<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong> The progress of computer tools and networks enable access to massive amounts of data (big data) whose processing seems likely to be extended in order to bring substance (thick data) to data previously refined (smart data). In order to legitimate an original information management strategy as the one we present the principle applied to an operational method of knowledge management in a collective memory, we rely on observation of building sense processes, to study the nature of the processes associated with those different approaches to this notion of data. Drawing our arguments from humanities better than from digital engineering, we show as a matter of fact that, from accumulation of data to aggregation of knowledge passing by representation of cognition, sense moved by will and determined by need for action, play an essential role in the operation of an information system.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong> data, cognition, knowledge, sense, memory, digital, analogical, facets&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>Comment concevoir un syst&egrave;me d&rsquo;information permettant la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une v&eacute;ritable strat&eacute;gie de gestion de l&rsquo;information qui fasse sens des donn&eacute;es recueillies&nbsp;? Pour poser le probl&egrave;me, il faut passer par des consid&eacute;rations th&eacute;oriques, &agrave; commencer par le vocabulaire utilis&eacute; que l&rsquo;on doit bien pr&eacute;ciser&nbsp;: la m&eacute;moire et tous ses ingr&eacute;dients qui participent &agrave; la construction du sens, puis les notions d&rsquo;&eacute;pist&eacute;m&egrave; chez Foucault ou d&rsquo;&eacute;pist&ecirc;m&ecirc; aristot&eacute;licienne et de doxa qui en &eacute;clairent le fonctionnement. Mais cette &eacute;tude tr&egrave;s th&eacute;orique n&rsquo;aurait &agrave; son tour aucun sens si elle n&rsquo;ob&eacute;issait pas &agrave; une volont&eacute;, qui s&rsquo;exprime dans des applications, celles-l&agrave; bien pratiques, dont les m&eacute;tiers d&rsquo;exploitation de l&rsquo;information &eacute;prouvent un besoin croissant.</p> <p>Nos d&eacute;veloppements th&eacute;oriques ont donc pour premi&egrave;re ambition de l&eacute;gitimer l&rsquo;originalit&eacute; d&rsquo;une d&eacute;marche essentiellement m&eacute;thodologique qui va ainsi &agrave; contre-courant d&rsquo;une tendance g&eacute;n&eacute;rale &agrave; la supr&eacute;matie incontest&eacute;e de la technique. Pour mettre en place une strat&eacute;gie de gestion de l&rsquo;information efficace, il nous a sembl&eacute; en effet important de redonner toute sa place aux sciences humaines dont les sciences de l&rsquo;information et de la communication rel&egrave;vent, dans un paysage assur&eacute;ment trop domin&eacute; par des technologies de l&rsquo;information et de la communication en pleine effervescence, qui rel&egrave;vent quant &agrave; elles des sciences dites exactes, sciences de l&rsquo;ing&eacute;nieur ou &laquo;&nbsp;sciences du calcul&nbsp;&raquo;. R&eacute;solument th&eacute;oriques, mais fond&eacute;s sur l&rsquo;exp&eacute;rience, nos travaux s&rsquo;inscrivent ainsi dans une d&eacute;marche fonci&egrave;rement pragmatique d&rsquo;adaptation des pratiques aux progr&egrave;s technologiques, qui revendique toutefois la volont&eacute; de ne rien abandonner &agrave; une technique de plus en plus h&eacute;g&eacute;monique.</p> <h2><a id="t2"></a>PROBL&Eacute;MATIQUE : INFORMATION ET DONN&Eacute;E, UN M&Ecirc;ME OBJET, DEUX POINTS DE VUE DISTINCTS</h2> <p>L&rsquo;information n&rsquo;existe pas en tant que telle si elle n&rsquo;est pas effectivement re&ccedil;ue. Pour l&rsquo;esprit qui la re&ccedil;oit, elle est connaissance, et vient modifier son savoir implicite ou explicite. (Meyriat, 1985)</p> <p>Comment concevoir une strat&eacute;gie de gestion de l&rsquo;information efficace faisant sens de donn&eacute;es recueillies massivement&nbsp;? Autrement dit comment passer de la donn&eacute;e re&ccedil;ue &agrave; l&rsquo;information utile pour la d&eacute;cision dans l&rsquo;action&nbsp;? Ou encore &laquo;&nbsp;comment transformer les torrents de donn&eacute;es en fleuves de connaissances ?&nbsp;&raquo; (L&eacute;vy, 2015). Avant toute tentative de r&eacute;ponse &agrave; cette question, il s&rsquo;av&egrave;re n&eacute;cessaire de bien distinguer la notion d&rsquo;information de celle de donn&eacute;e.</p> <p>Il faut, entend-on souvent, &laquo;&nbsp;donner un sens aux donn&eacute;es&nbsp;&raquo; (Blais &amp; Martineau, 2006). Un trait caract&eacute;ristique du concept de data, qui s&rsquo;impose comme un leitmotiv &agrave; la lecture, tant de la litt&eacute;rature scientifique que de la presse g&eacute;n&eacute;raliste ou technique, tient dans l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;faire parler ses donn&eacute;es&nbsp;&raquo; (Allard, 2015). Quelle que soit la forme qu&rsquo;elle peut prendre au fil des pages (faire sens de ses donn&eacute;es, donner du sens &agrave; ses donn&eacute;es, tirer du sens de ses donn&eacute;es&hellip;)<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/699-1-2018-revue-beau#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a></sup>, la question du sens semble donc bien centrale en mati&egrave;re de traitement des donn&eacute;es, au point de transformer la perception que l&rsquo;on a de leur silhouette, qui passerait de &laquo;&nbsp;grosse&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;&eacute;paisse&nbsp;&raquo;<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/699-1-2018-revue-beau#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a></sup> en donnant de la consistance ou de la substance &agrave; la masse disponible.</p> <p>La notion de sens s&rsquo;inscrit dans un triptyque&nbsp;:</p> <ul> <li>les 5 sens, auxquels on ajoutera l&rsquo;intuition qui enclenche le passage du sensible &agrave; l&rsquo;intelligible (les capteurs ou instruments de collecte des donn&eacute;es, en r&eacute;ception)&nbsp;;</li> <li>le sens de la fl&egrave;che (le processus de traitement des donn&eacute;es, de conception ou de conceptualisation, passage du sensible &agrave; l&rsquo;intelligible ou du sentiment &agrave; l&rsquo;id&eacute;e, puis du concept au symbole et de l&rsquo;opinion au discours)&nbsp;;</li> <li>et la signification (le produit de ce traitement, c&rsquo;est-&agrave;-dire le discours ou un ensemble de signaux porteurs de sens, en &eacute;mission).</li> </ul> <p>La donn&eacute;e passerait donc de &laquo;&nbsp;grosse&nbsp;&raquo; (big data) &agrave; &laquo;&nbsp;&eacute;paisse&nbsp;&raquo; (thick data), tout au long d&rsquo;un processus de construction de sens qui passe par un stade interm&eacute;diaire de conceptualisation, indiquant paradoxalement plus de finesse ou &laquo;&nbsp;d&rsquo;intelligence&nbsp;&raquo; (smart data).</p> <p><img alt="2018 revue beau1" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-revue-beau1.png" /></p> <p><em>Figure 1. Le processus de construction de sens.</em></p> <p>De tels adjectifs utilis&eacute;s pour qualifier les donn&eacute;es traduisent bien, l&rsquo;&eacute;normit&eacute; des gisements de donn&eacute;es auxquels nous sommes d&eacute;sormais confront&eacute;s, ainsi que les immenses capacit&eacute;s de calcul dont nous disposons pour les traiter. Mais le recours m&ecirc;me &agrave; ces &eacute;pith&egrave;tes, qui r&eacute;pond &agrave; un besoin de distinguer bien concret, conduit &agrave; s&rsquo;interroger sur la terminologie en usage pour d&eacute;signer d&rsquo;un m&ecirc;me nom des r&eacute;alit&eacute;s sensiblement diff&eacute;rentes. La donn&eacute;e change en effet de statut selon la nature du traitement qui lui est appliqu&eacute;. Allant de l&rsquo;observation s&eacute;lective et du calcul algorithmique portant sur de simples traces num&eacute;riques en quantit&eacute; massive (big), celui-ci fait place &agrave; un traitement plus fin (smart) semblable &agrave; celui de la pens&eacute;e &eacute;manant de l&rsquo;intuition et de l&rsquo;interpr&eacute;tation analogique via la visualisation d&rsquo;une id&eacute;e, pour &eacute;voluer jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;nonciation linguistique d&rsquo;un jugement de nature dialectique par agr&eacute;gation de donn&eacute;es (thick) plus substantielles (voir plus loin figure 3).</p> <p>Le terme &laquo;&nbsp;donn&eacute;e&nbsp;&raquo; n&rsquo;est en r&eacute;alit&eacute;, dans l&rsquo;usage courant, qu&rsquo;une formulation particuli&egrave;re de ce concept d&rsquo;information si difficile &agrave; d&eacute;finir&nbsp;: d&egrave;s lors qu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; massivement recueillie (big data), la donn&eacute;e se transforme m&eacute;thodiquement, pour g&eacute;n&eacute;rer une information plus substantielle (thick data) susceptible d&rsquo;&ecirc;tre communiqu&eacute;e. Le lieu de cette transformation est un syst&egrave;me d&rsquo;information et de communication ou une m&eacute;moire collective, dont nous allons examiner le fonctionnement que l&rsquo;on peut rapprocher de celui de notre m&eacute;moire individuelle. On y retrouve en effet &agrave; une &eacute;chelle macroscopique, sous le terme g&eacute;n&eacute;rique d&rsquo;information, la donn&eacute;e&nbsp;en entr&eacute;e du syst&egrave;me, puis la connaissance en perp&eacute;tuelle transformation dans le syst&egrave;me, et le savoir en sortie, produit de la rencontre d&rsquo;une connaissance avec un sujet qui donne sens &agrave; son action en l&rsquo;&eacute;clairant.</p> <p>Dans une logique de communication appliqu&eacute;e &agrave; une m&eacute;moire humaine impliquant un &eacute;metteur (donateur) et un r&eacute;cepteur (donataire), quelle que soit sa position dans le processus de construction de sens, et quel que soit son mode de traitement, automatique (calcul), intellectuel (id&eacute;e) ou logique (jugement), on peut comprendre que l&rsquo;information soit consid&eacute;r&eacute;e par le donataire/r&eacute;cepteur &agrave; qui celle-ci est &laquo;&nbsp;donn&eacute;e&nbsp;&raquo;, comme une &laquo;&nbsp;donn&eacute;e&nbsp;&raquo; du probl&egrave;me qui se pose &agrave; lui. Mais ce donataire/r&eacute;cepteur devient progressivement concepteur en donnant sens &agrave; la donn&eacute;e pour en faire une connaissance intelligible puis un savoir, en lui donnant de la consistance ou de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;paisseur&nbsp;&raquo; dans sa m&eacute;moire. L&rsquo;information qui lui est donn&eacute;e change ainsi de statut au fur et &agrave; mesure de son traitement&nbsp;: elle prend sens en devenant connaissance, puis savoir, acqu&eacute;rant ainsi de la consistance ou de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;paisseur&nbsp;&raquo; dans sa m&eacute;moire.</p> <p>Les sp&eacute;cialistes des transmissions ou des &laquo;&nbsp;t&eacute;l&eacute;communications&nbsp;&raquo;, terme r&eacute;v&eacute;lateur du caract&egrave;re technicien de l&rsquo;approche applicative souvent choisie pour aborder les probl&egrave;mes de traitement de l&rsquo;information et de communication, s&rsquo;int&eacute;ressent au signal et &agrave; son conditionnement physique pour une transmission optimale par des machines. Les informaticiens s&rsquo;int&eacute;ressent quant-&agrave;-eux aux donn&eacute;es et &agrave; leur traitement automatique par des machines destin&eacute;es &agrave; suppl&eacute;er l&rsquo;homme dans toutes les t&acirc;ches accessibles &agrave; des op&eacute;rations purement calculatoires. Ce sont tous des ing&eacute;nieurs dont les pr&eacute;occupations th&eacute;oriques r&eacute;pondent &agrave; des motivations &eacute;minemment techniques : leurs applications pratiques sont des machines destin&eacute;es &agrave; augmenter artificiellement les performances individuelles. Les recherches en intelligence artificielle connaissant un essor nouveau avec le ph&eacute;nom&egrave;ne des big data, tout comme la cybern&eacute;tique, plac&eacute;e sur le devant de la sc&egrave;ne m&eacute;diatique depuis que l&rsquo;interconnexion des ordinateurs en r&eacute;seau a fait la fortune du pr&eacute;fixe &laquo;&nbsp;cyber&nbsp;&raquo; en r&eacute;alisant un espace d&rsquo;information et de communication mondial que l&rsquo;usage a consacr&eacute; sous le nom de cyberespace, rel&egrave;vent d&rsquo;une m&ecirc;me approche tr&egrave;s technicienne des syst&egrave;mes d&rsquo;information et de communication.</p> <p>Tandis que l&rsquo;ing&eacute;nieur se pr&eacute;occupe des donn&eacute;es et de la mani&egrave;re d&rsquo;en traiter (informatique) ou d&rsquo;en transmettre (t&eacute;l&eacute;coms), le plus possible, le plus vite possible, le plus loin possible et au moindre co&ucirc;t, le chercheur en sciences de l&rsquo;information et de la communication s&rsquo;int&eacute;resse quant-&agrave;-lui &agrave; leur transmission, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; leur transformation, qui r&eacute;pond &agrave; un besoin de sens attach&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration des connaissances (information) pour aboutir &agrave; la restitution d&rsquo;un savoir (communication). Son attention se concentre sur le facteur humain, qui joue un r&ocirc;le majeur dans le fonctionnement d&rsquo;une m&eacute;moire collective. Il s&rsquo;int&eacute;resse en particulier &agrave; l&rsquo;effet produit par le signal chez un sujet (le sens) et &agrave; sa transmission, dans le cadre de la construction d&rsquo;un jeu collectif mettant en sc&egrave;ne les diff&eacute;rents acteurs du syst&egrave;me d&rsquo;information et de communication (ou m&eacute;moire collective). Ses d&eacute;veloppements applicatifs s&rsquo;attacheront &agrave; l&rsquo;am&eacute;lioration des passes entre les joueurs, de la r&eacute;ception des donn&eacute;es &agrave; la restitution d&rsquo;un savoir commun en passant par l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une intuition coll&eacute;giale donnant sens au jeu collectif, plut&ocirc;t qu&rsquo;aux progr&egrave;s des performances techniques demand&eacute;es aux outils de traitement et de transmission des donn&eacute;es.</p> <h2><a id="t3"></a>BIG DATA ET THICK DATA : LA LUNETTE ASTRONOMIQUE ET LA BIBLIOTH&Egrave;QUE</h2> <p>Les donn&eacute;es d&rsquo;aujourd&rsquo;hui correspondent &agrave; ce que l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie des si&egrave;cles pass&eacute;s appelait les ph&eacute;nom&egrave;nes. Pour continuer de filer cette m&eacute;taphore, les algorithmes d&rsquo;analyse de flux massifs de donn&eacute;es d&rsquo;aujourd&rsquo;hui correspondent respectivement aux instruments d&rsquo;observation de la science classique. Ces algorithmes nous montrent des patterns, c&rsquo;est-&agrave;-dire en fin de compte des images. (L&eacute;vy, 2015, 83)</p> <p>En entr&eacute;e de la m&eacute;moire collective qui les traite, certaines donn&eacute;es peuvent s&rsquo;identifier &agrave; des ensembles discrets de valeurs exactes accessibles au calcul (data). Ce sont des faits tangibles, fruits de l&rsquo;observation empirique, d&ucirc;ment r&eacute;pertori&eacute;s et cat&eacute;goris&eacute;s, c&rsquo;est-&agrave;-dire que leur trace s&rsquo;inscrit &agrave; la fois physiquement et conceptuellement dans une m&eacute;moire num&eacute;rique. Il suffit alors de les accumuler, en confiant leur traitement &agrave; des algorithmes con&ccedil;us pour en tirer de nouvelles informations par le calcul et apporter ainsi des solutions aux probl&egrave;mes pos&eacute;s par l&rsquo;incertitude inh&eacute;rente &agrave; la d&eacute;cision dans l&rsquo;action. Au d&eacute;part, il y a une multitude de donn&eacute;es &eacute;parses qui peuvent &ecirc;tre des traces d&rsquo;&eacute;v&egrave;nements<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/699-1-2018-revue-beau#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a></sup>, d&rsquo;actions ou de pens&eacute;e, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;expression num&eacute;rique de faits observ&eacute;s, dont le sens global nous &eacute;chappe du fait de leur &eacute;parpillement dans le temps ou dans l&rsquo;espace, mais dont l&rsquo;accumulation puis la quantification fait sens. Des algorithmes intelligemment con&ccedil;us pour ordonner dans des ordinateurs toutes ces donn&eacute;es selon une logique correspondant &agrave; un besoin de savoir d&ucirc;ment identifi&eacute;, peuvent alors proposer des solutions statistiques ou calcul&eacute;es qui viennent enrichir nos savoirs pour r&eacute;soudre nos probl&egrave;mes de d&eacute;cision dans l&rsquo;action. Ce que les Anglo-Saxons nomment big data, que nous traduirons en fran&ccedil;ais par &laquo;&nbsp;cumul de donn&eacute;es&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;donn&eacute;es cumul&eacute;es&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;donn&eacute;es de masse&nbsp;&raquo;, ou encore depuis peu par celui de &laquo;&nbsp;m&eacute;gadonn&eacute;es&nbsp;&raquo; (Brasseur, 2016) c&rsquo;est ce travail sur la donn&eacute;e qui va &ecirc;tre recueillie, puis soumise au calcul pour proposer de nouvelles informations.</p> <p>Sans pr&eacute;juger des progr&egrave;s des outils algorithmiques dans les ann&eacute;es &agrave; venir, particuli&egrave;rement en mati&egrave;re de visualisation des donn&eacute;es (Reymond, 2016), d&rsquo;intelligence artificielle et &laquo; d&rsquo;apprentissage profond &raquo; (LeCun, 2016) ou de codage de la signification linguistique (L&eacute;vy, 2015), observons qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit l&agrave; que de progr&egrave;s techniques appliqu&eacute;s aux instruments de la connaissance. Il en a &eacute;t&eacute; de m&ecirc;me par le pass&eacute; avec la lunette astronomique qui a permis un bond significatif en mati&egrave;re de recueil des donn&eacute;es, ou avec la biblioth&egrave;que, en mati&egrave;re de diffusion des savoirs. Dans un monde domin&eacute; par la technique, il semble important de ne pas focaliser notre attention sur les seuls instruments que la technologie nous propose (voire parfois nous impose), en s&rsquo;int&eacute;ressant d&rsquo;abord au besoin op&eacute;rationnel qui donne sens &agrave; l&rsquo;information dans l&rsquo;action, et &agrave; la volont&eacute; qui l&rsquo;anime.</p> <p><img alt="2018 revue beau2" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-revue-beau2.png" /><em>&nbsp;Figure 2. Le besoin et la volont&eacute; au service de l&rsquo;information.</em></p> <p>Notre travail repose ainsi sur un principe fondamental imposant d&rsquo;admettre que le processus de d&eacute;cision dans l&rsquo;action collective soit toujours m&ucirc; par une volont&eacute; humaine qui fait sens et intervient tout au long des op&eacute;rations de gestion de l&rsquo;information, m&ecirc;me fortement automatis&eacute;es. Ce principe incontournable aux allures de postulat, certes peu susceptible d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;tabli scientifiquement mais humainement rassurant, nous apparait en effet pour l&rsquo;heure, comme le plus apte &agrave; fonder la conception d&rsquo;une m&eacute;moire collective garantissant une pertinence maximale de l&rsquo;information en sortie du syst&egrave;me. C&rsquo;est la raison pour laquelle nous avons jug&eacute; n&eacute;cessaire de penser le syst&egrave;me d&rsquo;information autrement que sous l&rsquo;angle des algorithmes et des seuls outils informatiques, en le consid&eacute;rant sous l&rsquo;angle du sens et de sa construction dans la m&eacute;moire.</p> <p>Pour fixer le vocabulaire, on peut ainsi proc&eacute;der par analogie en observant que le Big data est au thick data ce que la lunette astronomique est &agrave; la biblioth&egrave;que scientifique en astronomie&nbsp;: un instrument de recueil des faits au service de la diffusion du savoir. Le Big data ou l&#39;analyse des donn&eacute;es massives constitue le t&eacute;lescope moderne qui permet de voir plus loin, plus large ou tout simplement mieux. Il est ainsi clairement cantonn&eacute; &agrave; l&rsquo;observation et au recueil des faits (donn&eacute;es de masse), tandis que le thick data ou la composition de donn&eacute;es substantielles se consacre &agrave; la diffusion du savoir qui proc&egrave;de de leur traitement.</p> <p>Tout comme les livres dans une biblioth&egrave;que, les thick data obtenues &agrave; l&rsquo;issue du processus de construction de sens, m&ucirc; par une volont&eacute; elle m&ecirc;me anim&eacute;e par un besoin, sont des instruments &oelig;uvrant &agrave; la diffusion d&rsquo;un savoir, terme que l&rsquo;on pr&eacute;f&egrave;rera &agrave; celui de data popularis&eacute; par une informatique omnipr&eacute;sente. &Agrave; l&rsquo;heure des technologies num&eacute;riques d&eacute;sormais incontournables, le document qui demeure plus que jamais cet instrument &eacute;l&eacute;mentaire de diffusion du savoir assurant une fonction sociale de transmission de sens entre individus, est amen&eacute; &agrave; jouer un r&ocirc;le central dans le fonctionnement de notre m&eacute;moire collective, comme dans celui de toute biblioth&egrave;que dont il est le composant &eacute;l&eacute;mentaire sous forme de livre.</p> <h2><a id="t4"></a>LA CONSTRUCTION DU SENS DANS UNE M&Eacute;MOIRE : DE LA DONN&Eacute;E &Agrave; L&rsquo;INFORMATION</h2> <p>Il para&icirc;t que les nombres parlent d&rsquo;eux-m&ecirc;mes. Mais c&rsquo;est &eacute;videmment oublier qu&rsquo;il faut, pr&eacute;alablement &agrave; tout calcul, d&eacute;terminer les donn&eacute;es pertinentes, savoir exactement ce que l&rsquo;on compte, et nommer &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire cat&eacute;goriser &ndash; les patterns &eacute;mergents. (L&eacute;vy, 2015)</p> <p>Nous nous int&eacute;ressons donc &agrave; la construction du sens dans le syst&egrave;me d&rsquo;information et de communication que nous assimilons &agrave; une m&eacute;moire. En entr&eacute;e de notre m&eacute;moire collective, d&rsquo;autres donn&eacute;es ne peuvent pas s&rsquo;identifier &agrave; des valeurs exactes, comme peuvent l&rsquo;&ecirc;tre les data accessibles au calcul. C&rsquo;est en particulier le cas des informations port&eacute;es par des signaux analogiques, comme de toutes celles directement per&ccedil;ues par nos sens. C&rsquo;est &eacute;galement le cas de la plupart des informations issues de la pens&eacute;e (connaissances ou savoirs en forme de jugements), sauf &agrave; n&rsquo;en consid&eacute;rer que les simples traces num&eacute;ris&eacute;es (m&eacute;tadonn&eacute;es documentaires) y-compris celles li&eacute;es &agrave; l&rsquo;ing&eacute;nierie linguistique pour la traduction automatique, seules porteuses de valeurs exactes accessibles au calcul num&eacute;rique.</p> <p>Le traitement algorithmique ne peut plus alors s&rsquo;appliquer &agrave; ce type de donn&eacute;es et doit c&eacute;der la place &agrave; un traitement intellectuel, substituant aux faits une &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentation abstraite&nbsp;&raquo; (analogie) de leur &laquo;&nbsp;manifestation concr&egrave;te&nbsp;&raquo;, qui &laquo;&nbsp;fait sens&nbsp;&raquo;, soit une &laquo;&nbsp;information&nbsp;&raquo; (Beau, 2017), en s&rsquo;attachant &agrave; nommer &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire cat&eacute;goriser &ndash; les patterns &eacute;mergents. Dans notre m&eacute;moire individuelle, c&rsquo;est la pens&eacute;e qui r&eacute;alise ce traitement en donnant naissance &agrave; de nouvelles informations qui ne sont plus seulement le produit d&rsquo;un calcul num&eacute;rique, mais celui d&rsquo;un jugement &eacute;manant d&rsquo;une id&eacute;e &agrave; caract&egrave;re analogique par essence. Pour distinguer ces informations qui sont des objets trait&eacute;s par la pens&eacute;e, des donn&eacute;es qui sont des objets trait&eacute;s par des algorithmes, nous leur r&eacute;servons le terme de &laquo;&nbsp;connaissance&nbsp;&raquo; qui illustre bien, par analogie, cette gen&egrave;se r&eacute;alis&eacute;e par la pens&eacute;e (cf. figure 3).</p> <p>De la fonction statistique de traitement des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es de masse&nbsp;&raquo; (big data) en entr&eacute;e, &agrave; la fonction documentaire d&rsquo;agr&eacute;gation des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es substantielles&nbsp;&raquo; (thick data) en sortie, en passant par la fonction cognitive de traitement des &laquo;&nbsp;donn&eacute;es intelligentes&nbsp;&raquo; (smart data), ce travail est celui de la m&eacute;moire dont nous avons d&eacute;crit quelques grandes lignes dans une communication r&eacute;cente portant sur la &laquo;&nbsp;construction de sens&nbsp;&raquo; dans un &laquo;&nbsp;syst&egrave;me d&rsquo;information et de communication&nbsp;&raquo; envisag&eacute; comme &laquo;&nbsp;une&nbsp; m&eacute;moire collective&nbsp;&raquo; (Beau, 2016). Celles-ci que nous avons introduites aux paragraphes pr&eacute;c&eacute;dents peuvent &ecirc;tre r&eacute;sum&eacute;es dans le sch&eacute;ma de la figure 3 ci-dessous.</p> <p><img alt="2018 revue beau3" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-revue-beau3.png" /></p> <p><em>Figure 3. Le processus de construction de sens dans la m&eacute;moire.</em></p> <p>&Agrave; partir de donn&eacute;es multiples issues du calcul (big data ou donn&eacute;es de masse) ou de tout autre type de ressource (observation directe, veille, enqu&ecirc;te&hellip;), d&eacute;livrant des donn&eacute;es que l&rsquo;on dira &laquo;&nbsp;substantielles&nbsp;&raquo; pour traduire le thick data des Anglo-Saxons, recherch&eacute;es puis recueillies pour rencontrer un besoin de sens dans l&rsquo;action, une information de synth&egrave;se est &eacute;labor&eacute;e. Cette information que l&rsquo;on dira actionnable pour exprimer le fait qu&rsquo;elle est utile &agrave; l&rsquo;action passe par l&rsquo;&eacute;tat de connaissance transform&eacute;e en savoir pour agir. Pour compl&eacute;ter l&rsquo;id&eacute;e que nous nous faisons des notions de connaissance et de savoir dans le syst&egrave;me d&rsquo;information, nous limiterons le sens attribu&eacute; &agrave; la donn&eacute;e &agrave; celui que lui donne Bergson (1888) dans le titre de son &laquo;&nbsp;Essai sur les donn&eacute;es imm&eacute;diates de la conscience&nbsp;&raquo;, qui d&eacute;signe ce qui est connu imm&eacute;diatement par observation directe, ind&eacute;pendamment de toute &eacute;laboration de l&#39;esprit.</p> <p>Envisager une m&eacute;moire collective uniquement sous l&#39;angle de l&#39;&eacute;change de donn&eacute;es, qu&rsquo;elles soient &laquo;&nbsp;massives&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;intelligentes&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;substantielles&nbsp;&raquo;, ce serait ainsi la r&eacute;duire &agrave; sa dimension tacite, c&#39;est-&agrave;-dire se priver de toute sa dimension consciente ou explicite. Sans conscience, la m&eacute;moire ne serait que technique sans th&eacute;orie, pratique sans sagesse ou savoir-faire sans savoir. Elle ne serait alors que &laquo;&nbsp;ruine de l&rsquo;&acirc;me&nbsp;&raquo; pour plagier la formule que Rabelais appliquait &agrave; la science. &Agrave; partir d&rsquo;une observation et d&rsquo;un traitement num&eacute;rique en entr&eacute;e, dont les performances s&rsquo;am&eacute;liorent avec les progr&egrave;s de la technique, on souhaite donc aboutir en sortie &agrave; une information en forme de produit dialectique (un discours) accessible &agrave; tous ceux qui pratiquent la langue adopt&eacute;e par la collectivit&eacute;.</p> <h2><a id="t5"></a>L&rsquo;&Eacute;PIST&Ecirc;M&Ecirc; ARISTOT&Eacute;LICIENNE ET LES &Eacute;PIST&Eacute;M&Egrave;S FOUCALDIENNES</h2> <p>Pour pr&eacute;ciser encore ces diff&eacute;rentes notions qui interviennent dans la construction du sens, on peut s&rsquo;appuyer sur nos racines grecques et en particulier avec Aristote sur la notion d&rsquo;&eacute;pist&ecirc;m&ecirc;, reprise beaucoup plus tard par Michel Foucault (1966) dans &laquo;&nbsp;Les mots et les choses&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer la pens&eacute;e ou le discours scientifique d&rsquo;une &eacute;poque.</p> <p>Tant&ocirc;t traduite par le mot &laquo;&nbsp;science&nbsp;&raquo;, tant&ocirc;t par le mot &laquo;&nbsp;savoir&nbsp;&raquo;, la notion d&rsquo;&eacute;pist&ecirc;m&ecirc; s&rsquo;applique chez Aristote &agrave; la science th&eacute;orique (the&ocirc;r&iacute;a), l&rsquo;observation exerc&eacute;e avec discernement ou sagesse&nbsp;(sophia), prolong&eacute;e par la science pratique (praxis) exerc&eacute;e avec m&eacute;thode, sagacit&eacute; ou prudence&nbsp;(phronesis), puis par la science productive (po&iuml;&eacute;sis) exerc&eacute;e avec habilet&eacute; ou technique (techn&egrave;). Dans notre syst&egrave;me d&rsquo;information et de communication (figure 4), on retrouve en entr&eacute;e, le r&eacute;cepteur qui observe (the&ocirc;r&iacute;a) avec discernement&nbsp;(sophia) une information qui est une donn&eacute;e de son probl&egrave;me, mise en &oelig;uvre (praxis) par un concepteur qui &eacute;labore avec m&eacute;thode&nbsp;(phronesis) une nouvelle information intelligible, puis en sortie, un &eacute;metteur qui produit (po&iuml;&eacute;sis) avec habilet&eacute; (techn&egrave;) une information substantielle.</p> <p><img alt="2018 revue beau4" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-revue-beau4.png" /></p> <p><em>Figure 4. L&rsquo;&eacute;pist&ecirc;m&ecirc; dans la m&eacute;moire collective.</em></p> <p>C&rsquo;est donc tout naturellement sur la m&eacute;thode que nous avons fait porter notre effort pour am&eacute;liorer les pratiques. En effet, l&rsquo;&eacute;pist&eacute;m&egrave;, entendue au sens que Michel Foucault lui donne dans Les mots et les choses, est illustr&eacute; par trois grands moments de la culture occidentale&nbsp;: la Renaissance avec l&rsquo;invention de l&rsquo;imprimerie, la p&eacute;riode Classique avec ses acad&eacute;mies, puis l&rsquo;&eacute;poque Moderne qu&rsquo;il craint de voir &eacute;voluer vers une disparition de l&rsquo;homme qui &laquo;&nbsp;s&rsquo;effacerait, comme &agrave; la limite de la mer un visage de sable&nbsp;&raquo; (Foucault, 1966). Pour &eacute;viter que ces craintes ne se concr&eacute;tisent, nous pensons qu&rsquo;il faut d&eacute;passer la seule dimension num&eacute;rique et sa vertu exclusivement technique, qui domine le paysage &eacute;pist&eacute;mique actuel, en limitant la technique &agrave; son r&ocirc;le instrumental et en donnant la priorit&eacute; &agrave; la m&eacute;thode et &agrave; son r&ocirc;le essentiel pour la science.</p> <h2><a id="t6"></a>DOXA ET INTUITION, LANGUE ET PENS&Eacute;E, LA QUESTION DU SENS</h2> <p>C&rsquo;est ainsi, dans l&rsquo;esprit de cette &eacute;pist&eacute;m&egrave; foucaldienne, que nous pensons utile d&rsquo;appeler de nos v&oelig;ux une p&eacute;riode post-moderne redonnant &agrave; la m&eacute;thodologie toute sa place aux c&ocirc;t&eacute;s de la technologie num&eacute;rique qui domine la p&eacute;riode moderne.&nbsp; Nous nous appuyons pour cela sur une notion compl&eacute;mentaire de l&rsquo;&eacute;pist&ecirc;m&ecirc; chez Aristote, la doxa, mot que certains auteurs traduisent par &laquo;&nbsp;endoxe&nbsp;&raquo; (Pelletier, 2007).&nbsp; Pour imager notre propos, nous pouvons dire que l&rsquo;endoxe est &agrave; l&rsquo;intuition ce que la langue est &agrave; la pens&eacute;e : une r&eacute;ponse analogique &agrave; la question du sens.</p> <p>Chez Aristote en effet, la doxa est une id&eacute;e partag&eacute;e par tous (ou la plupart) parce qu&rsquo;elle r&eacute;pond &agrave; une attente (un besoin) des sages, pour faire progresser&nbsp; la th&eacute;orie avec discernement, la pratique avec m&eacute;thode et la production avec habilet&eacute; (Beau, 2016). On peut ainsi dire qu&rsquo;elle est compl&eacute;mentaire de l&rsquo;&eacute;pist&ecirc;m&ecirc; (figure 5), c&rsquo;est-&agrave;-dire de la th&eacute;orie (the&ocirc;r&iacute;a) et de la sagesse (sophia) associ&eacute;e, qu&rsquo;elle fait progresser en lui donnant un sens d&eacute;termin&eacute; par un besoin (l&rsquo;attente des sages), pour mettre en &oelig;uvre une pratique (praxis) avec m&eacute;thode (phronesis), puis r&eacute;aliser un produit (po&iuml;&eacute;sis) dont une des habilet&eacute;s (techn&egrave;) peut &ecirc;tre une nouvelle doxa dans une sorte de boucle de r&eacute;troaction revenant &agrave; l&rsquo;observation des donn&eacute;es disponibles pour am&eacute;liorer les connaissances pratiques et produire de nouveaux savoirs techniques.</p> <p><img alt="2018 revue beau5" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-revue-beau5.png" /></p> <p><em>Figure 5. &Eacute;pist&ecirc;m&ecirc; et doxa.</em></p> <p>L&rsquo;endoxe est l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment central de la construction de sens dans notre m&eacute;moire collective. Elle fa&ccedil;onne l&rsquo;intuition collective et le jugement commun, comme la langue conditionne la pens&eacute;e et le jugement individuels&nbsp;: en r&eacute;ponse &agrave; une attente. Face &agrave; une masse de donn&eacute;es &agrave; exploiter en constante augmentation, elle doit faire &eacute;voluer l&rsquo;&eacute;pist&eacute;m&egrave; actuelle pour permettre de concevoir une connaissance intelligible et &eacute;mettre un savoir substantiel.</p> <p>Cette &eacute;pist&eacute;m&egrave; &laquo;&nbsp;moderne&nbsp;&raquo; demeure en effet fond&eacute;e sur une techn&egrave; num&eacute;rique omnipr&eacute;sente, dont on observe qu&rsquo;elle bouscule profond&eacute;ment la fonction documentaire dans nos syst&egrave;mes d&rsquo;information au point de placer cette derni&egrave;re au c&oelig;ur de ces grandes &laquo;&nbsp;r&eacute;volutions culturelles et cognitives&nbsp;&raquo; d&eacute;crites par Michel Serres (2007), dont celles de l&rsquo;&eacute;criture puis de l&rsquo;imprimerie et maintenant du num&eacute;rique. Celles-ci affectent en effet le &laquo;&nbsp;couplage entre un support et un message&nbsp;&raquo;, dont la &laquo;&nbsp;quadruple caract&eacute;ristique (stocker, traiter, &eacute;mettre et recevoir de l&rsquo;information)&nbsp;&raquo; est &laquo;&nbsp;commune aux sciences humaines et aux sciences dures&nbsp;&raquo;. Entre une fonction statistique en pleine effervescence et une fonction documentaire &agrave; vocation collective de transmission de sens dans un espace-temps de plus en plus contract&eacute; par les nouvelles technologies de l&rsquo;information et de la communication, c&rsquo;est la fonction cognitive qui est d&eacute;sormais sollicit&eacute;e en abordant l&rsquo;exploitation des data comme une &laquo;&nbsp;formidable machine &agrave; produire du sens nouveau&nbsp;&raquo; (Leleu-Merviel, 2004).</p> <p>On touche l&agrave; au noyau dur des probl&egrave;mes d&rsquo;organisation des connaissances en environnement &eacute;lectronique qui est pr&eacute;cis&eacute;ment celui de la transformation des &laquo;&nbsp;big data&nbsp;&raquo; en &laquo;&nbsp;thick data&nbsp;&raquo;. La nouvelle &eacute;pist&eacute;m&egrave; doit ainsi pouvoir reposer sur un corpus m&eacute;thodologique consistant, dont un des objectifs pourra &ecirc;tre d&rsquo;organiser le fonctionnement d&rsquo;une m&eacute;moire collective. Le document &laquo;&nbsp;&eacute;lectronique&nbsp;&raquo;, adjectif que nous pr&eacute;f&eacute;rons &agrave; &laquo;&nbsp;num&eacute;rique&nbsp;&raquo; afin de nous d&eacute;marquer de l&rsquo;emprise informatique, est amen&eacute; &agrave; y jouer tout son r&ocirc;le, qui est essentiel dans le processus de construction de sens.&nbsp; Il nous faut donc donner &agrave; cette &eacute;pist&eacute;m&egrave; &laquo;&nbsp;post-moderne&nbsp;&raquo; toute la consistance de la dimension analogique d&rsquo;un discours plus dialectique, mais pas moins scientifique pour autant, en revenant avec Aristote &agrave; la source de la Gr&egrave;ce antique et &agrave; un mode de pens&eacute;e plus g&eacute;om&eacute;trique qu&rsquo;alg&eacute;brique. Si les traitements num&eacute;riques semblent donc parfaitement adapt&eacute;s au passage de la fonction statistique &agrave; la fonction cognitive, et encore loin d&rsquo;avoir &eacute;puis&eacute; toutes leurs ressources en la mati&egrave;re, le passage de la fonction cognitive &agrave; la fonction documentaire semble quant &agrave; lui plus adapt&eacute; &agrave; un traitement de nature analogique.</p> <p>Pour s&rsquo;en convaincre, on peut s&rsquo;appuyer sur ce que l&rsquo;on observe du fonctionnement de la langue dans la m&eacute;moire individuelle. Contrairement au calcul qui fait de la m&eacute;moire des ordinateurs un outil num&eacute;rique d&eacute;di&eacute; au traitement des donn&eacute;es, la langue est en effet un outil que l&rsquo;on peut dire analogique pour indiquer le fait qu&rsquo;elle proc&egrave;de par analogies, c&rsquo;est-&agrave;-dire en entretenant un rapport de ressemblance avec les objets qu&rsquo;elle manipule. C&rsquo;est elle qui conditionne la pens&eacute;e &nbsp;et fait de notre m&eacute;moire sp&eacute;cifiquement humaine un syst&egrave;me analogique d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;exploitation d&rsquo;une information qui s&rsquo;agr&egrave;ge dans un discours. C&rsquo;est donc aussi une langue (ou un langage documentaire) qui va faire de notre m&eacute;moire collective un syst&egrave;me analogique d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;exploitation d&rsquo;une information qui s&rsquo;agr&egrave;ge dans des documents assurant une fonction sociale de transmission de sens entre individus, &agrave; la fois dans l&rsquo;espace et dans le temps.</p> <h2><a id="t7"></a>CONCLUSION : ENJEUX ET PERSPECTIVES</h2> <p>Nous devons maintenant nous appuyer sur la puissance de calcul de l&rsquo;Internet pour &laquo;&nbsp;th&eacute;oriser&nbsp;&raquo; (cat&eacute;goriser, mod&eacute;liser, expliquer, partager, discuter) nos observations, sans oublier de remettre cette th&eacute;orisation entre les mains d&rsquo;une intelligence collective foisonnante. (L&eacute;vy, 2015)</p> <p>Sans aller jusqu&rsquo;&agrave; esp&eacute;rer la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; datacentrique&nbsp;&raquo; que Pierre L&eacute;vy nous annonce, fond&eacute;e sur le &laquo;&nbsp;m&eacute;dium algorithmique&nbsp;&raquo; et l&rsquo;adoption g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e d&rsquo;un m&eacute;talangage tel que &laquo;&nbsp;le langage IEML (ou tout autre syst&egrave;me universel de codage computationnel du sens)&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la ma&icirc;trise des donn&eacute;es, &agrave; commencer par leur ma&icirc;trise intellectuelle&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;une intelligence collective foisonnante, devient sans aucun doute &laquo;&nbsp;un enjeu scientifique et social majeur&nbsp;&raquo;. Nous pensons n&eacute;anmoins que les sciences de l&rsquo;information et de la communication doivent contribuer &agrave; remettre de l&rsquo;humain dans les technologies de l&rsquo;information et de la communication en proposant une &laquo;&nbsp;th&eacute;orie scientifique&nbsp;&raquo; de l&rsquo;information diff&eacute;rente de toutes celles issues de la &laquo;&nbsp;th&eacute;orie math&eacute;matique de la communication&nbsp;&raquo; (Shannon, 1948), qui permette de concevoir des syst&egrave;mes d&rsquo;information documentaires capables &laquo;&nbsp;d&rsquo;optimiser la distribution de l&rsquo;information pour qu&#39;elle soit appropri&eacute;e aux besoins de chacun&nbsp;&raquo;, ce que &laquo;&nbsp;nous ne savons pas encore&nbsp;&raquo; faire (Babinet, 2016).</p> <p>Cette th&eacute;orie doit selon nous se fonder plus sur l&rsquo;observation des pratiques des hommes que sur celle du d&eacute;veloppement &agrave; marche forc&eacute;e de techniques num&eacute;riques de plus en plus performantes au point de laisser croire que l&rsquo;on pourrait un jour s&rsquo;affranchir du travail de la pens&eacute;e. L&rsquo;intuition collective et le besoin de sens qui l&rsquo;anime, soutenu par une volont&eacute; commune elle-m&ecirc;me initi&eacute;e par des sensations ou des &eacute;motions partag&eacute;es, doivent &ecirc;tre selon nous au c&oelig;ur de toute r&eacute;flexion th&eacute;orique en mati&egrave;re de syst&egrave;mes d&rsquo;information. Une telle &laquo;&nbsp;th&eacute;orie scientifique&nbsp;&raquo; de l&rsquo;information pourrait marquer l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une &eacute;pist&eacute;m&egrave; post-moderne ou d&rsquo;une &laquo;&nbsp;&egrave;re post-num&eacute;rique&nbsp;&raquo; (Beau, 2015), alliant l&rsquo;ordre et l&rsquo;harmonie d&rsquo;une culture analogique classique au g&eacute;nie num&eacute;rique moderne en apportant &agrave; la m&eacute;thode le soutien indispensable susceptible d&rsquo;assurer son ascendant sur la technique.</p> <p>Afin de l&eacute;gitimer une telle approche des syst&egrave;mes d&rsquo;information empruntant donc plus aux humanit&eacute;s qu&rsquo;aux sciences de l&rsquo;ing&eacute;nieur, nous travaillons &agrave; la formulation des principes d&rsquo;une m&eacute;thode de recherche et de partage de l&rsquo;information, dont l&rsquo;instrument principal n&rsquo;est pas le support num&eacute;rique gestionnaire de donn&eacute;es massives, ni l&rsquo;intelligence artificielle pourvoyeuse de connaissances nouvelles, mais le document &eacute;lectronique recueil de savoirs humains. Son exploitation y est envisag&eacute;e comme un sport d&rsquo;&eacute;quipe, dans un syst&egrave;me d&rsquo;information documentaire &agrave; facettes impliquant le lieu et le temps, &agrave; l&rsquo;image des cinq sens compl&eacute;t&eacute;s par l&rsquo;intuition qui f&eacute;d&egrave;re l&rsquo;ensemble. L&rsquo;enjeu est d&rsquo;am&eacute;liorer la pratique du syst&egrave;me par une communaut&eacute; organis&eacute;e autour d&rsquo;une fonction commune qui donne sens &agrave; son jeu collectif. Notre exp&eacute;rience de ce jeu dont le document est le principal instrument, nous a en effet conduit &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;un syst&egrave;me op&eacute;rationnel de planification de l&rsquo;activit&eacute; documentaire d&rsquo;une communaut&eacute; r&eacute;unie autour d&rsquo;un besoin de savoir pour exercer sa fonction. Celui-ci est associ&eacute; &agrave; un syst&egrave;me &laquo;&nbsp;d&rsquo;indexation analogique&nbsp;&raquo; fond&eacute; sur un langage documentaire et une &laquo;&nbsp;grammaire&nbsp;&raquo; qui l&rsquo;organise, calqu&eacute;e sur une hi&eacute;rarchie des sens, dont nous avons pens&eacute; utile d&rsquo;approfondir les fondements scientifiques en puisant &agrave; la source des sciences humaines. L&rsquo;homme &eacute;tant au c&oelig;ur du syst&egrave;me, c&rsquo;est en effet, selon nous, bien &agrave; ces derni&egrave;res qu&rsquo;il revient de th&eacute;oriser cette exp&eacute;rience de jeu collectif.</p> <p>&Agrave; l&rsquo;heure des technologies num&eacute;riques et du web s&eacute;mantique, nous avons donc fait le choix d&eacute;lib&eacute;r&eacute; de faire appel &agrave; une th&eacute;orie de l&rsquo;information, ancr&eacute;e dans les humanit&eacute;s de la pens&eacute;e, de la langue et de la grammaire qui l&rsquo;organise, plut&ocirc;t que dans la technique du calcul et des algorithmes qui le programment. Nous voulons affirmer ainsi la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une distinction claire entre logique et algorithmique, entre sciences humaines et sciences de l&rsquo;ing&eacute;nieur ou entre l&rsquo;humain et l&rsquo;automate. Une telle d&eacute;marcation n&rsquo;est possible qu&rsquo;&agrave; condition de se donner les moyens d&rsquo;une interdisciplinarit&eacute; forte, dont nous ambitionnons de montrer, que les m&eacute;thodes de partage dynamique de l&rsquo;information documentaire auxquelles nous travaillons peuvent &ecirc;tre l&rsquo;instrument.</p> <p>&laquo;&nbsp;Malgr&eacute; leurs progr&egrave;s constants&nbsp;&raquo;, nous dit le g&eacute;n&eacute;ral Jean Rannou (2015), ancien chef d&rsquo;&eacute;tat-major de l&rsquo;arm&eacute;e de l&rsquo;air fran&ccedil;aise, &laquo;&nbsp;les capacit&eacute;s technologiques, n&rsquo;apportent pas de solution aux analystes&nbsp;&raquo; du renseignement &laquo;&nbsp;quand les intentions des adversaires restent inaccessible&nbsp;&raquo;. Ces progr&egrave;s, &laquo;&nbsp;qui &eacute;taient cens&eacute;s suppl&eacute;er les capacit&eacute;s des hommes, voire les remplacer, leur donnent en r&eacute;alit&eacute; une place plus importante en termes de responsabilit&eacute; et plus exigeante en termes de comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est l&agrave; tout l&rsquo;enjeu de notre travail&nbsp;: donner aux hommes les moyens m&eacute;thodologiques pour r&eacute;pondre &agrave; des exigences de plus en plus fortes en raison des formidables progr&egrave;s technologiques auxquels ils ont d&eacute;sormais acc&egrave;s.</p> <p>Mais si la machine, nous dit encore C&eacute;dric Villani (2016), &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas capable de trouver et d&rsquo;avoir l&rsquo;intuition de la direction vers o&ugrave; aller, elle va se retrouver pi&eacute;g&eacute;e par cet oc&eacute;an de possibles&nbsp;&raquo;.&nbsp; L&rsquo;&eacute;norme int&eacute;r&ecirc;t suscit&eacute; par le ph&eacute;nom&egrave;ne des big data, qui restent malgr&eacute; tout en demande &laquo;&nbsp;d&rsquo;&eacute;paisseur&nbsp;&raquo;, nous donne un assez bon exemple de l&rsquo;insuffisance de ce &laquo;&nbsp;tout-technologique&nbsp;&raquo; qui domine le paysage actuel. Il justifie en tout cas selon nous cette recherche &laquo;&nbsp;d&rsquo;&eacute;paisseur&nbsp;&raquo; que le recours &agrave; la notion de &laquo;&nbsp;thick data&nbsp;&raquo; illustre bien et que l&rsquo;effort m&eacute;thodologique que nous avons entrepris a l&rsquo;ambition de satisfaire en donnant du sens aux donn&eacute;es gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;intuition qui doit &ecirc;tre aux gouvernes pour savoir &laquo;&nbsp;vers o&ugrave; aller&nbsp;&raquo;.&nbsp;</p> <h2><a id="t8"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Allard, L. (2015). L&rsquo;engagement du chercheur &agrave; l&rsquo;heure de la fabrication num&eacute;rique personnelle. <i>Herm&egrave;s, La Revue,</i> 73,(3), 159-167. <a href="http://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2015-3-page-159.htm.">http://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2015-3-page-159.htm.</a></p> <p>Babinet, G. (2016). <i>L&#39;&egrave;re num&eacute;rique, un nouvel &acirc;ge de l&#39;humanit&eacute;</i>. Le Passeur.</p> <p>Bachimont, B. (2007). 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