<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans un premier temps il nous a sembl&eacute; opportun de d&eacute;finir et placer l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique au sein de la g&eacute;n&eacute;tique par le cheminement de l&rsquo;histoire &agrave; laquelle elle est li&eacute;e, ensuite d&rsquo;&eacute;valuer la possibilit&eacute; pour l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique d&rsquo;entrer au sein m&ecirc;me des hypoth&egrave;ses de transmission du stress &agrave; la descendance, enfin de cataloguer les approches th&eacute;rapeutiques actuelles et/ou &agrave; mettre en place &agrave; l&rsquo;avenir.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">De la d&eacute;couverte de la g&eacute;n&eacute;tique &agrave; celle de l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">La transmission d&rsquo;un caract&egrave;re ou trait d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; une autre est &eacute;tudi&eacute;e par le vaste champ de la g&eacute;n&eacute;tique. La premi&egrave;re observation de la transmission de ces traits &agrave; travers les g&eacute;n&eacute;rations remonte aux travaux de Gregor Mendel [1822-1884] publi&eacute;s en 1866. Mendel postulait l&rsquo;existence de ce qu&rsquo;il a appel&eacute; des facteurs transmis de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. Ces travaux seront &laquo;&nbsp;red&eacute;couverts&nbsp;&raquo; en 1900 ind&eacute;pendamment par Hugo De Vries [1848-1935], Carl Correns [1864-1933] et Erich von Tschermak-Seysenegg [1871-1962]. Il est int&eacute;ressant de constater que ces quatre auteurs sont des botanistes et, par suite, que cette discipline est &agrave; l&rsquo;origine de la g&eacute;n&eacute;tique. C&rsquo;est le biologiste anglais William Bateson [1861-1926] qui baptise la discipline du nom de g&eacute;n&eacute;tique en 1905.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">La transmission d&rsquo;un caract&egrave;re h&eacute;r&eacute;ditaire est due &agrave; un facteur responsable de l&rsquo;apparition de traits et qui persiste de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. Charles Darwin [1809-1882] proposa la th&eacute;orie de la pang&eacute;n&egrave;se en 1868 (In&nbsp;: <i>The variations of animals and plants under domestication</i>) dans laquelle il parle de particules, les gemmules, responsables de la formation de chaque &eacute;l&eacute;ment du corps. Dans cette th&eacute;orie, il ne localise pas ces gemmules. Hugo </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">De Vries reprendra cette th&eacute;orie en baptisant ces facteurs les pang&egrave;nes qu&rsquo;il localise dans la cellule </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">(In&nbsp;: <i>Intracellulare Pangenesis</i>). August Weismann [1834-1914] propose sa th&eacute;o</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">rie du plasma germinal <i>(Keimplasma) </i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">en 1892. Pour lui, les d&eacute;terminants de l&rsquo;h&eacute;r&eacute;dit&eacute; sont situ&eacute;s exclusivement dans les cellules germinales. Pour ces trois auteurs, les d&eacute;terminants sont des particules ou corpuscules. Nous appelons d&eacute;sormais g&egrave;nes ces facteurs support de l&rsquo;h&eacute;r&eacute;dit&eacute;. Le terme de g&egrave;ne est introduit par Wilhelm Johannsen [1857-1927], botaniste danois, en 1909. Johannsen a l&rsquo;avantage de proposer un terme simple qui peut s&rsquo;accoler avec d&rsquo;autres noms pour former diff&eacute;rents concepts. De ce fait, le mot g&egrave;ne remplace avantageusement l</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">es pang&egrave;nes, <i>unit-factors</i>, <i>allelomorphs</i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt"> ou <i>elements</i> des auteurs pr&eacute;c&eacute;dents. C&rsquo;est &agrave; Johannsen que l&rsquo;on doit le terme de g&eacute;notype, qui correspond &agrave; l&rsquo;ensemble des g&egrave;nes pr&eacute;sents dans une gam&egrave;te ou un &oelig;uf f&eacute;cond&eacute; (zygote). Le terme de ph&eacute;notype lui est aussi emprunt&eacute; et caract&eacute;rise l&rsquo;ensemble des caract&egrave;res pr&eacute;sent&eacute;s par un individu. Il est important de noter que le g&eacute;notype correspond au mat&eacute;riel transmissible de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration et que sa traduction en termes anatomique et physiologique rend compte du ph&eacute;notype.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Le concept de g&egrave;ne est &agrave; la base de la g&eacute;n&eacute;tique classique et il convient d&rsquo;y revenir dans ce travail. Un g&egrave;ne est constitu&eacute; d&rsquo;une s&eacute;quence d&rsquo;ADN (longue mol&eacute;cule form&eacute;e de 2 brins enroul&eacute;s en h&eacute;lice et constitu&eacute;e de 4&nbsp;nucl&eacute;otides nomm&eacute;s A, C, T, H dont la s&eacute;quence constitue le code g&eacute;n&eacute;tique), qui a la particularit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre discontinue. Ainsi, un g&egrave;ne n&rsquo;est pas pr&eacute;sent en continu sur un chromosome mais est constitu&eacute; de modules s&eacute;par&eacute;s les uns des autres. Plusieurs modules fonctionnels peuvent &ecirc;tre d&eacute;crits dans cette structure. L&rsquo;&eacute;l&eacute;ment de base est le cadre de lecture ouvert. Cette s&eacute;quence est compos&eacute;e de parties de g&egrave;nes nomm&eacute;s exons s&eacute;par&eacute;s par des introns qui ne participent pas au codage de l&rsquo;information. La s&eacute;quence permet la formation d&rsquo;une mol&eacute;cule d&rsquo;ARN pr&eacute;-messager puis messager (copie transitoire d&rsquo;un simple brin de l&rsquo;ADN) qui sera ult&eacute;rieurement traduite en prot&eacute;ines. Toutefois, le cadre de lecture ouvert seul ne peut &ecirc;tre lu en absence d&rsquo;autres s&eacute;quences fonctionnelles situ&eacute;es &agrave; distance. Telles sont les s&eacute;quences r&eacute;gulatrices qui permettent d&rsquo;activer ou d&rsquo;inhiber la transcription de l&rsquo;ADN. Il est important de pr&eacute;ciser certaines notions concernant la r&eacute;gulation de l&rsquo;expression des g&egrave;nes. Toutefois, avant d&rsquo;aborder ce chapitre important, il convient de pr&eacute;ciser certaines id&eacute;es dont la diffusion est parfois erron&eacute;e dans le public.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Une des id&eacute;es les plus pr&eacute;gnantes concernant le g&egrave;ne est que celui-ci code une prot&eacute;ine. Si cette notion est exacte dans un grand nombre de cas, elle m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre nuanc&eacute;e. Il existe des g&egrave;nes qui codent plusieurs formes de prot&eacute;ines diff&eacute;rentes. Ainsi, un ARN messager peut &ecirc;tre lu de plusieurs fa&ccedil;ons diff&eacute;rentes selon le nombre d&rsquo;exons traduits</span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue"><span style="letter-spacing:-.1pt">.</span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> Ce m&eacute;canisme de contr&ocirc;le se nomme l&rsquo;&eacute;pissage alternatif et il conduit, &agrave; partir du m&ecirc;me messager, &agrave; produire diff&eacute;rentes isoformes. De ce fait, un g&egrave;ne peut th&eacute;oriquement g&eacute;n&eacute;rer plusieurs prot&eacute;ines (qui se ressemblent certes, mais qui sont l&eacute;g&egrave;rement diff&eacute;rentes). Plus r&eacute;cemment, des g&egrave;nes non-codants ont &eacute;t&eacute; identifi&eacute;s. Il s&rsquo;agit de s&eacute;quences d&rsquo;ADN qui produisent un ARN dont les fonctions sont r&eacute;gulatrices sur la traduction d&rsquo;autres ARN. Ainsi, ces g&egrave;nes jouent un r&ocirc;le dans la production de prot&eacute;ines mais par interaction avec d&rsquo;autres ARN. Leur s&eacute;quence ne contient aucun message sp&eacute;cifique propre permettant de coder des prot&eacute;ines, leur r&ocirc;le est pourtant crucial pour le contr&ocirc;le de l&rsquo;expression d&rsquo;autres g&egrave;nes.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Tr&egrave;s souvent, le public et les m&eacute;dias parlent du g&egrave;ne d&rsquo;une maladie. Il est &eacute;vident qu&rsquo;un g&egrave;ne est une structure normale et que c&rsquo;est la mutation de ce g&egrave;ne qui est responsable de l&rsquo;affection.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Enfin, certains attribuent &agrave; des g&egrave;nes des comportements complexes. Ainsi, il est assez commun de lire des expressions telles que le g&egrave;ne de l&rsquo;&eacute;go&iuml;sme, le g&egrave;ne du langage, le g&egrave;ne de l&rsquo;aventure&hellip; Il para&icirc;t &eacute;vident que de tels comportements font appel &agrave; de nombreux processus biologiques et ne peuvent se r&eacute;sumer par un unique g&egrave;ne, cette simplification &eacute;tant bien entendu trompeuse.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">La r&eacute;gulation de l&rsquo;expression des g&egrave;nes est un champ en pleine expansion. Un cadre de lecture ouvert isol&eacute; ne peut servir &agrave; la transcription et il est n&eacute;cessaire qu&rsquo;il soit associ&eacute; &agrave; ses &eacute;l&eacute;ments r&eacute;gulateurs. Ces derniers sont activ&eacute;s ou r&eacute;prim&eacute;s par des prot&eacute;ines appel&eacute;es facteurs de transcription. Pour que ces prot&eacute;ines puissent se lier aux s&eacute;quences r&eacute;gulatrices, celles-ci doivent &ecirc;tre accessibles. Cette accessibilit&eacute; est rendue possible par une d&eacute;compaction de l&rsquo;ADN. Ainsi, la structure tridimensionnelle de la mol&eacute;cule d&rsquo;ADN conditionne l&rsquo;expression du g&egrave;ne. Des prot&eacute;ines nucl&eacute;aires telles les histones contr&ocirc;lent le degr&eacute; de compaction de l&rsquo;ADN. Une deuxi&egrave;me condition pour qu&rsquo;un g&egrave;ne puisse &ecirc;tre exprim&eacute; est que les s&eacute;quences r&eacute;gulatrices, parfois tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;es du g&egrave;ne qu&rsquo;elles contr&ocirc;lent, soient situ&eacute;es &agrave; proximit&eacute; du cadre de lecture des informations port&eacute;es par ce g&egrave;ne. Ceci est conditionn&eacute; par le repliement de la mol&eacute;cule d&rsquo;ADN. Ainsi, les caract&eacute;ristiques tridimensionnelles de l&rsquo;ADN rendent compte de l&rsquo;expression ou de l&rsquo;inhibition des g&egrave;nes. Ces caract&eacute;ristiques sont contr&ocirc;l&eacute;es par des facteurs ind&eacute;pendants du g&eacute;nome de la cellule. Une anomalie de la conformation de l&rsquo;ADN peut alors rendre compte d&rsquo;un d&eacute;faut de synth&egrave;se prot&eacute;ique similaire &agrave; une mutation g&eacute;n&eacute;tique. Enfin, un troisi&egrave;me syst&egrave;me de contr&ocirc;le passe par l&rsquo;adjonction de radicaux chimiques aux r&eacute;gions promotrices. Le syst&egrave;me le mieux &eacute;tudi&eacute; est celui de la m&eacute;thylation. En r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, un promoteur m&eacute;thyl&eacute; (ce petit radical organique, le m&eacute;thyle CH<sub>3</sub>-, est d&eacute;riv&eacute; du m&eacute;thane) est inhib&eacute; et ne permet pas la transcription du g&egrave;ne. Une anomalie de la m&eacute;thylation peut entra&icirc;ner un d&eacute;faut de synth&egrave;se prot&eacute;ique. Dans la mesure o&ugrave; la m&eacute;thylation peut se r&eacute;aliser sur les cellules gam&eacute;tiques, une telle anomalie peut &ecirc;tre transmise de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration sans pour autant qu&rsquo;il y ait une anomalie du message g&eacute;n&eacute;tique. L&rsquo;ensemble de ces troubles de la synth&egrave;se prot&eacute;ique ne relevant pas d&rsquo;une mutation est &eacute;tudi&eacute; par une nouvelle branche de la science, l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Stress et &eacute;pig&eacute;n&eacute;tique</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Des anomalies de la r&eacute;ponse au stress ou des troubles psychiatriques de type schizophr&eacute;nie ont &eacute;t&eacute; rapport&eacute;s chez des enfants n&eacute;s de femmes soumises &agrave; l&rsquo;hiver de la faim aux Pays-Bas en 1944-1945<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Il en est de m&ecirc;me pour les enfants con&ccedil;us lors de la famine chinoise de 1959-1960<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. Ces faits rejoignent la constatation de troubles psychiatriques chez les enfants descendants de survivants du g&eacute;nocide des Juifs<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Chez ces enfants n&eacute;s de parents ayant subi la d&eacute;portation &laquo;&nbsp;g&eacute;nocidaire&nbsp;&raquo;, la r&eacute;ponse au stress (s&eacute;cr&eacute;tion de cortico&iuml;des) est perturb&eacute;e<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>. Par la suite, l&rsquo;&eacute;quipe de Rachel Yehuda a montr&eacute; qu&rsquo;il existe une modification de la m&eacute;thylation de plusieurs des promoteurs du g&egrave;ne codant le r&eacute;cepteur des glucocortico&iuml;des<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. Ces importants r&eacute;sultats sugg&egrave;rent fortement un lien entre le stress li&eacute; &agrave; la d&eacute;portation et la transmission d&rsquo;une erreur de marquage &eacute;pig&eacute;n&eacute;tique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Cette notion est d&rsquo;autant plus importante qu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; formellement &eacute;tablie chez les rongeurs exp&eacute;rimentaux. Toutefois, de nombreuses inconnues demeurent. Plusieurs p&eacute;riodes de sensibilit&eacute; existent et il n&rsquo;est pas certain que le m&eacute;canisme soit identique pour toutes. La transmission interg&eacute;n&eacute;rationnelle est facilit&eacute;e lorsque la m&egrave;re est atteinte, tant chez l&rsquo;animal que chez l&rsquo;&ecirc;tre humain<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. Cette transmission peut s&rsquo;&eacute;tendre sur de nombreuses g&eacute;n&eacute;rations it&eacute;ratives chez les rongeurs. Mais qu&rsquo;en est-il chez les humains&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Du stress de la d&eacute;portation et de ses s&eacute;quelles</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le stress li&eacute; &agrave; la vie clandestine, l&rsquo;arrestation, l&rsquo;internement avec leurs interrogatoires, l&rsquo;&eacute;preuve du transport en convoi et enfin la vie en camp de d&eacute;portation constituent un &eacute;tat de stress permanent encore pr&eacute;sent au retour des d&eacute;port&eacute;s<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>. Ces troubles se sont install&eacute;s pour ensuite perdurer jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est-&agrave;-dire plus de 60&nbsp;ans apr&egrave;s les faits r&eacute;alisant un &laquo;&nbsp;&eacute;tat de stress post-traumatique p&eacute;rennis&eacute;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Chez l&rsquo;homme, le stress de la d&eacute;portation et son cort&egrave;ge de s&eacute;quelles se traduit par une symptomatologie dor&eacute;navant bien cern&eacute;e&nbsp;: reviviscences incoercibles de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement traumatisant, troubles du sommeil avec insomnies et cauchemars, troubles anxieux, troubles phobiques et hypervigilance en sont les principaux signes. Ces s&eacute;quelles p&eacute;rennes font l&rsquo;objet de l&rsquo;article du Dr Michel Pierre dans ce m&ecirc;me num&eacute;ro de la revue<i> (voir p. 83).</i></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les effets du stress parental sur les descendants&nbsp;: des certitudes, des doutes et des &eacute;tudes parfois non concordantes</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;un des auteurs, durant 35 ans m&eacute;decin-conseil de la F&eacute;d&eacute;ration nationale des d&eacute;port&eacute;s et intern&eacute;s r&eacute;sistants et patriotes (FNDIRP), a trop souvent &eacute;t&eacute; confront&eacute; aux confidences des d&eacute;port&eacute;s pour ne pas constater qu&rsquo;il semblait exister de bien fr&eacute;quents probl&egrave;mes relationnels avec leur entourage familial&nbsp;; ces confidences faisaient une large place &agrave; des interrogations de toutes sortes&nbsp;: naissance trop pr&eacute;coce au retour, auto-culpabilisation immotiv&eacute;e jusqu&rsquo;&agrave; la th&eacute;matique m&ecirc;me d&rsquo;une mal&eacute;diction sans qu&rsquo;aucune r&eacute;ponse ne puisse leur &ecirc;tre apport&eacute;e. Certes parfois une personnalit&eacute; tr&egrave;s affirm&eacute;e et fa&ccedil;onn&eacute;e par la guerre pouvait mettre &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve la coh&eacute;sion familiale et combien de fois l&rsquo;un des auteurs de cet article n&rsquo;a-t-il pas entendu de la part du conjoint et plus tard d&rsquo;un descendant&nbsp;: &laquo;&nbsp;et c&rsquo;est aussi &agrave; moi docteur qu&rsquo;il faudrait donner une pension&nbsp;!&nbsp;&raquo; L&rsquo;effet cumulatif pouvait rendre compte d&rsquo;un sentiment g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;existence d&rsquo;un probl&egrave;me&hellip;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Toutefois, le constat de probl&egrave;mes dans la descendance a &eacute;t&eacute; suffisamment ressenti pour donner lieu &agrave; publications depuis une trentaine d&rsquo;ann&eacute;es.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Une th&egrave;se soutenue en 1993 &agrave; Paris par Catherine Breton<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a> retrouve dans une cohorte de 60 descendants de d&eacute;port&eacute;s r&eacute;sistants un fort sentiment d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; (deux tiers des cas) et de solitude lors de l&rsquo;adolescence ainsi que des angoisses (en particulier de ne pas &ecirc;tre &agrave; la hauteur de l&rsquo;attente du parent d&eacute;port&eacute;).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si l&rsquo;adaptation sociale montre, dans &agrave; peu pr&egrave;s toutes les &eacute;tudes, qu&rsquo;elle est en grande majorit&eacute; bien r&eacute;ussie, on rel&egrave;ve toutefois une &laquo;&nbsp;impression&nbsp;particuli&egrave;re&nbsp;&raquo; chez une majorit&eacute; de descendants&nbsp;: sentiment de marginalit&eacute;, d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, de ne pas se sentir &agrave; l&rsquo;aise dans la soci&eacute;t&eacute;<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a> sans que les praticiens ne d&eacute;c&egrave;lent de psychopathologie sp&eacute;cifique<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>&nbsp;; d&rsquo;autres chercheurs ont d&eacute;crit davantage d&rsquo;anxi&eacute;t&eacute;, de troubles de la personnalit&eacute;, de d&eacute;pression et une plus grande vuln&eacute;rabilit&eacute; face aux &eacute;preuves de la vie que dans la population g&eacute;n&eacute;rale, mais il faut mentionner que ces &eacute;tudes sur la descendance des d&eacute;port&eacute;s juifs semblent plus complexes car m&ecirc;lant bien souvent immigration, antis&eacute;mitisme et d&eacute;portation et l&rsquo;on y retrouve une probl&eacute;matique intriquant le questionnement sur les origines familiales, la pers&eacute;cution ancestrale, des interrogations de type identitaire et l&rsquo;int&eacute;gration dans le pays d&rsquo;accueil<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Lors d&rsquo;une &eacute;tude de la Commission m&eacute;dico-sociale de la Fondation pour la m&eacute;moire de la d&eacute;portation (FMD) effectu&eacute;e entre&nbsp;2002 et&nbsp;2012<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>, portant sur 50 t&eacute;moins d&eacute;port&eacute;s et d&eacute;port&eacute;es fran&ccedil;ais pour r&eacute;pression ou pers&eacute;cution, les auteurs n&rsquo;ont relev&eacute; dans les biographies que dix cas de probl&egrave;mes conjugaux (m&eacute;sententes, s&eacute;parations, divorces) et cinq probl&egrave;mes relationnels avou&eacute;s avec leur descendance adulte (conflits, ruptures). Ces statistiques de respectivement 20&nbsp;% et 10&nbsp;% ne sont vraiment pas tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;es des statistiques nationales&hellip; Cette probl&eacute;matique relationnelle prendrait-elle un jour particulier dans le milieu de la d&eacute;portation&nbsp;? Du c&ocirc;t&eacute; des d&eacute;port&eacute;s eux-m&ecirc;mes, serait-elle davantage &eacute;pi&eacute;e, ressentie&nbsp;et exprim&eacute;e&nbsp;? Bien entendu, on peut objecter que le nombre des t&eacute;moins est r&eacute;duit, mais il n&rsquo;en demeure pas moins que ces chiffres restent concordants avec ceux de la population fran&ccedil;aise&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Il faut reconna&icirc;tre en tout cas qu&rsquo;un d&eacute;bat contradictoire s&rsquo;est rapidement instaur&eacute; depuis une trentaine d&rsquo;ann&eacute;es sur la r&eacute;alit&eacute; des s&eacute;quelles psychologiques de la deuxi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si la probl&eacute;matique a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s peu &eacute;tudi&eacute;e chez les d&eacute;port&eacute;s de r&eacute;pression, c&rsquo;est beaucoup moins le cas pour les d&eacute;port&eacute;s juifs de pers&eacute;cution.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">Ainsi, une &eacute;tude de 2003<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>,<sup> </sup>comparant 48 femmes d&eacute;port&eacute;es juives avec leurs filles adultes et un groupe t&eacute;moin indemne, ne retrouve pas de diff&eacute;rence significative&nbsp;entre les en</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">fants des d&eacute;port&eacute;es et ceux du groupe t&eacute;moin. Ant&eacute;rieurement d&eacute;j&agrave;, d&rsquo;autres auteurs<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a><sup> </sup>d&egrave;s 1981 avaient mis s&eacute;rieusement en doute la validit&eacute; des m&eacute;thodes des &eacute;tudes effectu&eacute;es sur ce sujet pour arriver &agrave; ces r&eacute;sultats.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pourtant, par la suite, plusieurs &eacute;tudes<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a> mentionnaient l&rsquo;existence de troubles touchant les enfants des d&eacute;port&eacute;s juifs</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:red">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">H&eacute;l&egrave;ne et David Oppenheim recensent en 2006<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a> 16&nbsp;&eacute;tudes d&rsquo;analyses chez les enfants de d&eacute;port&eacute;s qui orientent dans le sens d&rsquo;une atteinte psychologique, mais il faut dire que ces auteurs ont travaill&eacute; sur des populations cibl&eacute;es avec des effectifs tr&egrave;s restreints.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une &eacute;tude originale<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a> constate chez les femmes de la seconde g&eacute;n&eacute;ration des troubles psychologiques et surtout une d&eacute;tresse extr&ecirc;me face &agrave; la survenue d&rsquo;un cancer du sein par comparaison avec un groupe t&eacute;moin de population tout-venant.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Catherine Breton<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a> constate dans sa cohorte d&rsquo;enfants de 60 d&eacute;port&eacute;s r&eacute;sistants des effets sur la descendance&nbsp;: 35&nbsp;% ont rencontr&eacute; des difficult&eacute;s importantes dans leur construction identitaire et ont d&ucirc; faire appel &agrave; un soutien psychologique, tandis que 18&nbsp;% d&eacute;clarent avoir eu &agrave; souffrir de troubles psychologiques.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Des enqu&ecirc;tes commencent aussi &agrave; &ecirc;tre publi&eacute;es depuis sur la vuln&eacute;rabilit&eacute; de la troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">M&ecirc;me si un faisceau de pr&eacute;somptions nous oriente progressivement vers la possibilit&eacute; de troubles psychologiques dans la descendance, ces publications contradictoires doivent nous amener &agrave; consid&eacute;rer toute la difficult&eacute; de mettre en place des &eacute;tudes psycho-sociales d&eacute;terminantes sur une population &agrave; coup s&ucirc;r restreinte et aux crit&egrave;res multifactoriels d&rsquo;appr&eacute;hension difficile. Se pose la complexit&eacute; du probl&egrave;me chez l&rsquo;homme ou s&rsquo;intriquent le regard de la soci&eacute;t&eacute;, l&rsquo;entourage familial, la personnalit&eacute; propre des parents et des enfants et, pourquoi pas, la marque biologique &eacute;pig&eacute;n&eacute;tique sp&eacute;cifique de chacun qui peut &ecirc;tre transmise de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration tout en tenant compte des possibilit&eacute;s de r&eacute;versibilit&eacute; biologique.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Quelle serait d&egrave;s lors la place de l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique parmi les hypoth&egrave;ses sociales sur les modes de transmission du stress de la D&eacute;portation&nbsp;?</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;attitude de la soci&eacute;t&eacute; de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre sur la d&eacute;portation et les d&eacute;port&eacute;s&nbsp;fut celle de la convocation d&rsquo;un retour &agrave; la normalit&eacute; focalis&eacute;e sur la reconstruction sociale, &eacute;conomique et politique du pays et&nbsp;l&rsquo;&eacute;mergence de nouveaux biens mat&eacute;riels. Il va falloir quelques dizaines d&rsquo;ann&eacute;es pour que le &laquo;&nbsp;devoir de m&eacute;moire&nbsp;&raquo; y trouve aussi sa place et puisse alors lib&eacute;rer l&rsquo;ensemble des survivants du poids du silence.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pour chaque d&eacute;port&eacute;, &agrave; la reconstruction sociale s&rsquo;est vu simultan&eacute;ment s&rsquo;ajouter la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une reconstruction individuelle qu&rsquo;il a d&ucirc; prendre seul en charge, reconstruction sans doute plus simple pour les d&eacute;port&eacute;s de r&eacute;pression inscrits dans de puissants r&eacute;seaux associatifs et enrichis des souvenirs de leurs combats men&eacute;s durant la guerre avec leurs camarades de la R&eacute;sistance. Ce fut plus difficile pour les d&eacute;port&eacute;s de pers&eacute;cution qui, revenant d&rsquo;Auschwitz ou de Bergen-Belsen, durent, pour la plupart d&rsquo;entre eux, d&eacute;couvrir les d&eacute;g&acirc;ts de l&rsquo;extermination familiale et l&rsquo;apprentissage de la solitude. Rappelons qu&rsquo;au mieux seulement 5&nbsp;% d&rsquo;entre eux &eacute;taient rentr&eacute;s&nbsp;; alors leur fallait-il, avec tous ces morts laiss&eacute;s l&agrave;-bas, venir se plaindre, au risque du vertige de l&rsquo;auto-culpabilisation d&rsquo;un syndrome du survivant&nbsp;? Mariage d&rsquo;un consensus social et individuel&hellip;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">D&rsquo;o&ugrave; ce chemin initiatique men&eacute; dans l&rsquo;&eacute;ducation des familles de d&eacute;port&eacute;s&nbsp;: comment faire</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:red"><span style="letter-spacing:-.1pt">,</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> sans aucune r&eacute;f&eacute;rence ant&eacute;rieure, pour effectuer la transmission de la m&eacute;moire entre les d&eacute;port&eacute;s et leurs enfants et cela, r&eacute;p&eacute;tons-le, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque sans appui de la Nation. &laquo;&nbsp;Quoique vous fassiez, vous ferez mal&nbsp;!&nbsp;&raquo; faut-il croire Freud&nbsp;? Trop en parler ou ne jamais &eacute;voquer le sujet&nbsp;de la d&eacute;portation, serait-ce pareil&nbsp;? Chaque famille a fait &ndash;&nbsp;sans recette&nbsp;&ndash; au mieux pour l&rsquo;&eacute;ducation des enfants et le plus souvent avec des r&eacute;sultats pas si &eacute;loign&eacute;s de la population g&eacute;n&eacute;rale&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Mais soudain, par l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique&nbsp;voici donc que la biologie entre en jeu et se dit capable d&rsquo;expliquer de fa&ccedil;on convaincante la transmission transg&eacute;n&eacute;rationnelle des troubles li&eacute;s au stress&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le sch&eacute;ma biologique expos&eacute; plus haut est convaincant, les preuves de l&rsquo;influence du stress chez les mammif&egrave;res sont authentifi&eacute;es et, pour l&rsquo;homme, les m&eacute;canismes &eacute;pig&eacute;n&eacute;tiques interviennent dans de plus en plus de domaines (drogue, ob&eacute;sit&eacute;, diab&egrave;te, cancer&hellip;)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Concernant le stress, avec les d&eacute;port&eacute;s juifs et leur descendance, Rachel</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Yehuda et ses collaborateurs ont beaucoup travaill&eacute; et leur publication la plus r&eacute;cente<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a> a propos&eacute; pour la premi&egrave;re fois un sch&eacute;ma convaincant d&rsquo;une transmission interg&eacute;n&eacute;rationnelle &eacute;pig&eacute;n&eacute;tique chez l&rsquo;homme&nbsp;; pour rester prudent, signalons toutefois que, pour certains chercheurs, dans l&rsquo;&eacute;tat actuel de nos connaissances, un doute subsisterait encore, car on ne saurait d&eacute;finitivement affirmer que ces marqueurs &eacute;pig&eacute;n&eacute;tiques soient vraiment h&eacute;rit&eacute;s ou bien acquis en s&rsquo;inscrivant <i>de novo</i> en r&eacute;ponse aux attitudes des parents d&eacute;port&eacute;s (anxi&eacute;t&eacute;, par exemple).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les difficult&eacute;s, voire les discordances des sch&eacute;mas &eacute;tudi&eacute;s, devraient tenir compte des interactions de la prise en charge sociale, des relations familiales, de la mani&egrave;re d&rsquo;aborder la d&eacute;portation et, sans doute aussi, du brassage &eacute;pig&eacute;n&eacute;tique.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le terrain th&eacute;rapeutique&nbsp;: proposer toutes les pistes aux victimes de traumatismes psychiques de toutes g&eacute;n&eacute;rations</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Pr&eacute;venir l&rsquo;apparition et, par la suite, une possible transmission des troubles li&eacute;s au stress gr&acirc;ce &agrave; l&#39;action m&eacute;dico-sociale. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Les lourds reproches du silence, confront&eacute; au refus d&rsquo;&eacute;coute par la soci&eacute;t&eacute; de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre et dont se sont si am&egrave;rement plaints les d&eacute;port&eacute;s, ont progressivement port&eacute; leurs fruits&nbsp;: il est l&eacute;gitime de croire que la mise en place efficace des cellules d&rsquo;urgences m&eacute;dico-psychologiques&nbsp;(CUMP) lors des &eacute;v&eacute;nements collectifs traumatisants s&rsquo;av&egrave;re d&rsquo;importance pour r&eacute;duire &agrave; la fois les souffrances psychologiques et ensuite leurs s&eacute;quelles (y compris sur la descendance). On a mentionn&eacute; que tous les d&eacute;port&eacute;s &eacute;tudi&eacute;s avaient des s&eacute;quelles psychiques p&eacute;rennes et il faut toujours rappeler qu&rsquo;on estime aujourd&rsquo;hui qu&rsquo;environ le tiers des bless&eacute;s psychiques seront confront&eacute;s &agrave; des troubles persistants et invalidants dans les ann&eacute;es qui suivront. L&rsquo;attitude actuelle est d&rsquo;intervenir au plus vite pour tenter d&rsquo;apaiser l&rsquo;anxi&eacute;t&eacute; et les &eacute;motions par l&rsquo;&eacute;coute et lib&eacute;rer la parole (d&eacute;briefing) mais aussi de ne pas omettre d&rsquo;exercer sur la dur&eacute;e un suivi ult&eacute;rieur personnalis&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">R&eacute;duire l&rsquo;&eacute;volution et l&rsquo;aggravation (et donc la transmission) des troubles gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;engagement social des victimes&nbsp;: dans notre &eacute;tude, nous avons pu constater l&rsquo;importance chez la plupart des t&eacute;moins (certes pour les r&eacute;sistants plus souvent acteurs de leur destin que victimes) de se fa&ccedil;onner une solide r&eacute;silience par une activit&eacute; socio-associative et professionnelle. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">Une &eacute;tude isra&eacute;lienne avait d&eacute;j&agrave; mis l&rsquo;accent sur l&rsquo;engagement de la vie au kibboutz comme r&eacute;ducteur du psycho-syndrome post-traumatique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Omnipr&eacute;sente dans notre &eacute;tude de la FMD<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>, l&rsquo;engagement social (associatif, syndical, politique) semble bien avoir eu un effet d&eacute;terminant sur l&rsquo;&eacute;quilibre et la r&eacute;silience des t&eacute;moins.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pr&eacute;venir la transmission du stress au sein du milieu familial&nbsp;: la th&egrave;se de Catherine Breton<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a> est ici instructive et pourrait servir de ligne de r&eacute;flexion. Elle constate que la transmission m&eacute;morielle a &eacute;t&eacute; indirecte par l&rsquo;&eacute;coute de conversations d&rsquo;adultes entre d&eacute;port&eacute;s ou lors d&rsquo;entretiens familiaux et que les parents n&rsquo;ont pas souhait&eacute; ou pu transmettre directement l&rsquo;exp&eacute;rience concentrationnaire. Il aura fallu attendre ult&eacute;rieurement et, bien souvent, le questionnement des petits-enfants pour qu&rsquo;un dialogue (parfois lib&eacute;rateur) s&rsquo;&eacute;tablisse vraiment.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On serait en droit de penser qu&rsquo;entreprendre ce dialogue &ndash;&nbsp;adapt&eacute; &agrave; chaque &acirc;ge&nbsp;&ndash; serait plus b&eacute;n&eacute;fique pour les enfants qu&rsquo;apposer une chape de silence qu&rsquo;on pourrait croire cuirasse protectrice.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Appliquer et encore trouver des pistes d&rsquo;intervention pour minorer l&rsquo;importance du stress chez la victime et, par suite, agir sur la r&eacute;versibilit&eacute; des troubles dans leur descendance avec de multiples choix et propositions&nbsp;av&eacute;r&eacute;es qu&rsquo;il n&rsquo;est pas interdit de cumuler&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; appliquer un &laquo;&nbsp;d&eacute;briefing&nbsp;&raquo;&nbsp;: d&eacute;samorcer au plus t&ocirc;t l&rsquo;&eacute;tat de stress aigu par la parole ;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; adapter ensuite dans le temps en proposant un suivi par des entretiens m&eacute;dico-psychologiques ;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; rep&eacute;rer au plus t&ocirc;t les signes d&rsquo;un &eacute;tat de stress post-traumatique en vue d&rsquo;orienter vers un suivi sp&eacute;cifique psychoth&eacute;rapique le plus souvent associ&eacute; &agrave; un traitement m&eacute;dicamenteux, et remarquons avec int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;une publication r&eacute;cente<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a> vient de montrer que, chez des v&eacute;t&eacute;rans am&eacute;ricains, la psychoth&eacute;rapie peut amender &agrave; la fois les sympt&ocirc;mes et les biomarqueurs&hellip;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; encourager l&rsquo;activit&eacute; physique r&eacute;guli&egrave;re&nbsp;: se lib&eacute;rer par le corps avec des cons&eacute;quences positives sur le bien-&ecirc;tre &eacute;motionnel et la lib&eacute;ration d&rsquo;endorphines par l&rsquo;activit&eacute; sportive est reconnue depuis longtemps ;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&ndash; plus r&eacute;cemment et sous les feux de l&rsquo;actualit&eacute;&nbsp;: initier la pratique de la m&eacute;ditation en pleine conscience ou <i>mindfullness&nbsp;:</i> technique dont on a d&eacute;montr&eacute; ces derni&egrave;res ann&eacute;es par l&rsquo;imagerie IRM qu&rsquo;elle modifie le fonctionnement du syst&egrave;me nerveux en am&eacute;liorant des performances qui aboutissent &agrave; r&eacute;duire notablement le niveau de stress des individus qui la pratiquent<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a> ;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&ndash; enfin, r&eacute;p&eacute;tons-le, l&rsquo;engagement social semble &ecirc;tre un puissant facteur de r&eacute;silience et devrait &ecirc;tre</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">encourag&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">En guise de conclusion</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;approche de la transmission biologique du stress de la d&eacute;portation par la connaissance de l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique semble int&eacute;ressante &agrave; plus d&rsquo;un titre&nbsp;: outre qu&rsquo;elle cr&eacute;e un mod&egrave;le satisfaisant de compr&eacute;hension,&nbsp;elle comble un espace explicatif laiss&eacute; libre par les autres disciplines, elle repose sur de solides bases biologiques qui progressent et elle ouvre la voie vers des processus de r&eacute;versibilit&eacute; rassurantes pour les victimes et les g&eacute;n&eacute;rations ult&eacute;rieures.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On pourra lui reprocher de subir un effet de mode (mode du tout expliquer par l&rsquo;&eacute;pig&eacute;n&eacute;tique) et il ne faudra pas tomber dans ce pi&egrave;ge&nbsp;; pour l&rsquo;heure il n&rsquo;est pas possible de ne pas s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; cette hypoth&egrave;se que seule la poursuite des connaissances biologiques sur le contr&ocirc;le du g&egrave;ne et d&rsquo;attentives &eacute;tudes m&eacute;dico-sociales pourront &eacute;clairer sur sa validit&eacute; d&eacute;finitive.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">Nous croyons que l&rsquo;exp&eacute;rience de la vie des d&eacute;port&eacute;s et les dires de leurs enfants devraient pouvoir aider la soci&eacute;t&eacute; quant &agrave; la prise en charge des victimes de conflits &agrave; venir&hellip; h&eacute;las.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> A. S. Brown et E. S. Susser, &laquo;&nbsp;Prenatal nutritional deficiency and risk of adult schizophrenia&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Schizophr Bull,</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> 2008, n&deg; 34, pp.1&thinsp;054-1&thinsp;063.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> M. Q. Xu et al., &laquo;&nbsp;Prenatal malnutrition and adult schizophrenia: further evidence from the 1959-1961 Chinese famine&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Schizophr Bull, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2009, n&deg; 35, pp. 568-576.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> N. Link et al., &laquo;&nbsp;Psychosis in children of Holocaust survivors: influence in the choice of themes in their psychoses&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The Journal of Nervous and Mental Disease, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">1985, n&deg; 173, pp. 115-117&thinsp;;&nbsp; U. Reulbach et al., &laquo;&nbsp;Late-onset schizophrenia in child survivors of the holocaust&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The Journal of Nervous and Mental Disease, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2007, n&deg; 195, pp. 315-319.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> R. Yehuda et al., &laquo;&nbsp;Effects of parental PTSD on the cortisol response to dexamethasone administration in their adult offspring&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The American Journal of Psychiatry, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2007, n&deg; 164, pp. 163-166.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> R. Yehuda et al., &laquo;&nbsp;Influences of maternal and paternal PTSD on epigenetic regulation of the glucocorticoid receptor gene in Holocaust survivor offspring&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The American Journal of Psychiatry, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2014, n&deg; 171, pp. 872-880 ;<b> </b>R. Yehuda et al., &laquo;&nbsp;Holocaust exposure induced intergenerational effects on FKBP5 methylation&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Biological Psychiatry, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2015 12 Aug. pii:50006-3223(15)00652-6.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> T. L. Bale, &laquo;&nbsp;Epigenetic and transgenerational reprogramming of brain development&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Nature Reviews Neuroscience, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2015, n&deg; 16, pp. 332-344.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> C. Richet et A. Mans, <i>Pathologie de la d&eacute;portation,</i> Paris, Plon, 1956.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Y. Barak et H. Szor, &laquo; Lifelong postraumatic stress disorder: evidence from aging Holocaust survivors&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Dialogues in Clinical Research, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2000, vol. 2:1 ;<b> </b>A. Sagi-Schwartz et al, &laquo; Attachement and traumatic Stress in female holocaust child survivors and thier daughters &raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The American Journal of Psychiatry, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">2003, n&deg; 160, pp. 1&thinsp;086<span style="color:black">-109.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.2pt">C. Breton, <i>Socialisation des descendants de parents r&eacute;sistants d&eacute;port&eacute;s de France dans les camps de concentration allemands pendant la Seconde Guerre mondiale,</i> th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; Paris X Nanterre, 1993.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i><span style="letter-spacing:-.2pt">Ibidem ; </span></i>E. Braining, &laquo;&nbsp;Le syndrome des camps de concentration et ses cons&eacute;quences sur la g&eacute;n&eacute;ration suivante&nbsp;&raquo;, in R. Thalman (dir.), <i>Femmes et fascisme,</i> Paris, <span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>d. Tierces, pp. 193-207.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> S. Robinson et H. Winnick, &laquo;&nbsp;Second generation of the holocaust&nbsp;&raquo;,</span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Journal Israeli Psychiatry,</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">1981, n&deg;&nbsp;18, pp. 99-107.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> H. Oppenheim-Gluckman et D. Oppenheim, &laquo; <span style="text-transform:uppercase">&ecirc;</span>tre troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;immigr&eacute;s en France, l&rsquo;exemple des petits-enfants des juifs venus de Pologne &raquo;, <i>L&rsquo;information psychiatrique, </i>2006, n&deg; 9, vol. 82.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> J.-M. Andr&eacute;, M. Pierre, S. Raymond, <i>Les s&eacute;quelles p&eacute;rennes de la d&eacute;portation : 50 t&eacute;moins d&eacute;port&eacute;s se r&eacute;v&egrave;lent, </i>Commission m&eacute;dico-sociale de la FMD ; en cours de publication.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> A. Sagi-Schwartz et al, &laquo; Attachement and traumatic Stress in female holocaust child survivors and thier daughters &raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">op. cit</span></span></i></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> N. Solkoff, &laquo; Children of survivors of the nazi holocaust : a critical review o the litterature &raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">American Journal of Orthopsychiatry, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">1981, n&deg; 51, pp. 29-42.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> M.S. Bergman et M.E. Jucovy, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Generation of the holocaust,</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> 1982, New-York, Basic Books ; Z. Solomon et al, &laquo; Combat-related PTSD among second generation Holocaust survivor &raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The American Journal of Psychiatry,</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> 1988, n&deg; 145, pp. 865-868.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> H. Oppenheim-Gluckman et D. Oppenheim, &laquo; <span style="text-transform:uppercase">&ecirc;</span>tre troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;immigr&eacute;s en France, l&rsquo;exemple des petits-enfants des juifs venus de Pologne &raquo;, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> L. Baider et al., &laquo; Transmission of response on trauma ? Second-generation Holocaust Survivor&rsquo; reaction to cancer &raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The American Journal of Psychiatry,</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> 2000.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> C. Breton, <i><span style="letter-spacing:-.2pt">Socialisation des descendants de parents r&eacute;sistants d&eacute;port&eacute;s de France..., </span>op. cit.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> H. Oppenheim-Gluckman et D. Oppenheim, &laquo; <span style="text-transform:uppercase">&ecirc;</span>tre troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;immigr&eacute;s en France, l&rsquo;exemple des petits-enfants des juifs venus de Pologne &raquo;, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">R. Yehuda et al., &laquo;&nbsp;Holocaust exposure induced intergenerational effects on FKBP5 methylation&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> J.-M. Andr&eacute;, M. Pierre, S. Raymond, <i>Les s&eacute;quelles p&eacute;rennes de la d&eacute;portation, op. cit</i>.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> C. Breton, <i>Socialisation des descendants de parents r&eacute;sistants d&eacute;port&eacute;s de France...,</i> <i>op. cit.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> R. Yehuda et al., &laquo; Epigenetic markers as predictors and correlates of symptom improvement following psychotherapy in combat veterans with PTSD &raquo;, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Frontiers in Psychiatry, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">sept. 2013.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Ricard et al., <i>Pour la science, </i>n&deg; 448, f&eacute;vrier 2015 ;<b> </b>J. Kabat-Zinn, <i>Au c&oelig;ur de la tourmente, la pleine conscience, &laquo;&nbsp;r&eacute;duire le stress gr&acirc;ce &agrave; la mindfulness&nbsp;&raquo;, </i>De Boeck, 2014 (2<sup>e</sup> &eacute;dition).</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>