvrir des canaux de communication directe avec le public. Dernier conflit,<i>&nbsp;entre les policiers et les communicants.&nbsp;</i>Ces derniers ayant acquis une telle visibilit&eacute; qu&rsquo;ils en viennent &agrave; incarner l&rsquo;institution pour une partie de la population, dans le m&ecirc;me temps o&ugrave; on observe un retrait d&rsquo;une partie de la haute hi&eacute;rarchie polici&egrave;re de l&rsquo;ar&egrave;ne publique. Les agents de terrain ressentent parfois comme une incongruit&eacute; le fait qu&rsquo;une personne n&rsquo;ayant plus (ou jamais eu) d&rsquo;exp&eacute;rience de la &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute; du terrain&nbsp;&raquo; puisse repr&eacute;senter &agrave; elle seule l&rsquo;institution et parler en leur nom. Ainsi des formes de r&eacute;sistances sont observables, mais encore trop peu &eacute;tudi&eacute;es, au niveau des policiers de terrain face &agrave; ces logiques m&eacute;diatiques et communicationnelles<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftn21" id="ftnref21" name="_ftnref">[21]</a>. Ils ressentent comme indue la contribution exig&eacute;e &agrave; des devoirs nouveaux du policier moderne&nbsp;: participer &agrave; des s&eacute;ances photo et &agrave; des mises en sc&egrave;ne pour les m&eacute;dias, emmener en patrouille un journaliste embarqu&eacute;, participer &agrave; des stands d&rsquo;information et des journ&eacute;es portes ouvertes, &ecirc;tre figurant d&rsquo;une vid&eacute;o de recrutement.</p> <p>La tentative de ma&icirc;trise des informations et des images produit de nouvelles tensions au sein d&rsquo;organisations polici&egrave;res engag&eacute;es activement dans l&rsquo;exp&eacute;rimentation de nouvelles pratiques communicationnelles. Les strat&eacute;gies d&rsquo;acc&egrave;s aux m&eacute;dias, la comp&eacute;tence de la police &agrave; informer le public et sa capacit&eacute; &agrave; faire valoir une version officielle doivent &agrave; nouveau &ecirc;tre interrog&eacute;s &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; Internet et les m&eacute;dias sociaux mettent au d&eacute;fi notre capacit&eacute; &agrave; donner du sens &agrave; l&rsquo;information abondante, &eacute;parse et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne qui compose notre environnement num&eacute;rique quotidien.</p> <h2><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Abbott, A. (1988).&nbsp;<i>The System of Professions: An Essay on the Division of Expert Labor</i>, Chicago&nbsp;: University of Chicago Press.</p> <p>Aday, S., Livingston, S. et Hebert, M. (2005).&nbsp;Embedding the Truth. A Cross-Cultural Analysis of Objectivity and Television Coverage of the Iraq War.&nbsp;<i>The International Journal of Press/Politics</i>, 10(1), 3-21.</p> <p>Allan, S. 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Les d&eacute;veloppements les plus r&eacute;cents de cette r&eacute;flexion se sont orient&eacute;s vers la place des technologies d&rsquo;information et de communication &laquo;&nbsp;embarqu&eacute;es&nbsp;&raquo; dans le travail policier en Suisse et au Canada, tel qu&rsquo;annonc&eacute; dans (Tanner et Meyer, 2015).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref2" id="ftn2">[2]</a>&nbsp;En Suisse, le terme &laquo;&nbsp;communicateur&nbsp;&raquo; est &eacute;galement utilis&eacute; pour d&eacute;signer les professionnels de la communication et des m&eacute;dias incorpor&eacute;s et assign&eacute;s &agrave; des missions englobant &laquo;&nbsp;relations presse et communication&nbsp;&raquo; au nom d&rsquo;une institution. Il faut l&rsquo;entendre comme &eacute;quivalent &agrave; celui de communicant.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La police&nbsp;: source des m&eacute;dias. Nouvelle communication polici&egrave;re, sources officielles et &eacute;criture journalistique&nbsp;&raquo;, Universit&eacute; de Lausanne, Laboratoire de Sociologie, Lausanne, 9&nbsp;mai 2012.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref4" id="ftn4">[4]</a>&nbsp;Notre r&eacute;colte s&rsquo;est concentr&eacute;e sur les produits m&eacute;diatiques con&ccedil;us et livr&eacute;s par les institutions polici&egrave;res. Nous n&rsquo;avons pas trait&eacute; les conditions de leur r&eacute;ception et leur utilisation par les m&eacute;dias d&rsquo;information suisses. On notera simplement le succ&egrave;s habituel de ces produits et leur reprise parfois avec tr&egrave;s peu de cadrage ajout&eacute; par les journalistes. Pour une &eacute;tude de cas dans le contexte suisse, on se r&eacute;f&eacute;rera &agrave; l&rsquo;article de (Pichonnaz, 2012).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>&nbsp;Cette situation a &eacute;t&eacute; confirm&eacute;e lors de l&rsquo;organisation de la journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tude mentionn&eacute;e plus haut. Les communicants ont &eacute;t&eacute; des relais efficaces de la m&eacute;diatisation de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement et de la valorisation de la participation polici&egrave;re. Cette attraction vers les milieux universitaires s&rsquo;observe aussi tr&egrave;s directement dans la conception des cursus de formation, en particulier par des rapprochements avec les Hautes &eacute;coles sp&eacute;cialis&eacute;es de Suisse.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La s&eacute;curit&eacute; urbaine. Rapport annuel 2012 de la Soci&eacute;t&eacute; des chefs de police des villes de Suisse&nbsp;&raquo;, SVSP, 2012.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref7" id="ftn7">[7]</a>&nbsp;En Suisse, la structure f&eacute;d&eacute;raliste &agrave; trois niveaux (f&eacute;d&eacute;ral, cantonal et communal) est compl&eacute;t&eacute;e par une multitude de concordats nationaux et r&eacute;gionaux permettant aux acteurs d&rsquo;une m&ecirc;me branche de se r&eacute;unir et de d&eacute;cider des orientations communes qui seront mises en application dans leurs cantons respectifs. Ces associations sont dites &laquo;&nbsp;fa&icirc;ti&egrave;res&nbsp;&raquo; lorsqu&rsquo;elles regroupent la majorit&eacute; des acteurs d&rsquo;un secteur.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref8" id="ftn8">[8]</a>&nbsp;Ces extraits et les suivants, sauf indications contraires, proviennent des entretiens semi-directifs avec les membres des cellules presse et communication des polices suisses.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref9" id="ftn9">[9]</a>&nbsp;Par exemple, le commissaire &Eacute;ric de Barahir, cosc&eacute;nariste de la s&eacute;rie&nbsp;<i>Engrenages</i>&nbsp;(Canal+, d&egrave;s 2005).&nbsp;<i>Cf.</i>&nbsp;&laquo;&nbsp;Ni cow-boy ni flic de cin&eacute;ma&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Le Monde</i>, 7&nbsp;novembre 2011. Mentionnons aussi l&rsquo;ex-policier genevois Yves Patrick Delachaux devenu romancier et sc&eacute;nariste de fictions polici&egrave;res &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision et au cin&eacute;ma.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref10" id="ftn10">[10]</a>&nbsp;La France a connu en 2011 la naissance d&rsquo;un site internet &laquo;&nbsp;copwatch&nbsp;&raquo; consacr&eacute; &agrave; recueillir des initiatives de sousveillance syst&eacute;matique de la police dans le Nord de l&rsquo;Ile-de-France. En r&eacute;action, le minist&egrave;re de l&rsquo;Int&eacute;rieur a saisi la justice et a obtenu la fermeture de portions du site qui identifiaient les policiers avec des photographies prises dans la rue et &eacute;tablissaient leurs profils incluant grade, fonction et territoire d&rsquo;intervention. Cet &eacute;pisode a &eacute;t&eacute; attentivement observ&eacute; par plusieurs polices suisses.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref11" id="ftn11">[11]</a>&nbsp;Mutrux H.-G.,&nbsp;<i>La police moderne au service du public</i>, Les &eacute;ditions Radar, 1951, p.&nbsp;34.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref12" id="ftn12">[12]</a>&nbsp;Interview donn&eacute;e &agrave; la T&eacute;l&eacute;vision suisse romande.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref13" id="ftn13">[13]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;&Eacute;ric Lehmann pr&eacute;f&egrave;re &ecirc;tre commandant de la police vaudoise plut&ocirc;t qu&rsquo;encaveur en Valais&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Le Temps</i>, 27&nbsp;juin 2002.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref14" id="ftn14">[14]</a>&nbsp;Bureau d&rsquo;information et de communication de l&rsquo;&Eacute;tat de Vaud, 28&nbsp;juin 2002. En ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.police.vd.ch/communique_presse/2002/260602.htm">http://www.police.vd.ch/communique_presse/2002/260602.htm</a></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref15" id="ftn15">[15]</a>&nbsp;Service de presse et d&rsquo;information de la Conf&eacute;d&eacute;ration, 28&nbsp;juin 2002. En ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.admin.ch/cp/f/3d1c63d5_1">http://www.admin.ch/cp/f/3d1c63d5_1</a>@fwsrvg.bfi.admin.ch.html</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref16" id="ftn16">[16]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Du poste de t&eacute;l&eacute; au poste de police&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Le Matin</i>, 9&nbsp;octobre 2005, p.&nbsp;5.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref17" id="ftn17">[17]</a>&nbsp;Il est int&eacute;ressant ici de mentionner l&rsquo;&eacute;cart &agrave; la situation fran&ccedil;aise de centralisation et de &laquo;&nbsp;mise sous tutelle de la communication polici&egrave;re&nbsp;&raquo; d&eacute;crite par Guillaume Le Saulnier (2012, p.&nbsp;136). Dans le contexte suisse, au contraire, le morcellement organisationnel a permis l&rsquo;apparition d&rsquo;initiatives locales innovantes en mati&egrave;re de communication polici&egrave;re.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref18" id="ftn18">[18]</a>&nbsp;La justice a connu elle-aussi, dans une moindre mesure, des d&eacute;fis li&eacute;s &agrave; la communication, par exemple autour du r&ocirc;le des m&eacute;dias sociaux durant les proc&egrave;s. Cf. Thomas, 2009.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref19" id="ftn19">[19]</a>&nbsp;En particulier des portions de (Meyer 2013). Les constats r&eacute;alis&eacute;s alors font aujourd&rsquo;hui l&rsquo;objet de rapides mutations en lien avec les transformations num&eacute;riques. Une nouvelle s&eacute;rie d&rsquo;observations devrait &eacute;tudier l&rsquo;impact des technologies de communication, non seulement dans le champ de la communication publique, mais aussi dans la rationalit&eacute; et les d&eacute;cisions de la police au niveau op&eacute;rationnel. Cf. Manning, 2008.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref20" id="ftn20">[20]</a>&nbsp;Voir par exemple l&rsquo;article &laquo;&nbsp;La police soigne sa communication&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>24 Heures</i>, 14/12/2012.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/659-2-2017-revue-meyer#ftnref21" id="ftn21">[21]</a>&nbsp;Sur la r&eacute;ception des fictions dans le milieu policier, voir l&rsquo;article programmatique de Guillaume Le Saulnier, 2011.</p>