<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La &laquo;&nbsp;lutte antiterroriste&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas seulement instrument de domination, mais aussi mode d&rsquo;exercice de l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie. Elle installe un processus de consentement, d&rsquo;acceptation par les populations de la remise en cause de leurs libert&eacute;s. Cette n&eacute;cessit&eacute; de reconnaissance explique pourquoi ces diff&eacute;rentes mesures prennent la forme du droit.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Les attentats du 11&nbsp;septembre ont &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion d&rsquo;une formidable acc&eacute;l&eacute;ration</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> de la transformation des codes p&eacute;naux et de proc&eacute;dure p&eacute;nale. Cette mutation &eacute;tait d&eacute;j&agrave; en cours depuis plusieurs ann&eacute;es. Dans les mois et parfois les jours qui suivirent, les gouvernements ont pris des mesures qui restreignent les libert&eacute;s publiques et priv&eacute;es. On est frapp&eacute; par la rapidit&eacute; avec laquelle les diff&eacute;rentes lois ont &eacute;t&eacute; vot&eacute;es. La chose se comprend si on tient compte du fait que la plupart de ces modifications avaient &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;es ou &eacute;taient pr&eacute;vues bien avant les attentats. Les mesures prises &agrave; cette occasion finalisent la mutation du droit p&eacute;nal et lui donnent une l&eacute;gitimit&eacute;. Ce qui avait &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; en l&rsquo;absence de toute publicit&eacute; apparaissait au grand jour et se trouvait r&eacute;trospectivement justifi&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Le changement ne r&eacute;sulte pas seulement d&rsquo;une transformation, mais d&rsquo;un renversement de l&rsquo;ordre de droit. Ainsi, le processus de mutation de l&rsquo;ordre juridique ne porte pas uniquement sur le contenu des lois, mais sur leur fonction. Il ne s&rsquo;agit plus de poser des garde-fous &agrave; l&rsquo;exercice du pouvoir, mais d&rsquo;inscrire dans le droit que la puissance &eacute;tatique ne peut plus rencontrer de limites. Le renversement du r&ocirc;le de la loi, de sa fonction de garde-fou et de cran d&rsquo;arr&ecirc;t &agrave; la toute-puissance du pouvoir, s&rsquo;effectue en supprimant toute distinction entre &eacute;tat d&rsquo;exception et ordre juridique. En confondant guerre et lutte contre le crime, elle fusionne droit de la guerre et droit p&eacute;nal. Ce faisant, elle supprime toute distinction entre int&eacute;rieur et ext&eacute;rieur de la nation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La transformation de l&rsquo;ordre juridique, aux &Eacute;tats-Unis et en Europe occidentale, est in&eacute;dite. D&rsquo;abord, elle r&eacute;v&egrave;le un changement de r&eacute;gime politique, la fin de l&rsquo;&Eacute;tat de droit et le passage &agrave; une forme d&rsquo;organisation qui concentre tous les pouvoirs aux mains de l&rsquo;ex&eacute;cutif. Ensuite, elle op&egrave;re une mutation dans la forme de l&rsquo;&Eacute;tat, en mettant fin &agrave; une organisation politique qui, par le droit, r&eacute;glemente la violence dans le pays, tout en rejetant la guerre &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Des mesures prises d&rsquo;abord au nom de l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent les pouvoirs sp&eacute;ciaux, que s&rsquo;&eacute;tait accord&eacute;s l&rsquo;administration US, reposaient sur le vote du Congr&egrave;s, au lendemain du 11&nbsp;septembre, stipulant que&nbsp;: &laquo;&nbsp;le Pr&eacute;sident est autoris&eacute; &agrave; utiliser toutes les forces n&eacute;cessaires et appropri&eacute;es contre les nations, organisations ou personnes qui ont planifi&eacute;, autoris&eacute;, commis ou aid&eacute; les attaques terroristes survenues le 11&nbsp;septembre 2001, ou qui ont h&eacute;berg&eacute; de telles organisations ou personnes, dans le but de pr&eacute;venir de futurs actes de terrorisme contre les &Eacute;tats-Unis&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La lecture que fait l&rsquo;administration de cette r&eacute;solution est celle d&rsquo;un &Eacute;tat qui est en guerre, non pas contre d&rsquo;autres nations, mais contre des organisations non li&eacute;es &agrave; un gouvernement &eacute;tranger ou contre de simples individus. Cette interpr&eacute;tation red&eacute;finit la notion de guerre. Elle lui donne un caract&egrave;re asym&eacute;trique, celle d&rsquo;une &laquo;&nbsp;lutte &agrave; mort&nbsp;&raquo; entre la superpuissance mondiale et des personnes d&eacute;sign&eacute;es comme ennemies des USA. Ce nouveau concept s&rsquo;affranchit de l&rsquo;existence de toute menace r&eacute;elle sur la nation am&eacute;ricaine. Il est un pur produit de la subjectivit&eacute; du pouvoir&nbsp;: l&rsquo;&eacute;tat de guerre existe de par son &eacute;nonciation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Temporaires, dans le <i>Patriot Act</i></span></span></span>&thinsp;<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> vot&eacute; au lendemain du 11&nbsp;septembre 2001, des mesures de contr&ocirc;le des populations ont ouvert la voie &agrave; l&rsquo;actuelle surveillance &agrave; grande &eacute;chelle des communications mondiales par les &Eacute;tats-Unis, dont celles internes au territoire am&eacute;ricain. Elles sont devenues illimit&eacute;es dans le temps, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;adoption du <i>Patriot Act Improvement and Reauthorization Act of 2005</i><a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a> qui a renouvel&eacute; l&rsquo;ensemble des dispositions prises apr&egrave;s les attentats et rendu illimit&eacute;es dans le temps celles qui avaient un caract&egrave;re temporaire.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Inscription de l&rsquo;anomie dans la loi</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Si, aux &Eacute;tats-Unis, l&rsquo;insertion de l&rsquo;hostilit&eacute; dans l&rsquo;ordre juridique int&eacute;rieur &eacute;tasunien s&rsquo;est d&rsquo;abord effectu&eacute;e par des actes administratifs justifi&eacute;s au nom de l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;urgence, d&egrave;s 2006, le <i>Military Commissions Act of 2006</i></span></span></span>&thinsp;<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> inscrit la notion de guerre dans la loi et donc dans la permanence. Cette l&eacute;gislation cr&eacute;e un droit purement subjectif et donne au pouvoir ex&eacute;cutif des pr&eacute;rogatives de magistrat. L&rsquo;administration peut d&eacute;signer toute personne comme &laquo;&nbsp;ennemi combattant&nbsp;&raquo;, nommer les juges militaires et d&eacute;terminer le niveau de coercition des interrogatoires.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En votant le <i>Military Commissions Act</i> en septembre&nbsp;2006, le Congr&egrave;s a accord&eacute; au pouvoir ex&eacute;cutif des pr&eacute;rogatives judiciaires extraordinaires qui s&rsquo;opposent &agrave; la Constitution. Gr&acirc;ce &agrave; la nouvelle loi, les commissions militaires peuvent accepter des preuves par ou&iuml;-dire et des aveux arrach&eacute;s par des mauvais traitements. Si la torture est formellement interdite, un &laquo;&nbsp;certain degr&eacute; de coercition&nbsp;&raquo; est permis et c&rsquo;est le Pr&eacute;sident qui est charg&eacute; de fixer le niveau de duret&eacute; des interrogatoires. Des &laquo;&nbsp;preuves&nbsp;&raquo; obtenues sur la base d&rsquo;aveux, arrach&eacute;s dans des pays qui pratiquent la torture, sont &eacute;galement recevables. Rappelons que c&rsquo;est ce type de &laquo;&nbsp;preuve&nbsp;&raquo; qui avait permis d&rsquo;&eacute;tablir que l&rsquo;Irak disposait d&rsquo;armes de destruction massive et qui, ainsi, avait justifi&eacute; l&rsquo;invasion du pays.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.25pt">Le <i>Military Commissions Act of 2006</i> inscrit dans la loi les mesures administratives, prises au lendemain du 11&nbsp;septembre, qui suppriment <i>l&rsquo;Habeas Corpus*</i> des &eacute;trangers. Ainsi, ces dispositions, prises dans le cadre de l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;urgence, sont inscrites dans la permanence. Cette loi constitue un &eacute;l&eacute;ment d&eacute;cisif de la mutation de l&rsquo;ordre de droit am&eacute;ricain et mondial. Elle transforme radicalement la notion d&rsquo;hostilit&eacute;. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Elle permet &agrave; l&rsquo;administration des &Eacute;tats-Unis de d&eacute;signer comme ennemi tout Am&eacute;ricain ou tout ressortissant d&rsquo;un pays avec lequel les &Eacute;tats-Unis ne sont pas en guerre. La guerre change de nature. Elle n&rsquo;est plus un conflit qui se d&eacute;roule entre deux &Eacute;tats souverains, mais une action d&rsquo;un gouvernement contre ses propres nationaux ou contre les habitants d&rsquo;un pays ami. Assurant une fonction de police, la guerre s&rsquo;inscrit dans le droit p&eacute;nal. Ce faisant, ce dernier acquiert un caract&egrave;re directement politique et devient constituant.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le citoyen comme ennemi de l&rsquo;&Eacute;tat</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Cette loi inscrit, pour la premi&egrave;re fois, dans le droit la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;ennemi combattant ill&eacute;gal&nbsp;&raquo;. Elle donne &agrave; cette incrimination un caract&egrave;re directement politique en d&eacute;signant comme tel des personnes &laquo;&nbsp;engag&eacute;es dans des hostilit&eacute;s envers les &Eacute;tats-Unis</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> ou qui, intentionnellement et mat&eacute;riellement, supportent de telles hostilit&eacute;s&hellip;&nbsp;&raquo; Cette d&eacute;finition est tellement vague qu&rsquo;elle peut s&rsquo;appliquer &agrave; des mouvements sociaux ou &agrave; des actions de d&eacute;sob&eacute;issance civile. Cela a d&rsquo;autant plus d&rsquo;importance que la notion d&rsquo;ennemi combattant s&rsquo;applique aussi aux nationaux. Seuls les ennemis combattants ill&eacute;gaux &eacute;trangers peuvent &ecirc;tre traduits devant des commissions militaires. Les ennemis combattants ayant la nationalit&eacute; am&eacute;ricaine pourront, quant &agrave; eux, recourir aux juridictions civiles pour faire valoir une requ&ecirc;te en <i>Habeas Corpus</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Le <i>Military Commissions Act</i> offre la possibilit&eacute; de criminaliser des actions politiques de citoyens am&eacute;ricains et jette l&rsquo;ensemble des &eacute;trangers, soup&ccedil;onn&eacute;s de terrorisme, dans un syst&egrave;me de violence pure. Cette derni&egrave;re r&eacute;alit&eacute; ne concerne pas uniquement les &eacute;trangers captur&eacute;s &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur du territoire am&eacute;ricain par l&rsquo;arm&eacute;e ou la CIA et les &eacute;trangers r&eacute;sidant aux &Eacute;tats-Unis, mais, par exemple, tout habitant de l&rsquo;Union europ&eacute;enne. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Dans le cadre des accords d&rsquo;extradition, sign&eacute;s en juin&nbsp;2003<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a> et constamment mis &agrave; jour unilat&eacute;ralement par l&rsquo;administration &eacute;tasunienne<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>, toute personne r&eacute;sidant dans un &Eacute;tat membre de l&rsquo;Union europ&eacute;enne et accus&eacute;e de terrorisme pourrait &ecirc;tre remise aux autorit&eacute;s am&eacute;ricaines pour &ecirc;tre soumise &agrave; l&rsquo;arbitraire du pouvoir ex&eacute;cutif. Ces accords conclus avec les &Eacute;tats-Unis ont pour cons&eacute;quence l&rsquo;acceptation, comme conforme aux droits de l&rsquo;Homme, des lois et dispositions d&rsquo;exception prises par les &Eacute;tats-Unis</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le <i>Military Commissions Act of 2009</i>&nbsp;: le changement dans la continuit&eacute;</span></span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le 28&nbsp;octobre 2009, le pr&eacute;sident Obama a sign&eacute; le <i>Military Commissions Act of 2009</i><a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a> qui amende le <i>Military Commissions Act of 2006.</i> Cette r&eacute;forme &eacute;tait formellement n&eacute;cessaire pour la nouvelle administration, car Barak Obama &eacute;tait, en 2006, l&rsquo;un des trente-quatre s&eacute;nateurs qui s&rsquo;&eacute;taient oppos&eacute;s &agrave; l&rsquo;ancienne l&eacute;gislation.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">Le premier changement porte sur l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; de l&rsquo;incrimination. La nouvelle loi ne parle plus d&rsquo;ennemis combattants ill&eacute;gaux, mais bien d&rsquo;&laquo;&nbsp;ennemi bellig&eacute;rant non prot&eacute;g&eacute;&nbsp;&raquo;. D&rsquo;abord, le changement appara&icirc;t cosm&eacute;tique, car l&rsquo;essentiel demeure&nbsp;: l&rsquo;inscription de la notion d&rsquo;ennemi dans le code p&eacute;nal et ainsi la fusion entre le droit p&eacute;nal et le droit de la guerre. Cependant, l&rsquo;attribut &laquo;&nbsp;bellig&eacute;rant&nbsp;&raquo; caract&eacute;risant la notion d&rsquo;ennemi &eacute;largit le champ de l&rsquo;incrimination. Celle-ci ne porte plus uniquement sur des combat</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">tants, mais sur &laquo;&nbsp;des personnes qui sont engag&eacute;es dans un conflit contre les USA&nbsp;&raquo;. La nouvelle d&eacute;finition permet alors de s&rsquo;attaquer directement non seulement &agrave; des personnes captur&eacute;es, sur ou &agrave; proximit&eacute; d&rsquo;un champ de bataille, mais &agrave; des individus qui posent des actes ou &eacute;mettent des paroles de solidarit&eacute; vis-&agrave;-vis de ceux qui s&rsquo;opposent &agrave; l&rsquo;arm&eacute;e &eacute;tasunienne ou simplement &agrave; la politique guerri&egrave;re du gouvernement.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le deuxi&egrave;me attribut caract&eacute;risant l&rsquo;ennemi est tout aussi important. Celui-ci est &laquo;&nbsp;non prot&eacute;g&eacute;&nbsp;&raquo; par les conventions de Gen&egrave;ve, non pas en fonction de crit&egrave;res objectifs qui le placeraient en dehors du champ d&rsquo;application de celles-ci, mais simplement parce que le pouvoir ex&eacute;cutif &eacute;tasunien lui en refuse le droit. C&rsquo;est le regard qu&rsquo;il porte sur l&rsquo;ennemi qui d&eacute;signe celui-ci comme criminel et qui suspend, &agrave; son &eacute;gard, l&rsquo;application des mesures de protection.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Clivage du moi et guerre contre le langage</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Alors que la loi de 2006 autorisait l&rsquo;utilisation de mauvais traitements comme moyen de preuves, le texte de 2009 interdit &laquo;&nbsp;tout traitement cruel, inhumain ou d&eacute;gradant&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>. Cependant, le changement reste limit&eacute;, puisque la nouvelle l&eacute;gislation autorise la &laquo;&nbsp;<i>coercition&nbsp;&raquo;</i>. Elle permet au Secr&eacute;taire de la D&eacute;fense de fixer les r&egrave;gles autorisant l&rsquo;utilisation des mesures de contrainte, de m&ecirc;me que les conditions de recevabilit&eacute; de preuves par <i>ou&iuml;-dire</i><a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Par rapport &agrave; l&rsquo;ancienne l&eacute;gislation, le <i>Military Commissions Act of 2009</i> inscrit, dans un m&ecirc;me texte, une chose&nbsp;: l&rsquo;interdiction des mauvais traitements, et son contraire&nbsp;: la codification de la coercition par le pouvoir ex&eacute;cutif. Il proc&egrave;de ainsi &agrave; une op&eacute;ration de clivage du sujet<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>. Cette proc&eacute;dure est un d&eacute;ni de la pratique de la torture, afin de pouvoir jouir de celle-ci. La l&eacute;gitimation de la </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">codification de la coercition par le Secr&eacute;taire</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> de la D&eacute;fense, en supprimant tout obstacle &agrave; la toute-puissance de l&rsquo;ex&eacute;cutif, permet de renverser le r&ocirc;le de la loi qui est de fixer des limites &agrave; l&rsquo;exercice du pouvoir.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le <i>National Defense Authorization Act of 2011</i></span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le <i>National Defense Authorization Act</i></span></span></span>&thinsp;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">[11]</span></span></span></sup></a><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">, </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">sign&eacute; par le pr&eacute;sident Obama le 31&nbsp;d&eacute;cembre 2011, est l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment le plus avanc&eacute; de la mutation de l&rsquo;ordre juridique et politique &eacute;tasunien d&eacute;butant avec le <i>Patriot Act</i> vot&eacute; au lendemain des attentats du 11&nbsp;septembre 2001 et qui s&rsquo;institutionnalise par l&rsquo;adoption du <i>Military Commissions Act of 2006</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ici, la primaut&eacute; ne r&eacute;side plus dans le texte l&eacute;gislatif, mais dans l&rsquo;initiative pr&eacute;sidentielle. C&rsquo;est de son propre fait qu&rsquo;Obama affirme qu&rsquo;il n&rsquo;usera pas de l&rsquo;autorisation donn&eacute;e par la loi d&rsquo;incarc&eacute;rer, ind&eacute;finiment et sans inculpation, des citoyens am&eacute;ricains.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La possibilit&eacute; de traiter les ressortissants &eacute;tasuniens, nomm&eacute;s terroristes, comme des &eacute;trangers, c&rsquo;est-&agrave;-dire</span></span></span><br /> <span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">selon des proc&eacute;dures d&eacute;rogatoires &agrave; toute r&egrave;gle de droit, a &eacute;t&eacute; un objectif constant du pouvoir ex&eacute;cutif depuis les attentats du 11&nbsp;septembre. Gr&acirc;ce &agrave; la nouvelle pr&eacute;rogative accord&eacute;e au Pr&eacute;sident, par le <i>National Defense </i></span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Authorization Act,</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> de pouvoir supprimer l&rsquo;<i>Habeas Corpus </i>des citoyens &eacute;tasu-niens<span style="letter-spacing:-.1pt"> et plus seulement celui des ressortissants &eacute;trangers, l&rsquo;administration Obama a r&eacute;alis&eacute; ce que l&rsquo;ex&eacute;cutif pr&eacute;c&eacute;dent avait mis en chantier, sans pouvoir le concr&eacute;tiser. La jurisprudence de la Cour Supr&ecirc;me avait impos&eacute; que </span><span style="letter-spacing:-.2pt">les ressortissants &eacute;tasuniens nomm&eacute;s comme &laquo;&nbsp;ennemis combattants&nbsp;&raquo; soient</span><span style="letter-spacing:-.1pt"> jug&eacute;s devant des juridictions civiles. Le <i>National Defense Authorization Act </i>supprime cette obligation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">Cette loi de financement de l&rsquo;arm&eacute;e a une fonction p&eacute;nale par l&rsquo;insertion d&rsquo;articles qui autorisent la d&eacute;tention infinie, sans proc&egrave;s et sans inculpation, de citoyens &eacute;tasuniens d&eacute;sign&eacute;s comme ennemis par le pouvoir ex&eacute;cutif. Les Am&eacute;ricains concern&eacute;s ne sont pas seulement ceux qui seraient captur&eacute;s sur un champ de bataille, mais aussi ceux qui n&rsquo;ont jamais quitt&eacute; le sol des &Eacute;tats-Unis, ni particip&eacute; &agrave; une quel</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">conque action militaire. La loi vise les personnes que l&rsquo;administration a d&eacute;sign&eacute;es comme membres &laquo;&nbsp;d&rsquo;Al-Qa&iuml;da, des talibans et qui prennent part &agrave; des hostilit&eacute;s contre les &Eacute;tats-Unis&nbsp;&raquo;<i>, </i>mais aussi quiconque &laquo;&nbsp;a appuy&eacute; de mani&egrave;re substantielle ces organisations&nbsp;&raquo;. Cette formulation permet une utilisation flexible et extensive de la loi.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Primaut&eacute; des valeurs sur la loi</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">En apposant sa signature, Obama a d&eacute;clar&eacute; que son administration n&rsquo;autorisera pas la d&eacute;tention militaire, illimit&eacute;e et sans jugement, de citoyens am&eacute;ricains. Cette possibilit&eacute; ne serait pas contraire &agrave; l&rsquo;ordre de droit &eacute;tasunien, mais seulement aux &laquo;&nbsp;valeurs&nbsp;&raquo; de l&rsquo;Am&eacute;rique. C&rsquo;est au nom de celles-ci qu&rsquo;il n&rsquo;utilisera pas cette opportunit&eacute; offerte par la loi et non pas parce que ce type d&rsquo;enfermement s&rsquo;opposerait &agrave; la Constitution. Il affirme m&ecirc;me que, dans les faits, le <i>National Defense Authorization Act </i>ne </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">lui donne pas de nouvelles pr&eacute;rogatives. Ces pouvoirs extraordinaires, le Pr&eacute;sident en disposerait depuis que le Congr&egrave;s a adopt&eacute;, le 18&nbsp;septembre 2001, <i>The Authorization for Use of Military Force,</i> une r&eacute;solution stipulant</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&nbsp;que le Pr&eacute;sident est autoris&eacute; &agrave; utiliser toutes les forces n&eacute;cessaires contre les nations, organisations ou personnes li&eacute;es aux attentats du 11&nbsp;septembre<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. Il rejoint ainsi la certitude exprim&eacute;e par George&nbsp;Bush, en opposition avec le cadre du texte, que l&rsquo;accord donn&eacute; au Pr&eacute;sident d&rsquo;engager la force lui offre une autorit&eacute;, sans limite dans l&rsquo;espace et dans le temps, pour agir contre tout agresseur potentiel et non uniquement contre ceux impliqu&eacute;s dans les attentats du 11&nbsp;septembre<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">L&rsquo;autorisation elle-m&ecirc;me est pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e d&rsquo;un pr&eacute;ambule &eacute;non&ccedil;ant&nbsp;: &laquo;&nbsp;attendu que le Pr&eacute;sident a autorit&eacute; sous la Constitution de dissuader et de pr&eacute;venir les actes de terrorisme international contre les &Eacute;tats-Unis&nbsp;&raquo;. George&nbsp;Bush a r&eacute;guli&egrave;rement fait part de celui-ci afin de justifier les violations des libert&eacute;s constitutionnelles des citoyens am&eacute;ricains. Le pr&eacute;sident Obama adopte la m&ecirc;me lecture pour d&eacute;nier le caract&egrave;re novateur d&rsquo;une loi lui permettant de supprimer l&rsquo;<i>Habeas Corpus </i>de tout ressortissant &eacute;tasunien<i>. </i>Comme l&rsquo;&eacute;crit le<i> New York Times</i>, si l&rsquo;administration Obama pense avoir le droit de tuer des Am&eacute;ricains situ&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, elle peut croire en son pouvoir de d&eacute;tenir ind&eacute;finiment des citoyens US nomm&eacute;s ennemis combattants<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. Ainsi, c&rsquo;est le Pr&eacute;sident lui-m&ecirc;me qui, &agrave; partir d&rsquo;une <i>&laquo;&nbsp;kill list&nbsp;&raquo; </i>soumise par son administration, effectue les &laquo;&nbsp;nominations top secret&nbsp;&raquo; des pr&eacute;sum&eacute;s terroristes devant &ecirc;tre tu&eacute;s, en majeure partie par des attaques de drones<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">Comme dans le choix des personnes reprises sur les <i>kill lists </i>et assassin&eacute;es, car &laquo;&nbsp;jug&eacute;es nocives pour les &Eacute;tats-Unis&nbsp;&raquo;, le <i>National Defense Authorization Act</i> renverse la primaut&eacute; du l&eacute;gislatif au profit de l&rsquo;initiative pr&eacute;sidentielle. C&rsquo;est de son propre fait qu&rsquo;Obama affirme qu&rsquo;il n&rsquo;usera pas de l&rsquo;autorisation donn&eacute;e par la loi d&rsquo;incarc&eacute;rer, ind&eacute;finiment et sans inculpation, des citoyens am&eacute;ricains. De m&ecirc;me, il s&rsquo;oppose &agrave; l&rsquo;obligation de d&eacute;tenir militairement les terroristes &eacute;trangers. &Agrave; ce propos, il affirme que son administration &laquo;&nbsp;interpr&eacute;tera et appliquera les dispositions d&eacute;crites ci-dessous de mani&egrave;re &agrave; pr&eacute;server la flexibilit&eacute; dont d&eacute;pend notre s&eacute;curit&eacute; et de maintenir les valeurs sur lesquelles est fond&eacute; ce pays&nbsp;&raquo;. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Il s&rsquo;&eacute;carte ainsi r&eacute;solument de la r&egrave;gle qui veut que, une fois qu&rsquo;il a sign&eacute; un texte de loi, le Pr&eacute;sident doit l&rsquo;appliquer loyalement. Obama renverse le caract&egrave;re contraignant du texte l&eacute;gislatif au profit de la libert&eacute; pr&eacute;sidentielle. De m&ecirc;me, les &laquo;&nbsp;valeurs&nbsp;&raquo; &eacute;tasuniennes deviennent pr&eacute;&eacute;minentes par rapport &agrave; la </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">loi.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">L&rsquo;exercice d&rsquo;un pouvoir absolu</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Si le<i> National Defense Authorization Act </i>ne fait<i> </i>qu&rsquo;ent&eacute;riner des pr&eacute;rogatives que le pouvoir ex&eacute;cutif poss&egrave;derait d&eacute;j&agrave;,<i> </i>le probl&egrave;me<i> </i>porterait seulement sur les modalit&eacute;s d&rsquo;ex&eacute;cution de la loi. Le Pr&eacute;sident ne doit pas &ecirc;tre limit&eacute; dans sa lutte contre le terrorisme. Pour Obama, les articles incrimin&eacute;s sont inconstitutionnels, non pas parce qu&rsquo;ils concentrent les pouvoirs entre ses mains, mais parce qu&rsquo;ils restreignent sa libert&eacute; d&rsquo;action. Les clauses contest&eacute;es imposent une d&eacute;tention militaire qui limiterait la n&eacute;cessaire &laquo;&nbsp;flexibilit&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;action de l&rsquo;administration, par exemple la possibilit&eacute; de d&eacute;tenir un prisonnier &eacute;tranger dans un camp <i>offshore</i> de la CIA. Pour lui, ces articles incrimin&eacute;s &laquo;&nbsp;s&rsquo;opposeraient au principe de la s&eacute;paration des pouvoirs&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Obama renverse ce mode d&rsquo;organisation issu des Lumi&egrave;res. Pour Montesquieu, l&rsquo;objectif poursuivi &eacute;tait d&rsquo;emp&ecirc;cher la concentration de la puissance politique en une seule autorit&eacute;. Pour ce faire, les pouvoirs s&rsquo;&eacute;quilibrent et se limitent mutuellement. Obama, au contraire, op&egrave;re un clivage dans l&rsquo;exercice de la puissance &eacute;tatique, de mani&egrave;re &agrave; ce que le l&eacute;gislatif ne puisse pas exercer un contr&ocirc;le sur les actes de l&rsquo;ex&eacute;cutif. La s&eacute;paration des pouvoirs devient absence de limite pos&eacute;e &agrave; l&rsquo;action pr&eacute;sidentielle.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Habituellement, il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;un mode d&rsquo;organisation d&rsquo;un pays en guerre ouverte et dont l&rsquo;existence est menac&eacute;e par une puissance ext&eacute;rieure. Les administrations Bush ou Obama estiment que l&rsquo;autorisation, donn&eacute;e en 2001 par le Congr&egrave;s d&rsquo;engager la force contre les auteurs des attentats du 11&nbsp;septembre, est &eacute;quivalente &agrave; une d&eacute;claration de guerre, comme celles vot&eacute;es durant la Seconde Guerre mondiale. De plus, le champ d&rsquo;application devient beaucoup plus large, puisque l&rsquo;autorisation de 2001 permet d&rsquo;engager la force non seulement contre d&rsquo;autres nations, mais aussi contre des organisations ou de simples individus.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Une structure psychotique</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Le <i>National Defense Authorization Act</i> inscrit dans la loi une mutation de la notion d&rsquo;hostilit&eacute;. Gr&acirc;ce &agrave; cette loi, l&rsquo;ennemi perd tout caract&egrave;re objectif, il est un simple produit de la parole du pouvoir. C&rsquo;est le pouvoir ex&eacute;cutif des &Eacute;tats-Unis, qui, en nommant une personne comme ennemi, lui enl&egrave;ve toute protection juridique et la place en dehors de la nation am&eacute;ricaine ou </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">hors de &laquo;&nbsp;la communaut&eacute; internationale&nbsp;&raquo;. Les diff&eacute;rentes lois antiterroristes qui se sont succ&eacute;d&eacute; suppriment non<span style="letter-spacing:.1pt"> seulement l&rsquo;<i>Habeas Corpus </i>des citoyens, mais permettent &eacute;galement de se saisir de leur &ecirc;tre. &laquo;&nbsp;L&rsquo;ennemi combattant&nbsp;&raquo; ou le &laquo;&nbsp;bellig&eacute;rant ill&eacute;gitime&nbsp;&raquo; n&rsquo;ont aucune mat&eacute;rialit&eacute;. Ils n&rsquo;existent que dans la langue de l&rsquo;ex&eacute;cutif. C&rsquo;est celle-ci qui est cr&eacute;ation de la chose m&ecirc;me.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Cette loi nous installe dans la psychose. Elle a pour but &eacute;nonc&eacute; de faire face &agrave; un conflit contre des adversaires non clairement d&eacute;finis et qui ne menacent pas l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; du territoire national. La lutte antiterroriste produit une image constamment renouvel&eacute;e de l&rsquo;ennemi. Elle s&rsquo;exhibe comme une guerre permanente et sans fronti&egrave;re qui, en ne distinguant pas le citoyen am&eacute;ricain du soldat d&rsquo;une puissance &eacute;trang&egrave;re, ne s&eacute;pare pas int&eacute;rieur et ext&eacute;rieur. La structure politique et juridique, construite &agrave; partir de cette nouvelle guerre asym&eacute;trique, renverse la forme de l&rsquo;&Eacute;tat de droit. La loi n&rsquo;est plus r&eacute;duction de l&rsquo;exception, mais sa continuelle extension.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Des lois politiques op&eacute;rant un d&eacute;ni du Politique</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les lois et les proc&egrave;s en mati&egrave;re terroriste ont une port&eacute;e imm&eacute;diatement politique. Cette sp&eacute;cificit&eacute; r&eacute;sulte du fait que c&rsquo;est le caract&egrave;re indu de l&rsquo;acte, le fait qu&rsquo;il est accompli avec l&rsquo;intention de faire pression sur le pouvoir, qui est sanctionn&eacute;. Le d&eacute;lit a un caract&egrave;re directement politique, tout en restant criminel. Cette construction fait fonctionner, dans un m&ecirc;me espace, deux &eacute;l&eacute;ments qui s&rsquo;excluent.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Auparavant, afin de faire valoir son aspect criminel, les anciennes dispositions antiterroristes niaient le caract&egrave;re politique de l&rsquo;acte. Par exemple, l&rsquo;intention proclam&eacute;e de soutenir un mouvement de lib&eacute;ration nationale, pour justifier un d&eacute;tournement d&rsquo;avion, n&rsquo;&eacute;tait pas retenue. Elle &eacute;tait refoul&eacute;e. L&rsquo;arsenal </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">antiterroriste des ann&eacute;es&nbsp;1960 et&nbsp;1970 est constitu&eacute; de textes qui r&eacute;priment des actes concrets<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. Dans ceux-ci, c&rsquo;&eacute;tait le caract&egrave;re politique de l&rsquo;acte qui &eacute;tait d&eacute;ni&eacute;. &Agrave; ce refoulement, il est actuellement substitu&eacute; une fa&ccedil;on de faire qui ne rel&egrave;ve plus de la d&eacute;n&eacute;gation<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>, mais bien du rejet, du d&eacute;ni<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>. C&rsquo;est le caract&egrave;re politique, l&rsquo;intention de faire pression sur le pouvoir, revendiqu&eacute;e ou attribu&eacute;e &agrave; l&rsquo;action incrimin&eacute;e, qui fonde son caract&egrave;re terroriste. Le pouvoir qualifie de politique l&rsquo;acte incrimin&eacute;, tout en refusant de le reconna&icirc;tre comme tel et en le punissant comme criminel.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est au contraire l&rsquo;intention de faire pression sur un gouvernement qui sp&eacute;cifie l&rsquo;action comme terroriste. Cette incrimination accorde &agrave; l&rsquo;ex&eacute;cutif le pouvoir de d&eacute;terminer quel type d&rsquo;opposition ou de diff&eacute;renciation il accepte. L&rsquo;aspect politique de l&rsquo;action est mis en avant, afin d&rsquo;en exprimer le caract&egrave;re indu et ainsi nier le politique lui-m&ecirc;me. C&rsquo;est en tant que lieu, de la confrontation d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts oppos&eacute;s et de diff&eacute;rents points de vue, que cet espace est remis en cause.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Ici, ce n&rsquo;est plus l&rsquo;acte revendicatif qui est refoul&eacute;, mais l&rsquo;ensemble du politique qui est d&eacute;ni&eacute;. Le pouvoir qualifie de politique l&rsquo;acte incrimin&eacute;, tout en refusant de le traiter comme tel et en le punissant comme criminel. Nous rencontrons l&agrave; un mode op&eacute;ratoire que la psychanalyse a d&eacute;fini comme clivage. Le clivage du moi permet la coexistence en parall&egrave;le de deux attitudes tout &agrave; fait inconciliables, sans que ces contradictions ne soient prises en compte. En pratiquant le d&eacute;ni, le pouvoir conserve la connaissance de la r&eacute;alit&eacute;, tout en lui substituant une perception imag&eacute;e. Il poss&egrave;de alors deux visions incompatibles maintenues ensemble. Cela lui permet de vivre sur deux registres diff&eacute;rents&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, la r&eacute;alit&eacute; per&ccedil;ue, la conflictualit&eacute; de points de vue divergents et, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;, la r&eacute;alit&eacute; impos&eacute;e&nbsp;: l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; des int&eacute;r&ecirc;ts incarn&eacute;e dans l&rsquo;&Eacute;tat, la r&eacute;alisation du &laquo;&nbsp;Bien&nbsp;&raquo;. Il peut ainsi s&rsquo;attaquer &agrave; l&rsquo;action criminelle qui terrorise sa &laquo;&nbsp;bonne gouvernance&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase"><span style="letter-spacing:-.1pt">La loi morale se substitue au droit</span></span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Si un ordre juridique donne au pouvoir en place la pr&eacute;rogative de d&eacute;terminer, parmi les actions ou des paroles d&rsquo;opposition, celles qui sont recevables et celles qui doivent s&rsquo;inscrire dans l&rsquo;innommable, nous ne sommes plus dans le politique, mais dans la loi morale, dans le &laquo;&nbsp;Bien&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>, dans une d&eacute;termination <i>a priori</i> de celui-ci. &laquo;&nbsp;La lutte du bien contre le mal&nbsp;&raquo;, initi&eacute;e par le pr&eacute;sident Bush, s&rsquo;inscrit dans cette perspective. Elle se r&eacute;alise dans l&rsquo;indiff&eacute;rence vis-&agrave;-vis de tout objet empirique, par exemple vis-&agrave;-vis des populations irakiennes ou afghanes extermin&eacute;es au nom de leur lib&eacute;ration ou des libert&eacute;s des individus occidentaux an&eacute;antis au nom de la d&eacute;fense de la d&eacute;mocratie. L&rsquo;objet que constitue l&rsquo;individu ou l&rsquo;organisation terroriste est interchangeable. D&eacute;barrass&eacute; de toute r&eacute;alit&eacute; sensible et concr&egrave;te, il n&rsquo;est que le reflet du regard qui est port&eacute; sur lui. L&rsquo;acte et l&rsquo;organisation terroriste n&rsquo;acqui&egrave;rent une mat&eacute;rialit&eacute; que comme objets du regard du pouvoir, que comme d&eacute;signation surmo&iuml;que.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:.1pt">Actuellement, l&rsquo;acte le plus explicite de ce processus, par lequel les institutions s&rsquo;approprient, tout en les fusionnant, des espaces politiques et symboliques, se trouve dans le refus de la Cour Supr&ecirc;me des &Eacute;tats-Unis, du 14&nbsp;d&eacute;cembre 2009, de se saisir d&rsquo;une plainte, d&eacute;pos&eacute;e suite &agrave; un arr&ecirc;t de la Cour d&rsquo;appel du District de Columbia<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:#0563c1">[21]</span></sup></a>. Cette Cour avait stipul&eacute; que tout individu, suspect&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre un &laquo;&nbsp;ennemi combattant&nbsp;&raquo; par le pouvoir ex&eacute;cutif, ne peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une &laquo;&nbsp;personne&nbsp;&raquo; et ne dispose ainsi d&rsquo;aucune protection juridique. En ne se saisissant pas de l&rsquo;affaire, la Cour Supr&ecirc;me, gardienne de la Constitution, reconna&icirc;t la l&eacute;galit&eacute; de ce jugement et op&egrave;re ainsi un renversement de l&rsquo;ordre constitutionnel et de la structure symbolique de la soci&eacute;t&eacute;. Le pouvoir de l&rsquo;ex&eacute;cutif ne conna&icirc;t plus de limites. Le pr&eacute;sident des &Eacute;tats-Unis, qui, d&rsquo;autre part, s&rsquo;est vu attribuer le prix Nobel de la paix, a maintenant la l&eacute;gitimit&eacute; de d&eacute;terminer qui est une personne, qui est un &ecirc;tre humain et qui n&rsquo;en est pas un. Comme en ce qui concerne les assassinats de citoyens US &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, il se donne le pouvoir de d&eacute;terminer qui doit mourir et qui peut vivre.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[1]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Authorization for Use of Military Force, Pub. L. 107-40, &sect;&sect;1-2, 115 Stat. 224.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Texte de loi disponible sur http://politechbot.com/docs/usa.act.final.102401.html.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[3]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">H.R. 3199, http://frwebgate.access.gpo.gov/cgi-bin/getdoc.cgi?dbname=109_cong_bills&amp;docid=f:h3199enr.txt.pdf.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Texte de loi disponible sur <a href="http://www.govtrack.us/data/us/bills.text/109/s/s3930.pdf"><span style="color:#0563c1">http://www.govtrack.us/data/us/bills.text/109/s/s3930.pdf</span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">*</span></span></span></span></b><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt"> Interpr&eacute;t&eacute;e comme un droit fondamental &agrave; disposer de son corps, la loi d&rsquo;<i>Habeas Corpus </i>(1679) a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;e pour apporter des garanties r&eacute;elles et efficaces contre les arrestations arbitraires. En effet, elle donne le droit au d&eacute;tenu de compara&icirc;tre imm&eacute;diatement. V&eacute;ritable pilier des libert&eacute;s publiques anglaises, elle s&rsquo;appliquait aux colonies du Royaume britannique, et a perdur&eacute; dans la plupart des pays appliquant la <i>common law</i>. Elle a valeur constitutionnelle aux &Eacute;tats-Unis, ne pouvant &ecirc;tre suspendue qu&rsquo;en temps de guerre [ndlr].</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Accords entre l&rsquo;Union europ&eacute;enne et les &Eacute;tats-Unis sur l&rsquo;extradition et l&rsquo;entraide judiciaire du 19 juillet 2003,&nbsp; <i>Journal Officiel des Communaut&eacute;s europ&eacute;ennes</i>, JO L 181 du 19/7/ 2003, pp. 27 et 34, http://europa.eu.int/eur-lex/pri/de/oj/dat/2003/L_181/L_18120030719de00270033.pdf .</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Jean-Claude Paye, &laquo;&nbsp;La coop&eacute;ration judiciaire et polici&egrave;re USA-UE, un rapport asym&eacute;trique&nbsp;&raquo;, <i>Les Temps modernes</i>, n&deg; 626, f&eacute;vrier 2004.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Formellement, il s&rsquo;agit du Titre XVIII du <i>National Defense Authorization Act for Fiscal Year 2010</i>, http://www.defense.gov/news/commissionsacts.html.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[8]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Joanne Mariner, &laquo;&nbsp;A First Look at the Military Commissions Act of 2009, Part Two&nbsp;&raquo;, <i>Findlaw, </i>le 30 novembre 2009, </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><a href="http://writ.news.findlaw.com/mariner/20091130.html"><span lang="EN-US" style="color:#0563c1"><span style="letter-spacing:-.05pt">http://writ.news.findlaw.com/mariner/20091130.html</span></span></a></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[9]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Jennifer K. Kelsa, &laquo;&nbsp;The Military Commissions Act of 2009&nbsp;: Overview and Legal Issues&nbsp;&raquo;, CRS Report for Congress, <i>Congressional Research Service, </i>le 6 avril 2010, www.fas.org/sgp/crs/natsec/R41163.pdf.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le clivage du moi s&rsquo;articule avec ces deux propositions contradictoires. Le moi se clive parce qu&rsquo;il y a une partie qui soutient une proposition, tandis que l&rsquo;autre partie soutient l&rsquo;autre.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[11]</span></span></span></sup></a> <i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">H.R. 1540., National Defense Authorization Act</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> (NDAA) for <i>Fiscal Year 2012, </i></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><a href="http://thomas.loc.gov/cgi-bin/query/z?c112:H.R.1540"><span lang="EN-US" style="color:#0563c1">http://thomas.loc.gov/cgi-bin/query/z?c112:H.R.1540</span></a></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">.</span></span></i></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[12]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">US Congress&rsquo; joint resolution of September 18, 2001, Authorization for Use of Military Force (AUMF)&nbsp;; Pub. L. 107-40, 115 Stat. 224, voir note 1.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[13]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Comparison of 2001 Authorization for Use of Military Force (&ldquo;AUMF&rdquo;) and New World Wide War Authorization, <i>Aclu.org</i>,<i> </i>http://www.aclu.org/.../Comparison_of_2001_AUMF_and_2011_New_World_Wide_War_Authorization.pdf.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[14]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Charlie Savage, &laquo;&nbsp;Secret US Memo Made Legal Case to Kill a Citizen&nbsp;&raquo;, <i>The New York Times, </i>le 8 octobre 2011, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><a href="http://www.nytimes.com/2011/10/09/world/middleeast/secret-us-memo-made-legal-case-to-kill-a-citizen.html?hp"><span lang="EN-US" style="color:#0563c1">http://www.nytimes.com/2011/10/09/world/middleeast/secret-us-memo-made-legal-case-to-kill-a-citizen.html?hp</span></a></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[15]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Jo Becker et Scott Shane,&laquo;&nbsp;Secret &lsquo;Kill List&rsquo; Proves a Test of Obama&rsquo;s Principles and Will&nbsp;&raquo;, <i>The New York Times</i>, le 29 mai 2012, http://www.nytimes.com/2012/05/29/world/obamas-leadership-in-war-on-al-qaeda.html?_r=0.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[16]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">&laquo;&nbsp;BREAKING&nbsp;: Text of President Obama Signing Statement on the NDAA&nbsp;&raquo;,<i> Politicalrumination.com</i>, le 31 d&eacute;cembre 2011, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><a href="http://www.politicalruminations.com/2011/12/breaking-text-of-president-obama-signing-statement-on-the-ndaa.html"><span lang="EN-US" style="color:#0563c1">http://www.politicalruminations.com/2011/12/breaking-text-of-president-obama-signing-statement-on-the-ndaa.html</span></a></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Par exemple, au niveau des Nations unies, il faut attendre la Convention internationale pour la r&eacute;pression du financement du terrorisme de 1999 pour que l&rsquo;acte terroriste soit d&eacute;fini &agrave; partir d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment intentionnel.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> La d&eacute;n&eacute;gation correspond au refoulement. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un concept cr&eacute;&eacute; par Freud pour d&eacute;signer un processus d&eacute;fensif qui consiste &agrave; &eacute;noncer des d&eacute;sirs, des pens&eacute;es, des sentiments sur un mode n&eacute;gatif, tout en ne les reconnaissant pas. Les anciennes l&eacute;gislations antiterroristes op&egrave;rent une d&eacute;n&eacute;gation de l&rsquo;acte politique revendiqu&eacute;, en affirmant qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;une action ayant un caract&egrave;re politique, mais d&rsquo;un pur acte criminel, un acte &agrave; caract&egrave;re terroriste.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Cr&eacute;&eacute; par Freud le concept de d&eacute;ni <i>(Verleugnung)</i> se distingue de celui de d&eacute;n&eacute;gation. Le d&eacute;ni est un mode de d&eacute;fense o&ugrave; le sujet refuse de reconna&icirc;tre la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;une perception traumatisante tout en la reconnaissant d&rsquo;une certaine mani&egrave;re. Nous ne sommes plus dans la conscience. Il s&rsquo;agit de la rejeter, de la forclore (Lacan), afin que la perception de la r&eacute;alit&eacute; par cette conscience reste morcel&eacute;e, innommable<span style="color:maroon">.</span> Les nouvelles lois antiterroristes fonctionnent ainsi, elles refusent de reconna&icirc;tre la r&eacute;alit&eacute; politique de l&rsquo;acte en le traitant comme criminel, mais c&rsquo;est son caract&egrave;re politique &laquo;&nbsp;indu&nbsp;&raquo; qui la constitue comme terroriste.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Chez Kant, le Bien <i>(das Gute)</i> fonctionne comme une loi morale inconditionnelle, cat&eacute;gorique et d&rsquo;inspiration universalisante. Lacan nous pr&eacute;cise&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il nous est indiqu&eacute; par l&rsquo;exp&eacute;rience que nous faisons d&rsquo;entendre au-dedans de nous des commandements, dont l&rsquo;imp&eacute;ratif se pr&eacute;sente comme cat&eacute;gorique, autrement dit inconditionnel&nbsp;&raquo; (Lacan, &laquo;&nbsp;Kant avec Sade&nbsp;&raquo;, <i>Critique</i>, n&deg; 191, 1963, pp. 291-313).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:#0563c1">[21]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Rasul v. Rumsfeld, <i>Center for Constitutional Rights</i>, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><a href="http://ccrjustice.org/ourcases/current-cases/rasul-v.-rumsfeld"><span lang="EN-US" style="color:#0563c1">http://ccrjustice.org/ourcases/current-cases/rasul-v.-rumsfeld</span></a></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>