<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong> The development of open data in France leads stakeholders to question the strategies and data management practices to be implemented in organizations. The display of an open data policy, in a logic of transparency, participation and innovation, is likely to upset the routines in the management and control of the flow of information. The logics and forms of data governance are subject of a renewed reflection. Open data is a catalyst to introduce a shared decision-making principle into the data lifecycle. A research project on data literacy, based on discourses analysis and on a qualitative survey on data management practices, shows that, faced with the demands, risks and benefits perceived in the agenda of open data, various strategies are taking hold, with effects on the management of information and knowledge.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;</strong>: open data, data governance, data management, data life cycle</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Nous assistons, depuis plusieurs ann&eacute;es, au ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;explosion des &ldquo;data&rdquo; ou &ldquo;donn&eacute;es&rdquo;, d&eacute;clin&eacute; sous de multiples formes, big data (donn&eacute;es massives), open data (donn&eacute;es ouvertes), linked data (donn&eacute;es li&eacute;es). Si la question des donn&eacute;es a d&rsquo;abord concern&eacute; la sph&egrave;re professionnelle, elle a rapidement op&eacute;r&eacute; une transformation des dynamiques sociales et culturelles, faisant &eacute;merger de nouvelles probl&eacute;matiques &eacute;conomiques, sociales et politiques, et la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une culture num&eacute;rique. En effet, les donn&eacute;es ont &agrave; voir avec la construction et la diffusion de la connaissance. L&rsquo;&eacute;conomie de la connaissance repose sur un mod&egrave;le de valorisation de l&rsquo;information &agrave; partir des donn&eacute;es disponibles pour la production de savoirs d&rsquo;innovation. Cependant, ce mod&egrave;le, bas&eacute; sur l&rsquo;appropriation priv&eacute;e des id&eacute;es et de la cr&eacute;ation, est interrog&eacute; depuis longtemps par la soci&eacute;t&eacute; civile, les entreprises, et par des chercheurs dans plusieurs disciplines, sp&eacute;cialistes de l&rsquo;information, &eacute;conomistes, informaticiens, g&eacute;ographes, politologues, designers. De nouvelles dynamiques territoriales &eacute;mergent autour des th&egrave;mes de l&rsquo;open-innovation, de la participation, de l&rsquo;&eacute;conomie sociale et solidaire, du partage de biens mat&eacute;riels (Demailly, Novel, 2014) et surtout de la politique d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es (<i>open data</i>) officialis&eacute;e en 2011 en France avec la mission Etalab, &agrave; laquelle une grande partie de la loi pour une r&eacute;publique num&eacute;rique d&rsquo;octobre 2016 est consacr&eacute;e.</p> <p>Les donn&eacute;es ouvertes (<i>open data</i>) d&eacute;signent les donn&eacute;es collect&eacute;es par des organismes publics ou priv&eacute;s charg&eacute;s d&rsquo;un service public, ou les citoyens, et mises &agrave; disposition en format num&eacute;rique sur des plateformes nationales ou locales permettant leur acc&egrave;s et leur r&eacute;utilisation. Essentiellement quantitatives, elles peuvent &ecirc;tre trait&eacute;es, tri&eacute;es, crois&eacute;es, exploit&eacute;es, et visualis&eacute;es &agrave; des fins de d&eacute;veloppements, de recherche, ou d&rsquo;enseignement. Elles ont des caract&eacute;ristiques sp&eacute;cifiques dans l&rsquo;&eacute;conomie de l&rsquo;information, puisqu&rsquo;elles sont vari&eacute;es, souvent gratuites, ouvertes et exploitables, mais n&eacute;cessitent des traitements informationnels pour &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;es aux activit&eacute;s des professionnels ou du public. Si la question des donn&eacute;es ouvertes &eacute;volue rapidement dans les agendas politiques, du local &agrave; l&rsquo;international, la r&eacute;alit&eacute; des pratiques en France, si on les compare aux pratiques canadiennes, par exemple, reste h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne. L&rsquo;affichage d&rsquo;une politique d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es est susceptible de bouleverser des formes de routine dans la gestion et le contr&ocirc;le de la circulation de l&rsquo;information dans les organisations. Ce sont, en particulier, les modes de gouvernance des donn&eacute;es qui font l&rsquo;objet d&rsquo;une r&eacute;flexion renouvel&eacute;e, l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es faisant office de catalyseur pour introduire un principe de d&eacute;cision partag&eacute;e. On voit bien surgir la question de l&rsquo;&eacute;paisseur de la donn&eacute;e, qui n&rsquo;existe pas en dehors de processus de gestion, de m&eacute;diation et de m&eacute;diatisation. Elle n&eacute;cessite de nouvelles formes de gouvernance qui font entrer les usagers dans l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me, entre l&rsquo;acc&egrave;s et l&rsquo;utilisation.</p> <p>Une recherche sur les politiques et les pratiques de m&eacute;diation et d&rsquo;&eacute;ducation autour des donn&eacute;es ouvertes dans les collectivit&eacute;s territoriales, visant &agrave; comprendre les circuits de d&eacute;cision et les repr&eacute;sentations<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/708-1-2018-revue-lehmans#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>, r&eacute;v&egrave;le que l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es et les demandes sociales li&eacute;es &agrave; la mise &agrave; disposition de jeux de donn&eacute;es d&eacute;clenchent des questions nouvelles. Les services charg&eacute;s de la gestion des donn&eacute;es ouvertes r&eacute;pondent de fa&ccedil;on pragmatique aux demandes en s&rsquo;organisant en fonction des comp&eacute;tences disponibles et des soutiens qu&rsquo;ils trouvent au sein de la collectivit&eacute;, du c&ocirc;t&eacute; de la hi&eacute;rarchie ou du c&ocirc;t&eacute; des politiques. C&rsquo;est ce que montre une enqu&ecirc;te qualitative qui a permis de rep&eacute;rer des cha&icirc;nes d&rsquo;usages, d&rsquo;analyser les discours des acteurs dans les collectivit&eacute;s et les valeurs qu&rsquo;ils portent, pour caract&eacute;riser des dynamiques de gouvernance. A partir de la probl&eacute;matique de la recherche, pr&eacute;sent&eacute;e dans un premier temps, on verra que ces dynamiques r&eacute;pondent &agrave; des injonctions contradictoires et rel&egrave;vent de pratiques de bricolages, de d&eacute;tournements des routines qui contribuent &agrave; modifier les processus de production et de gestion des donn&eacute;es, &agrave; long terme &agrave; les enrichir.</p> <h2><a id="t2"></a>PROBL&Eacute;MATIQUE : LE LIEN ENTRE GOUVERNANCE ET CULTURE DES DONN&Eacute;ES</h2> <p>L&rsquo;ouverture des donn&eacute;es publiques confirme le mouvement d&eacute;marr&eacute; en France en 1978 par la loi cr&eacute;ant la commission d&rsquo;acc&egrave;s aux documents administratifs. Ce mouvement s&rsquo;est acc&eacute;l&eacute;r&eacute; depuis la cr&eacute;ation d&rsquo;un grand portail data.gouv.fr en 2011 et de la mission Etalab, les lois Valter (sur la gratuit&eacute; des informations publiques) en 2015 et Lemaire (loi pour une R&eacute;publique num&eacute;rique) en 2016. Dann Goncalves et Samuel Rufat (2016) rappellent que l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;open data&nbsp;&raquo; vient de la recherche publique environnementale et que le concept a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; pour r&eacute;pondre &agrave; un triple besoin : partager les donn&eacute;es pour favoriser une r&eacute;flexion globale, baisser le co&ucirc;t de ce partage, et favoriser la participation. Du point de vue des politiques publiques, <i>l&rsquo;open data</i> repose sur les principes de transparence, de participation citoyenne et de modernisation de l&rsquo;action publique par la collaboration entre les institutions et les citoyens (El Hachani, 2015 : 5) et le souci de &ldquo;r&eacute;utilisation intelligente des donn&eacute;es ind&eacute;pendamment de leur contexte num&eacute;rique d&rsquo;origine&rdquo; (Noyer, Carmes, 2012 : 2). Le rapport du Secr&eacute;tariat g&eacute;n&eacute;ral pour la modernisation de l&rsquo;action publique de 2015 sur la gouvernance de la donn&eacute;e ajoute que &ldquo;la mise &agrave; disposition de donn&eacute;es libres et ouvertes, et leur r&eacute;utilisation, g&eacute;n&egrave;rent de la valeur &eacute;conomique et sociale, par le biais de cinq m&eacute;canismes : la r&eacute;duction des co&ucirc;ts de transaction, l&rsquo;innovation, la r&eacute;duction des asym&eacute;tries d&rsquo;information, la collaboration et les boucles de r&eacute;troaction&rdquo; (p. 21).</p> <p>Si la transparence et la participation sont au coeur du discours politique sur l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, leur mise &agrave; disposition et leur accessibilit&eacute; publique s&rsquo;inscrivent dans une logique de &ldquo;communs de la connaissance&rdquo; (Hess et Ostrom, 2007) qui a introduit une possibilit&eacute; de &ldquo;gouvernance&rdquo;&nbsp;ouverte et un nouvel enjeu de soci&eacute;t&eacute;. Cependant, pour que les donn&eacute;es ouvertes puissent &ecirc;tre utilis&eacute;es, leur traitement n&eacute;cessite des comp&eacute;tences informationnelles, documentaires mais aussi techniques (informatiques) et soul&egrave;ve des questions socio-&eacute;conomiques et politiques. Il s&rsquo;agit non seulement d&rsquo;assurer l&rsquo;accessibilit&eacute; de m&eacute;thodes et savoir-faire pour cr&eacute;er et exploiter les donn&eacute;es ouvertes, mais aussi de construire activement une d&eacute;mocratie participative dans le contexte &eacute;mergent des &ldquo;villes intelligentes&rdquo; tout en favorisant le d&eacute;veloppement &eacute;conomique r&eacute;gional, notamment dans le cadre de l&rsquo;&eacute;conomie sociale et solidaire.</p> <p>Le projet de recherche sur la m&eacute;diation des donn&eacute;es pour l&rsquo;&eacute;ducation met en relation la question de la formation aux donn&eacute;es avec celle de leur gouvernance dans les organismes publics et priv&eacute;s, qui appelle de nouvelles comp&eacute;tences et connaissances (Capelle, Lehmans, Liqu&egrave;te, 2017). Il concerne la fa&ccedil;on dont se construit l&rsquo;offre de jeux de donn&eacute;es au sein de l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me informationnel r&eacute;gional, et les liens &agrave; nouer avec les professionnels de l&rsquo;&eacute;ducation, de la formation et les associations pour former aussi bien les jeunes que tous les acteurs de la soci&eacute;t&eacute; aux donn&eacute;es et &agrave; leur appropriation. En pr&eacute;alable, un point important est celui de l&rsquo;efficience des politiques d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, &agrave; travers l&rsquo;instrumentation de l&rsquo;action publique et la dynamique impuls&eacute;e par le r&eacute;pertoire d&rsquo;instruments utilis&eacute;s dans la mise en oeuvre de la politique d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es. L&rsquo;innovation, li&eacute;e &agrave; la modernisation de l&rsquo;action publique, peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme une forme d&rsquo;instrumentalisation de la gouvernance (Lascoumes, Simard, 2011) &agrave; travers un r&eacute;cit performatif qui a des effets r&eacute;els sur le cycle de vie de la donn&eacute;e dans les organisations. Mais l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration des politiques publiques ne va pas n&eacute;cessairement de pair avec leur mise en oeuvre dans les organisations, parce que l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es repr&eacute;sente un changement profond, du point de vue du management de l&rsquo;information notamment.</p> <p>Dans le domaine des sciences de l&rsquo;information et de la communication, les chercheurs travaillent depuis plusieurs ann&eacute;es sur les probl&eacute;matiques d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es publiques des collectivit&eacute;s territoriales et de l&rsquo;Etat. La diffusion des donn&eacute;es publiques est souvent pr&eacute;sent&eacute;e comme faisant partie int&eacute;grante de la mission de service public (Labelle, Le Corf, 2012). Dans le m&ecirc;me temps, les portails <i>open data</i> des collectivit&eacute;s territoriales pr&eacute;sentent une &laquo; uniformisation des modes de communication des informations &raquo; (Idem). La mise &agrave; disposition des donn&eacute;es devrait permettre une r&eacute;utilisation et une r&eacute;interpr&eacute;tation dans un cadre personnalis&eacute;. Mais on voit &eacute;merger des questions auxquelles la recherche n&rsquo;a encore que tr&egrave;s partiellement r&eacute;pondu : le lien entre les cultures de travail, les identit&eacute;s professionnelles et les usages num&eacute;riques des r&eacute;seaux, les nouveaux collectifs de travail et les communaut&eacute;s &eacute;pist&eacute;miques (Crowston, Jullien, Ortega, 2013), la dimension participative voire militante (Cardon, Granjon, 2010) des usages num&eacute;riques.</p> <p>Dans toutes ces questions, c&rsquo;est la gouvernance de l&rsquo;information qui est en jeu. Le terme de gouvernance a longtemps connu plus de succ&egrave;s dans les pays anglo-saxons et au Canada qu&rsquo;en France, o&ugrave; il a &eacute;t&eacute; rel&eacute;gu&eacute; pour son caract&egrave;re polys&eacute;mique. Il fait n&eacute;anmoins une apparition remarquable depuis quelques ann&eacute;es dans les documents institutionnels produits par les administrations, dans lesquels il fait l&rsquo;objet d&rsquo;analyses et de propositions. La gouvernance, par rapport au gouvernement, a une connotation moins institutionnelle et plus dynamique : quand on parle de gouvernance, on s&rsquo;int&eacute;resse aux processus r&eacute;els de prise de d&eacute;cision plus qu&rsquo;aux structures formelles, ainsi qu&rsquo;&agrave; la diversit&eacute; des acteurs et des modes de participation possibles (Paye, 2005). Le Secr&eacute;tariat g&eacute;n&eacute;ral pour la modernisation de l&rsquo;action publique a remis en 2015 un rapport sur &laquo; La gouvernance de la donn&eacute;e &raquo; qu&rsquo;il d&eacute;finit comme &ldquo;l&rsquo;ensemble de principes et de pratiques qui visent &agrave; assurer la meilleure exploitation du potentiel des donn&eacute;es (p. 48).&rdquo; Le terme est ici tr&egrave;s g&eacute;n&eacute;rique, se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; des principes, donc un cadre, mais aussi des pratiques. Le rapport pointe les limitations dans le potentiel des usages des donn&eacute;es, li&eacute;es &agrave; la m&eacute;connaissance, &agrave; l&rsquo;imperm&eacute;abilit&eacute; de la culture administrative par rapport aux dynamiques de coop&eacute;ration et de participation. Il pr&eacute;conise de partir de d&eacute;veloppements concrets, de cartographier les donn&eacute;es disponibles, de faire &eacute;voluer les syst&egrave;mes d&rsquo;information et de d&eacute;cloisonner les administrations. Les questions qui surgissent concernent les modes de fonctionnement politique et bureaucratique des organisations, leur relation avec le public et les fa&ccedil;ons de l&rsquo;int&eacute;grer &agrave; la prise de d&eacute;cision, les comp&eacute;tences professionnelles, et, de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me informationnel. La gouvernance &laquo;&nbsp;associe n&eacute;gociations, prises de d&eacute;cision et &eacute;mergence de consensus&raquo; (Schafer et Le Crosnier, 2011) &agrave; travers des formes de participation et d&rsquo;engagement qui se structurent par le travail sur les donn&eacute;es. Le concept de gouvernance ouverte lie les principes de transparence et de participation dans une relation complexe int&eacute;grant visibilit&eacute; de l&rsquo;action publique et d&eacute;veloppement des moyens d&rsquo;expression, voire d&rsquo;action, des citoyens. Son analyse doit tenir compte des &ldquo;comportements organisationnels&rdquo; qui peuvent constituer des entraves &agrave; l&rsquo;ouverture (Pasquier, Villeneuve, 2007). Celle-ci a pour corollaire un principe de confiance visant &agrave; maintenir un &eacute;quilibre et &eacute;viter que certains s&rsquo;approprient des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;information au d&eacute;triment d&rsquo;autres (Maurel, Chebbi, 2012 : 85). Mais les enjeux politiques de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es sont eux-m&ecirc;mes fortement corr&eacute;l&eacute;s &agrave; des questions &eacute;conomiques dans le cadre global du big data.</p> <p>Les objectifs de cette premi&egrave;re recherche sont d&rsquo;identifier les repr&eacute;sentations des usages potentiels et r&eacute;els des donn&eacute;es ouvertes. Le projet de recherche a permis d&rsquo;enqu&ecirc;ter sur le terrain de collectivit&eacute;s locales productrices de donn&eacute;es aupr&egrave;s d&rsquo;une quinzaine d&rsquo;acteurs en Aquitaine, des m&eacute;diateurs et des utilisateurs finaux des jeux de donn&eacute;es ouvertes. L&rsquo;&eacute;quipe de recherche a men&eacute; des observations participatives avec des s&eacute;ances de travail sous forme d&rsquo;ateliers et de focus groupes afin de comprendre les contraintes et les freins &eacute;ventuels au d&eacute;veloppement d&rsquo;une culture des donn&eacute;es, ainsi que les conceptions de cette culture qui circulent dans les organisations. Plusieurs crit&egrave;res ont &eacute;t&eacute; analys&eacute;s&nbsp;: l&rsquo;offre de donn&eacute;es, les strat&eacute;gies de mise &agrave; disposition, les moyens de la gouvernance sur le plan des ressources humaines, techniques et organisationnelles, les repr&eacute;sentations des usages sociaux possibles, les ressources et les strat&eacute;gies de m&eacute;diation et de formation dans l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me informationnel mis en place par les acteurs, les strat&eacute;gies d&rsquo;&eacute;valuation qu&rsquo;ils ont choisies. En parall&egrave;le des observations, l&rsquo;&eacute;quipe a men&eacute; des entretiens compr&eacute;hensifs afin d&rsquo;identifier et de caract&eacute;riser le discours des acteurs de terrain pour comprendre les objectifs qu&rsquo;ils se fixent, leur repr&eacute;sentation de la cha&icirc;ne de production et de diffusion des donn&eacute;es dans la sph&egrave;re publique actuelle. Il s&rsquo;agissait de de comparer les repr&eacute;sentations d&rsquo;acteurs entre des secteurs d&rsquo;activit&eacute;s et des &eacute;chelles g&eacute;ographiques diff&eacute;rents, et de saisir l&rsquo;&eacute;volution de leurs pratiques d&eacute;clar&eacute;es sur leurs terrains. L&rsquo;enqu&ecirc;te r&eacute;v&egrave;le un ensemble de bricolages, le d&eacute;ploiement de tactiques, au sens des &laquo;&nbsp;arts de faire&nbsp;&raquo; de Michel de Certeau (1990), dans l&rsquo;&eacute;paisseur concr&egrave;te des pratiques informationnelles et professionnelles. Ces bricolages ne mettent pas en question les strat&eacute;gies qui soutiennent les politiques d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, mais en r&eacute;v&egrave;lent les contradictions possibles.</p> <h2><a id="t3"></a>BRICOLAGES IDEOLOGIQUES : LES CONTRADICTIONS DES SYSTEMES DES VALEURS, ENTRE INJONCTION D&rsquo;INNOVATION ET TRANSPARENCE</h2> <p>Les politiques d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es mises en place ne rencontrent pas encore l&rsquo;adh&eacute;sion des organisations pour un passage &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle globale, malgr&eacute; l&rsquo;existence de nombreuses exp&eacute;riences locales tr&egrave;s positives. Le discours de la transparence rel&egrave;ve en grande partie d&rsquo;une utopie (Gallot, Verlaet, 2016) et d&rsquo;une mise en sc&egrave;ne de l&rsquo;information. La transparence de l&rsquo;action publique peut se d&eacute;cr&eacute;ter, mais l&rsquo;ouverture et la mise &agrave; disposition de donn&eacute;es n&eacute;cessitent un r&eacute;el effort, une volont&eacute; politique et sa mise en oeuvre par des services, donc des moyens. La mise &agrave; l&rsquo;agenda politique et budg&eacute;taire de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es reste tr&egrave;s in&eacute;gale et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, soit parce que les enjeux de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es ne sont pas encore compris des collectivit&eacute;s territoriales et notamment des &eacute;lus, car trop techniques et complexes, soit parce que l&rsquo;ouverture met en danger l&rsquo;image de la collectivit&eacute; ou de l&rsquo;administration et se heurte &agrave; de tr&egrave;s fortes r&eacute;sistances (Go&euml;ta, Mabi, 2014). Par ailleurs, transparence et participation supposent que les citoyens sont capables de s&rsquo;emparer des donn&eacute;es, qu&rsquo;ils ont la culture n&eacute;cessaire pour en faire des usages vari&eacute;s. Les entreprises peuvent disposer de ces comp&eacute;tences qui n&eacute;cessitent des moyens financiers pour d&eacute;velopper, par exemple, des programmes (API), mais pour les citoyens, les usages potentiels sont beaucoup plus complexes. Ainsi, dans la double cible vis&eacute;e par l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, les entreprises et les citoyens, l&rsquo;une est tr&egrave;s dominante. Les objectifs du projet <i>d&rsquo;open government</i> port&eacute; par des activistes du libre comme Lawrence Lessig, Tim O&rsquo;Reilly ou Aaron Swartz, dans la r&eacute;union de S&eacute;bastopol, (Californie) en 2007, visant le d&eacute;veloppement d&rsquo;un pouvoir de contr&ocirc;le citoyen sur le gouvernement et la correction des asym&eacute;tries d&rsquo;information paraissent, dix ans plus tard, tr&egrave;s lointains encore.</p> <p>En revanche, les objectifs &eacute;conomiques de soutien &agrave; l&rsquo;innovation par l&rsquo;ouverture d&rsquo;une manne informationnelle en direction des entreprises sont bien plus clairs et faciles &agrave; atteindre, et l&rsquo;on voit se d&eacute;velopper de nouveaux services &agrave; partir des donn&eacute;es r&eacute;cup&eacute;r&eacute;es. L&rsquo;innovation concerne essentiellement le monde &eacute;conomique. Finalement, le risque est important de voir les politiques d&rsquo;ouverture renforcer le pouvoir de ceux qui ont les moyens &eacute;conomiques d&rsquo;en faire usage en laissant de c&ocirc;t&eacute; les citoyens. C&rsquo;est le point de vue de certains et le risque identifi&eacute; par les collectivit&eacute;s territoriales elles-m&ecirc;mes (Gurstein, 2011). Les donn&eacute;es ouvertes illustrent tr&egrave;s clairement la n&eacute;cessit&eacute; de distinguer l&rsquo;acc&egrave;s et l&rsquo;usage, la garantie de l&rsquo;acc&egrave;s n&rsquo;&eacute;tant absolument pas une condition suffisante pour que des usages existent. Michael Gurstein propose un mod&egrave;le d&rsquo;usage des donn&eacute;es qui prend en compte l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; internet, &agrave; des machines, les comp&eacute;tences techniques en informatique, le contenu et le format des donn&eacute;es, les connaissances pour les interpr&eacute;ter, l&rsquo;accompagnement et la gouvernance, qu&rsquo;il d&eacute;finit comme les moyens financiers, juridiques, r&eacute;glementaires et politiques n&eacute;cessaires &agrave; la mise en oeuvre d&rsquo;une ouverture qui vise les usages r&eacute;els et pas seulement les d&eacute;clarations ou les usages de grands groupes &eacute;conomiques. La gouvernance, sous toutes ses dimensions organisationnelle, normative, technique, politique, renvoie &agrave; des valeurs de r&eacute;f&eacute;rence qui sont &agrave; la base difficilement compatibles.</p> <p>En outre, une question importante et r&eacute;currente est celle du risque pour les citoyens. En effet, dans les croisements de grandes s&eacute;ries de donn&eacute;es, avec l&rsquo;expertise des analystes et la mise en place d&rsquo;algorithmes, donc la mise en oeuvre de moyens que seuls les Etats ou les grandes entreprises du GAFAM peuvent actionner, il est tout &agrave; fait possible de produire de l&rsquo;information strat&eacute;gique (avec des risques sanitaires par exemple), bien-s&ucirc;r, mais surtout personnelle, m&ecirc;me si les donn&eacute;es ouvertes sont anonymes. Ces risques n&rsquo;&eacute;chappent pas aux acteurs, qui observent la disparition des derniers tabous de r&eacute;utilisation de cl&eacute;s d&rsquo;identification, sous couvert d&rsquo;am&eacute;lioration et d&rsquo;optimisation du service public. Le risque pour les libert&eacute;s individuelles n&rsquo;est donc pas n&eacute;gligeable.</p> <p>Sur le plan des principes, une antinomie se r&eacute;v&egrave;le entre les discours de la participation et ceux de l&rsquo;innovation et de l&rsquo;efficience. Les valeurs de participation appellent des modes de gouvernance complexes qui associent les citoyens dans le processus de diffusion et d&rsquo;usage des donn&eacute;es, au prix d&rsquo;efforts de standardisation, de description, de communication, de formation et d&rsquo;accompagnement tr&egrave;s importantes, dans une temporalit&eacute; lente, par la constitution d&rsquo;un r&eacute;seau d&rsquo;acteurs. Les valeurs d&rsquo;innovation appellent une action beaucoup plus rapide, cibl&eacute;e sur les besoins des entreprises qui prennent en charge les comp&eacute;tences n&eacute;cessaires. A cette premi&egrave;re contradiction dans les objectifs m&ecirc;mes de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es s&rsquo;ajoutent les difficult&eacute;s organisationnelles.</p> <h2><a id="t4"></a>BRICOLAGES ORGANISATIONNELS ET DISCOURS DE L&rsquo;EFFICIENCE : REVOIR LA GESTION DES M&Eacute;TIERS AU D&Eacute;TOUR DES DONN&Eacute;ES</h2> <p>Face &agrave; l&rsquo;injonction politique et juridique, aux demandes provenant de la soci&eacute;t&eacute; civile ou aux choix d&eacute;lib&eacute;r&eacute;s d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, les collectivit&eacute;s ont d&ucirc; mettre en place des proc&eacute;dures de gestion dans l&rsquo;urgence. Sur le plan des discours, elles sont contraintes &agrave; l&rsquo;affichage d&rsquo;une dynamique &agrave; laquelle elles ne sont pas toujours pr&eacute;par&eacute;es et qui n&eacute;cessite des formes d&rsquo;acculturation et des r&eacute;organisations des proc&eacute;dures et des modes de travail. Les probl&eacute;matiques d&rsquo;accessibilit&eacute; et d&rsquo;usabilit&eacute; viennent perturber les fonctionnements de services cloisonn&eacute;s dans la gestion des donn&eacute;es (autour des directions des syst&egrave;mes d&rsquo;information), de l&rsquo;information et des documents, et mettent en relief, sinon des dysfonctionnements, du moins des r&eacute;sistances au changement qui les placent en porte-&agrave;-faux avec les services charg&eacute;s de la communication, d&rsquo;une part, les politiques, d&rsquo;autre part. Du point de vue de la gouvernance, l&rsquo;impulsion et le dynamisme des politiques d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es n&eacute;cessitent des investissements importants. Les contenus et les modalit&eacute;s de cette gouvernance d&eacute;pendent souvent de l&rsquo;histoire de l&rsquo;organisation. Les acteurs t&eacute;moignent des d&eacute;calages des temporalit&eacute;s. La d&eacute;cision de mettre en place un portail a &eacute;t&eacute; prise, par exemple, &agrave; la suite de la publication d&rsquo;un article de presse pour une collectivit&eacute;, qui d&eacute;clenche une d&eacute;cision politique &agrave; laquelle les services ne sont pas pr&eacute;par&eacute;s, dans une logique communicationnelle qui appelle un affichage et un positionnement dans le jeu politique local. Ailleurs, ce sont les directions des syst&egrave;mes d&rsquo;information qui donnent l&rsquo;impulsion, avec une coloration technocentr&eacute;e et un public cible de d&eacute;veloppeurs. Le suivi des politiques d&rsquo;ouverture repose sur les strat&eacute;gies qui peuvent &eacute;voluer en fonction des services qui s&rsquo;emparent de la question. Dans une collectivit&eacute;, le caract&egrave;re tardif et politique de l&rsquo;ouverture accompagne le recrutement de responsables plut&ocirc;t non techno-centr&eacute;s, et finalement sensibles aux enjeux de m&eacute;diation, de formation et d&rsquo;accompagnement du public. Pour certains acteurs, le probl&egrave;me et le retard pris par les collectivit&eacute;s territoriales vient du fait que l&rsquo;offre pr&eacute;c&egrave;de le besoin, qu&rsquo;elle est projet&eacute;e, avec des pr&eacute;suppos&eacute;s parfois contradictoires, alors que, dans le cas d&rsquo;une plateforme d&rsquo;information g&eacute;ographique, c&rsquo;est le besoin des acteurs qui donne l&rsquo;impulsion et contraint les acteurs, m&ecirc;me priv&eacute;s, &agrave; c&eacute;der du terrain informationnel pour am&eacute;liorer leur propre r&eacute;servoir.</p> <p>Quelle que soit l&rsquo;impulsion de d&eacute;part, les services sont organis&eacute;s en silos fonctionnels et en &ldquo;m&eacute;tiers&rdquo; communiquant peu entre eux. Ils se sont vus confront&eacute;s &agrave; un enjeu commun et transversal, qui les contraint &agrave; reconsid&eacute;rer, d&rsquo;une part l&rsquo;organisation globale des proc&eacute;dures de collecte et de gestion des donn&eacute;es, d&rsquo;autre part les comp&eacute;tences m&eacute;tiers, et par dessus tout, le partage d&rsquo;une vision commune de la donn&eacute;e. Les acteurs t&eacute;moignent du fait que cette coh&eacute;rence est indispensable &agrave; l&rsquo;usabilit&eacute; des donn&eacute;es. La diffusion des donn&eacute;es environnementales implique, par exemple, que les services charg&eacute;s de leur collecte connaissent la structuration de la base de donn&eacute;es, et que la direction du syst&egrave;me d&rsquo;information soit consciente des contraintes et des sp&eacute;cificit&eacute;s li&eacute;es &agrave; la collecte. En l&rsquo;absence de cette coop&eacute;ration et de cette connaissance mutuelle, les donn&eacute;es mises &agrave; disposition du public sont inexistantes, lacunaires, &ldquo;sales&rdquo;, inutilisables en l&rsquo;absence d&rsquo;un travail de nettoyage trop co&ucirc;teux pour la plupart des usagers. Du point de vue de l&rsquo;image de l&rsquo;organisation, elles sont contre-productives.</p> <p>A l&rsquo;int&eacute;rieur m&ecirc;me des organisations comme les collectivit&eacute;s territoriales, la culture de la donn&eacute;e se construit tr&egrave;s diversement, en fonction de l&rsquo;organisation des services, des prises de position des acteurs et de leur capacit&eacute; &agrave; se faire entendre en bousculant les &eacute;quilibres mis en place notamment autour des syst&egrave;mes d&rsquo;information (Lehmans, 2017). Les &eacute;lus sont souvent peu mobilis&eacute;s parce que la question des donn&eacute;es ouvertes est technique et complexe. L&rsquo;impulsion de l&rsquo;ouverture peut venir de services de communication, des services informatiques, des services techniques, des directions g&eacute;n&eacute;rales ou, beaucoup plus rarement, des &eacute;lus. Les services qui assurent des missions techniques dans le cycle de vie de la donn&eacute;es ne partagent pas n&eacute;cessairement des repr&eacute;sentations positives de l&rsquo;<i>open data</i>. Ils y voient des contraintes nouvelles, des risques de bouleversement des proc&eacute;dures de travail en place, de remise en cause de leur mission par la publicit&eacute; faite aux donn&eacute;es statistiques, par les n&eacute;cessit&eacute;s de standardisation ou de description dans les m&eacute;tadonn&eacute;es, mais rarement des objectifs valorisants. Quand l&rsquo;histoire de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es se fait sur ce mod&egrave;le, la construction d&rsquo;une culture de la donn&eacute;e est longue et vient plut&ocirc;t de l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un demande sociale ou politique. Quand l&rsquo;impulsion vient de l&rsquo;int&eacute;rieur, par exemple de la direction des services d&rsquo;information, le cheminement est diff&eacute;rent et la construction d&rsquo;une culture partag&eacute;e, parfois sur fond de comp&eacute;tition entre les services, plus rapide.</p> <p>Les organisations ont souvent mis en place des dispositifs de m&eacute;diation pour faire &eacute;voluer les pratiques, notamment &agrave; travers un fonctionnement &laquo;&nbsp;en mode projet&nbsp;&raquo;. Au-del&agrave; des comp&eacute;tences techniques, surtout informatiques, mais aussi li&eacute;es aux m&eacute;thodes de collecte et de relev&eacute; des donn&eacute;es, c&rsquo;est v&eacute;ritablement un ensemble de pratiques informationnelles, de repr&eacute;sentations techniques et sociales et de savoirs partag&eacute;s qui est en jeu, ce qui d&eacute;finit le coeur m&ecirc;me d&rsquo;une culture et de la construction de l&rsquo;identit&eacute; professionnelle. Parmi ces pratiques, les processus de normalisation sont essentiels.</p> <h2><a id="t5"></a>BRICOLAGES NORMATIFS : GOUVERNANCE ET CULTURE DE L&rsquo;INTEROP&Eacute;RABILIT&Eacute;</h2> <p>L&rsquo;ouverture des donn&eacute;es, dans les principes, rel&egrave;ve d&rsquo;un projet ou d&rsquo;un discours de partage, de transparence, de diffusion d&eacute;mocratique et &eacute;galitaire des bases de la connaissance. Or, si l&rsquo;on consid&egrave;re la r&eacute;alit&eacute; des usages des donn&eacute;es ouvertes au niveau d&rsquo;une r&eacute;gion par exemple, on constate que les r&eacute;utilisations r&eacute;elles et projet&eacute;es par les diffuseurs concernent essentiellement le march&eacute; et les entreprises. Les acteurs des donn&eacute;es ouvertes h&eacute;sitent entre un discours d&rsquo;ouverture vers les citoyens et de partage d&eacute;mocratique, et une strat&eacute;gie de d&eacute;veloppement &eacute;conomique qui vise plut&ocirc;t les entreprises, notamment celles qui vont cr&eacute;er des applications. Ces h&eacute;sitations ont des r&eacute;percussions sur les priorit&eacute;s th&eacute;matiques d&rsquo;ouverture, ainsi que sur les normes, les standards et surtout sur les licences.</p> <p>Concernant les standards, leur respect est la condition de possibilit&eacute;s de partage et d&rsquo;int&eacute;rop&eacute;rabilit&eacute;. La standardisation peut permettre de cristalliser la gouvernance des donn&eacute;es. Dans le domaine de l&rsquo;information g&eacute;ographique, la directive INSPIRE<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/708-1-2018-revue-lehmans#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a> de la Direction g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;environnement de la Commission europ&eacute;enne datant de 2007, &ldquo;<i>vise &agrave; &eacute;tablir en Europe une infrastructure de donn&eacute;es g&eacute;ographiques pour assurer l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; entre bases de donn&eacute;es et faciliter la diffusion, la disponibilit&eacute;, l&rsquo;utilisation et la r&eacute;utilisation de l&rsquo;information g&eacute;ographique en Europe&rdquo;</i> (Conseil national de l&rsquo;information g&eacute;ographique). Dans ce cas, c&rsquo;est au niveau politique et &agrave; l&rsquo;&eacute;chelon europ&eacute;en que des standards ont &eacute;t&eacute; impos&eacute;s afin d&rsquo;obtenir une information structur&eacute;e, mise &agrave; jour et partageable, qui a permis le d&eacute;veloppement d&rsquo;outils comme le G&eacute;ocatalogue et le G&eacute;oportail et le fonctionnement de plateformes comme PIGMA (plateforme d&rsquo;information g&eacute;ographique mutualis&eacute;e en Aquitaine). L&rsquo;application de cette directive oblige, dans l&rsquo;organisation charg&eacute;e de l&rsquo;information g&eacute;ographique, les th&eacute;maticiens et les informaticiens &agrave; adopter des normes, des langages, des pratiques communs visant l&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute; des donn&eacute;es. Pour les acteurs eux-m&ecirc;mes, il s&rsquo;agit d&rsquo;une v&eacute;ritable culture, technique et normative, qui a donn&eacute; aux services d&rsquo;information g&eacute;ographique une longueur d&rsquo;avance sur les collectivit&eacute;s nouvellement arriv&eacute;es dans l&rsquo;<i>open data</i>, peu sensibilis&eacute;es aux n&eacute;cessit&eacute;s fortes de standardisation et &agrave; des outils techniquement complexes, qui appellent de nouvelles comp&eacute;tences. Cette standardisation est la condition de la mutualisation et les m&eacute;diateurs de donn&eacute;es la mettent au coeur de leur activit&eacute; en prenant en charge la formation des services producteurs aux standards et &agrave; la structuration des donn&eacute;es.</p> <p>La question des licences refl&egrave;te les h&eacute;sitations qui marquent la naissance de <i>l&rsquo;open data</i> &agrave; travers trois visions sensiblement diff&eacute;rentes : celle de l&rsquo;Open Knowledge Foundation qui d&eacute;finit l&rsquo;<i>open data</i> &agrave; partir des trois crit&egrave;res de la disponibilit&eacute; et l&rsquo;acc&egrave;s, la r&eacute;utilisation et la redistribution, la participation universelle, la seconde qui &laquo; vise &agrave; une ouverture toujours plus large des donn&eacute;es &raquo; (Goetha, 2012), celle des libertaires qui pr&eacute;conise la <i>&laquo; Raw Data now ! &raquo;</i> de Tim Berners-Lee.<i> </i>Dans une logique de communs de la donn&eacute;e, les licences devraient privil&eacute;gier le partage &agrave; l&rsquo;identique, qui est contraire aux int&eacute;r&ecirc;ts commerciaux des entreprises et un frein &agrave; l&rsquo;utilisation des donn&eacute;es ouvertes. La plupart des collectivit&eacute;s territoriales et <i>Open Data</i> France ont donc renonc&eacute; &agrave; adopter des licences trop strictes (OdBL) imposant un partage &agrave; l&rsquo;identique, et fait le choix pragmatique de permettre aux entreprises de privatiser les services produits &agrave; partir des donn&eacute;es ouvertes (licence OL cr&eacute;&eacute;e par Etalab). L&rsquo;adoption de ces licences vise l&rsquo;&eacute;change n&eacute; de la r&eacute;ciprocit&eacute; du besoin d&rsquo;information. Cette r&eacute;ciprocit&eacute; s&rsquo;incarne dans le principe d&rsquo;interop&eacute;rabilit&eacute;.</p> <p>La probl&eacute;matique de l&rsquo;<i>open data</i> a fait &eacute;merger une culture nouvelle qui ne porte plus sur des domaines d&rsquo;information sp&eacute;cialis&eacute;s mais sur une base n&eacute;cessairement commune de traitement de la donn&eacute;e pour offrir son acc&egrave;s, son usabilit&eacute;, sa p&eacute;rennisation, et finalement son &eacute;paisseur. Les donn&eacute;es de faible qualit&eacute; sont inutilisables dans une logique de partage, et l&rsquo;am&eacute;lioration de la qualit&eacute; des donn&eacute;es appara&icirc;t comme une t&acirc;che complexe, collective, qui contraint les services &agrave; travailler de concert, souvent avec un accompagnement qui vient d&rsquo;un m&eacute;diateur ou d&rsquo;un animateur. Les donn&eacute;es de faible qualit&eacute; sont celles qui sont p&eacute;rim&eacute;es, non structur&eacute;es et/ou pas lisibles par machine. La m&eacute;tadonn&eacute;e appara&icirc;t ainsi comme un &eacute;l&eacute;ment pivot de la culture technique de la donn&eacute;e, cristallisant des enjeux de comp&eacute;tence informationnelle. L&rsquo;accompagnement &agrave; la cr&eacute;ation et la structuration de m&eacute;tadonn&eacute;es est essentiel (Ben Abdallah, 2016). Le sch&eacute;ma DCAT qui vise &agrave; normaliser la description des catalogues d&rsquo;informations publiques, maintenu par le W3C, organis&eacute; autour de l&rsquo;utilisation des concepts de catalogue, de jeux de donn&eacute;es, de vocabulaire contr&ocirc;l&eacute;, de cat&eacute;gorie, d&rsquo;agents et de ressources, peut &ecirc;tre mise en avant. Son usage repose sur un travail d&rsquo;indexation &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un vocabulaire contr&ocirc;l&eacute;. Les m&eacute;tadonn&eacute;es sont ainsi un enjeu politique car elles permettent la contextualisation et l&rsquo;interpr&eacute;tation des jeux de donn&eacute;es, essentielles pour comprendre l&rsquo;information. Mais cette dimension documentaire n&rsquo;est pas prise en charge par les services informatiques qui consid&egrave;rent qu&rsquo;elle n&rsquo;entre pas dans leur coeur de m&eacute;tier.</p> <h2><a id="t6"></a>CONCLUSION : ENJEUX ET PERSPECTIVES</h2> <p>Au-del&agrave; de la prise en consid&eacute;ration des risques et de contraintes techniques et &eacute;conomiques fortes, la gouvernance des donn&eacute;es ouvertes interroge la possibilit&eacute; d&rsquo;une participation citoyenne &agrave; la gestion du cycle de vie de l&rsquo;information. Mais cette question du cycle de vie de l&rsquo;information, au coeur des principes de gouvernance de l&rsquo;information dans les entreprises, n&rsquo;appara&icirc;t pas de fa&ccedil;on &eacute;vidente dans les discours, dans les pratiques et dans les normes concernant les donn&eacute;es ouvertes. Elle appelle des formes d&rsquo;explicitation des d&eacute;cisions et des proc&eacute;dures et de responsabilisation aussi bien des acteurs de l&rsquo;ouverture que des usagers des donn&eacute;es. Elle est complexe, en rupture par rapport &agrave; la culture administrative fran&ccedil;aise centralis&eacute;e, et croise des questions qui rel&egrave;vent de l&rsquo;expertise technologique. Des types de l&eacute;gitimit&eacute; contradictoires sont en jeu, l&rsquo;une ax&eacute;e sur la d&eacute;mocratie et le dialogue, l&rsquo;autre sur l&rsquo;expertise technique et l&rsquo;efficacit&eacute;.</p> <p>La gouvernance des donn&eacute;es ouvertes est intimement m&ecirc;l&eacute;e &agrave; la construction d&rsquo;une culture plurielle (Liqu&egrave;te, 2017) de la donn&eacute;e, &agrave; la fois en interne dans les organisations, et du c&ocirc;t&eacute; des usagers. Elle soul&egrave;ve des questions culturelles li&eacute;es &agrave; des savoirs, des pratiques, des valeurs et des repr&eacute;sentations partag&eacute;s. Si la participation est valoris&eacute;e, cette dimension culturelle devient centrale. La capacit&eacute; &agrave; se saisir des donn&eacute;es ouvertes (de m&ecirc;me que des donn&eacute;es personnelles) d&eacute;pend de la formation des individus, et de la culture qu&rsquo;ils ont pu construire dans leur parcours de formation et des espaces sociaux associatifs, familiaux, amicaux ou professionnels. L&rsquo;efficacit&eacute; d&rsquo;une gouvernance ouverte ne peut faire l&rsquo;&eacute;conomie de consid&eacute;rations &eacute;ducatives, pas plus que l&rsquo;&eacute;ducation ne peut ignorer la question de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es.</p> <h2><a id="t7"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Ben Adballah, N. (2016). Sch&eacute;ma de m&eacute;tadonn&eacute;es pour les Open data : quelles fonctions et quelle harmonisation ? 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