<p class="TEXTECOURANT" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L<span style="letter-spacing:.15pt">es d&eacute;faites militaires de la Wehrmacht allemande ainsi que la retraite des troupes &agrave; l&rsquo;est &agrave; partir de 1943 &ndash; et, &agrave; partir de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1944, &eacute;galement &agrave; l&rsquo;ouest&nbsp;&ndash; conduisirent &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation &agrave; l&rsquo;ouest de millions de personnes qui abandonn&egrave;rent ces territoires pour une part de leur plein gr&eacute;, mais pour la plupart contraintes et forc&eacute;es. &Agrave; c&ocirc;t&eacute; des collaborateurs en uniforme et en civil, qui se joignaient aux colonnes par peur de la vengeance de l&rsquo;arm&eacute;e Rouge, &eacute;taient &eacute;galement &eacute;vacu&eacute;s au c&oelig;ur du Reich des travailleurs forc&eacute;s, des prisonniers de guerre, des d&eacute;tenus et des d&eacute;tenus concentrationnaires. C&rsquo;est le cadre ext&eacute;rieur dans lequel se d&eacute;roula la dissolution de l&rsquo;univers concentrationnaire qui connut en m&ecirc;me temps son extension maximale. &Agrave; partir de f&eacute;vrier&nbsp;1944 les premiers camps annexes estoniens furent &eacute;vacu&eacute;s. Au printemps et &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1944, ce fut alors </span><span style="letter-spacing:.1pt">la dissolution des camps de Ma&iuml;danek</span><span style="letter-spacing:.15pt"> et de Plaszow et 65&nbsp;000 d&eacute;tenus furent d&eacute;plac&eacute;s du complexe concentrationnaire d&rsquo;Auschwitz au c&oelig;ur du Reich. L&rsquo;avance des troupes occidentales conduisit en septembre &agrave; la dissolution du camp de Natzweiler, situ&eacute; &agrave; l&rsquo;ouest du Rhin. De fin janvier &agrave; mi-f&eacute;vrier, les grands complexes </span><span style="letter-spacing:-.2pt">concentrationnaires d&rsquo;Auschwitz et </span><span style="letter-spacing:-.3pt">de Gro&szlig;-Rosen furent &eacute;vacu&eacute;s. &Agrave; par</span><span style="letter-spacing:.15pt">tir de mars&nbsp;1945, un nombre toujours plus important de camps se trouvait &agrave; proximit&eacute; du front et fut &eacute;vacu&eacute;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Des centaines de milliers de d&eacute;tenus furent transport&eacute;s sans interruption dans les territoires du Reich allemand que les Alli&eacute;s n&rsquo;avaient pas encore conquis. Lors des derni&egrave;res </span><span style="letter-spacing:.1pt">semaines de guerre, les centres d&rsquo;accueil se concentraient surtout au nord de l&rsquo;Allemagne ainsi qu&rsquo;en Autriche</span><span style="letter-spacing:.15pt"> et dans le sud de la Bavi&egrave;re.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pourquoi et dans quel but ces convois d&rsquo;&eacute;vacuation furent-ils organis&eacute;s&nbsp;? Ces questions ont soulev&eacute; depuis quelques d&eacute;cennies une vive controverse parmi les contemporan&eacute;istes. Il s&rsquo;agissait essentiellement de se demander si l&rsquo;&eacute;vacuation des d&eacute;tenus concentrationnaires servait tout d&rsquo;abord &agrave; soustraire &agrave; l&rsquo;emprise des Alli&eacute;s des d&eacute;tenus t&eacute;moins de crimes de masse commis par les nazis, ensuite &agrave; couvrir les besoins &eacute;lev&eacute;s en travailleurs esclaves ou bien encore de savoir si la destruction finale de tous les d&eacute;tenus devait &ecirc;tre le but<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les nombreux massacres et crimes commis au cours de l&rsquo;&eacute;vacuation sont &agrave; replacer dans le cadre &laquo;&nbsp;des crimes </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de la phase ultime &raquo;&nbsp;du &laquo;&nbsp;III<sup>e</sup>&nbsp;Reich&nbsp;&raquo;, lorsque la terreur des nazis et de leurs collaborateurs atteignit son apog&eacute;e<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Dans quelques cas &ndash;&nbsp;ainsi en Lettonie&nbsp;&ndash;, tous les <span style="letter-spacing:.1pt">d&eacute;tenus ont &eacute;t&eacute; assassin&eacute;s lors de la retraite&nbsp;; dans la plupart des situations une partie seulement a &eacute;t&eacute; assassin&eacute;e. Il s&rsquo;agissait alors le plus souvent de personnes malades et faibles qui n&rsquo;&eacute;taient plus transportables. Dans d&rsquo;autres camps comme Auschwitz, les d&eacute;tenus qui n&rsquo;&eacute;taient plus capables de marcher ont &eacute;t&eacute; laiss&eacute;s sur place. Dans la mesure o&ugrave; de semblables &eacute;vacuations furent souvent d&eacute;cid&eacute;es juste au moment o&ugrave; les territoires se trouvaient au plus pr&egrave;s des lignes de front, l&rsquo;organisation des convois d&rsquo;&eacute;vacuation se d&eacute;roula souvent dans une confusion indescriptible dont de nombreux d&eacute;tenus furent les victimes. Pr&eacute;cis&eacute;ment lors des &eacute;vacuations des camps &agrave; l&rsquo;est, ces convois prirent souvent la forme d&rsquo;une fuite &eacute;perdue pendant laquelle les groupes de gardes faisaient avancer les d&eacute;tenus affaiblis &agrave; un rythme infernal vers l&rsquo;ouest, pour &eacute;chapper &agrave; une capture par l&rsquo;arm&eacute;e Rouge. Les d&eacute;tenus qui ne pouvaient pas suivre ce rythme furent abattus le plus souvent. L&rsquo;extr&ecirc;me duret&eacute; des conditions climatiques en janvier et en f&eacute;vrier&nbsp;1945 fut &eacute;galement la cause de nombreux d&eacute;c&egrave;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Pour qualifier ces convois d&rsquo;&eacute;vacuation, les survivants ont cr&eacute;&eacute; apr&egrave;s 1945 le concept de &laquo;&nbsp;marches de la mort&nbsp;&raquo;. Le concept de &laquo;&nbsp;marches de la mort&nbsp;&raquo;, m&ecirc;me dans son sens le plus large, o&ugrave; l&rsquo;on d&eacute;signe non seulement des marches forc&eacute;es, mais tout autant des convois en train ou par bateau ainsi que des convois en camions ou en voitures &agrave; cheval, contient toujours cependant une affirmation qualitative sur les circonstances particuli&egrave;res &agrave; ces convois. Avec le concept &laquo;&nbsp;&eacute;vacuation&nbsp;&raquo;, on &eacute;vite en revanche une semblable qualification g&eacute;n&eacute;rale de tous les convois de &laquo;&nbsp;marches de la mort&nbsp;&raquo;. Au lieu de cela on permet une diff&eacute;renciation qui montre que seuls certains convois d&rsquo;&eacute;vacuation se sont transform&eacute;s en marches de la mort avec un nombre &eacute;lev&eacute; de victimes, alors que d&rsquo;autres convois n&rsquo;ont, en revanche, fait que peu ou pas de victimes<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>. Sur les 860&nbsp;survivants dont les t&eacute;moignages ont &eacute;t&eacute; recueillis en&nbsp;2002 et&nbsp;2003 dans le &laquo;&nbsp;Mauthausen Survivors Documentation Project&nbsp;&raquo; (MSDP), 29% environ ont indiqu&eacute; avoir v&eacute;cu une marche de la mort. En revanche, le double, &agrave; savoir 58&nbsp;%, ont v&eacute;cu un convoi d&rsquo;&eacute;vacuation. Cet &eacute;cart important s&rsquo;explique par le sens restreint donn&eacute; aux marches de la mort associ&eacute;es par la plus grande partie des survivants aux marches &agrave; pied &eacute;puisantes qui duraient des jours, sinon des semaines et qui faisaient de nombreuses victimes. Par contre, en cas d&rsquo;&eacute;vacuation organis&eacute;e en train, en bateau ou dans d&rsquo;autres v&eacute;hicules, les survivants n&rsquo;ont que rarement indiqu&eacute; avoir &eacute;t&eacute; sur une marche de la mort<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. De plus, le concept &eacute;vacuation renvoie dans son usage militaire au rapport &eacute;troit entre les op&eacute;rations de guerre et l&rsquo;&eacute;vacuation des camps de concentration.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les diff&eacute;rentes exp&eacute;riences des survivants lors de l&rsquo;&eacute;vacuation des camps de concentration vont faire l&rsquo;objet de ce travail de recherche &agrave; l&rsquo;exemple du camp annexe de Melk, &eacute;vacu&eacute; en avril&nbsp;1945 en plusieurs convois. L&rsquo;&eacute;vacuation se d&eacute;roula gr&acirc;ce &agrave; plusieurs moyens de transport&nbsp;: en partie en train et en partie par bateau ou &agrave; pied. Les diff&eacute;rences se manifestent non seulement dans les nombres de d&eacute;tenus tu&eacute;s et &eacute;vad&eacute;s communiqu&eacute;s &agrave; la Kommandantur du camp par les responsables des convois, mais bien davantage dans les rapports nettement diff&eacute;rents des souvenirs des survivants.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Mauthausen et Melk, camps d&rsquo;&eacute;vacuation</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Environ 85</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">000 d&eacute;tenus &ndash; parmi lesquels on comptait 5</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">000 femmes &ndash; se trouvaient au moment de la lib&eacute;ration dans les camps encore en activit&eacute; du complexe concentrationnaire de <span style="letter-spacing:-.1pt">Mauthausen. La plupart &eacute;taient arriv&eacute;s &agrave; Mauthausen</span> seulement au cours de l&rsquo;&eacute;vacuation d&rsquo;autres camps et avaient &eacute;t&eacute; r&eacute;partis pour la plupart dans des camps annexes. Les conditions de vie dans les camps de Mauthausen devinrent vraiment dramatiques pour les d&eacute;tenus en raison de la croissance rapide de leur population et de la d&eacute;t&eacute;rioration radicale de la situation d&rsquo;approvisionnement. La moiti&eacute; de tous les d&eacute;c&egrave;s du camp de Mauthausen survint la derni&egrave;re ann&eacute;e de son existence.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">La situation g&eacute;ographique du camp de concentration de Mauthausen, tr&egrave;s &eacute;loign&eacute; des fronts, lui a valu un r&ocirc;le central de lieu d&rsquo;arriv&eacute;e des convois d&rsquo;&eacute;vacuation. Dans le cadre des &laquo;&nbsp;projets de transfert&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire du transfert sous terre de l&rsquo;industrie d&rsquo;armement en Autriche orientale, &agrave; l&rsquo;abri des attaques a&eacute;riennes, se d&eacute;veloppa une demande extr&ecirc;mement importante de main-d&rsquo;&oelig;uvre, couverte en grande partie par les d&eacute;tenus &eacute;vacu&eacute;s d&rsquo;autres camps de concentration. &Agrave; partir de l&rsquo;automne 1943, de grandes galeries souterraines furent am&eacute;nag&eacute;es &agrave; Ebensee, Gusen et Melk. On leur associa des camps annexes propres. &Agrave; Melk, &agrave; partir d&rsquo;avril&nbsp;1944, on construisit sous le nom de code de Quarz une galerie souterraine pour y installer des usines de roulements &agrave; bille et de moteurs d&rsquo;avion ainsi que des parties d&rsquo;une usine de chars, les &laquo;&nbsp;Nibelungenwerke&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. Au total, environ 14&nbsp;400&nbsp;d&eacute;tenus furent achemin&eacute;s &agrave; Melk, o&ugrave; au moins 4&nbsp;800 perdirent la vie. Ainsi, Melk &eacute;tait un des plus grands camps annexes du complexe concentrationnaire de Mauthausen. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La majeure partie de ces d&eacute;tenus arriva au camp annexe de Melk au cours de convois d&rsquo;&eacute;vacuation. Cela comprend avant tout les convois du KZ de Plaszow en ao&ucirc;t&nbsp;1944, du KZ de Natzweiler et du camp de regroupement de Pruszkow, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de Varsovie, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">en septembre&nbsp;1944 ainsi que du camp d&rsquo;Auschwitz &agrave; la fin de janvier&nbsp;1945. Par extension, peuvent y &ecirc;tre aussi compt&eacute;s les convois compos&eacute;s avant tout de d&eacute;tenus juifs et </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">polonais, transport&eacute;s en mai et en juin au cours de la premi&egrave;re phase d&rsquo;&eacute;vacuation du camp d&rsquo;Auschwitz <span style="letter-spacing:.1pt">au camp de Mauthausen. Beaucoup de ces d&eacute;tenus furent achemin&eacute;s au camp de Melk<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>. Les d&eacute;portations de Fran&ccedil;ais depuis le camp de regroupement de Compi&egrave;gne en direction de Mauthausen en avril se d&eacute;roul&egrave;rent d&eacute;j&agrave; pendant les pr&eacute;paratifs du </span><span style="letter-spacing:-.2pt">d&eacute;barquement alli&eacute; &agrave; l&rsquo;ouest. Les mille premiers d&eacute;tenus achemin&eacute;s au camp de Melk provenaient, pour une grande part, du convoi parti de Compi&egrave;gne le 6&nbsp;avril 1944 pour Mauthausen<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>. </span><span style="letter-spacing:.1pt">Apr&egrave;s le dernier grand convoi d&rsquo;&eacute;vacuation de 2&nbsp;000 d&eacute;tenus parti d&rsquo;Auschwitz pour Melk en passant par le camp central de Mauthausen, d&rsquo;autres projets de transfert de d&eacute;tenus pour Melk ne purent &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute;s en raison de l&rsquo;avance tr&egrave;s rapide de l&rsquo;arm&eacute;e Rouge. Un ensemble de d&eacute;tenus transport&eacute;s de cette fa&ccedil;on &agrave; Melk avait v&eacute;cu non pas un mais plusieurs convois d&rsquo;&eacute;vacuation. C&rsquo;est par exemple le cas de d&eacute;tenus &eacute;vacu&eacute;s en ao&ucirc;t et septembre de Ma&iuml;danek ou Plaszow et achemin&eacute;s de l&agrave; en janvier&nbsp;1945 &agrave; Mauthausen.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">L&rsquo;&eacute;vacuation de Melk</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">A<span style="letter-spacing:-.1pt">pr&egrave;s la prise de Budapest, l&rsquo;arm&eacute;e</span><span style="letter-spacing:.1pt"> Rouge commen&ccedil;a, le 16&nbsp;mars 1945, ses offensives sur Bratislava et sur Vienne. La rapidit&eacute; de l&rsquo;avance des troupes sovi&eacute;tiques en peu de temps provoqua la fuite &eacute;perdue de dizaines de milliers de personnes &agrave; l&rsquo;ouest<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>. Des survivants du KZ de Mauthausen pr&eacute;sents dans les camps annexes &agrave; l&rsquo;est, dont celui de Melk, ne cessent de t&eacute;moigner qu&rsquo;ils ont vu des colonnes de soldats et de civils allemands et hongrois se diriger vers l&rsquo;ouest et que ce spectacle a souvent &eacute;veill&eacute; l&rsquo;espoir d&rsquo;une lib&eacute;ration imminente. Ces espoirs se sont bris&eacute;s avec l&rsquo;ordre d&rsquo;&eacute;vacuation. Des projets pr&eacute;alables concernant l&rsquo;&eacute;vacuation des camps de concentration annexes dans l&rsquo;est de l&rsquo;Autriche avaient d&eacute;j&agrave; fait l&rsquo;objet de discussions &agrave; No&euml;l 1944 entre les hauts responsables de la SS et de la police. Dans la deuxi&egrave;me quinzaine de mars&nbsp;1945 ont eu lieu plusieurs discussions sur cette question, auxquelles ont particip&eacute; Heinrich Himmler, les <i>Gauleiter</i> des districts concern&eacute;s et le commandant du camp de Mauthausen, Franz Ziereis. Hormis les d&eacute;tenus concentrationnaires de la r&eacute;gion de Vienne, de la Basse-Autriche et de la Styrie, l&rsquo;ordre d&rsquo;&eacute;vacuation donn&eacute; fin mars concernait &eacute;galement &agrave; peu pr&egrave;s 15&nbsp;000 travailleurs forc&eacute;s juifs et hongrois qui &eacute;taient mobilis&eacute;s sur la construction du &laquo;&nbsp;S&uuml;dostwall&nbsp;&raquo;, ainsi que des camps de prisonniers de guerre<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>. En l&rsquo;intervalle de quatre jours, du 30&nbsp;mars au 2&nbsp;avril 1945, tous les camps annexes de la r&eacute;gion de </span>Vienne furent &eacute;vacu&eacute;s et on fit avancer la plupart des d&eacute;tenus par des marches forc&eacute;es jusqu&rsquo;&agrave; Mauthausen.<span style="letter-spacing:.1pt"> Apr&egrave;s que l&rsquo;arm&eacute;e Rouge avait d&eacute;cid&eacute; &laquo;&nbsp;l&rsquo;encerclement de Vienne &agrave; l&rsquo;ouest&nbsp;&raquo; et apr&egrave;s son avanc&eacute;e le 9&nbsp;avril en direction de Sankt P&ouml;lten, les camps annexes restants du district du Bas-Danube furent &eacute;vacu&eacute;s. L&rsquo;&eacute;vacuation des d&eacute;tenus commen&ccedil;a le 6&nbsp;avril &agrave; Amstetten, le 11&nbsp;avril &agrave; Melk et le 20&nbsp;avril &agrave; Sankt Valentin. &Agrave; c&ocirc;t&eacute; du camp central de Mauthausen, les d&eacute;tenus furent conduits dans les camps </span><span style="letter-spacing:-.2pt">annexes encore en activit&eacute; du district du Haut-Danube, avant tout &agrave; Ebensee et au centre d&rsquo;accueil de Gunskirchen, </span><span style="letter-spacing:.1pt">install&eacute; sommairement, o&ugrave; des </span><span style="letter-spacing:.2pt">d&eacute;tenus furent conduits &agrave; marches forc&eacute;es depuis Mauthausen. Ces camps se transform&egrave;rent dans les derni&egrave;res heures du r&eacute;gime nazi en de v&eacute;ritables mouroirs en raison de la surpopulation, du manque de nourriture et des conditions sanitaires catastrophiques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le premier groupe de d&eacute;tenus &agrave; quitter le camp annexe de Melk &eacute;tait compos&eacute; de 34 d&eacute;tenus norv&eacute;giens et danois qui avaient &eacute;t&eacute; conduits &agrave; Mauthausen le 12&nbsp;mars 1945 avant le d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;vacuation. Des n&eacute;gociations directes entre Heinrich Himmler et le comte Folke Bernadotte, vice-pr&eacute;sident de la Croix-Rouge su&eacute;doise, conduisirent en mars et en avril&nbsp;1945 &agrave; la lib&eacute;ration d&rsquo;environ 20&nbsp;000 d&eacute;tenus, en grande majorit&eacute; des non-juifs. Les Scandinaves dans le complexe de Mauthausen furent rassembl&eacute;s sur la base de cet accord au camp central et amen&eacute;s par la Croix-Rouge su&eacute;doise, en passant par Neuengamme, vers le Danemark et la Su&egrave;de<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>. <span style="text-transform:uppercase">&agrave;</span> Melk, d&eacute;but mars, des bruits couraient selon lesquels les d&eacute;tenus scandinaves devraient &ecirc;tre lib&eacute;r&eacute;s. Le survivant norv&eacute;gien Erling Bauck a r&eacute;dig&eacute; un rapport tr&egrave;s d&eacute;taill&eacute; dans ses m&eacute;moires sur ces bruits et sur l&rsquo;incertitude qui r&eacute;gnait alors chez les d&eacute;tenus&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Mais un jour que nous rentrions affam&eacute;s et fatigu&eacute;s du travail, Fredrik&nbsp;D. nous attendait dans l&rsquo;escalier. &Agrave; le voir on comprenait qu&rsquo;il avait d&ucirc; se passer quelque chose de particulier. Il nous prit &agrave; part et nous rapporta que le secr&eacute;taire du camp avait re&ccedil;u un avis d&rsquo;envoyer les Norv&eacute;giens, qui se trouvaient &agrave; Melk, aussi vite que possible au camp central. Toutes les personnes <span style="letter-spacing:.1pt">qui pouvaient &ecirc;tre transport&eacute;es devaient</span> l&rsquo;accompagner&hellip; Nos yeux se mirent &agrave; briller. Une boule nous prit &agrave; la gorge. Nous nous sommes regard&eacute;s. Mais personne n&rsquo;osait y croire. Nous ne supporterions pas une d&eacute;ception. Elle suffirait &agrave; &eacute;touffer notre dernier souffle de vie.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La dissolution du camp annexe de Melk commen&ccedil;a d&eacute;but avril&nbsp;1945. Apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;vacuation, les 1<sup>er</sup> et 2&nbsp;avril des camps annexes situ&eacute;s &agrave; l&rsquo;est de la Basse-Autriche et &agrave; Vienne, Melk devint le camp annexe situ&eacute; le plus &agrave; l&rsquo;est du syst&egrave;me concentrationnaire de Mauthausen<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>. <span style="text-transform:uppercase">&agrave;</span> cet instant, les travaux de construction s&rsquo;arr&ecirc;t&egrave;rent au camp de Melk. On proc&eacute;da alors au transfert de 500 d&eacute;tenus dans le camp annexe d&rsquo;Amstetten, qui avait <span style="letter-spacing:-.1pt">&agrave; peine &eacute;t&eacute; b&acirc;ti<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. L&rsquo;&eacute;vacuation compl&egrave;te du camp fut r&eacute;alis&eacute;e par cinq convois</span> entre le 11 et le 15&nbsp;avril. Le premier convoi quitta Melk le 11&nbsp;avril 1945 par le train pour le camp central de Mauthausen sous la conduite du <i>Hauptsturmf&uuml;hrer</i> Klein. Les 1&nbsp;500&nbsp;personnes de ce convoi &eacute;taient compos&eacute;s d&rsquo;une part de d&eacute;tenus malades de l&rsquo;infirmerie du camp et d&rsquo;autre part d&rsquo;enfants et d&rsquo;adolescents arriv&eacute;s fin janvier d&rsquo;Auschwitz &agrave; Melk par un convoi. 15 d&eacute;tenus moururent lors de ce premier convoi. Lors du deuxi&egrave;me convoi, 2&nbsp;402 d&eacute;tenus furent embarqu&eacute;s sur des p&eacute;niches au port de Melk sur le Danube et amen&eacute;s &agrave; Linz. De l&agrave;, ils durent se rendre &agrave; pied &agrave; Ebensee, qu&rsquo;ils atteignirent seulement le 20&nbsp;avril. En chemin, 21 d&#39;entre eux perdirent la vie et 16 <span style="letter-spacing:-.15pt">purent s&rsquo;enfuir. Le m&ecirc;me jour, un convoi de 2&nbsp;000 d&eacute;tenus partit en train pour atteindre Ebensee le lendemain&nbsp;: dans ce convoi il n&rsquo;y eut ni morts ni &eacute;vad&eacute;s. Deux jours apr&egrave;s, un quatri&egrave;me convoi de 1&nbsp;444 d&eacute;tenus partit par le train pour Ebensee, o&ugrave; il arriva le 17&nbsp;avril&nbsp;: 25&nbsp;d&eacute;tenus s&rsquo;enfuirent du convoi, aucun d&eacute;c&egrave;s n&#39;a &eacute;t&eacute; signal&eacute;<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. Le cinqui&egrave;me et dernier convoi concernait un petit groupe de 55&nbsp;d&eacute;tenus qui se rendirent &agrave; Ebensee en camions ou en voitures &agrave; cheval et o&ugrave; ils arriv&egrave;rent en totalit&eacute;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans les souvenirs des survivants, ces convois d&rsquo;&eacute;vacuation sont souvent associ&eacute;s aux &eacute;v&eacute;nements les plus traumatisants de toute la dur&eacute;e de leur d&eacute;portation. Un regard plus pr&eacute;cis montre cependant de grandes diff&eacute;rences entre les exp&eacute;riences et les souvenirs des survivants de ces convois. Dans la suite de ce travail de recherche vont &ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute;s des topo&iuml;, qui sont des axes de mon argumentation, associ&eacute;s dans les t&eacute;moignages de survivants recueillis par le MSDP &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation du camp annexe de Mauthausen-Melk.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Rumeurs, angoisse et espoir</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Avant le d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;vacuation circulaient &agrave; Melk &ndash; comme dans beaucoup d&rsquo;autres camps&nbsp;&ndash; des rumeurs selon lesquelles les d&eacute;tenus devaient &ecirc;tre assassin&eacute;s dans les galeries souterraines. Des rapports &agrave; ce sujet viennent de deux d&eacute;tenus, du m&eacute;decin du camp, le Dr&nbsp;Sora, et du secr&eacute;taire du camp, Hermann Hofst&auml;dt, ainsi que d&rsquo;un membre de la SS<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. Dans les t&eacute;moignages du MSDP qui ont &eacute;t&eacute; d&eacute;pouill&eacute;s pour ce travail, ces rumeurs ne sont mentionn&eacute;es que par Heinz Kounio, un juif survivant originaire de Gr&egrave;ce. Sur la base d&rsquo;un r&eacute;cit d&rsquo;un co-d&eacute;tenu, il croit cependant que des centaines de d&eacute;tenus ont bel et bien &eacute;t&eacute; assassin&eacute;s dans les galeries&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Pour une raison que les Allemands &eacute;taient les seuls &agrave; conna&icirc;tre &agrave; ce moment, ils voulaient se d&eacute;barrasser de ces hommes. Ils voulaient les tuer. Ils ont ferm&eacute; la galerie et y ont introduit du gaz, ils les ont tous tu&eacute;s. Lorsque nous sommes arriv&eacute;s, le crime &eacute;tait d&eacute;j&agrave; accompli, car je faisais partie de l&rsquo;&eacute;quipe de midi et c&rsquo;&eacute;tait d&eacute;j&agrave; arriv&eacute;. Ils ne nous ont pas du tout laiss&eacute;s rentrer et nous ont reconduits &agrave; l&rsquo;usine&hellip; Ils ont assassin&eacute; tout un groupe, l&rsquo;&eacute;quipe du matin et il n&rsquo;y a eu que deux survivants&hellip; Un des survivants est un Grec et il doit sa survie &agrave; sa grande astuce.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Un autre survivant grec, Theodoros Kokolakis, originaire de Cr&egrave;te, rapporte avoir &eacute;t&eacute; averti par un infirmier que les d&eacute;tenus malades devaient &ecirc;tre assassin&eacute;s&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;J&rsquo;avais de nouveau &eacute;t&eacute; atteint par la pleur&eacute;sie, le Dr Pharmakis m&rsquo;a soign&eacute;. Les malades &eacute;taient tr&egrave;s nombreux, des milliers, tous les baraquements &eacute;taient pleins. Il m&rsquo;a dit alors&nbsp;: &ldquo;&Eacute;coute, Kokolakis, tu dois partir aussi vite que possible. Rentre dans ton baraquement et d&eacute;brouille-toi pour arriver &agrave; Ebensee. On t&rsquo;aidera &agrave; la gare pour rejoindre le camp. Tous ces patients, que tu vois maintenant ici, seront jet&eacute;s par-dessus bord dans le Danube et seront d&eacute;vor&eacute;s par les requins. Aucun n&rsquo;en reviendra.&rdquo; J&rsquo;ai suivi son conseil et suis rentr&eacute; au baraquement.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Kokolakis est parti avec un convoi en train pour Ebensee&nbsp;; les d&eacute;tenus de l&rsquo;infirmerie ont &eacute;t&eacute; en revanche assassin&eacute;s selon ses dires&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous sommes partis en train. Les autres patients ont &eacute;t&eacute; conduits sur des bateaux et jet&eacute;s par-dessus bord, comme je l&rsquo;ai appris plus tard. Ils ont &eacute;t&eacute; d&eacute;vor&eacute;s par des requins.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Des rumeurs sur des projets d&rsquo;assassinat de tous les d&eacute;tenus existaient dans de nombreux camps. Les personnes &eacute;vacu&eacute;es de Melk &agrave; Ebensee furent confront&eacute;es une deuxi&egrave;me fois &agrave; une semblable rumeur. La question de l&rsquo;existence v&eacute;ritable de ces projets n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &eacute;claircie &agrave; ce jour. Lors de l&rsquo;&eacute;vacuation des camps annexes de Mauthausen, il y eut effectivement plusieurs fois des meurtres de d&eacute;tenus lourdement malades et intransportables. &Agrave; Melk &eacute;galement 30 &agrave; 40&nbsp;d&eacute;tenus furent laiss&eacute;s sur place et assassin&eacute;s. Vraisemblablement une grande partie de ces d&eacute;tenus malades envoy&eacute;s &agrave; Mauthausen y ont &eacute;t&eacute; les victimes des derniers massacres.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">D&rsquo;autres d&eacute;tenus, en revanche, associent le d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;vacuation &agrave; l&rsquo;espoir de survivre. Jakob Ma&euml;stro, un juif arriv&eacute; d&rsquo;Auschwitz &agrave; Melk en janvier&nbsp;1945, nous rapporte cette angoisse de ne pas vivre la lib&eacute;ration&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Un jour le camp de Melk a &eacute;t&eacute; bombard&eacute;. Je me souviens que c&rsquo;&eacute;tait la premi&egrave;re fois que j&rsquo;ai utilis&eacute; le vers <span style="letter-spacing:.2pt">&ldquo;Schma Jisra&euml;l&rdquo;. Lorsque j&rsquo;ai entendu </span>les bombes tomber tout autour, je n&rsquo;ai pas su que les Am&eacute;ricains savaient que c&rsquo;&eacute;tait un camp. Ils ont bombard&eacute; et tir&eacute; tout autour du camp, &ccedil;a oui. Je me suis allong&eacute; par terre. Une bombe a explos&eacute; et j&rsquo;ai dit &agrave; ce moment&nbsp;: &ldquo;Schma Jisra&euml;l. Maintenant je voudrais en sortir vivant.&rdquo; L&rsquo;essentiel, c&rsquo;est que les Russes sont arriv&eacute;s jusqu&rsquo;ici et les Allemands ont d&ucirc; d&eacute;camper de Melk.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a> Pour l&rsquo;Ukrainien Wassilij Kononenko la vue des avions alli&eacute;s &eacute;tait un signe d&rsquo;espoir&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nos avions sont d&eacute;j&agrave; pass&eacute;s au-dessus <span style="letter-spacing:-.2pt">de nous, nous l&rsquo;avons vu. Notre avion</span> passe dans le ciel et nous crions comme s&rsquo;il pouvait nous entendre de l&agrave;-haut&hellip; Pourtant quelle joie&nbsp;!&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le plus souvent r&eacute;gnait, cependant, parmi les d&eacute;tenus un m&eacute;lange d&rsquo;angoisse et d&rsquo;espoir que d&eacute;crit, par exemple, Erling Bauck lors de la lib&eacute;ration des d&eacute;tenus scandinaves ou &eacute;galement le d&eacute;tenu tch&egrave;que d&rsquo;origine juive Michal Kraus dans son journal<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les convois en train</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Le premier convoi d&rsquo;&eacute;vacuation a conduit en train les d&eacute;port&eacute;s &agrave; la mi-mars 1945 &agrave; Amstetten, &agrave; environ 40&nbsp;km &agrave; l&rsquo;ouest de Melk&nbsp;: on en trouve &agrave; peine la trace dans les souvenirs des survivants qui y ont particip&eacute;. Jean Mansching, un d&eacute;tenu fran&ccedil;ais, n&rsquo;en fait qu&rsquo;un rapide compte rendu&nbsp;: &laquo;&nbsp;Donc, on a &eacute;t&eacute; &eacute;vacu&eacute;s, nous, notre commando sur Amstetten.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a> Quant &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation du camp annexe par un convoi en train, il ne la d&eacute;crit qu&rsquo;en quelques mots&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Puis notre commando&hellip; On a &eacute;t&eacute; &eacute;vacu&eacute;s </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">sur le camp d&rsquo;Ebensee.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a> </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">Le survivant ukrainien Wassilij Kononenko d&eacute;crit ainsi rapidement le convoi en train en route pour Ebensee&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le 15&nbsp;avril on nous a embarqu&eacute;s dans des trains et conduits &agrave; la </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ville d&rsquo;Ebensee.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a><b><sup> </sup></b>Dans le t&eacute;moignage de Mansching, ces quelques remarques tranchent fortement avec la description tr&egrave;s d&eacute;taill&eacute;e du convoi de d&eacute;port&eacute;s qui l&rsquo;a amen&eacute; du camp de regroupement de Compi&egrave;gne &agrave; Mauthausen au d&eacute;but avril&nbsp;1944 et auquel il a fallu trois jours. Pour Heinz Kounio &eacute;galement, &eacute;vacu&eacute; avec son p&egrave;re d&rsquo;Auschwitz &agrave; Mauthausen, un <span style="letter-spacing:-.2pt">convoi en train n&rsquo;avait rien de nouveau&nbsp;: &laquo;</span><span style="letter-spacing:-.3pt">&nbsp;Nous sommes encore une fois mont&eacute;s dans des wagons pour &ecirc;tre conduits &agrave; Ebensee, le coup habituel, mais cette fois les wagons &eacute;taient plus longs et plus grands, c&rsquo;&eacute;taient des wagons de mine, des wagons de mine de fer, de grands wagons en fer&hellip; Nous avions deux gardes, et ils nous ont conduits &agrave; Ebensee.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sa description du convoi se distingue &agrave; peine, dans sa bri&egrave;vet&eacute;, des r&eacute;cits sur la d&eacute;portation depuis la Gr&egrave;ce et sur l&rsquo;&eacute;vacuation d&rsquo;Auschwitz. De ces r&eacute;cits d&rsquo;&eacute;vacuation, on peut conclure de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;ral que les survivants n&rsquo;ont gu&egrave;re de souvenirs des convois par train. En revanche, les survivants des &eacute;vacuations &agrave; pied ont gard&eacute; des souvenirs plus pr&eacute;cis de faits comme la fuite de co-d&eacute;tenus ou les attaques a&eacute;riennes des Alli&eacute;s.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les marches forc&eacute;es</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les survivants, qui ont particip&eacute; aux marches forc&eacute;es vers Ebensee, en ont gard&eacute; des souvenirs tr&egrave;s pr&eacute;cis et circonstanci&eacute;s qui contrastent avec les souvenirs des convois en train. Les d&eacute;tenus avaient &eacute;t&eacute;, dans un premier temps, transport&eacute;s sur des chalands de Melk &agrave; Linz. &Agrave; proximit&eacute; de Wels, les d&eacute;tenus pass&egrave;rent la nuit dans une <span style="letter-spacing:-.2pt">grange et pendant cette nuit quelques&ndash;uns</span> essay&egrave;rent de s&rsquo;enfuir. La marche forc&eacute;e se poursuivit en traversant Lambach jusqu&rsquo;&agrave; Gm&uuml;nden, o&ugrave; les colonnes de la marche pass&egrave;rent la nuit sur le terrain de l&rsquo;ancienne brasserie. On pr&eacute;tend qu&rsquo;environ 40 d&eacute;tenus y auraient &eacute;t&eacute; abattus. Le troisi&egrave;me jour, la colonne reprit sa marche en avant jusqu&rsquo;au camp annexe d&rsquo;Ebensee<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Miksa Mechlowitz, arriv&eacute; avec son fr&egrave;re en mai&nbsp;1944 d&rsquo;Auschwitz &agrave; Melk et s&eacute;par&eacute; de son fr&egrave;re lors de l&rsquo;&eacute;vacuation, d&eacute;crit la marche forc&eacute;e&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Les gens tombaient sur le bord du chemin, parce qu&rsquo;ils &eacute;taient trop faibles pour continuer &agrave; avancer. Ils furent par cons&eacute;quent abattus sur place&hellip; Nous avions besoin d&rsquo;eau, nous ne recevions pas suffisamment d&rsquo;eau. Un jour que nous traversions un march&eacute; en Autriche, il y avait sur la place des pompes &agrave; eau, vraisemblablement de l&rsquo;eau pour les animaux. Je voulus aller me chercher de l&rsquo;eau, je pris mon &eacute;cuelle pour avoir de l&rsquo;eau. Le garde m&rsquo;a vu, il m&rsquo;a frapp&eacute; sur la t&ecirc;te avec la crosse de son fusil et l&rsquo;eau s&rsquo;est r&eacute;pandue par terre. J&rsquo;en ai tir&eacute; des maux de t&ecirc;te, mais pas de l&rsquo;eau. C&rsquo;&eacute;tait une marche difficile, parce que nous &eacute;tions d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s faibles et affam&eacute;s. La plupart d&rsquo;entre nous ne l&rsquo;ont pas termin&eacute;e.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Interrog&eacute; sur ses pens&eacute;es pendant cette marche forc&eacute;e, il r&eacute;pondit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Eh bien, simplement, comment j&rsquo;allais la terminer. Comment j&rsquo;arriverais l&agrave; o&ugrave; je devais arriver.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nicholas Stashko, un d&eacute;tenu polonais de la r&eacute;gion de Lemberg, d&eacute;crit la marche forc&eacute;e avec la m&ecirc;me profusion de d&eacute;tails. Il relate en particulier une halte dans un couvent o&ugrave; des nonnes ont apport&eacute; de l&rsquo;eau aux d&eacute;tenus&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Ces s&oelig;urs voulaient nous aider, elles nous ont demand&eacute;&nbsp;: &ldquo;Avez-vous faim&nbsp;?&rdquo; Les SS les ont pouss&eacute;es loin de nous et ont dit&nbsp;: &ldquo;Non, ils n&rsquo;ont pas faim, ils ont soif.&rdquo; Ils nous ont emmen&eacute;s &agrave; la pompe, o&ugrave; nous pouvions boire de l&rsquo;eau. Nous &eacute;tions tr&egrave;s contents de boire cette eau. Mais leur excuse &eacute;tait que nous avions tellement soif parce que nous avions trop mang&eacute;. Chacun voyait que nous &eacute;tions en train de mourir de faim.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Stashko avait d&eacute;j&agrave; fait l&rsquo;exp&eacute;rience de deux convois d&rsquo;&eacute;vacuation&nbsp;: tout d&rsquo;abord d&rsquo;une prison de Lemberg jusqu&rsquo;&agrave; Auschwitz et ensuite, en janvier&nbsp;1945, l&rsquo;&eacute;vacuation d&rsquo;Auschwitz. <span style="letter-spacing:-.1pt">Chaque &eacute;vacuation avait &eacute;t&eacute; pour lui pire que la pr&eacute;c&eacute;dente. Jack Betteil, </span>arriv&eacute; en ao&ucirc;t&nbsp;1944 de Plaszow &agrave; Mauthausen, d&eacute;crit le convoi comme une marche de la mort&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Nous &eacute;tions dans un train, puis nous avons &eacute;t&eacute; oblig&eacute;s de marcher longtemps &agrave; travers des champs verts. Et les gens tombaient comme s&rsquo;ils &eacute;taient morts, vous n&rsquo;avez jamais vu une sc&egrave;ne pareille dans votre vie, c&rsquo;&eacute;tait une marche de la mort.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">L&rsquo;arriv&eacute;e</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">De nombreux d&eacute;tenus &eacute;vacu&eacute;s de Melk avaient d&eacute;j&agrave;, pendant leur d&eacute;portation, appris &agrave; conna&icirc;tre de nombreux lieux d&rsquo;internement&nbsp;: des ghettos, des prisons, des camps de prisonniers de guerre, des camps de travaux forc&eacute;s ou des camps de transit. Chaque convoi, qui arrivait dans un nouveau camp, &eacute;tait synonyme d&rsquo;angoisses et d&rsquo;espoirs&nbsp;: de l&rsquo;espoir, que cela pourrait s&rsquo;am&eacute;liorer, et de l&rsquo;angoisse, que cela pourrait &ecirc;tre pire. &Agrave; leur arriv&eacute;e au but de leur &eacute;vacuation &ndash;&nbsp;au camp central de Mauthausen ou bien &agrave; Ebensee&nbsp;&ndash;, les &eacute;vacu&eacute;s de Melk pouvaient d&eacute;j&agrave; se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; une s&eacute;rie d&rsquo;exp&eacute;riences et y int&eacute;grer leurs chances de survie dans le nouveau camp.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Jakob Ma&euml;stro est rentr&eacute; avec le convoi des enfants et des malades au camp central et a &eacute;t&eacute;, peu de temps apr&egrave;s, entra&icirc;n&eacute; dans une marche forc&eacute;e vers Gunskirchen en &eacute;vacuant le camp central. Il ne mentionne m&ecirc;me pas le s&eacute;jour &agrave; Mauthausen. Il se rappelle avoir &eacute;t&eacute; emmen&eacute; directement de Melk &agrave; Gunskirchen. Bien qu&rsquo;il r&eacute;gn&acirc;t &agrave; Gunskirchen une confusion indescriptible et que les d&eacute;tenus y <span style="letter-spacing:-.2pt">mouraient en masse, Maestro &eacute;tait </span>content de ne pas &ecirc;tre arriv&eacute; &agrave; Ebensee, o&ugrave; c&rsquo;&eacute;tait encore pire selon lui&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Agrave; Wels, il n&rsquo;y avait presque pas de baraquements. C&rsquo;&eacute;tait dans la for&ecirc;t. Nous y avons err&eacute; sans rien manger, <span style="letter-spacing:-.1pt">sans rien. J&rsquo;y ai entendu dire qu&#39;Ebensee, c&rsquo;est encore pire. &Agrave; Ebensee, on </span>mange des cadavres.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En d&eacute;pit du manque de nourriture et de la mort de quelques-uns de ses co-d&eacute;tenus originaires de Salonique, il se rappelle avant tout la libert&eacute; de mouvement dans le camp&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Le principal, c&rsquo;est que nous nous sommes d&eacute;plac&eacute;s librement &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du camp.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Miksa Mechlowitz, qui &eacute;tait arriv&eacute; &agrave; Ebensee avec une marche forc&eacute;e, d&eacute;crit le camp comme un &laquo;&nbsp;d&eacute;sordre complet&nbsp;&raquo;. Il sentait ses forces d&eacute;p&eacute;rir chaque jour&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mes pieds ont commenc&eacute; &agrave; gonfler. Et c&rsquo;&eacute;tait &agrave; cette &eacute;poque une course pour essayer de survivre et pour &ecirc;tre lib&eacute;r&eacute;. La course entre la mort et la lib&eacute;ration.&nbsp;&raquo; Dans le camp, il se mit &agrave; essayer de trouver des connaissances&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Et je suis all&eacute; dans un de ces baraquements, qu&rsquo;ils appelaient le baraquement des musulmans. Pourquoi ils les appelaient des musulmans. Je ne sais pas. Parce que les personnes assises l&agrave;-bas n&rsquo;avaient plus aucun muscle. Et cela puait, parce que bon nombre d&rsquo;entre elles &eacute;taient d&eacute;j&agrave; mortes. Bon nombre agonisaient et avaient perdu le contr&ocirc;le de leur corps. Je suis tomb&eacute; sur un de mes cousins. Je lui ai dit&nbsp;: &ldquo;Que fais-tu ici&nbsp;?&rdquo; C&rsquo;&eacute;tait une question stupide parce qu&rsquo;il m&rsquo;a dit&nbsp;: &ldquo;Je meurs. Je ne veux plus vivre.&rdquo; Parce qu&rsquo;il savait d&eacute;j&agrave; &agrave; ce moment qu&rsquo;on avait tu&eacute; sa femme et ses cinq enfants.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35"><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mechlowitz attribue sa survie au fait de ne pas avoir &eacute;t&eacute; oblig&eacute; de travailler&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous ne faisions que tra&icirc;ner. Nous nous tenions &agrave; l&rsquo;&eacute;cart des grad&eacute;s pour ne pas &ecirc;tre frapp&eacute;s. Parce que, je vous le dis, nous en avions assez d&rsquo;&ecirc;tre frapp&eacute;s.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Nicholas Stashko, qui avait rejoint &eacute;galement Ebensee &agrave; pied, a trouv&eacute; le camp pire que tous les pr&eacute;c&eacute;dents&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ainsi, notre arriv&eacute;e &agrave;&hellip; Ebensee, la m&ecirc;me chose sinon pire.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36"><sup><span style="color:black">[36]</span></sup></a> M&ecirc;me Theodoros Kokolakis d&eacute;crit le camp comme le pire&nbsp;: &laquo;&nbsp;Apr&egrave;s Melk, j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; emmen&eacute; dans un autre enfer, c&rsquo;&eacute;tait encore pire.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37"><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></a> Il rapporte que les d&eacute;tenus ont &eacute;t&eacute; pouss&eacute;s dans des baraquements pleins &agrave; craquer, que les cadavres &eacute;taient transport&eacute;s chaque matin &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur et amen&eacute;s au cr&eacute;matoire ou bien jet&eacute;s dans des fosses&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans cet enfer, dans ces fosses communes, dans cet espace, nous &eacute;tions au moins mille personnes. Personne n&rsquo;assurait notre garde. Il y avait environ 600 &agrave; 700 cadavres et les 300 autres personnes &eacute;taient peut-&ecirc;tre encore vivantes.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38"><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;h&eacute;catombe parmi les d&eacute;tenus conduit Jack Betteil &agrave; qualifier Ebensee </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de camp de la mort&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;&eacute;tait un v&eacute;ritable camp de la mort&hellip; Quand nous sommes arriv&eacute;s &agrave; Ebensee, oh&nbsp;!, quand nous sommes entr&eacute;s dans le camp, la puanteur, l&rsquo;odeur, la mort &eacute;taient tout autour de nous.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39"><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></a> Pour survivre, il &eacute;changea avec des d&eacute;tenus russes des cigarettes contre de la viande. Sur ce arriva sa pire exp&eacute;rience de toute la d&eacute;portation, puisqu&rsquo;on lui proposa de manger de la chair humaine&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et je l&rsquo;ai mang&eacute;. Et ces deux types &eacute;taient assis et riaient. Comme des fous. Alors je lui ai dit&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; De quoi ris-tu&nbsp;? Le march&eacute; avait &eacute;t&eacute; conclu&hellip;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash;&nbsp;Alors, tu sais ce que tu viens de manger&nbsp;? Tu as mang&eacute; un morceau d&rsquo;un corps mort. Une partie d&rsquo;un &ecirc;tre humain.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il m&rsquo;a dit cela. C&rsquo;est incroyable. Incroyable. Ainsi j&rsquo;ai mang&eacute; ce morceau de viande. Et je me suis senti horriblement mal. Je ne pouvais rien y faire. Il n&rsquo;y a aucune punition, rien. Rien. Et &ccedil;a, c&rsquo;&eacute;tait Ebensee.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40"><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">Ebensee se transforma les derni&egrave;res semaines de la guerre en un v&eacute;ritable mouroir. Plus de 4&nbsp;200&nbsp;d&eacute;tenus moururent du d&eacute;but avril jusqu&rsquo;&agrave; la lib&eacute;ration, le 6&nbsp;mai 1945, soit plus que la moiti&eacute; de la totalit&eacute; des morts depuis l&#39;ouverture du camp annexe d&rsquo;Ebensee. Environ 730&nbsp;d&eacute;tenus moururent encore apr&egrave;s la lib&eacute;ration des suites de la d&eacute;tention<a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41"><sup><span style="color:blue">[41]</span></sup></a>. La situation &eacute;tait identique au camp central de Mauthausen et au camp de d&eacute;tention de Gunskirchen. On ne conna&icirc;t pas le nombre exact de d&eacute;tenus &eacute;vacu&eacute;s de Melk parmi ces morts.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Karin Orth nous donne un r&eacute;sum&eacute; des diff&eacute;rentes phases des &eacute;vacuations des KZ dans son ouvrage, <i>Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager. Eine politische Organisationsgeschichte, </i>Hambourg, Hamburger Edition, 1999, p.&nbsp;270-336. Une vue d&rsquo;ensemble est donn&eacute;e par l&rsquo;ouvrage de Daniel Blatman, <i>Les Marches de la mort, </i>Paris, Fayard, 2009. </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Pour la d&eacute;finition, voir Joshua Castellino,&nbsp;&laquo;&nbsp;Death March&nbsp;&raquo;, in Dinah L. Shelton (&eacute;d.), <i>Encyclopedia of Genocide and Crimes against Humanity,</i> vol.&nbsp;2, Londres, Mac Millan Reference, 2005, pp.&nbsp;226-229, ici p. 226.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur ce d&eacute;bat, voir Yehuda Bauer, &laquo;&nbsp;The Death Marches, January-May 1945&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;ouvrage<i> Modern Judaism 3.1. (1983), </i>pp.&nbsp;1-21&nbsp;; Daniel J. Goldhagen, <i>Hitler&rsquo;s Willing Executioners. Ordinary Germans and the Holocaust, </i>New York, Knopf, 1996&nbsp;; ainsi que Blatman, <i>Les Marches de la mort, op. cit.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur les crimes de la phase ultime, voir l&rsquo;ouvrage &eacute;dit&eacute; par Cord Arendes, <i>Terror nach innen. </i></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Verbrechen am Ende des Zweiten Weltkrieges, </span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">G&ouml;ttingen, Wallstein, 2006 (Dachauer Symposien zur Zeitgeschichte, 6)&nbsp;; Ian Kershaw, <i>The End. Hitler&rsquo;s Germany, 1944-45, </i>Londres, Allan Lane, 2011.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Voir &agrave; ce sujet Marc Masurovsky, &laquo;&nbsp;Visualizing the Evacuations from the Auschwitz-Birkenau Camp System&nbsp;: When does an Evacuation Turn into a Death March&nbsp;? &raquo; in Jean-Luc Blondel et al. (&eacute;ds), <i>Freilegungen. Auf den Spuren der Todesm&auml;rsche,</i> G&ouml;ttingen, Wallstein, 2012 (Jahrbuch des International Tracing Service,&nbsp;1), pp. 108-121.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Dans le cadre du &laquo;&nbsp;Mauthausen Survivors Documentation Project&nbsp;&raquo; (MSDP), environ 860&nbsp;survivants du camp de concentration de Mauthausen ont fourni des t&eacute;moignages dans de nombreux pays europ&eacute;ens, en Isra&euml;l, en Am&eacute;rique du Nord et du Sud&nbsp;: 84 d&rsquo;entre eux &eacute;taient au camp annexe de Melk. Ces t&eacute;moignages ont &eacute;t&eacute; exploit&eacute;s avec le projet international &laquo;&nbsp;Mauthausen Survivors Research Project&nbsp;&raquo; (MSRP). La publication des r&eacute;sultats de cette recherche est en pr&eacute;paration sous le titre <i>Europa in Mauthausen. Die Geschichte der </i>&Uuml;berlebenden eines nationalsozialistischen Konzentrationslagers, &eacute;dit&eacute; par Gerhard Botz, Alexander Prenninger, Regina Fritz et Heinrich Berger.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pour le camp annexe de Melk, voir surtout l&rsquo;ouvrage de Bertrand Perz, <i>Das Projekt &laquo;&nbsp;Quarz&nbsp;&raquo;. </i></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Der Bau einer unterirdischen Fabrik durch H&auml;ftlinge des KZ Melk f&uuml;r die Steyr-Daimler-Puch AG 1944-1945, </span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Innsbruck, Vienne, Bozen, Studienverlag, 2014.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur la controverse de savoir si le d&eacute;placement d&rsquo;environ 65&nbsp;000&nbsp;d&eacute;tenus d&rsquo;Auschwitz dans des camps de concentration dans l&#39;<i>Altreich</i> est &agrave; &eacute;valuer comme un convoi d&rsquo;&eacute;vacuation, voir Karin Orth, <i>Das</i> <i>System</i>&hellip;, <i>op. cit., </i>p. 271&nbsp;; Andrzej Strzelecki, <i>Endphase des KZ Auschwitz. </i></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Evakuierung, Liquidierung und Befreiung des Lagers, </span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Oswiecim, Staatliches Museum Auschwitz-Birkenau, 1995, p.&nbsp;93.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir Bertrand Perz, <i>Das Projekt &laquo;&nbsp;Quarz&nbsp;&raquo;, op. cit., </i>p.&nbsp;281.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Manfred Rauchensteiner, <i>Der Krieg in &Ouml;sterreich&rsquo; 45, </i>Vienne, Der Graph, 1995, p.&nbsp;121 et ss.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir &agrave; ce sujet le t&eacute;moignage de Baldur von Schirach &agrave; Nuremberg, &eacute;dit&eacute; par le International Military Tribunal, <i>Der Prozess gegen die Hauptkriegsverbrecher vor dem Internationalen Milit&auml;rgerichtshof,</i> N&uuml;rnberg 1947, vol. 14, p.&nbsp;484. Le commandant du camp de Wiener-Neudorf, Kurt Schmutzler, fait aussi un rapport au proc&egrave;s de Mauthausen &agrave; Dachau. NARA, Mikrofilmpublication M1100, Case N&deg;&nbsp;000-50-5-2 (<span style="letter-spacing:-.05pt">US vs. Ernst Walter Dura et al.), Roll 1, Bl. 559-566&nbsp;: Kurt Schmutzler&nbsp;: t&eacute;moignage (Schmutzler-Direct), 19.06.1947&nbsp;; <i>Ibid., </i></span>Bl. 778-780&nbsp;: Kurt Emil Schmutzler&nbsp;: Affidavit (Document N&deg;&nbsp;42-44, Prosecution Exhibit N&deg;&nbsp;10) 18.07.1946.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur la r&eacute;ception critique de &laquo;&nbsp;l&rsquo; Action Bernadotte&nbsp;&raquo;, voir Oliver von Wrochem et Lars Jockheck (&eacute;ds), <i>Skandinavien im Zweiten Weltkrieg und die Rettungsaktion Wei&szlig;e Busse. Ereignisse und Erinnerung,</i> Berlin, Metropol, 2012 (Neuengammer Kolloquien, 2).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Erling Bauck, <i>Du skal leve, </i>Oslo, Aschehoug, 1979, p. 218 et ss. Citations in Bertrand Perz, <i>Das Projekt &laquo;&nbsp;Quarz&nbsp;&raquo;, op. cit., </i>p. 520.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Je suis ici la description tr&egrave;s d&eacute;taill&eacute;e du livre de Bertrand Perz,<i> Das Projekt &laquo;&nbsp;Quarz&nbsp;&raquo;, op. cit., </i>pp. 523-549.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Archives du lieu de m&eacute;moire du KZ Mauthausen (AMM), 2.2.7.2., V8, Bl. 3335 et suivantes, annonce d&rsquo;une modification pou le 2 avril 1945.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur ce convoi, il existe un rapport tr&egrave;s d&eacute;taill&eacute; du survivant fran&ccedil;ais Robert Monin, qui r&eacute;ussit &agrave; s&rsquo;enfuir mais qui, au bout de quelques jours, rencontra des colonnes qui avan&ccedil;aient &agrave; marche forc&eacute;e et arriva cependant au camp annexe d&#39;Ebensee. Christian Bernadac, <i>D&eacute;portation (1933-1945). </i>Vol.&nbsp;3, Paris, France-Empire, 1993, pp. 589-595.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur ce convoi, il y a peu de sources. Robert Monin rapporte avoir rencontr&eacute; dans sa fuite une voiture &agrave; cheval avec Andr&eacute; Ulman, dit &laquo;&nbsp;Pichon&nbsp;&raquo;, le secr&eacute;taire &agrave; la mobilisation de la main-d&rsquo;&oelig;uvre, accompagn&eacute; d&rsquo;un seul et unique garde.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Hermann Hofst&auml;dt, &laquo;&nbsp;Aus dem KZ.-Lager Melk &raquo;, in Nazi-Opfer&nbsp;2.2 (31.1.1946), p.&nbsp;6.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/630, t&eacute;moignage de Heinz Kounio recueilli par Alexios Menexiadis le 22.1.2003.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.2pt">AMM, MSDP, OH/ZP1/622, t&eacute;moignage de Theodoros Kokolakis recueilli par Grigoris Psallidas le 29.10. 2002.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/622, t&eacute;moignage de Kokolakis.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/299, t&eacute;moignage de Jakob Ma&euml;stro recueilli par Keren Harazi le 17.06.2002.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/654, t&eacute;moignage de Wassilij Kononenko recueilli par Alena Koslova le 16.1.2003.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Michal Kraus, <i>Denik 1942-1945 ;</i> Kromeriz, <i>Kvartus media,</i> 2012, p.&nbsp;59.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/197, t&eacute;moignage de Jean Mansching recueilli par Anne-Sophie Pico le 24.06.2002.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/654, t&eacute;moignage de Kononenko.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/630, t&eacute;moignage de Kounio.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Au sujet de l&rsquo;itin&eacute;raire de cette marche forc&eacute;e, voir les souvenirs de Claus Salomon, &laquo;&nbsp;La fin (Extrait du journal d&rsquo;un m&eacute;decin des d&eacute;tenus)&nbsp;&raquo;, in <i>Der KZ-H&auml;ftling 5.2</i> (1946), pp.&nbsp;2-3.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/234, t&eacute;moignage de Miksa Mechlowitz recueilli par Sara Ghitis le 11.06.2002.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/447, t&eacute;moignage de Nicholas Stashko recueilli par Elisabeth Pozzi-Thanner le 15.01.2003.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/303, t&eacute;moignage de Jack Betteil recueilli par Sara Ghitis le 22.08.2002.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/299, t&eacute;moignage de Ma&euml;stro.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/234, t&eacute;moignage de Mechlowitz.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/447, t&eacute;moignage de Stashko.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[37]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/622, t&eacute;moignage de Kokolakis.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[38]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[39]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> AMM, MSDP, OH/ZP1/303, t&eacute;moignage de Betteil.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[40]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid.</i> De nombreux cas de cannibalisme sont mentionn&eacute;s par de nombreux survivants du syst&egrave;me concentrationnaire de Mauthausen. Voir Imke Hansen, Kobi Kabalek, &laquo;&nbsp;Narrationen moralischer Grenz&uuml;berschreitung. Stehlen und Kannibalismus im Lagerkomplex Mauthausen&nbsp;&raquo;, in Gerhard Botz, Regina Fritz, Alexander Prenninger (&eacute;ds), <i>Europa in Mauthausen,</i> vol. 2 (en pr&eacute;paration).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[41]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:.15pt">Sur les nombres, voir Florian Freund, <i>Die Toten von Ebensee. Analyse und Dokumentation der im KZ Ebensee umgekommenen H&auml;ftlinge 1943-1945,</i> &eacute;dit&eacute; par Dikumentationsarchiv des &ouml;sterreichischen Widerstandes, Vienne, Braintrust, 2010, pp. 53-73.</span></span></span></span></span></p>