<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Un mois apr&egrave;s l&rsquo;arriv&eacute;e des 27000<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a> &agrave; Ravensbr&uuml;ck, soit en mars 1944, une rumeur, selon laquelle les d&eacute;port&eacute;es allaient bient&ocirc;t &ecirc;tre dirig&eacute;es vers la fronti&egrave;re suisse pour y &ecirc;tre &eacute;chang&eacute;es contre des prisonniers allemands malades, circule dans le camp. <span style="letter-spacing:-.2pt">Ce <i>r&ecirc;ve</i> dont elles se bercent, cet espoir insens&eacute;, sert au moins &agrave; alimenter &laquo;&nbsp;notre farouche volont&eacute; de vivre (&hellip;) notre imagination [qui] nous entra&icirc;nait dans un pays plant&eacute; de sapins, sem&eacute; de grands lacs calmes et bleus&nbsp;&raquo;,</span> comme l&rsquo;&eacute;crira presque deux ans plus tard Anne Fernier, 27399, dans le mensuel f&eacute;minin suisse <i>Annabelle<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><b><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></b></a></i>, sous le titre &laquo;&nbsp;La fronti&egrave;re suisse&nbsp;&raquo;. Las, comme elle en t&eacute;moigne aussi, plusieurs centaines de d&eacute;port&eacute;es moururent au <i>Revier</i> en r&ecirc;vant &agrave; cette inaccessible fronti&egrave;re, tandis que d&rsquo;autres partaient vers divers <i>Kommandos</i> (dont Holleischen pour Anne), o&ugrave; &laquo;&nbsp;le mirage recula, s&rsquo;&eacute;vanouit dans les brumes germaniques&nbsp;&raquo;. Pourtant ce r&ecirc;ve avait quelque chose de pr&eacute;monitoire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Dans la soir&eacute;e du 9&nbsp;avril 1945 en effet, les 300 premi&egrave;res femmes lib&eacute;r&eacute;es de Ravensbr&uuml;ck arrivent &agrave; Kreuzlingen (sur la rive helv&eacute;tique du lac de Constance), en &eacute;change de 500 intern&eacute;es civiles allemandes. Ces premi&egrave;res revenantes, qui ne font d&rsquo;ailleurs que traverser la Suisse le lendemain, en direction d&rsquo;Annemasse, ignorent, &agrave; ce moment-l&agrave;, que le petit groupe de femmes qui leur distribue quelques menus objets de premi&egrave;re n&eacute;cessit&eacute; sur les quais de gare est d&eacute;j&agrave; en train de pr&eacute;parer des lieux d&rsquo;accueil en Suisse pour les d&eacute;port&eacute;es, &agrave; l&rsquo;instigation de Marika Delmas&nbsp;; celle-ci est bient&ocirc;t relay&eacute;e &ndash; &ocirc; combien &ndash; par Genevi&egrave;ve de Gaulle, laquelle arrive elle aussi en Suisse le 22&nbsp;avril, rejoignant son p&egrave;re Xavier, consul de France &agrave; Gen&egrave;ve. D&egrave;s juillet 1945, les s&eacute;jours de convalescence s&rsquo;organisent, coordonn&eacute;s depuis le 4 de la rue Guynemer &agrave; Paris par l&rsquo;ADIR (qui prend le relais de l&rsquo;Amicale des prisonni&egrave;res de la R&eacute;sistance) avec l&rsquo;aide de son Comit&eacute; d&rsquo;aide en Suisse, lequel a son si&egrave;ge &agrave; Lausanne. Et c&rsquo;est dans un train qui pr&eacute;cis&eacute;ment am&egrave;ne un groupe d&rsquo;anciennes d&eacute;port&eacute;es (dont Anne Fernier) en Suisse, &agrave; l&rsquo;automne 1945, qu&rsquo;une de ses camarades lui dira&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tu vois, on l&rsquo;a quand m&ecirc;me eue la fronti&egrave;re suisse&hellip;&nbsp;&raquo; Au total, elles seront un peu moins de 500 &agrave; b&eacute;n&eacute;ficier de cet accueil.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cette page d&rsquo;histoire franco-suisse de l&rsquo;apr&egrave;s-d&eacute;portation, dans laquelle Genevi&egrave;ve de Gaulle joue un r&ocirc;le essentiel, reste peu connue<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. L&rsquo;accueil de ces d&eacute;port&eacute;es a &eacute;t&eacute; organis&eacute; dans neuf maisons (sises &agrave; Crassier, Nyon, <span style="letter-spacing:-.1pt">Ch&acirc;teau-d&rsquo;Oex, le Mont-sur-Lausanne, </span>Villars-sur-Ollon, Les Avants-sur-<span style="letter-spacing:.2pt">Montreux, Fribourg, Grandchamp<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>, Montana), et son financement as</span><span style="letter-spacing:.1pt">sur&eacute; par les multiples conf&eacute;rences de </span>Genevi&egrave;ve de Gaulle, des collectes et <span style="letter-spacing:-.1pt">une contribution du Don suisse<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. Les parcours d&eacute;taill&eacute;s (R&eacute;sistance, d&eacute;portation, convalescence) d&rsquo;une douzaine d&rsquo;anciennes d&eacute;port&eacute;es sont aujourd&rsquo;hui retrac&eacute;s au travers de leurs t&eacute;moignages recueillis directement aupr&egrave;s d&rsquo;elles ou, pour deux d&rsquo;entre elles, par le biais de leur fille. Il s&rsquo;agit de&nbsp;: Gis&egrave;le Guillemot, Manou Kellerer-</span>Bernit, Fran&ccedil;oise Robin-Zavadil, <span style="letter-spacing:-.2pt">Denise Pons-Morin, Henriette Trachta</span>-Docquier, Suzanne Orts-Pic, Marie-Claire Jacob-Huerre, No&euml;lla Rouget-Peaudeau, Anise Postel-Vinay-Girard, Yvonne Curvale-Calvayrac, Paule de <span style="letter-spacing:-.2pt">Schoulepnikoff-Gouber et Ida Grinspan</span>-Fensterzab, toutes r&eacute;sistantes &agrave; l&rsquo;exception de cette derni&egrave;re.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">D&rsquo;autres figures peuvent &ecirc;tre &eacute;voqu&eacute;es, comme France Audoul (qui donne aussi des conf&eacute;rences en </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">projetant ses dessins), Violette Lecoq</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">(une des autres grandes illustratrices de Ravensbr&uuml;ck), Th&eacute;r&egrave;se Rigaud (sans doute l&rsquo;une des derni&egrave;res &agrave; avoir vu Missak Manouchian vivant &agrave; la fin f&eacute;vrier 1944) et surtout Charlotte Delbo, laquelle publie dans la presse suisse des nouvelles<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a> qui deviendront, vingt ans plus tard, des chapitres de son &oelig;uvre litt&eacute;raire majeure sur la d&eacute;portation<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>. Et si ce sont principalement des d&eacute;port&eacute;es <i>par mesure de r&eacute;pression</i> qui sont ainsi accueillies, un certain nombre de d&eacute;port&eacute;es <i>par mesure de pers&eacute;cution</i> b&eacute;n&eacute;ficieront aussi de ces structures d&rsquo;accueil&nbsp;: Ida Grinspan (d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;e), L&eacute;a Feldblum, pr&eacute;sent&eacute;e comme &laquo;&nbsp;&eacute;ducatrice d&rsquo;enfants&nbsp;&raquo; dans une archive retrouv&eacute;e au cours de nos recherches et qui est en fait la seule </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">survivante de la rafle d&rsquo;Izieu et Simone <span style="letter-spacing:.3pt">Jacob, plus connue sous le nom de Simone Veil. Cette derni&egrave;re, venue &agrave; Nyon </span><span style="letter-spacing:.1pt">en &eacute;t&eacute; 1945 (gr&acirc;ce &agrave; sa s&oelig;ur Denise</span><span style="letter-spacing:.3pt"> Vernay), va garder un souvenir tr&egrave;s noir de son s&eacute;jour au bord du lac L&eacute;man. En effet, &eacute;crira-t-elle en 2007 dans son autobiographie, </span><span style="letter-spacing:.2pt">&laquo;&nbsp;Du d&eacute;but jusqu&rsquo;&agrave; la fin, ce s&eacute;jour en Suisse demeure [&hellip;] un bien d&eacute;sagr&eacute;able</span><span style="letter-spacing:.3pt"> souvenir.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les retours de d&eacute;portation&nbsp;: des diff&eacute;rences significatives</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Au-del&agrave; de la personne m&ecirc;me de Simone Veil et des maladresses (attitudes et paroles moralisantes) qui ont pu &ecirc;tre commises, l&rsquo;appr&eacute;ciation de la future ministre nous para&icirc;t, en filigrane, significative des diff&eacute;rences r&eacute;serv&eacute;es aux retours des d&eacute;port&eacute;es juives et r&eacute;sistantes. Si toutes les revenantes se sont heurt&eacute;es &agrave; l&rsquo;incompr&eacute;hension face &agrave; ce qu&rsquo;elles avaient v&eacute;cu <i>l&agrave;-bas</i>, si nombre ont &eacute;prouv&eacute; de grandes difficult&eacute;s &agrave; retrouver une vie &agrave; peu pr&egrave;s <i>normale</i>, si beaucoup se sont longtemps tues, il y a bel et bien une hi&eacute;rarchie parmi les d&eacute;port&eacute;es, entre celles qui avaient &eacute;t&eacute; r&eacute;sistantes et donc des h&eacute;ro&iuml;nes (m&ecirc;me si elles &eacute;taient peut-&ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme moins h&eacute;ro&iuml;ques que les r&eacute;sistants hommes) et celles qui avaient &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;es parce qu&rsquo;elles &eacute;taient juives&hellip; ou tsiganes. Ainsi, dans le remarquable film de Virginie Linhart <i>Apr&egrave;s les camps, la vie<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><b><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></b></a>,</i> Simone Veil t&eacute;moigne en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;On est donc rentr&eacute;es trois filles dont une<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>, personne ne savait qu&rsquo;elle &eacute;tait juive, sauf de ses tr&egrave;s tr&egrave;s bonnes amies au camp, et ma s&oelig;ur a&icirc;n&eacute;e et moi. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;on portait &agrave; ma s&oelig;ur r&eacute;sistante &eacute;tait beaucoup plus important. Ma s&oelig;ur a &eacute;t&eacute; invit&eacute;e &agrave; plusieurs reprises pour faire des conf&eacute;rences. Elle racontait la R&eacute;sistance aussi, ce n&rsquo;&eacute;tait pas seulement le camp ce dont elle parlait et &agrave; cette &eacute;poque-l&agrave;, c&rsquo;&eacute;tait plus facile que de parler du camp. Nous n&rsquo;&eacute;tions pas entendues, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&ccedil;a n&rsquo;existait pas&nbsp;!&nbsp;&raquo; Dans le livre<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a> qu&rsquo;il consacre &agrave; Simone Veil, Maurice Szafran &eacute;crit qu&rsquo;elle n&rsquo;&eacute;tait &laquo;&nbsp;pas pr&ecirc;te &agrave; accepter ce tri entre &ldquo;bons&rdquo; et &ldquo;mauvais&rdquo; d&eacute;port&eacute;s&nbsp;&raquo; et elle lui dit avoir &laquo;&nbsp;v&eacute;cu tout cela comme une humiliation permanente&nbsp;&raquo;. De son c&ocirc;t&eacute;, Marceline Loridan-Ivens, d&eacute;port&eacute;e &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de 15&nbsp;ans &agrave; Auschwitz, &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le vrai d&eacute;port&eacute;, c&rsquo;&eacute;tait le r&eacute;sistant. Le Juif &eacute;tait une victime civile, rien du</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt"> tout. Nous n&rsquo;&eacute;tions m&ecirc;me pas consid&eacute;r&eacute;s comme des prisonniers politiques.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a> Or, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment aux c&ocirc;t&eacute;s de d&eacute;port&eacute;es issues de la R&eacute;sistance que Simone Veil se retrouve, en &eacute;t&eacute; 1945, &agrave; la Villa-du-Port de Nyon, ressentant peut-&ecirc;tre inconsciemment cette diff&eacute;rence, celle d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;e du seul fait </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">d&rsquo;&ecirc;tre juive. De deux ans sa cadette, Ida Grinspan-Fensterzab choisira pour sa part de s&rsquo;identifier &agrave; ces r&eacute;sistantes qu&rsquo;elle rencontre (&agrave; Crassier,<span style="letter-spacing:.1pt"> Montana et au Mont-sur-Lausanne) en portant fi&egrave;rement une croix de Lorraine, comme elle en t&eacute;moigne dans son livre <i>J&rsquo;ai pas pleur&eacute;<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><b><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></b></a></i>. Mais, comme l&rsquo;&eacute;crit Edouard Lynch, &laquo;&nbsp;Les d&eacute;port&eacute;s formaient une toute petite minorit&eacute; face &agrave; la masse des prisonniers de guerre. Tout le monde connaissait de pr&egrave;s ou de loin un prisonnier de guerre. Ce qui n&rsquo;&eacute;tait pas le cas pour les d&eacute;port&eacute;s politiques. Quant aux d&eacute;port&eacute;s raciaux, infiniment peu nombreux<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>, leur retour est pass&eacute; presque totalement inaper&ccedil;u.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a> On ajoutera que plusieurs t&eacute;moins, tous d&eacute;port&eacute;s juifs, interrog&eacute;s dans le film de Virginie Linhart, disent la m&ecirc;me r&eacute;alit&eacute;&nbsp;: il a fallu du temps pour que leurs souffrances soient reconnues au m&ecirc;me titre que les autres &ndash; ne serait-ce que sur le plan mat&eacute;riel, les pensions per&ccedil;ues par les Juifs au titre de la d&eacute;portation ayant &eacute;t&eacute; inexistantes jusqu&rsquo;en 1955, puis longtemps inf&eacute;rieures &agrave; celles des r&eacute;sistants. Selon Marceline Loridan-Ivens, ce n&rsquo;est qu&rsquo;en &laquo;&nbsp;1972 que Pompidou a instaur&eacute; la parit&eacute; des pensions entre Juifs et r&eacute;sistants&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">On notera toutefois que s&rsquo;est ensuite produit un changement de paradigme dans la perception <i>des</i> d&eacute;portations par le <i>grand public</i>, sans doute gr&acirc;ce &agrave; une meilleure connaissance de la Shoah. Toujours est-il que lorsque nous avons commenc&eacute; notre recherche, &agrave; chaque fois que nous parlions de <i>d&eacute;port&eacute;es</i>, nos interlocuteurs/trices traduisaient automatiquement <i>Juives</i>. Nous devions alors pr&eacute;ciser que notre travail portait principalement sur des d&eacute;port&eacute;es r&eacute;sistantes. Aujourd&rsquo;hui, ce sont les d&eacute;port&eacute;es issues de la R&eacute;sistance qui se sentent parfois oubli&eacute;es, constern&eacute;es de constater que certaines personnes disent ignorer que des r&eacute;sistantes ont &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;es. Est-il utile de pr&eacute;ciser que nous ne voulons aucunement opposer les m&eacute;moires des unes ou des autres, qui doivent toutes &ecirc;tre absolument pr&eacute;serv&eacute;es</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">?</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">La presse suisse et les d&eacute;port&eacute;es</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">D&egrave;s la lib&eacute;ration des camps, au printemps 1945, la presse suisse commence &agrave; rendre compte de la d&eacute;portation<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>, certains journalistes se rendant m&ecirc;me dans quelques-uns de ceux-ci. Mais lorsque des convois rapatriant des d&eacute;port&eacute;es transitent par la Suisse, les journalistes sont tenus &ndash;&nbsp;comme la population du reste&nbsp;&ndash; &agrave; l&rsquo;&eacute;cart de ceux-ci, sous des pr&eacute;textes sanitaires&nbsp;; ils ne peuvent rencontrer les pauvres voyageuses de ces trains et se bornent donc &agrave; en signaler les passages. Peu &agrave; peu, la censure des m&eacute;dias par la division <i>Presse et radio</i> s&rsquo;all&egrave;ge, &agrave; compter du 30&nbsp;mai 1945, avant d&rsquo;&ecirc;tre lev&eacute;e le 18&nbsp;juin.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">La presse helv&eacute;tique ouvre parall&egrave;lement ses colonnes aux ancien(ne)s d&eacute;port&eacute;(e)s s&eacute;journant en Suisse ou simplement de passage. Nous avons d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute; Anne Fernier et Charlotte Delbo, mais il y en a d&rsquo;autres&nbsp;: le <i>Journal de Gen&egrave;ve</i> du 18 juin 1945 publie, sous le titre &laquo;&nbsp;Un m&eacute;decin au camp de Dora&nbsp;&raquo;<i>,</i> le substantiel et &eacute;difiant t&eacute;moignage du Dr Louis Girard. Un chapeau pr&eacute;cise qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;a &eacute;t&eacute; intern&eacute; au camp de Buchenwald depuis le 27&nbsp;septembre 1943, puis transf&eacute;r&eacute; au camp de Dora au d&eacute;but de 1944. Il fut nomm&eacute; m&eacute;decin de l&rsquo;h&ocirc;pital du camp. Son fils a &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute; &agrave; Buchenwald, une de ses filles &agrave; Ravensbr&uuml;ck et sa fille cadette tu&eacute;e par la Gestapo aux environs de Paris en ao&ucirc;t 1944&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. Il y d&eacute;taille les conditions de (sur)vie des d&eacute;port&eacute;s, mettant l&rsquo;accent sur le fait que la plupart des 8</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">500&nbsp;hommes recens&eacute;s dans le registre des d&eacute;c&egrave;s de ce camp souterrain &eacute;taient morts d&rsquo;&eacute;puisement. Pierre-Louis Berthaud (1899-1956), journaliste bordelais en poste &agrave; Vichy pendant la guerre, par ailleurs membre du r&eacute;seau Mithridate et d&eacute;port&eacute; &agrave; Dachau le 18 juin 1944, signe dans la <i>Tribune de Lausanne</i> (dont il &eacute;tait le correspondant) des 21 et 25 juin 1945 un important papier sous le titre &laquo;&nbsp;Retour de Dachau&nbsp;&raquo;. Dans la <i>Voix ouvri&egrave;re</i><a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a> du 25&nbsp;octobre 1945 para&icirc;t &eacute;galement un long article, &laquo;&nbsp;Ravensbr&uuml;ck&nbsp;: &ldquo;Pont des corbeaux<i>&rdquo;</i>&nbsp;&raquo;, sign&eacute; &laquo;&nbsp;B. George matricule 27889&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>&nbsp;; l&rsquo;auteure, qui y est rest&eacute;e, comme <i>Verf&uuml;gbar</i>, jusqu&rsquo;au 22&nbsp;avril 1945, donne un terrible descriptif du camp (m&ecirc;me si le bilan qu&rsquo;elle dresse de seulement 80&nbsp;survivantes de son convoi est heureusement erron&eacute;, puisque qu&rsquo;elles sont 77&nbsp;% &agrave; &ecirc;tre rentr&eacute;es). Parmi d&rsquo;autres articles, ces &eacute;crits de t&eacute;moins directs contribuent &agrave; la prise de conscience de la d&eacute;portation par la population suisse.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les s&eacute;jours de convalescence des d&eacute;port&eacute;es, &agrave; partir de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1945, vont permettre &agrave; la presse d&rsquo;aller &agrave; la rencontre de celles-ci et de rapporter leurs t&eacute;moignages. On notera que ce sont, &agrave; quelques exceptions pr&egrave;s </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">dont Andr&eacute; Marcel, surtout des journalistes femmes, telles Colette Muret, <span style="letter-spacing:.1pt">Simone </span>Hauert, H&eacute;l&egrave;ne Cingria ou Alice Rivaz, <span style="letter-spacing:.1pt">qui vont s&rsquo;int&eacute;resser aux d&eacute;port&eacute;es, et ce souvent dans des mensuels ou des hebdomadaires <i>f&eacute;minins</i> <i>(Annabelle, la Semaine de la femme&hellip;) </i>ou dans les pages <i>f&eacute;minines</i> des quotidiens, entre la mode et les recettes de cuisine.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Un premier &eacute;l&eacute;ment ressort de ces articles, soit la reconnaissance envers ces femmes qui se sont battues, alors que la Suisse a &eacute;t&eacute; &eacute;pargn&eacute;e par la guerre&nbsp;: ainsi le <i>Messager paroissial du Pays-d&rsquo;Enhaut</i>&nbsp;salue l&rsquo;arriv&eacute;e &agrave; Ch&acirc;teau-d&rsquo;Oex de &laquo;&nbsp;25&nbsp;Fran&ccedil;aises d&eacute;port&eacute;es pour avoir voulu d&eacute;fendre leur pays&nbsp;&raquo; et ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;Leur pr&eacute;sence nous permettra de mieux saisir ce que signifie par contraste cette conclusion si rapide&nbsp;: &ldquo;On a &eacute;chapp&eacute;&rdquo;.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a> Simone Hauert &eacute;crit pour sa part dans <i>Annabelle</i>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous autres, Suissesses, nous n&rsquo;oublierons pas que les d&eacute;port&eacute;es nous ont sauv&eacute;es, qu&rsquo;elles ont &eacute;lev&eacute; un barrage afin de nous garder nos libert&eacute;s&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>, alors qu&rsquo;au moment o&ugrave; les derni&egrave;res d&eacute;port&eacute;es de Montana regagnent la France, Colette Muret conclut son compte-rendu dans la <i>Gazette de Lausanne</i> du 24 mars 1947 en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce que la Suisse a pu leur donner est si minime en regard de ce que leur h&eacute;ro&iuml;sme nous a &eacute;pargn&eacute;.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mais ce qui revient beaucoup, c&rsquo;est la probl&eacute;matique entre les besoins contradictoires d&rsquo;oublier ET de t&eacute;moigner. L&rsquo;oubli, H&eacute;l&egrave;ne Cingria, qui rencontre les anciennes d&eacute;port&eacute;es s&eacute;journant &agrave; Crassier et Nyon en septembre 1945, l&rsquo;&eacute;voque en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;N&rsquo;y a-t-il pas quelque impudeur [&hellip;] &agrave; interviewer des &ecirc;tres qui ne demandent qu&rsquo;&agrave; oublier leurs atroces malheurs&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a> Dans <i>Le Conf&eacute;d&eacute;r&eacute;<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><b><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></b></a></i> du 12&nbsp;octobre 1945, Andr&eacute; Marcel &eacute;crit quant &agrave; lui&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Agrave; pr&eacute;sent les voil&agrave; d&eacute;finitivement &agrave; l&rsquo;abri de leurs bourreaux, comme on les comprend de ne plus gu&egrave;re y songer pour mieux s&rsquo;adapter &agrave; un bonheur possible&nbsp;! L&rsquo;oubli d&eacute;finitif ne viendra pas, mais &agrave; la longue un brouillard enveloppera ces images de d&eacute;tresse et de mort.&nbsp;&raquo; M&ecirc;me opinion chez Antoinette Vy, dans la <i>Feuille d&rsquo;avis de Lausanne</i> du 14 d&eacute;cembre 1945&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ces rescap&eacute;es des camps d&rsquo;extermination sont venues chercher sant&eacute;, repos. L&rsquo;on voudrait que ce soit l&rsquo;oubli aussi qu&rsquo;elles trouvent dans la grande campagne paisible&hellip;&nbsp;&raquo; Mais elle ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et puis soudain besoin de raconter, besoin de dire ce qu&rsquo;on a sur le c&oelig;ur. Alors on &eacute;coute, le c&oelig;ur &eacute;treint d&rsquo;angoisse, ces r&eacute;cits toujours semblables et toujours diff&eacute;rents.&nbsp;&raquo; Et elles &eacute;voquent Ravensbr&uuml;ck ou Bergen-Belsen, la faim encore et toujours, la dysenterie, la mort omnipr&eacute;sente, les marches &eacute;puisantes&hellip;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">En mai 1945, un m&eacute;decin suisse, le Dr Jean-Michel Junod (1916-2010) participe &agrave; l&rsquo;&eacute;vacuation de certains camps (en particulier ceux </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">autour de Mauthausen) et va publier plusieurs articles dans <i>L&rsquo;Impartial</i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt"> de La Chaux-de-Fonds, ou dans la <i>Gazette de Lausanne</i>. Dans ce dernier quotidien, en date du 26 juin 1945, sous le titre &laquo;&nbsp;Le silence est-il d&rsquo;or&nbsp;?&nbsp;&raquo; (pr&eacute;c&eacute;d&eacute; de l&rsquo;avant-titre &laquo;&nbsp;Choses vues dans les camps de mort&nbsp;&raquo;), il d&eacute;crit&nbsp;un gigantesque incendie&nbsp;: &laquo;&nbsp;C&rsquo;&eacute;taient les vieilles baraques </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">du camp d&rsquo;extermination </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de Gusen, auxquelles les Am&eacute;ricains avaient mis le feu, apr&egrave;s en avoir &eacute;vacu&eacute; les habitants. Mesures d&rsquo;hygi&egrave;ne&hellip; Des flammes g&eacute;antes d&eacute;chiraient le pied de la colonne de fum&eacute;e. Ces flammes mangeaient le bois maudit et j&rsquo;avais l&rsquo;impression que tous les souvenirs des atrocit&eacute;s commises dans ce camp disparaissaient dans le ciel, avec la fum&eacute;e. Je me demandais alors si c&rsquo;&eacute;tait un bienfait, ou si c&rsquo;&eacute;tait dommage. Le monde doit-il effacer au plus t&ocirc;t de sa m&eacute;moire ce cauchemar naus&eacute;abond, ou doit-il au contraire en perp&eacute;tuer le souvenir&nbsp;? La r&eacute;ponse para&icirc;t facile&nbsp;: oublier, c&rsquo;est un peu pardonner, or les auteurs de ces atrocit&eacute;s ne m&eacute;ritent pas de pardon&nbsp;; se souvenir, c&rsquo;est veiller, c&rsquo;est pr&eacute;venir des r&eacute;cidives, c&rsquo;est en surveiller les auteurs &eacute;ventuels, ainsi que toute la nation qui n&rsquo;a pas h&eacute;sit&eacute; &agrave; laisser faire, &agrave; soutenir des sp&eacute;cialistes du crime collectif. Oublier, c&rsquo;est oublier les morts qui ont droit au souvenir, c&rsquo;est refuser aux futures victimes une assurance pour l&rsquo;avenir. [&hellip;]<span style="letter-spacing:-.1pt"> Oublier &ldquo;pour avoir la paix&rdquo;, c&rsquo;est laisser revenir la guerre. [&hellip;] Or chez nous, en Suisse, on entend souvent des gens qui ne sont pas de cet avis. Les uns qui ne veulent pas croire parce qu&rsquo;ils ont conserv&eacute; une certaine sympathie pour les r&eacute;gimes totalitaires. Les autres ne veulent pas savoir, parce qu&rsquo;ils ne supportent pas de savoir que ces horreurs existent, parce qu&rsquo;elles leur retournent le c&oelig;ur. [&hellip;] Pourtant, lorsque l&rsquo;on consid&egrave;re la publicit&eacute; qui est faite aux camps de concentration, on peut se demander s&rsquo;il n&rsquo;est pas malsain d&rsquo;offrir des photographies atroces dans des journaux de famille, &agrave; un public trop &eacute;tendu. Des enfants et des femmes pourraient &ecirc;tre vivement &eacute;branl&eacute;s, etc. C&rsquo;est &eacute;vident, mais il est impossible d&rsquo;&eacute;viter cet &eacute;cueil. La naus&eacute;e et les cauchemars s&rsquo;effaceront, mais le souvenir demeurera, l&rsquo;avertissement subsistera, qui pourra &eacute;viter le retour des r&eacute;gimes brutaux et la complicit&eacute; active ou passive des pays voisins.&nbsp;&raquo; Junod d&eacute;plore quand m&ecirc;me le sensationnalisme de certains films et le fait que ceux-ci rapportent beaucoup d&rsquo;argent &agrave; leurs auteurs sans que ces &laquo;&nbsp;&ldquo;b&eacute;n&eacute;fices de guerre&rdquo;&nbsp;&raquo; </span>ne soient &laquo;&nbsp;vers&eacute;s aux &oelig;uvres en faveur des victimes des camps&hellip; &ndash;&nbsp;comme l&rsquo;a fait, par exemple, Mlle&nbsp;Genevi&egrave;ve de Gaulle&nbsp;&raquo;. Puis il ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les populations des localit&eacute;s allemandes voisines des camps ont &eacute;t&eacute; oblig&eacute;es, par les Alli&eacute;s, &agrave; de sinistres p&egrave;lerinages, comme punition d&rsquo;&ecirc;tre demeur&eacute;es passives. Mais le monde entier est demeur&eacute; passif, beaucoup trop longtemps. Donc personne, nulle part, n&rsquo;a le droit de ne pas savoir. Le silence n&rsquo;est pas d&rsquo;or.&nbsp;&raquo; L&rsquo;auteur conclut que quand bien m&ecirc;me &laquo;&nbsp;aucun r&eacute;cit, aucun moyen de reproduction, images, films, etc., ne pourrait donner une id&eacute;e suffisante de l&rsquo;enfer dans lequel [les d&eacute;port&eacute;s] avaient v&eacute;cu&nbsp;&raquo;, il est essentiel de &laquo;&nbsp;rassembler le plus possible de t&eacute;moignages de leurs martyres, afin que le monde n&rsquo;oublie pas&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">On voit donc les journalistes, et le public derri&egrave;re ceux-ci, pris entre la n&eacute;cessit&eacute;, suppos&eacute;e d&rsquo;ailleurs, pour les d&eacute;port&eacute;es d&rsquo;oublier les horreurs v&eacute;cues et le besoin de savoir, ou de ne pas savoir&nbsp;! Tout de m&ecirc;me, ce besoin de savoir fait que l&rsquo;on se presse aux tr&egrave;s nombreuses conf&eacute;rences que les journaux annoncent et dont ils rendent compte, de Genevi&egrave;ve de Gaulle, mais aussi de France Audoul, laquelle &eacute;taie ses mots par ses dessins, r&eacute;alis&eacute;s &agrave; Ravensbr&uuml;ck (qu&rsquo;elle a pu miraculeusement rapporter), projet&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;pidiascope. La <i>Tribune de Lausanne</i> du 15&nbsp;mars 1946 en parle en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;La voix de celle qui en r&eacute;chappa, apr&egrave;s quelles souffrances, &eacute;voque le martyre de tant de ses compagnes connues ou inconnues, tandis que sur l&rsquo;&eacute;cran, le crayon accuse les bourreaux, retrace des sc&egrave;nes d&rsquo;enfer, fait revivre en quelques traits incisifs des visages, des corps de femmes dont la plupart succomb&egrave;rent au froid, &agrave; la faim, aux s&eacute;vices barbares.&nbsp;&raquo; Montrer, comme le dit encore l&rsquo;article, la &laquo;&nbsp;g&eacute;henne effroyable&nbsp;&raquo; des camps, tel est bien le premier objectif de France Audoul, mais elle veut aussi, poursuit le journal, &laquo;&nbsp;lutter contre la campagne d&rsquo;oubli qui se d&eacute;cha&icirc;ne contre ceux qui ont pay&eacute; de leur personne &agrave; l&rsquo;heure du danger&nbsp;&raquo;, car les d&eacute;port&eacute;es ne peuvent &laquo;&nbsp;accepter, et on le comprend sans peine, que le sacrifice qu&rsquo;elles ont fait &agrave; l&rsquo;humanit&eacute; soit rendu inutile par l&rsquo;indiff&eacute;rence si prompte &agrave; venir sit&ocirc;t la tourmente pass&eacute;e&nbsp;&raquo;. Et le journaliste d&rsquo;ajouter&nbsp;: &laquo;&nbsp;On ne doit pas oublier, il est urgent de se souvenir constamment, car le danger subsiste.&nbsp;&raquo; On mesure l&agrave; que les conseils qu&rsquo;on distille aux rescap&eacute;es des camps de tirer un trait sur ce qu&rsquo;elles ont v&eacute;cu, dans le but avou&eacute; de leur permettre <i>d&rsquo;aller de l&rsquo;avant,</i> cachent des raisons moins avouables, les pr&eacute;mices du n&eacute;gationnisme, mais que tr&egrave;s t&ocirc;t aussi certaines personnes ont conscience qu&rsquo;occulter les atrocit&eacute;s nazies ne peut que favoriser le retour de tels r&eacute;gimes, car contre <i>le ventre encore f&eacute;cond</i> le t&eacute;moignage des victimes est indispensable.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le silence des femmes</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est int&eacute;ressant de souligner que c&rsquo;est lorsque les n&eacute;gationnistes ont s&eacute;rieusement s&eacute;vi dans les ann&eacute;es 1980, y compris en Suisse, qu&rsquo;un certain nombre de femmes ont commenc&eacute; &agrave; t&eacute;moigner. On citera ici l&rsquo;exemple de No&euml;lla Rouget-Peaudau<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a>, n&eacute;e &agrave; Saumur en 1919, r&eacute;sistante &agrave; Angers et d&eacute;port&eacute;e &agrave; Ravensbr&uuml;ck sous le <span style="letter-spacing:-.1pt">matricule 27240. Pendant sa convalescence &agrave; Ch&acirc;teau-d&rsquo;Oex, elle rencontrera son futur mari, Andr&eacute; Rouget, </span>et vivra d&eacute;sormais &agrave; Gen&egrave;ve. Longtemps elle s&rsquo;est tue sur sa d&eacute;portation jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;une enseignante lausannoise, Mariette Paschoud (par ailleurs juge suppl&eacute;ante au sein de la justice militaire helv&eacute;tique&nbsp;!), nie publiquement, au c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;Henri Roques, l&rsquo;existence des chambres &agrave; gaz. No&euml;lla lui adresse alors une admirable lettre ouverte par le biais de la <i>Gazette de Lausanne</i> du 20 ao&ucirc;t 1986, qui se termine pas ces mots&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai le p&eacute;nible sentiment que par vos n&eacute;gations, mes infortun&eacute;es camarades sont assassin&eacute;es une seconde fois.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a> No&euml;lla Rouget-Peaudeau n&rsquo;a eu, d&egrave;s lors, de cesse de t&eacute;moigner dans les &eacute;coles et les paroisses genevoises.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mais le long silence de beaucoup de femmes sur leurs parcours de r&eacute;sistantes et de d&eacute;port&eacute;es tient aussi &agrave; autre chose qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;inaudible et qu&rsquo;aux souvenirs p&eacute;nibles qui les hantent. Nombre de celles que nous avons rencontr&eacute;es ne souhaitaient pas rendre publics leurs t&eacute;moignages, m&ecirc;me si elles avaient parfois &eacute;crit leurs souvenirs &agrave; l&rsquo;intention de leurs proches. Il nous a fallu user d&rsquo;un peu de persuasion et gagner leur confiance, pour qu&rsquo;elles nous <i>confient</i>, pr&eacute;cis&eacute;ment, leur histoire et acceptent donc de la faire conna&icirc;tre&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je n&rsquo;ai rien fait d&rsquo;h&eacute;ro&iuml;que, vous savez&nbsp;&raquo;&nbsp;: cette modestie des femmes tient au fait qu&rsquo;elles n&rsquo;ont, &agrave; quelques exceptions pr&egrave;s, pas pris les armes, mais accompli toutes ces <i>petites t&acirc;ches subalternes</i> (intendance, courrier, dactylo&hellip;) <i>typiquement f&eacute;minines</i>, dont il ne vaut gu&egrave;re la peine de parler. Ainsi, beaucoup de r&eacute;sistantes ont &eacute;t&eacute; &ndash; et sont rest&eacute;es &ndash; des &laquo;&nbsp;anonymes dans l&rsquo;arm&eacute;e des ombres&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;a bien dit le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique, Fran&ccedil;ois Hollande, dans son discours du 21 f&eacute;vrier 2014, au Mont-Val&eacute;rien, dans lequel il a annonc&eacute; la prochaine entr&eacute;e de Germaine Tillion et de Genevi&egrave;ve de Gaulle-Anthonioz au Panth&eacute;on.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On commence &agrave; peine &agrave; prendre conscience du r&ocirc;le des femmes dans la R&eacute;sistance et &agrave; leur rendre hommage. On le sait, mais il faut le redire, seules six femmes ont &eacute;t&eacute; faites compagnons de la Lib&eacute;ration, sur un total de mille trente-six. &Agrave; leur retour des camps, certaines femmes, comme Neus Catal&agrave;, se sont entendu dire qu&rsquo;il ne leur serait rien arriv&eacute; si elles &eacute;taient rest&eacute;es &agrave; leur place&hellip; dans leur cuisine&nbsp;!</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le traumatisme en h&eacute;ritage</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Nous voudrions encore traiter ici bri&egrave;vement d&rsquo;un autre aspect apparu au cours de notre recherche. Nous avons &eacute;t&eacute; amen&eacute;s &agrave; rencontrer plusieurs enfants de d&eacute;port&eacute;es et avons compris, peu &agrave; peu, que ces enfants portaient, souvent douloureusement, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">l&rsquo;h&eacute;ritage traumatique des &eacute;preuves de leurs m&egrave;res. Certains de ces enfants ont eu droit, tr&egrave;s t&ocirc;t, aux souvenirs difficiles, d&rsquo;autres, qu&rsquo;on voulait pr&eacute;server, &agrave; des anecdotes plus ou moins dr&ocirc;les, &agrave; d&rsquo;autres, enfin, on n&rsquo;a rien dit. Mais forc&eacute;ment, les enfants savaient, entendaient des bribes de cauchemars</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">nocturnes ou de conversations <i>d&rsquo;adultes</i> et l&rsquo;imagination, surtout quand on ne leur disait rien, fonctionnait</span><span style="letter-spacing:-.05pt"> &agrave; fond. Et il y avait ces injonctions paternelles&nbsp;: &laquo;&nbsp;ne fais pas de peine &agrave; ta maman, elle a assez souffert comme &ccedil;a&nbsp;&raquo;, ou celles de <i>finir son assiette</i>, que tout le monde a plus ou moins connues, sauf que l&agrave;, en arri&egrave;re-fond, pesaient la faim lancinante &ndash;&nbsp;et organis&eacute;e&nbsp;!&nbsp;&ndash; des camps, les 32&nbsp;kilos des m&egrave;res quand elles &eacute;taient rentr&eacute;es&hellip; Par ailleurs, lorsque la d&eacute;portation r&eacute;sulte d&rsquo;une trahison, la question du pardon se pose certainement avec plus d&rsquo;acuit&eacute; pour les descendants. Malgr&eacute; la fiert&eacute; que tous ressentent, &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, face aux h&eacute;ro&iuml;ques histoires maternelles, d&rsquo;aucuns de ces enfants auraient (peut-&ecirc;tre&nbsp;?) pr&eacute;f&eacute;r&eacute; avoir une m&egrave;re <i>sans histoire</i>.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Conclusion</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les s&eacute;jours des d&eacute;port&eacute;es en Suisse ont permis &agrave; celles-ci de recouvrer une meilleure sant&eacute; physique et peut-&ecirc;tre psychique. Elles ont pu retouver une nature apaisante et non plus hostile, elles dansent en plein air, elles jouent dans la neige, cette neige nagu&egrave;re ennemie des appels interminables. Elles se resociabilisent, entre elles d&rsquo;abord, et avec les personnes qui leur rendent visite ou les convient chez elles.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">De son c&ocirc;t&eacute;, la population de ce pays &eacute;pargn&eacute; a pu prendre une (certaine) mesure de la trag&eacute;die que ces femmes avaient v&eacute;cue, par le biais de la presse, des conf&eacute;rences qu&rsquo;elles donnaient ou en les recevant </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">parfois dans les foyers. Ainsi, une des s&oelig;urs de la communaut&eacute; de Grandchamp<span style="letter-spacing:.1pt"> r&eacute;sumera-t-elle sans doute assez bien les sentiments des gens, en disant&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne raconterai pas tout ce qu&rsquo;elles ont v&eacute;cu, cela remplirait un livre. Tr&egrave;s vite elles ont &eacute;t&eacute; entour&eacute;es de beaucoup de marques d&rsquo;affection. Puis elles ont commenc&eacute; &agrave; faire des conf&eacute;rences &agrave; Neuch&acirc;tel racontant leur captivit&eacute; d&rsquo;une mani&egrave;re si saisissante que tout l&rsquo;auditoire &eacute;tait &eacute;mu, et c&rsquo;&eacute;tait tout du v&eacute;cu, pas des racontars, toutes de la R&eacute;sistance, des femmes de grande valeur&hellip;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Quant aux autorit&eacute;s f&eacute;d&eacute;rales qui avaient autoris&eacute; l&rsquo;entr&eacute;e en Suisse des d&eacute;port&eacute;es, si elles ne disent pas vouloir s&rsquo;en <i>d&eacute;barrasser</i></span></span></span>&thinsp;<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">[29]</span></span></span></sup></b></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt"> aussi rapidement que possible, elles ne sont certainement pas m&eacute;contentes de les voir rentrer en France. Le gouvernement suisse n&rsquo;avait sans doute que mod&eacute;r&eacute;ment appr&eacute;ci&eacute; la lettre que lui adresse une quinzaine d&rsquo;entre celles qui sont encore &agrave; Montana, en date du 21 f&eacute;vrier 1947, au sujet de l&rsquo;affaire Carmen Mory, une Suissesse<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a> qui avait &eacute;t&eacute; cheffe du block&nbsp;10 de Ravensbr&uuml;ck, o&ugrave; sa cruaut&eacute; l&rsquo;avait fait surnomm&eacute;e <i>l&rsquo;ange noir&nbsp;</i>; sa condamnation &agrave; mort au proc&egrave;s de Hambourg avait suscit&eacute; une certaine sollicitude diplomatique du Conseil f&eacute;d&eacute;ral. En tous cas le Don suisse, qui avait par ailleurs tard&eacute; jusqu&rsquo;en mars 1946 pour verser sa premi&egrave;re contribution en faveur des d&eacute;port&eacute;es, leur fait signifier que, tant qu&rsquo;elles sont en Suisse, elles n&rsquo;ont qu&rsquo;&agrave; se taire sur cette affaire&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Comme ce fut le cas pendant la guerre elle-m&ecirc;me, l&rsquo;honneur de la Suisse a dans une large mesure mieux &eacute;t&eacute; pr&eacute;serv&eacute; par sa population que par ses autorit&eacute;s.</span></span></span></span></p> <p><img height="291" src="https://www.numerev.com/img/ck_419_14_7_Capture d’écran 2020-12-15 à 11.34.161.png" width="394" /></p> <p><img height="574" src="https://www.numerev.com/img/ck_419_14_7_Capture d’écran 2020-12-15 à 11.34.501.png" width="426" /></p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Ce c&eacute;l&egrave;bre convoi, de pr&egrave;s de 1&nbsp;000 femmes qui recevront les matricules 27000 &agrave; leur arriv&eacute;e &agrave; Ravensbr&uuml;ck dans la nuit du 2 au 3&nbsp;f&eacute;vrier 1944, avait quitt&eacute; Compi&egrave;gne le 31&nbsp;janvier. C&rsquo;est le plus important convoi de femmes dirig&eacute; sur Ravensbr&uuml;ck. Genevi&egrave;ve de Gaulle en fait partie. Voir&nbsp;Pierre-Emmanuel Dufayel, <i>Un convoi de femmes&nbsp;: 1944-1945</i>, Paris, Vend&eacute;miaire, 2012.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> N&deg;&nbsp;59, janvier&nbsp;1946, p.&nbsp;39.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir &Eacute;ric Monnier, Brigitte Exchaquet-Monnier,<i> Retour &agrave; la vie&nbsp;: l&rsquo;accueil en Suisse romande d&rsquo;anciennes d&eacute;port&eacute;es fran&ccedil;aises de la R&eacute;sistance, 1945-1947</i>, Neuch&acirc;tel, Alphil, 2013, 411&nbsp;p. [Diffusion CID-FMSH Diffusion. T&eacute;l. 01 53 48 56 30 ou cid@msh-paris.fr].</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Hameau des bords du lac de Neuch&acirc;tel o&ugrave; sont install&eacute;es des s&oelig;urs d&rsquo;une communaut&eacute; protestante. Dans tous les autres lieux des maisons particuli&egrave;res sont pr&ecirc;t&eacute;es ou lou&eacute;es au Comit&eacute; d&rsquo;aide.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le Don suisse pour les victimes de la guerre est un organisme semi-officiel, cr&eacute;&eacute; le 25&nbsp;f&eacute;vrier 1944 &agrave; l&rsquo;initiative du Conseil f&eacute;d&eacute;ral. Il disposera jusqu&rsquo;en juin&nbsp;1948 d&rsquo;un budget de plus de 200&nbsp;millions de francs suisses (dont un quart environ provenant de collectes aupr&egrave;s de la population) et participera &agrave; ce que l&rsquo;historien Jean-Claude Favez qualifiera de &laquo;&nbsp;rattrapage humanitaire de la Suisse&nbsp;&raquo;. Le Don suisse financera &agrave; hauteur de 168&nbsp;000&nbsp;frs l&rsquo;action du Comit&eacute; d&rsquo;aide en Suisse (de l&rsquo;ADIR), lequel r&eacute;unira une somme identique par ses propres actions.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">En particulier dans deux num&eacute;ros d&rsquo;<i>Annabelle</i> (le m&ecirc;me p&eacute;riodique dans lequel Anne Fernier a &eacute;crit le texte cit&eacute; ci-avant), soit &laquo;&nbsp;Lily&nbsp;&raquo;, n&deg;&nbsp;63, mai 1946 puis &laquo;&nbsp;L&rsquo;ours en peluche&nbsp;&raquo;, n&deg; 70, d&eacute;cembre 1946, pp. 67, 94.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Sa trilogie, <i>Aucun de nous ne reviendra</i>, <i>Une connaissance inutile</i>, <i>Mesure de nos jours</i>, publi&eacute;e aux &eacute;ditions de Minuit, est une &oelig;uvre admirable et indispensable. Pourtant, et malgr&eacute; de nombreuses manifestations autour de son centenaire en 2013, Charlotte Delbo reste peu connue du grand public&nbsp;: aussi est-elle absente du <i>Petit Larousse</i> (2015), comme Genevi&egrave;ve de Gaulle du reste.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Une vie</i>, Paris, Stock, 2007, p. 113.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Coproduction Cin&eacute;t&eacute;v&eacute;, INA, 2009. Diffus&eacute; sur France 2 en avril&nbsp;2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Il s&rsquo;agit donc de Denise Vernay-Jacob, d&eacute;port&eacute;e &agrave; Ravensbr&uuml;ck.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Simone Veil&nbsp;: destin</i>, Paris, Flammarion, 1994.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ma vie balagan</i>, Paris<i>,</i> R.&nbsp;Laffont, 2008, p.&nbsp;141.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> R. Laffont, 2002, puis Pocket, 2003.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Rappelons les chiffres&nbsp;: en France, sur les quelque 76&nbsp;000 d&eacute;port&eacute;s <i>raciaux</i>, 2&nbsp;500 (3&nbsp;%) seulement sont rentr&eacute;s. Des 86&nbsp;000 (dont 8&nbsp;800 femmes) d&eacute;port&eacute;s <i>par mesure de r&eacute;pression</i>, 49&nbsp;000 reviennent (55&nbsp;% des hommes et 75&nbsp;% des femmes&nbsp;; sur cette derni&egrave;re diff&eacute;rence, voir Anise Postel-Vinay, &laquo;&nbsp;Camps d&#39;hommes, camps de femmes&nbsp;: premi&egrave;res approches, &eacute;tude d&#39;une ancienne d&eacute;port&eacute;e de Ravensbr&uuml;ck&nbsp;&raquo;, in <i>Histoire@Politique, Politique, culture, soci&eacute;t&eacute;</i>, n&deg;&nbsp;5, mai-ao&ucirc;t 2008).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Marie-Anne Matard-Bonucci, &Eacute;douard Lynch (dir.), <i>La Lib&eacute;ration des camps et le retour des d&eacute;port&eacute;s</i>, Bruxelles<i>, </i>Complexe, 1995, p.&nbsp;126. L&rsquo;auteur ajoute qu&rsquo;apr&egrave;s les mois d&rsquo;avril et de mai&nbsp;1945 l&rsquo;opinion et la presse se d&eacute;sint&eacute;ressent des d&eacute;port&eacute;s, au moins jusqu&rsquo;aux premiers proc&egrave;s.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ma vie balagan</i>, p.&nbsp;141.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Voir, en particulier, Florine Quartier-La-Tente, &laquo;&nbsp;La lib&eacute;ration des camps de concentration et le transit des d&eacute;port&eacute;s par la Suisse, vus par les m&eacute;dias romands au cours des premiers mois de 1945&nbsp;&raquo;, m&eacute;moire pr&eacute;sent&eacute; </span><span style="letter-spacing:-.05pt">&agrave; la section d&rsquo;histoire contemporaine de la facult&eacute; des lettres,<i> </i>Lausanne, Universit&eacute; de Lausanne, 2009.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Il s&rsquo;agit respectivement de Fran&ccedil;ois Girard (n&eacute; en 1924), membre de <i>D&eacute;fense de la France</i>, d&eacute;port&eacute; de </span>Compi&egrave;gne le 17 ao&ucirc;t 1944&nbsp;; d&rsquo;Anise Girard, n&eacute;e en 1922, d&eacute;port&eacute;e le 21 octobre 1943, grande figure de <span style="letter-spacing:-.2pt">la d&eacute;portation, plus connue sous son nom de femme mari&eacute;e, Postel-Vinay, et de Claire Girard (1921-1944). Louis, leur p&egrave;re, n&eacute; en 1881 au B&eacute;lieu, dans le Doubs, &agrave; deux pas de la fronti&egrave;re suisse, est d&eacute;c&eacute;d&eacute; en 1947.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Quotidien (&agrave; l&rsquo;&eacute;poque) du Parti suisse du travail (appel&eacute; Parti ouvrier et populaire dans certaines sections cantonales), parti n&eacute; des cendres du Parti communiste suisse, interdit pendant la guerre.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Il s&rsquo;agit en fait d&rsquo;Elisabeth George (1916-2003). L&rsquo;initiale &laquo;&nbsp;B.&nbsp;&raquo; de cet article est soit une coquille, soit celle de l&rsquo;&eacute;ventuel surnom de Babette. Nous ne savons pas si elle fait partie des d&eacute;port&eacute;es en convalescence en Suisse.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Nos 9-10, septembre-octobre 1945.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> N&deg;&nbsp;59, janvier 1946.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Extrait d&rsquo;un article paru sous le titre &laquo;&nbsp;Sous le ciel helv&eacute;tique, des d&eacute;port&eacute;es recouvrent la sant&eacute;&nbsp;&raquo;, dont nous n&rsquo;avons qu&rsquo;une photocopie. Malgr&eacute; d&rsquo;intenses recherches nous n&rsquo;avons pu identifier ni le titre, ni le num&eacute;ro, ni la date de parution pr&eacute;cise de ce p&eacute;riodique, que nous pouvons cependant dater de septembre 1945 par son contenu.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Tri-hebdomadaire valaisan, paraissant &agrave; Martigny. On signalera qu&rsquo;en &eacute;t&eacute; 1942 <i>Le Conf&eacute;d&eacute;r&eacute;</i> d&eacute;nonce le sort fait aux Juifs, en particulier en France, citant la &laquo;&nbsp;razzia&nbsp;&raquo; de milliers de Juifs &agrave; Paris, parqu&eacute;s au &laquo;&nbsp;V&eacute;lodrome d&rsquo;hiver&nbsp;&raquo;, puis &laquo;&nbsp;d&eacute;port&eacute;s&nbsp;&raquo;. Le journal souligne aussi qu&rsquo;en &laquo;&nbsp;France libre une dizaine de milliers de Juifs intern&eacute;s dans des camps de concentration du Midi, ont &eacute;t&eacute; exp&eacute;di&eacute;s en Allemagne&nbsp;&raquo;. Et de poursuivre&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ainsi s&rsquo;explique-t-on d&rsquo;autant mieux maintenant cet afflux de r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; la fronti&egrave;re suisse&nbsp;&raquo; avant d&rsquo;en appeler aux autorit&eacute;s (suisses) de suivre les &laquo;&nbsp;traditions d&rsquo;hospitalit&eacute; qui furent de tous temps l&rsquo;honneur de la Suisse&nbsp;&raquo;, num&eacute;ro dat&eacute; du 11&nbsp;septembre 1942, sous le titre&nbsp;&laquo; Le triste sort des Juifs &raquo;.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Nous citons ici assez longuement cet article, d&eacute;couvert apr&egrave;s la publication de notre livre et donc in&eacute;dit par rapport &agrave; celui-ci.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Un long chapitre lui est consacr&eacute; dans notre ouvrage <i>Retour &agrave; la vie</i>&hellip; pour lequel elle nous a offert une &eacute;mouvante postface.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">L&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; de ce texte est consultable en ligne, dans les archives de la <i>Gazette de Lausanne</i>, sur le site du quotidien suisse <i>Le Temps&nbsp;</i>: http://www.letempsarchives.ch/. En recherche simple, il suffit d&rsquo;inscrire les mots &laquo;&nbsp;no&euml;lla rouget&nbsp;&raquo; avec les guillemets pour retrouver ce texte. Il a &eacute;galement &eacute;t&eacute; publi&eacute; dans <i>Voix et Visages</i> (n&deg;&nbsp;201, juillet-octobre 1986), qui consacre toute la page&nbsp;4 &agrave; &laquo;&nbsp;L&rsquo;affaire Paschoud&nbsp;&raquo;, reproduisant aussi une r&eacute;action de Manou Kellerer-Bernit, qui &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;M&ecirc;me absurdes, des agressions morales pareilles font tr&egrave;s mal&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Voir&nbsp;Marguerite de Beaumont, <i>Du grain &agrave; l&rsquo;&eacute;pi&nbsp;: recueil de souvenirs</i>, Le-Mont-sur-Lausanne, Ouverture, 1995.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Pour reprendre la d&eacute;licate formule du d&eacute;l&eacute;gu&eacute; du Conseil f&eacute;d&eacute;ral pour les &oelig;uvres d&rsquo;entraide internationale Edouard de Haller &agrave; propos de r&eacute;fugi&eacute;s et en particulier d&rsquo;enfants accueillis en Suisse au printemps 1945.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> N&eacute;e &agrave; Berne en 1906, sa vie est un v&eacute;ritable roman&hellip; noir. Elle se suicidera le 9 avril 1947, mettant ainsi fin &agrave; l&rsquo;action de la justice.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>