<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong> The management and the provision of the data of a research-action on the digital mediation of the heritage establish a stake in terms of durability of information (sustainability). This work of management reports a sociocultural thickness of the data (thick data) aiming at the common project of a science in network. In an ethnographical and social standpoint of the research we approach the patrimonial digital resources, the grounds of observation and the actors according to a systematic dimension. We present the current stakes in management modalities of the data of research as part of the research-action. We return on the methodology of research by underlining the documentary characteristics and communicationnelle of the preservation, the treatment and the communication of the data as part of an open informative ecosystem. We end with the work of value, information and documentary mediation of the data so that they can be visible, understandable and accessible to all.</p> <p><strong>Keywords&nbsp;:</strong> Data of research, Data Management, Open Science, Research-action, Thick Data, Resarch-Action, Heritage</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>En France, il est devenu courant pour les acteurs de la culture de s&rsquo;investir dans des missions de m&eacute;diation num&eacute;rique autour du patrimoine aupr&egrave;s de publics vari&eacute;s et particuli&egrave;rement aupr&egrave;s des jeunes. Pour comprendre l&rsquo;effet de l&rsquo;utilisation des ressources sur un plan &eacute;ducatif &agrave; travers les dispositifs de m&eacute;diation culturelle, la direction r&eacute;gionale de l&rsquo;action culturelle en Aquitaine a souhait&eacute; mobiliser des enseignants-chercheurs participants &agrave; la formation initiale et continue des enseignants pour r&eacute;aliser un guide de bonnes pratiques en direction des partenaires et structures culturelles et &eacute;ducatives mobilis&eacute;s par l&rsquo;&eacute;ducation au patrimoine. L&rsquo;id&eacute;e a &eacute;t&eacute; de lancer un programme de recherche-action qui permette &agrave; l&rsquo;ensemble des acteurs concern&eacute;s par le projet de travailler ensemble pour &eacute;valuer le travail de m&eacute;diation et de valorisation du patrimoine. Ce projet de recherche-action, intitul&eacute; <a href="mailto:P@trinum a">P@trinum a</a> pour objectifs de qualifier les logiques de m&eacute;diation du contenu patrimonial, d&rsquo;identifier les repr&eacute;sentations et les usages r&eacute;els et potentiel des &eacute;l&egrave;ves et des enseignants sur le patrimoine num&eacute;rique, caract&eacute;riser les communaut&eacute;s professionnelles participant &agrave; la m&eacute;diation des dispositifs num&eacute;riques du patrimoine &agrave; travers sept &laquo;&nbsp;exp&eacute;rimentations&nbsp;&raquo;&nbsp; de dispositifs de m&eacute;diation num&eacute;rique du patrimoine cr&eacute;&eacute;s par des archivistes, biblioth&eacute;caires, universitaires, start-up informatiques, associations culturelles et utilis&eacute;es en &eacute;tablissements scolaires par les &eacute;l&egrave;ves, les enseignants, les intervenants num&eacute;riques. Dans le cadre de ce projet, nous cherchons &agrave; analyser les m&eacute;thodes de gestion des donn&eacute;es de recherche par les acteurs qui y participent. La question de la gestion des donn&eacute;es dans les programmes de recherche interroge d&rsquo;une part l&rsquo;utilisation des nouvelles technologies pour g&eacute;rer, traiter communiquer les donn&eacute;es issues du terrain ; elle renvoie d&rsquo;autre part au probl&egrave;me de la conservation des donn&eacute;es de recherche &agrave; l&rsquo;issue du projet et &agrave; leur valorisation au-del&agrave; du projet lui-m&ecirc;me. Notre hypoth&egrave;se de travail est que ce travail de gestion rend compte d&rsquo;une &eacute;paisseur socio-culturelle des donn&eacute;es (thick data) servant le projet commun d&rsquo;une &laquo; science en r&eacute;seau&nbsp;&raquo; (Millerand, 2012). Nous nous proposons dans cette communication de partir d&rsquo;un &eacute;tat des lieux sur le contexte institutionnel et scientifique des donn&eacute;es de recherche. Nous abordons ensuite la m&eacute;thodologie g&eacute;n&eacute;rale du projet puis celle exploratoire que nous venons de mettre en place fond&eacute;e sur une approche compr&eacute;hensive des acteurs qui travaillent &agrave; la gestion des donn&eacute;es de recherche. Enfin nous revenons sur les r&eacute;sultats que nous mettrons en discussion.</p> <h2><a id="t2"></a>LES DONN&Eacute;ES DE RECHERCHE : D&Eacute;FINITIONS ET ENJEUX DE LEUR GESTION DANS LE CADRE D&rsquo;UNE RECHERCHE-ACTION</h2> <p>La production de donn&eacute;es de recherche est le propre des projets scientifiques quelle que soit leur envergure, les acteurs pr&eacute;sents, le budget allou&eacute;, les m&eacute;thodes d&eacute;ploy&eacute;es pour parvenir &agrave; donner des r&eacute;ponses aux hypoth&egrave;ses de travail &agrave; l&rsquo;origine de la recherche elle-m&ecirc;me. Les recherches de type action qui incluent des professionnels dans la r&eacute;flexion men&eacute;e et qui sont tr&egrave;s r&eacute;pandues en sciences de l&rsquo;information et de la communication (Meyer, 2006) n&rsquo;&eacute;chappent pas &agrave; ce ph&eacute;nom&egrave;ne. A l&rsquo;heure du num&eacute;rique la production de donn&eacute;es de recherche entre dans un processus de formalisation appel&eacute; &laquo;&nbsp;plan de gestion de donn&eacute;es&nbsp;&raquo; qui peut &ecirc;tre l&rsquo;occasion de discuter de la notion de durabilit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire de soutenabilit&eacute; de la gestion des donn&eacute;es et de sa valeur-ajout&eacute;e pour la communaut&eacute; de pratiques.</p> <p>&nbsp;</p> <h6>Recherche-action et production de donn&eacute;es de recherche : cadre op&eacute;rationnel des plans de gestion de donn&eacute;es</h6> <p>La recherche-action reste &laquo;&nbsp;une d&eacute;marche adapt&eacute;e pour d&eacute;velopper des strat&eacute;gies permettant de soutenir des professionnels attach&eacute;s au d&eacute;veloppement de leur m&eacute;tier&nbsp;&raquo; (Meyer, 2006&nbsp;: 89). Dans cette perspective, elle est le cadre scientifique de production de donn&eacute;es de recherche issues de savoirs profanes capt&eacute;s dans une logique op&eacute;rationnelle. Dans le m&ecirc;me temps, les donn&eacute;es de recherche repr&eacute;sentent une entr&eacute;e pour comprendre les pratiques professionnelles des chercheurs en termes d&rsquo;acc&egrave;s au terrain de la recherche et aux acteurs qui le compose.</p> <p>Selon l&rsquo;OCDE, les donn&eacute;es scientifiques (ou donn&eacute;es de la recherche, research data) sont &laquo; des enregistrements factuels (chiffres, textes, images et sons), qui sont utilis&eacute;s comme sources principales pour la recherche scientifique et sont g&eacute;n&eacute;ralement reconnus par la communaut&eacute; scientifique comme n&eacute;cessaires pour valider des r&eacute;sultats de recherche. Un ensemble de donn&eacute;es de recherche constitue une repr&eacute;sentation syst&eacute;matique et partielle du sujet faisant l&rsquo;objet de la recherche &raquo; (OCDE, 2007). Depuis quelques ann&eacute;es, les donn&eacute;es de recherche font l&rsquo;objet de pr&eacute;conisations dans de nombreux pays (Donn&eacute;es de recherche, Canada, 2011, ADNS, Australie, 2015, Commission europ&eacute;enne, 2013) en termes de plan de gestion de donn&eacute;es (Data Management Plan), visant leur inscription dans un &eacute;cosyst&egrave;me informationnel impliquant des modalit&eacute;s de gestion concert&eacute;e entre tous les partenaires des projets de recherche. Un plan de gestion de donn&eacute;e est un &laquo;&nbsp;Document r&eacute;dig&eacute; au commencement d&#39;un projet de recherche et qui d&eacute;finit ce que les chercheurs feront de leurs donn&eacute;es pendant et apr&egrave;s le projet, explicitant notamment la mise &agrave; disposition des donn&eacute;es&nbsp;&raquo; (Deboin, 2014). Cette d&eacute;finition renvoie &agrave; une formalisation des proc&eacute;dures &agrave; suivre en mati&egrave;re de strat&eacute;gie documentaire des donn&eacute;es.</p> <p>Dans tous les pays il existe des cadres op&eacute;rationnels pour la gestion des donn&eacute;es. Au Canada, le cadre d&rsquo;action permettant le d&eacute;veloppement de la gestion des donn&eacute;es de recherche &agrave; grande &eacute;chelle repose sur l&rsquo;innovation en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;conomie num&eacute;rique (Donn&eacute;es de recherche, Canada, 2011). En Australie, la collecte de donn&eacute;es de recherche doit permettre leur mise en visibilit&eacute; et leur r&eacute;utilisation efficaces dans un contexte scientifique international (ADNS, Australie, 2015). En Europe, depuis 2013, et dans le cadre du plan Horizon de la recherche 2020, la commission europ&eacute;enne inscrit les plans de gestion des donn&eacute;es dans une perspective d&rsquo;ouverture des donn&eacute;es de recherche scientifique. La nouvelle loi sur la r&eacute;publique num&eacute;rique du 7 octobre 2016 distingue enfin l&rsquo;acc&egrave;s aux donn&eacute;es de recherche et leur r&eacute;utilisation dans le cadre de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es &agrave; travers l&rsquo;exploitation et la fouille de texte. Les plans de gestion de donn&eacute;es s&rsquo;inscrivent dans le mouvement de l&rsquo;ouverture des donn&eacute;es de recherche qui &laquo;&nbsp;[&hellip;] consacr[e] le partage et la r&eacute;utilisation des productions scientifiques en principe de base, pour une participation de la science &agrave; une soci&eacute;t&eacute; plus ouverte, innovante et inclusive&nbsp;&raquo; (B&eacute;card et alii, 2016&nbsp;: pr&eacute;face).</p> <h6>La question de la durabilit&eacute; des donn&eacute;es de recherche dans le domaine de la m&eacute;diation num&eacute;rique du patrimoine</h6> <p>Si le consensus autour du d&eacute;veloppement d&rsquo;un plan de gestion de donn&eacute;es est av&eacute;r&eacute;, leur gestion elle-m&ecirc;me reste plus d&eacute;licate &agrave; mettre en place dans une perspective de durabilit&eacute; (Nolin, 2010). Nous envisageons la question de la durabilit&eacute; en termes de soutenabilit&eacute; de leur gestion c&rsquo;est-&agrave;-dire comme une forme de logiques d&rsquo;actions sur les donn&eacute;es qui soit viable par un collectif. Au-del&agrave; de l&rsquo;engagement des structures habilit&eacute;es &agrave; produire des infrastructures p&eacute;rennes et efficaces pour conserver et rendre accessible les donn&eacute;es, la question de la durabilit&eacute; des donn&eacute;es de recherche s&rsquo;inscrit dans le 4&egrave;me paradigme de la recherche pour lequel la th&eacute;orie, l&rsquo;exp&eacute;rimentation et la simulation sont intimement li&eacute;es aux donn&eacute;es et dans lequel il faut r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; l&rsquo;utilisation de leur gestion. Dans ce cadre, les donn&eacute;es de recherche participent d&rsquo;un gain de productivit&eacute; (mutualisation, reproductibilit&eacute;) et de cr&eacute;ation (croisement, visualisation) (Gallezot, 2015). La durabilit&eacute; implique une n&eacute;gociation autour de d&rsquo;usages partag&eacute;s innovants de la donn&eacute;e visant la production de connaissances (Argote, 2003). Cette dimension est reprise dans le livre blanc du CNRS paru en 2016&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les donn&eacute;es scientifiques (&agrave; financement majoritairement public) doivent devenir un bien commun informationnel. L&#39;objectif est d&#39;autoriser le d&eacute;p&ocirc;t en m&ecirc;me temps que des articles, des donn&eacute;es de base de la recherche. Un tel d&eacute;p&ocirc;t faciliterait la reproductibilit&eacute; de la recherche en m&ecirc;me temps qu&#39;il favoriserait l&#39;innovation dans la soci&eacute;t&eacute; civile&nbsp;&raquo; (CNRS, 2016&nbsp;: 111).&nbsp;</p> <p>La question de la durabilit&eacute; des donn&eacute;es de recherche s&rsquo;inscrit aussi dans le cadre des humanit&eacute;s num&eacute;riques &laquo;&nbsp;[qui] d&eacute;signent un dialogue interdisciplinaire sur la dimension num&eacute;rique des recherches en sciences humaines et sociales, au niveau des outils, des m&eacute;thodes, des objets d&rsquo;&eacute;tudes et des modes de communication&nbsp;&raquo; (Dacos et Mounier, 2004&nbsp;: 15). Faire en sorte que les donn&eacute;es recueillies puissent &ecirc;tre g&eacute;r&eacute;es de mani&egrave;re durable s&rsquo;inscrit au-del&agrave; des m&eacute;thodologies d&eacute;ploy&eacute;es autour de la mise &agrave; disposition d&rsquo;infrastructures de conservation et d&rsquo;archivage des donn&eacute;es. Elle renvoie &agrave; la patrimonialisation des donn&eacute;es de recherche (Fayet-Montagne, 2015). Enfin, la durabilit&eacute; des connaissances comprise comme production de connaissances construites &agrave; partir des donn&eacute;es dans une perspective de reproductibilit&eacute; questionne la communicabilit&eacute; des donn&eacute;es en termes de visibilit&eacute; et de r&eacute;utilisabilit&eacute;.</p> <h6>La gestion des donn&eacute;es de recherche pour la communaut&eacute; de pratiques : quelle valeur ajout&eacute;e ?&nbsp;</h6> <p>La diversit&eacute; des acteurs de la recherche-action repr&eacute;sente une communaut&eacute; de pratiques, tourn&eacute;e vers des pratiques d&rsquo;information et de communication, qui cherche &agrave; se f&eacute;d&eacute;rer autour du projet notamment autour de la dimension cognitive de mobilisation de ressources (Wenger, 1998). Les donn&eacute;es de recherches sont le gage &agrave; long terme de l&rsquo;instauration d&rsquo;un guide de bonnes pratiques autour de la m&eacute;diation en ligne du patrimoine. Nous savons que la communaut&eacute; de SHS estime d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale que le &laquo;&nbsp;Partage de donn&eacute;es et techniques de &ldquo;fouille de donn&eacute;es et de textes&rdquo; sont ainsi in&eacute;galement r&eacute;pandus selon les types de donn&eacute;es, pour des raisons principalement d&rsquo;obstacles juridiques [donn&eacute;es de tiers], et de manque de moyens en personnel pour la production et le maintien de m&eacute;tadonn&eacute;es de qualit&eacute; &raquo; (CNRS, 2016&nbsp;: 28). Les pratiques effectives peinent cependant &agrave; se mettre en place (Boukacem-Zeghmouri et D&eacute;l&eacute;montez, 2015). Les biblioth&egrave;ques repr&eacute;sentent n&eacute;anmoins un espace de r&eacute;flexion sur la veille et la diffusion de l&rsquo;information autour des projets de recherche et de la valorisation des donn&eacute;es. Le travail peut s&rsquo;organiser avec la communaut&eacute; de chercheurs, ing&eacute;nieurs-projets ou archivistes mais aussi avec instances et services dits locaux qui sont directement concern&eacute;s par ce travail de conservation, de gestion, d&rsquo;exploitation et de diffusion des donn&eacute;es pour permettre le d&eacute;veloppement de la science en r&eacute;seau (Millerand, 2012).</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t3"></a>M&Eacute;THODOLOGIE DE RECHERCHE : CADRE D&rsquo;ANALYSE, DE PRODUCTION ET DE TRAITEMENT DES DONN&Eacute;ES DE RECHERCHE&nbsp;</h2> <p>Les plans de gestion de donn&eacute;es ne sont pas encore mis en place dans toutes les universit&eacute;s fran&ccedil;aises. M&ecirc;me si la recherche-action <a href="mailto:P@trinum s">P@trinum s</a>&rsquo;inscrit dans une situation o&ugrave; la moiti&eacute; du budget &eacute;mane d&rsquo;un acteur public, il a &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute; par les instances partenaires que le travail autour des donn&eacute;es de recherche serait artisanal. Nous avons donc &eacute;tabli une m&eacute;thodologie de travail autour des donn&eacute;es de recherche que nous souhaitons valoriser et mettre en discussion pour faire avancer la r&eacute;flexion sur la question des thick data.&nbsp;</p> <h6>La m&eacute;thodologie g&eacute;n&eacute;rale de la recherche</h6> <p>Dans le cadre de <a href="mailto:P@trinum">P@trinum</a>, nous nous situons dans une perspective ethnographique de la recherche-action. A travers les entretiens et les observations, l&rsquo;entr&eacute;e par l&rsquo;action situ&eacute;e (Suchman, 2007) nous permet de prendre en compte une r&eacute;alit&eacute; de terrain qui est sp&eacute;cifique &agrave; chaque exp&eacute;rimentation num&eacute;rique c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; chaque type de ressources patrimoniales. La perspective de la cognition distribu&eacute;e (Conein et Th&eacute;venot, 2004) est &eacute;galement n&eacute;cessaire pour comprendre les relations qui se tissent dans les classes entre les diff&eacute;rents intervenants et partenaires de la recherche-action qui travaillent aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves dans des espaces de travail professionnels du monde de la documentation, des biblioth&egrave;ques et des archives. La dimension syst&eacute;mique (Engestr&ouml;m, 2001) quant &agrave; elle trouve sa v&eacute;racit&eacute; dans le fait de cerner comment les activit&eacute;s mises en place font &eacute;cho &agrave; des pratiques r&eacute;elles et &agrave; des repr&eacute;sentations que l&rsquo;on souhaite &eacute;galement capter et mettre en relation entre l&rsquo;ensemble des acteurs en pr&eacute;sence. A partir des &eacute;l&eacute;ments que nous avons commenc&eacute;s &agrave; recueillir dans le cadre de cette recherche nous avons choisi d&rsquo;entamer un travail de r&eacute;flexion autour de la gestion des donn&eacute;es de recherche.&nbsp;</p> <h6>Cadre d&rsquo;analyse des donn&eacute;es de recherche issues de l&rsquo;approche qualitative</h6> <p>La notion des &laquo;&nbsp;thick data&nbsp;&raquo; est un h&eacute;ritage du travail de l&rsquo;anthropologue de la culture Clifford Geertz qui dans les ann&eacute;es 1970 a propos&eacute; de r&eacute;aliser des descriptions fines des observations effectu&eacute;es dans le cadre du d&eacute;ploiement des &eacute;tudes ethnographiques. Cette terminologie de la donn&eacute;e de terrain fait &eacute;cho &agrave; la notion de &laquo;&nbsp;rich data&nbsp;&raquo; d&rsquo;Howard Becker qui de son c&ocirc;t&eacute; a popularis&eacute; le travail de contextualisation de la donn&eacute;e en pr&eacute;conisant l&rsquo;observation des ph&eacute;nom&egrave;nes et la d&eacute;finition du sens de ce qui les organise sans pr&eacute;sumer a priori de ce sens. La recherche elle-m&ecirc;me gagne en cr&eacute;dibilit&eacute; et en v&eacute;racit&eacute; &agrave; partir du moment o&ugrave; la donn&eacute;e est d&eacute;taill&eacute;e, compl&egrave;te et que l&rsquo;on peut lui donner un sens pr&eacute;cis (Onwuegbuzie et Leech, 2007&nbsp;: 244).&nbsp; A l&rsquo;heure du big data, certains partisans du thick data revendiquent cette entr&eacute;e dans la donn&eacute;e (Wang, 2013), une entr&eacute;e par la vie professionnelle des gens que l&rsquo;on accompagne et par laquelle le chercheur entre pour en comprendre les usages, les pratiques et les repr&eacute;sentations. Il y a la production d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments de contextualisation par le chercheur sous forme de journal de bord mais &eacute;galement la possibilit&eacute; de tracer les acteurs de terrain suivis &agrave; travers les r&eacute;seaux sociaux. C&rsquo;est ce que Cardon appelle la &laquo;&nbsp;mise en forme du social&nbsp;&raquo; (Cardon, 2015) au travers du big data et sur laquelle on peut aussi s&rsquo;appuyer dans le cadre de la recherche pour &eacute;tayer et compl&eacute;ter les donn&eacute;es de recherche. Les exp&eacute;rimentations suivies ont souvent &eacute;t&eacute; trac&eacute;es par les r&eacute;seaux sociaux des enseignants de terrain et des commanditaires de la recherche-action, ce sont donc aussi des &eacute;l&eacute;ments &agrave; prendre en compte lors de l&rsquo;analyse des donn&eacute;es de recherche.</p> <h6>La question des m&eacute;thodes et des outils pluriels pour capitaliser, traiter et diffuser les donn&eacute;es</h6> <p>Nous avons donc r&eacute;fl&eacute;chi de mani&egrave;re sp&eacute;cifique &agrave; une m&eacute;thodologie de la recherche exploratoire sur la question des donn&eacute;es dans le contexte de la science en r&eacute;seau et des thick data. On a souhait&eacute; dans une perspective ethnographique propre &agrave; la recherche-action observer de l&rsquo;int&eacute;rieur la gestion des donn&eacute;es de recherche par les enseignants-chercheurs et la personne recrut&eacute;e pour g&eacute;rer le programme de recherche-action. Ce protocole reste pour l&rsquo;heure exp&eacute;rimental. Notre hypoth&egrave;se est que la gestion des donn&eacute;es de recherche s&rsquo;inscrit dans le d&eacute;veloppement de strat&eacute;gies et techniques relevant davantage de la bo&icirc;te &agrave; outils du Personal Knowledge Management (Prost et Sch&ouml;pfel, 2015) que de l&rsquo;id&eacute;al type d&rsquo;un plan de gestion de donn&eacute;es. Nous avons envoy&eacute; un questionnaire aux enseignants-chercheurs pour comprendre leur fa&ccedil;on de g&eacute;rer les donn&eacute;es. Le gestionnaire r&eacute;seau a &eacute;t&eacute; interrog&eacute; de mani&egrave;re semi-directive sur l&rsquo;organisation de son travail autour des donn&eacute;es. L&rsquo;analyse a &eacute;galement port&eacute; sur l&rsquo;observation des d&eacute;p&ocirc;ts sur les plateformes d&rsquo;archivage d&eacute;velopp&eacute;es dans le cadre du projet. Le travail s&rsquo;est enfin nourri des &eacute;changes informels avec les enseignants-chercheurs et le chef de projet ainsi que du suivi du projet par le gestionnaire r&eacute;seau. Le but a &eacute;t&eacute; de comprendre les logiques d&rsquo;actions autour de la gestion des donn&eacute;es. Dans le cadre du questionnaire en ligne, on a interrog&eacute; les enseignants-chercheurs sur l&rsquo;ensemble du cycle de vie des donn&eacute;es de recherche (Cirad, 2016), notamment sur les pratiques d&rsquo;archivage (modalit&eacute;s de d&eacute;p&ocirc;t, tailles et types de donn&eacute;es, choix des infrastructures), et de traitement des donn&eacute;es (principalement autour de la documentation et des m&eacute;tadonn&eacute;es). La documentation&nbsp;concerne la lisibilit&eacute; des fichiers par l&rsquo;&ecirc;tre humain, les informations sur le projet (identification du contexte&nbsp;: m&eacute;thodologie, corpus) et les informations sur les fichiers des donn&eacute;es (noms des donn&eacute;es, terminologie).Plut&ocirc;t cr&eacute;&eacute;es pour &ecirc;tre lus par les machines, les m&eacute;tadonn&eacute;es peuvent aussi &eacute;maner de l&rsquo;outil de capture des donn&eacute;es, ou provenir d&rsquo;informations g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par le capteur des donn&eacute;es ou l&rsquo;usager r&eacute;-utilisateur des donn&eacute;es (Andr&eacute;, 2016). Enfin on a interrog&eacute;s les enseignants-chercheurs sur le r&ocirc;le du gestionnaire de r&eacute;seau dans la gestion des donn&eacute;es, sur la question de la communication des donn&eacute;es comme facteur de compr&eacute;hension d&rsquo;une science en r&eacute;seau et sur les liens &agrave; &eacute;tablir entre acteurs du projet, institutions et biblioth&egrave;ques pour mobiliser les donn&eacute;es de recherche dans d&rsquo;autres contextes que celui de la recherche-action.</p> <h2><a id="t4"></a>R&Eacute;SULTATS ET DISCUSSION : UNE N&Eacute;CESSAIRE &Eacute;PAISSEUR DES DONN&Eacute;ES POUR COMPRENDRE LA SCIENCE EN ACTION</h2> <p>En termes de r&eacute;sultats, la question de la durabilit&eacute; des donn&eacute;es qui s&rsquo;appuie sur une politique et des modalit&eacute;s de gestion concert&eacute;es entre chercheurs, professionnels du patrimoine, enseignants, biblioth&eacute;caires est en cours de n&eacute;gociation en l&rsquo;&eacute;tat actuel du projet. Nous montrons que la constitution du recueil de donn&eacute;es est d&eacute;pendante des outils utilis&eacute;s et des repr&eacute;sentations et pratiques des acteurs. Le traitement des donn&eacute;es est &eacute;galement le fait d&rsquo;un partage de cultures personnelles et professionnelles. C&rsquo;est le travail autour de la diffusion et la communication qui peut rendre compte de l&rsquo;&eacute;paisseur socio-culturelle de la dimension organisationnelle des donn&eacute;es de recherche.</p> <h6>Le recueil des donn&eacute;es : la question des outils comme espace de repr&eacute;sentations et de pratiques des acteurs du projet</h6> <p>Le choix des outils pour h&eacute;berger et qualifier les donn&eacute;es a &eacute;t&eacute; effectu&eacute; par le gestionnaire r&eacute;seau. Son travail participe d&rsquo;un &laquo; travail d&rsquo;articulation &raquo; (Strauss, 1985) n&eacute;cessaire &agrave; la compr&eacute;hension de ce qu&rsquo;est une donn&eacute;e de recherche. Plusieurs types de donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; recueillis, des vid&eacute;os, des photos, et des enregistrements sonores. Le gestionnaire r&eacute;seau a fait une offre de proposition d&rsquo;outils pour travailler sur les diff&eacute;rents types de donn&eacute;es, &eacute;tablir la volum&eacute;trie et &eacute;tablir la d&eacute;marche qualit&eacute; des donn&eacute;es recueillies. Pour les vid&eacute;os Vim&eacute;o a &eacute;t&eacute; choisi en fonction de son co&ucirc;t, de son utilisabilit&eacute;, de la rapidit&eacute; avec lequel le chef de projet a pu contracter l&rsquo;abonnement. Les donn&eacute;es plus l&eacute;g&egrave;res comme les photos, les enregistrements audio ont &eacute;t&eacute; recueillies sur Googledrive (Figure 1) que la majorit&eacute; des enseignants-chercheurs de l&rsquo;&eacute;quipe utilise au quotidien.&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 notes soumagnac1" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-notes-soumagnac1.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1&nbsp;: recueil de donn&eacute;es&nbsp;: cr&eacute;ation d&rsquo;une base de donn&eacute;es dans GoogleDrive</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Du c&ocirc;t&eacute; des enseignants-chercheurs, chacun a ses m&eacute;thodes et outils de travail qui d&eacute;pendent de ses pratiques informationnelles personnelles (&laquo;&nbsp;ensemble de proc&eacute;dures apprises dans le cadre d&rsquo;une formation sp&eacute;cifique ou acquise par t&acirc;tonnements susceptibles de s&rsquo;enrichir par l&rsquo;&eacute;change et avec le temps&nbsp;&raquo;&nbsp;Gardi&egrave;s, Favre, Couzinet, 2010&nbsp;: 128). Le recueil des donn&eacute;es de terrain a pos&eacute; un certain nombre de difficult&eacute;s ne serait-ce que sur le choix des outils de capture de l&rsquo;information sur le terrain pour l&rsquo;observation et les entretiens (GoPro, enregistrement num&eacute;rique, smartphone, I-pad). Elles d&eacute;pendent en m&ecirc;me temps de la fa&ccedil;on de percevoir ce qui rel&egrave;ve de la qualit&eacute; d&rsquo;une donn&eacute;e car la donn&eacute;e elle-m&ecirc;me rel&egrave;ve d&rsquo;une forme de publication (Beaudry, 2010). Concernant le traitement des donn&eacute;es, certains chercheurs de l&rsquo;&eacute;quipe valorisent la documentation de type technique autour de la donn&eacute;e pour qu&rsquo;elle soit consultable par n&rsquo;importe quel public. Pour d&rsquo;autres, il s&rsquo;agit simplement de d&eacute;poser la donn&eacute;e de recherche sur les outils d&eacute;finis dans le protocole de recherche et par lesquels le gestionnaire des donn&eacute;es va pouvoir leur attribuer justement cette &eacute;paisseur documentaire. On voit ici que la repr&eacute;sentation des enjeux du recueil et de la mise &agrave; disposition des donn&eacute;es est variable d&rsquo;une personne &agrave; l&rsquo;autre. Les repr&eacute;sentations &laquo;&nbsp;constructions sociales de la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; (Berger et Luckmann, 1986), d&eacute;pendent souvent de l&rsquo;interpr&eacute;tation de la valeur de la donn&eacute;e en tant qu&rsquo;elle apporte des r&eacute;sultats significatifs &agrave; la probl&eacute;matique de la recherche.</p> <p>&nbsp;</p> <h6>Le traitement des donn&eacute;es : classer, indexer, &eacute;valuer : quel partage entre acteurs du projet, utilisateurs et institution ?</h6> <p>Suite aux choix des infrastructures de recueil, le gestionnaire r&eacute;seau a propos&eacute; une organisation des donn&eacute;es de recherche suivant un classement relatif aux exp&eacute;rimentations de la m&eacute;diation num&eacute;rique du patrimoine. A la suite de (Foucault, 1966) la notion de classement peut &ecirc;tre comprise comme le fait &laquo; d&rsquo;accorder une priorit&eacute; &agrave; un objet, &agrave; un terme, d&rsquo;&eacute;tablir une hi&eacute;rarchie, ce qui exprime un pouvoir sur les choses&nbsp;&raquo; (Maury, 2013 : 24). L&rsquo;entr&eacute;e dans les donn&eacute;es repose tout d&rsquo;abord sur le classement par exp&eacute;rimentations (Figure 2).</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 notes soumagnac2" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-notes-soumagnac2.png" /></p> <p><em>Figure 2&nbsp;: Le classement des donn&eacute;es de recherche par exp&eacute;rimentation sur Vim&eacute;o</em></p> <p>Ensuite, le gestionnaire r&eacute;seau a r&eacute;dig&eacute; un document sur le nommage des fichiers pr&eacute;sentant le protocole d&rsquo;identification des donn&eacute;es. Par rapport &agrave; l&rsquo;utilisation de Vim&eacute;o, on s&rsquo;aper&ccedil;oit que dans le cadre de notre projet, l&rsquo;utilisation de cet outil ne semble pas adapt&eacute;e aux proc&eacute;dures de d&eacute;p&ocirc;t des enseignants-chercheurs qui pour des raisons souvent de droit &agrave; l&rsquo;image conservent les donn&eacute;es sur leur ordinateur personnel. G&eacute;r&eacute; par le gestionnaire r&eacute;seau du projet, l&rsquo;outil de partage de vid&eacute;os propose &eacute;galement, par le biais d&rsquo;&eacute;tiquettes, une forme d&rsquo;indexation ouverte &agrave; une communaut&eacute; d&rsquo;utilisateurs qu&rsquo;il s&rsquo;agit de mobiliser autour d&rsquo;usages partag&eacute;s des donn&eacute;es (Figure 3). Les enseignants-chercheurs n&rsquo;ont pas un usage des tags, des like ou d&rsquo;annotation servant la r&eacute;utilisation des donn&eacute;es.Le commentaire associ&eacute; &agrave; la donn&eacute;e peut pourtant servir d&rsquo;&eacute;valuation, expliquer le contexte de captation, offrir un cadre d&rsquo;interpr&eacute;tation de la ressource. Ce n&rsquo;est pas encore le cas dans ce projet de recherche-action qui conforte le fait que l&rsquo;&eacute;valuation des donn&eacute;es de recherche passe encore par le prisme de la publication plut&ocirc;t que par l&rsquo;infrastructure les recueillant (Beaudry, 2010).</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 notes soumagnac3" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2018-notes-soumagnac3.png" /></p> <p><em>Figure 3&nbsp;: L&rsquo;espace &laquo;&nbsp;description&nbsp;&raquo; sur Vim&eacute;o&nbsp;: contexte de description et cadre d&rsquo;interpr&eacute;tation de la ressource</em></p> <p>Les r&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te en ligne aupr&egrave;s des enseignants-chercheurs montrent enfin qu&rsquo;ils ne souhaitent pas forc&eacute;ment diffuser les donn&eacute;es brutes aupr&egrave;s des acteurs de la recherche-action. Pour les uns &laquo;&nbsp;Une donn&eacute;e n&rsquo;est pas a priori une information communicable en dehors de la recherche&nbsp;&raquo; (EC 1) car elle engage les acteurs qui y ont particip&eacute; sur le plan du droit &agrave; l&rsquo;image. Pour d&rsquo;autres,&nbsp;les donn&eacute;es sont &laquo;&nbsp;susceptibles de pr&eacute;senter de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour tous&nbsp;&raquo; (EC 2). La donn&eacute;e n&rsquo;est pas exploitable brute sans m&eacute;tadonn&eacute;es contextuelles. Les m&eacute;tadonn&eacute;es peuvent &eacute;maner de l&rsquo;outil de capture des donn&eacute;es, ou provenir d&rsquo;informations g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par le capteur des donn&eacute;es ou l&rsquo;usager r&eacute;-utilisateur des donn&eacute;es (Andr&eacute;, 2016). L&rsquo;identification du contexte et de la provenance des donn&eacute;es&nbsp; (par des mots-cl&eacute;s ou compte-rendu de la s&eacute;ance observ&eacute;e) permet d&rsquo;avoir confiance dans la donn&eacute;e produite, et l&rsquo;utilisateur peut l&rsquo;&eacute;valuer et la rendre reproductible. L&rsquo;absence de guide ou d&rsquo;aide a &eacute;t&eacute; d&eacute;plor&eacute;e parfois alors que le gestionnaire r&eacute;seau (Millerand, 2012) a mis en place des protocoles de nommage des fichiers et de description des vid&eacute;os. Enfin pour le partage des donn&eacute;es, les textes institutionnels invitent au d&eacute;p&ocirc;t des donn&eacute;es sur les dispositifs de communication autour des projets. Dans le cadre la recherche-action les enseignant-chercheurs proposent la cr&eacute;ation de capsules vid&eacute;o pour faire-valoir la recherche en train de se faire,&nbsp; le d&eacute;p&ocirc;t des donn&eacute;es pour illustrer et documenter le travail de recherche, tandis que le gestionnaire r&eacute;seau revendique la cr&eacute;ation de comptes partag&eacute;s avec les acteurs du terrain pour acc&eacute;der aux donn&eacute;es brutes.&nbsp;&nbsp;</p> <h6>Discussion&nbsp;: La diffusion et la communication autour des donn&eacute;es : les thick data comme espace de r&eacute;utilisation des donn&eacute;es</h6> <p>Pour les acteurs enseignants, les archivistes, les m&eacute;diateurs et les institutionnels du patrimoine, le site web outil de communication du projet<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/1055-notes-de-recherche/705-1-2018-note-soumagnac#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a> pourrait faire office de porte d&rsquo;entr&eacute;e dans les donn&eacute;es de recherche via une rubrique consacr&eacute;e &agrave; la recherche en cours qui explique pour les non sp&eacute;cialistes les processus de collecte, de traitement et de diffusion des donn&eacute;es. Il est cependant d&eacute;connect&eacute; de l&rsquo;ensemble de l&rsquo;activit&eacute; de gestion des donn&eacute;es de recherche qui participe d&rsquo;une classification des objets &eacute;tudi&eacute;s, des personnes rencontr&eacute;es et de leurs discours sur les pratiques et les repr&eacute;sentations de la m&eacute;diation num&eacute;rique du patrimoine. Selon (Foucault, 1966) le travail de classification est un indice de la visibilit&eacute; de l&rsquo;organisation des savoirs. En ouvrant Vim&eacute;o &agrave; d&rsquo;autres recherches sur les humanit&eacute;s num&eacute;riques, on offre la possibilit&eacute; d&rsquo;acc&eacute;der, de r&eacute;utiliser les donn&eacute;es &laquo; travaill&eacute;es &raquo; par l&rsquo;&ecirc;tre humain, les thick data. Ces donn&eacute;es &laquo;&nbsp;documentaris&eacute;es&nbsp;&raquo; (Zacklad, 2007), - la documentarisation est &laquo;&nbsp;le travail consistant &agrave; &eacute;quiper un support p&eacute;renne des attributs qui faciliteront sa circulation dans l&rsquo;espace, le temps et les communaut&eacute;s d&rsquo;interpr&eacute;tation &raquo; (Zacklad, 2007&nbsp;: 23) - deviennent des donn&eacute;es &laquo;&nbsp;augment&eacute;es&nbsp;&raquo; ou big data, car cette fois ce ne sont plus les acteurs de la recherche-action qui la documentent par un journal de bord o&ugrave; sont consign&eacute;s les &eacute;l&eacute;ments de contexte et d&rsquo;environnement dans lequel s&rsquo;exercent et se d&eacute;ploient des pratiques (d&rsquo;information, de m&eacute;diation, de patrimonialisation) mais des communaut&eacute;s plus larges, grand public qui comme les acteurs que nous avons observ&eacute;s dans leurs pratiques professionnelles souhaitent conna&icirc;tre et identifier les savoirs, les comp&eacute;tences &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans les m&eacute;tiers travers&eacute;s par la recherche-action, et les indexer et les faire circuler.</p> <p>Finalement, il est difficile de s&rsquo;assurer que l&rsquo;acc&egrave;s aux donn&eacute;es de recherche est garanti pour tous car le comportement informationnel (Taylor, 1991) des chercheurs et des utilisateurs grand public reste variable et la mise en sens des donn&eacute;es peut impliquer des r&eacute;utilisations plurielles (Heaton, 2004, Chabaud et Germain, 2006). Le travail des chercheurs dans l&rsquo;apport des donn&eacute;es et leur qualification aupr&egrave;s de l&rsquo;ensemble des acteurs participant &agrave; la mise en place des plans de gestion de donn&eacute;es est primordial pour que la gestion et la diffusion des donn&eacute;es puissent s&rsquo;inscrire dans ce courant amorc&eacute; de l&rsquo;open research data. Il reste &agrave; savoir si dans le cadre mod&eacute;lisant de plan de gestion de donn&eacute;es et d&rsquo;ouverture d&rsquo;infrastructures adapt&eacute;es au d&eacute;p&ocirc;t et au traitement des donn&eacute;es de recherche, leur &eacute;paisseur ne perde pas ce qui fait leur originalit&eacute; et leur particularit&eacute;. Les entr&eacute;es crois&eacute;es sur les terrains d&rsquo;observation, le prisme d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t scientifique de chaque chercheur font aussi partie des &eacute;l&eacute;ments de ce qu&rsquo;on nomme la thick data (cette &eacute;paisseur que l&rsquo;on attribue &agrave; la donn&eacute;e de recherche).</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t5"></a>CONCLUSION</h2> <p>Favoriser la dynamique du thick data &agrave; travers le processus de gestion des donn&eacute;es est primordial pour d&eacute;velopper une vraie gouvernance des donn&eacute;es (Maurel, 2012). Les plans de gestion de donn&eacute;es peuvent &ecirc;tre un moyen pour une communaut&eacute; de pratiques d&rsquo;instaurer un processus de gestion qui soit identifiable et compr&eacute;hensible pour tous tout en rendant compte des comp&eacute;tences de tous les acteurs du projet &agrave; g&eacute;rer efficacement les donn&eacute;es de recherche. Pour que la question de la durabilit&eacute; soit r&eacute;elle et inscrite dans le travail de la gestion des donn&eacute;es, le d&eacute;veloppement d&rsquo;une gouvernance des donn&eacute;es de recherche m&eacute;riterait un rapprochement avec la culture de la donn&eacute;e ou data literacy. L&rsquo;id&eacute;e de curation est enfin au c&oelig;ur de la politique de d&eacute;veloppement des donn&eacute;es de recherche en promouvant la culture du partage des connaissances au sein d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; ouverte et innovante.</p> <h2><a id="t6"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Andr&eacute;, F. (2016). Gestion des donn&eacute;es de la recherche dans le contexte de l&#39;Open Science. <em>Action nationale de formation RENATIS Participer &agrave; l&#39;organisation du management des donn&eacute;es de la recherche : gestion de contenu et documentation des donn&eacute;es</em>. 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