<p><strong>Abstract :</strong> The concept of Big Data raises many questions on its adoption. Some are technological and human, and to date largely answered. According to Walker (2015), the Big Data phenomenon is now mature and raises new questions, notably on how to leverage these voluminous data. The value derived from Big Data differs from one company to another, depending on the aim and the use that is made of it. Some organizations emphasize automation systems and algorithms to exploit their data (Davenport, 2014; B&eacute;navent, 2014). Others add Big Data technologies to existing systems to improve the performance of their organization. There are therefore several approaches to the use of Big Data by companies (B&eacute;navent 2014). What are the nature and extent of the organizational transformations required by each of these approaches? In this contribution, we try to answer this question, based on an original database that we have built, of 46 Big Data projects of American, European and Asian companies from different sectors of activity.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong> Big Data, Use patterns, Strategy, Organizational transformation&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Le Big Data a connu une forte m&eacute;diatisation durant ces derni&egrave;res ann&eacute;es, et suscite de nombreuses questions sur son appropriation. Pourtant la gestion de donn&eacute;es massives n&rsquo;est&nbsp; plus une nouveaut&eacute; pour les entreprises. Selon Sedkaoui et Monino (2016), l&rsquo;engouement port&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du Big Data s&rsquo;est accentu&eacute; depuis la publication de plusieurs rapports par le<em> McKinsey Institute</em>, en 2010 et 2011, sur ce sujet des m&eacute;gadonn&eacute;es.&nbsp;</p> <p>Mais au del&agrave; d&rsquo;un simple ph&eacute;nom&egrave;ne de mode, il faut comprendre que ce qui suscite tant d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour le Big Data, c&rsquo;est ce qui en fait sa particularit&eacute;. Il s&rsquo;agit en premier lieu de ses caract&eacute;ristiques, les 3V&nbsp;: Volume, Vari&eacute;t&eacute; et V&eacute;locit&eacute;. Ces caract&eacute;ristiques sont diff&eacute;rentes de celles connues &agrave; ce jour dans la gestion des bases de donn&eacute;es classiques. A ce propos, Davenport et al (2012) note que ce qui distingue les m&eacute;gadonn&eacute;es, ce n&rsquo;est pas tant leur volume imposant, mais le manque de structure de celles-ci, le flux constant de leur production, ainsi que les m&eacute;thodes d&rsquo;analyses qu&rsquo;elles requi&egrave;rent.&nbsp;</p> <p>L&rsquo;originalit&eacute; du Big Data, r&eacute;side &eacute;galement dans ses apports sans pr&eacute;c&eacute;dents. Selon Walker (2015) les solutions technologiques et humaines du Big Data &eacute;tant en grande partie ma&icirc;tris&eacute;es, la question prioritaire &agrave; traiter est comment valoriser ces m&eacute;gadonn&eacute;es. Il note &agrave; ce propos que le d&eacute;veloppement des entreprises d&rsquo;aujourd&rsquo;hui provient surtout de la cr&eacute;ation et du management d&rsquo;actifs des donn&eacute;es, et non d&rsquo;actifs physiques. Ce besoin de d&eacute;velopper de nouveaux mod&egrave;les orient&eacute;s par la valeur et l&rsquo;apport des m&eacute;gadonn&eacute;es a &eacute;t&eacute; not&eacute; par de nombreux autres auteurs (Davenport, 2014&nbsp;; B&eacute;navent, 2014; Vossen, 2014&nbsp;; Brynjolfsson et McAfee, 2012&nbsp;; Bughin et alii, 2011).</p> <p>D&eacute;velopper le Big Data dans son entreprise renvoie &agrave; la question de l&rsquo;adoption d&rsquo;une nouvelle technologie (Besson et Rowe, 2011&nbsp;; B&eacute;navent, 2014&nbsp;; Ciborra et Lanzana, 1999). Cette question est amplifi&eacute;e par l&rsquo;aspect exp&eacute;rimental du ph&eacute;nom&egrave;ne. Dans une enqu&ecirc;te men&eacute;e aupr&egrave;s de grandes entreprises, Davenport et Dichey (2013) soulignent que 41% des entreprises n&rsquo;ont pas de strat&eacute;gie claire en mati&egrave;re de Big Data. Ils soul&egrave;vent &eacute;galement un certain nombre de questions, en particulier les suivantes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les grandes donn&eacute;es doivent-elles &ecirc;tre dirig&eacute;es vers des personnes ou des machines&nbsp;? Les donn&eacute;es les plus importantes concernent-elles les clients ou les op&eacute;rations&nbsp;?&raquo;.</p> <p>Les r&eacute;ponses diff&egrave;rent sans doute selon le type de projet Big Data d&eacute;velopp&eacute; par l&rsquo;entreprise. A cet &eacute;gard, comment d&eacute;finir son projet Big Data&nbsp;? Quelle orientation lui donner&nbsp;? Nous souhaitons dans cet article contribuer &agrave; apporter des r&eacute;ponses sur les formes possibles de l&rsquo;insertion du Big Data dans l&rsquo;organisation. Quelles sont la nature et l&rsquo;ampleur des transformations organisationnelles requises pour chacun de ces projets ?&nbsp; Nous tentons de r&eacute;pondre &agrave; cette question, &agrave; partir d&rsquo;une base de donn&eacute;es originale de 46 projets Big Data que nous avons constitu&eacute;e, d&rsquo;entreprises am&eacute;ricaines, europ&eacute;ennes et asiatiques issues de diff&eacute;rents secteurs d&rsquo;activit&eacute;.</p> <p>Pour r&eacute;pondre &agrave; la question de la nature et de l&rsquo;ampleur des transformations organisationnelles requises par le Big Data, nous allons dans un premier temps, faire un bref examen des travaux r&eacute;alis&eacute;s en lien avec ce th&egrave;me. Nous mettrons l&rsquo;accent sur les relations entre organisations et technologies de l&rsquo;information. Nous pr&eacute;sentons ensuite notre &eacute;tude empirique &agrave; partir de la construction d&rsquo;une base de donn&eacute;es de 46 projets Big Data, &agrave; travers laquelle nous &eacute;tudions les degr&eacute;s de transformations organisationnelles occasionn&eacute;es.</p> <h2><a id="t2"></a>BIG DATA ET TRANSFORMATIONS ORGANISATIONNELLES - UN &Eacute;TAT DE L&rsquo;ART</h2> <p>Pour d&eacute;finir le concept de Big Data, on retrouve souvent le sigle 3V&nbsp;: Volume, Vari&eacute;t&eacute; et Vitesse. L&rsquo;aspect volum&eacute;trique du Big Data fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;importante quantit&eacute; de donn&eacute;es produites et consomm&eacute;es, mais aussi aux solutions disponibles permettant de g&eacute;rer ces volumes. Le rythme c&eacute;l&egrave;re auquel ces donn&eacute;es sont g&eacute;n&eacute;r&eacute;es est appel&eacute; <em>V&eacute;locit&eacute;</em>, c&rsquo;est une source de diff&eacute;rentiation tr&egrave;s pris&eacute;e par les entreprises. En effet, r&eacute;pondre en temps-r&eacute;el &agrave; ses clients peut g&eacute;n&eacute;rer un r&eacute;el avantage concurrentiel. Concernant la Vari&eacute;t&eacute;, cet attribut est le r&eacute;sultat de l&rsquo;importante diversit&eacute; des formats de donn&eacute;es r&eacute;colt&eacute;es depuis les diff&eacute;rentes sources que sont les tablettes, les smartphones, les objets connect&eacute;s, etc.&nbsp;</p> <p>Ces caract&eacute;ristiques des 3V distinguent le concept de Big Data,&nbsp; car la question de la gestion des donn&eacute;es massives n&rsquo;est pas une nouveaut&eacute; pour les entreprises. A ce propos Davenport (2014) note que ce qui fait la particularit&eacute; du Big Data, ce n&rsquo;est pas tant leur volume imposant que le manque de structure de celles-ci, le flux constant de production des donn&eacute;es, ainsi que les m&eacute;thodes d&rsquo;analyses qu&rsquo;elles requi&egrave;rent, diff&eacute;rentes de celles de l&rsquo;analytique classique.</p> <p>L&rsquo;attrait du Big Data pris&eacute; pour les entreprises ne r&eacute;side pas tant dans les donn&eacute;es elles m&ecirc;mes et leurs volumes, que dans la valeur qu&rsquo;on peut en tirer apr&egrave;s transformation. Cette valeur peut prendre diff&eacute;rentes formes&nbsp;: des informations auxquelles l&rsquo;entreprise n&rsquo;avait pas acc&egrave;s avant, une meilleure prise de d&eacute;cision, ou de nouveaux produits et services offerts &agrave; travers les donn&eacute;es (Davenport, 2014&nbsp;; B&eacute;navent, 2014&nbsp;; Hartmann et al, 2014)</p> <p>De nombreux exemples d&rsquo;entreprises ayant tir&eacute; profit du Big Data sont cit&eacute;s dans la litt&eacute;rature acad&eacute;mique et professionnelle (The Economist, 2010&nbsp;; Brynjolfsson et al, 2012&nbsp;; Hagen et al, 2013&nbsp;; Davenport, 2014). Ainsi Walmart, entreprise am&eacute;ricaine sp&eacute;cialis&eacute;e dans la grande distribution, modifie le mod&egrave;le d&rsquo;affaires de ce secteur par ses usages des technologies du Big Data. L&rsquo;enseigne met en place un syst&egrave;me de gestion des stocks permettant &agrave; ses fournisseurs de suivre &agrave; tout moment, et dans tous ses magasins, l&rsquo;&eacute;tat de stock de leurs produits.&nbsp; Ou encore Cablecom, un op&eacute;rateur t&eacute;l&eacute;com suisse, est parvenu &agrave; faire baisser le taux d&rsquo;attrition de ses clients de 25% &agrave; 5%, gr&acirc;ce aux analyses des donn&eacute;es massives (The Economist, 2010).</p> <p>Le Big Data est souvent caract&eacute;ris&eacute; par son aspect exp&eacute;rimental. En effet, les technologies impliqu&eacute;es &eacute;tant nouvelles, de nombreuses entreprises se lancent dans des projets Big Data en mode exp&eacute;rimentation, afin d&rsquo;estimer l&rsquo;opportunit&eacute; d&rsquo;investir en masse dans ces technologies (Hagen et al, 2013&nbsp;; Bughin et al, 2010&nbsp;; Davenport, 2014). Il existe clairement un manque de visibilit&eacute; sur les transformations pouvant &ecirc;tre engendr&eacute;es ou requises par le Big Data. A ce propos Davenport (2014) note&nbsp;: &laquo;&nbsp;La jeunesse du Big Data ne nous permet pas encore de percevoir pr&eacute;cis&eacute;ment les transformations organisationnelles induites. Les premiers r&eacute;sultats obtenus dans les grandes entreprises sugg&egrave;rent que les grandes donn&eacute;es seront associ&eacute;es aux donn&eacute;es et aux groupes d&rsquo;analyses existants, mais cela pourrait &eacute;voluer au cours des prochaines ann&eacute;es&raquo;</p> <p>&nbsp;Les transformations produites par le Big Data peuvent &ecirc;tre envisag&eacute;es &agrave; diff&eacute;rents niveaux, celui par exemple des nouveaux mod&egrave;les d&rsquo;affaires pour les entreprises, ou celui des grandes missions des Etats. Pour ce qui est des entreprises, les transformations sont notamment&nbsp; d&rsquo;ordre organisationnel&nbsp;: il s&rsquo;agit alors de mettre en place de nouvelles structures et de nouveaux modes de management, voire de nouvelles cultures adapt&eacute;es aux besoins et aux potentialit&eacute;s du Big Data.&nbsp;</p> <p>Dans la litt&eacute;rature, il existe peu de travaux consacr&eacute;s au sujet de la transformation organisationnelle qu&rsquo;implique le Big Data.&nbsp; Les auteurs ayant trait&eacute; cette question abordent le sujet sous diff&eacute;rents angles. Par exemple Brynjolfsson et McAfee (2012) parlent de data driven business concernant les transformations des modes de prise de d&eacute;cision des managers. Il est question de prendre des d&eacute;cisions en se basant sur les analyses et les donn&eacute;es du Big Data, et moins sur l&rsquo;intuition. Les auteurs ont d&rsquo;ailleurs men&eacute; une &eacute;tude aupr&egrave;s d&rsquo;entreprises ayant emprunt&eacute; ce type de d&eacute;marche. Les r&eacute;sultats obtenus mentionnent que les entreprises de type data-driven sont plus productives (de 5%) et ont plus de profits (6%) que leurs concurrents.</p> <p>Davenport (2014) souligne la n&eacute;cessit&eacute; de s&rsquo;adapter aux changements des processus technologiques, du management, et de la culture de l&rsquo;entreprise. Par exemple pour le traitement des donn&eacute;es du Big Data, l&rsquo;auteur note le besoin de recruter de nouveaux profils, des data-scientist, capables de manipuler, analyser, d&eacute;velopper des applications &agrave; partir de ces grandes masses de donn&eacute;es, et communiquer des r&eacute;sultats. Il est aussi question de s&rsquo;orienter vers plus d&rsquo;agilit&eacute; dans les approches de traitements de donn&eacute;es, et d&rsquo;int&eacute;grer plus de donn&eacute;es externes, en plus des donn&eacute;es historiques internes de l&rsquo;entreprise.</p> <p>Pour sa part Vossen (2014) note qu&rsquo;il n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire de mettre en place une architecture sp&eacute;cifique aux besoins du Big Data. L&rsquo;auteur pr&eacute;conise dans ce cas, de mobiliser les nouvelles solutions technologiques disponibles sur le march&eacute;. Celles-ci sont alors int&eacute;gr&eacute;es aux syst&egrave;mes op&eacute;rationnels existants, en alignement avec la strat&eacute;gie et l&rsquo;architecture syst&egrave;me de&nbsp; l&rsquo;entreprise.</p> <p>Dans la litt&eacute;rature des organisations, de nombreux auteurs mobilisent des travaux qui s&rsquo;inscrivent dans la th&eacute;orie de la contingence structurelle (Lawrence et Lorsch, 1967), selon laquelle la structure organisationnelle d&rsquo;une entreprise doit s&rsquo;adapter &agrave; l&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;environnement dans lequel elle se trouve. Par exemple, Mintzberg (1990) parle de configurations organisationnelles pour d&eacute;signer qu&rsquo;il n&rsquo;existe pas un seul type d&rsquo;organisation adapt&eacute; &agrave; toutes les entreprises. Ces configurations sont le r&eacute;sultat de combinaisons sp&eacute;cifiques d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;attributs: &laquo;&nbsp;les parties composantes de l&rsquo;organisation, les m&eacute;canismes de coordination de leur travail, et les facteurs de contingence (&acirc;ge et taille de l&rsquo;entreprise, technologies de l&rsquo;entreprise, etc.) &nbsp;&raquo;.</p> <p>Dans l&rsquo;environnement du Big Data, B&eacute;navent (2014) &eacute;voque aussi cette notion de contingence structurelle, en soulignant qu&rsquo;il n&rsquo;existe pas une seule fa&ccedil;on de faire ou un seule type d&rsquo;organisation pour le Big Data. L&rsquo;auteur distingue quatre mod&egrave;les d&rsquo;usage pour les entreprises mobilisant des projets Big Data (Tableau.1). Ces mod&egrave;les sont le r&eacute;sultat de combinaisons sp&eacute;cifiques des ressources et comp&eacute;tences mobilis&eacute;es par ces projets, du degr&eacute; de transformation organisationnelle engendr&eacute;e, ainsi que de la finalit&eacute; d&rsquo;usage esp&eacute;r&eacute;e. Cette derni&egrave;re peut &ecirc;tre: am&eacute;liorer la connaissance, am&eacute;liorer les prises de d&eacute;cision, automatiser les activit&eacute;s, ou cr&eacute;er de nouveaux produits et services.</p> <p>Ainsi, une entreprise dont le projet Big Data cherche &agrave; am&eacute;liorer ses connaissances n&rsquo;exige pas, selon B&eacute;navent (2014), de changements particuliers de son organisation, et mobilise des comp&eacute;tences de type &laquo;&nbsp;analystes des donn&eacute;es&nbsp;&raquo;. Par ailleurs, un projet dont l&rsquo;objectif est d&rsquo;automatiser des t&acirc;ches ou une activit&eacute; de l&rsquo;entreprise n&eacute;cessite des d&eacute;veloppements informatiques importants, sans modifier toutefois son organisation en profondeur. De ce fait l&rsquo;entreprise doit surtout r&eacute;unir des comp&eacute;tences d&rsquo;ing&eacute;nieurs sp&eacute;cialis&eacute;s dans les d&eacute;veloppements technologiques. La cr&eacute;ation de services nouveaux &agrave; partir du Big data, y compris dans la logique de l&rsquo;&eacute;conomie du partage, requiert au contraire de transformer profond&eacute;ment l&rsquo;organisation qui va le produire (Tableau 1).</p> <p>&nbsp;</p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="93"><b>Mod&egrave;le</b></td> <td valign="top" width="120"><b>Finalit&eacute;</b></td> <td valign="top" width="128"><b>Comp&eacute;tences requises</b></td> <td valign="top" width="88"><b>Transformation de l&rsquo;organisation</b></td> </tr> <tr> <td valign="top" width="93"><b>Connaissance</b></td> <td valign="top" width="120">Am&eacute;lioration des &eacute;tudes</td> <td valign="top" width="128">Data_scientist</td> <td valign="top" width="88">Non</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="93"><b>Automatisation</b></td> <td valign="top" width="120">Gain de productivit&eacute;, r&eacute;duction de co&ucirc;ts</td> <td valign="top" width="128">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td valign="top" width="88">Oui</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="93"><b>Empowerment</b></td> <td valign="top" width="120">Renseignement, aide &agrave; la d&eacute;cision</td> <td valign="top" width="128">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes, Marketeurs</td> <td valign="top" width="88">Oui</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="93"><b>Services</b></td> <td valign="top" width="120">Cr&eacute;ation de services, consommation collaborative</td> <td valign="top" width="128">Diversifi&eacute;es</td> <td valign="top" width="88">Oui</td> </tr> </tbody> </table> <p><em>Tableau 1&nbsp;: Typologie des mod&egrave;les d&#39;usage du Big Data selon B&eacute;navent (2014)</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>La question de la transformation organisationnelle a souvent &eacute;t&eacute; abord&eacute;e dans la litt&eacute;rature du management des syst&egrave;mes d&rsquo;information (Venkatraman et al, 1999&nbsp;; Daft 2010&nbsp;; Besson et Rowe, 2011). Selon ces diff&eacute;rents auteurs, les changements importants survenus dans les organisations durant ces deux derni&egrave;res d&eacute;cennies, sont li&eacute;s aux technologies. Cela s&rsquo;explique par l&rsquo;usage croissant des solutions telles que les progiciels de gestion, et surtout par l&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;Internet.&nbsp;</p> <p>En citant diff&eacute;rents auteurs de cette litt&eacute;rature, Besson et Rowe (2011) &eacute;voquent trois types d&rsquo;actions de transformations&nbsp;possibles par les technologies: (1) une transformation radicale qui modifie en profondeur les processus et les affaires de l&rsquo;entreprise (Venkatraman, 1994), (2) une transformation dite &laquo;&nbsp;de bricolage&nbsp;&raquo; qui int&egrave;gre en continu des r&eacute;glages et des solutions aux probl&egrave;mes rencontr&eacute;s lors du d&eacute;ploiement de la technologie sur le terrain (Ciborra, 1992), et (3) une transformation permanente et volontaire inspir&eacute;e par la nature m&ecirc;me de l&rsquo;entreprise b&acirc;tie sur les technologies de l&rsquo;information (Janson et al, 1997). Le Big Data &eacute;tant en grande partie un nouveau ph&eacute;nom&egrave;ne technologique, B&eacute;navent (2014), en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Ciborra et Lanzara (1994), &nbsp;souligne la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;adapter l&rsquo;organisation de l&rsquo;entreprise aux besoins des technologies du Big Data.</p> <p>Afin de comprendre ce qui caract&eacute;rise une transformation organisationnelle, il faut rappeler ce qu&rsquo;est une organisation. Mintzberg (1982) fait r&eacute;f&eacute;rence aux deux fondements essentiels&nbsp;que sont division/sp&eacute;cialisation et coordination pour d&eacute;finir l&rsquo;organisation. Pour lui, la structure organisationnelle est: &laquo;la somme totale des moyens utilis&eacute;s pour diviser le travail entre t&acirc;ches distinctes et pour assurer la coordination n&eacute;cessaire entre ces t&acirc;ches&raquo;. On peut ainsi consid&eacute;rer qu&rsquo;une transformation organisationnelle se produit, si des modifications surviennent au niveau de la division des t&acirc;ches, ou au niveau de leur coordination.</p> <p>De ce point de vue, et en ligne avec les types de transformation identifi&eacute;s par Besson et Rowe (2011), il semble clair que certains projets Big Data, parmi les plus connus, se caract&eacute;risent par un changement radical de l&rsquo;organisation, comme le cas Rolls Royce dans ses usines a&eacute;ronautiques, dont nous reparlerons plus loin. D&rsquo;autres projets s&rsquo;inscrivent plut&ocirc;t dans la logique d&rsquo;&eacute;volution permanente de l&rsquo;organisation en fonction des solutions technologiques mises en place. Quelles sont la nature et l&rsquo;ampleur des transformations organisationnelles requises par les diff&eacute;rents types de projets Big-data ? Pour pr&eacute;ciser cette question, notre d&eacute;marche empirique sera fond&eacute;e sur la construction d&rsquo;une base de donn&eacute;es de 46 projets Big Data.</p> <h2><a id="t3"></a>DEMARCHE EMPIRIQUE</h2> <p>Pour r&eacute;pondre &agrave; notre question de recherche,&nbsp;nous nous sommes appuy&eacute;s sur une m&eacute;thodologie de recherche qualitative par &eacute;tude de cas. Cette derni&egrave;re est adapt&eacute;e &agrave; notre champ de recherche, de nature exploratoire (Yin, 2009; Simon &amp; Cassel, 2012&nbsp;; Dumez, 2012).</p> <p>Notre m&eacute;thode repose sur l&rsquo;identification d&rsquo;un certain nombre de projets d&rsquo;envergure en mati&egrave;re de Big Data, 46 pr&eacute;cis&eacute;ment ici. Nous avons r&eacute;uni sur ces diff&eacute;rents projets un ensemble d&rsquo;informations &agrave; partir de sources diverses. Chaque projet repr&eacute;sente une &eacute;tude de cas &agrave; part enti&egrave;re, dans laquelle nous avons tent&eacute; de comprendre quels usages sont faits du Big Data, quelles strat&eacute;gies ont &eacute;t&eacute; retenues, et quelles tendances semblent se dessiner.</p> <p>Concernant la collecte des donn&eacute;es, nous avons identifi&eacute; des projets Big Data, d&eacute;ploy&eacute;s ou en cours de d&eacute;ploiement, dans des organisations issues de tous types de secteurs d&rsquo;activit&eacute;. Notre recherche couvre plusieurs pays, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis principalement, mais aussi des pays d&rsquo;Asie, le Japon et la Chine pour l&rsquo;essentiel. Notre &eacute;chantillon offre une large vari&eacute;t&eacute; de projets Big Data, respectant &agrave; la fois les crit&egrave;res de diversit&eacute; et de saturation attendus dans ce type de recherche qualitative (Symon et Cassel, 2012).</p> <p>Nos sources de donn&eacute;es sont vari&eacute;es. Il s&rsquo;agit principalement des revues professionnelles, de divers sites web, de divers blogs, ainsi que des livres ou des articles acad&eacute;miques. Nous avons recoup&eacute; autant que faire se peut ces diff&eacute;rentes sources pour chacun des projets, de fa&ccedil;on &agrave; s&rsquo;assurer de la fiabilit&eacute; de l&rsquo;information que nous retenions, en &eacute;vitant les biais li&eacute;s &agrave; telle ou telle source, et afin d&rsquo;acqu&eacute;rir une compr&eacute;hension plus solide de chaque projet (Gagnon, 2012; Yin, 2009). Nous n&rsquo;avons pas retenu les projets sur lesquels nous n&rsquo;avions que trop peu d&rsquo;information, ou ceux sur lesquels nous n&rsquo;avions que trop peu de sources d&rsquo;information, ce qui rendait difficiles les recoupements.</p> <p>Pour chaque cas &eacute;tudi&eacute;, nous avons analys&eacute; les donn&eacute;es issues des diff&eacute;rentes sources, et nous sommes assur&eacute;s de la concordance des informations (triangulation). Nous avons ensuite cr&eacute;&eacute; une base de donn&eacute;es dans laquelle nous regroupons l&rsquo;ensemble des cas &eacute;tudi&eacute;s. Chaque entr&eacute;e de la base de donn&eacute;es repr&eacute;sente un cas, renseign&eacute; et class&eacute; selon les diff&eacute;rentes variables permettant de d&eacute;crire&nbsp; chacun des projets, telles que sa dimension (&eacute;chelle locale ou globale), son ann&eacute;e de mise en &oelig;uvre, un bref descriptif du projet lui-m&ecirc;me, et son apport &agrave; l&rsquo;activit&eacute; de l&rsquo;entreprise. Nous avons &eacute;galement renseign&eacute; les variables nom de l&rsquo;entreprise, secteur d&rsquo;activit&eacute;, le pays d&rsquo;origine de l&rsquo;entreprise et celui du projet.</p> <p>Pour le traitement des donn&eacute;es collect&eacute;es, nous avons eu recours &agrave; la m&eacute;thode du codage th&eacute;orique. En s&rsquo;inspirant de certains d&eacute;veloppements th&eacute;oriques soigneusement choisis, cette m&eacute;thode nous permet de d&eacute;limiter les variables susceptibles d&rsquo;aider &agrave; formuler la r&eacute;ponse &agrave; notre question de recherche. Un codage pur &eacute;manant directement du mat&eacute;riau aurait &eacute;t&eacute; difficile &agrave; r&eacute;aliser dans ce contexte exploratoire, en donnant lieu &agrave; une quantit&eacute; d&rsquo;information plus importante et des r&eacute;sultats trop g&eacute;n&eacute;raux (Eisenhardht, 1989).</p> <p>Nous avons donc dans un premiers temps identifi&eacute; les diff&eacute;rentes variables de codification, que nous avons mobilis&eacute;es. Ces variables sont d&eacute;finies &agrave; partir des concepts th&eacute;oriques des mod&egrave;les d&rsquo;usage du Big Data (B&eacute;navent, 2014) et des th&eacute;ories de transformations organisationnelles li&eacute;es aux TIC (Besson et Rowe, 2011).</p> <p>Rappelons que B&eacute;navent (2014) sugg&egrave;re qu&rsquo;il n&rsquo;existe pas une configuration unique pour la mobilisation du Big Data. Il note que chaque projet implique des modalit&eacute;s sp&eacute;cifiques de trois variables cl&eacute;s que sont&nbsp;: les comp&eacute;tences et les ressources mobilis&eacute;es, la finalit&eacute; d&rsquo;usage du Big Data et la transformation organisationnelle requise. Ainsi, pour construire notre base de donn&eacute;es, nous avons dans un premier temps identifi&eacute; les modalit&eacute;s possibles de ces variables. Il s&rsquo;agissait donc de choisir, dans une logique de codification, les modalit&eacute;s permettant de pr&eacute;ciser la finalit&eacute; du projet, les comp&eacute;tences mobilis&eacute;es, et la transformation de l&rsquo;organisation</p> <p>Concernant la finalit&eacute;, nous avons vu que l&rsquo;objectif de l&rsquo;utilisation des donn&eacute;es diff&egrave;re d&rsquo;un projet &agrave; un autre. Cela peut &ecirc;tre l&rsquo;am&eacute;lioration des &eacute;tudes dans le cas du mod&egrave;le de la connaissance, ou la r&eacute;duction des co&ucirc;ts et l&rsquo;am&eacute;lioration des gains de productivit&eacute; dans le cas du mod&egrave;le de l&rsquo;automatisation. Dans le mod&egrave;le de l&rsquo;empowerment, l&rsquo;objectif est de renseigner les utilisateurs et de les aider dans leur prise de d&eacute;cisions. Enfin, les finalit&eacute;s d&rsquo;usage dans le mod&egrave;le des plateformes sont la cr&eacute;ation de services et la consommation collaborative. Par cons&eacute;quent, nous d&eacute;cidions d&rsquo;affecter pour chaque projet &agrave; la variable &laquo;&nbsp;finalit&eacute;&nbsp;&raquo; l&rsquo;une des quatre modalit&eacute;s suivantes : am&eacute;lioration_&eacute;tudes, gain_productivit&eacute;, aide_d&eacute;cision, cr&eacute;ation_services,</p> <p>Ensuite, dans le cas d&rsquo;un projet Big Data, on peut sans doute consid&eacute;rer plusieurs types de comp&eacute;tences et ressources mobilis&eacute;es. Concernant les ressources, les donn&eacute;es du Big Data par exemple, ou les algorithmes d&eacute;velopp&eacute;s pour les exploiter peuvent &ecirc;tre cit&eacute;s. On retrouve aussi des comp&eacute;tences diversifi&eacute;es, celles qui tournent autour de m&eacute;tiers permettant d&rsquo;exploiter les donn&eacute;es, tels que les m&eacute;tiers d&rsquo;ing&eacute;nieurs mobilis&eacute;s pour le d&eacute;veloppement des projets Big Data, ou de data-scientist assurant notamment l&rsquo;analyse des donn&eacute;es g&eacute;n&eacute;r&eacute;es (B&eacute;navent, 2014).</p> <p>Ces profils diff&egrave;rent selon le type de projet, plus pr&eacute;cis&eacute;ment selon les modalit&eacute;s de la variable pr&eacute;c&eacute;dente, la finalit&eacute;. Ainsi, dans un projet dont la finalit&eacute; est d&rsquo;apporter plus de connaissance, on retrouve une dominante de profils de data-scientist, ou d&rsquo;analystes chevronn&eacute;s des m&eacute;ga-donn&eacute;es dans leur domaine d&rsquo;utilisation. Un projet dont la finalit&eacute; est de cr&eacute;er des services n&eacute;cessite des profils vari&eacute;s de juristes, d&rsquo;analystes, et d&rsquo;informaticiens, etc. Par ailleurs, les projets qui s&rsquo;inscrivent dans des mod&egrave;les d&rsquo;automatisation ou d&rsquo;empowerment mobilisent des profils surtout techniques, tels que les d&eacute;veloppeurs et les ing&eacute;nieurs en syst&egrave;mes d&rsquo;information. Par cons&eacute;quent, nous d&eacute;signons pour cette variable &laquo;&nbsp;des ressources et des comp&eacute;tences mobilis&eacute;es&nbsp;&raquo; les modalit&eacute;s suivantes&nbsp;: data-scientist, ing&eacute;nieurs sp&eacute;cialis&eacute;s, et comp&eacute;tences diversifi&eacute;es.</p> <p>Concernant la transformation de l&rsquo;organisation&nbsp;: Certains projets Big Data exigent de revoir l&rsquo;organisation de l&rsquo;entreprise, alors que d&rsquo;autres s&rsquo;ajoutent et s&rsquo;int&egrave;grent &agrave; l&rsquo;organisation existante, sans besoin de r&eacute;forme majeure. Ainsi, dans la typologie des quatre mod&egrave;les d&rsquo;usages de B&eacute;navent (2014), l&rsquo;auteur souligne qu&rsquo;un mod&egrave;le tel que celui de la connaissance, n&rsquo;engendre pas des changements consid&eacute;rables, si ce n&rsquo;est une am&eacute;lioration incr&eacute;mentale des processus existants. Tandis que des mod&egrave;les comme celui de l&rsquo;automatisation, de l&rsquo;empowerment ou des plateformes, contribuent &agrave; la transformation d&rsquo;un point de vue organisation du travail et usages. Concernant cette variable, elle peut donc prendre deux modalit&eacute;s dans la typologie de B&eacute;navent (2014) : &laquo;&nbsp;transformation_organisation&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;pas de transformation&nbsp;&raquo;.</p> <p>Rappelons, par ailleurs, que Besson (2011) consid&egrave;re qu&rsquo;il existe trois types de transformations possibles dans le cadre de l&rsquo;int&eacute;gration de nouvelles technologies par les entreprises, transformation radicale de l&rsquo;organisation, &laquo;&nbsp;bricolage.&nbsp;&raquo;, et transformation continue. Dans l&rsquo;examen de nos donn&eacute;es, nous avons jug&eacute; pour notre part utile de pr&eacute;ciser les modalit&eacute;s de la variable de transformation organisationnelle, en retenant trois degr&eacute;s possibles. Il est ainsi question d&rsquo;aucune transformation pour certains projets Big Data, en fait ceux dont la finalit&eacute; est d&rsquo;am&eacute;liorer la connaissance de l&rsquo;entreprise et ses process existants. Les projets op&eacute;r&eacute;s via des bricolages et des am&eacute;liorations continues n&rsquo;exigent pas de transformation profonde&nbsp;;&nbsp; on parle dans ce cas d&rsquo;&laquo;&nbsp;adaptation de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo;. Enfin, certains projets, innovants pour la plupart, n&eacute;cessitent et engendrent de profonds changements de l&rsquo;organisation&nbsp;; nous codifierons alors par la modalit&eacute; &laquo;&nbsp;transformation&nbsp;&raquo;.</p> <p>Nous avons donc identifi&eacute; pour cette variable de la transformation_organisationnelle, trois modalit&eacute;s&nbsp;: pas de transformation, adaptation de l&rsquo;organisation, et transformation de l&rsquo;organisation. Mais afin de d&eacute;terminer le type de transformation organisationnelle requise pour chacun des projets Big Data, nous avons pris en compte les deux composantes essentielles de la d&eacute;finition de l&rsquo;organisation&nbsp;que sont la division des t&acirc;ches et leur coordination (Mintzberg, 1982). On consid&egrave;re ainsi qu&rsquo;il y a une transformation organisationnelle s&rsquo;il y a transformation dans la division des t&acirc;ches et/ou leur coordination. Nous avons de ce fait identifi&eacute; les variables &laquo;&nbsp;transformation division t&acirc;ches&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;transformation coordination t&acirc;ches&nbsp;&raquo; afin de caract&eacute;riser le type de transformation requise par un projet Big Data. Chacune de ces deux variables peut prendre trois modalit&eacute;s&nbsp;: (1) &laquo;&nbsp;non&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas de transformation au niveau de la division des t&acirc;ches ou de la coordination des t&acirc;ches, (2) &laquo;&nbsp;un peu&nbsp;&raquo;, pour indiquer qu&rsquo;une transformation, peu importante, est observ&eacute;e au niveau de la division des t&acirc;ches ou au niveau de leur coordination, et enfin (3) la modalit&eacute; &laquo;&nbsp;beaucoup&nbsp;&raquo;, pour d&eacute;signer une importante transformation au niveau de la division des t&acirc;ches ou dans leur coordination.</p> <p>Au total, nous consid&eacute;rons ainsi qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas de transformation organisationnelle pour un projet Big Data, s&rsquo;il n&rsquo;y a ni transformation au niveau de la division des t&acirc;ches, ni dans leur coordination, c&rsquo;est &agrave; dire que les modalit&eacute;s des deux variables &laquo;&nbsp;transformation division t&acirc;ches&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;transformation coordination t&acirc;ches&nbsp;&raquo; indiquent &laquo;&nbsp;non&nbsp;&raquo;. L&rsquo;adaptation organisationnelle est not&eacute;e si une ou les deux modalit&eacute;s des variables &laquo;&nbsp;transformation division t&acirc;ches&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;transformation coordination t&acirc;ches&nbsp;&raquo; d&eacute;signent qu&rsquo;il y a &laquo;&nbsp;un peu&nbsp;&raquo; de transformation. Nous estimons enfin qu&rsquo;il y a transformation organisationnelle si une ou les deux modalit&eacute;s des variables &laquo;&nbsp;transformation division t&acirc;ches&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;transformation coordination t&acirc;ches&nbsp;&raquo; indiquent &laquo;&nbsp;beaucoup&nbsp;&raquo; de transformation.</p> <h2><a id="t4"></a>ANALYSE DES RESULTATS&nbsp;ET DISCUSSION</h2> <p>Sur les 46 cas &eacute;tudi&eacute;s dans notre base de donn&eacute;es, nous avons pu classer sans grande difficult&eacute; les diff&eacute;rents projets Big Data selon chacun des mod&egrave;les de la typologie propos&eacute;e par B&eacute;navent (2014). Cela-dit, concernant le volet de la transformation organisationnelle, notre codification, par souci de pr&eacute;cision, distingue trois modalit&eacute;s et non deux. Nous avons ainsi r&eacute;pertori&eacute; 10 projets &laquo;&nbsp;sans transformation organisationnelle&nbsp;&raquo;, 15 projets avec &laquo;&nbsp;adaptation de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo;, et 21 projets avec &laquo;&nbsp;transformation organisationnelle&nbsp;&raquo; (Tableau 2).</p> <p>Sur les projets Big Data sans transformation organisationnelle, nous pouvons citer l&rsquo;exemple de la chaine M6 TV, qui mobilise les m&eacute;gadonn&eacute;es pour am&eacute;liorer l&rsquo;efficacit&eacute; des campagnes publicitaires de ses clients (annonceurs et agences m&eacute;dia). Pour cela l&rsquo;entreprise fait appel &agrave; un partenaire sp&eacute;cialiste du Big Data,&nbsp;&laquo;&nbsp;Quinten&raquo;, &agrave; qui elle donne acc&egrave;s &agrave; son importante base de donn&eacute;es de campagnes publicitaires&nbsp; (plus de 1200 campagnes).</p> <p>Sur la base des r&eacute;sultats d&rsquo;analyses obtenus, l&rsquo;entreprise a &eacute;t&eacute; capable de proposer des services personnalis&eacute;s &agrave; ses clients, par exemple r&eacute;v&eacute;ler des faits inconnus par le pass&eacute;. Il a &eacute;t&eacute; ainsi possible de d&eacute;couvrir l&#39;importance des p&eacute;riodes d&#39;&eacute;t&eacute; et des week-ends pour la diffusion des publicit&eacute;s des petites et moyennes marques.</p> <p>A travers l&rsquo;&eacute;tude de cas de M6 TV, nous avons constat&eacute; que l&rsquo;entreprise ne met pas en place une organisation sp&eacute;cifique. Afin d&rsquo;am&eacute;liorer la connaissance des campagnes publicitaires de ses clients, la direction marketing de l&rsquo;entreprise, fait appel &agrave; des sp&eacute;cialistes en analyse des donn&eacute;es (des data-scientist) en s&rsquo;alliant &agrave; &laquo;&nbsp;Quinten&nbsp;&raquo;. Il n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; question de transformer les t&acirc;ches des employ&eacute;s, ni leur coordination. Ceci a permis in fine de proposer de nouveaux services plus personnalis&eacute;s aux clients.</p> <p>Concernant les projets Big Data impliquant une adaptation de l&rsquo;organisation de l&rsquo;entreprise, on peut citer le cas de Darty, une entreprise fran&ccedil;aise sp&eacute;cialis&eacute;e dans la distribution de mat&eacute;riel informatique et d&rsquo;&eacute;lectrom&eacute;nager. L&rsquo;enseigne mobilise le Big Data dans le cadre du projet de digitalisation de ses magasins. L&rsquo;objectif premier d&rsquo;usage des donn&eacute;es est ici d&rsquo;assister les vendeurs et les conseillers dans leur processus de vente. Ces derniers auront un acc&egrave;s direct et en temps r&eacute;el (via tablettes et Smartphones) &agrave; toutes les informations n&eacute;cessaires. Cette mobilisation des donn&eacute;es par Darty, correspond &agrave; la modalit&eacute; d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;Aide-d&eacute;cision&nbsp;&raquo; dans les mod&egrave;les d&rsquo;usages des donn&eacute;es de B&eacute;navent (2014).</p> <p>Pour concr&eacute;tiser ce projet, Darty a opt&eacute; pour la refonte de son architecture IT, vers une architecture SOA (Service Oriented Architecture), et pour le d&eacute;veloppement d&#39;interfaces digitales diff&eacute;renci&eacute;es par types d&#39;utilisateurs (Clients, vendeurs, etc.). Pour cela, l&rsquo;entreprise mobilise des comp&eacute;tences d&rsquo;ing&eacute;nieurs sp&eacute;cialis&eacute;s, afin de r&eacute;aliser les d&eacute;veloppements informatiques et les syst&egrave;mes ad&eacute;quats.</p> <p>Concernant l&rsquo;organisation, on remarque dans le cas de Darty, qu&rsquo;il n&rsquo;est pas question de transformation radicale, mais de transformation continue. Les solutions du Big Data sont int&eacute;gr&eacute;es de fa&ccedil;on progressive et exp&eacute;rimentale. L&rsquo;entreprise ne d&eacute;ploie pas d&#39;investissements importants, les ROI sont estim&eacute;s au fur et &agrave; mesure de l&#39;avancement du projet Big Data. Il n&rsquo;est pas non plus question pour l&rsquo;enseigne, de modifier les t&acirc;ches de ses employ&eacute;s, mais d&rsquo;en am&eacute;liorer l&rsquo;ex&eacute;cution en leur apportant un support technologique. Cela correspond &agrave; un peu de transformation dans la coordination des t&acirc;ches des collaborateurs. Au vu de ces diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments, nous avons donc renseign&eacute; la variable de transformation organisationnelle (transformation_Orga) par la modalit&eacute; adaptation de l&rsquo;organisation (&laquo;&nbsp;Adaptation_Orga&nbsp;&raquo;).</p> <p>A propos des projets impliquant des transformations organisationnelles significatives, nous distinguons deux types d&rsquo;entreprises, des entreprises matures, et des start-up dont l&rsquo;essentiel des activit&eacute;s s&rsquo;op&egrave;re via des plateformes technologiques.</p> <p>On peut citer pour le premier cas l&rsquo;exemple de Rolls Royce, et sa division sp&eacute;cialis&eacute;e dans la construction de moteurs d&rsquo;avion. Selon Paul Stein, directeur scientifique chez Rolls Royce (Marr, 2015), le Big Data est mobilis&eacute; par l&rsquo;entreprise pour trois activit&eacute;s principales&nbsp;: le design, la fabrication et le support apr&egrave;s-vente. Ainsi sur le volet de la maintenance, le Big Data est mobilis&eacute; par le fabricant pour la conception de ses moteurs. Les techniques de calculs tr&egrave;s sophistiqu&eacute;s permettent de visualiser des d&eacute;veloppements assez complexes, et de d&eacute;cider rapidement de la validation ou pas du produit con&ccedil;u.</p> <p>En termes de comp&eacute;tences mobilis&eacute;es, Rolls Royce fait massivement appel &agrave; des ing&eacute;nieurs sp&eacute;cialistes. L&rsquo;entreprise a lanc&eacute; des partenariats avec les meilleures universit&eacute;s du Royaume Uni et du monde entier, afin de palier au manque des profils qualifi&eacute;s dans l&#39;engineering et l&#39;analyse de donn&eacute;es. Rolls Royce dispose de plusieurs centres de services &agrave; travers le monde, d&eacute;di&eacute;s &agrave; l&rsquo;analyse des donn&eacute;es issues des capteurs. Par exemple, un des bureaux les plus importants se trouve au si&egrave;ge de l&rsquo;entreprise, &agrave; Derby. Il compte une &eacute;quipe d&rsquo;une trentaine d&rsquo;ing&eacute;nieurs, relay&eacute;e par 150 autres, qui travaillent constamment &agrave; l&rsquo;analyse des donn&eacute;es issues des capteurs des moteurs d&rsquo;avions du fabricant. On remarque ainsi que la modalit&eacute; de la variable &laquo;&nbsp;Comp&eacute;tences-mobilis&eacute;es&nbsp;&raquo; correspond &agrave; celle du mod&egrave;le d&rsquo;&laquo;&nbsp;ing&eacute;nieurs-sp&eacute;cialis&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> <p>&nbsp;</p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td width="152"><b>Nom Entreprise/Projet</b></td> <td width="129"><b>Comp&eacute;tence/Ressources</b></td> <td width="85"><b>Transformation division t&acirc;ches</b></td> <td width="83"><b>Transformation coordination t&acirc;ches</b></td> <td width="109"><b>Transformation_Orga</b></td> <td width="107"><b>Finalit&eacute;</b></td> </tr> <tr> <td width="152">Orange &quot;Sauvons les LiveBox&quot;</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">AT&amp;T &quot;Tower Outage Analyzer&quot;</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Darty</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Campagne &eacute;lectorale Obama 2012</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Disney &quot;Programme MyMagic+&quot;</td> <td width="129">Diversifi&eacute;es</td> <td width="85">un peu</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Tesco</td> <td width="129">Data_scientist</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Am&eacute;lioration_&eacute;tudes</td> </tr> <tr> <td width="152">Citigroup</td> <td width="129">Data_scientist</td> <td width="85">non</td> <td width="83">non</td> <td width="109">Pas de transformation</td> <td width="107">Am&eacute;lioration_&eacute;tudes</td> </tr> <tr> <td width="152">Sears Holding</td> <td width="129">Data_scientist</td> <td width="85">non</td> <td width="83">non</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Am&eacute;lioration_&eacute;tudes</td> </tr> <tr> <td width="152">Fnac</td> <td width="129">Data_scientist</td> <td width="85">non</td> <td width="83">non</td> <td width="109">Pas de transformation</td> <td width="107">Am&eacute;lioration_&eacute;tudes</td> </tr> <tr> <td width="152">Indy Race 500 McLaren</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Le Tour de France</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">M6</td> <td width="129">Data_scientist</td> <td width="85">non</td> <td width="83">non</td> <td width="109">Pas de transformation</td> <td width="107">Am&eacute;lioration_&eacute;tudes</td> </tr> <tr> <td width="152">Airbus</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Boeing</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">non</td> <td width="83">un peu</td> <td width="109">Adaptation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Pratt &amp; Whitney</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Tesla</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Aide_d&eacute;cision</td> </tr> <tr> <td width="152">Netflix</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Gain_Productivit&eacute;</td> </tr> <tr> <td width="152">Amazon</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Gain_Productivit&eacute;</td> </tr> <tr> <td width="152">Rolls Royce</td> <td width="129">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialistes</td> <td width="85">un peu</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Gain_Productivit&eacute;</td> </tr> <tr> <td width="152">Acxiom</td> <td width="129">Data_scientist</td> <td width="85">non</td> <td width="83">non</td> <td width="109">Pas de transformation</td> <td width="107">Am&eacute;lioration_&eacute;tudes</td> </tr> <tr> <td width="152">Uber (1)</td> <td width="129">Diversifi&eacute;es</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Cr&eacute;ation_services</td> </tr> <tr> <td width="152">Uber (2)</td> <td width="129">Diversifi&eacute;es</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Cr&eacute;ation_services</td> </tr> <tr> <td width="152">Didi Kuaidi</td> <td width="129">Diversifi&eacute;es</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Cr&eacute;ation_services</td> </tr> <tr> <td width="152">TaskRabbit</td> <td width="129">Diversifi&eacute;es</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Cr&eacute;ation_services</td> </tr> <tr> <td width="152">Airbnb</td> <td width="129">Diversifi&eacute;es</td> <td width="85">beaucoup</td> <td width="83">beaucoup</td> <td width="109">Transformation_Orga</td> <td width="107">Cr&eacute;ation_services</td> </tr> </tbody> </table> <table cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top">&nbsp;</td> </tr> </tbody> </table> <p><em>Tableau 2 aper&ccedil;u de la base de donn&eacute;es</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Concernant la transformation de l&rsquo;organisation, l&rsquo;entreprise manifeste clairement son ambition d&rsquo;int&eacute;grer les donn&eacute;es dans ses diff&eacute;rents process de design, de fabrication et de maintenance. Par exemple, pour toutes ses nouvelles installations d&rsquo;usines, Rolls Royce veille &agrave; int&eacute;grer les nouvelles technologies dans ses process de fabrication. C&rsquo;est le cas pour ses deux nouvelles usines au Royaume-Uni, sp&eacute;cialis&eacute;es dans la fabrication de disques pour moteurs &agrave; r&eacute;action. Celles-ci int&egrave;grent des technologies de pointe permettant de rendre plus &laquo;&nbsp;intelligents&nbsp;&raquo; les proc&eacute;d&eacute;s de fabrication, et d&rsquo;am&eacute;liorer les modes de contr&ocirc;le de qualit&eacute;. De ce fait nous avons d&eacute;duit que dans son usage du Big Data, l&rsquo;entreprise Rolls Royce transforme son organisation &agrave; diff&eacute;rents niveaux, en premier lieu dans ses modes de prise de d&eacute;cisions en maintenance, et dans le design et la fabrication. L&rsquo;objectif de l&rsquo;entreprise est d&rsquo;automatiser un certain nombre de ses activit&eacute;s, de recherche de pannes, de conception, de production ou de logistique, en ayant toujours recours aux donn&eacute;es. Ces changements impliquant clairement des transformations importantes au niveau de la d&eacute;finition des t&acirc;ches, et dans leur coordination. Au total, nous nous trouvons bien dans une situation de &laquo;&nbsp;transformation de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo; pour une soci&eacute;t&eacute; mature.</p> <p>En ce qui concerne les entreprises de type plateforme, concern&eacute;es elles aussi par les transformations organisationnelles importantes, on peut citer le cas de &laquo;&nbsp;Taskrabbit&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une application d&#39;entraide permettant de mettre en relation des particuliers du m&ecirc;me voisinage, pour effectuer des t&acirc;ches ou pourvoir des jobs ponctuels avec r&eacute;mun&eacute;ration.</p> <p>Le mod&egrave;le de cette plateforme se rapproche de celui des services au sens de B&eacute;navent (2014), car il v&eacute;hicule une finalit&eacute; de consommation collaborative, o&ugrave; c&rsquo;est la communaut&eacute; de l&rsquo;application qui cr&eacute;e de la valeur. On peut aussi observer que les comp&eacute;tences mobilis&eacute;es dans ce cas de figure sont diversifi&eacute;es&nbsp;: il s&rsquo;agit en premier lieu de celles des utilisateurs de la plateforme, consid&eacute;r&eacute;s aussi comme des employ&eacute;s, ainsi que celles de ses fondateurs et des employ&eacute;s internes (Ing&eacute;nieurs sp&eacute;cialis&eacute;s, juristes, marketeurs, etc).</p> <p>Nous consid&eacute;rons que ce mod&egrave;le de Taskrabbit engendre de nombreuses transformations organisationnelles. Celles-ci concernent en premier lieu la division des t&acirc;ches, o&ugrave; on fait appel &agrave; une nouvelle cat&eacute;gorie de travailleurs, r&eacute;mun&eacute;r&eacute;s &quot;&agrave; la micro t&acirc;che&quot;. De m&ecirc;me que pour Uber, on parle d&#39;un nouveau mod&egrave;le d&#39;&eacute;conomie, &quot;l&#39;&eacute;conomie des petits boulots&quot; ou &quot;Gig economy&quot;.</p> <p>Les transformations engendr&eacute;es concernent aussi l&rsquo;organisation de la mobilisation des ressources. On parle de consommation-collaborative accentu&eacute;e par l&rsquo;usage des algorithmes et par une meilleure disponibilit&eacute; des donn&eacute;es.&nbsp; Par &laquo;&nbsp;consommation collaborative&nbsp;&raquo; on d&eacute;signe l&#39;usage d&#39;un bien ou d&rsquo;un service augment&eacute; par le partage, l&#39;&eacute;change, la&nbsp;vente&nbsp;ou la&nbsp;location. Cette optimisation de l&#39;usage est une r&eacute;ponse &agrave; la sous-utilisation suppos&eacute;e de ces biens ou services. Uber, Airbnb, Blablacar, et bien d&rsquo;autres rendent possible ce partage en favorisant, par leurs applications en ligne, la rencontre des offres et des demandes.</p> <p>Sur la base des 46 projets &eacute;tudi&eacute;s, il se confirme que l&rsquo;ampleur de la transformation organisationnelle varie consid&eacute;rablement selon les cas. L&rsquo;examen attentif des projets nous a conduits &agrave; saisir l&rsquo;ampleur de la transformation selon trois niveaux, que nous avons codifi&eacute;e en &laquo;&nbsp;Pas de transformation&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Adaptation de l&rsquo;orga&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Transformation&nbsp;&raquo;.&nbsp; Cette codification en trois niveaux nous semble, apr&egrave;s manipulation de la base, tout &agrave; fait satisfaisante. Le tableau 3 r&eacute;capitule les configurations de modalit&eacute;s identifi&eacute;es &agrave; partir de notre base de donn&eacute;es. Une comparaison rapide avec le tableau 1 montre notamment que notre travail nuance les r&eacute;sultats de B&eacute;navent (2014), en soulignant que les changements organisationnels sont plus importants dans le mod&egrave;le de l&rsquo;Empowerment (Aide &agrave; la d&eacute;cision) que dans celui de l&rsquo;Automatisation.</p> <p>&nbsp;</p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="106"><b>Ressources&nbsp;&nbsp; comp&eacute;tences mobilis&eacute;e</b></td> <td valign="top" width="104"><b>Finalit&eacute;&nbsp; d&rsquo;usage des donn&eacute;es</b></td> <td valign="top" width="85"><b>Transformation division t&acirc;ches</b></td> <td valign="top" width="88"><b>Transformation coordination t&acirc;ches</b></td> <td valign="top" width="94"><b>Transformation organisationnelle requise</b></td> </tr> <tr> <td width="106">Data_scientist</td> <td width="104">Am&eacute;liorer&nbsp; la connaissance</td> <td width="85">Non</td> <td width="88">Non</td> <td width="94">Pas de transformation</td> </tr> <tr> <td rowspan="3" width="106">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialis&eacute;s</td> <td rowspan="3" width="104">Automatisation</td> <td valign="top" width="85">Un peu</td> <td valign="top" width="88">Non</td> <td rowspan="3" width="94"> <p>Adaptation</p> <p>de l&rsquo;organisation</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top" width="85">Non</td> <td valign="top" width="88">Un peu</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="85">Un peu</td> <td valign="top" width="88">Un peu</td> </tr> <tr> <td rowspan="3" width="106">Ing&eacute;nieurs_sp&eacute;cialis&eacute;s</td> <td rowspan="3" width="104">Aide &agrave; la d&eacute;cision</td> <td valign="top" width="85">Beaucoup</td> <td valign="top" width="88">Non/Un peu</td> <td rowspan="3" width="94"> <p>Transformation</p> <p>de l&rsquo;organisation</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top" width="85">Non/Un peu</td> <td valign="top" width="88">Beaucoup</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="85">Beaucoup</td> <td valign="top" width="88">Beaucoup</td> </tr> <tr> <td rowspan="3" width="106">Diversifi&eacute;es</td> <td rowspan="3" width="104"> <p>Cr&eacute;ation</p> <p>de produits/service</p> </td> <td valign="top" width="85">Beaucoup</td> <td valign="top" width="88">Non/Un peu</td> <td rowspan="3" width="94"> <p>Transformation</p> <p>de l&rsquo;organisation</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top" width="85">Non/Un peu</td> <td valign="top" width="88">Beaucoup</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="85">Beaucoup</td> <td valign="top" width="88">Beaucoup</td> </tr> </tbody> </table> <p><em>Tableau 3 Les transformations organisationnelles requises pour le Big Data, configurations de modalit&eacute;s rencontr&eacute;es&nbsp;&nbsp; (construit sur la base de B&eacute;navent, 2014; Besson et Rowe, 2011; Mintzberg, 1982)&nbsp;</em></p> <h5><a id="t5"></a>CONCLUSION&nbsp;</h5> <p>Au vu de la litt&eacute;rature, les discours sur le sujet du Big Data sont nombreux et tr&egrave;s vari&eacute;s. Ils vont de propos enthousiastes sur ses apports sans pr&eacute;c&eacute;dents, jusqu&rsquo;&agrave; des d&eacute;clarations moins positives et plus orient&eacute;es vers les risques et les menaces qu&rsquo;impliquent ces donn&eacute;es massives.</p> <p>L&rsquo;aspect exp&eacute;rimental du Big Data rend encore incertaines les r&eacute;ponses aux questions soulev&eacute;es. Celles-ci, concernent diff&eacute;rents niveaux de l&rsquo;organisation&nbsp;; elles rel&egrave;vent de diff&eacute;rentes disciplines (gestion, communication, math&eacute;matiques, etc.), et touchent diff&eacute;rents secteurs d&rsquo;activit&eacute;s (sant&eacute;, enseignement, finance, etc.). Nous avons tent&eacute; pour notre part, &agrave; travers cette contribution, d&rsquo;apporter quelques &eacute;claircissements sur les transformations organisationnelles qu&rsquo;impliquent les projets Big Data. Nous avons tent&eacute; de r&eacute;pondre &agrave; la question suivante&nbsp;: Quelles sont la nature et l&rsquo;ampleur des transformations organisationnelles requises pour de tels projets ?</p> <p>Pour pouvoir r&eacute;pondre, nous avons proc&eacute;d&eacute; &agrave; un travail empirique en mobilisant les th&eacute;ories sur les relations entre technologies et organisation (Besson et Rowe, 2011), et sur les mod&egrave;les d&rsquo;usages du Big Data (B&eacute;navent, 2014). Nous avons construit une base de donn&eacute;es de 46 projets Big Data. L&rsquo;analyse de ces donn&eacute;es nous a permis de v&eacute;rifier qu&rsquo;il existe, en effet, diff&eacute;rents niveaux et types de transformations organisationnelles pour les entreprises d&eacute;ployant des projets Big Data.</p> <p>Nous notons &eacute;galement que ces transformations organisationnelles d&eacute;pendent en grande partie de l&rsquo;objectif d&rsquo;usage des donn&eacute;es. Ainsi, les entreprises ayant pour finalit&eacute; d&rsquo;am&eacute;liorer leurs connaissances &agrave; travers une meilleure disponibilit&eacute; des donn&eacute;es, ne manifestent pas le besoin d&rsquo;effectuer des changements organisationnels. Il s&rsquo;agit dans ce cas de figure de faire appel aux comp&eacute;tences de data_scientist et d&rsquo;enrichir les analyses. Les r&eacute;sultats sont ensuite mobilis&eacute;s &agrave; travers l&rsquo;organisation habituelle, dans une optique d&rsquo;am&eacute;lioration de l&rsquo;existant. Nous avons pu le voir dans le cas de M6, qui a pu d&eacute;velopper les offres des campagnes publicitaires de ses clients.</p> <p>Par ailleurs, pour les projets Big Data impliquant des transformations organisationnelles, nous avons jug&eacute; utile de pr&eacute;ciser le degr&eacute; m&ecirc;me de cette transformation organisationnelle. Rappelons que B&eacute;navent (2014) distingue deux types de transformations organisationnelles&nbsp;dans sa typologie des mod&egrave;les d&rsquo;usage du Big Data (&laquo;&nbsp;pas de transformation&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;transformation de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo;). Or, au vu de la litt&eacute;rature (Besson et Rowe, 2011&nbsp;; Venkatraman,&nbsp;1994 ; Ciborra, 1992) et en consid&eacute;ration de la diversit&eacute; des situations rencontr&eacute;es dans les 46 cas que nous avons r&eacute;pertori&eacute;s pour la construction de notre base de donn&eacute;es, nous distinguons trois types de transformations&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pas de transformation de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Adaptation de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Transformation radicale/profonde de l&rsquo;organisation&nbsp;&raquo;.</p> <p>Nous avons des projets qui n&eacute;cessitent une transformation organisationnelle radicale, alors que d&rsquo;autres n&rsquo;exigent qu&rsquo;une adaptation de l&rsquo;organisation sans changements profonds. Ces derniers s&rsquo;inscrivent le plus souvent dans une approche de transformation organisationnelle continue. C&rsquo;est le cas de Darty analys&eacute;. L&rsquo;entreprise met en place des solutions de Big Data pour accompagner ses employ&eacute;s dans leurs diff&eacute;rentes fonctions (Vente, Marketing, Logistique, etc.). Pour cela l&rsquo;entreprise choisit d&rsquo;int&eacute;grer les solutions technologiques de fa&ccedil;on incr&eacute;mentale, et organise des formations pour ses employ&eacute;s. Ceci correspond &agrave; une &eacute;volution des syst&egrave;mes d&rsquo;information et des technologies de l&rsquo;entreprise, autrement dit &agrave; une adaptation de l&rsquo;organisation.</p> <p>Une transformation organisationnelle est profonde ou radicale si on observe des changements au niveau de la division des t&acirc;ches de travail, ou dans leur coordination (Mintzberg, 1982). Nous avons pu ainsi identifier dans la base de donn&eacute;es 21 projets correspondant &agrave; ce cas de figure, tels que l&rsquo;exemple de Rolls-Royce, ou celui de Taskrabbit pour lequel il est question d&rsquo;une nouvelle cat&eacute;gorie de t&acirc;ches et de travailleurs ponctuels. Les entreprises mettant en &oelig;uvre des transformations de ce type sont pour nombre d&rsquo;entre elles des entreprises d&rsquo;un nouveau genre, que B&eacute;navent (2014) caract&eacute;rise de &laquo;&nbsp;plateformes&nbsp;&raquo;, en r&eacute;f&eacute;rence aux plateformes technologiques qui constituent les activit&eacute;s/ressources cl&eacute; de ces entreprises.&nbsp;</p> <h2><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>B&eacute;navent, C. (2014). Big Data: no best way. <i>Le libellio AEGIS</i>, 10(4), 5-14.</p> <p>Besson, P. et Rowe, F. (2011). 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