<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Longtemps occult&eacute;e en France comme en Espagne, la m&eacute;moire des r&eacute;publicains espagnols, vaincus de la terrible guerre civile europ&eacute;enne de 1936-1939, est encore aujourd&rsquo;hui mal cicatris&eacute;e. Les politiques publiques ont tardivement et incompl&egrave;tement &ndash;&nbsp;particuli&egrave;rement en Espagne&nbsp;&ndash; pris en compte leur histoire souvent tragique et mesur&eacute; &agrave; leur juste valeur leurs apports innombrables au devenir d&eacute;mocratique des deux pays.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En ce qui concerne la France, la reconnaissance officielle, au plus haut niveau de l&rsquo;&Eacute;tat, de leur r&ocirc;le pendant la guerre mondiale dans des unit&eacute;s combattantes aux c&ocirc;t&eacute;s des Alli&eacute;s ou dans la R&eacute;sistance a tard&eacute;. C&rsquo;est le 25&nbsp;ao&ucirc;t&nbsp;2014, soixante-dix ans apr&egrave;s les faits, qu&rsquo;un pr&eacute;sident de la R&eacute;publique fran&ccedil;aise a, pour la premi&egrave;re fois, reconnu officiellement le r&ocirc;le de la <i>Nueve </i>et des r&eacute;publicains espagnols dans la lib&eacute;ration de Paris et de la France. Au-del&agrave; de ce d&eacute;ficit de reconnaissance ou, du moins, de son caract&egrave;re tardif, les r&eacute;publicains espagnols et, pr&eacute;sentement, leurs descendants, consid&egrave;rent de fa&ccedil;on am&egrave;re tant la politique fran&ccedil;aise de non-intervention pendant la guerre d&rsquo;Espagne que les conditions de leur arriv&eacute;e dans l&rsquo;Hexagone.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&Agrave;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">la conscience douloureuse d&rsquo;avoir</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">,</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> les premiers, combattu les fascismes avec leurs seules forces&nbsp;et &agrave; l&rsquo;incompr&eacute;hension d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; abandonn&eacute;s face &agrave; cette noire coalition, s&rsquo;ajoute&nbsp;l&rsquo;humiliation d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; des &laquo; &eacute;trangers ind&eacute;sirables&nbsp;&raquo; sur le sol d&rsquo;un pays qu&rsquo;ils consid&eacute;raient comme la patrie des droits de l&rsquo;homme. C&rsquo;est pourquoi, dans leurs t&ecirc;tes et dans leurs c&oelig;urs, les camps institu&eacute;s par le d&eacute;cret du 12&nbsp;novembre 1938 restent <span style="letter-spacing:.1pt">intitul&eacute;s comme ils &eacute;taient officiellement</span> d&eacute;sign&eacute;s alors, des camps de concentration&nbsp;; et ce, m&ecirc;me apr&egrave;s la r&eacute;v&eacute;lation de l&rsquo;existence des camps nazis qu&rsquo;un certain nombre d&rsquo;entre eux ont, par ailleurs, connus.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une br&egrave;ve exploration des termes utilis&eacute;s par les pouvoirs publics et par les historiens fran&ccedil;ais pr&eacute;c&eacute;dera une pr&eacute;sentation de la terminologie constante employ&eacute;e par les r&eacute;publicains espagnols exil&eacute;s eux-m&ecirc;mes et par leurs descendants.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les camps fran&ccedil;ais&nbsp;: les mots du pouvoir et des historiens</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Que l&rsquo;on ne se m&eacute;prenne pas. Les mots du pouvoir et des historiens ne sont pas les m&ecirc;mes. Les pouvoirs publics fran&ccedil;ais ont adopt&eacute; des expressions diff&eacute;rentes pendant la p&eacute;riode 1939-1945, pour des raisons d&rsquo;opportunit&eacute; politique. Quant aux historiens, ils ont eu la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;utiliser un terme</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">g&eacute;n&eacute;rique permettant de d&eacute;signer l&rsquo;ensemble des camps fran&ccedil;ais de ces ann&eacute;es de guerre, m&ecirc;me si une p&eacute;riodisation a &eacute;t&eacute; indispensable pour caract&eacute;riser l&rsquo;&eacute;volution de ces lieux et leurs fonctions successives. &Agrave; cela s&rsquo;ajoute, pour l&rsquo;historien, sa responsabilit&eacute; sociale &ndash; civique pourrait-on dire&nbsp;&ndash; d&rsquo;aider ses lecteurs et notamment un jeune public &agrave; ne pas confondre toutes les notions et &agrave; ne pas m&eacute;langer des situations historiques diff&eacute;rentes. Dans un pays comme la France qui a vu partir pour les camps nazis, de concentration et d&rsquo;extermination, des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux Juifs, la clarification de la terminologie s&rsquo;impose. En cela, les historiens anglo-saxons et espagnols, moins soumis &agrave; cette injonction, adoptent divers termes, ceux de l&rsquo;&eacute;poque ou ceux retenus pr&eacute;f&eacute;rentiellement aujourd&rsquo;hui, avec une relative indiff&eacute;rence lexicale.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Comme on le sait, ce sont les Espagnols qui ont, les premiers &agrave; l&rsquo;&eacute;poque contemporaine, mis en place des &laquo;&nbsp;camps de reconcentration&nbsp;&raquo; &agrave; Cuba, pendant la guerre d&rsquo;ind&eacute;pendance de l&rsquo;&icirc;le &agrave; la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. Le terme <span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;camp de concentration&nbsp;&raquo; appara&icirc;t en anglais en 1901 lors de la guerre men&eacute;e contre les Boers par les Britanniques</span> en Afrique du Sud au d&eacute;but du si&egrave;cle dernier<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Des camps de concentration et, pour la premi&egrave;re fois, de travail forc&eacute;, sont ouverts en 1905 par les colonisateurs allemands pour les Hereros, dans le sud-ouest africain, l&rsquo;actuelle Namibie. Dans cette lign&eacute;e, une s&eacute;rie de camps de concentration s&rsquo;ouvriront dans ce premier XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle en p&eacute;riode de guerre, disparaissant ensuite sans laisser des traces profondes dans la m&eacute;moire collective, comme ceux de la Premi&egrave;re Guerre <span style="letter-spacing:.1pt">mondiale en France et en Grande-</span>Bretagne. Dans ces deux pays, on interne &agrave; partir de 1914 les Allemands, les Austro-Hongrois ou les Ottomans qui y r&eacute;sident.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">En 1939, lorsque la guerre mondiale &eacute;clate, aussi bien en France qu&rsquo;en Grande-Bretagne, des mesures administratives de d&eacute;tention sont prises &agrave; l&rsquo;encontre des ressortissants d&rsquo;Allemagne ou d&rsquo;Autriche. Mais les deux pays n&rsquo;adoptent pas tout &agrave; fait la m&ecirc;me politique. Instruite par les cons&eacute;quences n&eacute;fastes des camps d&rsquo;Afrique du Sud, marqu&eacute;s par de nombreux morts, ce qui a fait scandale &agrave; Londres, et par les internements indiff&eacute;renci&eacute;s pratiqu&eacute;s lors de la Premi&egrave;re Guerre mondiale, analys&eacute;s au plus haut niveau de l&rsquo;&Eacute;tat, la Grande-Bretagne proc&egrave;de, au moins dans un premier temps, &agrave; des internements cibl&eacute;s des ressortissants des puissances &eacute;trang&egrave;res<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sans avoir la m&ecirc;me exp&eacute;rience historique que la Grande-Bretagne ni une r&eacute;flexion analogue sur les camps de concentration, la France se trouve, d&egrave;s avant le d&eacute;clenchement de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte diff&eacute;rent de celui du pays d&rsquo;outre-Manche. Une fois la parenth&egrave;se du Front populaire close, en avril&nbsp;1938, le gouvernement d&rsquo;&Eacute;douard Daladier multiplie les mesures &agrave; l&rsquo;encontre des &laquo;&nbsp;&eacute;trangers ind&eacute;sirables&nbsp;&raquo;&nbsp;: le 2&nbsp;mai suivant, l&rsquo;assignation &agrave; r&eacute;sidence et la surveillance sont prescrites pour les &eacute;trangers frapp&eacute;s par un arr&ecirc;t&eacute; d&rsquo;expulsion et qui ne parviennent pas &agrave; obtenir un visa pour quitter la France. Le 12&nbsp;novembre 1938, un d&eacute;cret pr&eacute;voit, pour ces m&ecirc;mes &laquo;&nbsp;&eacute;trangers ind&eacute;sirables&nbsp;&raquo;, l&rsquo;internement dans des &laquo;&nbsp;centres sp&eacute;ciaux&nbsp;&raquo; o&ugrave; ils feront l&rsquo;objet d&rsquo;une surveillance permanente<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Comme le souligne Anne Grynberg, &laquo;&nbsp;la confusion s&rsquo;est instaur&eacute;e progressivement, tout au long des ann&eacute;es trente, entre &eacute;tranger/r&eacute;fugi&eacute;/ennemi &raquo;<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a></span></span>&nbsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">: la politique d&rsquo;immigration devient de plus en plus restrictive au fur et &agrave; mesure que la crise &eacute;conomique et sociale frappe le pays, doubl&eacute;e d&rsquo;une crise d&rsquo;identit&eacute; marqu&eacute;e par la mont&eacute;e de l&rsquo;instabilit&eacute; politique et de la x&eacute;nophobie.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si bien que les pouvoirs publics fran&ccedil;ais emploient tout naturellement, pour d&eacute;signer ces &laquo;&nbsp;centres sp&eacute;ciaux&nbsp;&raquo; prescrits par le d&eacute;cret de novembre&nbsp;1938, le m&ecirc;me terme que pendant la Premi&egrave;re Guerre mondiale, celui de camp de concentration. Apr&egrave;s la <i>Retirada, </i>ce grand exode de pr&egrave;s d&rsquo;un demi-million de civils et de militaires espagnols survenu fin janvier et d&eacute;but f&eacute;vrier&nbsp;1939, les hommes en &acirc;ge de porter les armes &ndash; et, parfois aussi des femmes et des enfants &ndash; sont conduits vers ces &laquo;&nbsp;centres&nbsp;&raquo; pr&eacute;vus par le d&eacute;cret. &Agrave; la mi-f&eacute;vrier 1939,&nbsp;ils sont quelque 275</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">000 r&eacute;fugi&eacute;s espagnols &agrave; &ecirc;tre intern&eacute;s dans les camps improvis&eacute;s &agrave; la h&acirc;te sur les plages du Roussillon. La tradition administrative ne fait que reprendre un terme usit&eacute; pour les nommer. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;Albert Sarraut les d&eacute;finit au d&eacute;but du mois de f&eacute;vrier&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Le camp d&rsquo;Argel&egrave;s-sur-Mer ne sera pas un lieu p&eacute;nitentiaire mais un camp de concentration. Ce n&rsquo;est pas la m&ecirc;me chose. Les asil&eacute;s qui y prendront s&eacute;jour n&rsquo;y resteront gu&egrave;re que le temps n&eacute;cessaire pour pr&eacute;parer leur refoulement ou, sur leur option, leur libre passage de retour en Espagne.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le terme de &laquo;&nbsp;camp de concentration&nbsp;&raquo; est employ&eacute; constamment &agrave; l&rsquo;&eacute;poque dans les documents administratifs, qu&rsquo;ils &eacute;manent des diff&eacute;rents minist&egrave;res, de l&rsquo;arm&eacute;e ou des municipalit&eacute;s. Il s&rsquo;agit bien de la d&eacute;finition qu&rsquo;en donne le <i>Larousse</i> de 1927&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les camps de concentration sont des camps de refuge dans lesquels on rassemble, sous la surveillance de troupes, soit des populations civiles de nationalit&eacute; ennemie, soit des suspects, soit des soldats prisonniers. &raquo;</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a> </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les r&eacute;fugi&eacute;s r&eacute;publicains espagnols n&rsquo;&eacute;tant pas des ressortissants de nationalit&eacute; ennemie ni des soldats prisonniers, ils sont, de toute &eacute;vidence, des suspects qu&rsquo;il faut surveiller et contr&ocirc;ler.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au cours des ann&eacute;es suivantes, o&ugrave; les r&eacute;fugi&eacute;s espagnols seront encore, pour beaucoup, &agrave; nouveau intern&eacute;s, les d&eacute;nominations officielles des camps changent consid&eacute;rablement, en fonction d&rsquo;imp&eacute;ratifs politiques. Si le camp de Rieucros, en Loz&egrave;re, est appel&eacute; en septembre&nbsp;1939 &laquo;&nbsp;centre de rassemblement d&rsquo;&eacute;trang&egrave;res&nbsp;&raquo;, il devient &laquo;&nbsp;camp de concentration&nbsp;&raquo; en janvier&nbsp;1941<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>. En revanche, le camp de Rivesaltes est consid&eacute;r&eacute; comme un &laquo;&nbsp;centre de regroupement familial&nbsp;&raquo;, un centre d&rsquo;h&eacute;bergement, lors de son ouverture massive aux familles, notamment espagnoles, en janvier&nbsp;1941. Le camp de Djelfa, en Alg&eacute;rie, est intitul&eacute; &laquo;&nbsp;centre de s&eacute;jour surveill&eacute; &raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a></span></span>&nbsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">. Les exemples de changement de d&eacute;nomination administrative sont nombreux.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quant aux historiens, ils se sont pench&eacute;s assez tardivement sur les camps fran&ccedil;ais, &agrave; partir du milieu des ann&eacute;es 1980 et surtout dans les ann&eacute;es 1990. Leur souci l&eacute;gitime est alors de trouver une terminologie qui ne pr&ecirc;te pas &agrave; confusion avec les camps nazis dont l&rsquo;&eacute;tude scientifique commence &agrave; se d&eacute;velopper<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>. L&rsquo;un des premiers &agrave; &eacute;tudier un camp fran&ccedil;ais, Claude Laharie, ne cache pas son embarras, en 1985, &agrave; propos de la premi&egrave;re p&eacute;riode du camp de Gurs, celle de l&rsquo;ann&eacute;e 1939&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; Gurs n&rsquo;est pas</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"> [&hellip;] </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">un &ldquo;camp de concentration&rdquo;</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le terme, largement utilis&eacute; en 1939</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"> [&hellip;] </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">a pris, depuis, une toute autre signification</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. [&hellip;] </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Gurs n&rsquo;est pas davantage un simple &ldquo;centre d&rsquo;accueil&rdquo; ou &ldquo;centre d&rsquo;h&eacute;bergement&rdquo; &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur duquel les intern&eacute;s peuvent attendre en toute qui&eacute;tude des jours meilleurs. Et &ldquo;l&rsquo;accueil&rdquo; offert aux arrivants &eacute;voque davantage l&rsquo;emprisonnement que l&rsquo;hospitalit&eacute;</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&Agrave; vrai dire, on cherche vainement un terme pour d&eacute;signer ce camp</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">.</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">De m&ecirc;me, en 1989, Pierre Vilar, grand historien sp&eacute;cialiste de l&rsquo;Espagne, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">pr&eacute;cise dans sa pr&eacute;face &agrave; <i>Plages d&rsquo;exil. Les camps de r&eacute;fugi&eacute;s espagnols en France&nbsp;</i></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Je n&rsquo;aime pas l&rsquo;usage extensif du terme camp de concentration, assez souvent appliqu&eacute; aux camps que ce livre d&eacute;crira. Au sens strict, le terme n&rsquo;est pas inexact&nbsp;: &agrave; Argel&egrave;s ou Saint-Cyprien, on concentra bien, en effet, plusieurs dizaines de milliers d&rsquo;hommes. Mais les mots ont une histoire. Auschwitz ou Mauthausen ont donn&eacute; &agrave; ceux de <i>camp de concentration</i> une charge telle qu&rsquo;il faut en faire un emploi prudent.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&Agrave; juste titre, les historiens fran&ccedil;ais sont soucieux de ne pas introduire de confusion, aupr&egrave;s de leurs lecteurs, entre des camps o&ugrave; l&rsquo;on interne, o&ugrave; l&rsquo;on souffre, o&ugrave; l&rsquo;on meurt, par indiff&eacute;rence, incurie ou rigidit&eacute; administrative, et des &laquo;&nbsp;camps concentrationnaires&nbsp;&raquo; relevant d&rsquo;un syst&egrave;me, <span style="letter-spacing:-.2pt">d&rsquo;un &laquo;&nbsp;univers concentrationnaire &raquo;</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&nbsp;<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a> </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">dont l&rsquo;objet est</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">de soumettre, de broyer et d&rsquo;&eacute;liminer l&rsquo;individu. Ces historiens appellent donc &laquo;</span></span></span> <span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">camps d&rsquo;internement &raquo;</span></span></span>&nbsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">les camps</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">fran&ccedil;ais d&rsquo;avant et d&rsquo;apr&egrave;s la Seconde Guerre mondiale, qu&rsquo;ils r&eacute;pondent &agrave; des situations exceptionnelles ou qu&rsquo;ils correspondent, sous le r&eacute;gime de Vichy, &agrave; des logiques d&rsquo;exclusion, de r&eacute;pression ou de pers&eacute;cution. Ainsi, pour Annette Wieviorka, &laquo;&nbsp;l&rsquo;expression &ldquo;camp de concentration&rdquo; est trop erratique pour permettre d&rsquo;appr&eacute;hender des ph&eacute;nom&egrave;nes diff&eacute;rents &raquo;,&nbsp;n&rsquo;ob&eacute;issant pas &agrave;</span> <span style="letter-spacing:-.2pt">des logiques</span> <span style="letter-spacing:-.2pt">de m&ecirc;me nature, ce qui risque d&rsquo;interdire leur &eacute;tude<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>. Denis Peschanski, qui s&rsquo;est longuement pench&eacute; sur l&rsquo;histoire des camps fran&ccedil;ais, opte pour l&rsquo;expression g&eacute;n&eacute;rique &laquo;&nbsp;camp d&rsquo;internement&nbsp;&raquo;&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo; La difficult&eacute; cro&icirc;t si l&rsquo;on consid&egrave;re les statuts qu&rsquo;ont connus les camps fran&ccedil;ais d&rsquo;internement</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;<span style="letter-spacing:-.1pt">: certains sont dits d&rsquo;internement, mais d&rsquo;autres d&rsquo;h&eacute;bergement, de transit, voire de concentration. Ils rel&egrave;vent tous de notre objet d&rsquo;&eacute;tude, m&ecirc;me si la diff&eacute;rence de terminologie ne rel&egrave;ve pas que du discours. Nous parlerons indiff&eacute;remment de &ldquo;camps d&rsquo;internement&rdquo;. Cela vaut sp&eacute;cialement pour l&rsquo;expression de &ldquo;camps de concentration&rdquo; pourtant utilis&eacute;e par certaines autorit&eacute;s locales, surtout en</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&nbsp;1939</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> et</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;<span style="letter-spacing:-.1pt">1940, et plus largement par les intern&eacute;s eux-m&ecirc;mes ou la presse. Les autorit&eacute;s gouvernementales &eacute;vit&egrave;rent de le faire, pour des raisons politiques &eacute;videntes. La querelle de mots n&rsquo;est pas innocente.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Les historiens anglo-saxons ou espagnols, qui &eacute;crivent dans un contexte socio-historique diff&eacute;rent, se posent aussi la question de la terminologie pour d&eacute;signer les camps fran&ccedil;ais dans lesquels ont &eacute;t&eacute; intern&eacute;s les r&eacute;publicains espagnols</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&nbsp;;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> mais ils utilisent souvent l&rsquo;expression en vigueur dans les textes administratifs et militaires de l&rsquo;&eacute;poque et toujours employ&eacute;e par les anciens intern&eacute;s espagnols ou par leurs descendants, celle de &laquo;&nbsp;camp de concentration&nbsp;&raquo;. D&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, en reprenant l&rsquo;expression courante en</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&nbsp;1939</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> et</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;<span style="letter-spacing:-.2pt">1940, et m&ecirc;me s&rsquo;ils analysent ces campsavec les m&ecirc;mes pr&eacute;cautions m&eacute;thodologiques que leurs confr&egrave;res fran&ccedil;ais,</span><span style="letter-spacing:-.15pt"> ils prennent en compte le terme ancr&eacute; dans la m&eacute;moire des r&eacute;fugi&eacute;s de la guerre d&rsquo;Espagne. C&rsquo;est le cas, par exemple, des historiens anglais Paul Preston, Helen Graham ou Scott Soo mais aussi de l&rsquo;historienne madril&egrave;ne de l&rsquo;exil espagnol Alicia Alted Vigil<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. De jeunes chercheurs fran&ccedil;ais prennent &eacute;galement ce parti pr&eacute;sentement<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>. Pour notre part, ayant choisi en 1989, avec Jean-Claude Villegas, le terme de &laquo;&nbsp;camp de r&eacute;fugi&eacute;s espagnols&nbsp;&raquo; pour le sous-titre de <i>Plages d&rsquo;exil, </i>nous avons essay&eacute; d&rsquo;expliquer, d&rsquo;abord avec &Eacute;mile Temime puis ult&eacute;rieurement, en analysant la m&eacute;moire de ces camps, l&rsquo;emploi r&eacute;current de l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;camp de concentration&nbsp;&raquo; chez les intern&eacute;s espagnols, ne nous interdisant pas personnellement de l&rsquo;employer pour certaines p&eacute;riodes et toujours en expliquant pourquoi<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Comment s&rsquo;est forg&eacute;e la m&eacute;moire des camps fran&ccedil;ais chez les r&eacute;publicains espagnols&nbsp;</span></span></span></b><b><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">&nbsp;?</span></span></span></b></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Contrairement aux camps ouverts en p&eacute;riode de conflit, comme cela a &eacute;t&eacute; le cas pendant la Premi&egrave;re Guerre mondiale, les lieux d&rsquo;internement am&eacute;nag&eacute;s dans la pr&eacute;cipitation pour les r&eacute;fugi&eacute;s de la guerre d&rsquo;Espagne n&rsquo;ont pas de lien direct avec la d&eacute;fense du pays. Certes, le nombre de r&eacute;fugi&eacute;s d&eacute;passe largement les pr&eacute;visions envisag&eacute;es depuis des mois par les observateurs </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">et &eacute;galement celles &eacute;voqu&eacute;es &agrave; la mi-janvier 1939 par le ministre espagnol des Affaires &eacute;trang&egrave;res<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. Mais, compte tenu de la politique de repli, de fermeture et de suspicion g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e envers les &eacute;trangers entreprise depuis le <span style="letter-spacing:-.1pt">printemps 1938, aucun pr&eacute;paratif n&rsquo;a &eacute;t&eacute; effectu&eacute;, m&ecirc;me pour l&rsquo;accueil d&rsquo;un nombre moindre de r&eacute;fugi&eacute;s. L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;utiliser, au moins temporairement, les infrastructures et camps militaires alors inoccup&eacute;s, comme au Larzac par exemple, a &eacute;t&eacute; imm&eacute;diatement rejet&eacute;e aussit&ocirc;t qu&rsquo;entraper&ccedil;ue. La m&eacute;fiance domine largement &agrave;</span> <span style="letter-spacing:-.1pt">l&rsquo;&eacute;gard des r&eacute;fugi&eacute;s r&eacute;publicains qui, pourtant, se sont battus pendant plus de deux ans et demi contre des ennemis communs que l&rsquo;on essaie encore d&rsquo;amadouer en multipliant les concessions.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Autant, entre l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1936 et le printemps 1938, sous le gouvernement du Front populaire, l&rsquo;accueil des quelque 150</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">000 r&eacute;fugi&eacute;s espagnols venus chercher asile en France au fur et &agrave; mesure de l&rsquo;avanc&eacute;e des troupes franquistes &ndash; marqu&eacute;e &agrave;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">chaque</span> <span style="letter-spacing:.1pt">&eacute;tape par des massacres sans nombre</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt"> &ndash; </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">a</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">&eacute;t&eacute;</span> <span style="letter-spacing:.1pt">solidaire et humaine, autant, en 1939, l&rsquo;arriv&eacute;e de ceux qui viennent en France pour sauver leur vie et leur libert&eacute; a &eacute;t&eacute; accompagn&eacute;e de mesures vexatoires. Certes, le droit d&rsquo;asile est accord&eacute;, mais tellement &agrave; contrec&oelig;ur que seules des dispositions pour assurer l&rsquo;ordre et la s&eacute;curit&eacute; du pays ont &eacute;t&eacute; prises. Assur&eacute;ment, la situation est exceptionnelle mais l&rsquo;absence de politique prospective, la crainte et l&rsquo;indiff&eacute;rence &ndash; d&eacute;j&agrave; Prague remplace Madrid dans les pr&eacute;occupations fran&ccedil;aises &ndash; font que l&rsquo;&Eacute;tat y r&eacute;pond en ne s&rsquo;appuyant que sur les dispositifs l&eacute;gislatifs dont il vient de se doter pour contr&ocirc;ler et r&eacute;primer les &eacute;trangers.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">C&rsquo;est ce profond malentendu qui r&eacute;sonne encore aujourd&rsquo;hui, en ce d&eacute;but du XXI<sup>e</sup></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">si&egrave;cle, dans la m&eacute;moire des descendants de l&rsquo;exil r&eacute;publicain espagnol. M&ecirc;me s&rsquo;ils avaient</span> <span style="letter-spacing:.1pt">&eacute;t&eacute;</span> <span style="letter-spacing:.1pt">profond&eacute;ment d&eacute;&ccedil;us par la politique de non-intervention</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">les r&eacute;publicains espagnols esp&eacute;raient arriver dans la France des droits de l&rsquo;homme et ils se voient trait&eacute;s comme des suspects, voire des malfaiteurs et des criminels. Aux souffrances physiques dues aux mauvaises conditions mat&eacute;rielles de vie dans les camps &ndash;&nbsp;qui s&rsquo;ajoutent aux ann&eacute;es de guerre et &agrave; l&rsquo;exode&nbsp;&ndash; se surimposent surtout chez eux les souffrances morales combien insoutenables que sont la d&eacute;sillusion par rapport &agrave; l&rsquo;image ancr&eacute;e en eux d&rsquo;une France des Lumi&egrave;res et, surtout, l&rsquo;humiliation de se voir consid&eacute;r&eacute;s comme des </span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">ind&eacute;sirables</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&nbsp;&raquo;.</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt"> Passe encore la vie pr&eacute;caire et difficile dans les camps, pour laquelle on peut all&eacute;guer l&#39;improvisation d&#39;un pays d&eacute;pass&eacute;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">par le flot des r&eacute;fugi&eacute;s</span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&nbsp;; </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">mais ce dont ces derniers gardent douloureusement le souvenir, ce sont la rudesse et les vexations ressenties &agrave; leur arriv&eacute;e, voire l&rsquo;hostilit&eacute;</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&sbquo; </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ainsi que la suspicion permanente dans lesquelles ils ont &eacute;t&eacute; tenus. Comme l&rsquo;&eacute;crit l&rsquo;ancienne ministre de la Sant&eacute; <span style="letter-spacing:-.2pt">du gouvernement r&eacute;publicain Federica Montseny, qui a v&eacute;cu avec sa fa</span><span style="letter-spacing:.2pt">mille</span><span style="letter-spacing:.1pt"> &ndash;&nbsp;des parents &acirc;g&eacute;s et de jeunes enfants&nbsp;&ndash; les m&ecirc;mes conditions de l&rsquo;exode que ses compatriotes&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; Rien n&#39;avait &eacute;t&eacute; pr&eacute;vu ni pr&eacute;par&eacute; pour eux, c&rsquo;est certain. Mais compte tenu du d&eacute;bordement de toutes pr&eacute;visions [&hellip;] on aurait pu avoir davantage d&rsquo;humanit&eacute;, moins de raffinement dans les humiliations, moins de cruaut&eacute; dans le traitement.<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ensuite, le tragique exode des r&eacute;publicains espagnols a &eacute;t&eacute; enseveli sous les autres trag&eacute;dies qu&rsquo;allait g&eacute;n&eacute;rer la Seconde Guerre mondiale. Le voile de l&rsquo;oubli s&rsquo;est &eacute;tendu assez rapidement sur cette ann&eacute;e 1939 qui a vu s&rsquo;ouvrir les premiers camps d&rsquo;internement en France, lieux de privation de libert&eacute; et de non-droit, puis sur la cr&eacute;ation, pour utiliser ces intern&eacute;s, des Compagnies de travailleurs &eacute;trangers (CTE) plac&eacute;es sous commandement militaire. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment cet embrigadement dans les CTE envoy&eacute;es travailler &agrave; l&rsquo;organisation d&eacute;fensive des fronti&egrave;res, particuli&egrave;rement &agrave; la ligne Maginot, qui vaudra aux r&eacute;publicains espagnols d&rsquo;&ecirc;tre les premiers d&eacute;port&eacute;s vers les camps nazis &agrave; partir d&rsquo;ao&ucirc;t</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">1940. Non reconnus prisonniers de guerre comme leurs compagnons de captivit&eacute; fran&ccedil;ais, les Espagnols sont extraits des stalags par les autorit&eacute;s allemandes. Ils sont alors envoy&eacute;s en Autriche, &agrave; Mauthausen, class&eacute; camp de cat&eacute;gorie&nbsp;3 par l&rsquo;administration nazie, au r&eacute;gime particuli&egrave;rement s&eacute;v&egrave;re. Ils y sont rejoints d&egrave;s l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1940 par des civils espagnols rafl&eacute;s en repr&eacute;sailles &agrave; Angoul&ecirc;me par les Allemands</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">; sur les quelque 927 personnes d&eacute;port&eacute;es, le camp absorbera les hommes et les gar&ccedil;ons de plus de 13&nbsp;ans, les femmes et les enfants sont remis aux autorit&eacute;s franquistes. Le camp de Mauthausen comme d&rsquo;autres camps du Reich seront la destination de nombre de r&eacute;sistants espagnols arr&ecirc;t&eacute;s dans la France occup&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Ainsi, l&rsquo;&eacute;crivain Virgilio Botella Pastor,</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> r&eacute;fugi&eacute; au Mexique o&ugrave; l&rsquo;accueil a &eacute;t&eacute; plus chaleureux qu&rsquo;en France, explique les motifs qui le poussent, dans ses romans &agrave; caract&egrave;re historique, &agrave; laisser un t&eacute;moignage &eacute;crit de la guerre d&#39;Espagne et de l&#39;exil&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;Je souhaite exposer les causes de notre guerre et la d&eacute;faite, narrer la geste des r&eacute;publicains espagnols qui, en exil, pass&egrave;rent par les <i>camps de concentration</i> de France pour continuer &agrave; lutter ensuite, non pour leur libert&eacute; mais pour la libert&eacute; des autres, et mourir pour elle, depuis l</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">es sables du Sahara et de Bir <span style="letter-spacing:.1pt">Hakeim jusqu&rsquo;aux neiges de Narvik en Norv&egrave;ge&nbsp;; de l&rsquo;&icirc;le de Cr&ecirc;te, comme parachutistes de l&rsquo;arm&eacute;e anglaise, jusqu&rsquo;aux plages normandes du d&eacute;barquement, encadr&eacute;es dans des unit&eacute;s anglaises et fran&ccedil;aises&nbsp;; depuis le maquis, la gu&eacute;rilla et la R&eacute;sistance en France, jusqu&rsquo;aux camps d&rsquo;extermination d&rsquo;Allemagne, alors qu&rsquo;ensuite les survivants re&ccedil;urent le prix et la r&eacute;compense que nous connaissons tous et dont nous continuons encore &agrave; b&eacute;n&eacute;ficier.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Cette trajectoire, qui part des camps fran&ccedil;ais, passe par les Compagnies </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">de travailleurs &eacute;trangers et aboutit &agrave; Mau</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">thausen, est rest&eacute;e grav&eacute;e dans la m&eacute;moire des r&eacute;publicains espagnols comme une spirale fatale unique. D&rsquo;autant que ces derniers sont pers&eacute;cut&eacute;s par les nazis avec l&rsquo;appui </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">du r&eacute;gime franquiste. Ram&oacute;n Serrano</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt"> Su&ntilde;er, ministre de l&rsquo;Int&eacute;rieur et beau-fr&egrave;re de Franco, est &agrave; Berlin en septembre</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;<span style="letter-spacing:.05pt">1940 quand est &eacute;mise la consigne &eacute;crite de mettre les anciens &laquo;&nbsp;combattants rouges d&rsquo;Espagne&nbsp;&raquo; dans des camps du Reich, l&rsquo;ex&eacute;cution ayant pr&eacute;c&eacute;d&eacute; l&rsquo;ordre formel. Le r&eacute;gime de Vichy, qui s&rsquo;emploie &agrave; les r&eacute;primer, ne les a, bien entendu, pas mentionn&eacute;s dans la convention d&rsquo;armistice. Les r&eacute;publicains espagnols ont connu &eacute;galement une longue r&eacute;pression dans l&rsquo;Espagne franquiste apr&egrave;s la fin &laquo;&nbsp;officielle&nbsp;&raquo; des combats&nbsp;: des milliers de fusill&eacute;s, plus d&rsquo;une centaine de <i>campos</i></span> <i><span style="letter-spacing:.05pt">de </span><span style="letter-spacing:.2pt">concentraci&oacute;n</span></i><span style="letter-spacing:.2pt">, une multitude de prisonniers employ&eacute;s &agrave; des travaux forc&eacute;s dans des bataillons disciplinaires, des centaines de fonctionnaires &eacute;vinc&eacute;s. Dans les camps de concentration franquistes, on &laquo;&nbsp;r&eacute;&eacute;duquait&nbsp;&raquo; les prisonniers, on les torturait, afin d&rsquo;annihiler toute vell&eacute;it&eacute; de r&eacute;sistance. Tout cet encha&icirc;nement</span> <span style="letter-spacing:.2pt">r&eacute;pressif fait que la m&eacute;moire des r&eacute;publicains espagnols n&rsquo;a retenu que l&rsquo;expression unique de &laquo;&nbsp;camp de concentration &raquo;.&nbsp;Comme le pr&eacute;cise, cinquante ans apr&egrave;s la <i>Retirada</i>, le socialiste</span><i> </i><span style="letter-spacing:.2pt">Antonio Gard&oacute; Cantero, l</span><span style="letter-spacing:.1pt">&rsquo;un des animateurs du travail culturel entrepris dans le camp d&rsquo;Argel&egrave;s, puis r&eacute;sistant dans les maquis du Languedoc</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo;&nbsp;J&rsquo;ai toujours pens&eacute; que ces camps que nous appelons camps de concentration devaient &ecirc;tre plac&eacute;s au troisi&egrave;me rang de la souffrance du peuple espagnol. Il y eut en premier lieu les camps allemands o&ugrave; beaucoup d&rsquo;Espagnols sont morts. Puis les camps de concentration d&rsquo;Espagne et enfin les camps fran&ccedil;ais.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Apr&egrave;s la guerre mondiale, apr&egrave;s les combats ou &agrave; leur sortie &eacute;ventuelle des camps nazis, la plupart des r&eacute;sistants antifascistes survivants ont pu retrouver leur pays, que ce soit les Fran&ccedil;ais, les Italiens, les Allemands ou les ressortissants des pays de l&rsquo;est de l&rsquo;Europe. M&ecirc;me si cela n&rsquo;a pas toujours &eacute;t&eacute; simple pour ces tout derniers, les exil&eacute;s espagnols n&rsquo;ont pu, eux, regagner leur pays d&rsquo;origine. Ils sont rest&eacute;s en France ou y sont retourn&eacute;s &agrave; leur retour de d&eacute;portation. La longue dictature franquiste, l&rsquo;une des plus sanglantes d&rsquo;Europe, n&rsquo;a pas revendiqu&eacute; leur action pendant la guerre mondiale et n&rsquo;a cess&eacute; de les poursuivre de sa vindicte. En France, les gouvernements issus de la R&eacute;sistance ont soutenu, jusqu&rsquo;en 1948, les exil&eacute;s espagnols </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">qui avaient combattu avec les Fran&ccedil;ais</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> dans </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">les maquis et pris une part importante &agrave; la lutte contre l&rsquo;occupant. Mais aucun des pays vainqueurs de la guerre mon<span style="letter-spacing:-.1pt">diale n&rsquo;a souhait&eacute; remettre </span><span style="letter-spacing:-.2pt">en cause le statu quo</span><i> </i><span style="letter-spacing:-.2pt">en Espagne et les condamnations du r&eacute;gime fran</span><span style="letter-spacing:-.1pt">quiste sont rest&eacute;es purement morales, donnant aux r&eacute;publicains espagnols le sentiment amer d&rsquo;un second abandon international apr&egrave;s la non-intervention. Puis, la survenue de la guerre froide, les changements de majorit&eacute; politique, le souci des pays anglo-saxons, mais </span>&eacute;galement de l&rsquo;URSS, de ne pas provoquer de bouleversements dans la P&eacute;ninsule ib&eacute;rique et l&rsquo;entr&eacute;e de l&rsquo;Espagne franquiste &agrave; l&rsquo;ONU en 1955 firent que la voix des r&eacute;publicains espagnols se heurta peu &agrave; peu &agrave; l&rsquo;indiff&eacute;rence g&eacute;n&eacute;rale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Les r&eacute;publicains espagnols ont ressenti, durant leur interminable exil, le lourd poids du silence qui, en France comme en Espagne, s&rsquo;est abattu sur leur histoire et leur trag&eacute;die tant collective qu&#39;individuelle. Ainsi, vaincus et stigmatis&eacute;s en Espagne, ils sont pass&eacute;s en France du statut d&rsquo;ind&eacute;sirables &agrave; celui d&rsquo;anciens combattants oubli&eacute;s et ce, pendant des d&eacute;cennies. Se m&ecirc;le sans doute dans l&rsquo;inconscient collectif fran&ccedil;ais, se superposant, la mauvaise conscience &eacute;prouv&eacute;e pour les camps d&rsquo;internement &eacute;rig&eacute;s lors</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">de l&rsquo;arriv&eacute;e des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols et pour une dette de sang non honor&eacute;e. Les exigences du pragmatisme politique d&rsquo;&Eacute;tat l&rsquo;ont emport&eacute; ensuite sur toute autre consid&eacute;ration.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En Espagne, pendant des d&eacute;cennies, les r&eacute;publicains&nbsp;&eacute;taient consid&eacute;r&eacute;s comme des vaincus dont il fallait effacer toute trace. Apr&egrave;s le retour de la d&eacute;mocratie en Espagne, ce n&rsquo;est que progressivement que l&rsquo;histoire de la guerre et de l&rsquo;exil a ressurgi. C&rsquo;est seulement au XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle que l&rsquo;exil et la r&eacute;pression franquiste sont entr&eacute;s dans le d&eacute;bat public avec la fameuse d&eacute;claration des Cort&egrave;s en 2002. La loi de M&eacute;moire historique adopt&eacute;e en 2007 permet certaines avanc&eacute;es par rapport &agrave; la reconnaissance des r&eacute;publicains pers&eacute;cut&eacute;s par le franquisme mais les sentences des tribunaux d&rsquo;exception qui s&rsquo;&eacute;taient &eacute;rig&eacute;s en juges des &laquo;&nbsp;d&eacute;lits politiques&nbsp;&raquo; ne sont toujours pas abrog&eacute;es. La loi d&rsquo;amnistie de 1977 constitue jusqu&rsquo;&agrave; ce jour un verrou juridique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En France, les r&eacute;publicains espagnols, consid&eacute;r&eacute;s en 1939 comme des &laquo;&nbsp;&eacute;trangers ind&eacute;sirables &raquo;,&nbsp;ont particip&eacute; en nombre &agrave; la guerre mondiale aux c&ocirc;t&eacute;s des Alli&eacute;s et &agrave; la R&eacute;sistance au coude &agrave; coude avec les Fran&ccedil;ais et d&rsquo;autres &eacute;trangers. Mais pendant des d&eacute;cennies, leur participation &agrave; la Seconde Guerre mondiale aux c&ocirc;t&eacute;s des Fran&ccedil;ais &ndash;&nbsp;et particuli&egrave;rement &agrave; la R&eacute;sistance&nbsp;&ndash; a &eacute;t&eacute; longtemps un fait peu connu, oubli&eacute; des historiens fran&ccedil;ais jusqu&rsquo;&agrave; une date fort r&eacute;cente<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a> et, en tout cas, largement absent de la m&eacute;moire collective fran&ccedil;aise. Les raisons de cet &laquo;&nbsp;oubli historique&nbsp;&raquo; sont multiples et on ne peut les &eacute;voquer ici, mais cette longue amn&eacute;sie les concernant a fig&eacute; les m&eacute;moires et cette histoire encore en suspens n&rsquo;a pas permis une cicatrisation des blessures morales.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">C&rsquo;est donc une m&eacute;moire encore &agrave; vif qui a commenc&eacute; &agrave; &eacute;merger &agrave; la fin du si&egrave;cle dernier, tant en Espagne qu&rsquo;en France, et qui a acquis, en cette premi&egrave;re d&eacute;cennie du <span style="font-variant:small-caps">XXI</span><sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, un fort d&eacute;veloppement et une certaine visibilit&eacute;<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a>. Les pouvoirs publics fran&ccedil;ais rendent depuis quelques ann&eacute;es des hommages aux r&eacute;publicains espagnols<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a>. De nombreuses associations m&eacute;morielles se sont cr&eacute;&eacute;es dans les deux pays. En France, Caminar, une coordination nationale d&rsquo;associations m&eacute;morielles espagnoles s&rsquo;est cr&eacute;&eacute;e en 2014, regroupant pr&eacute;sentement une quinzaine d&rsquo;associations. Il n&rsquo;est pas indiff&eacute;rent que l&rsquo;une des premi&egrave;res associations cr&eacute;&eacute;es, au tournant des deux si&egrave;cles, se soit appel&eacute;e FFREEE, Fils et Filles de r&eacute;publicains espagnols et enfants de l&rsquo;exode, calquant son nom sur celui de l&rsquo;association cr&eacute;&eacute;e par Serge et Beate Klarsfeld, afin de prendre exemple sur ce dynamisme associatif pour faire conna&icirc;tre et reconna&icirc;tre l&rsquo;histoire de l&rsquo;exil espagnol. Car, en France comme <span style="letter-spacing:.2pt">dans une grande partie du monde </span>occidental, l<span style="letter-spacing:.1pt">e contexte m&eacute;moriel a connu des &eacute;volutions notables. Il s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;, depuis les ann&eacute;es 1990, une intense concurrence de m&eacute;moires<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a>. </span>La m&eacute;moire juive s&rsquo;est convertie en paradigme, en mod&egrave;le, de &laquo;&nbsp;r&eacute;gime victimo-m&eacute;moriel&nbsp;&raquo; et les autres groupes qui sentaient une identit&eacute; particuli&egrave;re <span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;comme les descendants d&rsquo;Arm&eacute;niens,</span><span style="letter-spacing:-.1pt"> d&rsquo;esclaves ou de colonis&eacute;s&nbsp;&ndash; ont commenc&eacute; &agrave; appara&icirc;tre dans l&rsquo;espace public. De fait, comme l&rsquo;analyse Esther</span> Benbassa : <span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo;&nbsp;La m&eacute;moire de la Shoah servit d&rsquo;exemple &agrave; diff&eacute;rents groupes qui, &agrave; juste titre, demandent que leur m&eacute;moire de souffrance trouve sa place dans la m&eacute;moire collective fran&ccedil;aise.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a></span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les mots pour le dire</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pendant toute la dur&eacute;e de l&rsquo;exil, les r&eacute;publicains espagnols utilisent l&rsquo;expression de &laquo;&nbsp;camp de concentration&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer les camps fran&ccedil;ais et c&rsquo;est le cas aujourd&rsquo;hui encore de leurs descendants. Et cela, m&ecirc;me apr&egrave;s la terrible exp&eacute;rience des camps nazis &ndash; que nombre d&rsquo;entre eux ont par ailleurs connue. Ce choix linguistique, inconscient ou revendiqu&eacute;, exprime la profondeur de la blessure ressentie et montre que sont englob&eacute;s dans une m&ecirc;me r&eacute;probation les camps fran&ccedil;ais et nazis, quels que soient le degr&eacute; et la nature de l&rsquo;horreur. Alors que les r&eacute;publicains espagnols savaient par l&rsquo;exp&eacute;rience de la guerre d&rsquo;Espagne, pour les avoir affront&eacute;s, qu&rsquo;ils n&rsquo;avaient rien &agrave; attendre et tout &agrave; redouter des nazis, ils sont extr&ecirc;mement bless&eacute;s de &laquo;&nbsp;l&rsquo;accueil&nbsp;&raquo; fran&ccedil;ais. Aussi, le m&ecirc;me terme sert-il &agrave; d&eacute;signer les camps fran&ccedil;ais et allemands, en d&eacute;pit de la connotation ult&eacute;rieure donn&eacute;e par les g&eacute;nocides programm&eacute;s dans les seconds. Comme l&rsquo;&eacute;crit Lluis Montagut dans son t&eacute;moignage</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Bien avant que les Allemands la pratiquent &agrave; grande &eacute;chelle dans leurs camps de concentration, on a exp&eacute;riment&eacute; avec nous cette science du rabaissement moral des individus, de la destruction m&eacute;thodique de toutes les valeurs morales, faisant de la personne humaine&hellip; une b&ecirc;te affam&eacute;e, sale, obs&eacute;d&eacute;e par ses besoins les plus &eacute;l&eacute;mentaires.&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans la langue castillane, l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;camp de concentration &raquo;&nbsp;est toujours employ&eacute;e pour d&eacute;signer ces lieux d&rsquo;internement et, au-del&agrave; de son contenu v&eacute;ritable, ce qui est en jeu, dans son emploi r&eacute;current &ndash; y compris en fran&ccedil;ais &ndash; c&rsquo;est le poids m&eacute;moriel d&rsquo;un v&eacute;cu longtemps oblit&eacute;r&eacute; voire occult&eacute;. Et l&rsquo;on peut constater que, plus le temps passe et plus cet emploi est r&eacute;affirm&eacute;. Les associations m&eacute;morielles espagnoles &eacute;mergentes ont d&ucirc; se contenter, en 1999, d&rsquo;un monolithe indiquant l&rsquo;emplacement d&rsquo;un &laquo;&nbsp;camp&nbsp;&raquo; pour r&eacute;fugi&eacute;s espagnols sur la plage d&rsquo;Argel&egrave;s-sur-Mer, sans autre pr&eacute;cision. Mais, en 2009, sous leur pression, la grande plaque appos&eacute;e &agrave; la&nbsp;limite nord de l&rsquo;ancien camp le d&eacute;nomme comme en 1939, &agrave; savoir &laquo;&nbsp;camp de concentration &raquo;</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">L&rsquo;un des tout premiers t&eacute;moignages publi&eacute;s sur les camps est un long po&egrave;me</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">&eacute;crit en 1944 au Mexique</span> <span style="letter-spacing:.1pt">par Miguel Gim&eacute;nez Igualada, libertaire espagnol &eacute;migr&eacute; &agrave; Mexico, apr&egrave;s trois ans d&rsquo;internement en France. L&rsquo;auteur du po&egrave;me proclame que sa religion est de croire en l&rsquo;homme et il est cependant oblig&eacute; d&rsquo;&eacute;voquer la vie des r&eacute;fugi&eacute;s espagnols dans les camps fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;ce cercle de la haine&nbsp;&raquo;, cette &laquo;&nbsp;muraille de vilenie&nbsp;&raquo;</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">; ces camps qui, en fait, renfermaient &laquo;&nbsp;des peintres, des musiciens, des sculpteurs, des m&eacute;decins, des &eacute;crivains, des hommes qui v&eacute;curent d&eacute;vor&eacute;s de nobles id&eacute;aux, des humanistes [&hellip;], le meilleur et le plus noble de la pens&eacute;e hispanique&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est de ce contraste entre les conditions de l&rsquo;accueil en France confront&eacute;es &agrave; la riche exp&eacute;rience politique et culturelle v&eacute;cue en Espagne, &agrave; la guerre men&eacute;e courageusement contre un ennemi int&eacute;rieur et ext&eacute;rieur et, pour certains, aux tentatives de transformation r&eacute;volutionnaire de la soci&eacute;t&eacute; que naissent &laquo;&nbsp;la douleur, l&rsquo;angoisse, la tristesse et le d&eacute;sespoir, entre la boue et le sable, le fumier et les loques, les injures et le m&eacute;pris&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Il est des noms fran&ccedil;ais que les Espagnols ont grav&eacute;s, pour toujours, dans leur c&oelig;ur. Des noms fran&ccedil;ais que les parents apprendront &agrave; &eacute;peler &agrave; leurs enfants&nbsp;; qui seront sculpt&eacute;s dans la roche nue des cr&ecirc;tes pyr&eacute;n&eacute;ennes afin qu&rsquo;ils se perp&eacute;tuent &agrave; travers le temps et maintiennent vivant et frais le souvenir de la douleur&nbsp;; qui se r&eacute;pandront par les chemins et inonderont la P&eacute;ninsule afin que tous sachent et que nul n&rsquo;oublie ce que sont la haine et le crime&nbsp;; qui protesteront &eacute;ternellement contre le manque de solidarit&eacute; et l&rsquo;indiff&eacute;rence. Il est des noms fran&ccedil;ais que les Espagnols ont grav&eacute;s, pour toujours, dans leur c&oelig;ur. <span style="letter-spacing:.1pt">Argel&egrave;s-sur-Mer, Le Barcar&egrave;s, Gurs, Bram le maudit, l&rsquo;infernal Vernet, le ch&acirc;teau de la mort de Collioure, Rivesaltes</span> (ramassis de femmes espagnoles, p&acirc;ture pour S&eacute;n&eacute;galais), la tuilerie des Milles, o&ugrave; la crasse et la douleur atteignirent des sommets, Saint-Cyprien&hellip; <i>Camps de concentration </i>dont la France a sem&eacute; son territoire pour &eacute;touffer, dans l&rsquo;opprobre, la pens&eacute;e hispanique. Des barbel&eacute;s&nbsp;! Encore des barbel&eacute;s&nbsp;! &raquo;<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cependant, les camps d&rsquo;internement en France sont peu &eacute;voqu&eacute;s dans l&rsquo;abondante presse de l&rsquo;exil espagnol &eacute;dit&eacute;e dans l&rsquo;Hexagone, quelque 650&nbsp;titres<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a>. Les modestes bulletins confectionn&eacute;s dans les camps ne contiennent pas de critiques sur les conditions de vie des intern&eacute;s. Leur contenu, exclusivement culturel, leur permet seul d&rsquo;exister au grand jour et de braver la censure exerc&eacute;e par les autorit&eacute;s. Aussi, l&rsquo;humour comme la volont&eacute; &eacute;ducative y introduisent-ils une certaine distance. Le journal <i><span style="letter-spacing:-.1pt">Voz de Madrid, </span></i><span style="letter-spacing:-.1pt">&eacute;dit&eacute;</span> <span style="letter-spacing:-.1pt">&agrave;</span> <span style="letter-spacing:-.1pt">Paris en 1939 par le gouvernement r&eacute;publicain</span> <span style="letter-spacing:-.1pt">lui-</span>m&ecirc;me, entreprend une s&eacute;rie de reportages sur les camps&nbsp;; mais, pour faire pi&egrave;ce au journal <i>Le Matin </i>qui &eacute;voque des &laquo;&nbsp;&eacute;trangers ind&eacute;sirables&nbsp;&raquo;, ces articles souhaitent surtout montrer la diversit&eacute; sociale des Espagnols intern&eacute;s</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;: </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">fonctionnaires ou &laquo;&nbsp;soldats d&rsquo;une grande arm&eacute;e victorieuse vingt fois de la non-intervention et des Espagnols de toutes les classes qui ont d&eacute;fendu l&rsquo;Espagne &raquo;.<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a></span></span>&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Au lendemain de la guerre mondiale, un journal catalan comme <i>Foc Nou</i> parle, dans une s&eacute;rie d&rsquo;articles, des charmes et des disgr&acirc;ces de l&rsquo;exil sur un ton qui se veut distanci&eacute;<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a>. D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;auteur, les Catalans intern&eacute;s &agrave; Agde n&rsquo;ont pas perdu leur in&eacute;puisable bonne humeur et leur fine ironie jusqu&rsquo;au moment o&ugrave; se sont constitu&eacute;es les premi&egrave;res Compagnies de travailleurs &eacute;trangers, &laquo;&nbsp;incarnation de l&rsquo;esclavage moderne [qui] va blesser encore plus la susceptibilit&eacute; et la dignit&eacute; des exil&eacute;s en France que ne l&rsquo;avaient fait jusqu&rsquo;alors le sable et la boue et les barbel&eacute;s des <i>camps de concentration &raquo;.&nbsp;</i>En 1946, un article de <i>L&rsquo;Espagne r&eacute;publicaine </i>se penche &agrave; son tour sur &laquo;&nbsp;Ce que les r&eacute;fugi&eacute;s vont oublier&nbsp;&raquo;. Il est rappel&eacute; que des centaines de r&eacute;fugi&eacute;s sont morts de faim et de froid, notamment au cours des nuits de tramontane glac&eacute;e, faute de baraquements suffisants. L&rsquo;auteur demande au gouvernement en exil de rechercher, pour une &eacute;valuation pr&eacute;cise, la liste des r&eacute;fugi&eacute;s d&eacute;c&eacute;d&eacute;s dans les camps, car &laquo;&nbsp;pour aussi macabres que soient ces statistiques, elles doivent &ecirc;tre faites car elles aideront &agrave; calibrer les angoisses des <i>camps de concentration</i> du sud de la France&nbsp;&raquo;. Le souhait est exprim&eacute; d&rsquo;une histoire des Compagnies de travailleurs et du maquis espagnol, car il ne s&rsquo;agit pas de faire &oelig;uvre &laquo;&nbsp;d&rsquo;animosit&eacute; et de reproches&nbsp;&raquo;, mais de servir &agrave; l&rsquo;histoire de l&rsquo;&eacute;migration espagnole et d&rsquo;&eacute;crire &laquo;&nbsp;le Livre de la Mort, le Livre du Travail et le Livre de la Gloire &raquo;<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a></span></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&nbsp;. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Ult&eacute;rieurement, on trouve peu d&rsquo;&eacute;vocations des camps dans les journaux de l&rsquo;exil, surtout consacr&eacute;s &agrave; la lutte antifranquiste, &agrave; la pr&eacute;servation d&rsquo;une identit&eacute; culturelle hispanique et &agrave; la transmission d&rsquo;un h&eacute;ritage historique&nbsp;; probablement aussi l&rsquo;effet d&rsquo;une certaine autocensure par rapport aux autorit&eacute;s fran&ccedil;aises de qui d&eacute;pend l&rsquo;autorisation de para&icirc;tre limite-t-elle les t&eacute;moignages sur les camps &agrave; quelques rares r&eacute;cits individuels.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce sont donc essentiellement des ouvrages, parfois simples brochures, souvent &eacute;dit&eacute;s en suppl&eacute;ment de revues, qui contribuent &agrave; forger les m&eacute;moires de l&rsquo;exil. Mais, &agrave; part quelques publications parues imm&eacute;diatement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ces t&eacute;moignages sont &eacute;dit&eacute;s tardivement. Il faudra attendre la fin des ann&eacute;es 1960 pour que d&rsquo;autres r&eacute;cits sur les al&eacute;as de l&rsquo;exil voient le jour, tant les exil&eacute;s espagnols sont surtout pr&eacute;occup&eacute;s alors par la lutte contre la dictature franquiste et le quotidien de leur exil et peu enclins &agrave; se pencher sur leur v&eacute;cu<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a>. Les camps fran&ccedil;ais sont toujours d&eacute;sign&eacute;s comme des &laquo;&nbsp;camps de concentration &raquo;</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Selon le corpus que Bernard Sicot a entrepris d&rsquo;&eacute;tablir sur la litt&eacute;rature espagnole relative aux camps fran&ccedil;ais<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35"><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></a>, quelque 122 titres publi&eacute;s ont pu &ecirc;tre recens&eacute;s, M&eacute;moires et t&eacute;moignages comme &oelig;uvres &agrave; caract&egrave;re litt&eacute;raire. Sur les 75 &eacute;tudi&eacute;s, 31 ont &eacute;t&eacute; &eacute;dit&eacute;s au Mexique, 26 en Espagne, 7 en France</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"> &ndash;&nbsp;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">g&eacute;n&eacute;ralement en castillan ou en catalan</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&ndash; </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ou dans d&rsquo;autres pays. Les titres sont souvent &eacute;loquents. Quelques exemples</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;: </span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Argel&egrave;s-sur-Mer (campo de concentraci&oacute;n para espa&ntilde;oles)</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> de Jaime Espinar (Caracas, 1940)&nbsp;; <i>Alambradas</i></span></span><i><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;:</span></span></i><i> </i><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">mis nueve meses por los campos de concentraci&oacute;n de Francia </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">de Manuel Garc&iacute;a Gerpe (Buenos Aires, 1941)</span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;;</span></span> <i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Saint-Cyprien, plage&hellip; (campo de concentraci&oacute;n)</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> de Manuel And&uacute;jar (Mexico, 1942)<a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36"><sup><span style="color:black">[36]</span></sup></a></span></span><span dir="RTL" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;;</span></span> <i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Campos de concentraci&oacute;n, 1939-194&hellip;</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> de Narc&iacute;s Molins i F&aacute;brega et Josep Bartol&iacute; (Mexico, 1944)&nbsp;; <i>Cartes des dels camps de concentraci&oacute;</i> de P&egrave;re Vives i Clav&eacute;<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37"><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></a> (Barcelone, 1972)&nbsp;; <i>Mis campos de concentraci&oacute;n</i> de Ces&aacute;reo de la Cruz y G&oacute;mez (S&eacute;govie, 1978)&nbsp;; <i>Derri&egrave;re les barbel&eacute;s. Journal des camps de concentration en France (1939) </i>de Eulalio Ferrer<i> </i>(Limonest, 1993)&nbsp;; ou <i>Campo de concentraci&oacute;n</i> (1939) de Llu&iacute;s Ferran de Pol (Barcelone, 2003).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Souvent peu connus en France, ces nombreux textes font r&eacute;f&eacute;rence &agrave; une p&eacute;riode d&rsquo;histoire pourtant partag&eacute;e entre Espagnols et Fran&ccedil;ais et que ces derniers ont longtemps occult&eacute;e ou, pour le moins, effac&eacute;e de leur</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">m&eacute;moire collective</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:-.1pt">: c&rsquo;est avec l&rsquo;asile accord&eacute; avec une telle r&eacute;ticence aux d&eacute;fenseurs d&rsquo;une d&eacute;mocratie amie que fut inaugur&eacute;e la triste histoire des camps fran&ccedil;ais de la Seconde Guerre mondiale. Ces zones de non-droit, o&ugrave; la dignit&eacute; humaine &eacute;tait souvent bafou&eacute;e, o&ugrave; l&rsquo;on pouvait mourir &agrave; 20&nbsp;ans d&rsquo;une &eacute;pid&eacute;mie caus&eacute;e par une eau insalubre ou d&rsquo;affection pulmonaire contract&eacute;e &agrave; cause des intemp&eacute;ries.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;historien a le devoir d&rsquo;utiliser une terminologie qui ne pr&ecirc;te pas &agrave; confusion, d&rsquo;&eacute;clairer le public sur les diff&eacute;rences de nature entre les divers syst&egrave;mes concentrationnaires et s&rsquo;il emploie une expression historiquement dat&eacute;e il doit toujours, inlassablement, la contextualiser. Mais il a aussi pour mission de comprendre et d&rsquo;expliquer p</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="letter-spacing:-.3pt">ourquoi, depuis pr&egrave;s de quatre-vingts ans, les r&eacute;publicains espagnols et leurs descendants d&eacute;signent immanquablement les camps fran&ccedil;ais par l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;camps de concentration&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Annette Wieviorka, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression <i>camp de concentration</i> au XX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <i>Vingti&egrave;me si&egrave;cle. Revue d&rsquo;histoire, </i>n&deg; 54, avril-juin 1997, pp. 4-12. Genevi&egrave;ve Dreyfus-Armand, &laquo;&nbsp;De quelques termes employ&eacute;s (camps d&rsquo;internement, de concentration, d&rsquo;extermination)&nbsp;: de leur signification historique &agrave; leur poids m&eacute;moriel&nbsp;&raquo;, in <i>De l&rsquo;exil et des camps. &Eacute;crire et peindre, de Max Aub &agrave; Ram&oacute;n Gaya, </i>Bernard Sicot (&eacute;d.), <i>Regards </i>[Centre de recherches ib&eacute;riques et ib&eacute;ro-am&eacute;ricaines (CRIIA-EA 369), Groupe de recherches r&eacute;sistances et exils (GREX), universit&eacute; Paris-Ouest Nanterre La D&eacute;fense], n&deg; 12, 2008, pp.19-31.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Anne <span style="font-variant:small-caps">G</span>rynberg, &laquo;&nbsp;1939-1940&nbsp;: l&rsquo;internement en temps de guerre. Les politiques de la France et de la Grande-Bretagne&nbsp;&raquo;, <i>Vingti&egrave;me si&egrave;cle, op. cit.,&nbsp; </i>pp. 23-33. David Cesarani, &laquo;&nbsp;Camps de la mort, camps de concentration et camps d&rsquo;internement dans la m&eacute;moire collective britannique&nbsp;&raquo;, <i>ibid., </i>pp. 13-23.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Journal officiel. Lois et d&eacute;crets, </i>3 mai 1938, pp. 4&thinsp;967&ndash;4&thinsp;969 et 13 novembre 1938, pp. 12&thinsp;920&ndash;12&thinsp;923.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Ibid.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>La D&eacute;p&ecirc;che</i> du 2 f&eacute;vrier 1939, cit&eacute; par Marie-Claude Rafaneau-Boj, <i>Odyss&eacute;e pour la libert&eacute;. Les camps de prisonniers espagnols, 1939-1945</i>, Paris, Deno&euml;l, 1993, p. 117.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Cit&eacute; par Gr&eacute;gory Tuban, <i>Contr&ocirc;le, exclusion et r&eacute;pression des r&eacute;fugi&eacute;s venus d&rsquo;Espagne dans les camps du sud de la France. 1939-1944</i>, th&egrave;se de doctorat d&rsquo;histoire, universit&eacute; de Perpignan, 2015, p. 30.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Ma&euml;lle Maugendre, <i>Les R&eacute;fugi&eacute;es espagnoles en France (1939 - 1942)</i>&nbsp;<i>: des femmes entre assujettissements et r&eacute;sistances, </i>th&egrave;se de doctorat d&rsquo;histoire, universit&eacute; Toulouse-2, 2014, p. 280.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Bernard Sicot, <i>Djelfa, 41-43&nbsp;: un camp d&rsquo;internement en Alg&eacute;rie, </i>Paris, Riveneuve, 2015.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le livre de Raul Hilberg, <i>The Destruction of the European Jews, </i>pass&eacute; inaper&ccedil;u lors de sa publication en 1961 &agrave; Chicago, n&rsquo;a &eacute;t&eacute; publi&eacute; en fran&ccedil;ais qu&rsquo;en 1988.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Claude Laharie, <i>Le Camp de Gurs 1939-1945. Un aspect m&eacute;connu de l&rsquo;histoire du B&eacute;arn</i>, Pau, Infocompo, 1985, p. 120 &eacute;d. de 1993 (Pau, J &amp; D <span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>ditions).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Jean-Claude Villegas (coord.), <i>&nbsp;Plages d&rsquo;exil. Les camps de r&eacute;fugi&eacute;s espagnols en France, 1939, </i>Nanterre/Dijon, BDIC/Hispanistica XX, 1989, p. 11.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> L&rsquo;expression est de David Rousset qui a connu, comme r&eacute;sistant, les camps nazis et a d&eacute;nonc&eacute; aussi les camps du goulag sovi&eacute;tique (<i>L&rsquo;univers concentrationnaire, </i>Paris, &Eacute;d. du Pavois, 1946&nbsp;; pp. 113-115 dans l&rsquo;&eacute;dition des &Eacute;d. de Minuit de 1965).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Annette Wieviorka, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression <i>camp de concentration</i> au XX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <i>art. cit., </i>p. 12.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Denis Peschanski, <i>Les camps fran&ccedil;ais d&rsquo;internement, 1938-1946, </i>th&egrave;se de doctorat d&rsquo;&Eacute;tat, 2000, p. 5.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Helen Graham. </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The War and his Shadow</span></span></i><i><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;:</span></span></i><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Spain&rsquo;s Civil War in Europe&rsquo;s Long Twentieth Century, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Eastbourne, Sussex Academic Press, 2012&nbsp;; Paul Preston, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Doves of War</span></span></i><i><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;:&nbsp;</span></span></i><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Four Women of&nbsp; the Spanish Civil War, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">New York, Harper Collins, 2010&nbsp;; Paul Preston, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">El Holocausto espa&ntilde;ol. Odio y exterminio en la Guerra Civil y despu&eacute;s, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Barcelone, Debate, 2011&nbsp;;<i> </i>Scott Soo, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">The Routes of exile. France and the Spanish Civil War refugees, 1939-2009, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Manchester, Manchester University Press, 2013&nbsp;; Alicia Alted Vigil, </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">La voz de los vencidos</span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">. <i>El exilio republicano de 1939</i>, Madrid, Aguilar, 2005 ou, avec Lucienne Domergue, <i>La cultura del exilio anarcosindicalista espa&ntilde;ol en el sur de Francia, </i>Madrid, Cinca, 2012.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir les travaux de Ma&euml;lle Maugendre ou Gr&eacute;gory Tuban cit&eacute;s plus haut.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Plages d&rsquo;exil, Les camps de r&eacute;fugi&eacute;s espagnols en France, 1939, op. cit.&nbsp;</i>; Genevi&egrave;ve Dreyfus-Armand, &Eacute;mile Temime, <i>Les camps sur la plage, un exil espagnol, </i>Paris, Autrement, 1995&nbsp;; Genevi&egrave;ve Dreyfus-Armand, <i>L&rsquo;Exil des r&eacute;publicains espagnols en France, de la Guerre civile &agrave; la mort de Franco, </i>Paris, Albin Michel, 1999.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Julio Alvarez del Vayo demandait alors &agrave; la France d&rsquo;accueillir quelque 150&thinsp;000 r&eacute;fugi&eacute;s&nbsp;; mais, pour lui comme pour le reste du gouvernement Negr&iacute;n, la guerre n&rsquo;&eacute;tait pas termin&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Federica Montseny, <i>Pasi&oacute;n y muerte de los Espa&ntilde;oles en Francia</i>, Toulouse, Espoir, 1969, p. 22. Texte paru en plusieurs livraisons dans <i>El Mundo al d&iacute;a </i>en 1950 et rassembl&eacute; dans cette &eacute;dition.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Virgilio Botella Pastor, &laquo;&nbsp;Porque escribo sobre la guerra y el destierro</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Anales. Ateneo ib&eacute;ro-americano, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">1969, n&deg; 5, pp. 1-9 ; conf&eacute;rence prononc&eacute;e le 13 d&eacute;cembre 1969.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a> <span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Entretien avec Antonio Gard&oacute;</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo;, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">in <i>Plages d&rsquo;exil, op. cit., </i>p. 227.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Le premier colloque scientifique &agrave; l&rsquo;&eacute;tudier est celui consacr&eacute; aux <i>Italiens et Espagnols en France, 1938-1946</i></span> tenu &agrave; Paris en novembre 1991 (publi&eacute; sous le titre <i>Exils et migration, </i>chez L&rsquo;Harmattan, en 1994).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Genevi&egrave;ve Dreyfus-Armand, &laquo;&nbsp;La memoria en el exilio espa&ntilde;ol en Francia</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;:</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> de una generaci&oacute;n a la otra, en un contexto memorial espec&iacute;fico</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo;, </span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Migraciones e Exilios, </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">n&deg; 15, 2015, pp. 13-29.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Depuis les ann&eacute;es 2004-2005, de nombreuses r&eacute;gions ou villes fran&ccedil;aises ont reconnu le r&ocirc;le des r&eacute;publicains espagnols dans la lib&eacute;ration du pays. Ainsi, la Ville de Paris, en 2004, pour la lib&eacute;ration de la capitale o&ugrave;, depuis, des plaques jalonnent le parcours de la <i>Nueve </i>de la 2<sup>e </sup>DB du g&eacute;n&eacute;ral Leclerc, compagnie compos&eacute;e majoritairement d&rsquo;exil&eacute;s espagnols.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Les guerres de m&eacute;moires. La France et son histoire</i>, Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson (&eacute;ds), Paris, La D&eacute;couverte, 2008.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Esther Benbassa, &laquo;&nbsp;La concurrence des victimes&nbsp;</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&raquo;, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">in <i>Culture post-coloniale, 1961-2006</i>, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel (dir.), Paris, Autrement, 2006, pp. 102-112.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Lluis Montagut, <i>J&rsquo;&eacute;tais deuxi&egrave;me classe dans l&rsquo;arm&eacute;e r&eacute;publicaine espagnole, </i>Paris, Fran&ccedil;ois Maspero, 1976, p. 58.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Plaque inaugur&eacute;e par Anne Hidalgo, alors premi&egrave;re adjointe au maire de Paris.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Miguel Gim&eacute;nez Igualada, &laquo;&nbsp;Dolor&nbsp;&raquo;, in Antonio Berna Salido, <i>Somos&nbsp;: homenaje de los republicanos espa&ntilde;oles a las representaciones diplom&aacute;tica y consular de M&eacute;xico en Francia, </i>Mexique, Publicaciones Somos, 1944.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Genevi&egrave;ve Dreyfus-Armand, <i>L&rsquo;&eacute;migration politique espagnole en France au travers de sa presse, 1939-1975</i>, </span>th&egrave;se de doctorat, Institut d&rsquo;&eacute;tudes politique de Paris, 1994.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>Voz de Madrid, </i>n&deg; 38, 1<sup>er</sup> avril 1939.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Josep Torrents, &laquo;&nbsp;Gracies i desgracies de l&rsquo;exili&nbsp;&raquo;, <i>Foc nou</i>, n<sup>o</sup> 12 (25 novembre), n<sup>o</sup> 13 (2 d&eacute;cembre), n<sup>o</sup>&nbsp;15 (16 d&eacute;cembre 1944).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <i>L&rsquo;Espagne r&eacute;publicaine</i>, n&deg; 56, 20 juillet 1946 (article sign&eacute; Simone Martin).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Except&eacute; <i>Le Grand voyage </i>de Jorge Sempr&uacute;n (Paris, Gallimard, 1963), qui concerne uniquement la d&eacute;portation dans les camps nazis ; Manuel Razola, Mariano Constante, <i>Le Triangle bleu. Les r&eacute;publicains espagnols &agrave; Mauthausen</i>, Paris, Gallimard, 1969 ; Antonio Vilanova, <i>Los Olvidados. Los exiliados espa&ntilde;oles en la Segunda Guerra mundial</i>, Paris, Ruedo Ib&eacute;rico, 1969.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Voir www.cermi.fr, liens. Bernard&nbsp;Sicot, &laquo;&nbsp;Literatura espa&ntilde;ola y campos franceses de internamiento. Corpus razonado (e inconcluso)&nbsp;&raquo;, <i>Cahiers de civilisation espagnole contemporaine</i></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;[</span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">En ligne], 3</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;|&nbsp;2008, </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">mis en ligne le 20 juin 2011, consult&eacute; le 29 octobre 2016</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> &Eacute;dit&eacute; en fran&ccedil;ais r&eacute;cemment par Rose Duroux</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;: </span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Manuel And&uacute;jar</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, </span></span><i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Saint-Cyprien, plage&hellip; (camp de concentration), </span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2003.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[37]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Il s&rsquo;agit des camps fran&ccedil;ais, l&rsquo;auteur est mort &agrave; Mauthausen en 1941. Bernard Sicot en a &eacute;dit&eacute; une traduction fran&ccedil;aise en 2013.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>