<h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Cas de n&eacute;cessit&eacute; &laquo;&nbsp;majeurs&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo; dans <span style="letter-spacing:.2pt">la Constitution grecque</span></span></span></span></b></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;article&nbsp;48 de la Constitution grecque r&eacute;git l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Ce dernier peut s&rsquo;appliquer en &laquo;&nbsp;cas de guerre, de mobilisation en raison de dangers ext&eacute;rieurs ou d&rsquo;une menace imminente pour la s&ucirc;ret&eacute; nationale, ainsi que dans le cas o&ugrave; un mouvement arm&eacute; tendant au renversement du r&eacute;gime d&eacute;mocratique se manifeste&nbsp;&raquo;. Dans ces cas-l&agrave;, le parlement peut, sur proposition du gouvernement, mettre en application la loi sur l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge et suspendre l&rsquo;effet de certains droits et garanties constitutionnels. Ces mesures sont valables pour une dur&eacute;e qui n&rsquo;exc&egrave;de pas quinze jours&nbsp;; elles peuvent &ecirc;tre prolong&eacute;es par de nouvelles r&eacute;solutions du parlement, pour une dur&eacute;e de quinze jours &agrave; chaque fois. Une crise &eacute;conomique ou financi&egrave;re, aussi grave soit-elle, ne saurait justifier l&rsquo;application de l&rsquo;article&nbsp;48.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La Constitution contient &eacute;galement certaines dispositions concernant des circonstances exceptionnelles d&rsquo;une intensit&eacute; ou d&rsquo;une port&eacute;e moindres<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. La plus importante d&rsquo;entre elles est contenue dans l&rsquo;article&nbsp;44 paragraphe&nbsp;1, qui pr&eacute;voit que, &laquo;&nbsp;dans des cas exceptionnels d&rsquo;une n&eacute;cessit&eacute; extr&ecirc;mement urgente et impr&eacute;vue&nbsp;&raquo;, le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique peut, sur proposition du gouvernement, &eacute;dicter des actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif. Ces actes sont d&rsquo;application imm&eacute;diate, mais ils doivent &ecirc;tre soumis au parlement pour ratification. &Agrave; d&eacute;faut de soumission ou de ratification dans les d&eacute;lais constitutionnels (respectivement, quarante jours &agrave; partir de leur &eacute;diction ou trois mois &agrave; partir de leur d&eacute;p&ocirc;t pour ratification), ces actes deviennent caducs pour l&rsquo;avenir &ndash; ils sont donc valides et ils produisent pleinement des effets juridiques pendant la p&eacute;riode interm&eacute;diaire. Aussi le pouvoir ex&eacute;cutif peut-il l&eacute;gif&eacute;rer de mani&egrave;re autonome, sans habilitation l&eacute;gislative, court-circuitant la comp&eacute;tence l&eacute;gislative g&eacute;n&eacute;rale du parlement. Une autre disposition est celle de l&rsquo;article&nbsp;22 paragraphe&nbsp;4, qui permet la r&eacute;quisition de travail pour faire face, entre autres, &agrave; &laquo;&nbsp;un besoin social urgent provoqu&eacute; par une calamit&eacute; ou pouvant mettre en p&eacute;ril la sant&eacute; publique&nbsp;&raquo;. Mesure restrictive de la libert&eacute; de travail, la r&eacute;quisition fonctionne en r&eacute;alit&eacute; tout autant comme une limitation du droit de gr&egrave;ve.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une diff&eacute;rence qualitative s&eacute;pare l&rsquo;article&nbsp;48 des autres mesures constitutionnelles visant &agrave; faire face &agrave; des situations de n&eacute;cessit&eacute;. L&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge pr&eacute;vu par l&rsquo;article&nbsp;48 est d&eacute;clar&eacute; de mani&egrave;re solennelle par r&eacute;solution du parlement, laquelle ouvre une p&eacute;riode de d&eacute;rogation institutionnalis&eacute;e &ndash; quoique limit&eacute;e &ndash; au droit ordinaire. Pendant cette p&eacute;riode, l&rsquo;ex&eacute;cutif peut prendre diverses mesures exceptionnelles et restreindre certains droits de mani&egrave;re plus intense que ce qui est autoris&eacute; en temps normal. En revanche, l&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif ou la r&eacute;quisition sont des mesures isol&eacute;es. La situation de n&eacute;cessit&eacute; est g&eacute;r&eacute;e <i>uno actu</i>, l&rsquo;&eacute;diction de cet acte unique marquant le d&eacute;but et la fin de l&rsquo;&eacute;tat de n&eacute;cessit&eacute;. Donc l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge pr&eacute;vu par l&rsquo;article&nbsp;48 est une <i>p&eacute;riode</i>, f&ucirc;t-elle d&rsquo;une dur&eacute;e limit&eacute;e, de transition vers un droit exceptionnel. En revanche, les autres mesures constitutionnelles visant &agrave; faire face &agrave; des circonstances exceptionnelles sont con&ccedil;ues comme des <i>moments</i> exceptionnels au sein du droit ordinaire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La diff&eacute;rence entre les deux cat&eacute;gories correspond &agrave; une diff&eacute;rence d&rsquo;intensit&eacute; ou de port&eacute;e des circonstances de n&eacute;cessit&eacute;. L&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge de l&rsquo;article&nbsp;48 est d&eacute;clar&eacute; pour faire face &agrave; une <i>situation de n&eacute;cessit&eacute; &laquo;&nbsp;majeure&nbsp;&raquo;</i>, telle une guerre. Les autres mesures constitutionnelles sont con&ccedil;ues pour r&eacute;pondre &agrave; ce que l&rsquo;on pourrait appeler des <i>situations de n&eacute;cessit&eacute; &laquo;&nbsp;mineures&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>, telles une catastrophe naturelle, un acte de terrorisme ou une crise &eacute;conomique. La diff&eacute;rence entre les deux cat&eacute;gories correspond &eacute;galement &agrave; deux conceptions diff&eacute;rentes de l&rsquo;&laquo;&nbsp;exceptionnel&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>. L&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge, en tant que transition vers un droit d&rsquo;exception, signifie surtout <i>l&rsquo;exception &agrave; la r&egrave;gle</i>, au droit ordinaire. Les autres mesures constitutionnelles, lesquelles se situent au sein du droit ordinaire, marquent principalement <i>l&rsquo;exception par rapport au cours normal des choses</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est &agrave; noter qu&rsquo;aucune de ces mesures, telles que con&ccedil;ues dans la Constitution, n&rsquo;instaure un &eacute;tat d&rsquo;exception <i>r&eacute;el</i> &ndash; du moins pas au sens que Carl Schmitt attribuerait &agrave; cette notion. Aussi exceptionnels qu&rsquo;ils puissent &ecirc;tre, ces pouvoirs octroy&eacute;s par la Constitution n&rsquo;ont aucunement un caract&egrave;re dictatorial&nbsp;; ils continuent d&rsquo;&ecirc;tre des comp&eacute;tences d&eacute;limit&eacute;es par le droit. De ce point de vue, tant l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge que les autres mesures constitutionnelles se situent toujours au sein de l&rsquo;ordre juridique<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">La pratique constitutionnelle des situations de n&eacute;cessit&eacute; (1975-2010)</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sous le r&egrave;gne de la Constitution de 1975, l&rsquo;article&nbsp;48 sur l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; appliqu&eacute;. Cela s&rsquo;explique par le fait que, pendant ces ann&eacute;es, la Gr&egrave;ce a eu la chance de ne conna&icirc;tre ni la guerre ni une menace s&eacute;rieuse pour la s&eacute;curit&eacute; nationale ou pour le <span style="letter-spacing:-.1pt">r&eacute;gime. Il est toutefois int&eacute;ressant de noter qu&rsquo;aucun gouvernement grec n&rsquo;a tent&eacute; de mettre en &oelig;uvre la proc&eacute;dure</span> pr&eacute;vue par l&rsquo;article&nbsp;48 s&rsquo;agissant de situations de n&eacute;cessit&eacute; moins graves. La raison en est que, &agrave; cause des recours abusifs &agrave; la mesure de l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge observ&eacute;s par le pass&eacute;<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>, celle-ci a &eacute;t&eacute; con&ccedil;ue, dans la Constitution de 1975, de fa&ccedil;on peu attrayante pour l&rsquo;ex&eacute;cutif. La r&eacute;solution requise du parlement et la surveillance permanente de ce dernier impliquent un contr&ocirc;le public intense. Mais cela signifie surtout que le pouvoir exceptionnel en cause est partag&eacute;&nbsp;: c&rsquo;est le parlement qui d&eacute;cide de la n&eacute;cessit&eacute; de recourir &agrave; l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge, alors que c&rsquo;est l&rsquo;ex&eacute;cutif, donc pratiquement le gouvernement, qui exerce les pouvoirs corr&eacute;latifs. En revanche, les autres mesures constitutionnelles visant &agrave; faire face aux situations de n&eacute;cessit&eacute; sont d&eacute;cid&eacute;es <i>et</i> mises en &oelig;uvre par le seul ex&eacute;cutif.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Contrairement &agrave; l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge, ces autres mesures constitutionnelles ont trouv&eacute; bien des applications depuis 1975. Jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;cemment, elles &eacute;taient cependant quelque chose d&rsquo;extraordinaire et d&rsquo;inhabituel. Par exemple, des actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif de l&rsquo;article&nbsp;44 paragraphe&nbsp;1 ont &eacute;t&eacute; &eacute;dict&eacute;s principalement &agrave; l&rsquo;occasion de d&eacute;tresses naturelles (tremblements de terre, incendies, etc.) ou autres, telles des attaques terroristes, ou en vue de la prise de mesures &eacute;conomiques d&rsquo;urgence. Dans certains cas, il &eacute;tait clair qu&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;hypoth&egrave;ses &laquo;&nbsp;exceptionnel[les] d&rsquo;une n&eacute;cessit&eacute; extr&ecirc;mement urgente et impr&eacute;vue&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;exige la Constitution. Dans d&rsquo;autres cas, le concours r&eacute;el des conditions pos&eacute;es par la Constitution &eacute;tait discutable et le recours aux actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif fut, tr&egrave;s probablement, abusif. En tout &eacute;tat de cause, le recours &agrave; ce type d&rsquo;actes est rest&eacute; tr&egrave;s limit&eacute;. Entre&nbsp;1975 et&nbsp;2010, environ soixante actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif ont &eacute;t&eacute; &eacute;dict&eacute;s au total, c&rsquo;est-&agrave;-dire moins de deux par an en moyenne. Il s&rsquo;agissait, pour la plupart d&rsquo;entre eux, de textes brefs comportant seulement un ou quelques articles&nbsp;; en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, ils avaient pour objet des mesures &agrave; caract&egrave;re exceptionnel et provisoire.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce n&rsquo;est pas un hasard si la plupart des controverses relatives &agrave; la l&eacute;galit&eacute; de l&rsquo;&eacute;diction de tels actes soient n&eacute;es &agrave; l&rsquo;occasion de la prise de mesures &eacute;conomiques d&eacute;favorables. &Agrave; propos d&rsquo;un tel acte, en 1987, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a> a jug&eacute; qu&rsquo;il appartient au pouvoir politique de v&eacute;rifier l&rsquo;existence de circonstances exceptionnelles justifiant l&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif et que cette appr&eacute;ciation &eacute;chappe au <span style="letter-spacing:-.1pt">contr&ocirc;le juridictionnel<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>. Autrement dit</span>, <span style="letter-spacing:-.1pt">les juridictions ne peuvent pas v&eacute;rifier si les conditions que la Constitu</span>tion pose pour l&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;un acte de contenu l&eacute;gislatif sont remplies. Dans cette affaire, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat a toutefois proc&eacute;d&eacute; &agrave; l&rsquo;examen de la constitutionnalit&eacute; de la mesure en cause (suspension des hausses de salaire pour deux ans), laquelle avait &eacute;t&eacute; prise pour r&eacute;pondre &agrave; un besoin r&eacute;el (la crise inflationniste), m&ecirc;me si le caract&egrave;re exceptionnel et impr&eacute;vu de ce besoin &eacute;tait discutable.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les pouvoirs exceptionnels pendant la p&eacute;riode de la crise en cours (2010-2014)</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Depuis 2010, la Gr&egrave;ce conna&icirc;t une situation que tous, ne serait-ce que pour des raisons diff&eacute;rentes, s&rsquo;accordent &agrave; qualifier de &laquo;&nbsp;crise&nbsp;&raquo;. Celle-ci, prenant initialement la forme d&rsquo;une crise fiscale et crise de la dette publique, s&rsquo;est &eacute;tendue dans le cadre d&rsquo;une crise &eacute;conomique plus g&eacute;n&eacute;rale. Il s&rsquo;agit sans doute d&rsquo;une situation qui peut &ecirc;tre caract&eacute;ris&eacute;e comme un cas d&rsquo;urgence &eacute;conomique<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>. La prise de certaines mesures d&rsquo;exception &eacute;tait donc, de toute &eacute;vidence, indispensable. Mais le type (le contenu) des mesures r&eacute;ellement prises ainsi que la mani&egrave;re (la forme juridique) avec laquelle celles-ci ont &eacute;t&eacute; impos&eacute;es ont entra&icirc;n&eacute; l&rsquo;expansion de la crise au-del&agrave; du domaine &eacute;conomique, notamment au domaine politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Deux &eacute;l&eacute;ments m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre soulign&eacute;s &agrave; ce propos. Tout d&rsquo;abord, la gestion de la crise ne s&rsquo;est pas limit&eacute;e &agrave; des mesures provisoires. Pendant les ann&eacute;es 2010-2014 a &eacute;t&eacute; entreprise, et ce avec une ampleur in&eacute;dite, une s&eacute;rie de r&eacute;formes l&eacute;gislatives et institutionnelles &agrave; caract&egrave;re structurel et permanent. Il ne s&rsquo;agit pas, &agrave; proprement parler, d&rsquo;un droit de n&eacute;cessit&eacute;, lequel vise par d&eacute;finition le r&eacute;tablissement de la r&eacute;gularit&eacute; ant&eacute;rieure<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>. Il s&rsquo;agit de r&eacute;formes destin&eacute;es &agrave; perdurer, m&ecirc;me apr&egrave;s la fin de la crise. La premi&egrave;re caract&eacute;ristique de la gestion de la crise est donc la p&eacute;rennisation de cette derni&egrave;re et l&rsquo;instauration d&rsquo;une sorte d&rsquo;&eacute;tat de n&eacute;cessit&eacute; permanent<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>. Deuxi&egrave;mement, cet ensemble d&rsquo;institutions nouvelles, de mesures et de&nbsp;r&eacute;formes l&eacute;gislatives (qui a fini par &ecirc;tre appel&eacute; le &laquo;&nbsp;M&eacute;morandum&nbsp;&raquo;), bien que formellement d&eacute;cid&eacute; par le pouvoir politique grec, a essentiellement &eacute;t&eacute; dict&eacute; par les cr&eacute;anciers internationaux du pays<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. Le pouvoir politique national peut g&eacute;n&eacute;ralement choisir la forme sous laquelle il imposera les mesures, mais il poss&egrave;de <i>de facto</i> un pouvoir d&rsquo;appr&eacute;ciation tr&egrave;s limit&eacute; quant &agrave; leur contenu.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Concernant la <i>forme</i> des mesures, il est possible de distinguer deux options principales &agrave; disposition de l&rsquo;ex&eacute;cutif. Premi&egrave;rement, malgr&eacute; la rh&eacute;torique extr&ecirc;me qu&rsquo;il a employ&eacute;e pour justifier ces mesures, le gouvernement n&rsquo;a jamais tent&eacute; d&rsquo;appliquer l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge pr&eacute;vu par l&rsquo;article&nbsp;48 de la Constitution. En m&ecirc;me temps, il a fait un usage extensif des autres pouvoirs que la Constitution pr&eacute;voit pour la gestion des situations de n&eacute;cessit&eacute;. Ainsi, l&rsquo;&eacute;diction abondante d&rsquo;actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif de l&rsquo;article&nbsp;44 paragraphe&nbsp;1 a permis au gouvernement de l&eacute;gif&eacute;rer dans de vastes domaines en contournant le parlement. Si, ainsi qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; not&eacute; auparavant, jusqu&rsquo;en 2010 le nombre moyen d&rsquo;actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif &eacute;tait de deux par an, la seule ann&eacute;e 2012 a connu l&rsquo;&eacute;diction de vingt-huit actes de ce type<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>. Ce contraste quantitatif est en r&eacute;alit&eacute; encore plus marqu&eacute; si l&rsquo;on prend en consid&eacute;ration le fait que certains de ces vingt-huit actes ne se sont pas content&eacute;s de poser des mesures isol&eacute;es mais ils ont &eacute;tabli des ensembles entiers de mesures<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. La plupart, sinon la totalit&eacute; d&rsquo;entre eux, ont comport&eacute; des r&eacute;glementations permanentes dans des branches importantes du droit. Dans bien des cas, il est &eacute;vident que leur &eacute;diction n&rsquo;a servi &agrave; aucune n&eacute;cessit&eacute; r&eacute;elle<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. Dans ces conditions, ce qui auparavant &eacute;tait inhabituel et constituait une exception est d&eacute;sormais devenu habituel et se transforme en r&egrave;gle. La vraie justification (quoique non avou&eacute;e) de cette pratique est que bon nombre de&nbsp;mesures impopulaires n&rsquo;auraient probablement pas &eacute;t&eacute; approuv&eacute;es si elles avaient &eacute;t&eacute; soumises pour vote au parlement suivant la proc&eacute;dure l&eacute;gislative ordinaire. Cette mani&egrave;re de proc&eacute;der du gouvernement soul&egrave;ve donc la question de la l&eacute;gitimit&eacute; des mesures.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En ce qui concerne le <i>contenu</i> des mesures, on peut &eacute;galement distinguer deux cat&eacute;gories. D&rsquo;une part, il y a les mesures exig&eacute;es par les cr&eacute;anciers par le biais des Memoranda comme conditions pour le versement des tranches du pr&ecirc;t accord&eacute; au pays. Elles comprennent des mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; (hausse des imp&ocirc;ts, baisse des salaires et des pensions de retraite), la cession d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments du patrimoine public et la d&eacute;r&eacute;glementation des professions et du march&eacute; de travail. L&rsquo;on pourrait les appeler &laquo;&nbsp;mesures de gestion de la crise&nbsp;&raquo;. D&rsquo;un point de vue constitutionnel, ces mesures posent essentiellement des questions d&rsquo;&Eacute;tat de droit, telles que la protection des droits &eacute;conomiques et sociaux ou le respect du principe d&rsquo;&eacute;galit&eacute;. D&rsquo;autre part, il y a ce que l&rsquo;on pourrait appeler des &laquo;&nbsp;mesures de gestion des r&eacute;actions &agrave; la gestion de la crise&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit de mesures l&eacute;gislatives (par exemple, le resserrement des r&egrave;gles du droit disciplinaire) ou individuelles, prises dans le but de discipliner la soci&eacute;t&eacute; et ses r&eacute;actions. La r&eacute;quisition de l&rsquo;article&nbsp;22 paragraphe&nbsp;4 de la Constitution en constitue un exemple caract&eacute;ristique en tant qu&rsquo;elle vise &agrave; emp&ecirc;cher les gr&egrave;ves dans divers secteurs. Dans ces conditions, outre les&nbsp;questions d&rsquo;&Eacute;tat de droit qui se posent, &eacute;mergent &eacute;galement des interrogations sur le plan du principe d&eacute;mocratique.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les pouvoirs exceptionnels devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">C&rsquo;est dans l&rsquo;arr&ecirc;t 693/2011 que le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat grec a excip&eacute; pour la premi&egrave;re fois des &laquo;&nbsp;circonstances exceptionnelles&nbsp;&raquo; en tant que fondement possible d&rsquo;une d&eacute;rogation aux exigences constitutionnelles. Quatre des sept juges de la chambre &eacute;taient d&rsquo;avis que la contribution fiscale extraordinaire impos&eacute;e aux hauts revenus &eacute;tait inconstitutionnelle car impos&eacute;e r&eacute;troactivement, en m&eacute;connaissance de l&rsquo;article&nbsp;78 paragraphe&nbsp;2 de la Constitution. Les trois autres juges ont soutenu la position contraire&nbsp;: &laquo;&nbsp;La Constitution est destin&eacute;e &agrave; r&eacute;gir le fonctionnement de l&rsquo;&Eacute;tat dans des conditions normales&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;elle comporte des r&egrave;glementations sp&eacute;ciales dans l&rsquo;hypoth&egrave;se de certaines situations exceptionnelles, comme l&rsquo;article&nbsp;48 relatif au cas de guerre&nbsp;&raquo;&nbsp;; la Constitution ne contient cependant &laquo;&nbsp;aucune disposition visant l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;un d&eacute;raillement fiscal complet et imminent&nbsp;&raquo;. Au vu de ces &eacute;l&eacute;ments, ils ont conclu que l&rsquo;article&nbsp;78 paragraphe&nbsp;2, en interdisant l&rsquo;imposition r&eacute;troactive, &laquo;&nbsp;ne vise pas, et par cons&eacute;quent il n&rsquo;exclut pas non plus, la pr&eacute;vision r&eacute;troactive, dans une telle hypoth&egrave;se, d&rsquo;une contribution extraordinaire qui s&rsquo;imposerait aux citoyens les plus riches&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>. Cette position finit en r&eacute;alit&eacute; par admettre qu&rsquo;une situation de n&eacute;cessit&eacute; &eacute;conomique est de nature &agrave; mettre en &eacute;chec une interdiction constitutionnelle.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;arr&ecirc;t 693/2011 n&rsquo;a pas tranch&eacute; de mani&egrave;re d&eacute;finitive la question pos&eacute;e, mais a renvoy&eacute; l&rsquo;affaire &agrave; la Grande Chambre, laquelle a bas&eacute; la solution qu&rsquo;elle a retenue sur des motifs diff&eacute;rents. La position de l&rsquo;opinion dissidente est rest&eacute;e isol&eacute;e. Le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat a jug&eacute;, &agrave; plusieurs reprises, que les mesures prises pour faire face &agrave; la crise n&rsquo;&eacute;chappaient pas au contr&ocirc;le juridictionnel, m&ecirc;me si, compte tenu des circonstances, il a en m&ecirc;me temps reconnu au profit du l&eacute;gislateur un tr&egrave;s large pouvoir discr&eacute;tionnaire<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. Il a conclu, dans la plupart des cas, &agrave; la constitutionnalit&eacute; des mesures sur lesquelles il a &eacute;t&eacute; invit&eacute; &agrave; se prononcer. Il existe n&eacute;anmoins aussi des cas pour lesquels certaines mesures, ou certains aspects de celles-ci, ont &eacute;t&eacute; jug&eacute;s contraires &agrave; la Constitution. Mais il ressort dans l&rsquo;ensemble que, selon le Conseil, les mesures en cause n&rsquo;&eacute;chappent pas au contr&ocirc;le juridictionnel. Il y a en revanche une cat&eacute;gorie d&rsquo;actes &eacute;tatiques qui, par principe ou dans les faits, est exclue du contr&ocirc;le juridictionnel. Il s&rsquo;agit de la d&eacute;cision de l&rsquo;ex&eacute;cutif de recourir &agrave; une mesure constitutionnelle afin de faire face &agrave; des cas de n&eacute;cessit&eacute; &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif ou une mesure de r&eacute;quisition. Dans ces cas-l&agrave;, ce n&rsquo;est pas le contenu mais la <i>forme</i> juridique, voire la voie choisie pour la prise des mesures, qui, dans les faits, demeure exclue du contr&ocirc;le.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Abus du pouvoir d&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif</span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Comme on l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; vu, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat se refuse syst&eacute;matiquement de v&eacute;rifier l&rsquo;existence des &laquo;&nbsp;cas exceptionnels d&rsquo;une n&eacute;cessit&eacute; extr&ecirc;mement urgente et impr&eacute;vue&nbsp;&raquo; requise par la Constitution pour l&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif. Pendant la p&eacute;riode de la crise (2010-2014), ces actes sont devenus la r&egrave;gle, et non l&rsquo;exception. Souvent ils ne servent aucune autre n&eacute;cessit&eacute; que celle consistant &agrave; la prise de mesures pour lesquelles l&rsquo;obtention de la majorit&eacute; parlementaire est improbable. Si les circonstances <span style="letter-spacing:-.1pt">ont chang&eacute;, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat, lui, n&rsquo;a pas modifi&eacute; sa jurisprudence<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. Mais en se refusant de contr&ocirc;ler les abus dans le recours &agrave; l&rsquo;article&nbsp;44 paragraphe&nbsp;1, </span>le Conseil a fini par permettre &agrave; l&rsquo;ex&eacute;cutif de l&eacute;gif&eacute;rer &agrave; son gr&eacute; et&nbsp;&agrave; l&rsquo;abri des contraintes parlementaires, ne serait-ce que pour un temps limit&eacute;. Le Conseil tol&egrave;re ainsi, sans la reconna&icirc;tre express&eacute;ment, l&rsquo;instauration d&rsquo;un <i>&eacute;tat d&rsquo;exception</i> limit&eacute;. Les r&egrave;gles constitutionnelles &laquo;&nbsp;ordinaires&nbsp;&raquo; sur la s&eacute;paration des pouvoirs et sur l&rsquo;exercice du pouvoir r&eacute;glementaire <span style="letter-spacing:.1pt">de l&rsquo;administration &ndash;&nbsp;r&egrave;gles &eacute;troitement li&eacute;es au caract&egrave;re d&eacute;mocratique du r&eacute;gime&nbsp;&ndash; sont mises &agrave; l&rsquo;&eacute;cart lorsque l&rsquo;ex&eacute;cutif invoque, sans aucun contr&ocirc;le sur ce point, les pouvoirs exceptionnels pr&eacute;vus par l&rsquo;article&nbsp;44 paragraphe&nbsp;1.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le cas de la suppression de la radiot&eacute;l&eacute;vision</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> grecque (ERT) est caract&eacute;ristique. Le 11&nbsp;juin 2013, le gouvernement a &eacute;dict&eacute; un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif modifiant la l&eacute;gislation relative aux entreprises publiques et permettant au gouvernement de proc&eacute;der &agrave; la suppression directe d&rsquo;organismes du secteur public. Le m&ecirc;me jour, ERT a &eacute;t&eacute; supprim&eacute;e par arr&ecirc;t&eacute; gouvernemental. Dans aucun autre cas il n&rsquo;a &eacute;t&eacute; fait usage du pouvoir de suppression en cause et l&rsquo;acte en question n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; ratifi&eacute; par le parlement&nbsp;; il est donc devenu caduc trois mois apr&egrave;s son &eacute;diction. Cet acte semble donc avoir &eacute;t&eacute; &eacute;dict&eacute; dans le seul but d&rsquo;une modification &laquo;&nbsp;photographique&nbsp;&raquo; de la l&eacute;gislation, destin&eacute;e &agrave; son tour &agrave; une seule et unique application. Il n&rsquo;y avait, bien s&ucirc;r, aucune n&eacute;cessit&eacute; r&eacute;elle justifiant l&rsquo;&eacute;diction de cet acte, vu que le parlement &eacute;tait en session et qu&rsquo;il aurait pu, si la majorit&eacute; &eacute;tait assur&eacute;e, l&eacute;gif&eacute;rer. Toutefois, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat a estim&eacute; qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas, &agrave; cette occasion non plus, lieu de contr&ocirc;ler l&rsquo;application &ndash; en l&rsquo;occurrence manifestement abusive &ndash; de l&rsquo;article&nbsp;44 paragraphe&nbsp;1 de la Constitution<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Abus du pouvoir d&rsquo;imposer la r&eacute;quisition de travail</span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une deuxi&egrave;me cat&eacute;gorie de mesures pour lesquelles le gouvernement semble jouir d&rsquo;un pouvoir discr&eacute;tionnaire quasi absolu sont les r&eacute;quisitions pr&eacute;vues par l&rsquo;article&nbsp;22 paragraphe&nbsp;4 de la Constitution. Contrairement aux actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat ne consid&egrave;re pas que les mesures de r&eacute;quisition soient <i>a priori</i> exclues du contr&ocirc;le juridictionnel. Dans ses arr&ecirc;ts, il admet cependant syst&eacute;matiquement les justifications avanc&eacute;es par le gouvernement pour la prise des mesures de r&eacute;quisition. Et, peut-&ecirc;tre plus essentiellement encore, le Conseil &eacute;choue, voire &eacute;vite, de contr&ocirc;ler la dur&eacute;e raisonnable de ces r&eacute;quisitions.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">La r&eacute;quisition est une mesure constitutionnelle exceptionnelle, qui pr&eacute;sente un aspect collat&eacute;ral &laquo;&nbsp;int&eacute;ressant&nbsp;&raquo;&nbsp;: pendant sa dur&eacute;e, les travailleurs qui en font l&rsquo;objet ne peuvent pas faire gr&egrave;ve. Cela a eu pour cons&eacute;quence que la r&eacute;quisition, au lieu d&rsquo;&ecirc;tre une mesure visant &agrave; faire face &agrave; une situation de n&eacute;cessit&eacute;, est devenue une mesure de pr&eacute;vention des mouvements gr&eacute;vistes. La pratique de la mesure est discutable sur plusieurs points. Tout d&rsquo;abord, la r&eacute;quisition ne se limite pas &agrave; quelques travailleurs pr&eacute;cis, mais elle est massivement impos&eacute;e dans des secteurs entiers&nbsp;; en outre, elle n&rsquo;est pas impos&eacute;e pour une p&eacute;riode d&eacute;termin&eacute;e, mais ind&eacute;finiment, jusqu&rsquo;&agrave; sa r&eacute;vocation&nbsp;; enfin, elle est appliqu&eacute;e non pas pour faire face &agrave; une n&eacute;cessit&eacute; concr&egrave;te et pr&eacute;sente, mais compte tenu des p&eacute;rils qui risquent de r&eacute;sulter d&rsquo;une gr&egrave;ve annonc&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ces derni&egrave;res ann&eacute;es, c&rsquo;est &agrave; trois reprises que le gouvernement a impos&eacute; une r&eacute;quisition dans des secteurs o&ugrave; s&rsquo;activent des syndicats puissants, afin d&rsquo;emp&ecirc;cher les gr&egrave;ves annonc&eacute;es contre les mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute;. En novembre&nbsp;2011, aux travailleurs du secteur marin&nbsp;; en janvier&nbsp;2013, aux travailleurs du m&eacute;tro et du tramway d&rsquo;Ath&egrave;nes&nbsp;; et, en mai&nbsp;2013, aux enseignants de l&rsquo;enseignement secondaire. Dans les trois cas, le gouvernement a invoqu&eacute; des p&eacute;rils pour la sant&eacute; publique. Les syndicats ont contest&eacute; cette justification devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat, mais toutes les requ&ecirc;tes ont &eacute;t&eacute; rejet&eacute;es. Le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat n&rsquo;a pas accord&eacute; de l&rsquo;importance au fait que, au moment de l&rsquo;examen des requ&ecirc;tes, la r&eacute;quisition &eacute;tait en vigueur depuis d&eacute;j&agrave; plusieurs mois. Et il a admis, presque inconsid&eacute;r&eacute;ment, tous les arguments avanc&eacute;s par le gouvernement concernant l&rsquo;existence d&rsquo;un p&eacute;ril pour la sant&eacute; publique. La perturbation des transports maritimes aurait effectivement pu &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme constituant un p&eacute;ril pour la sant&eacute; des habitants des &icirc;les<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>. L&rsquo;invocation, pour les habitants d&rsquo;Ath&egrave;nes, du m&ecirc;me p&eacute;ril r&eacute;sultant de l&rsquo;interruption des transports ferroviaires est, en revanche, beaucoup moins convaincante<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a>. Enfin, n&rsquo;est pas non plus convaincante la justification absurde &ndash;&nbsp;et manifestement abusive&nbsp;&ndash; selon laquelle le report des examens d&rsquo;admission &agrave; l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur &agrave; cause d&rsquo;une gr&egrave;ve annonc&eacute;e &laquo;&nbsp;est susceptible d&rsquo;avoir, pour la sant&eacute; psychique des &eacute;l&egrave;ves qui participent aux examens en question, des effets tr&egrave;s graves, d&rsquo;une ampleur et d&rsquo;une intensit&eacute; telles qu&rsquo;ils pourraient mettre en p&eacute;ril la sant&eacute; publique&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Se refusant de contr&ocirc;ler l&rsquo;application abusive du pouvoir de r&eacute;quisition, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat a, dans les fait, autoris&eacute; le gouvernement &agrave; suspendre le droit de gr&egrave;ve &agrave; volont&eacute; et pour des p&eacute;riodes de temps ind&eacute;termin&eacute;es, en invoquant ou en &laquo;&nbsp;inventant&nbsp;&raquo; des p&eacute;rils r&eacute;els ou imaginaires. Sur ce point encore, le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat tol&egrave;re, sans la reconna&icirc;tre express&eacute;ment, l&rsquo;instauration d&rsquo;un <i>&eacute;tat d&rsquo;exception</i> limit&eacute;. Les dispositions constitutionnelles &laquo;&nbsp;ordinaires&nbsp;&raquo; relatives au droit de gr&egrave;ve (l&rsquo;article&nbsp;23 paragraphe&nbsp;2) sont mises &agrave; l&rsquo;&eacute;cart dans la mesure o&ugrave; le gouvernement exerce abusivement, et sans contr&ocirc;le aucun, le pouvoir de r&eacute;quisition.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">R&eacute;flexions conclusives</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">De ce qui pr&eacute;c&egrave;de, il est possible de tirer certaines conclusions sur l&rsquo;attitude des pouvoirs ex&eacute;cutif et juridictionnel pendant la p&eacute;riode de la crise en Gr&egrave;ce et, par extension, sur le fonctionnement de la d&eacute;mocratie.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">D&rsquo;une part, l&rsquo;ex&eacute;cutif, et pratiquement</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> le gouvernement, malgr&eacute; sa rh&eacute;torique selon laquelle la crise actuelle constituerait un cas de n&eacute;cessit&eacute; &laquo;&nbsp;majeur&nbsp;&raquo;, n&rsquo;a jamais cherch&eacute; &agrave; utiliser les pouvoirs pr&eacute;vus par l&rsquo;article&nbsp;48 sur l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge. D&rsquo;autre part, il a appliqu&eacute; &agrave; tr&egrave;s grande &eacute;chelle &ndash; et parfois de fa&ccedil;on abusive &ndash; les autres pouvoirs que la Constitution pr&eacute;voit afin de faire face aux cas de n&eacute;cessit&eacute; &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo;. De cette mani&egrave;re, des pouvoirs pr&eacute;vus &agrave; titre <i>d&rsquo;exception</i>, comme l&rsquo;&eacute;diction d&rsquo;un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif ou la mesure de la r&eacute;quisition, tendent &agrave; devenir <i>la r&egrave;gle</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Un pareil d&eacute;calage caract&eacute;rise aussi l&rsquo;attitude du pouvoir juridictionnel, et notamment du Conseil d&rsquo;&Eacute;tat. D&rsquo;une part, le Conseil n&rsquo;estime pas que l&rsquo;on est en pr&eacute;sence d&rsquo;un cas &laquo;&nbsp;majeur&nbsp;&raquo; de n&eacute;cessit&eacute; de nature &agrave; faire &eacute;chapper au contr&ocirc;le juridictionnel les mesures visant &agrave; faire face &agrave; la crise. D&rsquo;autre part, cependant, le Conseil &eacute;vite syst&eacute;matiquement, soit par principe (le cas des actes &agrave; contenu l&eacute;gislatif) soit dans les faits (le cas de la r&eacute;quisition), de contr&ocirc;ler l&rsquo;ex&eacute;cutif, lorsque celui-ci d&eacute;cide d&rsquo;utiliser des pouvoirs visant &agrave; faire face &agrave; des cas &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo; de n&eacute;cessit&eacute;. Or, le fait que des hypoth&egrave;ses manifestement abusives &eacute;chappent au contr&ocirc;le juridictionnel signifie que les pouvoirs corr&eacute;latifs &eacute;chappent, en fin de compte, au droit m&ecirc;me&nbsp;: pour exercer ces pouvoirs, il suffit au gouvernement de&nbsp;les invoquer, ind&eacute;pendamment de la question de savoir si les conditions requises pour cet exercice sont remplies ou non.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">L&rsquo;abus et l&rsquo;absence de contr&ocirc;le des pouvoirs d&rsquo;exception &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo;, outre le d&eacute;ficit qu&rsquo;ils impliquent du point de vue de l&rsquo;&Eacute;tat de droit, affectent avant tout le fonctionnement d&eacute;mocratique du r&eacute;gime. Un bon nombre de mesures importantes sont prises en dehors de la publicit&eacute; parlementaire et sans l&eacute;gitimation d&eacute;mocratique suffisante. Le gouvernement peut plus facilement limiter la r&eacute;action sociale et populaire aux mesures. Cet &eacute;tat particulier et &laquo;&nbsp;partiel&nbsp;&raquo; d&rsquo;exception que le pouvoir ex&eacute;cutif cherche &agrave; imposer, et que le pouvoir juridictionnel para&icirc;t pour l&rsquo;heure tol&eacute;rer, vise moins les droits individuels, &eacute;conomiques et sociaux que les libert&eacute;s collectives et d&eacute;mocratiques. Pendant la crise, la d&eacute;mocratie semble en fin de compte &ecirc;tre davantage menac&eacute;e que l&rsquo;&Eacute;tat de droit.</span></span></span></span></span></p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir P. Foundethakis, &laquo;&nbsp;State of emergency in democracy: The case of Greece &raquo;, <i>Revue Hell&eacute;nique de Droit International</i> 57 (2004), p. 85.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Outre les deux dispositions susmentionn&eacute;es, il s&rsquo;agit des dispositions suivantes&nbsp;: l&rsquo;article 5 paragraphe 4, qui permet d&rsquo;apporter des restrictions &agrave; la libert&eacute; de circulation &laquo;&nbsp;dans des cas d&rsquo;urgence exceptionnelle&nbsp;&raquo;&nbsp;; l&rsquo;article 18 paragraphe 3, qui permet la r&eacute;quisition de biens&nbsp;; l&rsquo;article 103 paragraphe 2, qui permet le recrutement de personnel&nbsp;&laquo;&nbsp;en vue de satisfaire&nbsp;&agrave; des besoins impr&eacute;vus et urgents&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir K. L. Scheppele, &laquo; Small emergencies&nbsp;&raquo;, <i>Georgia Law Review</i> 40 (2003), p. 835.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Voir J. Ferejohn et P. Pasquino, &laquo; The law of the exception: A typology of emergency powers &raquo;, <i>International Journal of Constitutional Law</i> 2 (2004), p. 210 (221-223).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Sur la distinction voir K. L. Scheppele, &laquo; Legal and extra-legal emergencies &raquo;, in <i>The Oxford Handbook on Law and Politics</i> (K. Whittington et al. eds), Oxford et New York, Oxford University Press, 2008, p. 165.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> L&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge a &eacute;t&eacute; pr&eacute;vu pour la premi&egrave;re fois par l&rsquo;article 91 de la Constitution grecque de 1911 et a &eacute;t&eacute; mis en &oelig;uvre &agrave; plusieurs reprises et pendant de longues p&eacute;riodes au cours des ann&eacute;es qui ont suivi.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat grec est la Cour administrative supr&ecirc;me. Il est organis&eacute; selon le mod&egrave;le du Conseil d&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais. Ses membres sont des juges de carri&egrave;re ayant toutes les garanties d&rsquo;ind&eacute;pendance judiciaire. Normalement, ce tribunal est assis en sessions de cinq ou sept juges. Mais les litiges les plus importants, ou les cas pour lesquels se pose une question de constitutionnalit&eacute;, sont renvoy&eacute;s &agrave; l&rsquo;assembl&eacute;e pl&eacute;ni&egrave;re du Conseil (Grande Chambre), qui se compose d&rsquo;au moins dix-neuf juges.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> CdE 2289/1987. Cette jurisprudence a &eacute;t&eacute; confirm&eacute;e par des d&eacute;cisions ult&eacute;rieures.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.05pt">Sur cette cat&eacute;gorie, voir B. Meyler, &laquo; Economic emergency and the rule of law &raquo;, <i>DePaul Law Review</i> 56 (2007), p. 539. W. Scheuerman, <i>&laquo; </i>The economic state of emergency &raquo;, <i>Cardozo Law Review</i> 21 (2000), p. 1869.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> J. Ferejohn et P. Pasquino, <i>art. cit.,</i> pp. 210-211.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Sur cette probl&eacute;matique voir S. Levinson, &laquo; Preserving constitutional norms in times of permanent emergencies &raquo;, <i>Constellations</i> 13 (2006), p. 59.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Repr&eacute;sent&eacute;s par la &laquo; Tro&iuml;ka &raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire la Commission europ&eacute;enne, la Banque centrale europ&eacute;enne et le Fonds mon&eacute;taire international.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pendant la m&ecirc;me ann&eacute;e (2012) ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;es soixante-sept lois, dont trente-deux &eacute;taient des lois de ratification. Pour la premi&egrave;re fois pendant la Troisi&egrave;me R&eacute;publique hell&eacute;nique, le l&eacute;gislateur ordinaire et le l&eacute;gislateur d&rsquo;urgence ont ainsi partag&eacute; de mani&egrave;re &eacute;quivalente l&rsquo;&oelig;uvre l&eacute;gislative. &Agrave; titre de comparaison, en 2008 ont &eacute;t&eacute; &eacute;dict&eacute;es 103 lois et seulement un acte &agrave; contenu l&eacute;gislatif.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pour des exemples caract&eacute;ristiques, voir les actes du 4 et du 31 d&eacute;cembre 2012, qui comportent respectivement vingt-et-un et vingt-trois articles au total.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Pour un exemple tr&egrave;s parlant, voir l&rsquo;article 10 de l&rsquo;acte du 4 d&eacute;cembre 2012, &eacute;tablissant le Mus&eacute;e philat&eacute;lique et postal.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> CdE 693/2011 du 9 mars 2011 (consid&eacute;rant 7, opinion dissidente).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir notamment l&rsquo;arr&ecirc;t de principe CdE 668/2012 du 9 mars 2012. Le Conseil a jug&eacute; que les r&eacute;ductions des salaires de l&rsquo;ann&eacute;e 2010 &eacute;taient &laquo;&nbsp;en principe&nbsp;&raquo; constitutionnellement acceptables (consid&eacute;rant 34).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> D&eacute;cisions CdE 737-738/2012 du 24 d&eacute;cembre 2012&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;existence d&rsquo;un cas exceptionnel d&rsquo;une n&eacute;cessit&eacute; extr&ecirc;mement urgente et impr&eacute;vue n&rsquo;est pas susceptible de v&eacute;rification de la part du juge&nbsp;&raquo; (consid&eacute;rant 7). En revanche, selon l&rsquo;opinion dissidente, la proc&eacute;dure l&eacute;gislative exceptionnelle &laquo;&nbsp;constitue l&rsquo;exception aux r&egrave;gles fondamentales&nbsp;&raquo; de la s&eacute;paration des pouvoirs et, par cons&eacute;quent, l&rsquo;appr&eacute;ciation sur le concours d&rsquo;un tel cas doit &laquo;&nbsp;&ecirc;tre contr&ocirc;l&eacute;e par le juge pour erreur manifeste d&rsquo;appr&eacute;ciation&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> CdE 1901/2014 du 23 mai 2014 (consid&eacute;rants 13 et 14).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> CdE 1623/2012 du 4 mai 2012 (consid&eacute;rant 17). Une opinion dissidente a exprim&eacute; la position selon laquelle la Constitution &laquo;&nbsp;ne tol&egrave;re pas ind&eacute;finiment une telle mesure&nbsp;&raquo;, parce que cette derni&egrave;re &laquo;&nbsp;cesserait alors d&rsquo;&ecirc;tre exceptionnelle et conduirait &agrave; une situation de travail forc&eacute; interdite par la Constitution&nbsp;&raquo; (consid&eacute;rant 6).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> CdE 1764-1765/2014 du 14 mai 2014 (consid&eacute;rant 15). Selon une opinion dissidente, la prise de cette mesure pour une dur&eacute;e ind&eacute;termin&eacute;e ne saurait &ecirc;tre justifi&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> CdE 1766/2014 du 14 mai 2014 (consid&eacute;rant 14). Selon une opinion dissidente, ne ressortaient pas clairement les raisons pour lesquelles les probl&egrave;mes susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre caus&eacute;s &agrave; la sant&eacute; mentale des &eacute;tudiants constituaient r&eacute;ellement un p&eacute;ril pour la sant&eacute; publique.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>