<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong>&nbsp;From a doctoral search based on the digitalization of the file of artistic work in museum, this input suggests observing the organizational repercussions of the integration of computerized supports in the process of inventory of the museographic heritage. Traditionally based on the paper base, the national heritage list and its computerization establish a major stake in the museum organization to answer the orders some cultural experience offered to the visitors. But if the activities of the operating chain around the work seemed controllable by the project of a vision centered on the IT tool of the museum organization, the impact of the change of support, the symbolic importance of the materiality in the museum professional practices, the organization of the processes and the cultural history of the national heritage list encourage the actors of the museum to by-pass the computerized systems by resorting to &quot;organizational agreement &quot;.</p> <p><strong>Keywords :</strong>&nbsp;Museum, computerization, national heritage list, communication, organization</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>L&rsquo;informatisation de l&rsquo;inventaire des collections des mus&eacute;es a &eacute;t&eacute; l&rsquo;un des objectifs strat&eacute;giques majeurs du gouvernement Fran&ccedil;ais en termes d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la culture &agrave; la fin du si&egrave;cle dernier. Une &eacute;tape cl&eacute; dans cet ambitieux projet a &eacute;t&eacute; la cr&eacute;ation en 1975 et la mise en ligne en 1995, de la base de donn&eacute;es &laquo; Joconde &raquo; qui regroupe les notices de toutes les &oelig;uvres d&eacute;tenues par les mus&eacute;es de France<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>. L&rsquo;int&eacute;gration de dispositifs informatiques et num&eacute;riques est toujours un enjeu pour les mus&eacute;es fran&ccedil;ais, m&ecirc;me s&rsquo;ils doivent maintenant r&eacute;pondre &agrave; d&rsquo;autres demandes institutionnelles et notamment &agrave; l&rsquo;injonction communicationnelle de permettre de &ldquo;nouvelles exp&eacute;riences culturelles&rdquo; (Jutant, 2015) : mise en ligne des collections, num&eacute;risation des objets, pr&eacute;paration &agrave; l&rsquo;exposition, interactivit&eacute;, r&eacute;alit&eacute; virtuelle, pr&eacute;sence sur les r&eacute;seaux sociaux, etc.</p> <p>Cependant l&rsquo;activit&eacute; de gestion et de production documentaire, qui permet de suivre les &oelig;uvres tout au long de leur vie au sein du mus&eacute;e et sur laquelle repose en grande partie la mise en &oelig;uvre de tous ces nouveaux projets, n&rsquo;est pas encore totalement informatis&eacute;e.</p> <p>Dans un contexte o&ugrave; les mus&eacute;es sont appel&eacute;s &agrave; &laquo;&nbsp;&eacute;v&eacute;nementialiser&nbsp;&raquo; leurs collections&nbsp;(Gombault, 2003)&nbsp;(Gellereau, 2004) , les gestionnaires sont donc confront&eacute;s &agrave; une double injonction : d&rsquo;une part moderniser leurs processus de gestion et d&rsquo;autre part proposer toujours plus d&rsquo;activit&eacute;s aux visiteurs.</p> <p>Cette contribution propose d&rsquo;aborder un des r&eacute;sultats d&rsquo;une recherche doctorale effectu&eacute;e sur le terrain dont l&rsquo;objectif est de mieux comprendre comment une organisation qui repose fortement sur le partage d&rsquo;une documentation structur&eacute;e sur support papier est impact&eacute;e par ces changements de supports. Cette &eacute;tude se situe dans le prolongement des recherches men&eacute;es par le groupe &laquo; document &amp; organisation &raquo; du RTP doc (Pedauque, 2003) (Pedauque, 2007), qui ont montr&eacute; que le passage d&rsquo;une documentation physiquement appr&eacute;hendable, dont on peut directement percevoir la mat&eacute;rialit&eacute; et les modes d&rsquo;organisation, &agrave; des objets num&eacute;riques, dont il n&rsquo;est possible d&rsquo;envisager l&rsquo;existence qu&rsquo;en fonction de ce que les &eacute;crans d&rsquo;ordinateur nous permettent d&rsquo;en appr&eacute;hender, bouleverse un grand nombre d&rsquo;habitudes de travail (Cotte, 2004). Ces &eacute;volutions sont particuli&egrave;rement int&eacute;ressantes dans des situations hybrides, c&rsquo;est-&agrave;-dire quand les processus de production, de stockage, de partage ou encore de recherche d&rsquo;information ne reposent que partiellement sur des dispositifs informatiques et que l&rsquo;on peut observer la coexistence de deux modes d&rsquo;organisation dont l&rsquo;un serait suppos&eacute; dispara&icirc;tre au profit de l&rsquo;autre. C&rsquo;est pourquoi mon analyse portera sur les pratiques li&eacute;es &agrave; l&rsquo;inventaire scientifique des collections des institutions mus&eacute;ographiques. J&rsquo;expliquerai, dans une premi&egrave;re partie comment l&rsquo;informatisation des processus de l&rsquo;inventaire constitue un enjeu majeur de l&rsquo;organisation mus&eacute;ale. Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; la m&eacute;thodologie de recherche employ&eacute;e pour cette &eacute;tude, je reviendrai sur la mat&eacute;rialit&eacute; des pratiques d&rsquo;inventaire et des produits documentaires qui en d&eacute;coulent, &agrave; travers l&rsquo;explication des pratiques de recherche dans l&rsquo;espace mus&eacute;al. Enfin, j&rsquo;aborderai dans une derni&egrave;re partie les &laquo; bricolages organisationnels &raquo; mis en place par les acteurs de l&rsquo;organisation face &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration des supports informatis&eacute;s afin de &laquo;&nbsp;<i>re-mat&eacute;rialiser&nbsp;</i>&raquo; l&rsquo;activit&eacute; et faire face &agrave; la perte de sens &agrave; laquelle ils se trouvent confront&eacute;s.</p> <h2><a id="t2"></a>L&rsquo;INFORMATISATION DE L&rsquo;INVENTAIRE DES COLLECTIONS, T&Eacute;MOIN D&rsquo;UNE VOLONT&Eacute; D&rsquo;&Eacute;VOLUTION ORGANISATIONNELLE DES MUS&Eacute;ES</h2> <p>L&rsquo;informatisation de la gestion des collections mus&eacute;ales r&eacute;pond &agrave; une double logique : une logique substitutive qui se fixe pour objectif l&rsquo;am&eacute;lioration de la gestion interne des &oelig;uvres et des activit&eacute;s autour de l&rsquo;&oelig;uvre ; une logique cr&eacute;ative, con&ccedil;ue pour offrir des services innovants aux publics. (Jutant, 2015)</p> <p>La ma&icirc;trise de la cha&icirc;ne op&eacute;ratoire autour de l&rsquo;&oelig;uvre a une importance strat&eacute;gique majeure car c&rsquo;est autour d&rsquo;elle que s&rsquo;articulent toutes les activit&eacute;s du mus&eacute;e qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la gestion des collections, de la conception de nouveaux dispositifs de m&eacute;diation ou encore d&rsquo;assurer une meilleure visibilit&eacute; en ligne des collections et ainsi asseoir la notori&eacute;t&eacute; du mus&eacute;e. La premi&egrave;re &eacute;tape de cette chaine est l&rsquo;inventaire qui garantit l&rsquo;identit&eacute; et la provenance de l&rsquo;objet entrant dans les collections d&rsquo;un mus&eacute;e (par son inscription dans le registre et sa num&eacute;rotation). L&rsquo;inventaire assure &eacute;galement l&rsquo;inali&eacute;nabilit&eacute; et l&rsquo;imprescriptibilit&eacute; des &oelig;uvres d&eacute;tenues par chaque mus&eacute;e. Le cadre l&eacute;gislatif pr&eacute;cise que cet inventaire doit &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute; par le&nbsp;<i>&laquo; responsable des collections</i>&nbsp;&raquo; sous la forme d&rsquo;un &laquo;&nbsp;<i>document unique, infalsifiable, titr&eacute;, dat&eacute; et paraph&eacute;&nbsp;</i>&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a>.</p> <p>De &laquo; l<i>&rsquo;Inventaire Napol&eacute;on &raquo;&nbsp;</i>&agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; qui fixe les nouvelles normes en 2004, l&rsquo;inventaire n&rsquo;a cess&eacute; d&rsquo;&eacute;voluer et l&rsquo;informatisation a &eacute;t&eacute; envisag&eacute;e comme une &eacute;tape importante dans la transformation des processus de gestion. Cette id&eacute;ologie de la modernisation par l&rsquo;introduction d&rsquo;outils informatis&eacute;s puise ses fondements dans une approche &laquo;&nbsp;<i>technocentr&eacute;e&nbsp;</i>&raquo;&nbsp;(Rabardel, 1995) des organisations. Cette approche repose sur le pr&eacute;suppos&eacute; qu&rsquo;en rempla&ccedil;ant des processus bas&eacute;s initialement sur des supports &ldquo;papier&rdquo; par des syst&egrave;mes informatis&eacute;s, on parviendra &ldquo;n&eacute;cessairement&rdquo; &agrave; une rationalisation des pratiques et &agrave; une am&eacute;lioration de la productivit&eacute;.</p> <p>Les mus&eacute;es ont vu de nombreux avantages &agrave; cette informatisation, car de l&rsquo;acquisition &agrave; l&rsquo;exposition, la tra&ccedil;abilit&eacute; des activit&eacute;s qui tournent autour de l&rsquo;&oelig;uvre est un enjeu organisationnel et strat&eacute;gique crucial qui repose sur une documentation tr&egrave;s volumineuse. Cette documentation produite autour de la chaine op&eacute;ratoire de la gestion manag&eacute;riale des collections est regroup&eacute;e dans des &ldquo;dossiers d&rsquo;&oelig;uvres&rdquo; &nbsp;(Vassal, 2014). G&eacute;n&eacute;ralement, quand les dossiers contiennent la totalit&eacute; des informations, ils sont conserv&eacute;s par le service de la documentation. Dans d&rsquo;autres mus&eacute;es, une partie des documents peut &eacute;galement &ecirc;tre g&eacute;r&eacute;e, conserv&eacute;e voire dupliqu&eacute;e dans les services producteurs ou utilisateurs.</p> <p>Comme on peut le constater, il s&rsquo;agit de projets d&rsquo;&eacute;volution relative &agrave; une activit&eacute; centrale et qui touche tous les m&eacute;tiers impliqu&eacute;s dans la cha&icirc;ne op&eacute;ratoire. Pourtant ces projets ont souvent &eacute;t&eacute; envisag&eacute;s &agrave; partir de la question de la &ldquo;num&eacute;risation&rdquo; documentaire ou de celle des objets, sans toujours mesurer les impacts sur les processus organisationnels et le sens des diff&eacute;rents m&eacute;tiers.</p> <p>Ainsi, dans la prolongation des travaux men&eacute;s entre document et organisation (Pedauque, 2006&nbsp;; Dalbin et Guyot, 2007 ; Gardey, 2008), la question est donc d&rsquo;observer en quoi la num&eacute;risation des documents modifie les pratiques documentaires et plus largement comment l&rsquo;organisation est impact&eacute;e par ces changements de pratiques.</p> <p>Nous observerons ici l&rsquo;impact de la num&eacute;risation sur les processus organisationnels.&nbsp;Plus encore, la hi&eacute;rarchie interne et jeux d&rsquo;acteurs sont fortement structur&eacute;s autour de la circulation, de la possession mat&eacute;rielle et de la fonction repr&eacute;sentationnelle (Frohman, 2011) des documents papier. Le fait de ne pas avoir identifi&eacute; ces rapports symboliques au support mat&eacute;riel, voire de les avoir ignor&eacute;s, a conduit &agrave; de nombreux dysfonctionnements, car c&rsquo;est l&agrave; que se situe le sens de leur activit&eacute; pour les acteurs, ainsi que les enjeux de pouvoir symbolique<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a>&nbsp;(Berthelot-Guiet, 2007). &nbsp;</p> <h2><a id="t3"></a>UNE D&Eacute;MARCHE DE RECHERCHE COMPOSITE</h2> <p>Documentaliste d&rsquo;exp&eacute;rience en mus&eacute;e durant quatre ann&eacute;es, puis actuellement chef de projet en veille documentaire, c&rsquo;est avec le statut de &laquo;&nbsp;<i>praticien-chercheur&nbsp;</i>&raquo;&nbsp;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a>&nbsp;que j&rsquo;ai abord&eacute; cette recherche doctorale. Ce terrain exp&eacute;rientiel en mus&eacute;e m&rsquo;a permis une immersion dans les espaces de travail des mus&eacute;es afin d&rsquo;observer et d&rsquo;aborder les lieux, les objets documentaires et les acteurs impliqu&eacute;s dans la fabrication de la documentation qualifi&eacute;e de &laquo;<i>&nbsp;technico-administrative</i>&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a>. Le choix de cette approche rejoint en grande partie le projet anthropologique d&eacute;fini par Laplantine, qui se propose &laquo;&nbsp;<i>d&rsquo;&eacute;tudier le contexte m&ecirc;me dans lequel se situent des objets, [&hellip;] le r&eacute;seau serr&eacute; des interactions qu&rsquo;ils constituent avec la totalit&eacute; sociale en mouvement</i>&nbsp;&nbsp;&raquo;&nbsp;(Laplantine, 2001). Pour comprendre le sens et l&rsquo;imaginaire affectif que les acteurs donnent &agrave; leurs activit&eacute;s, il fallait les appr&eacute;hender dans les lieux o&ugrave; ces activit&eacute;s se d&eacute;roulent. Il fallait que je puisse visualiser les objets manipul&eacute;s, que je puisse en suivre la circulation et les transformations. Ma pr&eacute;sence dans les lieux m&rsquo;a &eacute;galement permis de comprendre comment se d&eacute;finissaient les diff&eacute;rents territoires symboliques et les rapports de pouvoir entre les acteurs. J&rsquo;ai donc appr&eacute;hend&eacute; le processus de l&rsquo;inventaire du patrimoine en tant que &laquo;<i>composites</i>&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a>.</p> <p>Cette immersion s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute;e sur plusieurs &eacute;tapes durant trois ann&eacute;es et m&rsquo;a permis d&rsquo;&eacute;tablir une confiance avec les personnes fr&eacute;quent&eacute;es pour qu&rsquo;elles se confient, y compris sur des dysfonctionnements qui touchent et qui engagent la qualit&eacute; de leur propre travail.&nbsp;C&rsquo;est en partageant le quotidien des professionnels, que j&rsquo;ai pu mieux comprendre leur vision des processus et le sens qu&rsquo;ils attribuaient &agrave; leurs pratiques documentaires.</p> <p>L&rsquo;objectif &eacute;tant d&rsquo;&eacute;tudier les enjeux et les freins &eacute;ventuels de l&rsquo;informatisation d&rsquo;un processus transversal, il m&rsquo;a sembl&eacute; int&eacute;ressant d&rsquo;interroger l&rsquo;ensemble des intervenants ayant un r&ocirc;le dans l&rsquo;&eacute;laboration et la consultation de l&rsquo;inventaire. Selon les textes r&eacute;glementaires, trois acteurs principaux sont impliqu&eacute;s dans sa constitution et participent &agrave; l&rsquo;enrichir : le conservateur, responsable de l&rsquo;analyse de l&rsquo;&oelig;uvre, qui r&eacute;dige le commentaire et se porte garant des donn&eacute;es scientifiques ; le documentaliste, qui g&egrave;re et effectue les recherches pour les dossiers d&rsquo;&oelig;uvre, les dossiers d&rsquo;artistes et les dossiers d&rsquo;expositions ; le r&eacute;gisseur, responsable du mouvement des &oelig;uvres, il fournit les informations techniques sur l&rsquo;&oelig;uvre. Cependant, c&rsquo;est &agrave; un conservateur que reviendra la responsabilit&eacute; des contenus&nbsp;<i>in fine</i>. Une vingtaine d&rsquo;acteurs ont pu &ecirc;tre abord&eacute;s et interrog&eacute;s. Pour comprendre la mani&egrave;re dont se d&eacute;roulait l&rsquo;inventaire des collections et l&rsquo;impact du changement de support sur l&rsquo;organisation, les entretiens ont &eacute;t&eacute; men&eacute;s sur le lieu de travail des diff&eacute;rents acteurs sans questionnaire dirig&eacute; au pr&eacute;alable afin de favoriser l&rsquo;&eacute;change et la discussion sur leurs pratiques et d&rsquo;observer au mieux leur espace de travail.</p> <p>J&rsquo;ai &eacute;galement collect&eacute; les pi&egrave;ces documentaires &eacute;manant du processus de l&rsquo;inventaire du patrimoine, notamment celles qui appartiennent au dossier d&rsquo;&oelig;uvre. Ces pi&egrave;ces sont nombreuses et peuvent varier selon l&rsquo;importance de l&rsquo;&oelig;uvre. Le tableau ci-dessous permet de dresser un corpus commun que j&rsquo;ai pu observer dans la consultation des diff&eacute;rents dossiers d&rsquo;&oelig;uvres.</p> <p>Dresser les points communs de ces entretiens et de ces observations ont permis de formaliser les processus dans les diff&eacute;rents lieux, de situer la place de chaque acteur, d&rsquo;&eacute;valuer le r&ocirc;le de la documentation comme support des pratiques d&rsquo;inventaire et enfin de comprendre comment se construisaient les repr&eacute;sentations symboliques associ&eacute;es &agrave; la mat&eacute;rialit&eacute; dans les pratiques professionnelles.</p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="230"><strong>Titre Sous pochettes</strong></td> <td valign="top" width="230"><strong>Documents conserv&eacute;s dans la sous-pochette</strong></td> </tr> <tr> <td valign="top" width="230">Historique</td> <td valign="top" width="230">Fiche mouvement &oelig;uvre, acte d&rsquo;acquisition, copie catalogue d&rsquo;inventaire, acte de vente, courrier de provenance de l&rsquo;&oelig;uvre entre mus&eacute;es et/ou donateurs/vendeurs, lettres manuscrites des anciens conservateurs sur l&rsquo;histoire de l&rsquo;&oelig;uvre.</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="230">Exposition</td> <td valign="top" width="230">Copies de tous les catalogues d&rsquo;exposition o&ugrave; figure l&rsquo;&oelig;uvre.</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="230">Bibliographie</td> <td valign="top" width="230">Copies de toutes les bibliographies o&ugrave; figure l&rsquo;&oelig;uvre</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="230">Analogie / Comparaison</td> <td valign="top" width="230">Photographie des &oelig;uvres qui ressemblent ou ont un historique commun avec l&rsquo;&oelig;uvre.</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="230">Reproduction</td> <td valign="top" width="230">Photographies de l&rsquo;&oelig;uvre</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="230">Confidentiel</td> <td valign="top" width="230">Cette pochette n&rsquo;est pas consultable par le grand public. Elle contient essentiellement les devis de restauration mais &eacute;galement peut contenir police d&rsquo;assurance ou lettres avec des coordonn&eacute;es sensibles et /ou non accessibles vis-&agrave;-vis du droit.</td> </tr> </tbody> </table> <h2><br /> <a id="t4"></a>MAT&Eacute;RIALIT&Eacute; ET MAT&Eacute;RIALISATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES DANS L&rsquo;ESPACE MUS&Eacute;AL</h2> <p>D&egrave;s les premiers entretiens la question de la visibilit&eacute; mat&eacute;rielle du document papier s&rsquo;est pos&eacute;e par l&rsquo;expression de l&rsquo;imaginaire relationnel, affectif et social que chacun lui conf&egrave;re.&nbsp;Dans le contexte mus&eacute;al, ce rapport &agrave; l&rsquo;objet mat&eacute;riel est plus fort encore. Tout d&rsquo;abord parce que le sens des objets conserv&eacute;s se trouve dans notre histoire et que les pratiques de recherche dans ce domaine sont ancr&eacute;es dans &ldquo;<i>le go&ucirc;t de l&rsquo;archive</i>&rdquo; (Farge, 1997), dans la mat&eacute;rialit&eacute; des objets et des documents qui sont conserv&eacute;s, class&eacute;s, consult&eacute;s. Pour l&rsquo;historien, ces objets sont importants &agrave; la fois pour ce qu&rsquo;ils sont en tant que supports d&#39;information, mais &eacute;galement en tant que liens mat&eacute;riels avec le pass&eacute;. L&rsquo;&eacute;criture, la calligraphie, les rayures inscrites par un pr&eacute;d&eacute;cesseur est souvent aussi important que prendre connaissance de l&rsquo;information qu&rsquo;il a consign&eacute;e dans le catalogue.</p> <p>Le document est aussi le t&eacute;moin, mais aussi parfois la seule trace de la vie des &oelig;uvres dans le mus&eacute;e. L&rsquo;art contemporain qui questionne l&rsquo;institution mus&eacute;ale dans sa capacit&eacute; &agrave; accueillir des collections qui ne sont pas r&eacute;alis&eacute;es pour ses lieux, est friand de &ldquo;happening&quot; &nbsp;et de performances, la pr&eacute;sence documentaire participe largement aux strat&eacute;gies mises en &oelig;uvre par les acteurs du mus&eacute;e pour &quot;mus&eacute;aliser&quot; la performance. Comme le montre dans ses travaux Am&eacute;lie Guigu&egrave;re, la face documentaire de l&rsquo;&oelig;uvre permet de faire persister une &oelig;uvre qui &agrave; l&rsquo;origine est dans sa d&eacute;finition une &oelig;uvre &eacute;ph&eacute;m&egrave;re. Ces documents sont alors appel&eacute;s des &laquo;&nbsp;<i>documents substituts</i>&nbsp;&raquo;&nbsp; &nbsp;(Guigu&egrave;re, 2014)</p> <p>Enfin, le document porte les traces de sa propre vie. Tout comme les travaux men&eacute;s sur le document hospitalier (Charlet, Bringay, &amp; Barry, 2004), les documents d&rsquo;activit&eacute;s produits autour de l&rsquo;&oelig;uvre comportent des annotations qui t&eacute;moignent de la vie du document et de sa fonction dans l&rsquo;organisation. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse du conservateur, des documentalistes ou des chercheurs, tous attribuent au papier des significations symboliques li&eacute;es &agrave; sa mat&eacute;rialit&eacute;.</p> <p>Cette mat&eacute;rialit&eacute; est un &laquo;&nbsp;<i>representanem &raquo;</i>&nbsp;au sens des travaux de la s&eacute;miotique de Pierce<b>.&nbsp;(</b>S. Pierce, 1978<b>)&nbsp;</b>Le papier a par exemple la capacit&eacute; &agrave; cr&eacute;er, par son accumulation, son volume, quelque chose qui est de l&rsquo;ordre de l&rsquo;attribution d&rsquo;une&nbsp;&laquo; valeur relative &raquo;. Il y a un rapport direct entre l&rsquo;importance historique d&rsquo;une &oelig;uvre et la volum&eacute;trie de la documentation rassembl&eacute;e autour d&rsquo;elle. Le nombre de bo&icirc;tes d&rsquo;archive est per&ccedil;u comme repr&eacute;sentatif de la valeur de l&rsquo;&oelig;uvre, valeur relative &agrave; son ancrage dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;art ou relative &agrave; son histoire dans l&rsquo;ancrage local du mus&eacute;e. Cette perception directe de l&rsquo;importance de l&rsquo;&oelig;uvre est centrale pour les conservateurs, car elle &ldquo;signifie&rdquo; la grandeur des collections qu&rsquo;ils g&egrave;rent.</p> <p>L&rsquo;accumulation de la documentation est aussi une pratique scientifique dans les sciences humaines<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref">[7]</a><i>&nbsp;&nbsp;(Briet, 1951)</i>. La volum&eacute;trie de la documentation semble permettre l&rsquo;assurance d&rsquo;une meilleure ma&icirc;trise des contextes, d&rsquo;une meilleure appr&eacute;hension des &eacute;v&eacute;nements autour des objets &eacute;tudi&eacute;s, les documents et la mat&eacute;rialit&eacute; de ces documents provoquent une certaine &eacute;motion chez l&rsquo;historien. Les documents sont alors per&ccedil;us comme &laquo;&nbsp;<i>les formes du pass&eacute; ou des pass&eacute;s dans le temps contemporain. Les documents sont per&ccedil;us pour certains historiens comme des fragments des vestiges, t&eacute;moin d&rsquo;une autre temporalit&eacute; [&hellip;] la num&eacute;risation remet en question la relation avec ce que le lecteur ou le spectateur du pass&eacute; a pu construire comme signification avec ces objets particuliers qui ne sont pas comme ceux qui sont donn&eacute;s &agrave; lire sur un &eacute;cran d&rsquo;ordinateur&nbsp;</i>&raquo;. (Chartier, 2012)</p> <p>La documentation s&rsquo;incarne &eacute;galement dans de nombreux objets qui en assurent l&rsquo;organisation, la circulation, le classement ; bo&icirc;tes d&rsquo;archives, kardex, &eacute;tag&egrave;res, dossiers, pochettes, &eacute;tiquettes, selon Dominique Cotte, &laquo;&nbsp;<i>la grande force de l&rsquo;outil documentaire papier est que, dans ce contexte, pour contredire la formule c&eacute;l&egrave;bre, la carte EST le territoire. Un ensemble de dossiers structur&eacute;s par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;un plan de classement constitue &agrave; la fois un corpus organis&eacute; et la repr&eacute;sentation de ce corpus</i>.&raquo;&nbsp;(Cotte, 2002) Ce sont des points d&rsquo;appui visuels de pratiques professionnelles et organisationnels.</p> <p>Si la mat&eacute;rialit&eacute; du papier et son univers organisationnel et s&eacute;miotique sont retranscrits dans la mat&eacute;rialit&eacute; informatique c&rsquo;est pour reproduire les fonctions communicatives des documents (Jeanneret, 2007) et r&eacute;duire l&rsquo;&eacute;quivocit&eacute;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a>&nbsp;qu&rsquo;on peut trouver dans la perte de mat&eacute;rialit&eacute; informationnelle.</p> <p>Les &oelig;uvres des collections mus&eacute;ales sont des objets informationnels qui racontent une histoire. Selon l&rsquo;axe scientifique privil&eacute;gi&eacute; par les conservateurs ou encore les commissaires d&rsquo;expositions, certaines &oelig;uvres ont une capacit&eacute; &agrave; &laquo; faire sens &raquo; de mani&egrave;re diff&eacute;rente selon les rapprochements effectu&eacute;s. Cette capacit&eacute; &agrave; &laquo; faire sens &raquo; concerne &eacute;galement la documentation des &oelig;uvres, la mat&eacute;rialit&eacute; du papier et des supports d&rsquo;inventaire comme le catalogue, le dossier d&rsquo;&oelig;uvre et la documentation globale autour de l&rsquo;&oelig;uvre permettent de mani&egrave;re traditionnelle et intellectuelle non seulement de penser l&rsquo;information autour de l&rsquo;&oelig;uvre mais &eacute;galement lorsqu&rsquo;on les r&eacute;unit de confronter le sens de l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; sa valeur historique souvent repr&eacute;sent&eacute;e par la volum&eacute;trie documentaire. La dissolution informationnelle occasionn&eacute;e par les syst&egrave;mes de gestion informatis&eacute;e des collections mus&eacute;ales provoque une perte de sens et ne fait qu&rsquo;augmenter l&rsquo;&eacute;quivocit&eacute; des informations li&eacute;es &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre.</p> <p>Lorsque la proc&eacute;dure d&rsquo;inventaire est informatis&eacute;e, Les &eacute;crits d&rsquo;&eacute;cran sont con&ccedil;us pour m&eacute;taphoriser graphiquement des univers, comme le d&eacute;crit Marie Despr&eacute;s-Lonnet dans &laquo;&nbsp;<i>le fatras s&eacute;miotique</i>&nbsp;&raquo;, le projet des ing&eacute;nieurs &eacute;tait de recr&eacute;er l&rsquo;univers physique du bureau afin de faciliter la compr&eacute;hension et la manipulation des signes pr&eacute;sents &agrave; l&rsquo;&eacute;cran &nbsp;(Despr&egrave;s-Lonnet, 2004). On retrouve la m&ecirc;me logique dans les logiciels d&rsquo;inventaire informatis&eacute;. L&rsquo;analyse des &eacute;crans permet de retrouver des &laquo;&nbsp;<i>m&eacute;ta-formes&nbsp;</i>&raquo; (Jeanneret, 2007) associ&eacute;es &agrave; diff&eacute;rentes &eacute;tapes ou diff&eacute;rentes &eacute;poques de l&rsquo;histoire culturelle de l&rsquo;inventaire. C&rsquo;est ainsi que nous retrouvons un onglet d&eacute;nomm&eacute; kardex ou encore r&eacute;pertoire et dossiers (fig.1). Ces termes empruntent directement &agrave; l&rsquo;univers de la mat&eacute;rialit&eacute; du papier m&ecirc;me si certains ne sont plus utilis&eacute;s aujourd&rsquo;hui.</p> <p>Si certains de nos informateurs ont not&eacute; des similarit&eacute;s entre les ic&ocirc;nes d&rsquo;entr&eacute;es dans le logiciel et certains objets qu&rsquo;ils manipulaient avant l&rsquo;informatisation, ces ic&ocirc;nes con&ccedil;ues pour recr&eacute;er &agrave; l&rsquo;&eacute;cran des points de rep&egrave;res mat&eacute;riels associables au processus de l&rsquo;inventaire papier, semblent ne jamais avoir r&eacute;ussi &agrave; le recr&eacute;er pour eux.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2017 revue rizza1" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-rizza1.png" /></p> <p style="text-align: center;"><i>Figure 1. Ecran d&rsquo;accueil de la base de gestion des collections. Mus&eacute;e d&rsquo;Orsay.</i></p> <p>De m&ecirc;me, la navigation dans le r&eacute;pertoire des &oelig;uvres est organis&eacute;e selon les classifications des catalogues papiers. L&rsquo;affichage du d&eacute;tail d&rsquo;une notice d&rsquo;&oelig;uvre dans la base informatique (Fig.2) propose la m&ecirc;me classification interne que celle qui est mat&eacute;rialis&eacute;e &agrave; l&rsquo;aide de sous-pochettes dans les dossiers d&rsquo;&oelig;uvre (voir tableau descriptif p.). Les rubriques natives du dossier d&rsquo;&oelig;uvre comme &laquo; historique &raquo;, &laquo;bibliographie &raquo;, &laquo; exposition &raquo; sont reprises et fonctionnent comme des rep&egrave;res classificatoires et organisationnels.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2017 revue rizza2" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-rizza2.png" style="width: 500px; height: 401px;" /></p> <p style="text-align: center;"><i>Figure 2. Notice d&rsquo;&oelig;uvre de la base des collections. Mus&eacute;e d&rsquo;Orsay&nbsp;(Vassal, 2014)</i></p> <p>Cependant, les pochettes correspondantes sont &eacute;galement utilis&eacute;es par les conservateurs pour organiser les informations autour de l&rsquo;&oelig;uvre ou entre diff&eacute;rentes &oelig;uvres selon d&rsquo;autres logiques classificatoires. Pour pr&eacute;parer une exposition, un commissaire peut par exemple vouloir rapprocher les sous-pochettes &ldquo;historiques&rdquo; de plusieurs &oelig;uvres pour valider son projet d&rsquo;organisation du sens de la visite. Ces reconfigurations documentaires sont facilit&eacute;es par la possible r&eacute;organisation des diff&eacute;rentes pochettes du dossier papier, alors que la logique organisationnelle des rubriques est fig&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cran et ne permet pas cette mobilit&eacute; y compris intellectuelle. S&rsquo;il est possible d&rsquo;extraire des informations de plusieurs dossiers &agrave; l&rsquo;&eacute;cran c&rsquo;est un processus beaucoup plus long et qui n&eacute;cessite de nombreux aller-retours entre des listes, des fiches d&eacute;taill&eacute;es, des t&eacute;l&eacute;chargements documentaires qui paraissent bien plus complexes et chronophages aux conservateurs que l&rsquo;&eacute;talement des dossiers sur une table, tout en &eacute;tant beaucoup moins parlants car, comme nous l&rsquo;avons vu pr&eacute;c&eacute;demment beaucoup moins porteurs de la vie de l&rsquo;&oelig;uvre et du dossier.</p> <h2><a id="t5"></a>L&rsquo;INFORMATIQUE : BRICOLAGES ORGANISATIONNELS ET DISQUALIFICATION DE LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE</h2> <p>Lorsqu&rsquo;il devient obligatoire d&rsquo;avoir recours prioritairement &agrave; des proc&eacute;dures d&rsquo;inventaire informatis&eacute;es et que les outils ne correspondent pas &agrave; la logique professionnelle des acteurs, ceux-ci &eacute;prouvent un sentiment&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; num&eacute;rique &raquo;</i><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref"><i>[9]</i></a>. J&rsquo;ai ainsi pu observer de nombreux ph&eacute;nom&egrave;nes de r&eacute;sistance (Laulan, 1986) d&rsquo;adaptation et de contournement sur lesquels je vais maintenant revenir. Les personnes que j&#39;ai observ&eacute;es mettent en place des &laquo;&nbsp;<i>bricolages&nbsp;&raquo;</i><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref"><i>[10]</i></a><i>&nbsp;</i>(Vacher, 2004)<i>&nbsp;</i>organisationnels, afin de parvenir &agrave; r&eacute;pondre malgr&eacute; tout &agrave; l&rsquo;injonction de productivit&eacute; de plus en plus pr&eacute;sente dans l&rsquo;espace mus&eacute;al. Ceux-ci correspondent &agrave; la proposition de Karl Weick qui associe la fiabilit&eacute; organisationnelle &agrave; la notion de &laquo;<i>&nbsp;bricolage</i>&nbsp;&raquo; d&eacute;fini comme<i>&nbsp;&laquo; un processus de &quot;sense-making&quot; r&eacute;alis&eacute; avec tous les mat&eacute;riaux &agrave; port&eacute;e de main</i>&nbsp;&raquo; ou le fait &laquo;&nbsp;<i>d&rsquo;utiliser toutes les ressources et tous les r&eacute;pertoires pour effectuer toutes les t&acirc;ches auxquelles on doit faire face</i>&nbsp;&raquo;. En effet, selon Karl Weick, la construction du sens autour des activit&eacute;s est produite par le processus connu au sein de l&rsquo;organisation. Toute interruption inhabituelle de ce processus g&eacute;n&egrave;re une recherche de construction de sens par les individus afin de les rassurer. Ainsi pour les acteurs de l&rsquo;organisation mus&eacute;ale, les &laquo;&nbsp;bricolages&nbsp;&raquo; organisationnels leurs permettent de retrouver leurs rep&egrave;res et de donner du sens &agrave; leurs pratiques initialement ancr&eacute;es dans la mat&eacute;rialit&eacute; du support papier.&nbsp;(Weick, 2001)</p> <p>Le sens donn&eacute; &agrave; l&rsquo;utilisation des dispositifs num&eacute;riques dans l&rsquo;espace organisationnel comme dans l&rsquo;espace de m&eacute;diation a souvent &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute; lors des entretiens. La question de la finalit&eacute; de ces dispositifs.&nbsp;Les acteurs de l&rsquo;institution mus&eacute;ale n&rsquo;expriment pas de forte r&eacute;sistance &agrave; l&rsquo;&eacute;volution des techniques et des pratiques par l&rsquo;interm&eacute;diaire de dispositifs num&eacute;riques mais ont un r&eacute;el besoin d&rsquo;en comprendre le sens et l&rsquo;objectif au risque de remettre en question leur utilit&eacute; au sein de l&rsquo;organisation</p> <p>Les travaux men&eacute;s par Sylvie Grosjean et Luc Bonneville dans le domaine de la sant&eacute; montrent des similitudes avec les observations men&eacute;es sur le terrain mus&eacute;al. En effet, les mus&eacute;es, comme les h&ocirc;pitaux, sont soumis &agrave; des exigences de performance et d&rsquo;excellence. Ils sont &eacute;galement jug&eacute;s &agrave; l&rsquo;aune de leur capacit&eacute; &agrave; mobiliser des technologies num&eacute;riques dans toutes les facettes de leurs missions. Or, sur mes diff&eacute;rents terrains d&rsquo;enqu&ecirc;te, j&rsquo;ai pu observer des strat&eacute;gies qui visent &agrave; doubler, pour les &laquo;&nbsp;<i>re-mat&eacute;rialiser</i>&nbsp;&raquo;, les informations saisies dans les syst&egrave;mes informatis&eacute;s de gestion des collections.</p> <p>Le d&eacute;tournement de l&rsquo;utilisation du syst&egrave;me de gestion informatis&eacute;e des collections n&rsquo;est pas uniquement d&ucirc; &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne de &ldquo;r&eacute;sistance au changement&rdquo;, mais peut s&rsquo;expliquer par l&rsquo;organisation historique de l&rsquo;inventaire mus&eacute;ographique. Par exemple, une partie des collections du mus&eacute;e d&rsquo;Orsay appartient au Louvre, c&rsquo;est pourquoi le mus&eacute;e d&rsquo;Orsay se doit de garder une unit&eacute; de collection en continuant &agrave; inscrire ses acquisitions dans les catalogues du Louvre. Les conservateurs n&rsquo;ont donc pas la ma&icirc;trise de l&rsquo;ouverture officielle de la ligne d&rsquo;inventaire par la cr&eacute;ation du num&eacute;ro d&rsquo;inventaire en &laquo; RF &raquo; pour R&eacute;publique Fran&ccedil;aise. Les &eacute;changes entre le mus&eacute;e d&rsquo;Orsay et le Louvre se font par mails. Il n&rsquo;est en effet pas possible d&rsquo;enregistrer les informations directement dans les syst&egrave;mes de gestion informatis&eacute;e car le Louvre, comme beaucoup d&rsquo;autres mus&eacute;es, a d&eacute;velopp&eacute; sa propre solution de gestion informatis&eacute;e des collections qui n&rsquo;est pas compatible avec celle du mus&eacute;e D&rsquo;Orsay. L&rsquo;informatisation donne donc lieu &agrave; une double voire une triple saisie des informations concernant l&rsquo;&oelig;uvre. Certains conservateurs effectuent la saisie des informations eux-m&ecirc;mes. D&rsquo;autres ne travaillent que sur support papier et d&eacute;l&egrave;guent la saisie aux documentalistes. Cette diff&eacute;rence de pratique provoque une d&eacute;sorganisation dans l&rsquo;ensemble du processus. Les informations se trouvent donc &agrave; la fois dans les dossiers papier et dans la base informatis&eacute;e sans que l&rsquo;on soit jamais assur&eacute; qu&rsquo;elle soit totalement dupliqu&eacute;e.</p> <p>De plus, le travail intellectuel des historiens n&rsquo;est conserv&eacute; que dans la documentation papier collective ou individuelle, via des commentaires, des annotations. Un conservateur auquel je demandais pourquoi il avait des dossiers d&rsquo;&oelig;uvres dans son bureau m&rsquo;explique ainsi : &ldquo;J<i>e fais beaucoup d&rsquo;annotation quand j&rsquo;analyse une &oelig;uvre, ma prise de note est personnelle, je favorise donc le mail et je garde le dossier d&rsquo;&oelig;uvre que j&rsquo;ouvre dans mon bureau.&rdquo;.</i></p> <p>Toutes ces strat&eacute;gies de contournement visent &agrave; s&eacute;curiser l&rsquo;environnement de travail par la pr&eacute;sence de la mat&eacute;rialit&eacute; documentaire tout en tentant d&rsquo;atteindre l&rsquo;imp&eacute;ratif de productivit&eacute; de l&rsquo;inventaire informatis&eacute; des collections. Ces situations de &laquo; bricolages organisationnels &raquo; et l&rsquo;utilisation de documents qui ont pour r&ocirc;le de &laquo;&nbsp;<i>re-mat&eacute;rialiser</i>&nbsp;&raquo; l&rsquo;information puisent leurs fondements dans les travaux de l&rsquo;anthropologie cognitive des situations modernes de travail, de &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;esprit en action</i>&nbsp;&raquo; et plus pr&eacute;cis&eacute;ment, par l&rsquo;interm&eacute;diaire de la pr&eacute;sence du document, font &eacute;cho aux travaux de Manuel Zacklad sur le document pour l&rsquo;action (Le DopA)&nbsp;(Zacklad, 2005), dans le sens o&ugrave; le document participe tr&egrave;s symboliquement &agrave; la construction de sens de l&rsquo;action dans les processus organisationnels.</p> <p>Au-del&agrave; du probl&egrave;me de l&rsquo;&eacute;quivocit&eacute; cit&eacute;e par les conservateurs, la perte de mat&eacute;rialit&eacute; des objets documentaires li&eacute;s &agrave; l&rsquo;inventaire questionne &eacute;galement le lien social cr&eacute;&eacute; par les acteurs autour de ses objets. Si on prend pour exemple le dossier d&rsquo;&oelig;uvre, il est un objet pivot de l&rsquo;organisation des mus&eacute;es puisqu&rsquo;il contient les informations n&eacute;cessaires au d&eacute;roulement des activit&eacute;s autour de l&rsquo;&oelig;uvre des mus&eacute;es comme les mouvements, l&rsquo;exposition ou la m&eacute;diation envers le grand public.&nbsp;On observe donc que la num&eacute;risation et plus largement l&rsquo;informatisation des pratiques de l&rsquo;inventaire en mus&eacute;e posent la question du lien social et du statut du document dans l&rsquo;environnement num&eacute;rique.</p> <p>Il semblerait que la &laquo;&nbsp;<i>mat&eacute;rialit&eacute; informatique</i>&nbsp;&raquo; modifie les liens sociaux cr&eacute;&eacute;s autour de la mat&eacute;rialit&eacute; papier du dossier d&rsquo;&oelig;uvre et donne au document num&eacute;ris&eacute; &laquo;&nbsp;<i>un autre pouvoir d&rsquo;existence sociale</i>&nbsp;&raquo; (Tardy, 2014) Le document num&eacute;ris&eacute; perturbe les territoires organisationnels jusqu&rsquo;alors d&eacute;finis par la circulation du document mais il bouleverse &eacute;galement les comp&eacute;tences et les pratiques des acteurs d&eacute;finis autour de la mat&eacute;rialit&eacute; documentaire.</p> <h2><a id="t6"></a>CONCLUSION</h2> <p>L&rsquo;int&eacute;gration des dispositifs num&eacute;riques dans les mus&eacute;es, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la gestion et de la maitrise de la chaine op&eacute;ratoire du cycle de vie de l&lsquo;&oelig;uvre ou des injonctions communicationnelles d&rsquo;exp&eacute;rience culturelle envers le public a permis aux institutions mus&eacute;ales de se positionner comme lieu d&rsquo;innovation voire d&rsquo;exp&eacute;rimentation num&eacute;rique. Mais si cette dynamique est le t&eacute;moin d&rsquo;une &eacute;volution certaine des institutions mus&eacute;ales notamment en termes de m&eacute;diation et d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; leurs collections, elle n&eacute;cessite de se poser la question du sens dans les pratiques de l&rsquo;institution tant sur le plan des territoires organisationnels que dans ses espaces de m&eacute;diation afin de ne pas d&eacute;naturer toute la symbolique des relations constitu&eacute;es autour des pratiques mais &eacute;galement des questions d&rsquo;accessibilit&eacute; au patrimoine.</p> <p>L&rsquo;informatisation de l&rsquo;inventaire des collections mus&eacute;ales et plus largement la maitrise informatique de la dimension manag&eacute;riale des activit&eacute;s autour de l&rsquo;&oelig;uvre a permis aux mus&eacute;es d&rsquo;&eacute;voluer et de r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration des proc&eacute;dures et processus de la chaine op&eacute;ratoire depuis l&rsquo;acquisition &agrave; la mise &agrave; disposition de l&rsquo;&oelig;uvre dans les salles d&rsquo;exposition. Cependant, la mat&eacute;rialit&eacute; du papier et la relation que lui conf&egrave;re l&rsquo;historien dans ses pratiques de recherches ou dans ses activit&eacute;s professionnelles influencent la perception des outils de gestion informatis&eacute;e dans l&rsquo;espace organisationnel mus&eacute;al. En effet, si la mat&eacute;rialit&eacute; du papier fixe un moment de la vie mus&eacute;ale, les dispositifs de gestion informatis&eacute;e des collections sont souvent per&ccedil;us comme une dissolution du document en information et un nouveau quadrillage des fonctions et des liens entre les diff&eacute;rents acteurs de l&rsquo;organisation mus&eacute;ale se dessine alors. Cette nouvelle donne organisationnelle bouleverse les pratiques et provoque chez certains acteurs une perte de rep&egrave;res qui, pour lutter contre le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; num&eacute;rique, mettent en place des strat&eacute;gies de contournement et favorise l&rsquo;apparition de &laquo;&nbsp;bricolages organisationnels&nbsp;&raquo;.</p> <p>Le mus&eacute;e d&rsquo;Orsay migre actuellement son syst&egrave;me de gestion informatique des collections vers une nouvelle solution. Il serait int&eacute;ressant d&rsquo;observer dans les prochaines ann&eacute;es les &eacute;volutions organisationnelles li&eacute;es &agrave; ce nouveau syst&egrave;me qui doit permettre davantage de souplesse. De plus, cette recherche doctorale s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute;e sur des terrains semblables ayant un double syst&egrave;me de gestion documentaire (informatique et papier), observer des lieux o&ugrave; les collections mus&eacute;ales permettent davantage de num&eacute;risation documentaire serait pertinent pour appuyer ces r&eacute;sultats.</p> <h2><a id="t7"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Bonneville, L., &amp; Grosjean, S. (2007).&nbsp;<i>Quand l&#39;ins&eacute;curit&eacute; num&eacute;rique fait figure de r&eacute;sistance au changement organisationnel.</i>&nbsp;R&eacute;cup&eacute;r&eacute; sur lecreis:&nbsp;<a href="http://www.lecreis.org/colloques%20creis/2007/GrosjeanBonneville.pdf">http://www.lecreis.org/colloques%20creis/2007/GrosjeanBonneville.pdf</a></p> <p>Briet, S. (1951).&nbsp;<i>Qu&#39;est ce que la documentation?</i>&nbsp;Paris: Editions documentaires industrielles et techniques.</p> <p>Charlet, J., Bringay, S., &amp; Barry, C. (2004). 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La France en janvier 2016 compte 1218 mus&eacute;es labellis&eacute;s &laquo;&nbsp;Mus&eacute;es de France&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref2" id="ftn2">[2]</a>&nbsp;L&rsquo;inventaire est r&eacute;gi par la loi du 4 janvier 2002 et constitue une exigence pour tous les mus&eacute;es de France. Les normes techniques ainsi que la m&eacute;thode de num&eacute;rotation sont fix&eacute;s par le minist&egrave;re de la culture par l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; du 25 mai 2004.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>Je fais r&eacute;f&eacute;rence ici aux travaux men&eacute;s sous la direction de&nbsp;Karine Berthelot-Guiet, &laquo;&nbsp;Communication et langages, n&deg;153, 2007. Les pouvoirs de suggestion du papier.&nbsp;&raquo; 153, n<sup>o</sup>&nbsp;1 (2007), Accessible en ligne&nbsp;<a href="http://www.persee.fr/issue/colan_0336-1500_2007_num_153_1.">http://www.persee.fr/issue/colan_0336-1500_2007_num_153_1.</a></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref4" id="ftn4">[4]</a>&nbsp;Selon Catherine Delavergne, &laquo;&nbsp;<i>le &laquo; praticien-chercheur &raquo; est un professionnel et un chercheur qui m&egrave;ne sa recherche sur son terrain professionnel, ou sur un terrain proche, dans un monde professionnel pr&eacute;sentant des similitudes ou des liens avec son environnement ou son domaine d&rsquo;activit&eacute;. L&rsquo;expression de &laquo; praticien-chercheur &raquo; signifie qu&rsquo;une double identit&eacute; est revendiqu&eacute;e, sans que l&rsquo;une des deux ne prenne le pas sur l&rsquo;autre</i>&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>&nbsp;Je reprends l&rsquo;expression documentation &laquo;&nbsp;techniquo-administrative&nbsp;&raquo; d&rsquo;H&eacute;l&egrave;ne Vassal dans sa contribution sur l&rsquo;informatisation des collections (voir bibliographie) qui explique que la documentation produite en mus&eacute;e &eacute;merge de l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration &eacute;v&eacute;nementielle des mus&eacute;es et des mouvements d&rsquo;&oelig;uvres (expositions temporaires, pr&ecirc;t des &oelig;uvres, cr&eacute;ation de mus&eacute;es &laquo;&nbsp;bis&nbsp;&raquo; o&ugrave; les collections sont d&eacute;concentr&eacute;es comme le Louvre Lens) et n&eacute;cessite de fait une gestion accrue de la dimension manag&eacute;riale des collections et de sa documentation.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>&nbsp;Les composites sont d&eacute;finis par Jo&euml;lle Le Marec comme des &laquo; situations au sein desquelles des individus mobilisent &agrave; la fois la signification d&rsquo;objets mat&eacute;riels et des repr&eacute;sentations, r&eacute;alisent des actions et mettent en &oelig;uvre des syst&egrave;mes de normes ou de r&egrave;gles op&eacute;ratoires. [&hellip;] Un composite caract&eacute;rise un ensemble de processus sociaux, techniques et s&eacute;miotiques mobilis&eacute;s dans le cadre d&rsquo;une t&acirc;che professionnelle d&eacute;crite par les acteurs et observ&eacute;e &agrave; travers les objets qui sont produits ou manipul&eacute;s &agrave; cette occasion. &raquo; (Marec &amp; Babou, 2003)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref7" id="ftn7">[7]</a>&nbsp;Suzanne Briet relevait d&eacute;j&agrave; en 1951 :&nbsp;<i>&laquo; la documentation proc&egrave;de par accumulation: la litt&eacute;rature, l&#39;histoire, la philosophie, le droit, l&#39;&eacute;conomie, l&#39;histoire des sciences elle-m&ecirc;me, sont tributaires du pass&eacute;. L&#39;&eacute;rudition est conservatrice. &raquo;</i></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref8" id="ftn8">[8]</a>&nbsp;Sylvie Grosjean et Luc Bonneville d&eacute;finissent cette notion d&rsquo;&eacute;quivocit&eacute; comme &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;information num&eacute;rique disponible, via les dispositifs informatiques pr&eacute;sents dans l&rsquo;environnement du travail, [&hellip;] susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre l&rsquo;objet d&rsquo;interpr&eacute;tations multiples, voire de contradictions, qui rendent la situation &eacute;quivoque et par cons&eacute;quent probl&eacute;matique pour les acteurs de l&rsquo;organisation</i>&nbsp;&raquo;&nbsp;(Bonneville &amp; Grosjean, 2007).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref9" id="ftn9">[9]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; num&eacute;rique</i>&nbsp;&raquo;<i>&nbsp;</i>d&eacute;finie par Luc Bonneville et Sylvie Grosjean comme&nbsp;<i>&laquo; une ins&eacute;curit&eacute; inh&eacute;rente &agrave; la situation nouvelle cr&eacute;&eacute;e du fait de la pr&eacute;sence des TIC dans l&rsquo;environnement du travail [&hellip;], li&eacute;e &agrave; la transformation physique de l&rsquo;environnement du travail [&hellip;]&nbsp;&raquo;</i></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/662-2-2017-revue-rizza#ftnref10" id="ftn10">[10]</a>&nbsp;J&rsquo;utilise ici le concept de bricolage tel qu&rsquo;il est abord&eacute; par B&eacute;atrice Vacher&nbsp;:&nbsp;<i>Par bricolage, j&rsquo;entends le fait que non seulement un outil de gestion, en particulier informatique, n&rsquo;est&nbsp; pas&nbsp; utilis&eacute;&nbsp; tel&nbsp; que&nbsp; l&rsquo;ont&nbsp; imagin&eacute;&nbsp; ses&nbsp; concepteurs&nbsp; mais&nbsp; aussi&nbsp; qu&rsquo;il&nbsp; est&nbsp; compl&eacute;t&eacute;&nbsp; dans&nbsp; ses fonctionnalit&eacute;s par des utilisateurs malins. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;une simple relation triangulaire entre concepteurs,&nbsp; utilisateurs&nbsp; et&nbsp; outils,&nbsp; dans&nbsp; la&nbsp; mesure o&ugrave; l&rsquo;utilisateur n&rsquo;est&nbsp; jamais&nbsp; univoque : pour concevoir l&rsquo;outil, les informaticiens ou les gestionnaires ont tendance &agrave; r&eacute;pondre &agrave; des injonctions de la direction alors que cette derni&egrave;re ne sera pas forc&eacute;ment manipulatrice de l&rsquo;outil. L&rsquo;utilisateur est plus souvent un op&eacute;rationnel qui doit ruser avec la technologie (autant qu&rsquo;avec sa direction). La partie bricol&eacute;e du r&eacute;sultat est le plus souvent cach&eacute;e, ou d&eacute;voil&eacute;e en catimini, comme une sorte de faute, elle d&eacute;range l&rsquo;ordre rassurant des choses&nbsp;</i>&raquo;. &nbsp;In &nbsp;B&eacute;atrice Vacher, &laquo;&nbsp;Du bricolage informationnel &agrave; la litote organisationnelle ou comment consid&eacute;rer le bricolage au niveau strat&eacute;gique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Science de la soci&eacute;t&eacute;</i>, n<sup>o</sup>&nbsp;63 (octobre 2004): 132‑49.</p>