<p style="text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; Que la m&eacute;moire ne soit pas une donn&eacute;e stabilis&eacute;e, qu&rsquo;elle ne corresponde en aucun cas &agrave; un savoir qui puisse &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme &eacute;tabli une fois pour toutes, c&rsquo;est une &eacute;vidence pour toute personne qui s&rsquo;en occupe de diff&eacute;rents points de vue, mais cela ne va pas de soi pour la plupart des gens. Les r&eacute;thoriques publiques qui ont constitu&eacute; une sorte d&rsquo;obligation de se rem&eacute;morer, consid&eacute;r&eacute;e &agrave; tort comme le meilleur moyen d&rsquo;emp&ecirc;cher que se reproduisent les trag&eacute;dies du pass&eacute;, paraissent condamn&eacute;es, tout compte fait, &agrave; r&eacute;v&eacute;ler irr&eacute;m&eacute;diablement leur dangereuse inconsistance. C&rsquo;est d&rsquo;autant plus vrai quand elles pr&eacute;sentent l&rsquo;aspect d&rsquo;une p&eacute;dagogie collective p&eacute;dante, dot&eacute;e d&rsquo;une connotation prescriptive, parfois empathique, &eacute;dulcor&eacute;e et ritualis&eacute;e, mais surtout &eacute;trang&egrave;re &agrave; la dynamique de son temps. De ce point de vue, cette attitude risque de se r&eacute;v&eacute;ler comme un chapitre suppl&eacute;mentaire de la tendance g&eacute;n&eacute;rale &agrave; la perte de l&rsquo;intelligibilit&eacute; du pass&eacute; alors m&ecirc;me qu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; con&ccedil;ue en fonction d&rsquo;objectifs tout &agrave; fait oppos&eacute;s. [&hellip;]</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Survivants et Oubli&eacute;s</span></span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[&hellip;] Il y a lieu de penser que, tout compte fait, pour beaucoup, une forme de d&eacute;pendance, et donc de subordination, est n&eacute;cessaire pour donner un horizon &agrave; sa propre existence. Apr&egrave;s quoi, d&egrave;s lors qu&rsquo;il existe une m&eacute;moire morte, il en surgit d&rsquo;autres qui, elles, ont toute la force de l&rsquo;existence, &eacute;tant issues de r&eacute;cits de vie. &Agrave; bien consid&eacute;rer la m&eacute;moire de la d&eacute;portation, qui est une &eacute;criture collective de la r&eacute;sistance aux m&eacute;canismes de destruction institutionnelle des corps et des pens&eacute;es, elle a d&rsquo;embl&eacute;e &eacute;t&eacute; caract&eacute;ris&eacute;e par son antagonisme &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la mus&eacute;alisation et du processus d&rsquo;anesth&eacute;sie op&eacute;r&eacute; par les rh&eacute;toriques des nationalismes, et aujourd&rsquo;hui des localismes. C&rsquo;est sans doute pour cela qu&rsquo;elle a eu une trajectoire si difficile, qu&rsquo;elle est quasiment pass&eacute;e par des catacombes, qu&rsquo;elle a en tout cas &eacute;t&eacute; r&eacute;guli&egrave;rement mise en difficult&eacute;.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Cet extrait d&rsquo;un texte de l&rsquo;historien Claudio Vercelli<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a> provient d&rsquo;une recension d&rsquo;un r&eacute;cent ouvrage de Bruno Maida, <i>Il mestiere della memoria. Storia dell&rsquo;Associazione nazionale ex deportati politici, 1945-2010</i></span></span></span>&thinsp;<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> Il a &eacute;t&eacute; notamment publi&eacute; sur le site de la Fondation Fossoli ex-Campo</span></span></span><a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> pour annoncer la premi&egrave;re s&eacute;ance d&rsquo;un cycle de formation d&rsquo;enseignants se pr&eacute;parant &agrave; un voyage de m&eacute;moire &agrave; Auschwitz en 2015 avec des &eacute;l&egrave;ves</span></span></span><a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">, premi&egrave;re s&eacute;ance d&eacute;di&eacute;e justement &agrave; une pr&eacute;sentation-discussion du livre de Bruno Maida</span></span></span><a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans cet exemple, le voyage de m&eacute;moire est pr&eacute;vu sur plusieurs jours et implique une formation pr&eacute;alable obligatoire des enseignants qui l&rsquo;encadreront. Et c&rsquo;est bien une r&eacute;flexion critique sur les m&eacute;canismes de la m&eacute;moire et les limites des pratiques prescriptives en la mati&egrave;re qui leur est propos&eacute;e. C&rsquo;est aussi, en quelque sorte, une mise &agrave; distance du concept r&eacute;ducteur de &laquo;&nbsp;devoir de m&eacute;moire&nbsp;&raquo;<sup><span style="letter-spacing:-.2pt"> <a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><span style="color:black">[6]</span></a></span></sup> qui est ainsi op&eacute;r&eacute;e &agrave; juste titre.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Depuis 2004, la date du 27 janvier, en souvenir de l&rsquo;arriv&eacute;e de l&rsquo;arm&eacute;e Rouge dans les camps d&rsquo;Auschwitz le 27 janvier 1945, a &eacute;t&eacute; progressivement institu&eacute;e en Journ&eacute;e de la m&eacute;moire des g&eacute;nocides et de la pr&eacute;vention des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute; dans plusieurs pays comme la France, l&rsquo;Allemagne, l&rsquo;Italie ou la Suisse, alors que d&rsquo;autres pays ont opt&eacute; pour d&rsquo;autres dates. Comme toute comm&eacute;moration, la Journ&eacute;e de la m&eacute;moire est une bonne occasion pour faire de l&rsquo;histoire dans la classe ou dans l&rsquo;espace public. Toutefois, son existence officielle suscite deux types de questionnements, le premier sur les liens souhaitables ou non entre comm&eacute;moration et institution scolaire, le second autour de la focalisation discutable sur une date de &laquo;&nbsp;lib&eacute;ration&nbsp;&raquo; qui, en r&eacute;alit&eacute;, ne marqua pas la fin de toutes les souffrances, comme le montre le dossier propos&eacute; dans ce volume.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Sur le premier aspect, il est int&eacute;ressant de se r&eacute;f&eacute;rer au site officiel de l&rsquo;&eacute;ducation nationale fran&ccedil;aise pour voir dans quels termes &laquo;&nbsp;la communaut&eacute; &eacute;ducative [est invit&eacute;e] &agrave; engager une r&eacute;flexion avec les &eacute;l&egrave;ves sur l&rsquo;Holocauste et les g&eacute;nocides reconnus, en liaison avec les programmes scolaires<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;<strong>Une journ&eacute;e europ&eacute;enne pour se souvenir</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les ministres europ&eacute;ens de l&rsquo;&eacute;ducation ont adopt&eacute;, le 18 octobre 2002, la d&eacute;claration qui institue une journ&eacute;e de m&eacute;moire de l&rsquo;Holocauste et de pr&eacute;vention des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;. La date a &eacute;t&eacute; laiss&eacute;e libre de choix &agrave; chaque pays. La France et l&rsquo;Allemagne ont choisi le 27 janvier. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une <strong>date symbolique car&nbsp;elle correspond &agrave; l&rsquo;anniversaire de&nbsp;la lib&eacute;ration&nbsp;du camp d&rsquo;Auschwitz-Birkenau.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><strong>Le travail de m&eacute;moire et de comm&eacute;moration doit passer par les enfants et les adolescents.</strong> Cette journ&eacute;e de souvenir est l&rsquo;occasion d&rsquo;engager une r&eacute;flexion sur la Shoah et les g&eacute;nocides et de rappeler les valeurs humanistes qui fondent la d&eacute;mocratie.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><strong><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Une journ&eacute;e de comm&eacute;moration &agrave; l&rsquo;&eacute;cole</span></span></span></span></span></strong></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">La communaut&eacute; &eacute;ducative est invit&eacute;e &agrave; s&rsquo;associer &agrave; cette comm&eacute;moration. Lors de cette journ&eacute;e, la r&eacute;flexion permet d&rsquo;aborder les valeurs fondatrices de l&rsquo;humanisme</span></span></span><span style="font-family:MS-Gothic"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">ハ</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">: la dignit&eacute; de la personne ou le respect de la vie d&rsquo;autrui. Le r&ocirc;le crucial de tous ceux qui ont contribu&eacute; &agrave; prot&eacute;ger, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">et parfois sauver, les pers&eacute;cut&eacute;s est valoris&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Dans les &eacute;tablissements, <strong>des manifestations ou activit&eacute;s sp&eacute;cifiques sont organis&eacute;es&nbsp;: </strong>ateliers p&eacute;dagogiques, rencontres avec des t&eacute;moins, d&eacute;bats autour d&rsquo;un film, expositions, repr&eacute;sentations artistiques, visites d&rsquo;un mus&eacute;e ou d&rsquo;un lieu de m&eacute;moire, etc.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><strong>Un travail interdisciplinaire</strong> (histoire, lettres, enseignement artistique, philosophie, &eacute;ducation civique, etc.) <strong>peut &ecirc;tre effectu&eacute;.</strong></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les personnels p&eacute;dagogiques ont acc&egrave;s &agrave; <strong>diff&eacute;rentes ressources p&eacute;dagogiques </strong>pour les accompagner dans leur d&eacute;marche de sensibilisation des &eacute;l&egrave;ves.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Dans ces lignes, il appara&icirc;t que le travail de m&eacute;moire et la comm&eacute;moration sont confondus au service des &laquo;&nbsp;valeurs humanistes qui fondent la d&eacute;mocratie&nbsp;&raquo;. En se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; la fois &agrave; la Shoah et aux g&eacute;nocides, la formule op&egrave;re un premier brouillage&nbsp;: celui de dissocier la Shoah des autres g&eacute;nocides qui, de la sorte, se trouvent priv&eacute;s de qualification&nbsp;; un constat qui semble traduire un refus de p&eacute;n&eacute;trer le terrain parfois sensible de la caract&eacute;risation des g&eacute;nocides, mais qui, ce faisant, op&egrave;re une minorisation des g&eacute;nocides reconnus comme tels (des Arm&eacute;niens ou des tutsis). Les contenus prescrits pour cette journ&eacute;e sont pour leur part assez pr&eacute;cis&eacute;ment d&eacute;finis&nbsp;: &laquo;&nbsp;valeurs fondatrices de l&rsquo;humanisme&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;respect de la vie&nbsp;&raquo;, mais aussi le &laquo;&nbsp;r&ocirc;le crucial&nbsp;&raquo; de ceux qui ont &laquo;&nbsp;contribu&eacute; &agrave; prot&eacute;ger, et parfois sauver, les pers&eacute;cut&eacute;s&nbsp;&raquo;. Ici, la figure des Justes s&rsquo;impose d&rsquo;embl&eacute;e</span></span></span><a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">, mais il est &agrave; esp&eacute;rer que celle de la R&eacute;sistance puisse aussi y &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;e. Enfin, diverses activit&eacute;s sont &eacute;voqu&eacute;es qui ont en commun leur caract&egrave;re ponctuel, inscrit dans les limites d&rsquo;une &laquo;&nbsp;journ&eacute;e&nbsp;&raquo;, sans qu&rsquo;un prolongement ou des activit&eacute;s d&rsquo;apprentissage de plus longue dur&eacute;e ne soient ni sugg&eacute;r&eacute;s ni &eacute;voqu&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">En Suisse romande, un site</span></span></span><a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> propose &agrave; tous les enseignants un guide p&eacute;dagogique et cite des moyens d&rsquo;enseignement qui sont majoritairement centr&eacute;s sur l&rsquo;histoire de la destruction des juifs d&rsquo;Europe vue depuis la Suisse. Le guide mentionne le fait que l&rsquo;Organisation des Nations unies a adopt&eacute; de son c&ocirc;t&eacute; en 2005 le principe d&rsquo;une journ&eacute;e de la m&eacute;moire de l&rsquo;Holocauste</span></span></span><a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> et il indique que la Journ&eacute;e de la m&eacute;moire porte sur des contenus qui peuvent &ecirc;tre diff&eacute;rents d&rsquo;un pays &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;S&rsquo;agissant du contenu d&rsquo;une telle Journ&eacute;e, il varie selon les pays. Dans certains &Eacute;tats, l&rsquo;accent est mis sur l&rsquo;accueil des r&eacute;fugi&eacute;s et les efforts de la population pour prot&eacute;ger les Juifs de l&rsquo;extermination (Andorre, Bulgarie, Finlande, Gr&egrave;ce, Turquie). Dans d&rsquo;autres, la Journ&eacute;e est aussi un moment de r&eacute;flexion plus g&eacute;n&eacute;rale sur la tol&eacute;rance, les droits de l&rsquo;homme et la lutte contre le racisme (Belgique, France). En Allemagne, l&rsquo;enseignement de l&rsquo;Holocauste constitue une mati&egrave;re obligatoire qui d&eacute;passe largement le cadre d&rsquo;une seule journ&eacute;e. De son c&ocirc;t&eacute;, le Conseil de l&rsquo;Europe a intitul&eacute; le programme &agrave; ce sujet&nbsp;: &ldquo;Enseigner la m&eacute;moire. &Eacute;ducation &agrave; la pr&eacute;vention des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;&rdquo;.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le site suisse romand &laquo;&nbsp;Educa&nbsp;&raquo; contient &eacute;galement un lien avec celui de l&rsquo;organisation internationale qui a &eacute;t&eacute; instaur&eacute;e pour promouvoir l&rsquo;enseignement de la destruction des juifs d&rsquo;Europe, des autres g&eacute;nocides et de la pr&eacute;vention des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[11]</span></span></sup></a>, l&rsquo;<i>International Holocaust Remembrance Alliance </i>(IHRA). Ce site de l&rsquo;IHRA propose ainsi de son c&ocirc;t&eacute; des conseils p&eacute;dagogiques qui portent respectivement sur <i>Pourquoi enseigner la Shoah&nbsp;?</i><sup><span style="letter-spacing:-.2pt"> <a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><span style="color:black">[12]</span></a></span></sup>, <i>Qu&rsquo;enseigner sur la Shoah&nbsp;?</i><sup><span style="letter-spacing:-.2pt"> <a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><span style="color:black">[13]</span></a></span></sup> et <i>Comment enseigner la Shoah &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;?</i><sup><span style="letter-spacing:-.2pt"> <a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><span style="color:black">[14]</span></a></span></sup> Il ne nous est pas possible ici de commenter de mani&egrave;re critique l&rsquo;ensemble de ces directives et propositions. Elles posent toutefois centralement la question du statut et de la nature des apprentissages effectifs qui sont associ&eacute;s &agrave; cette Journ&eacute;e de la m&eacute;moire. Ainsi, le terme m&ecirc;me d&rsquo;<i>Holocaust Education</i>, d&rsquo;&Eacute;ducation &agrave; l&rsquo;Holocauste, ne manque pas d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; et pourrait sugg&eacute;rer des pratiques davantage port&eacute;es aux &laquo;&nbsp;le&ccedil;ons&nbsp;&raquo; morales du pass&eacute; qu&rsquo;&agrave; un v&eacute;ritable travail historien.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Un autre probl&egrave;me concerne le sens de la date du 27 janvier qui ne marque pas seulement la d&eacute;couverte des camps d&rsquo;Auschwitz par l&rsquo;arm&eacute;e Rouge, et par cons&eacute;quent leur lib&eacute;ration, mais aussi, pour les victimes, le d&eacute;but d&rsquo;un long processus de retour des camps dont il n&rsquo;est &eacute;tonnamment gu&egrave;re question dans les directives susmentionn&eacute;es. En effet, le symbole du 27&nbsp;janvier est repr&eacute;sent&eacute; dans ces textes, sans doute &agrave; tort, comme &eacute;voquant la destruction des juifs d&rsquo;Europe tout enti&egrave;re&nbsp;; il n&rsquo;est ni contextualis&eacute;, ni situ&eacute; dans le processus global de la criminalit&eacute; de masse du national-socialisme. Il d&eacute;signe l&rsquo;ensemble et l&rsquo;issue de cette criminalit&eacute; de masse, non sans une approche t&eacute;l&eacute;ologique o&ugrave; la catastrophe finale prend le pas sur tous les processus qui l&rsquo;ont rendue possible et forg&eacute;e. Ainsi, au-del&agrave; de ce rep&egrave;re du 27 janvier, il y a lieu d&rsquo;inciter au travail d&rsquo;histoire, d&rsquo;entendre les paroles des survivants, ce qu&rsquo;ils ont v&eacute;cu en amont, mais aussi apr&egrave;s les camps, de retour dans leur pays<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. Il est par cons&eacute;quent tr&egrave;s important que cette r&eacute;f&eacute;rence au 27&nbsp;janvier soit le point de d&eacute;part d&rsquo;un travail d&rsquo;histoire et de m&eacute;moire qui la connecte &agrave; l&rsquo;histoire des soci&eacute;t&eacute;s europ&eacute;ennes dans lesquelles elle appara&icirc;t, ainsi qu&rsquo;aux m&eacute;canismes de la criminalit&eacute; de masse &agrave; laquelle elle correspond.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Enfin, l&rsquo;exp&eacute;rience sp&eacute;cifique des journ&eacute;es de la m&eacute;moire organis&eacute;es dans le canton de Gen&egrave;ve nous inspire encore une derni&egrave;re interrogation, celle de l&rsquo;inscription du travail d&rsquo;histoire et de m&eacute;moire dans la dur&eacute;e, et dans le r&eacute;gulier renouvellement chaque ann&eacute;e d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves qui vivent tous dans le m&ecirc;me monde et qui ont tous droit &agrave; la m&ecirc;me information et &agrave; la m&ecirc;me sensibilisation. <i>&Agrave; Gen&egrave;ve, cette journ&eacute;e a bien &eacute;t&eacute; mise sur pied d&egrave;s janvier 2004 par l&rsquo;autorit&eacute; scolaire, en association avec un lieu culturel de la ville, le Th&eacute;&acirc;tre Saint-Gervais. Elle a propos&eacute; des activit&eacute;s pour les classes du secondaire, des &eacute;v&eacute;nements culturels et une soir&eacute;e grand public, souvent autour d&rsquo;un film et d&rsquo;une rencontre avec des t&eacute;moins ou des historiens. Elle a port&eacute; alternativement sur la th&eacute;matique de la destruction des juifs d&rsquo;Europe et sur celle d&rsquo;autres g&eacute;nocides ou d&rsquo;autres crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;. Elle a parfois donn&eacute; lieu &agrave; la diffusion d&rsquo;un dossier p&eacute;dagogique visant &agrave; sugg&eacute;rer des activit&eacute;s dans les classes au cours de la m&ecirc;me semaine ou ult&eacute;rieurement. La mise sur pied r&eacute;guli&egrave;re de ces journ&eacute;es s&rsquo;explique largement par le fait qu&rsquo;il y a eu conjonction d&rsquo;un double engagement, d&rsquo;en bas et d&rsquo;en haut&nbsp;: celui d&rsquo;un groupe d&rsquo;enseignants qui souhaitaient d&eacute;velopper cette probl&eacute;matique m&eacute;morielle et celui de l&rsquo;autorit&eacute; scolaire qui a d&rsquo;embl&eacute;e clairement soutenu, encourag&eacute; et financ&eacute; cette d&eacute;marche. Toutefois, ce mode de faire montre aujourd&rsquo;hui ses limites et il n&rsquo;est pas certain, faute de soutien budg&eacute;taire et politique suffisant mais faute aussi d&rsquo;une continuit&eacute; dans l&rsquo;engagement des acteurs concern&eacute;s, qu&rsquo;il se poursuive sous cette forme dans les ann&eacute;es &agrave; venir.</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">En r&eacute;alit&eacute;, les pratiques concr&egrave;tes en la mati&egrave;re sont tr&egrave;s diversifi&eacute;es et les engagements les plus forts parfois ponctuels. Il n&rsquo;existe d&rsquo;ailleurs pas d&rsquo;enqu&ecirc;te sur les formes et l&rsquo;importance des dispositifs de comm&eacute;mora</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">tion mis en place dans les diff&eacute;rents &eacute;tablissements scolaires. Intuitivement, le nombre de courriels de rappels envoy&eacute;s la veille des journ&eacute;es comm&eacute;moratives par les inspections r&eacute;gionales en France incite &agrave; penser qu&rsquo;elles ne font pas l&rsquo;objet d&rsquo;une v&eacute;ritable appropriation. Souvent pens&eacute;es sans aucune forme de coh&eacute;rence avec les progressions p&eacute;dagogiques, &eacute;manant en outre de textes distincts des prescriptions officielles (programmes d&rsquo;histoire), ces moments de comm&eacute;moration semblent s&rsquo;ajouter aux diff&eacute;rents dispositifs de brouillage dont est parfois friande l&rsquo;institution scolaire. Ils viennent &eacute;paissir le mille-feuille de t&acirc;ches enseignantes de plus en plus touch&eacute;es par des directives &laquo;&nbsp;m&eacute;tacurriculaires&nbsp;&raquo;</span></span></span><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> <a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><span style="color:black">[16]</span></a></span></span></span></sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">. Parmi elles, les &laquo;&nbsp;&eacute;ducations &agrave;&nbsp;&raquo;</span></span></span><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> <a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><span style="color:black">[17]</span></a></span></span></span></sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> ont de plus en plus d&rsquo;importance dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif. Les circulaires comm&eacute;moratives peuvent aussi se lire dans ce cadre comme des &laquo;&nbsp;&eacute;ducations aux souvenirs&nbsp;&raquo;. De la sorte, elles interf&egrave;rent, sur le principe, avec le cours d&rsquo;histoire qui, lui, apprend &agrave; regarder, comprendre et &eacute;crire le pass&eacute;. Ces deux modes de conscientisation historique</span></span></span><a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> ne sont pas forc&eacute;ment </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">antinomiques, comme le clament souvent les partisans d&rsquo;un cloisonnement tr&egrave;s net entre histoire et m&eacute;moire. Mais ils doivent cheminer conjointement dans le processus d&rsquo;intelligibilit&eacute; du pass&eacute; afin de tenir ensemble affects et rationalisation sans que ni les uns ni l&rsquo;autre ne viennent se brouiller mutuellement, avec le risque de rendre opaque le caract&egrave;re sensible de la question&nbsp;; ou, &agrave; l&rsquo;inverse, de ne laisser les &eacute;l&egrave;ves qu&rsquo;en suspension dans un pathos qui n&rsquo;est pas l&rsquo;affaire de l&rsquo;&eacute;cole. La tension entre l&rsquo;&eacute;ducation au souvenir et l&rsquo;apprentissage du pass&eacute; rel&egrave;ve d&rsquo;une approche &eacute;pist&eacute;mologique de la discipline mais n&rsquo;est jamais travaill&eacute;e comme telle par les d&eacute;cideurs institutionnels.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ces journ&eacute;es de comm&eacute;morations, lorsqu&rsquo;elles sont mises en pratique, se r&eacute;duisent souvent &agrave; des rituels ass&eacute;ch&eacute;s et d&eacute;shistoricis&eacute;s. Relay&eacute;es ensuite par voie hi&eacute;rarchique, elles rel&egrave;vent ainsi d&rsquo;un &laquo;&nbsp;devoir accompli&nbsp;&raquo;, bouclant donc la question pour un an et rel&eacute;guant &agrave; d&rsquo;autres lieux (cieux) l&rsquo;opportunit&eacute; de questionner l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement de mani&egrave;re critique. Le rituel comm&eacute;moratif op&egrave;re donc une naturalisation du savoir historique totalement contraire &agrave; ce que l&rsquo;on devrait attendre d&rsquo;une didactique critique de l&rsquo;histoire qui assume le caract&egrave;re construit et situ&eacute; des savoirs. La comm&eacute;moration emp&ecirc;che la multiplicit&eacute; des interpr&eacute;tations et, de ce point de vue, s&rsquo;ins&egrave;re dans le cadre acritique de l&rsquo;&eacute;cole qui pr&eacute;f&egrave;re le paradigme du consentement &agrave; celui du doute.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le jeu est donc facilement biais&eacute; si l&rsquo;on n&rsquo;y prend garde, et le caract&egrave;re coercitif des circulaires agit davantage que leur appel &agrave; faire de l&rsquo;histoire autrement.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Est-ce &agrave; dire pour autant qu&rsquo;il faudrait se passer de ces comm&eacute;morations&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pour soutenir les acteurs enseignants les plus motiv&eacute;s, et pour que le plus grand nombre d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves possible soit touch&eacute; par ces apprentissages, sans doute vaudrait-il mieux mettre d&rsquo;abord l&rsquo;accent sur des formations continues et sur la production de ressources didactiques destin&eacute;es aux enseignants, y compris pour aborder en classe tout ce que les passeurs de m&eacute;moire r&eacute;alisent &agrave; toutes sortes de niveaux des productions humaines dans l&rsquo;espace public. Et sans doute s&rsquo;agit-il de rendre compte en priorit&eacute; des travaux des historiens. Ce qui est justement ce par quoi commencent les coll&egrave;gues de Fossoli.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;affaire demande aussi du temps et de la confiance &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des enseignants susceptibles d&rsquo;inventer des formes scolaires permettant de nouer histoire(s) et m&eacute;moire(s). Le travail de m&eacute;moire ne peut se limiter &agrave; une journ&eacute;e ou date singuli&egrave;re, il doit agir comme une grille de lecture, lente, pr&eacute;sente, qui appelle &agrave; s&rsquo;emparer de la question comm&eacute;morative. <span style="text-transform:uppercase">&agrave;</span> cet &eacute;gard, l&rsquo;actuelle comm&eacute;moration de la Grande Guerre et le travail fait par la Mission du centenaire a d&eacute;j&agrave; provoqu&eacute; des centaines d&rsquo;initiatives dans les &eacute;tablissements, inventori&eacute;es, collect&eacute;es et mutualis&eacute;es<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[19]</span></span></sup></a>. Beaucoup de ces projets t&eacute;moignent d&rsquo;une v&eacute;ritable inventivit&eacute; et d&rsquo;une r&eacute;appropriation, par les &eacute;l&egrave;ves et les enseignants, de l&rsquo;injonction comm&eacute;morative. Ce sont des projets d&rsquo;histoire transform&eacute;s par la vocation m&eacute;morielle.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Par contre, on le voit, la journ&eacute;e du 27 janvier n&rsquo;emprunte pas ces chemins. Encore trop d&eacute;sindex&eacute;e des progressions annuelles, et bien trop ponctuelle, elle appara&icirc;t comme le r&eacute;sultat d&rsquo;un compromis politique destin&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;descendre&nbsp;&raquo; dans les classes sans pouvoir s&rsquo;installer v&eacute;ritablement dans les consciences. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">D&rsquo;une mani&egrave;re plus g&eacute;n&eacute;rale, nous n&rsquo;ignorons pas que des intentions l&eacute;gitimes sont g&eacute;n&eacute;ralement pr&eacute;sentes dans les incitations m&eacute;morielles qui s&rsquo;adressent &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Nous savons en m&ecirc;me temps qu&rsquo;une posture trop syst&eacute;matiquement critique &agrave; leur &eacute;gard d&eacute;couragerait des bonnes volont&eacute;s et finirait par favoriser de fait la pire des histoires scolaires, celle qui, neutralis&eacute;e et d&eacute;sincarn&eacute;e, ferait totalement l&rsquo;impasse sur les enjeux de m&eacute;moires de notre pr&eacute;sent. Et pourtant, si les injonctions m&eacute;morielles ne donnent apparemment pas les r&eacute;sultats escompt&eacute;s, c&rsquo;est sans doute l&rsquo;effet d&rsquo;un manque de moyens &ndash; en termes de formations, ressources diverses, temps &agrave; disposition&nbsp;; mais c&rsquo;est probablement li&eacute; aussi, surtout pour la destruction des juifs d&rsquo;Europe, &agrave; des incitations formul&eacute;es d&rsquo;une mani&egrave;re essentialiste, d&eacute;connect&eacute;e des conditions historiques qui ont men&eacute; en amont &agrave; rendre possibles tous ces crimes. En m&ecirc;me temps qu&rsquo;il importe de promouvoir le travail d&rsquo;histoire et de m&eacute;moire dans les classes, une r&eacute;flexion para&icirc;t donc n&eacute;cessaire sur les risques de d&eacute;rive et d&rsquo;impasse d&rsquo;une &laquo;&nbsp;&eacute;ducation &agrave; la Shoah&nbsp;&raquo; qui le n&eacute;gligerait.</span></span></span></span></p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;<i>Il mestiere della memoria</i>, di Bruno Maida, per ombre corte. Il ruolo dell&rsquo;Associazione nazionale ex deportati politici in una storia di deportazione ritenuta, a torto, marginale&nbsp;&raquo;, premi&egrave;re publication dans le quotidien <i>Il Manifesto,</i> 4 ao&ucirc;t 2014.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>[Le m&eacute;tier de la m&eacute;moire. Histoire de l&rsquo;Association des ex-d&eacute;port&eacute;s politiques, 1945-2000],</i> V&eacute;rone, Ombre corte, 2014.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Le camp de Fossoli, pr&egrave;s de Mod&egrave;ne, a fonctionn&eacute; de l&rsquo;automne 1943 &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1944 comme camp de regroupement et de transit pour la d&eacute;portation vers les camps nazis.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;Un treno per Auschwitz. Andata e ritorno&nbsp;&raquo; [&laquo;&nbsp;Un train pour Auschwitz. Aller et retour&nbsp;&raquo;], un voyage avec des &eacute;l&egrave;ves du secondaire sup&eacute;rieur de la r&eacute;gion de Mod&egrave;ne qui se d&eacute;roulera du 12 au 17 mars 2015&nbsp;: http://www.fondazionefossoli.org/it/progetti_view.php?id=20. Tous les sites mentionn&eacute;s dans cette chronique ont &eacute;t&eacute; consult&eacute;s et v&eacute;rifi&eacute;s le 21 novembre 2014.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> http://www.fondazionefossoli.org/it/progetti_view.php?id=21.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir Olivier Lalieu, &laquo;&nbsp;L&rsquo;invention du &quot;devoir de m&eacute;moire&quot;&nbsp;&raquo;, <i>Vingti&egrave;me Si&egrave;cle. Revue d&rsquo;histoire</i>, n&deg; 69, janvier-mars 2001, pp. 83-94&nbsp;; S&eacute;bastien Ledoux, <i>Le &laquo;&nbsp;Devoir de m&eacute;moire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;&raquo;. Essai d&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un nouveau roman national</i>, Sarrebruck, &Eacute;ditions universitaires europ&eacute;ennes, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.3pt">http://www.education.gouv.fr/cid50448/27-janvier-journee-de-la-memoire-des-genocides-et-de-la-prevention</span><span style="letter-spacing:-.05pt">-des-crimes-contre-l-humanite.html.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> C&rsquo;est en effet le fruit d&rsquo;un travail, d&rsquo;une entreprise de politique publique de la m&eacute;moire, comme l&rsquo;a montr&eacute; Sarah Gensburger dans <i>Les Justes de France, politique publique de la m&eacute;moire, presses de sciences politiques</i>, Paris, Presses de Sciences-Po, 2010.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> http://guides.educa.ch/fr/journee-de-memoire-de-l-holocauste.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Selon le terme r&eacute;guli&egrave;rement employ&eacute; en anglais, bien que son caract&egrave;re biblique ne le rende pas tr&egrave;s pertinent.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> http://www.holocaustremembrance.com/</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> http://www.holocaustremembrance.com/fr/educate-teaching-guidelines-why-teach-about-holocaust/pourquoi-enseigner-la-shoah.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">http://www.holocaustremembrance.com/fr/educate-teaching-guidelines-what-teach-about-holocaust/quenseigner-sur-la-shoah.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">http://www.holocaustremembrance.com/fr/educate-teaching-guidelines-how-teach-about-holocaust-schools/comment-enseigner-la-shoah-&agrave;-l&rsquo;&eacute;cole.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir notamment sur le site de la Fondation pour la m&eacute;moire de la d&eacute;portation quelques t&eacute;moignages qui portent sur le retour &agrave; Paris&nbsp;: https://fondationdeportation.wordpress.com/2014/10/16/6-temoignages-le-retour-des-deportes-a-paris-hotel-lutetia-printemps-1945/. Voir aussi d&rsquo;autres t&eacute;moignages propos&eacute;s par la FMD (http://www.bddm.org/aud/index_aud.php) et par le M&eacute;morial de la Shoah (www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/archives-et-documentations/temoigner/temoignages-video).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Nous entendons par ce n&eacute;ologisme les t&acirc;ches d&eacute;volues aux enseignants qui ne s&rsquo;inscrivent pas dans le dispositif curriculaire officiel mais qui s&rsquo;adjoignent aux prescriptions sous la forme d&rsquo;avenants. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Qui d&eacute;coulent directement de demandes politiques, mais qui se d&eacute;finissent sans lien suffisant avec les savoirs propres aux disciplines scolaires, risquant ainsi de d&eacute;boucher sur des pratiques de classe prescriptives.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Des chercheurs canadiens anglophones parlent de &laquo;&nbsp;historical thinking&nbsp;&raquo; (voir http://historicalthinking.ca</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">), </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ce qui est traduit en fran&ccedil;ais par la formule &laquo;&nbsp;pens&eacute;e historique&nbsp;&raquo; (voir http://penseehistorique.ca<u style="text-underline:blue thick">)</u> ; &agrave; propos des modes de pens&eacute;e historiens, voir aussi Robert Martineau, <i>L&rsquo;Histoire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Mati&egrave;re &agrave; penser...</i>. Paris, Montr&eacute;al, L&rsquo;Harmattan, 1999&nbsp;; Mostafa Hassani Idrissi, <i>Pens&eacute;e historienne et apprentissage de l&rsquo;histoire</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2005&nbsp;; Charles Heimberg et al., &laquo;&nbsp;L&rsquo;intelligibilit&eacute; du pass&eacute; face &agrave; la tyrannie de la doxa&nbsp;: un probl&egrave;me majeur pour l&rsquo;histoire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;&raquo;, in Jean-Luc Dorier et al. (&eacute;ds), <i>Didactique en construction, construction des didactiques</i>, <i>Raisons &eacute;ducatives</i>, Bruxelles, De Boeck, 2013, pp. 147-162.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Beaucoup sont visibles ici&nbsp;: http://centenaire.org/fr/espace-pedagogique.</span></span></span></span></span></p>