<p><strong>Abstract :</strong>&nbsp;In the context of the opening up of public data, we support three Public Sector Institutions holding catalogs related to music during this technical, organizational and political evolution. Our aim is to conceive an ‟ontology&Prime; to support music description. Our everyday work with the experts allowed us to perceive the many tensions generated by the project, despite the partners will to come to a shared and usable model. Each institution envisions music, cultural practices and the artifacts materializing these practices, from a &laquo;situated&raquo; point of view. The search for a common descriptive model, thought to globally adapt to ‟cultural heritage&Prime;, requires that concepts and data be seen from a broader point of view. Our study shows that, to anchor the ontology back in the real word, one should consider modeling as a form of discourse, part of the continuing writings that build our cultural heritage. These writings result from constant negotiations between norms and crafts, organisational needs and ad-hoc adjustments. Traces of these negotiations can constantly be found in various documents, which are of great interest for us as knowledge anthropologists.</p> <p>This work has been partially supported by the French National Research Agency (ANR) within the DOREMUS Project, under grant number ANR-14-CE24-0020.</p> <p><strong>Keywords :</strong>&nbsp;ontologies, documentation, open data, cultural heritage, music, modeling, metadata, knowledge mediation</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Engag&eacute;e depuis plusieurs ann&eacute;es dans une politique ambitieuse d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es publiques, la France prendra en octobre prochain la pr&eacute;sidence du &laquo;&nbsp;<i>Partenariat pour le gouvernement ouvert</i>&nbsp;&raquo; (Open Government Partnership), dont l&rsquo;un des engagements est de &laquo;<i>fournir dans les meilleurs d&eacute;lais, une information &agrave; forte valeur ajout&eacute;e, ainsi que des donn&eacute;es brutes, dans des formats que le public peut ais&eacute;ment localiser, comprendre et utiliser</i>&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>.</p> <p>Pour se conformer &agrave; cet objectif, les institutions culturelles doivent faire &eacute;voluer leurs m&eacute;thodes d&rsquo;inventaire et leurs syst&egrave;mes de gestion documentaire. Il s&rsquo;agit pour elles d&rsquo;une triple &eacute;volution &agrave; la fois technico-documentaire, organisationnelle et politique. En effet, il leur faut tout &agrave; la fois repenser les modes de description des objets qu&rsquo;elles d&eacute;tiennent; revoir les proc&eacute;dures et les comp&eacute;tences des personnes charg&eacute;es de ces t&acirc;ches et surtout les penser dans un nouveau cadre, qui ajoute &agrave; leurs missions celle de fournisseurs de &laquo;donn&eacute;es&raquo;. Ce projet soul&egrave;ve donc des questions strat&eacute;giques, que Camille Domange, chef du d&eacute;partement des programmes num&eacute;riques, formule clairement dans la feuille de route strat&eacute;gique &laquo;<i>&nbsp;m&eacute;tadonn&eacute;es culturelles et transition web 3.</i>0&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a>&nbsp;: &laquo;<i>&nbsp;Le travail sur l&rsquo;enjeu des m&eacute;tadonn&eacute;es culturelles [&hellip;] est primordial pour l&rsquo;avenir des politiques culturelles |&hellip;] Dans cette perspective, un certain nombre de questions se posent&nbsp;: dans quelle mesure l&#39;identification des objets, leurs mod&eacute;lisations, leurs interconnexions s&eacute;mantiques augmentent l&#39;interaction entre le Web et le monde tangible de la vie quotidienne ?</i>&nbsp;&raquo; (Domange, 2013).</p> <p>Nous accompagnons actuellement trois grandes institutions publiques fran&ccedil;aises, qui toutes trois d&eacute;tiennent des catalogues en partie ou totalement li&eacute;s au domaine de la musique&nbsp;: la BnF, Radio-France et la Philharmonie de Paris. Chacune d&rsquo;elles exerce une mission de service public sp&eacute;cifique, qui l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; porter un regard particulier sur les objets qu&rsquo;elle d&eacute;tient, mais &eacute;galement sur la musique comme pratique sociale. Chaque fonds est donc r&eacute;pertori&eacute; et d&eacute;crit selon des approches &laquo;&nbsp;m&eacute;tier&nbsp;&raquo; qui le destinent &agrave; un usage particulier.</p> <p>Le travail que nous menons avec elles pourrait, &agrave; premi&egrave;re vue, sembler centr&eacute; sur des questions techniques de mise en coh&eacute;rence. Cependant, les questions soulev&eacute;es lors des rencontres entre les sp&eacute;cialistes des trois institutions montrent qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas simplement &laquo;&nbsp;d&rsquo;aligner&nbsp;&raquo; des m&eacute;tadonn&eacute;es, mais bien de concilier des points de vue et des regards, souvent compl&eacute;mentaires, mais aussi parfois divergents, sur les objets d&eacute;crits, le tout &agrave; partir d&rsquo;un mod&egrave;le de description d&eacute;j&agrave; en partie pr&eacute;construit<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a>. La question de ce qu&rsquo;est une &oelig;uvre musicale surgit alors au c&oelig;ur d&rsquo;un d&eacute;bat qui n&rsquo;a pas encore trouv&eacute; de conclusion, mais qui est exemplaire des tensions qu&rsquo;un projet a priori f&eacute;d&eacute;rateur, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit de s&rsquo;entendre pour mieux partager l&rsquo;information, peut g&eacute;n&eacute;rer. Engag&eacute;s dans une recherche-action participative avec un ensemble d&rsquo;acteurs qui, au d&eacute;part, ne sont pas tous chercheurs, mais qui sont tous amen&eacute;s &agrave; endosser partiellement ce r&ocirc;le &agrave; un moment ou &agrave; un autre du projet (Gonzales-Laporte, 2014), les diff&eacute;rents membres de l&rsquo;ANR travaillent collectivement &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une technologie documentaire et &agrave; ses inscriptions possibles dans des interfaces (outils de visualisation, de navigation, voire de recommandation).</p> <p>Ce processus cr&eacute;atif d&rsquo;une technologie intellectuelle (Goody 1977, Robert 2000) n&eacute;cessite de d&eacute;finir les objets de la documentation (CD, enregistrements, partitions, mais aussi &oelig;uvre, expression&hellip;), de s&rsquo;accorder, dans les contraintes d&rsquo;un mod&egrave;le, sur les mani&egrave;res de d&eacute;crire les objets et les ressources d&eacute;tenus par chacun, tout en en pensant les usages possibles, au-del&agrave; des sph&egrave;res d&rsquo;usage ant&eacute;rieures. L&rsquo;ensemble des participants chercheurs ou des chercheurs participants sont donc pris dans un processus d&rsquo;innovation qui passe par une s&eacute;rie de transformations qui pourraient &ecirc;tre pens&eacute;es comme des m&eacute;diations&nbsp;: traduction et partage des connaissances savantes ou expertes, hybridation des pratiques de recherche et des pratiques expertes, dynamiques entre r&eacute;flexion et pouvoir d&rsquo;agir, fabrication de consensus sur le sens, les objectifs, les objets, et m&eacute;thodes du travail de l&rsquo;innovation, partage et changement des pratiques de la documentation et de l&rsquo;ing&eacute;nierie. Ces diverses transformations n&eacute;cessitent de tr&egrave;s longs temps d&rsquo;&eacute;changes, parfois contradictoires, entre des acteurs qui avaient jusqu&rsquo;ici, chacun dans leur organisation, con&ccedil;u des &laquo;mani&egrave;res de faire&raquo; et d&rsquo;innover qui leur &eacute;taient propres. Cette remise en question de leur mani&egrave;re de faire est amplifi&eacute;e par une injonction institutionnelle, celle d&rsquo; &laquo;ouvrir leurs donn&eacute;es&raquo; sans que ne soient explicit&eacute;s les contextes d&rsquo;usage de cette ouverture alors que, justement, dans les organisations, ce qui fait sens, dans la formalisation et la normalisation des pratiques documentaires, c&rsquo;est d&rsquo;essayer de concilier usages et contraintes organisationnelles. Ce serait dans l&rsquo;assomption des d&eacute;sordres documentaires, inh&eacute;rents &agrave; l&rsquo;impossibilit&eacute; de textualiser tous les usages, et dans les bricolages des actes de formalisation, que pourrait se construire une langue commune, une mani&egrave;re de dire un domaine de connaissance et d&rsquo;en partager, relier, comparer les objets.</p> <p>Afin de mettre en lumi&egrave;re les ressorts de ces tensions, nous reviendrons tout d&rsquo;abord sur la conception d&rsquo;une documentation, comme acte de situer et d&eacute;crire des objets culturels, sur laquelle repose le projet d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, afin de montrer les implications, dans le domaine que nous &eacute;tudions, de la constitution d&rsquo;une &laquo;&nbsp;ontologie&nbsp;&raquo; (au sens informatique du terme). Ceci nous permettra de montrer quelles questions organisationnelles et identitaires pose la recherche de d&eacute;finitions communes &ndash; ou &agrave; tout le moins compatibles &ndash; des principales notions qui, pour chaque famille d&rsquo;acteurs, d&eacute;finit son champ d&rsquo;activit&eacute;. Enfin nous verrons pourquoi les difficult&eacute;s rencontr&eacute;es dans la construction d&rsquo;un mod&egrave;le conceptuel et descriptif commun ne peuvent trouver de r&eacute;solution que dans le cadre d&rsquo;une r&eacute;flexion plus large qui doit porter &agrave; la fois sur le sens de chaque projet documentaire et sur les logiques institutionnelles et organisationnelles sur lesquelles il repose.</p> <h2><a id="t2"></a>L&rsquo;ONTOLOGIE COMME &laquo;&nbsp;ESSENCE&nbsp;&raquo; D&rsquo;UN DOMAINE DE CONNAISSANCE ?</h2> <p>Le projet Doremus, sur lequel s&rsquo;appuient les r&eacute;flexions expos&eacute;es dans cet article, regroupe des professionnels de la gestion de ressources musicales, des chercheurs en technologies et en sciences de l&rsquo;information et de la communication et des soci&eacute;t&eacute;s de conseil et de d&eacute;veloppement sp&eacute;cialis&eacute;es dans la valorisation documentaire. Nous faisons ici un retour r&eacute;flexif sur les avanc&eacute;es, mais &eacute;galement sur les questions qui se posent &agrave; nous, en tant que participants &agrave; un projet de recherche interdisciplinaire, qui am&egrave;ne nos partenaires institutionnels &agrave; repenser leurs pratiques documentaires dans la perspective de l&rsquo;ouverture de leurs donn&eacute;es.</p> <p>Notre positionnement de recherche se situe &agrave; la crois&eacute;e de l&rsquo;ethnographie des pratiques, de l&rsquo;anthropologie de la connaissance et de la m&eacute;diation des savoirs. Afin d&rsquo;approcher le plus finement possible les situations observ&eacute;es, nous avons privil&eacute;gi&eacute; une approche qui rel&egrave;ve plus de la participation observante que de l&rsquo;observation participante puisque nous &eacute;tions directement impliqu&eacute;s dans des t&acirc;ches dont la finalit&eacute; &eacute;tait partag&eacute;e avec le groupe que nous voulions &eacute;tudier [Adler, 1987]. Par ailleurs, cette participation observante prend place dans un projet de recherche action qui a des objectifs concrets de production d&rsquo;une ontologie, de ressources p&eacute;dagogiques &agrave; destination des professionnels de la documentation sur cette ontologie, et d&rsquo;interface(s) de navigation et/ou de recommandation s&rsquo;appuyant sur cette ontologie. C&rsquo;est une posture de recherche d&eacute;licate puisqu&rsquo;elle implique que nous soyons reconnus comme des membres &agrave; part enti&egrave;re de ce groupe, que nous participions aux processus d&rsquo;innovation et que nous en partagions donc la subjectivit&eacute;. Cependant elle est d&rsquo;une grande richesse si l&rsquo;on assume cette proximit&eacute; lors de l&rsquo;interpr&eacute;tation des donn&eacute;es de terrain. Le travail de recherche et les processus de collaboration et de partage des connaissances s&rsquo;ensemencent les uns les autres. Cela permet, ensemble, de mieux interpr&eacute;ter les contraintes de la fabrication collective, t&acirc;tonnante d&rsquo;une ontologie, technologie qui, par d&eacute;finition, se veut &ecirc;tre une technique de mise en relation des connaissances.</p> <p>Les diff&eacute;rents documents et textes produits collectivement sont alors un appui important si nous les envisageons en tant que traces des activit&eacute;s dont nous tentons de comprendre le sens pour les acteurs qui y sont engag&eacute;s (Galinon-M&eacute;l&eacute;nec, 2011). Les ressources documentaires produites, et particuli&egrave;rement celles qui servent &agrave; formaliser et &agrave; expliciter les pratiques au sein de chaque institution, peuvent &ecirc;tre analys&eacute;es dans une perspective anthropologique comme des lieux d&rsquo;actualisation et d&rsquo;objectivation des pratiques que nous observons. Leur production, leurs multiples &eacute;volutions et transformations sont autant de mises en textes des d&eacute;bats et des questions que la constitution progressive de l&rsquo;ontologie pose &agrave; ceux qui tentent de concilier leurs points de vue. Les tentatives de mod&eacute;lisation d&rsquo;&oelig;uvres musicales &agrave; partir de ces propositions, sont &agrave; la fois des jalons qui fixent des temps-cl&eacute;s dans l&rsquo;avanc&eacute;e du projet et la mat&eacute;rialisation de l&rsquo;aboutissement d&rsquo;une phase de dialogue, &agrave; partir de laquelle de nouvelles discussions vont reprendre. Ainsi, par exemple, la notion de &laquo;point&nbsp;d&rsquo;acc&egrave;s contr&ocirc;l&eacute;&raquo; centrale pour la BnF, car garante du respect des principes internationaux de catalogage, &eacute;tait &eacute;trang&egrave;re aux experts des autres institutions qui n&rsquo;en voyaient pas l&rsquo;utilit&eacute; au d&eacute;but du projet. On voit cependant le terme appara&icirc;tre et peu &agrave; peu acqu&eacute;rir sa l&eacute;gitimit&eacute; aux yeux de tous dans les diff&eacute;rentes versions des sch&eacute;mas. C&rsquo;est donc toute la dynamique du projet en cours ainsi que l&rsquo;&eacute;volution des repr&eacute;sentations de chaque groupe d&rsquo;acteurs, que nous pouvons retracer en mettant en regard nos observations et les documents de travail.</p> <p>L&rsquo;objectif n&rsquo;est pas de revenir pr&eacute;cis&eacute;ment sur les d&eacute;tails techniques de la constitution d&rsquo;une ontologie. Il faut cependant en comprendre les principes g&eacute;n&eacute;raux si l&rsquo;on veut mesurer le type de difficult&eacute;s techniques, communicationnelles et organisationnelles, auxquelles nous nous trouvons confront&eacute;s. Les ontologies font partie de la panoplie des outils conceptuels sur lesquels repose le fonctionnement du web dit &laquo;s&eacute;mantique&raquo;. Il s&rsquo;agit de mettre en r&eacute;seau un ensemble de concepts d&eacute;crivant un domaine de connaissance en les associant par des relations s&eacute;mantiques et de subsomption. La subsomption, dans les ontologies, est le fait de relier diff&eacute;rentes cat&eacute;gories par des relations hi&eacute;rarchiques, sachant que le lien entre la cat&eacute;gorie m&egrave;re et la cat&eacute;gorie enfant peut a priori &ecirc;tre parcouru dans les deux sens. Ce r&eacute;seau de concepts constitue un mod&egrave;le de donn&eacute;es repr&eacute;sentatif du domaine qu&rsquo;il d&eacute;crit (Charlet, 2003).</p> <p>L&rsquo;ontologie Doremus entend ainsi d&eacute;crire le domaine de la musique en partant des pratiques professionnelles des organismes d&eacute;tenteurs de catalogues musicaux<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref"><sup>[4]</sup></a>. Dans le m&ecirc;me temps, il est demand&eacute; aux professionnels de se situer dans un cadre conceptuel beaucoup plus large puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit aussi de d&eacute;crire &laquo;la musique&nbsp;&raquo;, dans la multiplicit&eacute; de ses objets, de ses acteurs, de ses lieux, de ses &eacute;v&eacute;nements, de ses pratiques, &agrave; partir de &laquo;&nbsp;primitives&nbsp;&raquo;. Un des objectifs d&rsquo;une ontologie &eacute;tant de cr&eacute;er un r&eacute;seau de relations s&eacute;mantiques repr&eacute;sentant un domaine de connaissance afin de d&eacute;crire et structurer des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es&nbsp;&raquo;, les primitives sont une repr&eacute;sentation formelle des &eacute;l&eacute;ments de cette connaissance &agrave; l&rsquo;aide de langages eux-m&ecirc;mes plus ou moins formels&nbsp;: les graphes, les liens logiques, des langages normalis&eacute;s et restreints (Gandon, 2006). Le travail de production d&rsquo;une ontologie est &agrave; la fois un travail de tri dans les donn&eacute;es, de normalisation et restriction des langages, d&rsquo;&eacute;tablissement, de formalisation et de visualisation des relations s&eacute;mantiques&nbsp;: autant de processus au croisement des ordres et d&eacute;sordres langagiers et documentaires de chacun des contributeurs pour finalement instituer un mod&egrave;le relationnel qui, en retour, &agrave; terme, aura des effets sur la production des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es&nbsp;&raquo; documentaires. Il y a dans le travail ontologique le double mouvement d&rsquo;amplification et de r&eacute;duction que conceptualise Latour lorsqu&rsquo;il analyse la production des connaissances dans ce qu&rsquo;il d&eacute;signe comme des &laquo;&nbsp;<i>centres de calcu</i>l&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire les laboratoires, les mus&eacute;ums d&rsquo;histoire naturelle ou encore les biblioth&egrave;ques savantes (Latour, 1996). L&rsquo;ontologie, une fois produite, fixe une repr&eacute;sentation des connaissances et leurs relations. La fixation et la normalisation des &eacute;l&eacute;ments permettent alors de les mettre en lien, de les comparer, de les explorer, de les enrichir.</p> <p>Comme le pr&eacute;cise Bruno Bachimont&nbsp;:&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;Ces primitives ne sont pas des donn&eacute;es du domaine qu&rsquo;il suffirait de d&eacute;terminer, mais des constructions th&eacute;oriques pour les besoins de la mod&eacute;lisation&nbsp;&raquo;.</i>&nbsp;(Bachimont, 2000). Il y a donc deux temps d&rsquo;abstraction dans la construction&nbsp;: celui du d&eacute;tachement des donn&eacute;es de leurs contextes sociaux de production et d&rsquo;usages, et celui de la construction de primitives &agrave; partir des donn&eacute;es extraites.</p> <p>Plusieurs mod&egrave;les li&eacute;s au monde de la musique ou plus largement &agrave; la description des objets culturels servent de base aux r&eacute;flexions collectives<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a>. Ce projet s&rsquo;inscrit en effet dans une perspective plus large qui porte sur le rapprochement entre le mod&egrave;le CIDOC-CRM, con&ccedil;u au d&eacute;part pour l&rsquo;information mus&eacute;ographique et le mod&egrave;le FRBR, con&ccedil;u pour l&rsquo;information bibliographique, afin de disposer d&rsquo;un mod&egrave;le conceptuel commun, FRBRoo, qui couvre &laquo;&nbsp;<i>la totalit&eacute; du spectre de l&rsquo;information relative au patrimoine culturel</i><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a>&nbsp;&raquo;. Le mod&egrave;le conceptuel CIDOC-CRM a &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute; en 1994 au sein de la communaut&eacute; mus&eacute;ologique. C&rsquo;est une ontologie qui formalise les connaissances propres au domaine de la culture &agrave; un tr&egrave;s haut niveau de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; afin de faciliter la gestion d&rsquo;informations &agrave; la fois riches et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Il a &eacute;t&eacute; con&ccedil;u dans une logique orient&eacute;e objet, il a comme principe de base de d&eacute;finir des classes d&rsquo;objets, reli&eacute;s entre eux et dot&eacute;s de propri&eacute;t&eacute;s, ce qui permet de formaliser un r&eacute;seau conceptuel entre des mani&egrave;res de d&eacute;crire les objets.</p> <p>Un autre objectif de ce mod&egrave;le est de permettre aux mus&eacute;es de partager leurs documentations et donc participer &agrave; la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une interop&eacute;rabilit&eacute; entre institutions mus&eacute;ales, autre facette du cadre sociotechnique de la politique institutionnelle d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es (Juanals et Minel, 2016). Le mod&egrave;le FRBR, publi&eacute; en 1997 par l&rsquo;IFLA<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref"><sup>[7]</sup></a>, est un mod&egrave;le conceptuel de r&eacute;f&eacute;rences bibliographiques qui propose un ensemble de pr&eacute;conisations propres &agrave; faire &eacute;voluer les normes de catalogage, afin notamment de les adapter aux conditions de production et circulation des ressources num&eacute;riques. Le mod&egrave;le FRBR a notamment formalis&eacute; la s&eacute;paration entre l&rsquo;&oelig;uvre et ses inscriptions documentaires en posant quatre niveaux d&rsquo;analyse d&rsquo;un document&nbsp;: l&rsquo;&oelig;uvre, l&rsquo;expression (la mani&egrave;re dont s&rsquo;exprime une &oelig;uvre, par exemple dans une certaine langue), la manifestation (la mani&egrave;re dont s&rsquo;inscrit cette expression dans un document), l&rsquo;item (la mani&egrave;re dont un document existe dans diff&eacute;rents exemplaires concrets). Le mod&egrave;le FRBRoo est une fusion, envisag&eacute;e pour la premi&egrave;re fois en 2008, du mod&egrave;le CIDOC-CRM et du mod&egrave;le FRBR.</p> <p>L&rsquo;une des vis&eacute;es de Doremus est de produire une extension de ce nouveau mod&egrave;le qui soit applicable au domaine de la musique classique et de la musique dite traditionnelle. Il s&rsquo;agit donc de d&eacute;finir, en amont des usages effectifs, des &laquo;&nbsp;classes&nbsp;&raquo; potentiellement mobilisables pour d&eacute;crire des ressources, des &eacute;v&eacute;nements, des acteurs, etc. Puis de mettre en lien ces classes afin de repr&eacute;senter tous les objets et concepts de ce domaine de connaissance (Bachimont, 2006). Les experts avec lesquels nous travaillons ont donc d&rsquo;abord d&ucirc; se mettre d&rsquo;accord sur la d&eacute;finition formelle des notions qu&rsquo;ils mobilisaient ainsi que sur la fa&ccedil;on dont elles s&rsquo;articulaient entre elles afin de parvenir &agrave; une vision partag&eacute;e des diff&eacute;rentes classes, de leurs propri&eacute;t&eacute;s, de leurs attributs.</p> <p>Il convient de pr&eacute;ciser &agrave; ce stade de l&rsquo;expos&eacute; que ce qui doit &ecirc;tre partag&eacute;, compar&eacute; puis mutualis&eacute;, ce ne sont pas des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es brutes&nbsp;&raquo;, mais bien des m&eacute;tadonn&eacute;es &agrave; forte valeur ajout&eacute;e. De plus, ces descriptions, sont des mani&egrave;res pour chaque organisme d&rsquo;indexer, c&rsquo;est-&agrave;-dire de d&eacute;signer, et donc de permettre de revenir &agrave; des objets recens&eacute;s ou recensables (Jeanneret, 2005). La structure des diff&eacute;rents catalogues, les propri&eacute;t&eacute;s affect&eacute;es aux &eacute;l&eacute;ments ainsi que les valeurs qui leurs sont associ&eacute;es ont fait l&rsquo;objet d&rsquo;une r&eacute;flexion approfondie de la part des sp&eacute;cialistes. C&rsquo;est donc aussi bien l&rsquo;organisation documentaire choisie, les langages de description que les valeurs saisies qui incarnent l&rsquo;expertise et le point de vue de chaque organisation sur ces objets et qui en fixent le sens. &Agrave; ce titre, ce sont des constructions intellectuelles et pas uniquement des ensembles de notices (Despr&eacute;s-Lonnet, 2000) et c&rsquo;est bien &agrave; partir de l&agrave; que sera mod&eacute;lis&eacute; le &laquo;&nbsp;domaine de connaissances&nbsp;&raquo;.</p> <p>Cependant, ancr&eacute; dans l&rsquo;ing&eacute;nierie des connaissances, le principe de l&rsquo;ontologie postule, qu&rsquo;au-del&agrave; de la diversit&eacute; des positionnements entre recensement des objets et recensement des notions, entre universalisme et particularisme, il serait possible d&rsquo;abstraire un mod&egrave;le de connaissance g&eacute;n&eacute;rique. &Agrave; l&rsquo;origine des ontologies, il y a bien l&rsquo;id&eacute;e, par l&rsquo;instauration d&rsquo;un mod&egrave;le formel commun d&rsquo;un domaine de connaissance, de r&eacute;soudre les probl&egrave;mes de communication, et ainsi assurer des &laquo;&nbsp;interop&eacute;rabilit&eacute;s&nbsp;&raquo; entre des individus, des organismes, des syst&egrave;mes, et ceci avec comme hypoth&egrave;se qu&rsquo;ils parlent bien de la m&ecirc;me chose, avec &laquo;&nbsp;seulement&nbsp;&raquo; des points de vue (et donc des langages, des m&eacute;thodes, des relations conceptuelles) h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, qui seraient la source principale des malentendus communicationnels. Voil&agrave; comment Uschold et Gr&uuml;ninger d&eacute;finissent entre autres le projet ontologique&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Les organisations humaines et les syst&egrave;mes logiciels doivent communiquer entre eux. Cependant, en raison de contextes et de besoins diff&eacute;rents, il peut y avoir une large diversit&eacute; des points de vue et hypoth&egrave;ses sur ce qui est pourtant, pour l&rsquo;essentiel, les m&ecirc;mes sujets. Chacun utilise des jargons diff&eacute;rents qui, chacun, peut exprimer des concepts, structures et m&eacute;thodes divergentes, qui peuvent se chevaucher, avoir du mal &agrave; correspondre les uns avec les autres. [...] La mani&egrave;re de traiter ces probl&egrave;mes est de r&eacute;duire ou &eacute;liminer les confusions terminologiques et conceptuelles pour aboutir &agrave; une compr&eacute;hension partag&eacute;e. Une telle intercompr&eacute;hension peut fonctionner comme une structure unificatrice des diff&eacute;rents points de vue</i><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a>&nbsp;&raquo; (Uschold &amp; Gr&uuml;ninger, 1996)</p> <p>Il est donc possible de penser le projet ontologique comme un dispositif de m&eacute;diation technologique qui vise &agrave; assurer la mise en commun d&rsquo;ensembles de donn&eacute;es qui seraient incluses dans diff&eacute;rentes mani&egrave;res de d&eacute;signer des objets, puis de mettre en relation ces objets par la mise en relation de leur d&eacute;signation. Pour l&rsquo;instant, nous entendons la notion d&rsquo;objet non comme des objets concrets, m&ecirc;me s&rsquo;ils peuvent &ecirc;tre aussi des objets concrets (disques vinyles, partitions, CD, enregistrements vid&eacute;os), mais comme ce qui est objectiv&eacute; par notre acte de conna&icirc;tre.</p> <p>La difficult&eacute; est alors de construire un dispositif de m&eacute;diation qui, en &eacute;liminant &laquo;&nbsp;les confusions terminologiques et conceptuelles&nbsp;&raquo;, en cr&eacute;ant une structure &laquo;&nbsp;unificatrice des diff&eacute;rents points de vue&nbsp;&raquo; finisse, non pas par cr&eacute;er des chemins entre diff&eacute;rentes donn&eacute;es qui ont &eacute;t&eacute; fabriqu&eacute;es et existent concr&egrave;tement dans diff&eacute;rentes organisations, mais plut&ocirc;t par masquer la richesse de ces donn&eacute;es derri&egrave;re un mod&egrave;le dominant. Le risque est d&rsquo;autant plus grand que l&rsquo;ontologie Doremus est une extension du mod&egrave;le FRBRoo pens&eacute; pour&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;saisir et repr&eacute;senter la s&eacute;mantique qui sous-tend l&rsquo;information bibliographique et faciliter l&rsquo;int&eacute;gration, la m&eacute;diation et l&rsquo;&eacute;change d&rsquo;information bibliographique et mus&eacute;ale<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref">[9]</a>&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;(Leboeuf, 2010). C&rsquo;est une critique qui avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; adress&eacute;e au mod&egrave;le FRBR par Weissenberger en 2015&nbsp;:&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;La description de ressources est r&eacute;flexive. Elle est le reflet de la culture qui fait la description. Les mod&egrave;les conceptuels sont le reflet des mod&eacute;lisateurs et de la culture d&rsquo;o&ugrave; ils proviennent. FRBR est le reflet des valeurs et des id&eacute;es des professionnels des biblioth&egrave;ques occidentales<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref">[10]</a>.&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;(Weissenberger, 2015).</p> <p>La difficult&eacute;, dans une telle entreprise, est alors de tenir ensemble diff&eacute;rents points de vue sur une multiplicit&eacute; d&rsquo;objets qui sont semblables, mais non identiques (chaque institution d&eacute;crit et donc discrimine, d&eacute;finit ces objets diff&eacute;remment) tout en sachant qu&rsquo;il sera complexe d&rsquo;offrir &agrave; l&rsquo;usager des entr&eacute;es permettant d&rsquo;embrasser, en un regard panoptique sur l&rsquo;&eacute;cran, la diversit&eacute; de ces points de vue. Un des moyens de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; ce risque est de comprendre la documentation non comme une description objective, mais comme une description &laquo;&nbsp;objectivante&nbsp;&raquo;, qui se construit en r&eacute;ponse aux besoins du dispositif institutionnel, dans les pratiques des professionnels, dans une anticipation raisonn&eacute;e et raisonnable des usages. En concevant une extension du mod&egrave;le FRBRoo, nous d&eacute;finissons implicitement ce que recouvrirait ce domaine, en nous appuyant n&eacute;cessairement sur les visions que les trois institutions portent sur lui et nous devenons donc &eacute;galement prescripteurs de ce qui pourra &ecirc;tre dit et de la fa&ccedil;on dont ce le pourra.</p> <p>Une biblioth&egrave;que &agrave; vocation patrimoniale et conservatrice, une radio diffusant de la musique dans le tissu s&eacute;miotique h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne de ses &eacute;missions, ou encore un lieu de production et de m&eacute;diation de la musique et de son patrimoine ne peuvent avoir les m&ecirc;mes objectifs organisationnels. Ils ne peuvent avoir con&ccedil;u et mis en &oelig;uvre les m&ecirc;mes environnements, ni produit les m&ecirc;mes &eacute;critures documentaires. Ces derni&egrave;res se sont forg&eacute;es, se pratiquent et se transforment dans une tension constante entre des normes (locales, nationales et internationales) et des usages anticip&eacute;s ou constat&eacute;s, le tout dans la contrainte des temps disponibles pour r&eacute;pertorier, formaliser, nettoyer les &laquo;donn&eacute;es&raquo;.</p> <p>Documenter c&rsquo;est faire l&rsquo;exp&eacute;rience du d&eacute;sordre (Denis et Pontille, 2013), pour finalement d&eacute;cider de fixer un &eacute;tat des connaissances dans une n&eacute;gociation constante entre les n&eacute;cessit&eacute;s de formalisation des &eacute;critures, la prise en compte du fonctionnement des syst&egrave;mes documentaires, l&rsquo;adaptation aux contraintes institutionnelles et aux contextes organisationnels. Comme l&rsquo;a montr&eacute; B&eacute;atrice Vacher au cours de ses recherches sur la gestion de l&rsquo;information en entreprise (Vacher, 2007), les personnes charg&eacute;es de la documentation doivent &laquo;&nbsp;faire avec&nbsp;&raquo;. Faire avec le temps dont elles disposent, faire avec ce que les syst&egrave;mes techniques permettent, faire avec ce que les normes imposent et surtout, pour les institutions charg&eacute;es de la gestion du patrimoine, faire avec ce qui peut &ecirc;tre connu des objets de la culture au moment o&ugrave; ils passent, dans chaque institution, un temps de leur riche, &eacute;paisse, complexe et r&eacute;sistante vie sociale, de leur trivialit&eacute; (Jeanneret, 2008).</p> <p>Ceci explique par exemple la diff&eacute;rence de point de vue entre les ing&eacute;nieurs charg&eacute;s de tester la solidit&eacute; du mod&egrave;le (qui, pour s&rsquo;assurer de sa capacit&eacute; &agrave; prendre en compte toutes les dimensions de la description d&rsquo;une &oelig;uvre, remplissent tous les champs, quitte &agrave; &laquo;ajouter&raquo; des donn&eacute;es de toutes provenances, comme des vid&eacute;o Youtube ou des images de couvertures de disques qui ne proviennent pas des institutions partenaires) et les documentalistes, pour qui l&rsquo;absence de &laquo;&nbsp;donn&eacute;es&nbsp;&raquo; est aussi une information qu&rsquo;il convient de pr&eacute;server, car la description des objets est une source de connaissance n&eacute;cessairement ancr&eacute;e dans une probl&eacute;matique institutionnelle particuli&egrave;re et un temps de leur vie triviale.</p> <h2><a id="t3"></a>LES VOCABULAIRES DOCUMENTAIRES, DES SOURCES DE CONNAISSANCES ANCR&Eacute;ES DANS UN CONTEXTE D&rsquo;USAGE</h2> <p>Cet ancrage des m&eacute;tadonn&eacute;es dans des lieux auxquels sont assign&eacute;es des missions et qui sont n&eacute;cessairement porteurs d&rsquo;une complexit&eacute; organisationnelle particuli&egrave;re, les oriente vers certains usages et certains publics. Les experts revendiquent le regard situ&eacute; qu&rsquo;ils portent sur les ressources qu&rsquo;ils g&egrave;rent comme la principale valeur ajout&eacute;e de leur travail. Ce qui est dit sur les objets, dans des institutions charg&eacute;es de la conservation et de la diffusion du patrimoine, est une forme de discours savant, dont l&rsquo;architecture m&ecirc;me est la marque d&rsquo;une connaissance experte et de la prise en compte des besoins sp&eacute;cifiques de l&rsquo;institution o&ugrave; elle prend sens.</p> <p>De ce point de vue, le travail sur le r&eacute;f&eacute;rentiel associ&eacute; &agrave; la classe [Moyen d&rsquo;expression] a &eacute;t&eacute; particuli&egrave;rement riche en interrogations. Cette classe est con&ccedil;ue pour permettre de d&eacute;crire les instruments de musique, mais &eacute;galement tous les autres moyens par lesquels il serait possible de produire des sons dans le cadre de l&#39;ex&eacute;cution d&rsquo;un morceau de musique. Cependant, il ne s&rsquo;agit pas de d&eacute;crire un instrument-objet statique tel qu&rsquo;il le serait par exemple dans le catalogue d&rsquo;un mus&eacute;e de la musique. Ce qui est ainsi saisi et d&eacute;sign&eacute; c&rsquo;est l&#39;instrument en situation, dans la dynamique qui le lie aux autres &eacute;l&eacute;ments qui caract&eacute;risent la situation au cours de laquelle il a &eacute;t&eacute; mobilis&eacute;. La mise en relation dans l&rsquo;ontologie permet en effet de rendre visibles des temps de la vie d&rsquo;une &oelig;uvre musicale &agrave; travers ses diverses inscriptions&nbsp;: musique not&eacute;e, programm&eacute;e, interpr&eacute;t&eacute;e, enregistr&eacute;e, diffus&eacute;e, etc.</p> <p>Pour am&eacute;liorer l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; des donn&eacute;es, certaines classes peuvent &ecirc;tre associ&eacute;es &agrave; des listes appel&eacute;es &laquo;&nbsp;vocabulaires contr&ocirc;l&eacute;s&nbsp;&raquo; ou r&eacute;f&eacute;rentiels, g&eacute;n&eacute;ralement organis&eacute;es et structur&eacute;es sous la forme de th&eacute;saurus. Ceci permet d&rsquo;une part de contr&ocirc;ler la saisie et d&rsquo;autre part de faciliter les recherches. Le travail du groupe consiste alors &agrave; aligner les diff&eacute;rents vocabulaires dont chaque organisme dispose.</p> <p>La premi&egrave;re difficult&eacute; en ce qui concerne les [Moyens d&rsquo;expression] a &eacute;t&eacute; de d&eacute;terminer ce qui parmi les multiples ressources disponibles, pouvait effectivement &ecirc;tre propos&eacute; comme vocabulaire de r&eacute;f&eacute;rence. Il s&rsquo;est av&eacute;r&eacute; que chaque institution disposait d&rsquo;au moins deux listes, soit directement associ&eacute;es &agrave; ses bases documentaires, soit constitu&eacute;es ou maintenues par elle, m&ecirc;me si elles n&rsquo;&eacute;taient pas directement utilis&eacute;es dans les catalogues. Le th&eacute;saurus MIMO par exemple dispose d&rsquo;une liste tr&egrave;s compl&egrave;te d&rsquo;instruments de musique, cr&eacute;&eacute;e par un groupe de mus&eacute;es pour classer les instruments. Cette liste n&rsquo;est pas utilis&eacute;e pour le catalogage actuellement, mais sert de r&eacute;f&eacute;rence.</p> <p>Le terme m&ecirc;me de r&eacute;f&eacute;rentiel et l&rsquo;observation d&rsquo;autres ontologies laissaient penser qu&rsquo;il fallait disposer d&rsquo;une liste unique. Il a donc sembl&eacute; n&eacute;cessaire de fusionner les listes rep&eacute;r&eacute;es, afin de disposer de la liste la plus exhaustive possible. Cependant, comme la liste des animaux de l&rsquo;empereur chinois, cit&eacute;e par Michel Foucault dans l&rsquo;introduction de son livre &laquo;&nbsp;<i>Les mots et les choses</i>&nbsp;&raquo; (Foucault, 1966), les organismes poss&eacute;daient des listes tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, qui r&eacute;pondaient &agrave; diff&eacute;rents besoins, ainsi qu&rsquo;&agrave; leurs normes de catalogage ou &agrave; leur organisation interne. Chaque vocabulaire &eacute;tait structur&eacute; avec une granularit&eacute; et dans un syst&egrave;me hi&eacute;rarchique sp&eacute;cifique&nbsp;: le thesaurus Mimo qui comporte 2 480 termes, avait &eacute;t&eacute; con&ccedil;u &agrave; la base par un groupe de mus&eacute;es pour classer les instruments qu&rsquo;ils d&eacute;tenaient, alors que la liste H&amp;S est une classification du d&eacute;but du vingti&egrave;me si&egrave;cle, qui s&rsquo;inspire de la classification d&eacute;cimale de DEWEY utilis&eacute;e dans les biblioth&egrave;ques et qui avait au d&eacute;part pour but de permettre d&rsquo;ins&eacute;rer tout instrument dans la hi&eacute;rarchie, quelle qu&rsquo;en soit la provenance et la connaissance que l&rsquo;on aurait pu en avoir par son rattachement &agrave; une culture. Les typologies d&rsquo;instruments sont donc relativement diff&eacute;rentes. La premi&egrave;re distingue par exemple les &laquo;&nbsp;instruments &agrave; vent&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;instruments &agrave; cordes&nbsp;&raquo;, quand la seconde distingue cinq grandes classes&nbsp;: les &laquo;&nbsp;idiophones&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;membranophones&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;cordophones&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;a&eacute;rophones&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;&eacute;lectrophones&nbsp;&raquo;, classes qui sont ensuite d&eacute;coup&eacute;es en ne s&rsquo;attachant qu&rsquo;aux caract&eacute;ristiques physiques des instruments.</p> <p>Comme il &eacute;tait cependant possible de retrouver des noms d&rsquo;instrument identiques dans chacune des organisations terminologiques, plusieurs m&eacute;thodes de regroupement ont &eacute;t&eacute; sugg&eacute;r&eacute;es, comme, par exemple, de garder la hi&eacute;rarchie de la liste la plus compl&egrave;te et d&rsquo;ins&eacute;rer les termes manquants depuis les autres listes. Mais alors, quelles grandes cat&eacute;gories choisir ? Ou encore de supprimer la hi&eacute;rarchie pour tout &laquo;&nbsp;mettre &agrave; plat&nbsp;&raquo; et fusionner. Mais comment faire alors la distinction entre un terme relatif &agrave; une famille g&eacute;n&eacute;rique dans l&rsquo;une des organisations et la d&eacute;signation pr&eacute;cise d&rsquo;un instrument donn&eacute; dans une autre ? Une liste non hi&eacute;rarchique aurait par ailleurs comport&eacute; un nombre consid&eacute;rable de termes ce qui aurait complexifi&eacute; la recherche et l&rsquo;indexation. Aucune m&eacute;thode n&rsquo;a finalement paru satisfaisante car toutes auraient abouti &agrave; une alt&eacute;ration des donn&eacute;es les rendant finalement inutilisables, puisqu&rsquo;elles ne correspondaient alors plus &agrave; aucune des logiques professionnelles qui avaient conduit &agrave; la production des listes d&rsquo;origine.</p> <p>La solution propos&eacute;e a donc &eacute;t&eacute;, comme chaque fois qu&rsquo;un tel probl&egrave;me d&#39;incompatibilit&eacute; se pose, d&rsquo;aligner les r&eacute;f&eacute;rentiels. L&rsquo;alignement consiste d&rsquo;abord &agrave; rapprocher les termes &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;algorithmes de recherche de similarit&eacute;s. Les propositions de rapprochements ainsi que les types de liens qui pourraient unir les termes<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref">[11]</a>&nbsp;sont ensuite discut&eacute;s par les sp&eacute;cialistes qui les valident, les affinent ou les refusent, ce qui permet dans le m&ecirc;me temps d&rsquo;am&eacute;liorer le fonctionnement des algorithmes.</p> <h2><a id="t4"></a>LOGIQUES ORGANISATIONNELLES ET &Eacute;CRITURES DOCUMENTAIRES</h2> <p>Cette r&eacute;flexion collective demande que chacun se penche sur ses propres outils et donc se questionne et explicite ses choix et ses habitudes professionnelles. Loin de l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une organisation terminologique parfaitement norm&eacute;e et ma&icirc;tris&eacute;e, chaque liste est porteuse de l&rsquo;histoire de sa constitution et de son inscription dans un contexte professionnel particulier. Il est possible d&rsquo;y lire des moments d&rsquo;&eacute;volution institutionnelle, d&rsquo;adoption de nouvelles r&egrave;gles ou de nouvelles normes, les projets de ceux qui en ont eu la charge &agrave; travers le temps&hellip;</p> <p>De plus, les diff&eacute;rents membres du collectif appartiennent &agrave; des secteurs professionnels, pour lesquels la constitution de catalogues r&eacute;pond &agrave; des finalit&eacute;s distinctes. Du point de vue du rapport aux objets d&eacute;crits, il peut s&rsquo;agir soit d&rsquo;en r&eacute;aliser un inventaire pr&eacute;cis, soit de constituer une base r&eacute;f&eacute;rentielle qui r&eacute;pertorie des objets ou des documents que l&rsquo;on ne d&eacute;tient pas, soit d&rsquo;indexer une collection, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;en faire une description &agrave; partir de laquelle il est possible de retourner vers les objets ou les documents.</p> <p>Ainsi, pour la BnF, charg&eacute;e du d&eacute;p&ocirc;t l&eacute;gal, chaque objet fait partie du patrimoine national. Il doit donc &ecirc;tre inventori&eacute; et b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une description fine qui tienne compte de la moindre de ses variations. Les normes de catalogage sont d&rsquo;autant plus pr&eacute;cis&eacute;ment d&eacute;finies et appliqu&eacute;es que la BnF est l&rsquo;organisme charg&eacute; de la normalisation bibliographique en France. Les vocabulaires sp&eacute;cialis&eacute;s sont tr&egrave;s complets et con&ccedil;us pour tenir compte de l&rsquo;extr&ecirc;me vari&eacute;t&eacute; des types d&rsquo;objets d&eacute;pos&eacute;s. Il s&rsquo;agit moins de pouvoir retourner aux documents que d&rsquo;en tenir un catalogue &agrave; vis&eacute;e patrimoniale. Le vocabulaire descriptif doit donc &ecirc;tre pens&eacute; pour un usage savant sur le temps long.</p> <p>Pour les documentalistes de Radio France, l&rsquo;objectif est de fournir rapidement des documents ou des ressources adapt&eacute;es aux diff&eacute;rents services, ce qui n&eacute;cessite d&rsquo;avoir une tr&egrave;s bonne connaissance et des collections et des usages pr&eacute;visionnels. Les acquisitions, comme &agrave; la Philharmonie de Paris, se font dans le cadre d&rsquo;un budget contraint et en fonction d&rsquo;une politique d&rsquo;acquisition qui doit r&eacute;pondre aux programmes et aux projets de l&rsquo;institution. Si les fonds sont tr&egrave;s riches, ce n&rsquo;est pas l&rsquo;exhaustivit&eacute; qui est vis&eacute;e, mais l&#39;ad&eacute;quation aux besoins des coll&egrave;gues ou des usagers. Si l&rsquo;on reprend l&rsquo;exemple des instruments de musique, il existe deux listes distinctes qui r&eacute;pondent &agrave; deux logiques. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; le th&eacute;saurus de la discoth&egrave;que, qui comporte plus de deux mille entr&eacute;es avec de tr&egrave;s nombreuses relations de synonymies et dont l&rsquo;objectif est de permettre la description d&rsquo;enregistrement musicaux qui proviennent du monde entier ; de l&rsquo;autre la liste alphab&eacute;tique simple de la documentation sonore, qui r&eacute;pertorie des ressources qui peuvent facilement &ecirc;tre rep&eacute;r&eacute;es via de grandes cat&eacute;gories dans un catalogage plus g&eacute;n&eacute;rique.</p> <p>Concevoir une liste partag&eacute;e n&eacute;cessite donc de passer de logiques locales qui r&eacute;pondent &agrave; des besoins sp&eacute;cifiques, &agrave; une organisation terminologique apte &agrave; r&eacute;pondre &agrave; tout type de description. Cependant, le langage, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un langage documentaire, ne peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme ext&eacute;rieur &agrave; l&rsquo;activit&eacute; au sein de laquelle il prend sens. L&#39;abstraire de ces contextes interpr&eacute;tatifs, c&rsquo;est passer d&rsquo;une logique descriptive concr&egrave;te &agrave; la construction d&rsquo;une organisation th&eacute;orique des savoirs correspondants. De plus, les listes existantes sont des objets statiques, qui constatent un &eacute;tat existant et qui, tout &agrave; la fois, proposent et d&eacute;crivent un monde fini, alors que les r&eacute;f&eacute;rentiels sont con&ccedil;us dans une approche dynamique qui potentialise des usages projet&eacute;s.</p> <h2><a id="t5"></a>CONCILIER DES REGARDS DOCUMENTAIRES DIVERGENTS</h2> <p>Le projet de produire des&nbsp;&raquo;donn&eacute;es ouvertes&raquo; repose sur l&rsquo;id&eacute;e de leur pouvoir cr&eacute;atif intrins&egrave;que et sur la potentialit&eacute; de nouveaux usages pour ces&nbsp;&raquo;donn&eacute;es&raquo;. Il suffirait pour cela de&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;cr&eacute;er un environnement documentaire informatis&eacute; propice &agrave; la r&eacute;interpr&eacute;tation des donn&eacute;es dans d&rsquo;autres contextes sociaux&nbsp;&raquo;&nbsp;</i>(Labelle &amp; Le Corf, 2012).<i>&nbsp;</i>Les premiers travaux th&eacute;oriques relatifs &agrave; la conception d&rsquo;ontologies postulaient qu&rsquo;un domaine de connaissance pourrait &ecirc;tre d&eacute;fini par un ensemble de concepts g&eacute;n&eacute;riques monos&eacute;miques associ&eacute;s entre eux par des liens et qui constitueraient une compr&eacute;hension collective de ce domaine&raquo; (Gruber, 1995). Cependant, les recherches r&eacute;centes insistent sur le caract&egrave;re fortement contextuel de ces constructions formelles. Ainsi, Jean-Max Noyer attire notre attention sur la diversit&eacute; des questions relatives &agrave; la description et &agrave; la repr&eacute;sentation des &laquo;&nbsp;<i>m&eacute;moires num&eacute;riques hypertextuelles&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;et sur la n&eacute;cessit&eacute; de respecter &laquo;&nbsp;<i>la pluralit&eacute; les types d&rsquo;&eacute;critures dont nous avons besoin pour habiter les multiples espace-temps socio-cognitifs</i>.&nbsp;&raquo;. (Noyer, 2012). Plus encore, comme le d&eacute;montre Bruno Bachimont, une ontologie est d&eacute;pendante non seulement du domaine, mais aussi de la t&acirc;che vis&eacute;e.</p> <blockquote> <p><i>&laquo;&nbsp;En effet, c&rsquo;est le contexte de la t&acirc;che qui permet de fixer les traits de signification pertinents des concepts s&eacute;mantiques de mani&egrave;re &agrave; annuler les effets du contexte. Par cons&eacute;quent, il ne peut exister d&rsquo;ontologie universelle, ni m&ecirc;me dans un domaine, une ontologie valant pour toutes les t&acirc;ches possibles.&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;(Bachimont, 2000)</p> </blockquote> <p>La formalisation qui se traduit par une mont&eacute;e en g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; des concepts permet de se d&eacute;tacher de situations, d&rsquo;applications, d&rsquo;implantations et de d&eacute;nominations trop locales ou prises dans des logiques organisationnelles et interpr&eacute;tatives qui emp&ecirc;chent de les conceptualiser ou de les partager sans ambigu&iuml;t&eacute;. Cependant, des termes comme &laquo;&nbsp;ontologie&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;primitive&nbsp;&raquo; font penser qu&rsquo;il serait possible de rester &agrave; un niveau d&rsquo;abstraction a-communicationnel qui, de fait, d&eacute;socialise les &eacute;critures. La formalisation permet de lever des ambigu&iuml;t&eacute;s terminologiques, de &laquo;&nbsp;<i>contraindre l&rsquo;interpr&eacute;tation spontan&eacute;e</i>&nbsp;&raquo; (Bachimont, 2000) afin de parvenir &agrave; un accord d&eacute;finitionnel au sein d&rsquo;un domaine de connaissance. C&rsquo;est un choix de repr&eacute;sentation qui repose sur un point de vue et qui, comme tout mod&egrave;le, ne conserve de la situation ou de ph&eacute;nom&egrave;ne mod&eacute;lis&eacute; que ce qui sert cette th&eacute;orie. Doremus repose sur une certaine conception de ce que pourrait &ecirc;tre une ontologie de la musique. Il est issu d&rsquo;un regard situ&eacute; sur le domaine. Ce regard est celui que les institutions charg&eacute;es de la conservation et de la diffusion du patrimoine culturel ont port&eacute; sur les objets, sur les documents sur les pratiques musicales en lien avec leurs missions respectives.</p> <p>Il s&rsquo;agit donc de reconna&icirc;tre que la mod&eacute;lisation n&rsquo;est qu&rsquo;une &eacute;tape dans le processus de circulation sociale des connaissances, une r&eacute;&eacute;criture parmi d&rsquo;autres et qui doit en permettre d&rsquo;autres. Les ontologies, comme le web s&eacute;mantique potentialisent diff&eacute;remment les donn&eacute;es existantes, mais il convient de ne pas oublier la continuit&eacute; des &eacute;critures. Les classes, les r&eacute;f&eacute;rentiels, comme les liens s&eacute;mantiques qui les unissent et plus largement l&rsquo;ensemble du r&eacute;seau, sont des indices qui renvoient aux &eacute;critures, notamment documentaires, &agrave; partir desquelles ils ont &eacute;t&eacute; con&ccedil;us. La description des classes ou la qualification des liens ne peut se faire qu&rsquo;en r&eacute;f&eacute;rence au domaine qu&rsquo;ils mod&eacute;lisent. Il faut donc les voir plut&ocirc;t comme des tentatives de fabriquer des r&eacute;f&eacute;rences aux &ecirc;tres culturels qui permettent &agrave; la musique d&rsquo;exister. La documentation fait partie de la trivialit&eacute; (Despr&eacute;s-Lonnet, 2014), elle permet aux objets de la culture de circuler. Les objets pris dans leurs usages sont des entit&eacute;s vivantes, qui, par d&eacute;finition, sont appel&eacute;es &agrave; se transformer au gr&eacute; des pratiques qu&rsquo;ils permettront ou auxquelles ils donneront lieu. S&rsquo;ils ont un sens, celui-ci peut varier selon les temps, les lieux, les musiques ou encore les logiques institutionnelles.</p> <p>La conception d&rsquo;une ontologie repose sur toute une cha&icirc;ne d&rsquo;&eacute;critures pr&eacute;alables et elle doit, elle aussi, &ecirc;tre con&ccedil;ue comme une modalit&eacute; scripturale qui rend possibles d&rsquo;autres &eacute;critures. Cependant, nous pensons qu&rsquo;elle ne peut le faire que si son projet est plus clairement &eacute;nonc&eacute; et si, donc, elle parvient &agrave; rendre compte des projets &eacute;ditoriaux sous-jacents. Ainsi, l&rsquo;ontologie Doremus est une extension du m&eacute;ta-mod&egrave;le, FRBRoo, dont l&rsquo;une des particularit&eacute;s est de proposer une description dynamique des objets qu&rsquo;il repr&eacute;sente, en indiquant leurs diff&eacute;rents &eacute;tats et les &eacute;v&eacute;nements qui les ont produits.</p> <p>L&agrave; o&ugrave; le web s&eacute;mantique postule que les machines pourraient mettre en relation des &eacute;l&eacute;ments existants et par l&agrave; &laquo;&nbsp;cr&eacute;er du sens&nbsp;&raquo;, nous dirions plut&ocirc;t qu&#39;il ne le peut qu&#39;en disposant par ailleurs de sc&eacute;narii d&rsquo;usage utiles pour replacer ce qui est dit dans un contexte interpr&eacute;tatif validant. Une des pistes sur lesquelles nous travaillons actuellement est la cr&eacute;ation de r&ocirc;les correspondant &agrave; des projets d&rsquo;usage (programmateur, documentaliste, etc.) et &agrave; des points d&rsquo;entr&eacute;es diff&eacute;rents dans le mod&egrave;le. Ceci permettrait de repr&eacute;senter les temps de la vie des &ecirc;tres culturels en les r&eacute;partissant entre les diff&eacute;rents espaces de l&rsquo;ontologie. La s&eacute;mantique des relations typ&eacute;es pourrait alors guider le visiteur en l&rsquo;amenant &agrave; comprendre d&rsquo;o&ugrave; proviennent les donn&eacute;es et quelle entreprise de d&eacute;signation est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans le r&eacute;seau qu&rsquo;il parcourt.</p> <h5><a id="t6"></a></h5> <p>Le projet que nous menons actuellement dans le cadre du programme gouvernemental d&#39;ouverture des donn&eacute;es publiques nous permet de mesurer de fa&ccedil;on tr&egrave;s concr&egrave;te les enjeux d&rsquo;une telle perspective pour les institutions du secteur culturel, d&eacute;tentrices des plus importants catalogues fran&ccedil;ais relatifs &agrave; la musique classique et traditionnelle.</p> <p>Comme nous avons pu le montrer &agrave; partir de deux questions qui se sont pos&eacute;es au cours de nos r&eacute;unions de travail, ouvrir ses donn&eacute;es ne signifie pas y donner acc&egrave;s dans la forme et selon les logiques d&rsquo;usage dans lesquelles elles ont &eacute;t&eacute; con&ccedil;ues, mais bien les &laquo;&nbsp;ext&eacute;rioriser&nbsp;&raquo; &agrave; la fois th&eacute;oriquement et mat&eacute;riellement, afin de pouvoir les penser dans d&rsquo;autres contextes et &agrave; d&rsquo;autres niveaux &agrave; la fois organisationnels et conceptuels.</p> <p>D&rsquo;un point de vue technico-documentaire, il faut parvenir &agrave; une double mise en correspondance, d&rsquo;une part au niveau des concepts mobilis&eacute;s par chaque institution et d&rsquo;autre part au niveau des vocabulaires sp&eacute;cialis&eacute;s que chacune a constitu&eacute;s en fonction de ses propres besoins. Mais il faut surtout parvenir &agrave; construire un mod&egrave;le conceptuel unique, porteur de ce que pourrait &ecirc;tre le &laquo;&nbsp;domaine de la musique&nbsp;&raquo; &agrave; partir de catalogues con&ccedil;us selon une certaine vision de l&rsquo;exp&eacute;rience musicale, des artefacts porteurs et m&eacute;diateurs de cette exp&eacute;rience, ainsi que des pratiques professionnelles qui ont cours au sein de chaque institution. Il faut donc en permanence passer de logiques descriptives ancr&eacute;es dans des probl&eacute;matiques locales &agrave; une logique mod&eacute;lisatrice pens&eacute;e comme porteuse d&rsquo;une connaissance globale experte du domaine. Ces passages sont autant de traductions qui ne peuvent se vivre que dans les n&eacute;gociations et ajustements des pratiques et repr&eacute;sentations de chacun. Inversement le projet ontologique ne peut prendre sens que s&rsquo;il renonce &agrave; une pr&eacute;tention d&rsquo;universalit&eacute; pour prendre en charge les savoirs documentaires de chaque organisation et permettre leur mise en relation. Il s&rsquo;agit alors de construire un espace de m&eacute;diation dans la tension incessante entre des pratiques et repr&eacute;sentations documentaires n&eacute;cessairement situ&eacute;es et les contraintes d&rsquo;un projet de mise en commun.</p> <p>Le risque majeur que nous avons pu identifier est de concevoir l&rsquo;ontologie comme un mod&egrave;le purement th&eacute;orique et donc postuler qu&rsquo;il serait possible de produire de la connaissance en reliant des concepts qu&rsquo;on aurait extraits de discours savants tenus sur des objets de la culture, alors qu&rsquo;ils sont d&eacute;crits dans une perspective institutionnelle et professionnelle particuli&egrave;re. Il convient alors de ne pas oublier que, s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;ouvrir des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est bien qu&rsquo;elles sont non pas ferm&eacute;es, mais situ&eacute;es quelque part. Ce sont des discours qui correspondent &agrave; diff&eacute;rents temps de la vie d&rsquo;&ecirc;tres culturels, au cours de laquelle certaines connaissances &agrave; leur sujet ont &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute;es et certaines informations &agrave; leur sujet consign&eacute;es.</p> <p>L&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;un cas concret permet de montrer que si la perspective d&rsquo;une ouverture est porteuse d&rsquo;un projet de d&eacute;mocratisation de l&rsquo;acc&egrave;s aux savoirs et aux biens communs de la culture, il convient de renoncer &agrave; une vision universalisante et a-contextuelle des ontologies. Ceci passe notamment par l&rsquo;attention qu&rsquo;il convient de porter &agrave; la distinction fondamentale entre les objets et les discours tenus sur ces objets. Les documents, les catalogues, les terminologies sp&eacute;cialis&eacute;es, aussi bien que l&rsquo;ontologie sont des proc&egrave;s d&rsquo;&eacute;criture qu&rsquo;il faut penser dans une continuit&eacute; scripturaire, qui accompagne et donne sens aux diff&eacute;rents moments de la vie triviale des &ecirc;tres culturels et qui, de lieu en lieu, construit notre patrimoine culturel.</p> <h2><a id="t7"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Adler, P.A.,&amp; Adler, P. (1987).&nbsp;<i>Membership roles in field research</i>.&nbsp;Newbury Park, CA: Sage</p> <p>Bachimont B. (2000).&nbsp;Engagement s&eacute;mantique et engagement ontologique&nbsp;: conception et r&eacute;alisation d&rsquo;ontologies en Ing&eacute;nierie des connaissances. 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However due to different needs and background contexts there can be widely varying viewpoints and assumptions regarding what is essentially the same subject matter. Each uses different jargon each may have differing, overlapping, and or mismatched concepts, structures and methods [...]. The way to address these problems is to reduce or eliminate conceptual and terminological confusion and come to a shared understanding&nbsp;&nbsp; Such an understanding can function as a unifying framework for the different viewpoints [...]</i>&nbsp;&raquo; (traduit de l&rsquo;anglais par nos soins).</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftnref9" id="ftn9">[9]</a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;FRBRoo is intended to capture and represent the underlying semantics of bibliographic information and to facilitate the integration, mediation, and interchange of bibliographic and museum information.&raquo;</i>&nbsp;(Traduit de l&rsquo;anglais par nos soins)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftnref10" id="ftn10">[10]</a>&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;Resource Description is Reflexive.&nbsp;</i><i>It reflects the culture doing the description. Conceptual models are reflexive of the modelers and the culture from which they came. FRBR is reflective of the values and ideas of Western library practitioners.&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;(Traduit de l&rsquo;anglais par nos soins)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-3-2017-bricolages-improvisations-et-resilience-organisationnelle-face-aux-risques-informationnels-et-communicationnels/663-2-2017-revue-despres-lonnet-micheau-destandau#ftnref11" id="ftn11">[11]</a>&nbsp;L&rsquo;alignement est effectu&eacute; par des outils automatiques, qui proposent des liens s&eacute;mantiques que les experts valident ou affinent. Les relations offrent diff&eacute;rents niveaux d&rsquo;&eacute;quivalence : exactMatch pour les &eacute;quivalences exactes, closeMatch pour les &eacute;quivalences approximatives &agrave; un m&ecirc;me niveau de granularit&eacute;&nbsp;; narrowMatch (lien entre un terme g&eacute;n&eacute;rique et un terme plus sp&eacute;cifique) et broadMatch (lien entre un terme sp&eacute;cifique et son g&eacute;n&eacute;rique) pour les &eacute;quivalences &agrave; un niveau de granularit&eacute; diff&eacute;rents.</p>