<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Les recherches sur l&rsquo;origine et le d&eacute;veloppement du g&eacute;nocide nazi rencontrent quelques difficult&eacute;s, d&egrave;s lors qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;analyser et d&rsquo;expliquer sa phase finale. L&rsquo;explosion de violence et de haine lors de la derni&egrave;re p&eacute;riode de la guerre pendant laquelle des centaines de milliers de prisonniers de camps de concentration, de prisonniers de guerre et de travailleurs forc&eacute;s furent &eacute;vacu&eacute;s des milliers de camps de concentration ou d&rsquo;autres lieux d&rsquo;incarc&eacute;ration ou de travail forc&eacute; au cours de la retraite d&rsquo;un Reich vacillant laisse de nombreuses questions en suspens et ne laisse pas d&rsquo;&eacute;tonner. En janvier&nbsp;1945, selon les archives nazies, quelque 714</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">000&nbsp;prisonniers croupissaient encore dans les camps de concentration. On peut affirmer, sans trop se tromper, que le nombre exact &eacute;tait infiniment plus &eacute;lev&eacute;, puisque m&ecirc;me les a</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">dministrateurs et le personnel de cet <i>univers concentrationnaire</i>, comme l&rsquo;appelle David Rousset, &eacute;<span style="letter-spacing:-.1pt">taient incapables d&rsquo;estimer son ampleur avec pr&eacute;cision<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Le chiffre cit&eacute; plus haut n&eacute;glige &eacute;galement le nombre, inconnu, de prisonniers, de personnes incarc&eacute;r&eacute;es, de travailleurs forc&eacute;s qui se trouvaient ailleurs au sein du syst&egrave;me de r&eacute;pression nazi, ainsi que nombre d&rsquo;ouvriers dans les entreprises priv&eacute;es, de prisonniers de guerre et autres prisonniers de camps de concentration ne figurant pas au r&eacute;pertoire des camps connus. Les habitants de cet univers particulier &eacute;taient diss&eacute;min&eacute;s dans des centaines de camps, de diff&eacute;rentes tailles, qui s&rsquo;&eacute;tendaient, au sein de l&rsquo;empire nazi en d&eacute;route, depuis le Rhin &agrave; l&rsquo;ouest jusqu&#39;aux rivages de la Vistule &agrave; l&rsquo;est et depuis les rivages de la mer Baltique au nord jusqu&rsquo;au Danube dans le sud. Les r&eacute;sidents de cet univers formaient un microcosme particulier au sein des victimes de la terreur nazie. Ils incluaient des individus europ&eacute;ens de toutes nationalit&eacute;s dont certains s&rsquo;&eacute;taient retrouv&eacute;s pi&eacute;g&eacute;s dans des pays qui n&rsquo;&eacute;taient pas tomb&eacute;s sous le contr&ocirc;le des nazis ou d&rsquo;autres qui avaient combattu l&rsquo;Allemagne. Chacun de ces prisonniers avait termin&eacute; dans un camp apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; pers&eacute;cut&eacute; pour diff&eacute;rentes raisons&nbsp;: raciales, politiques ou religieuses. Quelque quatre mois plus tard, lorsque le tumulte de la guerre cessa en Europe et que le III<sup>e</sup>&nbsp;Reich disparut de la sc&egrave;ne historique, au moins 250&nbsp;000 d&rsquo;entre eux &eacute;taient d&eacute;c&eacute;d&eacute;s. Beaucoup d&rsquo;autres p&eacute;rirent tr&egrave;s peu de temps apr&egrave;s la lib&eacute;ration en raison de leur condition physique dramatique. La derni&egrave;re phase de la guerre fut extr&ecirc;mement meurtri&egrave;re, m&ecirc;me en la comparant au g&eacute;nocide nazi dans son ensemble</span><span style="letter-spacing:-.25pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&Agrave; partir de la mi-1944 et plus sp&eacute;cialement &agrave; partir de 1945, les organes gouvernementaux et administratifs des zones occup&eacute;es en Pologne furent s&eacute;v&egrave;rement perturb&eacute;s. Le m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne se produisit au sein de l&rsquo;<i>Altreich</i> dans les derniers stades de cette p&eacute;riode. L&rsquo;avance rapide de l&rsquo;arm&eacute;e sovi&eacute;tique et la retraite pr&eacute;cipit&eacute;e de la Wehrmacht provoqu&egrave;rent des vagues gigantesques d&rsquo;exils et le d&eacute;part de millions de civils fuyant &agrave; la fois la terreur de l&rsquo;occupation sovi&eacute;tique et les soldats de l&rsquo;arm&eacute;e Rouge. &Agrave; bord de centaines de milliers de v&eacute;hicules et de charrettes, voire &agrave; pied, ils parcoururent des centaines de kilom&egrave;tres vers l&rsquo;ouest de peur d&rsquo;&ecirc;tre rattrap&eacute;s par la main vengeresse du soldat sovi&eacute;tique. Accompagnant cet exode massif et ajoutant &agrave; sa panique, de nombreux t&eacute;moignages font mention de viols sur des milliers d&rsquo;Allemandes, des femmes et des jeunes filles, ainsi que de meurtres, d&rsquo;expropriations et de pillages commis par les soldats de </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">l&rsquo;arm&eacute;e Rouge<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. D&egrave;s le d&eacute;but de 1945, des rapports des <span style="letter-spacing:-.1pt">services secrets am&eacute;ricains et britanniques d&eacute;crivent la fuite panique de dizaines de milliers de civils allemands tentant de sauver leur vie et tra&icirc;nant derri&egrave;re eux les maigres affaires qu&rsquo;ils avaient pu r&eacute;cup&eacute;rer<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Des sources allemandes rendent compte &eacute;galement du d&eacute;sordre gigantesque qui r&eacute;gnait en Haute-Sil&eacute;sie lors de la retraite de l&rsquo;arm&eacute;e allemande au cours des mois de janvier et f&eacute;vrier&nbsp;1945. Ils font &eacute;tat de l&rsquo;&eacute;croulement complet de l&rsquo;administration et du meurtre de prisonniers dont la pr&eacute;sence a cr&eacute;&eacute; des encombrements sur les routes. Quant aux moyens de transport, ils &eacute;taient pris d&rsquo;assaut par les civils, les militaires, les forces de police, ainsi que par les cols blancs du coin qui tentaient de sauver leur vie<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La co&iuml;ncidence entre les derni&egrave;res &eacute;vacuations des camps de concentration de grande importance en Pologne (Auschwitz, Gro&szlig;-Rosen et Stutthof) et l&rsquo;&eacute;vacuation &agrave; grande &eacute;chelle de civils et de troupes qui stationnaient &agrave; cet endroit &ndash; les deux &eacute;v&eacute;nements intervenant &agrave; quelques semaines d&rsquo;intervalle l&rsquo;un de l&rsquo;autre &ndash; influen&ccedil;a de fa&ccedil;on &eacute;vidente l&rsquo;explication traditionnelle des meurtres de prisonniers de camps de concentration, telle qu&rsquo;elle &eacute;tait propos&eacute;e dans les premiers mois de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre. Rudolf H&ouml;&szlig;, commandant du camp d&rsquo;Auschwitz entre&nbsp;1940 et&nbsp;1943, puis chef du bureau D-1 &agrave; l&rsquo;Inspection des camps de concentration <i>(Inspektion der Konzentrationslager-IKL)</i>, rapporte dans ses m&eacute;moires que le destin tragique des prisonniers au moment de l&rsquo;&eacute;vacuation des camps est d&ucirc; &agrave; une pr&eacute;paration n&eacute;glig&eacute;e et fautive de la part de ceux qui avaient la charge de la mettre en place, &agrave; savoir, les commandants des camps situ&eacute;s &agrave; l&rsquo;est. Rudolf H&ouml;&szlig; explique que le commandant du camp d&rsquo;Auschwitz, Richard Baer, ne se pr&eacute;occupa en aucun cas de pr&eacute;parer les infrastructures n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation du camp, alors m&ecirc;me qu&rsquo;il avait tout le temps n&eacute;cessaire pour le faire. Baer laissa la responsabilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;vacuation aux officiers subalternes dont la seule pr&eacute;occupation &eacute;tait de </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">d&eacute;guerpir le plus vite possible avant l&rsquo;arriv&eacute;e des troupes sovi&eacute;tiques. Le jour de l&rsquo;&eacute;vacuation, ils se trouv&egrave;rent dans la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&eacute;vacuer des centaines de milliers de prisonniers dans les conditions dantesques d&rsquo;un syst&egrave;me en d&eacute;route auquel s&rsquo;ajoutait une retraite panique, ce qui conduisit &agrave; la mort et &agrave; l&rsquo;assassinat d&rsquo;un grand nombre de prisonniers qui ne purent supporter les conditions dans lesquelles ils &eacute;taient &eacute;vacu&eacute;s<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. Les responsables des services</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> secrets am&eacute;ricains apport&egrave;rent des explications sensiblement identiques apr&egrave;s la guerre. Le taux de mortalit&eacute; tr&egrave;s &eacute;lev&eacute; des prisonniers pendant les &eacute;vacuations, relevaient-ils, &eacute;tait le r&eacute;sultat d&rsquo;une pr&eacute;paration b&acirc;cl&eacute;e, de restrictions s&eacute;v&egrave;res en transport et en nourriture, de conditions hivernales tr&egrave;s dures et d&rsquo;une logistique d&eacute;fectueuse<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. N&eacute;anmoins, ces raisons structurelles et circonstancielles tombent &agrave; l&rsquo;eau d&egrave;s lors qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;expliquer l&rsquo;horrible trag&eacute;die des &eacute;vacuations des camps.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au moment o&ugrave; la guerre entrait dans ses derniers mois, le g&eacute;nocide nazi &eacute;tait un fait publiquement reconnu. Sa phase finale &ndash;&nbsp;qui d&eacute;bute &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; ou l&rsquo;automne 1944 pour se terminer au moment de la reddition de l&rsquo;Allemagne en mai&nbsp;1945&nbsp;&ndash; ne trouve&nbsp; en revanche pratiquement aucun &eacute;cho dans la presse du monde libre et n&rsquo;attire que peu l&rsquo;attention de la presse h&eacute;bra&iuml;que en Palestine. La presse britannique et am&eacute;ricaine parle tr&egrave;s peu des camps de concentration, encore moins de l&rsquo;&eacute;vacuation et du meurtre de prisonniers dans les derniers mois de la guerre. Si les m&eacute;dias font mention de l&rsquo;&eacute;vacuation de prisonniers retenus par les Allemands dans des camps &agrave; l&rsquo;est, c&rsquo;est presque &agrave; chaque fois dans le contexte de prisonniers de guerre alli&eacute;s dont le destin suscitait infiniment plus d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que celui des d&eacute;tenus de camps de concentration<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>. C&rsquo;est seulement en avril&nbsp;1945 que des articles racontant ce qui s&rsquo;&eacute;tait pass&eacute; dans les camps de concentration avant la lib&eacute;ration commenc&egrave;rent &agrave; se r&eacute;pandre dans la presse, plus sp&eacute;cialement apr&egrave;s que les forces arm&eacute;es am&eacute;ricaines furent parvenues dans ces camps pour y d&eacute;couvrir les atrocit&eacute;s qui y avaient &eacute;t&eacute; commises avant leur &eacute;vacuation. La d&eacute;couverte de monceaux de corps cribl&eacute;s de balles, incin&eacute;r&eacute;s ou tordus dans tous les sens, &agrave; laquelle s&rsquo;ajoutait celle de squelettes ambulants qui avaient &eacute;chapp&eacute; &agrave; la mort, fit l&rsquo;effet d&rsquo;une bombe dans la presse am&eacute;ricaine et donc aupr&egrave;s du public<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>. N&eacute;anmoins, cette information n&rsquo;entra&icirc;na pas de recherches plus approfondies sur les marches de la mort. En fait, ce terme ne fut m&ecirc;me jamais employ&eacute; dans les journaux. Les atrocit&eacute;s que l&rsquo;on venait de d&eacute;couvrir, dont certaines provenaient de t&eacute;moignages de prisonniers r&eacute;cemment lib&eacute;r&eacute;s, contribu&egrave;rent davantage &agrave; fixer une certaine image du nazisme dans l&rsquo;imaginaire occidental qu&rsquo;&agrave; expliquer de fa&ccedil;on objective le g&eacute;nocide nazi durant les derniers mois de la guerre.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Aux proc&egrave;s de Nuremberg, les r&eacute;f&eacute;rences aux derniers mois de la guerre et aux &eacute;vacuations des camps ne permirent pas de prendre la pleine mesure des marches de la mort ni de la nature des meurtres qui les accompagn&egrave;rent. Bien &eacute;videmment, les proc&egrave;s ne se focalisaient pas exclusivement sur la Solution finale nazie du probl&egrave;me juif ni sur l&rsquo;unicit&eacute; et les sp&eacute;cificit&eacute;s du g&eacute;nocide nazi. Les discussions de ce genre, dans le cadre des r&eacute;f&eacute;rences au probl&egrave;me principal qui &eacute;tait d&eacute;battu &agrave; Nuremberg &ndash;&nbsp;la perp&eacute;tration de crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&ndash; n&rsquo;avaient g&eacute;n&eacute;ralement lieu que lorsque les accus&eacute;s &eacute;taient interrog&eacute;s sur les postes qu&rsquo;ils occupaient, leur position vis-&agrave;-vis de la politique raciale de l&rsquo;Allemagne nazie ou leur r&ocirc;le pendant les exterminations<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le probl&egrave;me des &eacute;vacuations des camps de concentration fut soulev&eacute; lors du proc&egrave;s de Ernst Kaltenbrunner, le successeur de Heydrich &agrave; la t&ecirc;te de l&rsquo;Office central de la s&eacute;curit&eacute; du Reich <i>(Reichssicherheitshauptamt</i>-<i>RSHA).</i> Toutefois le d&eacute;bat judiciaire qui s&rsquo;ensuivit se concentra sur des points d&rsquo;administration et de commandement. La Cour tenta de d&eacute;terminer quels &eacute;taient les officiers qui avaient pris les d&eacute;cisions, ceux qui les avaient appliqu&eacute;es lors de l&rsquo;&eacute;vacuation du camp et ceux qui &eacute;taient &agrave; l&rsquo;origine de plans d&rsquo;une cruaut&eacute; sans pareille consistant &agrave; vouloir assassiner les prisonniers de plusieurs camps de concentration &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;explosifs, de poisons ou d&rsquo;attaques a&eacute;riennes avant l&rsquo;arriv&eacute;e des arm&eacute;es de lib&eacute;ration. M&ecirc;me pendant l&rsquo;ann&eacute;e 1946, lorsque les forces d&rsquo;occupation alli&eacute;es conduisirent toute une s&eacute;rie de proc&egrave;s contre des criminels de guerre qui avaient servi dans les diff&eacute;rents camps de concentration, les marches de la mort furent rarement trait&eacute;es comme une sp&eacute;cificit&eacute; au sein du g&eacute;nocide nazi. Et lorsque l&rsquo;on &eacute;voquait les &eacute;vacuations, l&rsquo;accent &eacute;tait mis sur les poursuites l&eacute;gales permettant de d&eacute;terminer quels &eacute;taient les responsables d&rsquo;une situation aussi chaotique qui avait conduit &agrave; la mort des centaines de milliers de prisonniers. Bien &eacute;videmment, les accus&eacute;s en faisaient retomber la responsabilit&eacute; sur l&rsquo;&eacute;chelon sup&eacute;rieur, quand et surtout s&rsquo;il y avait parmi eux un commandant de camp de concentration.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On peut s&eacute;rieusement douter de la capacit&eacute; du syst&egrave;me judiciaire d&rsquo;apr&egrave;s-guerre &agrave; traiter les marches de la mort selon un angle autre que celui de la recherche des responsabilit&eacute;s dans l&rsquo;&eacute;laboration des ordres d&rsquo;&eacute;vacuation et de la pr&eacute;paration des prisonniers pour cette m&ecirc;me &eacute;vacuation. Il ne faut cependant pas surestimer l&rsquo;importance de ce d&eacute;bat, ni les documents qu&rsquo;il a mis au jour si l&rsquo;on souhaite comprendre le syst&egrave;me et son fonctionnement dans les derniers mois de la guerre. Il laisse notamment en suspens la question des prisonniers au moment de l&rsquo;&eacute;vacuation du camp. Les r&eacute;ponses &agrave; de nombreuses interrogations doivent &ecirc;tre cherch&eacute;es ailleurs&nbsp;: pourquoi les convois se sont-ils transform&eacute;s en marches de la mort sans fin&nbsp;? Qui &eacute;taient les meurtriers et quels &eacute;taient leurs motifs&nbsp;? Qui &eacute;taient les victimes&nbsp;? Comment la population civile (polonaise, allemande, autrichienne) a-t-elle r&eacute;agi &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de ces centaines de milliers de prisonniers &eacute;vacu&eacute;s&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans les proc&egrave;s ou les enqu&ecirc;tes suivantes, conduits en RFA ou en Autriche, le ph&eacute;nom&egrave;ne des meurtres commis pendant les &eacute;vacuations et les marches de la mort fut &agrave; nouveau mis en discussion. Au cours des quarante derni&egrave;res ann&eacute;es du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, le syst&egrave;me judiciaire produisit des centaines de dossiers d&rsquo;enqu&ecirc;tes concernant ces meurtres ou les mauvais traitements inflig&eacute;s aux prisonniers &agrave; l&rsquo;occasion des marches de la mort. Des t&eacute;moignages furent recueillis, des t&eacute;moins furent interrog&eacute;s et des rapports d&rsquo;enqu&ecirc;tes sur les charniers d&eacute;couverts le long des routes d&rsquo;&eacute;vacuation furent examin&eacute;s avec la plus grande attention. La masse de documents ainsi obtenue nous permet de retracer avec pr&eacute;cision le d&eacute;roulement de meurtres bien pr&eacute;cis de prisonniers ou, dans plusieurs cas, de massacres qui se produisirent pendant les marches de la mort. Cette documentation est d&rsquo;une importance extr&ecirc;me lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de traquer et d&rsquo;arr&ecirc;ter un meurtrier anonyme qui escortait un groupe de prisonniers le long des routes d&rsquo;&eacute;vacuation. Elle ne nous permet cependant &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, de r&eacute;pondre qu&rsquo;&agrave; un nombre limit&eacute; de questions.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">On reste perplexe devant la proportion infime des recherches sur les marches de la mort dans l&rsquo;historiographie nazie en regard de l&rsquo;abondance des t&eacute;moignages des survivantes et des autres sources d&rsquo;archives &agrave; la disposition des chercheurs. Raul Hilberg ne consacre que quelques pages aux &eacute;vacuations, se concentrant surtout sur celle d&rsquo;Auschwitz</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> qui d&eacute;buta &agrave; l&rsquo;automne 1944 pour se terminer en janvier&nbsp;1945, au moment o&ugrave; les Allemands quitt&egrave;rent le camp et o&ugrave; les prisonniers furent diss&eacute;min&eacute;s dans diff&eacute;rents camps en Allemagne. Le sous-chapitre qui traite de cette question et qui s&rsquo;intitule &laquo;&nbsp;<i>Liquidation of the Killing Centers and the End of the Destruction Process &raquo;</i> [Liquidation des centres d&rsquo;extermination et fin du processus de destruction]<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a> est un tr&egrave;s bon exemple de l&rsquo;approche, qui a pr&eacute;valu pendant des ann&eacute;es, concernant la nature des meurtres qui furent commis dans les derniers mois de la guerre. Lorsque les grands centres d&rsquo;extermination de l&rsquo;est furent &eacute;vacu&eacute;s puis d&eacute;truits, l&rsquo;appareil meurtrier qui caract&eacute;risa la Solution finale fut supprim&eacute;, et ce g&eacute;nocide d&rsquo;un type particulier prit fin. C&rsquo;est pourquoi la criminalit&eacute; en question ne peut &ecirc;tre associ&eacute;e &agrave; celle qui a caract&eacute;ris&eacute; le g&eacute;nocide nazi dans sa p&eacute;riode extr&ecirc;me. Leni Yahil a longuement &eacute;crit sur les marches de la mort, soulignant que l&rsquo;augmentation consid&eacute;rable du nombre de d&eacute;tenus dans les camps dans la derni&egrave;re ann&eacute;e de la guerre, r&eacute;pondait au besoin en main-d&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;&eacute;conomie de guerre et que cette formidable concentration de population &eacute;tait consid&eacute;r&eacute;e, jusqu&rsquo;au dernier homme et jusqu&#39;&agrave; <span style="letter-spacing:.2pt">la derni&egrave;re femme, comme ennemie du Reich. Elle r&eacute;sume son propos sur les marches de la mort en attribuant ce ph&eacute;nom&egrave;ne de folie meurtri&egrave;re comme le dernier sursaut d&rsquo;un r&eacute;gime aux abois, r&eacute;glant ses comptes avec ses victimes pour se venger d&rsquo;une d&eacute;faite devenue in&eacute;vitable<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>. Saul</span> Friedl&auml;nder, dans son livre sur les ann&eacute;es d&rsquo;extermination, <span style="letter-spacing:.1pt">ne consacre que quelques pages &agrave; ces derniers mois meurtriers, insistant sur le chaos qui r&eacute;gnait et attribuant la responsabilit&eacute; des &eacute;vacuations meurtri&egrave;res au fait que personne n&rsquo;en &eacute;tait vraiment en charge<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. Gerald Reitlinger, </span>dans son livre fondateur sur la destruction de la communaut&eacute; juive europ&eacute;enne, partage &eacute;galement cette conclusion<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Il est peut-&ecirc;tre possible d&rsquo;avancer une explication qui permettrait de comprendre pourquoi cet &eacute;pisode des marches de la mort a &eacute;t&eacute; simplement englob&eacute; dans l&rsquo;historique g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;&eacute;croulement du III<sup>e</sup>&nbsp;Reich. Comme il a &eacute;t&eacute; dit plus haut, les rapports des services secrets alli&eacute;s ont d&eacute;crit, d&egrave;s le d&eacute;but de 1945 et dans les mois qui suivirent, l&rsquo;&eacute;tat de chaos g&eacute;n&eacute;ral de cette p&eacute;riode. De nombreuses monographies sur l&rsquo;histoire du g&eacute;nocide nazi en rendent compte et le citent comme la raison la plus probable pour expliquer les derniers mois de la guerre. Les installations destin&eacute;es au processus d&rsquo;extermination avaient &eacute;t&eacute; d&eacute;mantel&eacute;es, la bureaucratie meurtri&egrave;re tombait en lambeaux et la plupart des fonctionnaires de la police de s&eacute;curit&eacute;, du <i>SD</i></span></span></span><a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">, et des camps d&rsquo;extermination &ndash;&nbsp;ceux dont c&rsquo;&eacute;tait la fonction premi&egrave;re&nbsp;&ndash; n&rsquo;&eacute;taient plus en fonction au cours des mois que dura cette folie meurtri&egrave;re d&eacute;sorganis&eacute;e. Pendant des ann&eacute;es, les marches de la mort rest&egrave;rent les manifestations caract&eacute;ristiques de la p&eacute;riode cr&eacute;pusculaire d&rsquo;un III<sup>e</sup>&nbsp;Reich en marche vers sa disparition certaine, dans un climat de violence, de feu et de sang.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il y eut, bien s&ucirc;r, d&rsquo;autres tentatives d&rsquo;explication du ph&eacute;nom&egrave;ne. Les chercheurs isra&eacute;liens, principalement dans les d&eacute;cennies&nbsp;70 et 80, tent&egrave;rent de relier cette p&eacute;riode meurtri&egrave;re aux &eacute;tapes de la Solution finale ant&eacute;rieures &agrave; 1944<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. Le fait que l&rsquo;&eacute;pisode des marches de la mort succ&eacute;d&acirc;t de pr&egrave;s &agrave; la derni&egrave;re grande op&eacute;ration meurtri&egrave;re (qui visa principalement la population juive hongroise) et que les Juifs fussent en nombre parmi les prisonniers durant ces &eacute;vacuations, a pu conduire &agrave; conclure de mani&egrave;re simpliste que les marches de la mort repr&eacute;sentaient le dernier stade de la Solution finale. Pourtant, au cours de ces mois, les prisonniers des camps <span style="letter-spacing:.1pt">formaient une population tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne et complexe qui fusionna dans les derni&egrave;res ann&eacute;es de la guerre, sous l&rsquo;effet de contraintes et de circonstances exceptionnelles. Dans cet ensemble, les Juifs ne repr&eacute;sentaient qu&rsquo;un groupe, encore qu&rsquo;important. Plusieurs crit&egrave;res en vigueur dans les ann&eacute;es de la Solution finale n&rsquo;eurent </span><span style="letter-spacing:.3pt">plus cours &agrave; cette p&eacute;riode, durant la</span><span style="letter-spacing:.1pt">quelle l&rsquo;extermination emprunta une voie diff&eacute;rente. C&rsquo;est pourquoi il nous faut recourir &agrave; d&rsquo;autres outils m&eacute;thodologiques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Au cours de la deuxi&egrave;me moiti&eacute; du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, l&rsquo;historiographie proc&eacute;da &agrave; trois tentatives remarqu&eacute;es pour traiter du ph&eacute;nom&egrave;ne des &eacute;vacuations et marches de la mort d&rsquo;un point de vue exhaustif. Pr&egrave;s d&rsquo;un an apr&egrave;s la fin de la guerre, l&rsquo;Agence centrale de recherches de l&rsquo;administration des Nations unies (</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">UNRRA) publia une importante documentation divis&eacute;e en trois sections comprenant des r&eacute;cits, des croquis d&rsquo;itin&eacute;raires emprunt&eacute;s et une estimation du nombre de personnes tu&eacute;es au cours de plus d&rsquo;une centaine d&rsquo;&eacute;vacuations. Les informations contenues dans ces comptes rendus sont &eacute;videmment incompl&egrave;tes et les donn&eacute;es ne sont pas toujours exactes, mais le fait m&ecirc;me qu&rsquo;une grande organisation internationale les ait recueillies suffit &agrave; d&eacute;montrer</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> que les atrocit&eacute;s commises lors des &eacute;vacuations n&rsquo;ont &eacute;t&eacute; ni cach&eacute;es ni oubli&eacute;es. Au milieu des ann&eacute;es 1960, deux chercheurs ont utilis&eacute; ces donn&eacute;es en Tch&eacute;coslovaquie comme base de travail pour &eacute;crire un livre, le premier du genre et pratiquement le seul pendant des ann&eacute;es, sur les marches de la mort<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>. Cependant, leur travail s&rsquo;est limit&eacute; &agrave; des r&eacute;sum&eacute;s statistiques et &agrave; des descriptions de routes utilis&eacute;es pour les &eacute;vacuations. Il n&rsquo;explore ni l&rsquo;interface entre les marches de la mort et la politique nazie de g&eacute;nocide ni la question de la place de ces &eacute;vacuations dans l&rsquo;histoire </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.4pt">des camps de concentration nazis. La seconde &eacute;tude, publi&eacute;e par le chercheur polonais Zygmunt Zonik au milieu des ann&eacute;es 1980, concerne les &eacute;vacuations des camps. Zonik, lui-m&ecirc;me ancien prisonnier d&rsquo;un camp de concentration, a suivi les m&eacute;andres de la controverse concernant la question de l&rsquo;&eacute;vacuation des camps en Allemagne et en Pologne. Il nous livre un r&eacute;sum&eacute;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> complet du processus d&eacute;cisionnaire dans l&rsquo;ensemble des camps &agrave; la veille des &eacute;vacuations et d&eacute;crit les itin&eacute;raires suivis par les convois de prisonniers &eacute;vacu&eacute;s de l&rsquo;ouest et de l&rsquo;est<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. N&eacute;anmoins, son ouvrage peine &agrave; nous &eacute;clairer sur les meurtriers, les victimes, ainsi que sur le climat social et politique qui r&eacute;gnait, alors que ces prisonniers &eacute;taient massacr&eacute;s dans les derniers soubresauts de la guerre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">C&rsquo;est Daniel Jonah Goldhagen, au milieu des ann&eacute;es 1990, qui, le premier, &eacute;tudia les marches de la mort dans le contexte de la politique de g&eacute;nocide nazie. Son livre, &agrave; la fois &eacute;vocateur et controvers&eacute;, qui consacre deux chapitres aux marches de la mort, traite cet &eacute;pisode comme un outil parmi d&rsquo;autres de l&rsquo;attirail meurtrier dont se servaient les Nazis pour la mise en &oelig;uvre de leur politique de Solution finale<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. Goldhagen affirme que les marches de la mort ont &eacute;t&eacute; une arme conventionnelle d&rsquo;extermination nazie contre les Juifs qui fut utilis&eacute;e lors de trois p&eacute;riodes distinctes et ce d&egrave;s le d&eacute;but de l&rsquo;occupation de la Pologne.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">La premi&egrave;re p&eacute;riode comprend les ann&eacute;es 1939-1941, au moment o&ugrave; les populations furent d&eacute;plac&eacute;es et d&eacute;port&eacute;es dans le cadre des plans de repeuplement con&ccedil;us par Himmler et divers fonctionnaires SS. Au cours de l&rsquo;un des &eacute;pisodes les plus meurtriers qui se d&eacute;roula durant ce type de marche, des centaines de Juifs p&eacute;rirent en d&eacute;cembre&nbsp;1939 lors de leur d&eacute;portation de Chelm et Hrubiesz&oacute;w, vers les r&eacute;gions est de la Pologne, sous contr&ocirc;le sovi&eacute;tique. Toutefois, ce cas horrible met en &eacute;vidence la diff&eacute;rence qui existe entre les meurtres de Juifs &agrave; l&rsquo;occasion des d&eacute;portations du d&eacute;but de la guerre et les marches de la mort de la fin de la guerre. Le 1<sup>er</sup>&nbsp;d&eacute;cembre 1939, pr&egrave;s de 2</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">000&nbsp;hommes juifs re&ccedil;urent l&rsquo;ordre de se rendre sur la place principale de Chelm d&rsquo;o&ugrave;, dans l&rsquo;apr&egrave;s-midi, un groupe de SS commen&ccedil;a &agrave; les faire progresser en direction de la fronti&egrave;re sovi&eacute;tique. Les femmes des d&eacute;port&eacute;s ayant souhait&eacute; les accompagner furent repouss&eacute;es par les Allemands. La marche de la mort dura toute la journ&eacute;e et toute une partie de la nuit pour finalement amener les marcheurs &agrave; Hrubiesz&oacute;w avant le lever du soleil. Si l&rsquo;on s&rsquo;en tient aux t&eacute;moignages des survivants, entre 300 et 800 Juifs furent ex&eacute;cut&eacute;s en cours de marche. Le 2&nbsp;d&eacute;cembre, 2&nbsp;000 Juifs de Hrubiesz&oacute;w rassembl&eacute;s sur ordre des Allemands furent int&eacute;gr&eacute;s au groupe de Chelm. La marche de la mort continua ainsi pendant encore environ deux jours et, le 4&nbsp;d&eacute;cembre, on obligea les survivants &agrave; traverser la rivi&egrave;re Bug tandis que les soldats sovi&eacute;tiques leur tiraient dessus depuis l&rsquo;autre rive afin de les tenir &agrave; distance des territoires sous contr&ocirc;le sovi&eacute;tique. Les Juifs qui &eacute;taient parvenus &agrave; traverser furent rassembl&eacute;s par les troupes russes qui les renvoy&egrave;rent de force vers les zones sous contr&ocirc;le allemand<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La marche de la mort des Juifs de Chelm et de Hrubiesz&oacute;w se d&eacute;roula dans la p&eacute;riode o&ugrave; la fronti&egrave;re entre les zones d&rsquo;occupation allemande et sovi&eacute;tique &eacute;tait encore bien d&eacute;limit&eacute;e. En aucun cas il n&rsquo;est possible de la relier aux assassinats de Juifs des ann&eacute;es suivantes. Les fonctionnaires allemands de la r&eacute;gion craignaient qu&rsquo;une importante population juive install&eacute;e dans les localit&eacute;s autour de Lublin, pr&egrave;s de la fronti&egrave;re germano-sovi&eacute;tique, ne constitue une menace en raison de ses sympathies pour l&rsquo;arm&eacute;e Rouge, comme cela s&rsquo;&eacute;tait manifest&eacute; fr&eacute;quemment au moment o&ugrave; des soldats sovi&eacute;tiques entraient dans des localit&eacute;s de l&rsquo;est de la Pologne. Le fait que seuls les hommes aient &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;s, les femmes &eacute;tant renvoy&eacute;es, accr&eacute;dite la th&egrave;se selon laquelle il ne s&rsquo;agissait pas d&rsquo;un plan d&rsquo;&eacute;limination mais de la mise en &oelig;uvre, meurtri&egrave;re, d&rsquo;une d&eacute;cision prise pour des raisons politiques et s&eacute;curitaires. Et puisque la </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">population en question &eacute;tait juive, rien ne faisait obstacle &agrave; la d&eacute;cision d&rsquo;assassiner les retardataires ou les pr&eacute;sum&eacute;s fugitifs. Bien &eacute;videmment, dans les premi&egrave;res ann&eacute;es de l&rsquo;occupation en Pologne, des dizaines de milliers de Juifs furent d&eacute;port&eacute;s dans le gouvernement g&eacute;n&eacute;ral, &agrave; partir des zones occidentales annex&eacute;es par le Reich et de dizaines de villes ou localit&eacute;s d&rsquo;autres r&eacute;gions de Pologne. Les d&eacute;portations, organis&eacute;es d&rsquo;une mani&egrave;re brutale et impitoyable, s&rsquo;accompagnaient le plus souvent d&rsquo;expropriations et de mauvais traitements. Il s&rsquo;agissait bien de meurtres et non d&rsquo;assassinats pr&eacute;m&eacute;dit&eacute;s. Toute &eacute;tude qui consid&eacute;rerait cette p&eacute;riode comme un &eacute;pisode pr&eacute;liminaire &agrave; la politique officielle d&rsquo;extermination &ndash;&nbsp;une sorte de prologue, une action spontan&eacute;e et irr&eacute;fl&eacute;chie ex&eacute;cut&eacute;e par un groupe d&rsquo;Allemands sp&eacute;cifique stationn&eacute; dans un pays lointain et obs&eacute;d&eacute; par l&rsquo;extermination des Juifs&nbsp;&ndash;, s&rsquo;&eacute;loignerait de la r&eacute;alit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La tentative de Goldhagen de d&eacute;finir des p&eacute;riodes pr&eacute;cises couvre les an</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">n&eacute;es 1941-1944 pendant lesquelles l&rsquo;extermination des Juifs atteignit son paroxysme. N&eacute;anmoins, il ne donne aucun exemple ni aucune preuve de ces cas pendant les ann&eacute;es o&ugrave; les Juifs furent assassin&eacute;s par ce qu&rsquo;il nomme l&rsquo;&laquo;&nbsp;institution&nbsp;&raquo; des marches de la mort. Au contraire, cette &eacute;poque est marqu&eacute;e par le meurtre de non-Juifs &agrave; la faveur de marches de plusieurs centaines de kilom&egrave;tres pendant lesquelles les retardataires et ceux qui ne pouvaient plus endurer les difficiles conditions de la marche &eacute;taient abattus, et en particulier les centaines de milliers de prisonniers sovi&eacute;tiques tomb&eacute;s aux mains des Allemands en 1941 et au d&eacute;but de 1942<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>. Les Juifs n&rsquo;&eacute;taient que rarement concern&eacute;s par les marches de la mort lors des ann&eacute;es o&ugrave; la Solution finale &eacute;tait en pleine action. En revanche, ils &eacute;taient assassin&eacute;s pr&egrave;s de leur domicile ou &eacute;taient d&eacute;plac&eacute;s en train, &agrave; partir des gares de leurs localit&eacute;s ou depuis les ghettos dans lesquels ils avaient &eacute;t&eacute; parqu&eacute;s, directement vers les sites d&rsquo;ex&eacute;cution qui avaient &eacute;t&eacute; construits dans ce but.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La troisi&egrave;me p&eacute;riode pendant laquelle cette m&eacute;thode d&rsquo;extermination fut utilis&eacute;e co&iuml;ncide avec les derniers mois de la guerre, au moment o&ugrave; le III<sup>e</sup>&nbsp;Reich est sur le d&eacute;clin. &Agrave; partir de ce moment, les anciennes techniques d&rsquo;extermination ne pouvaient plus &ecirc;tre pratiqu&eacute;es. Puisque les exigences de la guerre avaient conduit &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation des camps de concentration<span style="letter-spacing:.1pt"> et </span>d&rsquo;extermination, les meurtres pendant les &eacute;vacuations devenaient la seule technique possible. Les Allemands n&rsquo;avaient plus, depuis longtemps, la possibilit&eacute; de programmer ces meurtres. C&rsquo;&eacute;tait d&eacute;sormais l&rsquo;avanc&eacute;e des forces alli&eacute;es victorieuses qui dictait ces massacres en s&eacute;rie et non plus le commandement allemand. On peut d&eacute;couper cette p&eacute;riode en trois sous-<span style="letter-spacing:.1pt">p&eacute;riodes&nbsp;: la premi&egrave;re d&eacute;bute &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1944, au moment de l&rsquo;&eacute;vacuation et de la retraite de l&rsquo;est de la Pologne et des pays baltes&nbsp;; la deuxi&egrave;me &agrave; partir de janvier&nbsp;1945, avec l&rsquo;&eacute;vacuation des grands camps en Pologne, et la troisi&egrave;me au d&eacute;but de mars&nbsp;1945, lorsque d&eacute;but&egrave;rent les &eacute;vacuations sur le sol allemand, jusqu&rsquo;&agrave; la reddition finale. Les chercheurs qui ont travaill&eacute; sur les camps de concentration sont d&rsquo;accord avec ce d&eacute;coupage en phases de la p&eacute;riode qui concerne les &eacute;vacuations<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Clairement, ce ne sont pas les sous-chapitres d&eacute;crivant les marches de la mort qui furent le plus sujets &agrave; controverse lors des pol&eacute;miques qui entour&egrave;rent la parution du livre de Goldhagen. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le d&eacute;bat propos&eacute; par Goldhagen sur<i> </i>plusieurs marches de la mort, en particulier celle des prisonni&egrave;res juives du camp de Helmbrechts, met l&rsquo;accent sur la folie meurtri&egrave;re et sinistre de ceux qui escortaient le convoi juif<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>. Il r&eacute;sume ses conclusions sur la p&eacute;riode des marches de la mort de la fa&ccedil;on suivante&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">&laquo;&nbsp;Les gardes allemands [&hellip;], ces </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Allemands ordinaires, savaient parfaitement qu&rsquo;ils continuaient le travail qui avait &eacute;t&eacute; entrepris et qui avait, pour une large part, &eacute;t&eacute; accompli &agrave; travers la politique des camps et autres lieux de mort&nbsp;: l&rsquo;extermination du peuple juif.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Goldhagen s&rsquo;abstient cependant de mentionner, et encore moins de s&rsquo;y confronter, une conclusion infiniment plus complexe qui a &eacute;t&eacute; rendue par une Cour allemande au sujet des motifs des meurtriers et de la nature du carnage qui frappa les &eacute;vacu&eacute;es de Helmbrechts&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&laquo;&nbsp;Le but de cette &eacute;vacuation &eacute;tait inconnu des prisonni&egrave;res, ainsi que des gardes. En revanche, l&rsquo;accus&eacute; en avait connaissance. Ce dernier voyait dans les prisonni&egrave;res non seulement des ennemis de l&rsquo;&Eacute;tat, des saboteurs, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">des destructeurs du peuple [allemand], des parasites et des criminels, mais les consid&eacute;rait &eacute;galement comme des cr&eacute;atures &agrave; peine humaines. Apparemment, il ne faisait pas de distinction entre elles, que ce f&ucirc;t des Juives ou des non-Juives, des Polonaises, des Tch&egrave;ques, des Russes, des Hongroises, des</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt"> Fran&ccedil;aises, des Hollandaises ou d&rsquo;autres nationalit&eacute;s.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;arr&ecirc;t rendu par la Cour allemande &agrave; propos des marches de la mort souligne la principale faiblesse des conclusions du livre de Goldhagen&nbsp;: le fait que les derni&egrave;res victimes du <span style="letter-spacing:-.1pt">g&eacute;nocide nazi n&rsquo;&eacute;taient pas forc&eacute;ment identifi&eacute;es par leurs meurtriers comme des </span>Juifs. En outre, Goldhagen ne souligne pas ce fait en ce qui concerne un des cas les plus sinistres de meurtre parmi des prisonniers de camp, l&rsquo;incident survenu &agrave; Gardelegen, o&ugrave; la plupart <span style="letter-spacing:-.1pt">du millier de prisonniers assassin&eacute;s dans une grange &agrave; bl&eacute; en dehors de la ville, n&rsquo;&eacute;tait pas juif<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a>. Cette distinction prend en d&eacute;faut les hypoth&egrave;ses de base du travail de Goldhagen, &agrave; savoir la volont&eacute; permanente de l&rsquo;Allemagne antis&eacute;mite d&rsquo;&eacute;liminer les Juifs. Goldhagen consid&egrave;re la marche de la mort comme une technique d&rsquo;extermination parmi d&rsquo;autres et non comme la marque distinctive d&rsquo;une p&eacute;riode marqu&eacute;e par son unicit&eacute; dans l&rsquo;histoire du g&eacute;nocide nazi. Ce sont pourtant l&agrave; les principales caract&eacute;ristiques qui permettent de diff&eacute;rencier les meurtres des marches de la mort et ceux qui les ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les marches de la mort ne sont pas seulement le chapitre ultime de l&rsquo;histoire du g&eacute;nocide nazi&nbsp;: elles sont &eacute;galement le dernier chapitre de l&rsquo;histoire des camps de concentration nazis. Et, de m&ecirc;me que l&rsquo;on ne peut pas les expliquer comme une simple cons&eacute;quence du syst&egrave;me id&eacute;ologique qui a conduit &agrave; la Solution finale, on ne peut pas non plus les consid&eacute;rer comme un &agrave;-c&ocirc;t&eacute; au sein de l&rsquo;historiographie des camps de concentration. Bien que les victimes des &eacute;vacuations et des marches de la mort soient des prisonniers de camps de concentration, ces actions se d&eacute;roul&egrave;rent en dehors du traditionnel syst&egrave;me de terreur dans lequel les prisonniers avaient v&eacute;cu et p&eacute;ri. Ce qui arriva aux prisonniers des marches d&rsquo;&eacute;vacuation, comment ils s&rsquo;adapt&egrave;rent &agrave; leur nouvelle situation et comment ils lutt&egrave;rent pour leur survie, tout cela m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;&eacute;crit diff&eacute;remment en prenant en compte leurs t&eacute;moignages en tant que d&eacute;tenus en camps de concentration.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">La recherche sur les camps de concentration nazis a fait d&rsquo;&eacute;normes progr&egrave;s depuis le milieu des ann&eacute;es 1990. Les monographies compl&egrave;tes des ann&eacute;es ant&eacute;rieures, la plupart &eacute;crites par d&rsquo;anciens prisonniers des camps et qui proposent une analyse historique &agrave; laquelle s&rsquo;ajoute le r&eacute;cit personnel<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a>, furent supplant&eacute;es par les &eacute;tudes d&rsquo;une nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de chercheurs, principalement allemands. Il est aujourd&rsquo;hui possible de consulter un grand nombre d&rsquo;&eacute;tudes compl&egrave;tes qui se fondent sur un grand nombre d&rsquo;archives issues de plusieurs sources<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a>. M&ecirc;me cette historiographie n&rsquo;accorde que peu d&rsquo;attention aux marches de la mort. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Puisqu&rsquo;elle est, par nature, fonctionnaliste, elle s&rsquo;attarde surtout sur les aspects structurels, politiques et juridiques et, plus longuement, sur les probl&egrave;mes &eacute;conomiques li&eacute;s aux camps de concentration. Comme toute &eacute;tude sur la bureaucratie, elle accorde une importance majeure au processus de prise de d&eacute;cision lors des &eacute;vacuations et tente de comprendre les causes de ce chaos global survenu dans les derniers mois de la guerre<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ces &eacute;tudes importantes permettent de passer sous silence ce dernier chapitre, celui des &eacute;vacuations et des marches de la mort, au profit d&rsquo;autres horreurs dont furent victimes les habitants de ces lieux particuliers tout au long de leur existence. La majeure partie de ces &eacute;tudes traitent les &eacute;vacuations et les marches de la mort comme un &eacute;pilogue &agrave; l&rsquo;histoire des camps et absolument pas comme un &eacute;l&eacute;ment essentiel de cette histoire &ndash;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt"> ce qui, en soit, est justifi&eacute; si l&rsquo;on consid&egrave;re le probl&egrave;me d&rsquo;un point de vue chronologique. Il est vrai qu&rsquo;un groupe de chercheurs qui travaille sur les camps s&rsquo;est &eacute;galement attach&eacute; &agrave; cet ultime chapitre et a fourni des &eacute;tudes sp&eacute;cifiques sur les &eacute;vacuations et la lib&eacute;ration d&rsquo;Auschwitz, de Ravensbr&uuml;ck et de Mittelbau-Dora<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a>. Au cours </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">des dix derni&egrave;res ann&eacute;es, de nombreux livres et s&eacute;minaires qui ont essay&eacute; de r&eacute;examiner en totalit&eacute; le probl&egrave;me des camps de concentration et leur fonction au sein du r&eacute;gime nazi ont &eacute;galement consacr&eacute; leur dernier chapitre aux &eacute;vacuations. On peut affirmer que ces nouvelles &eacute;tudes sont une avanc&eacute;e m&eacute;thodologique pour l&rsquo;historiographie&nbsp;: consid&eacute;rer les marches de la mort et les &eacute;vacuations comme appartenant &agrave; l&rsquo;histoire g&eacute;n&eacute;rale des camps de concentration. N&eacute;anmoins, cette distinction trace une fronti&egrave;re entre l&rsquo;&eacute;tape finale et ce qui s&rsquo;est produit dans le camp au cours des ann&eacute;es pr&eacute;c&eacute;dentes. La plupart de ces &eacute;tudes font leur deuil des convois d&rsquo;&eacute;vacuation d&egrave;s lors qu&rsquo;ils ont franchi la porte du camp, clos et abandonn&eacute;. De fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, ces &eacute;tudes &laquo;&nbsp;accompagnent&nbsp;&raquo; les prisonniers jusqu&rsquo;au camp d&rsquo;o&ugrave; ils sont &eacute;vacu&eacute;s ou bien jusqu&rsquo;au moment o&ugrave; ils sont lib&eacute;r&eacute;s par les Alli&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Tandis que la population impliqu&eacute;e dans les marches de la mort demeure celle des camps de concentration, prisonniers et gardes inclus, le lieu o&ugrave; se d&eacute;roulent les sc&egrave;nes de violence et de meurtres change, tout comme la nature et les objectifs de la terreur employ&eacute;e. Ainsi, les marches de la mort devraient &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute;es non pas <span style="letter-spacing:-.1pt">comme un simple &eacute;pisode de l&rsquo;histoire des camps de concentration ou comme le dernier chapitre de la Solution</span> finale du probl&egrave;me juif mais aussi et surtout comme la derni&egrave;re p&eacute;riode dans l&rsquo;existence du g&eacute;nocide nazi, intrins&egrave;quement m&ecirc;l&eacute;e &agrave; l&rsquo;histoire des camps de concentration. Dans cette optique, il nous faut examiner le syst&egrave;me de prise de d&eacute;cisions relatif aux meurtres, les motifs des ex&eacute;cuteurs et l&rsquo;identit&eacute; collective des victimes.</span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les D&eacute;cisionnaires</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Les premiers travaux sur les camps de concentration, qui datent du milieu des ann&eacute;es 1960, consacr&egrave;rent une discussion remarquable &agrave; la question de la responsabilit&eacute; de Himmler et de ses subordonn&eacute;s quant &agrave; la pr&eacute;paration de l&rsquo;&eacute;vacuation des camps et aux meurtres qui les accompagn&egrave;rent. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Pour Martin Broszat, l&rsquo;ordre de Himmler</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> de ne laisser aucun prisonnier vivant entre les mains de l&rsquo;ennemi &agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e des forces alli&eacute;es fut la cause principale d&rsquo;une &eacute;vacuation qui se fit dans la panique et la violence et qui scella le </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">destin de centaines de milliers de prisonniers<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a>. Cet ordre c&eacute;l&egrave;bre de Himmler</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> fut donn&eacute; le 17&nbsp;juin 1944, depuis le bureau de Richard Gl&uuml;ck, inspecteur g&eacute;n&eacute;ral des camps de concentration au <i>WVHA</i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i><span style="letter-spacing:-.1pt">(SS-Wirtschafts und Verwaltungshauptamt&nbsp;</span></i><span style="letter-spacing:-.1pt">: office central pour l&rsquo;&eacute;conomie et l&rsquo;administration de </span>la SS). D&rsquo;apr&egrave;s cet ordre, en fonction de l&rsquo;urgence du moment, le <i>HSSPF</i> <i>(H&ouml;herer<span style="letter-spacing:-.1pt"> SS-und Polizeif&uuml;hrer</span></i><span style="letter-spacing:-.1pt">&nbsp;: le haut responsable de la SS et chef des forces de police) recevait les pleins pouvoirs pour s&rsquo;assurer du devenir du camp selon qu&rsquo;il le jugeait bon. Il devenait <i>de facto</i> le fonctionnaire responsable de la zone de s&eacute;curit&eacute; militaire<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">L&rsquo;ordre fut donn&eacute; au moment du gigantesque d&eacute;barquement des forces alli&eacute;es en France et de l&rsquo;offensive de l&rsquo;&eacute;t&eacute; de l&rsquo;arm&eacute;e Rouge en direction des pays baltes et de la Pologne. Ces &eacute;v&eacute;nements incit&egrave;rent Himmler &agrave; agir rapidement, d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;ordre d&rsquo;&eacute;vacuation de plusieurs camps dans les r&eacute;gions de Kovno et de Riga. En outre, les pr&eacute;parations pour l&rsquo;&eacute;vacuation de l&rsquo;immense camp de Ma&iuml;danek, pr&egrave;s de Lublin, avaient commenc&eacute; d&egrave;s mars&nbsp;1944<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a>. Apr&egrave;s que Himmler </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">eut d&eacute;cid&eacute; quels seraient les fonctionnaires charg&eacute;s de l&rsquo;&eacute;vacuation, l&rsquo;ordre fut appliqu&eacute; selon un plan &eacute;tabli et organis&eacute; par des fonctionnaires de terrain&nbsp;: le <i>HSSPF</i>, le <i>Gauleiter</i> et ses subordonn&eacute;s et le commandement du camp. Par cons&eacute;quent, les forces locales exerc&egrave;rent un r&ocirc;le cl&eacute; dans le d&eacute;roulement de l&rsquo;&eacute;vacuation et les pr&eacute;paratifs n&eacute;cessaires pour le (ou les camps) dont ils avaient la charge<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Oswald Pohl, dont les fonctions de chef du <i>WVHA</i> incluaient les camps, assura lors de son proc&egrave;s que les ordres donn&eacute;s au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1944, concernant l&rsquo;&eacute;vacuation des camps et le transfert des pouvoirs ex&eacute;cutifs au <i>HSSPF</i> local, le furent pour des raisons op&eacute;rationnelles et ne signifiaient en aucun cas un changement d&rsquo;attitude vis-&agrave;-vis des prisonniers. Tel qu&rsquo;il d&eacute;crivit le contexte, il paraissait difficile de maintenir des liaisons r&eacute;guli&egrave;res avec les camps recul&eacute;s de l&rsquo;est et de maintenir un r&eacute;seau logistique important pour les centaines de camps et leurs annexes, le tout depuis les bureaux de l&rsquo;IKL<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a> &agrave; Oranienburg, &eacute;tant donn&eacute;e la situation sur le front et la perturbation des lignes de communication et d&rsquo;approvisionnement<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></a>. <span style="letter-spacing:.1pt">Au cours de l&rsquo;&eacute;t&eacute; et de l&rsquo;automne 1944, l&rsquo;&eacute;vacuation des prisonniers depuis les camps de l&rsquo;Est vers les camps de concentration et les centres industriels allemands s&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ra, sans que l&rsquo;organisation n&rsquo;en subisse de cons&eacute;quences. Le transfert des prisonniers d&rsquo;Auschwitz vers des camps en Allemagne fut un exemple</span> frappant de ce processus d&rsquo;&eacute;vacuation. &Agrave; la mi-juillet 1944, les trois camps principaux d&rsquo;Auschwitz comprenaient 92&nbsp;208&nbsp;prisonniers. Le 17&nbsp;janvier 1945, lorsque l&rsquo;&eacute;vacuation commen&ccedil;a, il ne restait plus que 67&nbsp;000&nbsp;prisonniers<a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[36]</span></sup></a>. Des &eacute;vacuations similaires de prisonniers depuis des camps recul&eacute;s mena&ccedil;ant de tomber aux mains de l&rsquo;ennemi se d&eacute;roul&egrave;rent &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; et au d&eacute;but de l&rsquo;automne 1944 &agrave; Ma&iuml;danek, dans les <span style="letter-spacing:.2pt">camps de travail des pays baltes et au camp de Natzweiler-Struthof en </span>Alsace<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></a>. Bien que ces &eacute;vacuations, effectu&eacute;es dans des conditions difficiles, fussent accompagn&eacute;es de mauvais traitements, elles n&rsquo;&eacute;taient pas caract&eacute;ris&eacute;es par cette haine meurtri&egrave;re latente propre aux marches suivantes. Il para&icirc;t donc difficile de les assimiler au dernier stade du g&eacute;nocide nazi.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au printemps 1945, les &eacute;vacuations et les marches de la mort se d&eacute;roulaient sur le territoire allemand, au moment o&ugrave; l&rsquo;avance des forces arm&eacute;es am&eacute;ricaine et britannique depuis l&rsquo;ouest limitait les mouvements de troupes et de civils. &Agrave; ce point, les &eacute;vacu&eacute;s p&eacute;n&eacute;tr&egrave;rent v&eacute;ritablement au sein de la population allemande et d&eacute;couvrirent la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;un commandement et d&rsquo;une logistique en d&eacute;route. N&eacute;anmoins, de fa&ccedil;on &eacute;vidente, l&rsquo;ordre de Himmler, dat&eacute; de juin&nbsp;1944, restait d&rsquo;actualit&eacute; pour ce qui &eacute;tait des &eacute;vacuations, bien qu&rsquo;il f&ucirc;t augment&eacute; d&rsquo;instructions pratiques relatives &agrave; la situation en cours. Max Pauly, commandant du camp de Neuengamme, d&eacute;clara lors de son interrogatoire apr&egrave;s la guerre, qu&rsquo;il avait rencontr&eacute; le <i>HSSPF</i> de Hambourg pour un ultime briefing concernant les derni&egrave;res &eacute;vacuations et les mesures &agrave; prendre pour les prisonniers ne pouvant &ecirc;tre &eacute;vacu&eacute;s<a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></a>. En avril&nbsp;1945, Pauly d&eacute;clara qu&rsquo;il se trouvait dans une situation <span style="letter-spacing:.2pt">o&ugrave; il ne savait pas quoi faire des prisonniers. La situation &eacute;tait pratiquement la m&ecirc;me dans tous les camps. Des instructions, confuses, furent envoy&eacute;es par plusieurs fonctionnaires&nbsp;: par Himmler, soit directement, soit par Richard Gl&uuml;ck agissant en son nom, ou par des fonctionnaires locaux comme ceux du <i>HSSPF</i> et par les <i>Gauleiter</i>. Dans l&rsquo;ensemble, les commandants de camp n&rsquo;&eacute;taient gu&egrave;re d&eacute;sireux de prendre des initiatives en ce qui concernait le sort des prisonniers. Ils pr&eacute;f&eacute;raient attendre le tout dernier moment, de fa&ccedil;on &agrave; saisir l&rsquo;ordre qui leur avait &eacute;t&eacute; donn&eacute; dans sa globalit&eacute;, afin de d&eacute;terminer, en connaissance de cause, si le fonctionnaire qui l&rsquo;avait transmis avait le pouvoir de le faire et si, eux, pouvaient l&rsquo;ex&eacute;cuter. La question de l&rsquo;origine de l&rsquo;autorit&eacute; reste une question non tranch&eacute;e jusqu&rsquo;&agrave; la fin de la guerre<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Apr&egrave;s la guerre, Oswald Pohl tenta de tenir Himmler et Hitler pour personnellement responsables de la politique qui d&eacute;cida de ces &eacute;vacuations brutales, quelles que fussent les circonstances pr&eacute;sentes. Il ne fait aucun doute que l&rsquo;implication active de Himmler dans les &eacute;vacuations contribua, pour une large part, &agrave; l&rsquo;&eacute;tat de chaos qui aurait, de toute fa&ccedil;on, exist&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&Agrave; la suite de l&rsquo;ordre de juin&nbsp;1944, Himmler donna un grand nombre d&rsquo;instructions en plusieurs occasions jusqu&rsquo;&agrave; ce que le syst&egrave;me, qui avait quoi qu&rsquo;il en soit cess&eacute; de fonctionner, se disloqu&acirc;t compl&egrave;tement. &Agrave; la fin du mois de mars&nbsp;1945, par exemple, il tint des s&eacute;ances de travail &agrave; Vienne avec quatre <i>Gauleiter </i>afin d&rsquo;&eacute;tudier la situation militaire &agrave; l&rsquo;est de l&rsquo;Autriche et r&eacute;it&eacute;ra l&rsquo;ordre qui leur conf&eacute;rait les pleins pouvoirs pour assurer la d&eacute;fense de la zone dans cette phase de crise. Les probl&egrave;mes qui furent d&eacute;battus au cours de cette s&eacute;ance portaient sur l&rsquo;&eacute;vacuation des prisonniers alli&eacute;s et la population civile. Baldur von Schirach, <i>Gauleiter</i> de Vienne, qui assistait &agrave; la r&eacute;union, d&eacute;clara apr&egrave;s la guerre que Himmler avait explicitement fait mention des Juifs qui avaient &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;s depuis Budapest et qui travaillaient dans les camps de travail situ&eacute;s dans l&rsquo;est de l&rsquo;Autriche&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo;&nbsp;Je veux que les Juifs qui travaillent &agrave; pr&eacute;sent dans l&rsquo;industrie soient transport&eacute;s par bateau ou par bus si cela est possible, dans les meilleures conditions possibles, tant sur le plan de la nourriture que des soins m&eacute;dicaux, etc., &agrave; Linz ou &agrave; Mauthausen [&hellip;]. Veuillez prendre soin de ces Juifs et veillez &agrave; ce qu&rsquo;ils soient trait&eacute;s le mieux possible&nbsp;: ils repr&eacute;sentent mon principal atout.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Siegfried Uiberreither, <i>Gauleiter</i> de Styrie, o&ugrave; des milliers de Juifs hongrois avaient &eacute;t&eacute; parqu&eacute;s, se souvient &eacute;galement des instructions de Himmler. Il explique que celles-ci lui furent donn&eacute;es, par oral, en mars&nbsp;1945 et avaient &eacute;t&eacute; envoy&eacute;es, en m&ecirc;me temps, &agrave; la Gestapo. Himmler insista pour que le transfert s&rsquo;effectu&acirc;t dans des &laquo;&nbsp;conditions acceptables&nbsp;&raquo; et exigea que le commandant de Mauthausen, Franz Ziereis, les trait&acirc;t d&eacute;cemment<a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[41]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&Agrave; la suite de la lib&eacute;ration du camp de Buchenwald, le 11&nbsp;avril 1945, des rapports firent mention de &laquo;&nbsp;raids&nbsp;&raquo; par des prisonniers rel&acirc;ch&eacute;s dans les environs de Weimar o&ugrave;, sans se cacher, ils avaient attaqu&eacute; des civils<a name="_ftnref42"></a><a href="#_ftn42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[42]</span></sup></a>. En r&eacute;ponse &agrave; ces attaques, Himmler, par peur de la r&eacute;action de Hitler, donna son ordre fameux de ne laisser, en aucun cas, tomber des prisonniers, vivants, entre les mains des troupes ennemies. Un tel ordre, donn&eacute; au milieu d&rsquo;un chaos gigantesque, d&rsquo;une d&eacute;faite militaire cinglante et d&rsquo;une retraite pr&eacute;cipit&eacute;e, ne fit qu&rsquo;amplifier la violence meurtri&egrave;re existante. La cause de ces brutaux changements de d&eacute;cision &eacute;tait devenue incompr&eacute;hensible. Les prisonniers devaient-ils &ecirc;tre &eacute;limin&eacute;s pour ne pas tomber aux mains de l&rsquo;ennemi&nbsp;? Devaient-ils &ecirc;tre transf&eacute;r&eacute;s dans un autre camp pour continuer &agrave; travailler&nbsp;? Fallait-il prendre soin des prisonniers juifs&nbsp;? <span style="letter-spacing:-.1pt">Les solutions retenues n&rsquo;&eacute;taient pas exceptionnelles dans le cadre du syst&egrave;me bureaucratique nazi. Le cheminement complexe et tortueux des ordres du F&uuml;hrer &eacute;tait bien connu dans tout le Reich, en d&rsquo;autres temps et en d&rsquo;autres lieux. Les hauts fonctionnaires SS connaissaient l&rsquo;existence d&rsquo;un ordre g&eacute;n&eacute;ral qui leur enjoignait de ne pas laisser derri&egrave;re eux de d&eacute;tenus et de prisonniers de guerre, et il est tr&egrave;s possible qu&rsquo;ils l&rsquo;aient interpr&eacute;t&eacute; comme un blanc-seing pour ex&eacute;cuter les prisonniers dans le cas o&ugrave; ils viendraient &agrave; tomber entre des mains </span>ennemies. Le chef du <i>RSHA,</i> Ernst Kal<span style="letter-spacing:-.1pt">tenbrunner, d&eacute;clara &agrave; son proc&egrave;s qu&rsquo;il n&rsquo;avait pas connaissance d&rsquo;un ordre explicite de Hitler &agrave; propos de l&rsquo;ex&eacute;cution de prisonniers de camps de concentration et ajouta que, dans tous les cas, la personne habilit&eacute;e &agrave; donner de tels ordres &eacute;tait Himmler<a name="_ftnref43"></a><a href="#_ftn43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[43]</span></sup></a>. On peut affirmer qu&rsquo;aucun ordre explicite et direct visant &agrave; l&rsquo;ex&eacute;cution de prisonniers de camps dans l&rsquo;&eacute;ventualit&eacute; o&ugrave; l&#39;un d&#39;entre eux ne pourrait &ecirc;tre &eacute;vacu&eacute; n&rsquo;a, &agrave; ce que l&rsquo;on sait, &eacute;t&eacute; donn&eacute;. De fait, il s&rsquo;agit de la combinaison d&rsquo;instructions donn&eacute;es au niveau local par divers fonctionnaires qui cr&eacute;&egrave;rent les conditions favorables &agrave; ces meurtres. Joachim Neander d&eacute;finit ces instructions comme des &laquo;&nbsp;ordres d&rsquo;ex&eacute;cutions locales&nbsp;&raquo; <i>(locale Vernichtungsbefehle),</i> autrement dit, des ordres donn&eacute;s par des commandants de camp de grade peu &eacute;lev&eacute;, en r&eacute;ponse &agrave; des besoins ou &agrave; des probl&egrave;mes particuliers<a name="_ftnref44"></a><a href="#_ftn44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[44]</span></sup></a>. Puisque l&rsquo;on donnait &agrave; des officiers subalternes une aussi grande latitude pour r&eacute;soudre ces probl&egrave;mes, la d&eacute;cision d&rsquo;&eacute;liminer les prisonniers &eacute;tait, de fait, plac&eacute;e entre les mains de ceux qui s&rsquo;en occupaient personnellement, &agrave; savoir, les gardes du camp et le personnel qui les escortait sur les routes. C&rsquo;est ici que se jouait le destin des prisonniers.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les Ex&eacute;cuteurs</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le processus d&rsquo;&eacute;vacuation tourna au carnage d&egrave;s que les colonnes de prisonniers commenc&egrave;rent &agrave; avancer vers leur destination. &Agrave; peine avaient-ils quitt&eacute; le camp qu&rsquo;ils se retrouvaient sous la responsabilit&eacute; totale et enti&egrave;re des gardes et de leur escorte. Bien qu&rsquo;il f&ucirc;t clair que cette derni&egrave;re n&rsquo;avait pas re&ccedil;u d&rsquo;instructions pr&eacute;cises &agrave; leur encontre, elle avait parfaitement compris qu&rsquo;abattre des prisonniers qui posaient probl&egrave;me ou qui tentaient de s&rsquo;enfuir ne serait en aucun cas un souci<a name="_ftnref45"></a><a href="#_ftn45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[45]</span></sup></a>. Au milieu de la panique g&eacute;n&eacute;rale, du chaos le plus total, des conditions insupportables sur les routes encombr&eacute;es, des conditions climatiques difficiles qui accompagnaient le plus souvent les &eacute;vacuations et de l&rsquo;&eacute;cho de l&rsquo;artillerie sovi&eacute;tique qui approchait, les conditions &eacute;taient r&eacute;unies pour que les &eacute;vacuations se transforment en d&rsquo;horribles marches de la mort.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">C&rsquo;&eacute;taient les gardes et les escortes du convoi qui d&eacute;cidaient du sort des prisonniers. &Agrave; la veille de l&rsquo;&eacute;vacuation des camps de l&rsquo;est en janvier&nbsp;1945, 37&nbsp;674&nbsp;hommes et 3&nbsp;508&nbsp;femmes y &eacute;taient en poste. Pr&egrave;s de 80 &agrave; 90&nbsp;% d&rsquo;entre eux servaient en qualit&eacute; de gardes <i>(Wachtmannschaften),</i> autrement dit, ils n&rsquo;appartenaient pas au personnel des services &laquo;&nbsp;professionnels&nbsp;&raquo; de l&rsquo;administration et de l&rsquo;organisation de la vie du camp et des pri</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">sonniers, de travail de secr&eacute;tariat, ni au service m&eacute;dical ni au service politique <i>(Politische</i> <i>Abteilung)</i> dont seule la Ges<span style="letter-spacing:-.1pt">tapo &eacute;tait responsable<a name="_ftnref46"></a><a href="#_ftn46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[46]</span></sup></a>. La plupart de ce personnel avait rejoint les camps au moment o&ugrave; le syst&egrave;me &eacute;tait en pleine croissance, &agrave; partir de 1943, lorsque furent install&eacute;s des centaines de camps annexes et lorsque les zones de travail furent agrandies. Ils n&rsquo;&eacute;taient pas des &laquo;&nbsp;carri&eacute;ristes&nbsp;&raquo; en poste dans les camps. La plupart d&rsquo;entre eux n&rsquo;&eacute;taient d&rsquo;ailleurs pas issus des rangs de la SS. Ils avaient rejoint l&rsquo;archipel concentrationnaire dans les derni&egrave;res ann&eacute;es de la guerre, au moment o&ugrave; le syst&egrave;me &eacute;tait devenu le cadre de la terreur, du travail forc&eacute; et du meurtre. Ils n&rsquo;avaient rien &agrave; voir avec l&rsquo;ancien personnel des camps. En revanche, ce groupe constitua un r&eacute;seau de meurtriers qui joua un r&ocirc;le cl&eacute; dans les carnages qui eurent lieu dans les derniers mois de la guerre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le 9&nbsp;mai 1944, Hitler donna l&rsquo;ordre &agrave; Himmler de mobiliser les soldats trop &acirc;g&eacute;s pour servir (&agrave; savoir ceux qui approchaient ou avaient d&eacute;pass&eacute; la quarantaine &ndash;&nbsp;la classe 1906 et les pr&eacute;c&eacute;dentes) pour les employer &agrave; certaines t&acirc;ches dans les camps de concentration. &Agrave; la suite de cet ordre, peu apr&egrave;s la mi-1944, pr&egrave;s de 10&nbsp;000&nbsp;soldats de la Wehrmacht qui &eacute;taient revenus <span style="letter-spacing:.1pt">de Crim&eacute;e, ainsi que des soldats appartenant &agrave; des unit&eacute;s de d&eacute;fense a&eacute;rienne, &agrave; des unit&eacute;s tactiques non combattantes de la Luftwaffe et m&ecirc;me &agrave; la Marine, furent r&eacute;affect&eacute;s dans des camps de concentration annexes<a name="_ftnref47"></a><a href="#_ftn47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[47]</span></sup></a>. Lors de cette derni&egrave;re &eacute;tape, </span><span style="letter-spacing:-.2pt">des <i>Volksdeutsche</i> et des groupes d&rsquo;Ukrainiens, de Lettons, de Lithuaniens</span><span style="letter-spacing:.1pt"> et d&rsquo;autres nationalit&eacute;s furent mis &agrave; contribution dans</span> les camps.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.25pt">Parmi ces gardes d&rsquo;un nouveau genre se trouvait Walter Holtz, qui avait servi dans la Luftwaffe depuis le 20&nbsp;juin 1940. En juin&nbsp;1944, il fut transf&eacute;r&eacute; chez les SS en raison de probl&egrave;mes de sant&eacute; qui l&rsquo;emp&ecirc;chaient de continuer &agrave; servir dans l&rsquo;arm&eacute;e. Comme tout soldat dans cette </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">situation<a name="_ftnref48"></a><a href="#_ftn48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[48]</span></sup></a>, Holtz fut affect&eacute; comme planton et rejoignit le camp <span style="letter-spacing:-.1pt">d&rsquo;Auschwitz-Monowitz. Jusqu&rsquo;en 1944, il officiait sur l&rsquo;un des miradors </span>qui entouraient le camp. Au moment de l&rsquo;&eacute;vacuation, Holtz fut adjoint &agrave; une colonne de prisonniers qui devait aller &agrave; Gliwice&nbsp;: il s&rsquo;agissait d&rsquo;une partie d&rsquo;un convoi de 14&nbsp;000&nbsp;prisonniers qui devait marcher sur 55&nbsp;kilom&egrave;tres. Les prisonniers qui atteignirent Gliwice furent plac&eacute;s &agrave; bord de trains qui les amen&egrave;rent dans des camps en Allemagne. Holtz se souvient que, pendant l&rsquo;&eacute;vacuation, les SS &acirc;g&eacute;s et les escortes compos&eacute;es d&rsquo;Ukrainiens abattaient syst&eacute;matiquement les prisonniers qui s&rsquo;effondraient sur les routes couvertes de neige<a name="_ftnref49"></a><a href="#_ftn49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[49]</span></sup></a>. Un autre exemple de ce type d&rsquo;assassinat est apport&eacute; par Dominik Gleba. Gleba &eacute;tait n&eacute; en octobre&nbsp;1921 &agrave; Ruda, en Pologne et issu d&rsquo;une famille allemande de souche qui d&eacute;m&eacute;nagea, en 1923 en Prusse orientale, o&ugrave; elle poss&eacute;dait une ferme. Gleba ne s&rsquo;int&eacute;ressait absolument pas aux probl&egrave;mes politiques et sa famille se montrait indiff&eacute;rente au bouleversement politique qui secouait l&rsquo;Allemagne dans la premi&egrave;re moiti&eacute; des ann&eacute;es 1930. Cependant, comme tout individu d&eacute;sireux de s&rsquo;ins&eacute;rer de fa&ccedil;on active dans la soci&eacute;t&eacute;, il rejoignit les Jeunesses hitl&eacute;riennes et montra une attirance certaine pour les activit&eacute;s sportives lorsqu&rsquo;il parvenait &agrave; s&rsquo;&eacute;chapper des t&acirc;ches de la ferme familiale. C&rsquo;&eacute;tait un homme trapu (1,65&nbsp;m) et maladif, qui avait une mauvaise image de lui-m&ecirc;me. Quoi qu&rsquo;il en soit, il parvint &agrave; s&rsquo;engager dans la Wehrmacht en 1942 et fut transf&eacute;r&eacute; quelque temps plus tard dans les Waffen-SS. Il servit aux Pays-Bas pendant quelque temps et, au cours de ses activit&eacute;s, commen&ccedil;a &agrave; adh&eacute;rer &agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie nazie, trouvant dans son unit&eacute; ce lien social qui lui avait manqu&eacute; dans son adolescence. Il fut ensuite affect&eacute; &agrave; Mauthausen <span style="letter-spacing:-.2pt">o&ugrave;, le 10&nbsp;juillet 1942, il ex&eacute;cuta deux prisonniers sovi&eacute;tiques. Vers la fin de 1943, on le transf&eacute;ra &agrave; Wiener-Neudorf,</span> un camp annexe de Mauthausen, dans lequel il servit jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation du camp et la marche de la mort d&rsquo;avril&nbsp;1945<a name="_ftnref50"></a><a href="#_ftn50" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[50]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans la soir&eacute;e du 2&nbsp;avril 1945, &agrave; la fin du premier jour de marche, un SS en charge de l&rsquo;un des groupes de prisonniers se tourna vers Gleba et lui intima l&rsquo;ordre de tuer un prisonnier qui ne tenait plus debout et qui visiblement ne pouvait plus continuer &agrave; marcher. Gleba connaissait parfaitement ces ordres visant &agrave; abattre les prisonniers d&eacute;faillants. Au cours du premier jour de l&rsquo;&eacute;vacuation, plusieurs cas similaires de meurtres s&rsquo;&eacute;taient produits, mais Gleba s&rsquo;&eacute;tait retenu d&rsquo;en faire partie. M&ecirc;me lorsque l&rsquo;ordre lui fut donn&eacute; de tuer le prisonnier, ce soir du premier jour de l&rsquo;&eacute;vacuation, il h&eacute;sita. Il discuta du probl&egrave;me avec l&rsquo;un de ses coll&egrave;gues qui lui affirma que les ordres &eacute;taient parfaitement clairs et imp&eacute;ratifs. Gleba fut convaincu&nbsp;: le prisonnier en question avait &eacute;t&eacute; port&eacute; toute la journ&eacute;e par ses camarades et ne pouvait, &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, continuer ainsi. Qui plus est, cela n&rsquo;aurait pas &eacute;t&eacute; le premier meurtre de Gleba durant sa carri&egrave;re dans les camps. De fait, il s&rsquo;approcha de sa victime et lui tira une balle dans la t&ecirc;te. Cet incident lui &ocirc;ta ses derniers scrupules et, au cours de l&rsquo;&eacute;vacuation, il participa &agrave; plusieurs autres meurtres de prisonniers<a name="_ftnref51"></a><a href="#_ftn51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[51]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le sentiment g&eacute;n&eacute;ral qui pr&eacute;domine dans les t&eacute;moignages des escortes de convois est qu&rsquo;elles avaient &eacute;t&eacute; abandonn&eacute;es &agrave; leur destin tout comme les prisonniers ext&eacute;nu&eacute;s qui mettaient en danger leur capacit&eacute; &agrave; se replier rapidement devant un ennemi qui mena&ccedil;ait chaque jour de gagner un peu plus de terrain sur le convoi. De janvier&nbsp;1945 jusqu&rsquo;&agrave; la fin de la guerre, les escortes durent accompagner des dizaines de milliers de prisonniers sur les routes, couvrant des distances de parfois plusieurs dizaines de kilom&egrave;tres, s&rsquo;occuper des installations n&eacute;cessaires au campement du soir pour des milliers de prisonniers et faire face aux conditions climatiques, ainsi qu&rsquo;aux constantes tentatives d&rsquo;&eacute;vasion des d&eacute;tenus. Les gardes et les escortes se plaignaient souvent d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; abandonn&eacute;s et d&rsquo;avoir &agrave; se d&eacute;brouiller seuls avec les prisonniers dans des conditions inacceptables. Il arrivait fr&eacute;quemment que les gardes et les prisonniers atteignissent une voie ferr&eacute;e o&ugrave; ils devaient monter &agrave; bord d&rsquo;un train pour continuer l&rsquo;&eacute;vacuation, mais le train arrivait trop tard ou avait &eacute;t&eacute; utilis&eacute; pour des raisons militaires, les obligeant alors &agrave; continuer leur p&eacute;riple, &agrave; pr&eacute;sent inutile, &agrave; pied. Il n&rsquo;est donc pas &eacute;tonnant que l&rsquo;&eacute;limination de prisonniers se trouvant dans l&rsquo;incapacit&eacute; de continuer &agrave; marcher ou que l&rsquo;on suspectait de vouloir s&rsquo;&eacute;vader ou causer des probl&egrave;mes, devint une sorte de routine. &Agrave; mesure que les difficult&eacute;s de l&rsquo;&eacute;vacuation et le risque de tomber aux mains de l&rsquo;ennemi avec les prisonniers s&rsquo;accroissaient, il n&rsquo;&eacute;tait plus, d&egrave;s lors, suffisant de supprimer les prisonniers retardataires ou convaincus de tentative d&rsquo;&eacute;vasion. &Agrave; plusieurs occasions, les gardes commenc&egrave;rent &agrave; tuer un grand nombre d&rsquo; &laquo;&nbsp;&eacute;vacu&eacute;s&nbsp;&raquo;. Avoir la g&acirc;chette facile devenait la manifestation d&rsquo;une frustration et d&rsquo;un d&eacute;sir croissant d&rsquo;&eacute;liminer tout facteur qui pourrait faire obstacle &agrave; la capacit&eacute; des gardes et des escortes de fuir rapidement devant le risque de tomber aux mains de l&rsquo;ennemi.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Un autre groupe de meurtriers, dont la sp&eacute;cialit&eacute; n&rsquo;a que peu &agrave; voir avec la liquidation syst&eacute;matique des ennemis politiques ou raciaux du Reich mais qui furent impliqu&eacute;s dans des meurtres &agrave; grande &eacute;chelle au cours des marches de la mort, comprenait des membres du <i>Volkssturm</i>, l&#39;arm&eacute;e populaire de r&eacute;serve du parti qui fut form&eacute;e &agrave; l&rsquo;automne 1944. On confia au <i>Volkssturm</i>, compos&eacute; de personnes d&rsquo;un certain &acirc;ge et inaptes au service militaire, la t&acirc;che irr&eacute;alisable de stopper l&rsquo;avanc&eacute;e des arm&eacute;es alli&eacute;es au niveau local<a name="_ftnref52"></a><a href="#_ftn52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[52]</span></sup></a>. Paul B&ouml;tter, n&eacute; en 1902, &eacute;tait repr&eacute;sentatif de ces engag&eacute;s dans le <i>Volkssturm</i>. Membre du parti et des SA depuis 1934, il n&rsquo;avait servi dans aucun service de s&eacute;curit&eacute; durant la guerre et n&rsquo;avait re&ccedil;u qu&rsquo;un entra&icirc;nement militaire de base. En 1944, il s&rsquo;engagea dans une unit&eacute; du <i>Volkssturm</i> qui avait <span style="letter-spacing:.2pt">&eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e &agrave; Frankenhain, sa ville natale en Thuringe. Les dirigeants du parti local lui donn&egrave;rent, comme instruction, ainsi qu&rsquo;&agrave; ses comparses, en des termes d&eacute;nu&eacute;s de toute ambig&uuml;it&eacute;, d&rsquo;ex&eacute;cuter tout prisonnier de guerre ou prisonnier ordinaire qui tenterait de s&rsquo;&eacute;chapper. Un groupe de prisonniers d&rsquo;un camp annexe de Buchenwald, dans les environs de Frankenhain, traversa la</span> ville la deuxi&egrave;me semaine d&rsquo;avril lorsque d&eacute;but&egrave;rent les &eacute;vacuations d&rsquo;autres camps annexes. On ne conna&icirc;t pas avec exactitude le nombre de SS qui accompagnait ce petit groupe, mais ils demand&egrave;rent &agrave; des membres du parti local des SA et du <i>Volkssturm</i> de les aider &agrave; &eacute;liminer les prisonniers. B&ouml;tter fut l&rsquo;un de ceux qui se port&egrave;rent volontaires. Personne ne lui en donna l&rsquo;ordre ni ne le for&ccedil;a &agrave; y participer<a name="_ftnref53"></a><a href="#_ftn53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[53]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">L&rsquo;un des massacres les plus horribles dans lequel les hommes du <i>Volkssturm</i> jou&egrave;rent un r&ocirc;le se d&eacute;roula lors de l&rsquo;&eacute;vacuation de prisonniers Juifs hongrois depuis un camp qui se situait sur la fronti&egrave;re austro-hongroise pr&egrave;s de la ville de Eisenerz. Un contingent important de prisonniers &ndash;&nbsp;entre six et huit mille&nbsp;&ndash; partit de Graz le 4&nbsp;avril 1945 et traversa cette zone le 7&nbsp;avril. Les prisonniers &eacute;taient conduits sur trois colonnes plac&eacute;es sous la responsabilit&eacute; de membres du <i>Volkssturm</i>, de la Gestapo et de quelques Waffen-SS ukrainiens. <span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>tant donn&eacute; le nombre restreint de gardes, il &eacute;tait n&eacute;cessaire de faire appel aux unit&eacute;s locales du <i>Volkssturm</i> en tant qu&rsquo;escortes tout au long du trajet d&rsquo;&eacute;vacuation<a name="_ftnref54"></a><a href="#_ftn54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[54]</span></sup></a>. La longue procession se fraya un passage &agrave; travers la passe de Pr&auml;bichl, une passe dans les Alpes pr&egrave;s d&rsquo;Eisenerz qui ressortait en direction de Hieflau. La d&eacute;cision de tuer des Juifs, en route vers Mauthausen, fut logiquement prise par le <i>Kreisleiter</i> du district de Leoben, Otto Christandl. Les meurtriers, dans le cas pr&eacute;sent, &eacute;taient un groupe d&rsquo;individus incor</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">por&eacute;s dans une unit&eacute; du <i>Volkssturm</i> &agrave; Eisenerz. Les victimes repr&eacute;sentaient quelques 250 prisonniers juifs<a name="_ftnref55"></a><a href="#_ftn55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[55]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Ces groupes de meurtriers op&eacute;raient au sein d&rsquo;un monde qui leur &eacute;tait propre. Ils &eacute;taient des civils qui avaient &eacute;t&eacute; incorpor&eacute;s pour assurer la s&eacute;curit&eacute; des zones o&ugrave; ils vivaient. Ils ne pouvaient gu&egrave;re contribuer &agrave; l&rsquo;effort de guerre contre les Alli&eacute;s, et le v&eacute;ritable ennemi, celui qu&rsquo;ils regardaient comme une menace pour leur propre vie, &eacute;tait ces prisonniers de camps de concentration qui circulaient pr&egrave;s de leurs habitations. La presse locale abonde en histoires et rumeurs de viols et pillages commis par des prisonniers de camps de concentration qui avaient r&eacute;ussi &agrave; s&rsquo;&eacute;chapper des convois d&rsquo;&eacute;vacuation, et mettait en garde la population qui aurait voulu les aider &agrave; fuir<a name="_ftnref56"></a><a href="#_ftn56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[56]</span></sup></a>. Durant les derni&egrave;res semaines de la guerre, les oiseaux de mauvais augure trouv&egrave;rent une oreille attentive aupr&egrave;s d&rsquo;une population compl&egrave;tement perdue en qu&ecirc;te de la moindre information au sein d&rsquo;un syst&egrave;me en compl&egrave;te d&eacute;route. Ces rumeurs &eacute;taient &laquo;&nbsp;envelopp&eacute;es&nbsp;&raquo; dans un &eacute;pais brouillard d&rsquo;informations non v&eacute;rifiables sur l&rsquo;identit&eacute; des individus louches et malsains qui avaient atteint le seuil des habitations. Le comportement </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">d&rsquo;un groupe social, lorsqu&rsquo;il est influenc&eacute; par des rumeurs de ce type, <span style="letter-spacing:.1pt">peut &eacute;voluer de diff&eacute;rentes mani&egrave;res dont l&rsquo;une n&rsquo;est autre que la violence soudaine. Cela se produit lorsque le groupe en question est compos&eacute; d&rsquo;individus ch&eacute;tifs, vuln&eacute;rables ou mis &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve. Les guerres, les &eacute;pid&eacute;mies, les &eacute;meutes et la dislocation du lien familial sont pernicieuses par nature et la rumeur devient alors l&rsquo;&eacute;tincelle qui allume la m&egrave;che d&rsquo;un explosif dangereux et incontr&ocirc;lable<a name="_ftnref57"></a><a href="#_ftn57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[57]</span></sup></a>. Tel &eacute;tait l&rsquo;&eacute;tat de la soci&eacute;t&eacute; allemande durant ces semaines. Toutes les conditions &eacute;taient r&eacute;unies pour qu&rsquo;un nombre important d&rsquo;individus rejoignent les rangs des meurtriers de prisonniers de camps de concentration durant les marches de la mort. N&eacute;anmoins, ce cadre particulier qui appelait au meurtre n&rsquo;aurait pu voir le jour sans un consensus g&eacute;n&eacute;ral sur l&rsquo;identit&eacute; des victimes.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le consensus id&eacute;ologique&nbsp;: l&rsquo;image de la victime</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Une des marches de la mort les plus horribles et l&rsquo;une de celles qui a &eacute;t&eacute; d&eacute;taill&eacute;e et reconstitu&eacute;e devant une cour de justice, et plus tard dans le livre de Goldhagen, implique un groupe de femmes prisonni&egrave;res au camp de </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Helmbrechts, un camp annexe de Flossenb&uuml;rg. Un groupe de 621&nbsp;femmes juives, vestiges<span style="letter-spacing:-.2pt"> d&rsquo;une marche de la mort depuis la Pologne, entr&egrave;rent dans ce camp au d&eacute;but de mars&nbsp;1945. Le camp de Helmbrechts avait &eacute;t&eacute; construit entre la fin du mois de juin et le d&eacute;but du mois de juillet&nbsp;1944. </span><span style="letter-spacing:-.1pt">Ses 190&nbsp;premi&egrave;res prisonni&egrave;res arriv&egrave;rent de Ravensbr&uuml;ck entre le 19&nbsp;juillet et le 31&nbsp;ao&ucirc;t 1944, le reste arriva par vagues en octobre, novembre puis en janvier&nbsp;1945. En f&eacute;vrier&nbsp;1945, la population du camp se montait &agrave; 594&nbsp;prisonni&egrave;res<a name="_ftnref58"></a><a href="#_ftn58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[58]</span></sup></a>, la plupart issues de Pologne et d&rsquo;URSS, et auxquelles s&rsquo;ajouta un petit groupe de Fran&ccedil;aises et pr&egrave;s de 25&nbsp;Allemandes. L&rsquo;arriv&eacute;e des femmes juives fit grimper la population du camp &agrave; pr&egrave;s de 1</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">200&nbsp;prisonni&egrave;res. Le 13&nbsp;avril 1945, 1</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">171&nbsp;prisonni&egrave;res furent &eacute;vacu&eacute;es du camp, y compris les 580&nbsp;Juives encore en vie<a name="_ftnref59"></a><a href="#_ftn59" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[59]</span></sup></a>. Pendant pr&egrave;s de deux semaines, elles voyag&egrave;rent sur les routes &agrave; pied et dans des carrioles. Au bout d&rsquo;un moment, les prisonni&egrave;res non-juives furent lib&eacute;r&eacute;es et seules les prisonni&egrave;res juives continu&egrave;rent l&rsquo;&eacute;vacuation. Au moins 278 p&eacute;rirent dans la marche de la mort qui les conduisit de Helmbrechts &agrave; Volary, en Tch&eacute;coslovaquie, o&ugrave; les Am&eacute;ricains lib&eacute;r&egrave;rent les survivantes. Mais aussi 129 d&#39;entre elles p&eacute;rirent au cours de la marche, durant les haltes de nuit, en raison du froid glacial et de la faim. Et 49&nbsp;autres furent assassin&eacute;es par les gardes parce qu&rsquo;elles ne pouvaient plus avancer ou parce qu&rsquo;elles avaient tent&eacute; de s&rsquo;&eacute;vader. Cependant, pour un grand nombre de prisonni&egrave;res, les causes de leur mort restent incertaines<a name="_ftnref60"></a><a href="#_ftn60" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[60]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Lorsque le commandant du camp et de la marche de la mort, Alois D&ouml;rr, fut interrog&eacute; sur les circonstances de cette &eacute;vacuation meurtri&egrave;re, il d&eacute;clara qu&rsquo;il n&rsquo;avait pas donn&eacute; l&rsquo;ordre de tuer les prisonni&egrave;res et qu&rsquo;apr&egrave;s avoir eu connaissance de ces meurtres, le premier et le second jour de l&rsquo;&eacute;vacuation, il avait ordonn&eacute; de fusiller les prisonni&egrave;res seulement si elles tentaient de s&rsquo;&eacute;chapper. Il ajouta qu&rsquo;il &eacute;tait conscient du fait que les gardes et les escortes avaient tu&eacute; quelques prisonni&egrave;res non parce <i>qu&rsquo;elles</i> avaient tent&eacute;s de s&rsquo;enfuir, mais parce qu&rsquo;elles &eacute;taient &eacute;puis&eacute;es et qu&#39;elles ne pouvaient plus continuer &agrave; marcher. Aussi difficile soit-il de se fier au t&eacute;moignage de D&ouml;rr, il semble qu&rsquo;un tel ordre ait cependant &eacute;t&eacute; donn&eacute; aux gardes. Cependant, D&ouml;rr ne semble pas avoir us&eacute; de son autorit&eacute; pour interdire le meurtre de prisonni&egrave;res &eacute;puis&eacute;es<a name="_ftnref61"></a><a href="#_ftn61" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[61]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">De fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, le comportement de D&ouml;rr ne diff&egrave;re pas de celui de la plupart des commandants de convois d&rsquo;&eacute;vacuation&nbsp;: il n&rsquo;a pas donn&eacute; l&rsquo;ordre explicite de tuer les prisonni&egrave;res, mais ne l&rsquo;a pas non plus interdit. Pour &ecirc;tre encore plus pr&eacute;cis, D&ouml;rr, comme les autres </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">commandants, signa un ordre pour le cas o&ugrave; des tentatives d&rsquo;&eacute;vasion se produiraient. Il n&rsquo;&eacute;tait pas exceptionnel d&rsquo;abandonner aux soldats</span></span></span><i> </i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">sur le terrain la prise de d&eacute;cision quant aux meurtres. Cela se produisit dans des centaines de marches de la mort au cours de cette p&eacute;riode. D&ouml;rr &eacute;tait pleinement conscient de l&rsquo;&eacute;tat d&eacute;sastreux des prisonni&egrave;res juives, la plupart ressemblant &agrave; des squelettes ambulants. L&rsquo;un des gardes charg&eacute; du groupe des prisonni&egrave;res au moment de l&rsquo;&eacute;vacuation d&eacute;clara qu&rsquo;il avait alert&eacute;, &agrave; plusieurs reprises, sur le manque de nourriture donn&eacute;e aux prisonni&egrave;res et le risque de les voir s&rsquo;&eacute;vader si on continuait &agrave; ne pas les nourrir correctement. Rien de ceci n&rsquo;inqui&eacute;tait D&ouml;rr. La seule chose qui le pr&eacute;occupait &eacute;tait de mener &agrave; bien sa mission, &agrave; savoir, amener les prisonni&egrave;res &agrave; Dachau le plus vite possible, comme pr&eacute;vu<a name="_ftnref62"></a><a href="#_ftn62" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[62]</span></sup></a>. D&ouml;rr s&rsquo;attendait &eacute;galement &agrave; ce que plusieurs prisonni&egrave;res s&rsquo;&eacute;vanouissent ou meurent pendant la marche, voire qu&rsquo;elles</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">soient incapables de continuer &agrave; marcher et qu&rsquo;elles soient ex&eacute;cut&eacute;es de sang-froid par les gardes. Il laissa une grande latitude aux gardes pr&eacute;sents sur place&nbsp;: ils devaient utiliser leurs armes pour pr&eacute;venir les &eacute;vasions, mais ne devaient pas non plus,</span> <span style="letter-spacing:-.2pt">et sous aucun pr&eacute;texte, laisser de prisonni&egrave;re malade derri&egrave;re eux<a name="_ftnref63"></a><a href="#_ftn63" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[63]</span></sup></a>. Dans les conditions pr&eacute;sentes, D&ouml;rr ne se comporta pas diff&eacute;remment des</span> <span style="letter-spacing:-.2pt">autres fonctionnaires charg&eacute;s des convois d&rsquo;&eacute;vacuation ou des marches de la mort.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il ne fait aucun doute que les prisonni&egrave;res juives furent celles qui eurent le plus &agrave; souffrir de ces marches. La plupart recevaient des rations plus faibles, et lors des haltes de nuit, elles &eacute;taient presque &agrave; chaque fois laiss&eacute;es dans des champs en plein air par un froid glacial, tandis que les autres prisonni&egrave;res &eacute;taient conduites dans des granges ou des entrep&ocirc;ts en fonction des disponibilit&eacute;s. Les prisonni&egrave;res allemandes, qui continu&egrave;rent les marches de concert avec les prisonni&egrave;res juives, marchaient au sein de groupes s&eacute;par&eacute;s des groupes de Juives qui avaient beaucoup de mal &agrave; marcher. Elles n&rsquo;&eacute;taient, en outre, que rarement frapp&eacute;es par les gardes<a name="_ftnref64"></a><a href="#_ftn64" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[64]</span></sup></a>. Cependant, la diff&eacute;rence principale entre les Juives et les non-Juives r&eacute;sidait dans l&rsquo;&eacute;tat de d&eacute;labrement physique de ces derni&egrave;res compar&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;tat physique relativement acceptable des autres. Cet &eacute;tat de fait ne tirait pas son origine de Helmbrechts, o&ugrave; les femmes juives n&rsquo;avaient s&eacute;journ&eacute; que quelques semaines. Il &eacute;tait le r&eacute;sultat de l&rsquo;ann&eacute;e qui avait pr&eacute;c&eacute;d&eacute; leur arriv&eacute;e au camp et des marches de la mort qui les y avaient conduites. Pour cette raison, &agrave; la fin de la marche de la mort, pr&egrave;s de la moiti&eacute; des Juives &eacute;taient incapables de continuer et elles furent install&eacute;es dans des carrioles, restant allong&eacute;es, sans aide et presque sans nourriture. Du point de vue des gardes, elles allaient tout droit vers une mort lente. Les instructions imp&eacute;ratives de D&ouml;rr qui consistaient &agrave; refuser des quantit&eacute;s suffisantes de nourriture aux prisonni&egrave;res, m&ecirc;me lorsque la population locale s&rsquo;offrait &agrave; en donner, son aspect serein face &agrave; des prisonni&egrave;res battues et maltrait&eacute;es et son refus d&rsquo;apporter une assistance m&eacute;dicale aux malades lorsqu&rsquo;elle &eacute;tait possible, indiquait clairement que, dans son esprit, ces prisonni&egrave;res et plus particuli&egrave;rement les Juives n&rsquo;&eacute;taient pas des &laquo;&nbsp;&ecirc;tres humains&nbsp;&raquo; <i>(nichts Menschliches hatten)</i><a name="_ftnref65"></a><a href="#_ftn65" style="color:blue; text-decoration:underline"><b><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">[65]</span></span></sup></b></a>. Le fait que la plupart des femmes mourantes &eacute;taient des Juives lui simplifiait les choses, ainsi qu&rsquo;aux gardes, pour ouvrir le feu. N&eacute;anmoins, il ne serait pas totalement faux de penser que les choses se seraient pass&eacute;es de la m&ecirc;me fa&ccedil;on si les prisonni&egrave;res avaient &eacute;t&eacute; de nationalit&eacute;s diff&eacute;rentes comme cela s&rsquo;est produit dans de nombreux autres cas.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Un consensus fond&eacute; sur l&rsquo;id&eacute;ologie et une d&eacute;shumanisation des prisonniers repr&eacute;sentait des &eacute;l&eacute;ments cl&eacute;s de l&rsquo;attitude des meurtriers dans les t&acirc;ches qui leur incombaient. De tr&egrave;s nombreux exemples illustrent cette attitude envers les victimes des marches de la mort. Pour n&rsquo;en citer qu&rsquo;un, dans la ville de Stary Jaromierz en Pologne, pr&egrave;s de 40&nbsp;prisonni&egrave;res juives qui avaient &eacute;t&eacute; &eacute;vacu&eacute;es depuis un camp de travail en Basse-Sil&eacute;sie furent brutalement massacr&eacute;es le 25&nbsp;janvier 1945. Ce groupe, qui &eacute;tait dans un &eacute;tat de faiblesse &eacute;vident, fut conduit dans une for&ecirc;t pr&egrave;s de la ville, <span style="letter-spacing:-.1pt">sorti</span> <span style="letter-spacing:-.1pt">sans m&eacute;nagement des carrioles qui l&rsquo;avait transport&eacute;, tir&eacute; par les cheveux pr&egrave;s des tranch&eacute;es par les gardes plus &acirc;g&eacute;s et tu&eacute; d&rsquo;une balle dans la nuque. Un paysan polonais qui avait &eacute;t&eacute; recrut&eacute; pour conduire l&rsquo;une de ces carrioles dans la for&ecirc;t, entendit les tueurs compter les &laquo;&nbsp;morceaux&nbsp;&raquo; <i>(St&uuml;cke)</i> auxquels ils venaient de r&eacute;gler leur compte<a name="_ftnref66"></a><a href="#_ftn66" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[66]</span></sup></a>. Seuls quelques membres du groupe qui avaient surv&eacute;cu &agrave; cette marche atteignirent Helmbrechts quelques semaines plus tard.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Alfred Jespen &eacute;tait un garde affect&eacute; &agrave; un convoi d&rsquo;&eacute;vacuation depuis le camp de Wilhelmshaven, une annexe du camp de Neuengamme. Quelque 200&nbsp;prisonniers p&eacute;rirent au cours de cette &eacute;vacuation pendant les bombardements des trains par les Alli&eacute;s ou sous les balles des gardes. Durant son proc&egrave;s apr&egrave;s la guerre, Jespen affirma que ceux qu&rsquo;il avait ex&eacute;cut&eacute;s ou dont il avait ordonn&eacute; l&rsquo;ex&eacute;cution dans la ville de L&uuml;neburg, o&ugrave; se d&eacute;roula le massacre de tr&egrave;s nombreux prisonniers appartenant &agrave; ce convoi, &eacute;taient, dans tous les cas, pr&eacute;sum&eacute;s &agrave; demi-morts avant leur ex&eacute;cution<a name="_ftnref67"></a><a href="#_ftn67" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[67]</span></sup></a>. Ludwig Krenn, commandant de l&rsquo;unit&eacute; <i>Volkssturm</i> dont les membres massacr&egrave;rent les prisonniers juifs pr&egrave;s de Eisenerz s&rsquo;adressa &agrave; son unit&eacute; un jour avant les massacres en d&eacute;clarant, pour les &laquo;&nbsp;encourager&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ces cochons et ces chiens m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre abattus&nbsp;! Tous&nbsp;!&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref68"></a><a href="#_ftn68" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[68]</span></sup></a> Lorsque les meurtriers poursuivirent les fugitifs en plusieurs endroits, ils donn&egrave;rent &agrave; leurs proies des noms de rongeurs ou de lapins suivant un folklore macabre<a name="_ftnref69"></a><a href="#_ftn69" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[69]</span></sup></a>. Les survivants rapportent dans leurs t&eacute;moignages que les gardes les consid&eacute;raient comme des chiens f&eacute;roces et dangereux qu&rsquo;il fallait supprimer<a name="_ftnref70"></a><a href="#_ftn70" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[70]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si l&rsquo;on ne comprend pas que les groupes de victimes &eacute;taient une entit&eacute; collective aux yeux des meurtriers, on ne peut expliquer l&rsquo;ampleur du ph&eacute;nom&egrave;ne meurtrier. L&rsquo;identit&eacute; d&eacute;finitive et cat&eacute;gorielle des victimes repr&eacute;sente &laquo;&nbsp;l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; &agrave; comparer au &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo;, une dichotomie aux sous-jacents id&eacute;ologiques profonds sur lesquels les meurtriers s&rsquo;appuyaient pour commettre leurs crimes<a name="_ftnref71"></a><a href="#_ftn71" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[71]</span></sup></a>. Les prisonniers des camps de concentration avaient &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; d&egrave;s le d&eacute;but de l&rsquo;&egrave;re nazie. Au cours du temps, les prisonniers acquirent de plus en plus l&rsquo;image d&rsquo;un groupe mena&ccedil;ant, violent, hors-la-loi et dangereux. &Agrave; la mi-1942, lorsque cette foule venue de l&rsquo;est commen&ccedil;a &agrave; peupler les camps, ces emplacements devinrent des bombes &agrave; retardement situ&eacute;s &agrave; un jet de pierre<b> </b>des paisibles foyers de la population. Dans la seconde moiti&eacute; de 1943, lorsque la profusion de camps annexes devint une partie int&eacute;grante du paysage pour la population civile, la menace sembla se faire plus r&eacute;elle.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">M&ecirc;me si les prisonniers des camps de concentration &eacute;taient les premi&egrave;res victimes de la violence nazie, et ce d&egrave;s les premiers mois du r&eacute;gime nazi, aucun groupe sp&eacute;cifique ne fut jamais choisi pour &ecirc;tre d&eacute;finitivement &eacute;limin&eacute; pour de simples raisons ethniques, politiques ou raciales. Il est vrai qu&rsquo;&agrave; partir de 1944 et apr&egrave;s, les prisonniers pr&eacute;sent&egrave;rent un taux de mortalit&eacute; consid&eacute;rable lors du processus de s&eacute;lection dans les camps de concentration mais, m&ecirc;me alors, un infime espoir de salut existait &ndash; entre autres gr&acirc;ce &agrave; leur capacit&eacute; &agrave; travailler et &agrave; leur endurance physique &ndash; qui leur permettait de s&rsquo;en sortir. Apr&egrave;s avoir quitt&eacute; les camps et entam&eacute; les marches de la mort, cet espoir devint de plus en plus mince. Leur identit&eacute; collective en tant que &laquo;&nbsp;l&rsquo;ennemi&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;tranger&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; devenait une menace plus palpable parce qu&rsquo;ils n&rsquo;&eacute;taient plus enferm&eacute;s derri&egrave;res des grilles, mais cherchaient &agrave; sauver leur vie &agrave; la moindre occasion. Quelques meurtriers continu&egrave;rent &agrave; les consid&eacute;rer comme des Juifs, d&rsquo;autres les voyaient comme des communistes ou encore des criminels qui avaient viol&eacute; des femmes et des enfants. Quelquefois m&ecirc;me, ils &eacute;taient per&ccedil;us comme tout cela &agrave; la fois.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les meurtriers regardaient leurs victimes &agrave; travers les lentilles d&rsquo;un anonymat total. Comme cela arrive presque toujours lors de massacres qui se d&eacute;roulent au sein d&rsquo;une entreprise g&eacute;nocidaire, les meurtriers ne voyaient en leurs victimes qu&rsquo;un groupe exempt de toute caract&eacute;ristique humaine. Dans ce type de situation, un groupe d&rsquo;individus sans d&eacute;fense est assassin&eacute; par un autre groupe qui poss&egrave;de, lui, tout pouvoir, et ex&eacute;cute sans se mettre le moins du monde en danger. L&rsquo;un agit, l&rsquo;autre &ndash;&nbsp;celui des victimes&nbsp;&ndash; ne peut ni s&rsquo;&eacute;chapper ni r&eacute;sister. L&rsquo;acte est perp&eacute;tr&eacute; contre un groupe de personnes sp&eacute;cifique que les meurtriers trouvent face &agrave; eux dans une posture d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;e et sans d&eacute;fense. L&rsquo;action se termine lorsque la derni&egrave;re victime est supprim&eacute;e, lorsque la rage meurtri&egrave;re des assassins est pass&eacute;e ou lorsqu&rsquo;ils sont arr&ecirc;t&eacute;s dans leur &eacute;lan par un pouvoir sup&eacute;rieur au leur<a name="_ftnref72"></a><a href="#_ftn72" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[72]</span></sup></a>. Dans le dernier chapitre de l&rsquo;histoire du g&eacute;nocide nazi, de nombreux exemples se terminent de l&rsquo;une ou l&rsquo;autre de ces fa&ccedil;ons&nbsp;: les derniers prisonniers sont assassin&eacute;s, la haine meurtri&egrave;re qui engendre l&rsquo;assassinat s&rsquo;&eacute;teint au bout de quelque temps ou bien les forces alli&eacute;es sont trop pr&egrave;s pour que le carnage continue. &Eacute;tant donn&eacute; les origines tr&egrave;s diverses des meurtriers, leurs accointances &agrave; des groupes sociaux vari&eacute;s et leur fonction au sein de diff&eacute;rentes unit&eacute;s et organisations, il est impossible de discerner</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">un d&eacute;nominateur commun parmi eux si l&rsquo;on s&rsquo;en tient &agrave; leurs personnalit&eacute;s. La population des meurtriers comprenait des Nazis convaincus, des opportunistes tentant de marcher entre les gouttes, des individus seulement d&eacute;sireux de rentrer chez eux sains et saufs avant que le Reich ne s&rsquo;&eacute;croule et des civils ordinaires qui s&rsquo;&eacute;taient retrouv&eacute;s dans une situation qu&rsquo;ils n&rsquo;auraient jamais imagin&eacute;e dans leurs pires cauchemars. Ils n&rsquo;avaient certes pas choisi de devenir des nazis d&egrave;s le d&eacute;part, mais le devinrent par la force des choses en participant &agrave; ces meurtres. Ils adopt&egrave;rent le mod&egrave;le cruel du nazisme &agrave; l&rsquo;instant m&ecirc;me o&ugrave; ils d&eacute;cid&egrave;rent de prendre part &agrave; une action dans l&rsquo;esprit nazi<a name="_ftnref73"></a><a href="#_ftn73" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[73]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le c&ocirc;t&eacute; id&eacute;ologique de ces meurtres ne peut &ecirc;tre ignor&eacute;. Les milliers de gardes qui assassin&egrave;rent des prisonniers au cours des marches de la mort n&rsquo;avaient nul besoin d&rsquo;&ecirc;tre des antis&eacute;mites ou des racistes purs et durs qui suivaient une ligne de conduite sp&eacute;cifique. Il est probable qu&rsquo;ils avaient &eacute;t&eacute; expos&eacute;s, comme toutes les branches de la soci&eacute;t&eacute; allemande, &agrave; un endoctrinement politique et &agrave; une propagande et des vagues de slogans antis&eacute;mites et racistes. N&eacute;anmoins, un point d&rsquo;interrogation subsiste quant &agrave; l&rsquo;efficacit&eacute; de ce rouleau-compresseur id&eacute;ologique sur des individus aux parcours et aux personnalit&eacute;s si diverses, de m&ecirc;me que sur ceux qui prirent part &agrave; ces massacres. La plupart de ces meurtriers n&rsquo;avaient pas &eacute;t&eacute; employ&eacute;s au sein du syst&egrave;me d&rsquo;extermination au moment o&ugrave; cette m&eacute;canique fonctionnait &agrave; plein r&eacute;gime. On ne peut mesurer pleinement l&rsquo;impact de la propagande antis&eacute;mite et raciste sur une population aussi vari&eacute;e que celle qui prit part aux &eacute;vacuations des camps et se transforma en assassin lors des derni&egrave;res semaines de la guerre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Cependant, tout au long de la guerre, tous, d&rsquo;une fa&ccedil;on ou d&rsquo;une autre, se trouv&egrave;rent m&ecirc;l&eacute;s &agrave; des organismes sociaux ou publics dont le fonctionnement laissait de la place pour une telle id&eacute;ologie. Ils &eacute;taient les produits d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qui, pendant douze ans, les avait nourris et expos&eacute;s &agrave; un certain &laquo;&nbsp;ethos&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est cela qui les avaient transform&eacute;s en nazis m&ecirc;me s&rsquo;ils ne se voyaient pas comme tels. Le n&oelig;ud de leur existence, en tant qu&rsquo;individus d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qui avait adopt&eacute; &laquo;&nbsp;l&rsquo;ethos&nbsp;&raquo; nazi, ainsi que les conditions dans lesquelles se d&eacute;roul&egrave;rent les derni&egrave;res ann&eacute;es de la guerre, en transform&egrave;rent un grand nombre en meurtriers. Ils ne voyaient dans les prisonniers que des objets sans vie avec lesquels ils agissaient le plus souvent de fa&ccedil;on opportuniste. Tant que les prisonniers &eacute;taient conduits au camp de destination, avaient de quoi manger</span></span></span><b> </b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">et leur servaient, en somme, d&rsquo;assurance contre une possible affection au front, ils continuaient &agrave; les diriger. Mais d&egrave;s l&rsquo;instant o&ugrave; ils devenaient un fardeau, comme cela se produisait fr&eacute;quemment, ils n&rsquo;h&eacute;sitaient pas &agrave; les massacrer sans piti&eacute;. Un acte dict&eacute;</span></span></span><b> </b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">tr&egrave;s clairement par un fanatisme id&eacute;ologique &eacute;tait souvent le r&eacute;sultat d&rsquo;un calcul opportuniste<a name="_ftnref74"></a><a href="#_ftn74" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[74]</span></sup></a>, un calcul qui tenait compte des vicissitudes et des hasards li&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation, &agrave; la peur de tomber aux mains de l&rsquo;ennemi et &agrave; la volont&eacute; de prot&eacute;ger les familles de civils de la violence et du danger. N&eacute;anmoins, ces meurtres n&rsquo;auraient jamais pu &ecirc;tre commis si le groupe de meurtriers ne s&rsquo;&eacute;tait trouv&eacute; en relation &eacute;troite avec le cadre social qui les encourageait. Un cadre qui avait int&eacute;rioris&eacute; des valeurs vouant les ennemis de la nation &agrave; une &eacute;limination compl&egrave;te.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Conclusion</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Selon Wolfgang Sofsky, l&rsquo;histoire interne de la force et de la terreur qui furent &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans les camps de concentration doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e sous l&rsquo;angle spatial, &agrave; savoir, une histoire qui se d&eacute;roula dans un espace clos muni d&rsquo;une certaine &laquo;&nbsp;&eacute;paisseur&nbsp;&raquo; <i>(&laquo;&nbsp;dichte Beschreibung&nbsp;&raquo;).</i> Cette description, au lieu d&rsquo;analyser les faits, offre un &eacute;ventail d&rsquo;interpr&eacute;tations des situations, des processus et des structures &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre<a name="_ftnref75"></a><a href="#_ftn75" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[75]</span></sup></a>. Il n&rsquo;est, de fait, pas &eacute;tonnant que l&rsquo;&oelig;uvre magistrale de Sofsky sur les camps de concentration ne fasse, &agrave; aucun moment, mention des &eacute;vacuations et des marches de la mort. Celles-ci se d&eacute;roul&egrave;rent dans un espace et des structures diff&eacute;rents, elles mettaient en jeu des acteurs nouveaux qui n&rsquo;existaient pas auparavant ou qui n&rsquo;&eacute;taient pas en service lorsque les camps de concentration fonctionnaient. &Agrave; d&rsquo;autres moments, lorsque Sofsky rapporte des faits concernant les marches de la mort, il les extrait presque compl&egrave;tement de leur contexte historique pour les investir d&rsquo;une signification m&eacute;tahistorique qui n&rsquo;a d&rsquo;explication qu&rsquo;au sein d&rsquo;une analyse psychopathologique. Sofsky envisage les marches de la mort comme une phase de torture collective&nbsp;; leur existence ne faisait qu&rsquo;aiguiser l&rsquo;app&eacute;tit des gardes qui prenaient de plus en plus de plaisir dans leur capacit&eacute; &agrave; tuer sans restriction. Les marches de la mort leur donnaient l&rsquo;occasion r&ecirc;v&eacute;e de jouir de la violence et elles duraient assez longtemps pour permettre aux meurtriers d&rsquo;&eacute;tancher leur soif de torture et de haine. Ceci explique &eacute;galement pourquoi ils n&rsquo;ont pas assassin&eacute; les prisonniers d&rsquo;un seul coup<a name="_ftnref76"></a><a href="#_ftn76" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[76]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">En tentant d&rsquo;expliquer &agrave; la fois l&rsquo;intensit&eacute; et l&rsquo;inutilit&eacute; de la violence envers les prisonniers en se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; la p&eacute;riode pendant laquelle cela s&rsquo;est produit (quelques semaines avant la reddition), on peut tr&egrave;s vite tomber dans des arguments de ce genre. On ne doit jamais oublier que la p&eacute;riode des marches de la mort fut pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e par des mois, pour ne pas dire des ann&eacute;es, de violence et de terreur qui ont conduit &agrave; la syst&eacute;matisation du syst&egrave;me concentrationnaire et ce, d&egrave;s que le r&eacute;gime fut mis en place. C&rsquo;&eacute;tait l&agrave; la cons&eacute;quence d&rsquo;un outil politique destin&eacute; &agrave; p&eacute;renniser le syst&egrave;me nazi et &agrave; extraire ses opposants hors de la soci&eacute;t&eacute; pour les conduire vers un immense goulag de la terreur. Une vaste palette d&rsquo;options id&eacute;ologiques &eacute;tait disponible afin de permettre au r&eacute;gime de r&eacute;soudre ses probl&egrave;mes&nbsp;: l&rsquo;option n&eacute;cessaire &agrave; une &laquo;&nbsp;hygi&egrave;ne sociale&nbsp;&raquo;, celle de la main-d&rsquo;&oelig;uvre bon march&eacute; pour l&rsquo;essentiel de la production, celle de l&rsquo;&eacute;loignement et de l&rsquo;&eacute;limination des ennemis politiques et id&eacute;ologiques, celle des ressources pour les exp&eacute;riences m&eacute;dicales, ainsi que celle du meurtre de Juifs ou autres groupes raciaux. De ce point de vue, le meurtre sans restriction de prisonniers pendant les marches de la mort est une cons&eacute;quence directe du d&eacute;veloppement de ce syst&egrave;me de terreur. M&ecirc;me s&rsquo;ils se d&eacute;roul&egrave;rent &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de l&rsquo;espace qui leur &eacute;tait traditionnellement allou&eacute;, la terreur et les meurtres restent, dans leur nature, similaires aux pr&eacute;c&eacute;dents.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En plus d&rsquo;&ecirc;tre le chapitre final de l&rsquo;histoire des camps de concentration, les marches de la mort sont &eacute;galement le chapitre final du g&eacute;nocide nazi. Reste n&eacute;anmoins que ce chapitre diff&egrave;re des pr&eacute;c&eacute;dents. Dans les derniers mois du g&eacute;nocide nazi, le groupe des victimes n&rsquo;&eacute;tait plus identifi&eacute; aussi clairement. Les victimes de cette derni&egrave;re phase n&rsquo;&eacute;taient plus seulement les Juifs et, dans de nombreux cas, ceux-ci ne repr&eacute;sentaient plus la majorit&eacute;. Cela explique pourquoi il est si difficile de consid&eacute;rer cette p&eacute;riode comme une &eacute;tape de la Solution finale de la question juive. Voir cette p&eacute;riode comme constitutive du cadre de l&rsquo;extermination des Juifs brouille non seulement l&rsquo;explication historique mais &eacute;galement notre compr&eacute;hension de la position des Juifs en tant que groupe sp&eacute;cifique de victimes dans les phases finales du g&eacute;nocide nazi, en gommant le fait que le cercle des victimes s&rsquo;est &eacute;tendu au point d&rsquo;inclure dans ses rangs des<i> </i>individus de diverses nationalit&eacute;s. Il brouille &eacute;galement notre capacit&eacute; &agrave; examiner avec pr&eacute;cision la motivation et les circonstances des meurtres, les diff&eacute;rents groupes de meurtriers, le climat politique dans lequel ces meurtres se d&eacute;roul&egrave;rent ainsi que le cadre social qui les encourageait. Tenter d&rsquo;expliquer le ph&eacute;nom&egrave;ne des marches de la mort suivant la perspective unique des &eacute;tapes de la Solution finale am&egrave;ne <i>de facto </i>&agrave; faire un tri parmi les &eacute;v&eacute;nements examin&eacute;s et revient &agrave; tirer une fl&egrave;che pour, seulement ensuite, y dessiner la cible autour. Dans les derniers mois du g&eacute;nocide nazi, le processus d&rsquo;extermination fut enti&egrave;rement d&eacute;centralis&eacute;. Au cours d&rsquo;une marche de la mort, la d&eacute;cision d&rsquo;appuyer sur la g&acirc;chette &eacute;tait prise, en dernier recours, par le meurtrier qui accompagnait le groupe de prisonniers. C&rsquo;est lui qui d&eacute;terminait si le moment et les conditions pour un tel acte &eacute;taient r&eacute;unis. C&rsquo;est lui qui d&eacute;terminait le moment exact de cet acte. Il ne s&rsquo;agissait pas d&rsquo;un acte spontan&eacute; ou impulsif. Il s&rsquo;agissait d&rsquo;un calcul fond&eacute; sur l&rsquo;utilit&eacute;, l&rsquo;efficacit&eacute;, le moment et la situation pr&eacute;sente. Ce n&rsquo;&eacute;tait en aucun cas un brusque acc&egrave;s de col&egrave;re de la part d&rsquo;une populace exasp&eacute;r&eacute;e et pouss&eacute;e par une haine x&eacute;nophobe ou un antis&eacute;mitisme radical. Il semble qu&rsquo;il n&rsquo;y ait jamais eu tout au long du g&eacute;nocide nazi un <span style="letter-spacing:.1pt">pouvoir aussi &eacute;tendu plac&eacute; entre les mains d&rsquo;autant d&rsquo;individus qui avaient la possibilit&eacute; d&rsquo;assassiner ou non selon leur</span> bon vouloir. La situation <span style="letter-spacing:-.1pt">diff&eacute;rait totalement de celle o&ugrave; l&rsquo;acte de meurtre &eacute;tait contr&ocirc;l&eacute;, planifi&eacute; et dirig&eacute;</span> <span style="letter-spacing:-.2pt">par un syst&egrave;me bureaucratique, souvent</span> faible et d&eacute;sordonn&eacute;, comme cela &eacute;tait le cas jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1944.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ce qui d&eacute;buta cet &eacute;t&eacute;-l&agrave; comme une d&eacute;cision prise pour des raisons &eacute;conomiques &ndash; le souhait de pr&eacute;server la force de travail des prisonniers &agrave; tout prix &ndash; se transforma au d&eacute;but de 1945 en une s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;vacuations brutales </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">au cours desquelles les gardes assassin&egrave;rent<span style="letter-spacing:.1pt"> quiconque entravait leur fr&eacute;n&eacute;tique marche en avant. Comme la guerre tirait &agrave; sa fin, les meurtriers en uniforme furent rejoints par des meurtriers en civil&nbsp;: des groupes de civils et des groupes quasi-militaires encourag&eacute;s, en l&rsquo;absence de tout contr&ocirc;le juridique, &agrave; tout faire pour assurer le bien-&ecirc;tre de leurs familles et de leurs communaut&eacute;s. M&ecirc;me si ces groupes de meurtriers venaient d&rsquo;unit&eacute;s et d&rsquo;entit&eacute;s sans exp&eacute;rience op&eacute;rationnelle</span> <span style="letter-spacing:.1pt">et de structures dont les actions n&rsquo;&eacute;taient ni planifi&eacute;es ni coordonn&eacute;es au niveau hi&eacute;rarchique sup&eacute;rieur</span><i> </i><span style="letter-spacing:.1pt">au cours des phases pr&eacute;c&eacute;dentes, ils n&rsquo;eurent pas le moins du monde de mal &agrave; s&rsquo;entendre lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agissait de commettre un meurtre. Ce fut une coop&eacute;ration entre des forces disponibles et recrut&eacute;es au hasard qui tentaient d&rsquo;unir leurs efforts en vue de mener &agrave; bien une t&acirc;che dont l&rsquo;importance &eacute;tait reconnue par tous. Chaque pi&egrave;ce de ce puzzle meurtrier n&rsquo;&eacute;tait responsable que d&rsquo;une partie de l&rsquo;acte total&nbsp;: planification, envoi d&rsquo;instructions, escorte, garde, approvisionnement en pi&egrave;ces de rechanges, en essence ou en armes, l&rsquo;assassinat lui-m&ecirc;me ou encore l&rsquo;effacement des traces<a name="_ftnref77"></a><a href="#_ftn77" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="color:black">[77]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica">La particularit&eacute; ethnique ou raciale des victimes comme objets d&rsquo;une id&eacute;ologie qui conduisit &agrave; l&rsquo;acte de tuer s&rsquo;effa&ccedil;a &eacute;galement. Le dernier stade du g&eacute;nocide nazi diff&egrave;re en cela de ses premiers stades et on ne peut l&rsquo;expliquer par les crit&egrave;res en vigueur pendant son apog&eacute;e. Bien que le consensus id&eacute;ologique continue d&rsquo;exister, &agrave; cette date, l&rsquo;image de l&rsquo;objet du meurtre a d&eacute;j&agrave; chang&eacute;. Il n&rsquo;est plus seulement l&rsquo;ennemi juif (le principal ennemi racial au sein de la campagne meurtri&egrave;re des nazis), un autre ennemi de race (comme les gitans ou les Polonais), un pollueur de la race ou encore un ennemi politique (par exemple les prisonniers de guerre sovi&eacute;tiques, les handicap&eacute;s mentaux et les laiss&eacute;s-pour-compte). En cons&eacute;quence, il est impossible de traiter des meurtres de prisonniers de camps de concentration pendant les marches de la mort comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait du dernier chapitre de la Solution finale du probl&egrave;me juif. En tant que partie prenante du g&eacute;nocide nazi, il conserve, cependant, un c&ocirc;t&eacute; juif qui doit &ecirc;tre examin&eacute; au travers d&rsquo;une analyse et d&rsquo;une vue d&rsquo;ensemble qui prend en compte l&rsquo;ensemble des conditions et des facteurs <span style="letter-spacing:.1pt">sous-jacents. La pr&eacute;sence d&rsquo;autant de prisonniers juifs parmi les d&eacute;tenus au moment des &eacute;vacuations est un facteur qui doit &ecirc;tre regard&eacute; comme central pour toute &eacute;tude tentant d&rsquo;expliquer l&rsquo;intensit&eacute; meurtri&egrave;re qui pr&eacute;valut. Cependant, dans ses derni&egrave;res &eacute;tapes, le g&eacute;nocide nazi &eacute;tait guid&eacute; par une id&eacute;ologie du meurtre diff&eacute;rente de celle qui avait cours les ann&eacute;es pr&eacute;c&eacute;dentes. Bien que les meurtres aient pris place au sein d&rsquo;un consensus &eacute;tabli, l&rsquo;unicit&eacute; et l&rsquo;identit&eacute; des victimes avaient &eacute;t&eacute; effac&eacute;es, &agrave; l&rsquo;exception de cette identit&eacute; tr&egrave;s particuli&egrave;re et tr&egrave;s imaginaire d&rsquo;un groupe dangereux et inf&eacute;rieur qui ne m&eacute;ritait pas de vivre.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[1]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> David Rousset, <i>L&rsquo;Univers concentrationnaire</i>, Paris, Pavois, 1946.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[2]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Les atrocit&eacute;s et les viols furent mont&eacute;s en &eacute;pingle par la presse et la propagande allemande, particuli&egrave;rement par Joseph Goebbels, et contribu&egrave;rent largement &agrave; cet exode massif historique. </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir Norman M.&nbsp;Naimark, <i>The Russians in Germany. A History of the Soviet Zone of Occupation, 1945&ndash;1949, </i>Cambridge et Londres, Belknap, Harvard University Press, 1995, pp. 72-78&nbsp;; Catherine Merridale, <i>Ivan&#39;s War. Life and Death in the Red Army, 1939&ndash;1945</i>, New York, Metropolitan Books, 2006, pp. 307-311.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[3]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;Evacuation, Refugees and Displaced Persons in Germany&nbsp;&raquo;,</span></span><i> </i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">10 f&eacute;vrier 1945, Supreme Headquarters Allied Expeditions Force, RG-338, <i>National Archives and Records Administration</i> (NARA),</span></span><i> </i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">box 187, file 383.6, pp. 1-2&nbsp;; <i>German Intel. N&deg; 117</i>, 26 janvier 1945, The National Archives (TNA), FO 371/46764.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[4]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Le docteur Haffner au ministre de la Justice du Reich &agrave; Berlin le 1<sup>er</sup>&nbsp;f&eacute;vrier 1945 (Der Generalstaatsanwalt Kattowitz), <i>Archwium Panstwowego Muzeum Auschwitz-Birkenau </i>(APMAB), D-RF-3/RSHA/160, pp.&nbsp;45-46.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[5]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Rudolph H&ouml;&szlig;, <i>Death Dealer. The Memoirs of the SS Kommandant at Auschwitz</i> (Steven Paskuly, &eacute;d.), Buffalo&nbsp;NY, Prometheus Books, 1992, p.&nbsp;234.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[6]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Office of Strategic Services (OSS) Report, 4 ao&ucirc;t 1945, NARA, RG&ndash;153, box 245, folder 5, p.&nbsp;23.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[7]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Yehuda Bauer, &laquo;&nbsp;The Death-Marches, January&ndash;May 1945&nbsp;&raquo;, in Michael R.&nbsp;Marrus (&eacute;d.), <i>The Nazi Holocaust, </i>Vol. 9 (The End of the Holocaust), Westport, Meckler, 1989, pp. 503-504.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[8]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Laurel Leff, <i>Buried by the Times. The Holocaust and the American&#39;s Most Important Newspaper</i>, New York, Cambridge University Press, 2005, pp. 294-307.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[9]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Michael R.&nbsp;Marrus, <i>The Nuremberg War Crimes Trial 1945&ndash;46. A Documentary History</i>, Boston et New York, Bedford Books, 1997, pp. 206-207.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[10]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Raul Hilberg, <i>The Destruction of the European Jews, </i>Vol. III, New Haven et Londres, Yale University Press, 2003, p. 1&nbsp;045 et ss.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[11]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Leni Yahil, <i>The Holocaust. The Fate of European Jewry</i>, New York et Oxford, Oxford University Press, p.&nbsp;541.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[12]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Saul Friedl&auml;nder, <i>Nazi Germany and the Jews 1939&ndash;1945. The Years of Extermination</i>, New York, Harper Collins Publishers, 2007, pp. 648-652.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[13]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Gerald Reitlinger, <i>The Final Solution. The Attempt to Exterminate the Jews of Europe 1933&ndash;1945, </i>New York, The Beechhurst Press, 1953, pp. 459, 461.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[14]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> SD&nbsp;: <i>Sicherheitsdienst</i> (service de renseignement de la SS). </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">NdT.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[15]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir, par exemple, Livia Rotkirchen, &laquo;&nbsp;The &ldquo;Final Solution&rdquo; in its Last Stages&nbsp;&raquo;, <i>Yad Vashem Studies</i></span></span>&nbsp;<i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">8</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> (1970), pp. 7-29&nbsp;; Shmuel Krakowski, &laquo;&nbsp;The Death Marches in the Period of the Evacuation of the Camps&nbsp;&raquo;, in <i>The Nazi Holocaust,</i></span></span> <i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">op. cit.,</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> pp. 476-490.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[16]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Irena Mal&aacute;, Ludmila Kub&aacute;tov&aacute;, <i>Pochody Smrti,</i> Prague, Nakladatelstv&iacute; politick&eacute; literatury, 1965.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[17]</span></span></sup></a> <span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Zygmunt Zonik, <i>Anus Belli. Ewakuacja i wyzwolenie hitlerowskich oboz&oacute;w koncentracyjnch</i>, Varsovie, Panstwowe Wydawnictwo Naukowe, 1988.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[18]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Daniel J. Goldhagen, <i>Hitler&#39;s Willing Executioners, Ordinary Germans and the Holocaust</i>, New York, Knopf, 1996, ch. 13-14.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[19]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Ariel Hurvitz, &laquo;&nbsp;The Death March of the Jews of Chelm and Hrubiesz&oacute;w toward the River Bug in December </span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">1939&nbsp;&raquo;, <i>Yalqut moreshet 68</i> (October 1999) (en h&eacute;breu), pp. 52-68.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[20]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Karel C. Berkhoff &laquo;&nbsp;The &ldquo;Russian&rdquo; Prisoners of War in Nazi-Ruled Ukraine as Victims of Genocidal Massacre&nbsp;&raquo;, <i>Holocaust and Genocide Studies 15:1</i> (2001), pp. 1-32.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[21]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.2pt">Karin Orth, <i>Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager, Eine politische Organisationsgeschichte</i>, Hambourg, Hamburger Edition, 1999, p. 270 et ss.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[22]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Daniel J. Goldhagen, <i>Hitler&rsquo;s Willing Executioners, op. cit.</i>, p. 335 et ss.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[23]</span></span></sup></a> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ibid.,</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> p.</span></span>&nbsp;<span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">371.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[24]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Le minist&egrave;re public aupr&egrave;s de la cour de justice du Land, le cas de Alois D&ouml;rr, <i>Zentrale Stelle der Landesjustizverwaltungen</i> (ZStL), 410 AR 1750/61, the court&rsquo;s ruling, p. 42.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[25]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ainsi que Dieter Pohl le note dans sa critique des th&egrave;ses de Goldhagen</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, </span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Dieter Pohl, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Die Holocaust-Forschung und Goldhagens Thesen</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, <i>Vierteljahreshefte f&uuml;r Zeitgeschichte</i></span></span> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">1</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> (1997), p. 35.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[26]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir, &agrave; ce sujet, Eugon Kogon, <i>The Theory and Practice of Hell</i>. <i>The German Concentration Camps and the System behind Them</i>, New York, Berkley Books, 1998&nbsp;; Benedikt Kautsky, <i>Teufel und Verdammte. </i></span></span><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Erfahrungen und Erkenntnisse aus sieben Jahren in deutschen Konzentrationslagern</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, Z&uuml;rich, B&uuml;chergilde Gutenberg, 1946</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Erwin Gostner, <i>1000 Tage im KZ, ein Erlebnisbericht aus den Konzentrationslagern Dachau Mauthausen, Gusen</i>, Mannheim, W. Burger, 1946</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> David Rousset, <i>L&lsquo;Univers concentrationnaire</i>, <i>op. cit.</i></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Hans Mar&scaron;&aacute;lek, <i>The History of Mauthausen Concentration Camp</i>. <i>Documentation</i>, Linz, Gutenberg-Werbering, 1995&nbsp;; Israel Gutman, <i>Anashim va-efer, Sefer Auschwitz-Birkenau</i>, Merchavia, Sifriyat Poalim, 1957 (h&eacute;breu).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[27]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur les causes qui contribu&egrave;rent au d&eacute;veloppement des recherches sur les camps, voir Ulrich Herbert, Karin Orth, Christoph Dieckmann (&eacute;ds), &laquo;&nbsp;Die nationalsozialistischen Konzentrationslager. </span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Geschichte, Erinnerung, Forschung</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, in <i>Die nationalsozialischen Konzentrationslager. Entwicklung und Struktur</i>, vol. I, G&ouml;ttingen, Wallstein Verlag, 1998, pp. 17-24.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[28]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir Daniel Blatman, &laquo;&nbsp;The Death Marches, January-May 1945&nbsp;: Who Was Responsible for What&nbsp;?&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Yad Vashem Studies</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> 28 (2000), pp. 155-201.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[29]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Andrzej Strzelecki, <i>Endphase des KL Auschwitz.</i></span></span></span> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Evakuierung, Liquidierung und Befeiung des Lagers</span></span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">, </span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Oswiecim, Staatliches Museum in Oswiecim-Brzezinka, 1995&nbsp;; Joachim Neander, <i>Das Konzentrationslager &laquo;&nbsp;Mittelbau&nbsp;&raquo; in der Endphase der NS-Diktatur</i>, Dissertation zur Erlangung des akademischen Grades eines <span style="letter-spacing:.1pt">Dr&nbsp;phil, Universit&eacute; de Br&ecirc;me, 1996&nbsp;; Simone Erpel, <i>Zwischen Vernichtung und Befreiung. Das Frauen-Kon</i></span><i>zentrationslager Ravensbr&uuml;ck in der letzen Kriegsphase</i>, Berlin, Metropol, 2005.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[30]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Martin Broszat, &laquo;&nbsp;Nationalsozialistische Konzentrationslager 1933-1945&nbsp;&raquo;, in Hans Buchheim, Martin Broszat, Hans-Adolf Jacobsen, Helmut Krausnick, <i>Anatomie des SS-Staates,</i> vol. II, Olten et Freiburg, Walter Verlag, 1965, p. 159.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[31]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;Sicherung der Konzentrationslager&nbsp;&raquo;, <i>International Military Tribunal</i> (IMT), PS-3683.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[32]</span></span></sup></a> <span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">J&oacute;zef Marszalek, <i>Majdanek.Ob&oacute;z koncentracyjny w Lublinie</i>, Varsovie, Wydawnictwo Interpress, 1981, p.&nbsp;177</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Zygmunt </span></span><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Zonik, <i>Anus Belli</i></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&hellip;</span></span><i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, op. cit.,</span></span></i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> p. 55</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Karin Orth, <i>Das System</i></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&hellip;</span></span><i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, op. cit.,</span></span></i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> p. 271.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[33]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Zygmunt<b> </b>Zonik, </span></span><i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Anus Belli</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&hellip;</span></span><i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, op. cit.,</span></span></i> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">pp. 45&ndash;47.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[34]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Inspection des camps de concentration. NdT.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[35]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Interrogatoire de Oswald Pohl, le cas WVHA, <i>Yad Vashem Archives </i>(YVA), N4/Proc/E, box 223, p.&nbsp;1341.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[36]</span></span></sup></a> <span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Andrzej</span></span><b> </b><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Strzelecki,<i> Endphase</i></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&hellip;, <i>op. cit.</i></span></span><i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, </span></span></i><span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">pp. 99-100.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[37]</span></span></sup></a> <span lang="PL" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Edward Dziadosz, Zofia Leszczynska, &laquo;&nbsp;Ewakuacja obozy i wyzwolenie&nbsp;&raquo;, in T. Mencla (&eacute;d.), <i>Majdanek 1941&ndash;1944</i>, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1991, pp. 399-406&nbsp;; Christoph Dieckmann, &laquo;&nbsp;Das Ghetto und das Konzentrationslager in Kaunas 1941&ndash;1944&nbsp;&raquo;, in <i>Die nationalsozialistischen Konzentrationslager,</i> vol.&nbsp;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">I, <i>op. cit., </i>p. 458</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Alfred Streim, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Konzentrationslager auf dem Gebiet der Sowjetunion</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, <i>Dachauer Hefte</i></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;5 </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">(novemb</span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">re 1989), pp.</span></span></span>&nbsp;<span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">174-176; Robert Steegmann, <i>Struthof. </i></span></span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Le KL-Natzweiler et ses kommandos&nbsp;: une n&eacute;</span></span></span></i><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">buleuse concentrationnaire des deux c&ocirc;t&eacute;s du Rhin 1941&ndash;1945</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, Strasbourg, Nu&eacute;e bleue, 2005, pp.&nbsp;159-172.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[38]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:.1pt">Interrogatoire de Bassewitz-Behr, le 12 f&eacute;vrier 1946, et d&eacute;position de Max Pauly, 30 mars 1945, TNA, WO&nbsp;309/408&nbsp;; Hermann Kaienburg, <i>Das Konzentrationslager Neuengamme 1938&ndash;1945</i>, Bonn, JHW Dietz Nachgolger, 1997, pp. 268-283.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[39]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Hermann Pister, commandant du camp de Buchenwald, prit plusieurs d&eacute;cisions drastiques entre le 2 et le 7&nbsp;avril 1945&nbsp;: rendre le camp intact aux Am&eacute;ricains ou bien &eacute;vacuer tous les prisonniers, quelques-uns seulement ou seulement les Juifs&nbsp;: Buchenwald Case, NARA, RG&ndash;153, box 243, folder 1, p.&nbsp;50&nbsp;; Interrogatoire de Hermann Pister, NARA, RG&ndash;153, box 256, p.&nbsp;6&nbsp;; Daniel Blatman, &laquo;&nbsp;The Death Marches&hellip;&nbsp;&raquo;, <i>art. cit.,</i> pp.&nbsp;149-151. Le </span><span style="letter-spacing:-.15pt">commandant de Ravensbr&uuml;ck, Fritz Suhren, re&ccedil;ut &eacute;galement d&eacute;but 1945 des ordres vagues de Richard Gl&uuml;cks ou du <i>HSSPF</i> &agrave; propos des &eacute;vacuations des camps annexes dont il &eacute;tait responsable, mais il n&rsquo;avait aucune id&eacute;e de ce qu&rsquo;il devait faire des prisonniers et o&ugrave; les envoyer. Karin </span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">Orth,<i> Das System</i></span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">&hellip;<i>, op. cit.</i></span></span></span><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">, </span></span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">pp. 288&ndash;289.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[40]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">T&eacute;moignage de Baldur von Schirach, 24</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;m</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">ai 1946, IMT Vol.</span></span>&nbsp;<span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">XIV, p. 440.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[41]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.15pt">Interrogation of Siegfried Uiberreither, March 5, 1946,<i> Dokumentationsarchiv des <span style="text-transform:uppercase">&ouml;</span>sterreichischen Widerstandes</i> (D&Ouml;W), 12.6Z7, pp. 6-7, 9, 11, 17-18.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn42"></a><a href="#_ftnref42" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[42]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> T&eacute;moignage de Rudolf H&ouml;&szlig;, IMT Vol. XI, pp. 352-354. Sur l&rsquo;ordre de Himmler d&rsquo;avril 1945 et ses cons&eacute;quences sur le destin des prisonniers dans les derni&egrave;res semaines de la guerre, voir Stanislav Z&aacute;m&eacute;cn&iacute;k, &laquo;&nbsp;&ldquo;Kein H&auml;ftling darf lebend in die H&auml;nde des Feindes fallen&rdquo;. </span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Zur Existenz des Himmler-Befehls vom 14</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&ndash;1</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">8 April 1945</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, <i>Dachauer Hefte</i></span></span> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">I</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> (1985), pp. 219-231; Edgar Kupfer-Koberwitz, <i>Die M&auml;chtigen und die Hilflosen. Als H&auml;ftlinge in Dachau II,</i> Stuttgart, Friedrich Vorwerk, 1960, p. 260.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn43"></a><a href="#_ftnref43" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[43]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">T&eacute;moignage d&#39;Ernst Kaltenbrunner</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, </span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">IMT, NO-2366</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn44"></a><a href="#_ftnref44" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[44]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Joachim Neander, <i>Das Konzentrationslager Mittelbau,</i></span></span> <i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">op. cit.</span></span></i><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">,</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> p. 98.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn45"></a><a href="#_ftnref45" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[45]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">D&eacute;position de Hans Shurtz, ancien responsable de la <i>Politische Abteilung</i> d&rsquo;Auschwitz<i>, </i>Proc&egrave;s H&ouml;ssa, APMAB, Hd/16a, p. 115</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Karin Orth, <i>Das System</i></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&hellip;, <i>op. cit.</i></span></span><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">,</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> pp. 277&ndash;278.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn46"></a><a href="#_ftnref46" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[46]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Wolfgang Sofsky, <i>The Order of Terror, The Concentration Camp</i>, Princeton, Princeton University Press, 1999, pp. 106-108&nbsp;; Karin Orth, <i>Die Konzentrationslager-SS,</i></span></span> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">G&ouml;ttingen, Wallstein Verlag, 2000, </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">p. 335.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn47"></a><a href="#_ftnref47" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[47]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.15pt">Heinz Boberach, &laquo;&nbsp;Die &Uuml;berf&uuml;hrung von Soldaten des Heeres und der Luftwaffe in die SS-Totenkopfver</span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">b&auml;nde zur Bewachung von Konzentrationslagern 1944&nbsp;&raquo;, <i>Millit&auml;rgeschichte Mitteilungen</i></span></span>&nbsp;<i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> (1983), pp. 185-190&nbsp;; Wolfgang Sofsky, <i>The Order of Terror,</i></span></span> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">op. cit., </span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">p. 102.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn48"></a><a href="#_ftnref48" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[48]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> En 1944, des milliers de militaires de la Luftwaffe se trouv&egrave;rent dans la m&ecirc;me situation en raison de leur &acirc;ge ou de probl&egrave;mes physiques. </span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir, &agrave; ce sujet</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">,</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Willy Mirbach, </span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span></i><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Damit du es sp&auml;ter deinem Sohn einmal erz&auml;hlen kannst&hellip;&nbsp;&raquo; Der autobiographische Bericht eines Luftwaffensoldaten aus dem KZ Mittelbau (August 1944&ndash;Juli 1945)</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, Geldern, Verlag des Historischen Vereins f&uuml;r Geldern und Umgegend, 1997.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn49"></a><a href="#_ftnref49" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[49]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">D&eacute;position de Walter Holtz du 15&nbsp;mars 1948, United States Holocaust Memorial Museum Archives (USHMMA), RG-06.005M, reel 9.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn50"></a><a href="#_ftnref50" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[50]</span></span></sup></a> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Staatsanwaltschaft beim Landesgericht Duisburg, </span></span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Strafverfahren gegen Karl Bruno Blach, Dominik Gleba</span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, IX KS 130 (24) Js 28/72, pp. 43-46.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn51"></a><a href="#_ftnref51" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[51]</span></span></sup></a> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Ibid., </span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">pp. 57-61.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn52"></a><a href="#_ftnref52" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[52]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Sur le Volkssturm, voir David K. Yelton, <i>Hitler&rsquo;s Volkssturm, The Nazi Militia and the Fall of Germany 1944&ndash;1945</i>, Lawrence, University Press of Kansas, 2002</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Klaus Mammach, <i>Der Volkssturm. Das letzte Aufgebot 1944/45</i>, Cologne, Pahl-Rugenstein, 1981.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn53"></a><a href="#_ftnref53" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[53]</span></span></sup></a> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">DDR-Justiz und NS-Verbrechen</span></span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">, Amsterdam and Munich, Amsterdam University Press, KG Sauer Verlag, vol.</span></span></span>&nbsp;<span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">III, 2003, pp. 65-67.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn54"></a><a href="#_ftnref54" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[54]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Rapport sur les meurtres pendant l&rsquo;&eacute;vacuation des camps de travail en Styrie, Police criminelle de Graz, 5&nbsp;juillet 1945, TNA, WO 310/155.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn55"></a><a href="#_ftnref55" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[55]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Werner Anzenberger, Heimo Halbrainer, Hans J&uuml;rgen Rabko, <i>Zwischen den Fronten. Die Region Eisenerz von 1938</i></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&ndash;1</span></span></i><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">945</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, Leoben, Institut f&uuml;r Strukturforschung und Erwachsenenbildung, 2000, pp. 60-67; Elenore <span style="letter-spacing:.1pt">Lappin, </span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;</span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">The Death Marches of Hungarian Jews Through Austria in the Spring of 1945</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">&nbsp;&raquo;</span></span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">, <i>Yad Vashem Stu</i></span></span></span><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">dies</span></span></i><i>&nbsp;</i><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">28 </span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">(2000), pp. 232-234.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn56"></a><a href="#_ftnref56" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[56]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir, &agrave; ce sujet</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">,</span></span> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">M&auml;nner und Frauen in Hannover-Stadt und Land</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">!&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, <i>Hannoversche Zeitung</i>, 30</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;mars</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> 1945</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;;</span></span> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Achtet auf entwichene KZ-H</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&auml;ftlinge!&nbsp;&raquo;,</span></span> <i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">L&uuml;neburger Zeitung</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, 11 avril 1945.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn57"></a><a href="#_ftnref57" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[57]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir, &agrave; ce sujet, Gordon W. Allport, Leo Postman, <i>The Psychology of Rumor</i>, New York, Henry Holt and Company, 1947.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn58"></a><a href="#_ftnref58" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[58]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Le cas D&ouml;rr, pi&egrave;ces &agrave; conviction I, p. 169&nbsp;; Daniel J. Goldhagen, <i>Hitler&rsquo;s Willing Executioners, op. cit., </i>pp. 335&ndash;354.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn59"></a><a href="#_ftnref59" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[59]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le cas D&ouml;rr, arr&ecirc;t de la cour, p. 30.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn60"></a><a href="#_ftnref60" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[60]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le cas D&ouml;rr, pi&egrave;ces &agrave; conviction I, p. 180&nbsp;; arr&ecirc;t de la cour, pp. 77&ndash;79.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn61"></a><a href="#_ftnref61" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[61]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">T&eacute;moignage de Charlotte Sturmmer, 13&nbsp;mai 1945, le cas D&ouml;rr, pi&egrave;ces &agrave; conviction I, pp. 71-72&nbsp;; t&eacute;moignage de Herta Hasse, 13&nbsp;mai 1945, <i>Ibid., </i>p. 77.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn62"></a><a href="#_ftnref62" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[62]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> T&eacute;moignage de Max Reimann, 16&nbsp;novembre 1962, <i>Ibid., </i>exhibits II, pp. 387-388.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn63"></a><a href="#_ftnref63" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[63]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le cas D&ouml;rr, pi&egrave;ces &agrave; conviction I, p.&nbsp;161&nbsp;; arr&ecirc;t de la cour, pp. 40-41.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn64"></a><a href="#_ftnref64" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[64]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> T&eacute;moignage de Margarete Rycerz, 27&nbsp;janvier 1965, <i>Ibid., </i>pi&egrave;ces &agrave; conviction II, p.&nbsp;404</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn65"></a><a href="#_ftnref65" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[65]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid., </i>arr&ecirc;t de la cour, p.&nbsp;84.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn66"></a><a href="#_ftnref66" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[66]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> D&eacute;position de Florjan Drzymała, 20&nbsp;d&eacute;cembre 1967&nbsp;; entrevue avec Florjan Drzymała, 4&nbsp;ao&ucirc;t 1999, USHMMA, 2000.311.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn67"></a><a href="#_ftnref67" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[67]</span></span></sup></a> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Kriegsverbrechen in L&uuml;neburg. Das Massengrab im Tiergarten</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, L&uuml;neburg, Geschichtswerkstatt L&uuml;neburg e.V., 2000&nbsp;; D&eacute;position de Gustav Alfred Jespen, 18&nbsp;ao&ucirc;t 1946, TNA, WO, 235/229, p.&nbsp;249.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn68"></a><a href="#_ftnref68" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[68]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> D&eacute;position de Anna Feda, 28&nbsp;janvier 1946, TNA, FO 1020/2056.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn69"></a><a href="#_ftnref69" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[69]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Comme, par exemple, la poursuite de prisonniers &eacute;vad&eacute;s de Mauthausen en f&eacute;vrier&nbsp;1945 et la chasse &agrave; l&rsquo;homme dans les environs de Gardelegen en avril de la m&ecirc;me ann&eacute;e. Voir Michel Fabr&eacute;guet, &laquo;&nbsp;Entwicklung und Ver&auml;nderung der Funktionen des Konzentrationslagers Mauthausen 1938&ndash;1945&nbsp;&raquo;, in <i>Die nationalsozialistischen Konzentrationslager, op. cit., </i>vol. I, p. 210&nbsp;; <i>Tage im April. Ein Lesebuch</i>, Schriftenreihe des Stadtmusueums 3, Gardelegen, 1995, p. 24.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn70"></a><a href="#_ftnref70" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[70]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> T&eacute;moignage de Yitzchak Grabowski, 8&nbsp;juillet 1998, YVA, 03/7001.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn71"></a><a href="#_ftnref71" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[71]</span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir Jacques Semelin, <i>Purifier et d&eacute;truire. Usages politiques des massacres et g&eacute;nocides</i>, Paris, Seuil, 2005, pp. 288&ndash;289.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn72"></a><a href="#_ftnref72" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[72]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Mark Levene, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;&raquo;, in Mark Levene, Penny Roberts (&eacute;ds), <i>The Massacre in History</i>, New York, Oxford, Berghahn Books, 1999, pp. 5-6.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn73"></a><a href="#_ftnref73" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[73]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">Voir, &agrave; ce sujet, Zygmunt Bauman, <i>Modernity and the Holocaust</i>, Cambridge, Polity Press, 1989, pp. 152-153.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn74"></a><a href="#_ftnref74" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[74]</span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.15pt">Doris L. Bergen, &laquo;&nbsp;Death Throes and Killing Frenzies&nbsp;: a Response to Hans Mommsen&rsquo;s &ldquo;The Dissolution of the Third Reich&nbsp;: Crisis Management and Collapse, 1943&ndash;1945&rdquo;&nbsp;&raquo;, <i>Bulletin of the German Historical Institute 27</i></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt"> (automne 2000), pp. 25&ndash;37.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn75"></a><a href="#_ftnref75" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[75]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Wolfgang </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Sofsky, <i>The Order of Terror, op. cit.,</i> p. 14.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn76"></a><a href="#_ftnref76" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[76]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Wolfgang Sofsky, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">An der Grenze des Sozialen. Perspectiven der KZ-Forschung</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;&raquo;</span></span><i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">,</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> in <i>Die nationalsozialistischen Konzentrationslager, op. cit., </i>vol II,</span></span><i> </i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">pp. 1</span></span>&thinsp;<span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">160-1</span></span>&thinsp;<span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">163.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn77"></a><a href="#_ftnref77" style="color:blue; text-decoration:underline"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">[77]</span></span></sup></a> <span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Diana Gring, </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Das Massaker von Gardelegen</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">, <i>Dachauer Hefte</i></span></span> <i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">20</span></span></i><span lang="DE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> (octobre 2004), pp. 118-119.</span></span></span></span></p>