<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">J’analyse la non-réception de l’œuvre de Jean Norton Cru dans les études littéraires. L’œuvre a pourtant été redécouverte depuis 1993, et l’on n’ignore plus son caractère fondateur dans la réflexion sur le témoignage en littérature. Pourquoi donc persiste-t-on néanmoins à s'en détourner, alors même qu’on prend le témoignage pour objet d’étude ? La réponse est que l’œuvre de Cru critique de façon radicale la conception romantique de la littérature, tandis que celle-ci continue d’innerver les travaux des chercheurs. Ainsi, le point sur lequel on achoppe encore et toujours demeure celui de la valeur documentaire. Curieusement, on refuse l’idée, soutenue par Cru, qu’un témoignage soit <i>à la fois</i> un document historique <i>et</i> de la littérature. Le ressort de cette attitude n’est autre qu’une crispation disciplinaire, or celle-ci produit une fausse conscience du témoignage.</span></span></span></p>