<h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">U</span></span></i></b><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ne situation d&rsquo;exception&hellip; <i>permanente&nbsp;?</i></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nombreux sont les signes qui laissent penser que la situation d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, chez nous comme ailleurs, est une situation d&rsquo;exception&hellip; permanente. Un oxymore, certes&nbsp;: cependant il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;tablir si elle l&rsquo;est vraiment ou juste en apparence.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il n&rsquo;est pas facile de donner une r&eacute;ponse certaine &agrave; une question si engageante et aussi inqui&eacute;tante, &agrave; cause de l&rsquo;opacit&eacute; et de la complexit&eacute; du cadre institutionnel, caract&eacute;ris&eacute; par des rapports r&eacute;guliers mais aussi continuellement changeants entre les organes au sommet de l&rsquo;&Eacute;tat.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La difficult&eacute; principale r&eacute;side dans le fait d&rsquo;&eacute;tablir si les organes supr&ecirc;mes restent dans un cadre constitutionnel ou bien s&rsquo;ils d&eacute;bordent de ce cadre, &agrave; savoir&nbsp;: s&rsquo;ils sont dans une situation de <i>normalit&eacute;</i> ou bien d&rsquo;<i>exception</i>. La question concerne, &agrave; la fois, les organes d&rsquo;orientation politique et les organes de garantie, en particulier les organes supr&ecirc;mes, mais surtout ces derniers&nbsp;: l&rsquo;observation de leurs actes constitue, en effet, un banc d&rsquo;essai tr&egrave;s instructif et d&eacute;cisif afin d&rsquo;&eacute;tablir si tout le syst&egrave;me, dans ses principales exp&eacute;riences, reste encore &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur ou bien d&eacute;borde du cadre constitutionnel. Tant que les organes qui doivent le sauvegarder prouvent qu&rsquo;ils sont en mesure de sanctionner des actes et des comportements <i>contra Constitutionem</i>, on pourra dire que la continuit&eacute; de l&rsquo;ordre constitutionnel est assur&eacute;e. Cependant, la question est justement que les actes des organes de garantie relatifs aux d&eacute;cisions adopt&eacute;es par des organes politiques, soul&egrave;vent beaucoup de doutes concernant leur respect de la Constitution et leur conformit&eacute; avec elle.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est vrai que, dans le temps, la fonction m&ecirc;me de garantie s&rsquo;est transform&eacute;e profond&eacute;ment, au point qu&rsquo;il est probl&eacute;matique de la distinguer de la fonction d&rsquo;orientation politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une doctrine a m&ecirc;me th&eacute;oris&eacute; cet &eacute;tat de fait. En effet, le mod&egrave;le constitutionnel lui-m&ecirc;me, dans le laconisme d&rsquo;expression qui le caract&eacute;rise, autoriserait &agrave; conclure qu&rsquo;il est impossible de distinguer, tout compte fait, entre une fonction et l&rsquo;autre, ce qui ne permettrait pas une standardisation du r&ocirc;le des organes titulaires.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cette opinion, qui a &eacute;t&eacute; r&eacute;cemment repr&eacute;sent&eacute;e<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a> de fa&ccedil;on fine et argument&eacute;e (mais sans pour autant &ecirc;tre persuasive), d&eacute;coule d&rsquo;anciennes et solides th&eacute;ories que nous pouvons faire remonter aux &eacute;tudes de G.&nbsp;U.&nbsp;Rescigno, et avant encore (surtout) de C.&nbsp;Esposito<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>, mais qui trouvent leur fondement dans la puissante r&eacute;flexion de C.&nbsp;Schmitt.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Je ne crois pas, toutefois, que l&rsquo;on puisse proposer une lecture de la Constitution qui am&egrave;ne &agrave; admettre des &laquo;&nbsp;doublons&nbsp;&raquo; ou des superpositions de r&ocirc;les&nbsp;; plut&ocirc;t, ces r&ocirc;les sont normalis&eacute;s et nettement distingu&eacute;s par la Constitution, tout difficile que cela puisse &ecirc;tre par la suite de reconstruire point par point les traits de leur caract&eacute;risation r&eacute;ciproque.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il faut d&rsquo;ailleurs consid&eacute;rer, &eacute;videmment, que l&rsquo;exp&eacute;rience peut s&rsquo;&eacute;carter, m&ecirc;me sensiblement, du corpus constitutionnel. Il s&rsquo;agit alors d&rsquo;&eacute;tablir &ndash; question tr&egrave;s importante &ndash; si l&rsquo;exp&eacute;rience a d&eacute;bord&eacute; le dessein r&eacute;glementaire pr&eacute;constitu&eacute; pour elle ou si le corpus constitutionnel est encore &agrave; m&ecirc;me de r&eacute;sister aux chocs caus&eacute;s par l&rsquo;exp&eacute;rience et s&rsquo;il arrive, non sans mal, &agrave; s&rsquo;imposer.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En d&rsquo;autres termes&nbsp;: sommes-nous encore dans un &laquo;&nbsp;&Eacute;tat de droit&nbsp;&raquo;, bien que dans des formes inhabituelles et avec des nouveaut&eacute;s d&rsquo;ensemble par rapport au pass&eacute;, ou sommes-nous dans une conjoncture &laquo;&nbsp;exceptionnelle&nbsp;&raquo; et de toute mani&egrave;re non &laquo;&nbsp;constitutionnelle&nbsp;&raquo;&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Comme nous venons de le dire plus haut, il est extr&ecirc;mement difficile d&rsquo;essayer de r&eacute;pondre &agrave; cette question, justement car la r&eacute;alit&eacute; constitutionnelle est tr&egrave;s confuse et brouill&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Aujourd&rsquo;hui, tout semble assez incertain et probl&eacute;matique, surtout si l&rsquo;on consid&egrave;re le r&ocirc;le central de plus en plus important que les chefs d&rsquo;&Eacute;tat jouent dans les l&eacute;gislations parlementaires, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, et les Cours constitutionnelles et les juges, de l&rsquo;autre, aussi bien que (et peut-&ecirc;tre plus encore) les Cours supranationales (et parmi elles, pour ce qui nous importe, la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme et la Cour de justice de l&rsquo;Union europ&eacute;enne). Par Constitution, ces organes &ndash; chefs d&rsquo;&Eacute;tat et Cours &ndash;, qui connotent comme &laquo;&nbsp;d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo; la structure et l&rsquo;essence du syst&egrave;me, ont laiss&eacute; dans l&rsquo;ombre les organes de d&eacute;cision politique et ont indiqu&eacute; (et continuent de le faire) des d&eacute;faillances assez graves et &eacute;videntes aussi bien en ce qui concerne le gouvernement de la soci&eacute;t&eacute; et la r&eacute;glementation de ses dynamiques que pour ce qui est de la protection des droits fondamentaux.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La crise &eacute;conomique et son concours &agrave; la transformation des organes supr&ecirc;mes de garantie</span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est &eacute;vident que la crise &eacute;conomique en cours, qui ne s&rsquo;annonce pas passag&egrave;re, ou du moins pas de court terme, a contribu&eacute; significativement &agrave; souligner de fa&ccedil;on marqu&eacute;e le r&ocirc;le des organes supr&ecirc;mes de garantie et &agrave; mettre &agrave; nu, par ailleurs, le caract&egrave;re inad&eacute;quat des organes d&rsquo;orientation politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re en particulier &agrave; la situation italienne, certaines expressions d&rsquo;activisme de plus en plus marqu&eacute; des organes supr&ecirc;mes de garantie sont un indice particuli&egrave;rement digne de foi d&rsquo;une torsion d&rsquo;ensemble de la forme de gouvernement parlementaire (et peut-&ecirc;tre de la forme m&ecirc;me de l&rsquo;&Eacute;tat).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il suffit de penser aux questions li&eacute;es &agrave; la gestion des crises politiques. &Agrave; cet &eacute;gard, la chute du gouvernement Berlusconi, suivie par le gouvernement Monti en novembre&nbsp;2011, est instructive.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le premier gouvernement, en effet, avait la majorit&eacute; au parlement pour gouverner. Cependant, il a d&ucirc; donner sa d&eacute;mission car, bien que soutenu par la confiance d&rsquo;une majorit&eacute; en difficult&eacute; &eacute;vidente, il &eacute;tait d&eacute;pourvu de la &laquo;&nbsp;v&eacute;ritable&nbsp;&raquo; confiance&nbsp;: la confiance des march&eacute;s et des <i>partenaires</i> europ&eacute;ens, aux yeux desquels le pr&eacute;sident du Conseil apparaissait comme discr&eacute;dit&eacute;, &agrave; cause surtout de ses m&eacute;saventures judiciaires et, plus g&eacute;n&eacute;ralement, de ses affaires personnelles.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est &eacute;vident que le r&ocirc;le d&eacute;cisif dans le changement de gouvernement a &eacute;t&eacute; jou&eacute; par le pr&eacute;sident Napolitano qui, dans une situation tr&egrave;s d&eacute;t&eacute;rior&eacute;e (&agrave; la limite du <i>d&eacute;faut</i> de l&rsquo;&Eacute;tat), a essay&eacute; de rassurer les march&eacute;s en d&eacute;clarant que le pr&eacute;sident du Conseil donnerait sa d&eacute;mission une fois les mesures de redressement des comptes publics approuv&eacute;es. Le chef de l&rsquo;&Eacute;tat lui-m&ecirc;me a offert, para&icirc;t-il, son g&eacute;n&eacute;reux &laquo;&nbsp;conseil&nbsp;&raquo; pour les mesures extraordinaires adopt&eacute;es par le gouvernement Monti afin de faire face &agrave; l&rsquo;urgence de la crise &eacute;conomique<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>, &agrave; tel point que dans bien des commentaires qui ont fait la une de la presse et de la t&eacute;l&eacute;vision, le gouvernement a &eacute;t&eacute; souvent libell&eacute; comme le gouvernement &laquo;&nbsp;Monti-Napolitano&nbsp;&raquo; ou de toute mani&egrave;re comme un &laquo;&nbsp;gouvernement du Pr&eacute;sident&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Les gouvernements suivants, comme le gouvernement Letta (appel&eacute; le gouvernement &laquo;&nbsp;des grandes ententes&nbsp;&raquo;), qui a dur&eacute; d&rsquo;avril&nbsp;2013 &agrave; f&eacute;vrier&nbsp;2014, ou bien celui qui a suivi, le gouvernement Renzi, tout en ayant, comme le gouvernement Monti, la confiance du parlement (ce qui ne constitue pas jusqu&rsquo;ici une &laquo;&nbsp;exception&nbsp;&raquo;, du moins en apparence) ainsi que l&rsquo;&laquo;&nbsp;encouragement&nbsp;&raquo; constant du chef de l&rsquo;&Eacute;tat, ont toujours &eacute;galement agi en caract&eacute;risant dans un sens <i>t&eacute;l&eacute;ologique ou instrumental</i> leur orientation politique, &agrave; savoir&nbsp;: ils en ont orient&eacute; les contenus afin de pr&eacute;server la premi&egrave;re &laquo;&nbsp;vraie&nbsp;&raquo; confiance, la plus importante, qui &ndash; comme on vient de le dire &ndash; est celle des <i>partenaires</i> europ&eacute;ens et des march&eacute;s internationaux. Dans ce cadre, la vocation &laquo;&nbsp;r&eacute;formiste&nbsp;&raquo; des gouvernements susmentionn&eacute;s, qui a eu son expression la plus marqu&eacute;e dans le dernier de la s&eacute;rie, puise sa raison d&rsquo;&ecirc;tre dans un dessein strat&eacute;gique visant &agrave; garder cette confiance.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il faut s&rsquo;arr&ecirc;ter bri&egrave;vement sur la r&eacute;forme Renzi, qui, en ce moment (janvier&nbsp;2015), est approuv&eacute;e en premi&egrave;re lecture au S&eacute;nat et est en cours d&rsquo;examen &agrave; la Chambre des d&eacute;put&eacute;s, puisque, selon de farouches opposants, elle d&eacute;passerait les limites du cadre constitutionnel, et serait donc justifi&eacute;e uniquement par l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;&laquo;&nbsp;exception&nbsp;&raquo; dans lequel le pays se trouve, y compris par l&rsquo;effet de la crise &eacute;conomique en cours.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En r&eacute;alit&eacute;, le front des critiques est assez panach&eacute;&nbsp;: certains ont des r&eacute;serves, parfois assez &acirc;pres, vis-&agrave;-vis de certains contenus la caract&eacute;risant, en soulignant son incoh&eacute;rence interne ou bien son inopportunit&eacute;. De surcro&icirc;t, ils font remarquer que les Chambres actuelles, apr&egrave;s que la Cour constitutionnelle a d&eacute;clar&eacute; ill&eacute;gitime d&rsquo;un point de vue constitutionnel la loi &eacute;lectorale par laquelle elles ont &eacute;t&eacute; form&eacute;es (jugement n&deg;</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1 de 2014), seraient d&eacute;sormais &laquo;&nbsp;d&eacute;l&eacute;gitim&eacute;es&nbsp;&raquo; totalement et sans appel, et qu&rsquo;il est inconcevable qu&rsquo;elles puissent amorcer une modification de la Constitution.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cette derni&egrave;re critique, frappant le processus de r&eacute;forme en cours &agrave; ses racines, est dirig&eacute;e fatalement contre le chef de l&rsquo;&Eacute;tat qui, en revanche, a constamment et fortement sollicit&eacute; les r&eacute;formes, aussi bien que contre la Cour constitutionnelle elle-m&ecirc;me qui, dans son jugement, a tenu &agrave; d&eacute;clarer que l&rsquo;effet de l&rsquo;annulation de la loi &eacute;lectorale n&rsquo;aurait pas priv&eacute; les Chambres d&eacute;sormais en place de leurs propres pouvoirs.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">De deux choses l&rsquo;une. Soit on raisonne de fa&ccedil;on formelle et abstraite, en consid&eacute;rant comme nul l&rsquo;effet de l&rsquo;annulation de la discipline &eacute;lectorale contre les Chambres actuelles, lesquelles b&eacute;n&eacute;ficieraient donc de tous leurs pouvoirs. Soit on raisonne dans une perspective axiologique et substantielle, en jugeant leur permanence dans leurs fonctions comme une blessure mortelle pour la d&eacute;mocratie qui se renouvelle au jour le jour, les Chambres n&rsquo;ayant pas <i>ab origine</i> un droit valide d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;lues ni de rester en place aujourd&rsquo;hui.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">En r&eacute;alit&eacute;, il semble que le chef de l&rsquo;&Eacute;tat ait vu l&agrave; une situation insolite et grave, cr&eacute;&eacute;e &agrave; la suite du jugement de la Cour constitutionnelle, en arrivant cependant au r&eacute;sultat exactement oppos&eacute; au r&eacute;sultat recherch&eacute;. Le pr&eacute;sident Napolitano, en effet, non seulement n&rsquo;a pas dissout les chambres, mais il les a encourag&eacute;es ainsi que le gouvernement &agrave; continuer sans d&eacute;lai dans la voie des r&eacute;formes. &Eacute;videmment, il a fait cela &agrave; la suite d&rsquo;une op&eacute;ration d&rsquo;&eacute;quilibrage entre des valeurs constitutionnelles&nbsp;: malgr&eacute; la &laquo;&nbsp;d&eacute;-l&eacute;gitimation&nbsp;&raquo; criante du parlement qui reste fermement en place, <i>interest rei publicae </i>pr&eacute;vaut, et ceci, une fois encore, pour la m&ecirc;me raison que l&rsquo;on a cit&eacute;e, c&rsquo;est-&agrave;-dire parce que les <i>partenaires</i> europ&eacute;ens et les march&eacute;s attendaient (et ils attendent toujours) de l&rsquo;Italie une stabilit&eacute; politique et des r&eacute;formes structurelles. Dans ce contexte, la r&eacute;&eacute;criture de la Constitution devient, apparemment, un passage oblig&eacute; (le fait que ce soient ces modifications de la Charte et non d&rsquo;autres modifications qui soient indispensables est, &eacute;videmment, un tout autre discours, mais qui concerne le <i>quomodo</i> et non pas l&rsquo;<i>an</i> des r&eacute;formes).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Bref, et pour conclure sur ce point, peut-&ecirc;tre la d&eacute;mocratie en souffre-t-elle, du fait que les parlementaires &eacute;lus en application d&rsquo;une loi inconstitutionnelle restent en charge&nbsp;; peut-&ecirc;tre, aussi, faut-il consid&eacute;rer comme inacceptable, voire comme paradoxal, le fait que la Constitution soit r&eacute;&eacute;crite par ces parlementaires. Cependant, selon le chef de l&rsquo;&Eacute;tat (et le gouvernement&hellip;), il n&rsquo;y avait et il n&rsquo;y a pas d&rsquo;autre solution pour (essayer de) sortir du <i>tunnel</i> d&rsquo;une crise qui chaque jour risque de nous mener au bord du pr&eacute;cipice.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Donc, d&eacute;mocratie d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, et survie de la l&eacute;gislation ainsi que de la Constitution m&ecirc;me de l&rsquo;autre&nbsp;: un &laquo;&nbsp;&eacute;quilibre&nbsp;&raquo; &ndash; comme l&rsquo;on voit &ndash; amenant &agrave; un r&eacute;sultat oblig&eacute;. Le chef de l&rsquo;&Eacute;tat qui raisonne en ces termes est-il le chef d&rsquo;un &Eacute;tat de droit ou bien celui d&rsquo;un &Eacute;tat d&rsquo;&laquo;&nbsp;exception&nbsp;&raquo;&nbsp;?</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;activisme croissant de la Cour constitutionnelle et le risque qu&rsquo;elle se transforme en pouvoir constituant permanent</span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&Agrave; l&rsquo;activisme pouss&eacute; du pr&eacute;sident de la R&eacute;publique qu&rsquo;on vient de signaler a fait pendant la tout aussi forte hardiesse de la Cour constitutionnelle qui, ces derni&egrave;re ann&eacute;es, s&rsquo;est particuli&egrave;rement manifest&eacute;e et a trouv&eacute; un terrain fertile o&ugrave; planter ses racines, l&agrave; o&ugrave; se forment les exp&eacute;riences concernant les droits fondamentaux.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La Cour constitutionnelle s&rsquo;est depuis longtemps dot&eacute;e d&rsquo;outils de d&eacute;cision particuli&egrave;rement incisifs. Tout compte fait, quoiqu&rsquo;en dise la Cour elle-m&ecirc;me, ces outils s&rsquo;emparent, dans plusieurs cas, des questions mat&eacute;rielles qui relevaient traditionnellement du parlement et du gouvernement.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Or, aujourd&rsquo;hui les techniques d&eacute;cisionnelles se plient &agrave; un but qui &eacute;tait jadis m&eacute;connu, &agrave; savoir&nbsp;: celui d&rsquo;assurer une v&eacute;ritable quadrature du cercle, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;arriver &agrave; &eacute;quilibrer de fa&ccedil;on satisfaisante, v&eacute;ritablement paritaire, les exigences qui rel&egrave;vent des contraintes budg&eacute;taires (comme on le sait, en p&eacute;riode de r&eacute;vision des d&eacute;penses, elles s&rsquo;av&egrave;rent particuli&egrave;rement contraignantes) et celles qui visent &agrave; prot&eacute;ger les droits fondamentaux et, en g&eacute;n&eacute;ral, &agrave; garder le cadre constitutionnel.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Cet &eacute;quilibre a pris des formes parfois inhabituelles, m&ecirc;me inqui&eacute;tantes. Je rappelle simplement ici deux &eacute;v&eacute;nements.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le premier, assez r&eacute;cent, concerne la jurisprudence constitutionnelle vis-&agrave;-vis de la condition de d&eacute;gradation dans laquelle se trouvent les d&eacute;tenus &agrave; cause du surpeuplement des prisons. Sur ce point, la Cour italienne s&rsquo;est align&eacute;e sur la position de la Cour de Strasbourg, en censurant s&eacute;v&egrave;rement l&rsquo;inertie du l&eacute;gislateur qui n&rsquo;a pas rem&eacute;di&eacute; &agrave; un &eacute;tat de fait devenu insupportable. Cependant, cette position conclut dans le sens de l&rsquo;irrecevabilit&eacute; de la question de la l&eacute;gitimit&eacute; constitutionnelle, tout en avertissant qu&rsquo;en prolongeant ult&eacute;rieurement cette inertie, il pourrait changer d&rsquo;avis en transformant le rejet d&rsquo;aujourd&rsquo;hui en recevabilit&eacute; par la suite (jugement n&deg;&nbsp;279 de 2013).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Il faut dire les choses comme elles sont. La dignit&eacute; de la personne humaine, qui est consid&eacute;r&eacute;e par la plupart d&rsquo;entre nous comme un droit &laquo;&nbsp;indisponible&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;supraconstitutionnel&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a> o&ugrave; se trouvent des biens n&eacute;cessitant un &eacute;quilibrage (et les normes dont ils font l&rsquo;objet) est, tout compte fait, mise de c&ocirc;t&eacute; lorsqu&rsquo;on consid&egrave;re qu&rsquo;il est mat&eacute;riellement impossible, y compris &agrave; cause de la carence de ressources financi&egrave;res disponibles, de construire de nouvelles prisons &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle humaine.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cet &eacute;v&eacute;nement en rappelle un autre qui a eu lieu dans les temps sombres o&ugrave; les piliers de l&rsquo;&Eacute;tat de droit &eacute;taient menac&eacute;s par les Brigades rouges, dont les membres pensaient que le but de la construction d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; (selon eux) plus juste justifiait le sacrifice d&rsquo;&ecirc;tres humains innocents, devenus cibles plus ou moins accidentelles d&rsquo;actions terroristes. M&ecirc;me &agrave; cette &eacute;poque, le juge des lois, saisi d&rsquo;examiner le caract&egrave;re constitutionnel d&rsquo;une r&egrave;glementation prolongeant de fa&ccedil;on anormale la dur&eacute;e de la d&eacute;tention provisoire qui sacrifiait manifestement la dignit&eacute; des personnes en attente d&rsquo;un jugement (et qui auraient pu s&rsquo;av&eacute;rer innocentes), jugea devoir justifier, <i>au nom de l&rsquo;urgence</i>, cette r&egrave;glementation, simplement parce qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas de possibilit&eacute; mat&eacute;rielle d&rsquo;instruire rapidement un proc&egrave;s &agrave; leur encontre, en des d&eacute;lais raisonnables (jugement n&deg;&nbsp;15 de 1982).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">D&rsquo;autres cas encore, bien que moins dramatiques que ceux qui viennent d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;crits succinctement, peuvent &ecirc;tre rappel&eacute;s dans le m&ecirc;me ordre d&rsquo;id&eacute;es.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On peut penser, par exemple, &agrave; toutes les fois o&ugrave; la Cour constitutionnelle a jug&eacute; comme mutuellement &laquo;&nbsp;&eacute;quilibrables&nbsp;&raquo; le principe du respect des normes constitutionnelles sur la normalisation et le principe de la protection (effective et non simplement nominale) des droits fondamentaux, et a fait reculer les normes face au besoin d&rsquo;assurer la protection des droits fondamentaux.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En particulier, les exp&eacute;riences o&ugrave; on a eu la preuve de cette orientation de la jurisprudence sont&nbsp;: le rapport entre droit interne et droit d&rsquo;origine ext&eacute;rieure, et le rapport entre &Eacute;tat et R&eacute;gions.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">En ce qui concerne le premier domaine, il est question de l&rsquo;application de la Convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme (CEDH) dans le cadre national. Dans son jugement n&deg;&nbsp;317 de 2009 (et al.), la Cour a affirm&eacute; que le principe de l&rsquo;art. 117, al.&nbsp;I, Const., qui oblige les lois de l&rsquo;&Eacute;tat et des R&eacute;gions &agrave; respecter les obligations internationales, est sous-jacent &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;quilibre&nbsp;&raquo; avec d&rsquo;autres principes et r&egrave;gles de la Constitution. De cette fa&ccedil;on, lorsqu&rsquo;on d&eacute;montre qu&rsquo;une loi offre une garantie aux droits fondamentaux (et, en g&eacute;n&eacute;ral, aux int&eacute;r&ecirc;ts prot&eacute;g&eacute;s par la Constitution) qui est encore plus &eacute;lev&eacute;e et satisfaisante que celle fournie par la CEDH, cette derni&egrave;re devra &ecirc;tre mise de c&ocirc;t&eacute; (et avec elle, la loi constitutionnelle qui en donne une &laquo;&nbsp;couverture&nbsp;&raquo;). En r&eacute;alit&eacute;, comme nous avons essay&eacute; de le montrer en d&rsquo;autres lieux de r&eacute;flexion scientifique, dans une telle conjoncture, il n&rsquo;appara&icirc;t pas correct de parler d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;quilibrage&nbsp;&raquo; <i>stricto sensu</i>, puisque c&rsquo;est la CEDH qui se donne un r&ocirc;le &laquo;&nbsp;subsidiaire&nbsp;&raquo;, en d&eacute;clarant vouloir valoir non pas de fa&ccedil;on inconditionnelle mais uniquement l&agrave; o&ugrave; elle est consid&eacute;r&eacute;e &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;&eacute;lever encore plus le niveau des garanties par rapport au niveau fix&eacute; par les normes nationales<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En ce qui concerne le deuxi&egrave;me domaine, dans les jugements n<sup>os</sup>&nbsp;10 et 121 de 2010, la Cour constitutionnelle a permis que l&rsquo;autonomie r&eacute;gionale soit sacrifi&eacute;e par des actes l&eacute;gislatifs de l&rsquo;&Eacute;tat en vigueur malgr&eacute; le fait qu&rsquo;ils envahissent la sph&egrave;re de comp&eacute;tence des R&eacute;gions, justement car ils visent &agrave; satisfaire des droits qui ne seraient autrement prot&eacute;g&eacute;s.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Cependant, sur ce point, la jurisprudence montre des apories de construction qui n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; r&eacute;solues et elle se montre assez incertaine et fluctuante. R&eacute;cemment, en effet, le juge constitutionnel, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, a confirm&eacute; les affirmations figurant dans les d&eacute;cisions indiqu&eacute;es ci-dessus (jugement n&deg;&nbsp;62 de 2013) et, de l&rsquo;autre, par contre, a d&eacute;clar&eacute; que les r&egrave;gles sur la normalisation ne peuvent de toute fa&ccedil;on pas &ecirc;tre soumises &agrave; &laquo;&nbsp;&eacute;quilibrage&nbsp;&raquo; (jugements n<sup>os</sup>&nbsp;148 et 151 de 2012, n&deg;&nbsp;39 de 2013, n&deg;&nbsp;99 de 2014).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">D&rsquo;autres exemples peuvent encore &ecirc;tre donn&eacute;s pour confirmer l&rsquo;activisme marqu&eacute; (parfois excessif) du juge constitutionnel&nbsp;: parmi eux, le plus significatif est le jugement r&eacute;cent, n&deg;&nbsp;1 de 2014, de la Cour constitutionnelle, qui a d&eacute;clar&eacute; ill&eacute;gitime d&rsquo;un point de vue constitutionnel la loi &eacute;lectorale, et ce faisant, la Cour a d&eacute;pass&eacute; ce qui &eacute;tait par le pass&eacute; consid&eacute;r&eacute; comme une v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;zone franche&nbsp;&raquo; de la justice constitutionnelle.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le t&eacute;moignage le plus digne de foi concernant la torsion du r&ocirc;le de la Cour semble &ecirc;tre donn&eacute; par les cas o&ugrave; la Cour donne suite, non pas &agrave; la &laquo;&nbsp;r&eacute;&eacute;criture&nbsp;&raquo; substantielle des textes de loi qui sont soumis &agrave; son jugement, mais au param&egrave;tre constitutionnel<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>, tout en cachant de fa&ccedil;on attentive l&rsquo;op&eacute;ration d&rsquo;innovation constitutionnelle mise en place et en la pr&eacute;sentant comme une simple traduction fid&egrave;le du param&egrave;tre lui-m&ecirc;me, pour les exigences sp&eacute;cifiques des cas particuliers. De cette fa&ccedil;on, la Cour d&eacute;montre dans les faits qu&rsquo;elle sait &ecirc;tre, au besoin, un v&eacute;ritable <i>pouvoir constituant permanent</i> (j&rsquo;ajoute&nbsp;: un pouvoir constituant <i>monstrueux</i>), en confirmant ainsi l&rsquo;heureuse (mais inqui&eacute;tante) intuition de Juv&eacute;nal, quand dans ses pens&eacute;es il s&rsquo;interrogeait sur qui pouvait &ecirc;tre le &laquo;&nbsp;gardien des gardiens&nbsp;&raquo; <i>(quis custodiet ipsos custodes&nbsp;?)<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><b><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></b></a>.</i></span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le &laquo;&nbsp;dialogue&nbsp;&raquo; entre la Cour constitutionnelle et les Cours europ&eacute;ennes&nbsp;: </span></span></b></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">une ressource pr&eacute;cieuse afin d&rsquo;&eacute;viter qu&rsquo;une seule d&rsquo;entre elles devienne, en solitude souveraine, le sommet du syst&egrave;me (y compris sur le plan des rapports entre les ordres juridiques)</span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans ce contexte, qui est ici d&eacute;crit sommairement, il s&rsquo;agit de se demander quelles sont les mesures utiles, s&rsquo;il y en a, pour endiguer une d&eacute;rive autoritaire qui &ndash; par une &eacute;trange ironie du sort &ndash; pourrait justement avoir comme protagonistes les plus grands garants du syst&egrave;me constitutionnel.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Un r&ocirc;le primaire est d&rsquo;ores et d&eacute;j&agrave; jou&eacute; (et il pourra l&rsquo;&ecirc;tre encore davantage dans un futur proche) par des organismes supranationaux. Le &laquo;&nbsp;dialogue&nbsp;&raquo; entre les Cours peut en effet servir &agrave; limiter les risques encourus &agrave; chaque fois qu&rsquo;une seule d&rsquo;entre elles soit ou se consid&egrave;re comme la Cour au sommet, agr&eacute;ment&eacute;e pour &eacute;noncer des &laquo;&nbsp;v&eacute;rit&eacute;s&nbsp;&raquo; irr&eacute;futables de droit constitutionnel (et des droits constitutionnels).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&Agrave; ce propos, si l&rsquo;on regarde le mod&egrave;le positif, on a confirmation du fait que les Chartes europ&eacute;ennes des droits (particuli&egrave;rement la CEDH et la Charte des droits de l&rsquo;Union) se r&eacute;servent un r&ocirc;le purement &laquo;&nbsp;subsidiaire&nbsp;&raquo;&nbsp;; cependant, dans les faits, le tableau semble plus articul&eacute; et complexe. En effet, les Chartes, en tant que <i>droit vivant</i> et telles qu&rsquo;elles sont concr&egrave;tement utilis&eacute;es par les Cours qui en sont les garants d&rsquo;un point de vue institutionnel, donnent parfois l&rsquo;impression d&rsquo;&ecirc;tre <i>superiorem non recognoscentes</i> (&laquo;&nbsp;libres de toute subordination&nbsp;&raquo;).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Tout compte fait, m&ecirc;me la Cour constitutionnelle, de son c&ocirc;t&eacute;, ne laisse de place &agrave; l&rsquo;application des Chartes que l&agrave; o&ugrave; elle les consid&egrave;re convergentes et compatibles avec la Charte constitutionnelle, puisqu&rsquo;elle n&rsquo;a jamais admis jusqu&rsquo;ici l&rsquo;existence de lacunes constitutionnelles que l&rsquo;on puisse combler en utilisant d&rsquo;autres Chartes, ou bien dans des cas o&ugrave; ces derni&egrave;res &eacute;l&egrave;vent le niveau de la protection par rapport au niveau fix&eacute; par la Charte nationale. Ce qui est affirm&eacute; dans un ancien jugement, n&deg;&nbsp;388 de 1999 (qui est encore actuel), fait </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">particuli&egrave;rement preuve de cet <i>animus</i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> m&eacute;thodologique et de cette strat&eacute;gie des proc&egrave;s. Dans ce jugement, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, la Cour semble faire preuve d&rsquo;humilit&eacute; et d&rsquo;une grande ouverture d&rsquo;esprit, en d&eacute;clarant que la Constitution ainsi que les autres Chartes des droits &laquo;&nbsp;s&rsquo;int&egrave;grent en se compl&eacute;tant mutuellement dans leur interpr&eacute;tation&nbsp;&raquo;, mais, de l&rsquo;autre, le &laquo;&nbsp;nationalisme&nbsp;&raquo; constitutionnel prend le dessus, puisque la Cour s&rsquo;empresse de pr&eacute;ciser qu&rsquo;en tout cas &laquo;&nbsp;les droits de l&rsquo;homme, garantis aussi par des conventions universelles ou r&eacute;gionales souscrites par l&rsquo;Italie, trouvent leur expression, <i>et une garantie tout aussi forte</i>, dans la Constitution&nbsp;&raquo; (l&rsquo;italique a &eacute;t&eacute; &eacute;videmment ajout&eacute;).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La reconstruction de grandes lignes du mod&egrave;le constitutionnel nous oblige &agrave; nous r&eacute;f&eacute;rer au principe fondamental de l&rsquo;ouverture du droit interne au droit international et supranational, dont les articles&nbsp;10 et&nbsp;11, puisqu&rsquo;il fait &laquo;&nbsp;syst&egrave;me&nbsp;&raquo; avec les principes fondamentaux restants et, surtout, avec les principes des articles&nbsp;2 et&nbsp;3, o&ugrave; le couple axiologique fondamental de libert&eacute; et d&rsquo;&eacute;galit&eacute; est reconnu.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">En effet, si l&rsquo;on y pense, ce sont justement ces derniers principes qui donnent un sens &agrave; l&rsquo;ouverture, &agrave; la fixation des conditions d&rsquo;activation, aux effets, aux limites. En cons&eacute;quence, l&agrave; o&ugrave; <i>ab extra</i> des mat&eacute;riaux positifs ou jurisprudentiels sont plus adapt&eacute;s que les mat&eacute;riaux de droit interne (et &ndash; pourquoi pas&nbsp;? &ndash; plus adapt&eacute;s m&ecirc;me que les droits constitutionnels) et satisfont les droits fondamentaux et, en g&eacute;n&eacute;ral, les int&eacute;r&ecirc;ts prot&eacute;g&eacute;s constitutionnellement, ce sont ces principes qui seront le point de rep&egrave;re pour les op&eacute;rateurs nationaux (l&eacute;gislateur, administrateurs, juges). Dans le cas contraire, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&agrave; o&ugrave; la protection la plus importante des int&eacute;r&ecirc;ts constitutionnels, lorsqu&rsquo;ils forment un &laquo;&nbsp;syst&egrave;me&nbsp;&raquo;, est donn&eacute;e par les lois nationales (en particulier, l&eacute;gislatives et m&ecirc;me constitutionnelles), ce sont ces derni&egrave;res qui auront la priorit&eacute; sur les autres.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans cette reconstruction, qui est ici juste &eacute;bauch&eacute;e et qui n&eacute;cessite une description plus ponctuelle et plus pr&eacute;cise, il n&rsquo;y a pas, et il ne peut y avoir, comme syst&egrave;me, un seul organe &ndash; que ce soit national ou supranational &ndash; &agrave; avoir le titre de &laquo;&nbsp;souverain&nbsp;&raquo;, supr&ecirc;me. Le sommet &ndash; si l&rsquo;on veut continuer &agrave; l&rsquo;appeler ainsi &ndash; est donn&eacute; plut&ocirc;t par un plan &laquo;&nbsp;horizontal&nbsp;&raquo; o&ugrave; se disposent, <i>en principe en conditions d&rsquo;&eacute;galit&eacute;</i>, toutes les Cours (nationales ou supranationales) pour la simple raison que toutes les Chartes des droits<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a> sont paritaires.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il y a donc, dans chaque cas individuel, un match ouvert entre les Cours au r&eacute;sultat impr&eacute;visible et gouvern&eacute; par la <i>Grundnorm</i> (la norme fondamentale) de la protection la plus &laquo;&nbsp;intensive&nbsp;&raquo; des droits (et, en g&eacute;n&eacute;ral, des int&eacute;r&ecirc;ts prot&eacute;g&eacute;s d&rsquo;un point de vue constitutionnel), visant la protection de la dignit&eacute; de la personne humaine &ndash; ce qui serait la vrai <i>Grundwert</i> (la valeur fondamentale) des rapports entre les ordres.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La r&eacute;appropriation de l&rsquo;&eacute;thique publique r&eacute;publicaine comme rem&egrave;de ad&eacute;quat pour pr&eacute;server les fondements de l&rsquo;&Eacute;tat de droit, malgr&eacute; les exp&eacute;riences occasionnelles reconductibles d&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;&laquo;&nbsp;exception&nbsp;&raquo;</span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">C&rsquo;est par ici que passe donc le contr&ocirc;le de la ligne de fronti&egrave;re entre, d&rsquo;une part, les situations d&rsquo;exception et, de l&rsquo;autre, le d&eacute;veloppement et le renouvellement normal de l&rsquo;&Eacute;tat de droit. Tant que les pratiques l&eacute;gislatives et (surtout) jurisprudentielles sont orient&eacute;es vers la recherche de la satisfaction optimale des principes-valeurs constitutionnels, c&rsquo;est-&agrave;-dire vers la r&eacute;alisation de la Constitution <i>en tant que syst&egrave;me</i> au service de l&rsquo;Homme et de sa dignit&eacute;, nous pourrons dire que nous sommes encore dans un &Eacute;tat de droit, malgr&eacute; la crise &eacute;conomique et ses effets d&eacute;vastateurs, y compris l&agrave; o&ugrave; cela se fait au d&eacute;triment du respect rigoureux de la l&eacute;galit&eacute; (m&ecirc;me constitutionnelle&nbsp;!). Si l&rsquo;on devait conclure que les pratiques expos&eacute;es ci-dessus n&rsquo;arrivent pas &agrave; se mettre (ne <i>peuvent</i> ou ne <i>veulent</i> pas se mettre) au service de l&rsquo;Homme, nous devrons am&egrave;rement conclure que les fondements de l&rsquo;&Eacute;tat ont &eacute;t&eacute; d&eacute;mantel&eacute;s et la Constitution, sa force, sa valeur, &eacute;gar&eacute;es.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Je voudrais cependant conclure cette r&eacute;flexion succincte par une note d&rsquo;espoir, disons d&rsquo;optimisme prudent. Malgr&eacute; les perplexit&eacute;s que soul&egrave;vent les exp&eacute;riences d&eacute;crites plus haut par rapport &agrave; leur conformit&eacute; avec la Constitution, j&rsquo;esp&egrave;re que cette derni&egrave;re pourra encore aujourd&rsquo;hui trouver en son sein les ressources &eacute;thiques plut&ocirc;t que mat&eacute;rielles ou d&rsquo;autre nature, pour se faire valoir, m&ecirc;me dans des formes bien diff&eacute;rentes que par le pass&eacute;. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;&eacute;tablir si l&rsquo;on arrivera &agrave; extraire ces ressources et &agrave; les faire fructifier. La condition<i> sine qua</i> <i>non</i> pour que cela arrive, c&rsquo;est &ndash; &agrave; mon avis &ndash; la r&eacute;alisation d&rsquo;un projet dans lequel tout le monde se reconnaisse, ce qu&rsquo;on peut encore aujourd&rsquo;hui faire d&eacute;marrer&nbsp;: la moralisation des comportements, au niveau de l&rsquo;appareil de l&rsquo;&Eacute;tat ainsi qu&rsquo;au niveau de la communaut&eacute; organis&eacute;e, c&rsquo;est-&agrave;-dire leur forte orientation vers cette <i>&eacute;thique publique r&eacute;publicaine</i> qui a donn&eacute; un sens &agrave; l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement constituant et qui veut continuer &agrave; en donner &eacute;galement aux &eacute;v&eacute;nements du temps pr&eacute;sent. Des exp&eacute;riences d&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;&laquo;&nbsp;exception&nbsp;&raquo; pourraient aussi s&rsquo;av&eacute;rer &ndash; il faut le reconna&icirc;tre sans feindre ou sans m&eacute;nager ses mots &ndash; comme le prix &agrave; payer pour atteindre cet objectif tr&egrave;s difficile mais absolument n&eacute;cessaire.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">L&rsquo;espoir, c&rsquo;est que justement ces exp&eacute;riences ne deviennent pas par la suite un alibi confortable pour ceux qui visent non pas le r&eacute;tablissement de la normalit&eacute; constitutionnelle, mais son abattement d&eacute;finitif, bien que masqu&eacute; &agrave; dessein.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> O. Chessa, <i>Il Presidente della Repubblica parlamentare. Un&rsquo;interpretazione della forma di governo</i>, Naples, Jovene, 2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir du premier, parmi ses nombreux textes, <i>Le convenzioni costituzionali</i>, Padoue, Cedam, 1972 et, du deuxi&egrave;me, particuli&egrave;rement, le <i>Saggio sulla controfirma ministeriale</i>, Milan, Giuffr&egrave;, 1962 et<i> Controfirma ministeriale</i>, pour l&rsquo;<i>Enciclopedia del diritto</i>, X (1962), p.&nbsp;285 sq.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> On peut trouver une description pr&eacute;cise des mesures l&eacute;gislatives adopt&eacute;es par le gouvernement Monti chez G. Savini, <i>L&rsquo;attivit&agrave; legislativa tra Parlamento e Governo: continuit&agrave; e innovazioni nell&rsquo;esperienza del Governo Monti</i>, Padoue, Cedam, 2014.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> La th&egrave;se de la dignit&eacute; comme valeur &laquo; supraconstitutionnelle &raquo;, et donc non susceptible d&rsquo;&eacute;quilibrage, se trouve d&eacute;j&agrave; chez A. Ruggeri et A. Spadaro, <i><span style="letter-spacing:-.1pt">Dignit&agrave; dell&rsquo;uomo e giurisprudenza costituzionale (prime notazioni)</span></i><span style="letter-spacing:-.1pt">, dans <i>Politica del diritto</i>, 1991, p.&nbsp;343 sq.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> L&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; n&deg; 223 de 2014 de la Cour constitutionnelle semble maintenant suivre cet ordre d&rsquo;id&eacute;es.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">J&rsquo;ai eu l&rsquo;occasion de m&rsquo;arr&ecirc;ter sur ce point plusieurs fois &agrave; partir de <i>La Costituzione allo specchio: linguaggio e &laquo; materia &raquo; costituzionale nella prospettiva della riforma</i>, Turin, Giappichelli, 1999, spec. p.&nbsp;155 sq.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Locution que l&rsquo;on peut traduire par&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais qui gardera ces gardiens&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Juv&eacute;nal est un illustre po&egrave;te satyrique latin du IIe si&egrave;cle de notre &egrave;re (ndlr).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Cette affirmation est en r&eacute;alit&eacute; contredite par la jurisprudence (en particulier la jurisprudence constitutionnelle) qui continue p&eacute;niblement &agrave; consid&eacute;rer les Chartes des droits comme diff&eacute;rentes par rapport &agrave; la Constitution et de toute mani&egrave;re soumises au respect de cette derni&egrave;re : dans chaque partie, pour la CEDH (et les autres Chartes internationales)&nbsp;; seulement dans ses principes fondamentaux, pour la Charte de l&rsquo;Union europ&eacute;enne, agr&eacute;&eacute;e (comme toute autre source de l&rsquo;Union) &agrave; d&eacute;roger &agrave; la Constitution, &agrave; l&rsquo;exception de ses principes fondamentaux (les soi-disant &ldquo;contre-limites&rdquo;).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.2pt">Sous r&eacute;serve des conditions th&eacute;oriques expos&eacute;es, selon lesquelles les rapports entre les ordres (et leurs Chartes) sont gouvern&eacute;s par le crit&egrave;re de la protection la plus &laquo; intensive &raquo;, aucun ordre hi&eacute;rarchique ne peut subsister <i>a priori</i> entre les sources, mais il faut &agrave; chaque fois rechercher des <i>normes</i>, <i>ind&eacute;pendamment de la forme ou de la provenance</i>, qui soient capables de servir au mieux le couple axiologique fondamental de libert&eacute; et d&rsquo;&eacute;galit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>