<p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">La lecture de Primo Levi est propos&eacute;e aux &eacute;l&egrave;ves d&egrave;s le coll&egrave;ge. Nous ne pourrions que nous en r&eacute;jouir si nous ne connaissions pas la question terrible qui hante l&#39;auteur depuis son retour d&#39;Auschwitz&thinsp;: dans le camp, les &laquo;&nbsp;meilleurs sont morts&nbsp;&raquo;, or le camp est un r&eacute;v&eacute;lateur, d&egrave;s lors, la terre ne serait-elle pas peupl&eacute;e de Ca&iuml;n(s)? Les vivants seraient les meurtriers de leurs fr&egrave;res meilleurs qu&#39;eux&thinsp;! Ce &laquo;&nbsp;soup&ccedil;on&nbsp;&raquo;, que l&#39;auteur explicite quarante ans apr&egrave;s Auschwitz, dans <i>Les Naufrag&eacute;s et les rescap&eacute;s,</i> &laquo;&nbsp;ronge et crie&nbsp;&raquo;, rend invivable le parcours terrestre d&#39;un homme qui se pense en vie &agrave; la place d&#39;un autre meilleur que lui, et qu&#39;il aurait tu&eacute;. Cette vision terrible n&#39;est pas absente de <i>Si c&#39;est un homme.</i> Moins explicite, elle se manifeste pourtant dans de nombreux passages. D&#39;o&ugrave; notre question&thinsp;: comment faire lire Primo Levi sans amputer son &oelig;uvre de son fond philosophique terrifiant tout en pr&eacute;servant les jeunes lecteurs de soup&ccedil;ons si invivables sur l&#39;esp&egrave;ce humaine qu&#39;ils co&ucirc;t&egrave;rent sans doute la vie &agrave; l&#39;auteur qu&#39;ils admirent ?</span></span></span></p>