<h2>La Seconde Guerre mondiale. Un pass&eacute; tr&egrave;s pr&eacute;sent</h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Depuis la Lib&eacute;ration</span></span><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, le continent europ&eacute;en s&rsquo;est couvert de nombreux espaces mus&eacute;aux<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><b><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></b></a> consacr&eacute;s &agrave; l&rsquo;histoire de la Seconde Guerre mondiale<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><b><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></b></a>. Publi&eacute; en 2007, un <i>Guide touristique d&rsquo;histoire militaire en Europe</i> recensait pr&egrave;s de 1</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">200&nbsp;mus&eacute;es consacr&eacute;s &agrave; cette p&eacute;riode&nbsp;; pour la France on d&eacute;nombrait alors environ 200 espaces de ce type qualifi&eacute;s de m&eacute;moriaux, de mus&eacute;es, de centres d&rsquo;histoire, etc. Depuis ce recensement, plusieurs &eacute;tablissements ont renouvel&eacute; leur exposition permanente (Limoges, Lyon) et de nouveaux espaces mus&eacute;aux<span style="letter-spacing:.25pt"> se sont ouverts &agrave; l&rsquo;instar du M&eacute;morial de l&rsquo;Internement et de la D&eacute;portation Camp de Royallieu inaugur&eacute; en 2008 &agrave; Compi&egrave;gne&nbsp;; d&rsquo;autres &eacute;volutions sont annonc&eacute;es pour les prochaines ann&eacute;es. Tous ces mus&eacute;es ont en commun d&rsquo;&ecirc;tre des objets particuli&egrave;rement vivants, leurs expositions &eacute;voluent, se compl&egrave;tent ou se transforment au gr&eacute; des acquis de l&rsquo;historiographie, au gr&eacute; aussi d&rsquo;&eacute;ventuels changements de tutelle (voir les nombreux passages du statut associatif priv&eacute; &agrave; celui de mus&eacute;e repris par les collectivit&eacute;s territoriales locales) mais aussi sous l&rsquo;influence des r&eacute;gimes m&eacute;moriels qui dominent successivement les repr&eacute;sentations du </span><span style="letter-spacing:.2pt">pass&eacute; dans nos soci&eacute;t&eacute;s. Mais ce </span><span style="letter-spacing:.1pt">qui frappe de prime abord l&rsquo;observateur, c&rsquo;est l&rsquo;extr&ecirc;me vari&eacute;t&eacute; des traitements mus&eacute;ographiques de la Seconde Guerre mondiale. Les expositions diff&egrave;rent selon la localisation g&eacute;ographique des mus&eacute;es (zone urbaine ou rurale, voire montagnarde&nbsp;; zone sud ou occup&eacute;e, voire zone interdite), les sp&eacute;cificit&eacute;s de l&rsquo;exp&eacute;rience locale de la guerre&nbsp;et les personnalit&eacute;s de leurs entrepreneurs&nbsp;; certains ont fait le choix de se focaliser sur un aspect particulier, sur une bataille, comme en Normandie, ou sur un &laquo;&nbsp;grand homme&nbsp;&raquo;, comme &agrave; Colombey-les-Deux-<span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>glises<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><b><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></b></a>&nbsp;; en France, ils sont relativement nombreux &agrave; avoir ax&eacute; plus sp&eacute;cifiquement leur narration sur <i>la R&eacute;sistance</i> &agrave; l&rsquo;occupation allemande et au r&eacute;gime de Vichy, ainsi qu&rsquo;&agrave; sa r&eacute;pression&nbsp;; en t&eacute;moigne d&rsquo;ailleurs souvent, mais pas toujours, la d&eacute;nomination adopt&eacute;e par ces lieux fr&eacute;quemment intitul&eacute;s &laquo;&nbsp;Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est &agrave; ces derniers que sont consacr&eacute;es les lignes qui suivent, &agrave; ceci pr&egrave;s toutefois qu&rsquo;il ne pouvait &ecirc;tre question d&rsquo;aborder en quelques pages, ni tous les espaces produisant en </span><span style="letter-spacing:.15pt">France un r&eacute;cit centr&eacute; sur la R&eacute;sistance et sa r&eacute;pression (plus d&rsquo;une soixantaine de sites recens&eacute;s auxquels pourraient &ecirc;tre ajout&eacute;s bien d&rsquo;autres mus&eacute;es &eacute;voquant aussi, plus ou moins rapidement, cette dimension de la guerre), ni toutes les probl&eacute;matiques offertes &agrave; la mus&eacute;ohistoire de ces lieux d&rsquo;histoire et de m&eacute;moires.<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><b><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></b></a> En cons&eacute;quence, seul un certain nombre d&rsquo;espaces mus&eacute;aux &mdash;&nbsp;une quinzaine visit&eacute;s entre d&eacute;cembre 2009 et le printemps 2013&nbsp;&mdash; composent le corpus analys&eacute;. Celui-ci, bien que tr&egrave;s incomplet, appara&icirc;t suffisamment cons&eacute;quent et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne pour mener un essai d&rsquo;analyse comparative ouvrant sur quelques probl&eacute;matiques cl&eacute;s. Pr&eacute;cis&eacute;ment, consid&eacute;rant que s&rsquo;il existe une <i>Histoire du Temps Pr&eacute;sent</i><a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><b><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></b></a> cette derni&egrave;re est assur&eacute;ment ins&eacute;parable de <i>M&eacute;moires du Temps Pr&eacute;sent</i>, cet article se concentre sur le concept m&ecirc;me de &laquo;&nbsp;r&eacute;sistance&nbsp;&raquo;, un concept moins stable qu&rsquo;il n&rsquo;y para&icirc;t et mettant particuli&egrave;rement en tension pass&eacute;s et pr&eacute;sents, histoire et m&eacute;moires. Tout en comparant les diff&eacute;rentes expositions entre elles, l&rsquo;analyse confronte syst&eacute;matiquement les narrations mus&eacute;ales au savoir historien &mdash;&nbsp;ce qui est l&rsquo;objet m&ecirc;me de la <i>mus&eacute;ohistoire</i>&nbsp;&mdash;, le but &eacute;tant de retrouver ce qu&rsquo;il reste aujourd&rsquo;hui de &laquo;&nbsp;la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo; fran&ccedil;aise dans la m&eacute;moire mus&eacute;ale &mdash;&nbsp;partie int&eacute;grante de la m&eacute;moire sociale. Par-del&agrave; les diff&eacute;rents usages mus&eacute;aux du terme pouvant &ecirc;tre r&eacute;pertori&eacute;s, il s&rsquo;agit d&rsquo;en rep&eacute;rer les lignes de force mais aussi les &eacute;carts pouvant exister d&rsquo;un site &agrave; l&rsquo;autre. Enfin soixante-dix ans apr&egrave;s la Lib&eacute;ration, derri&egrave;re les figures d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;acteurs de l&rsquo;histoire, r&eacute;sistants, occupants, collaborateurs, ce sont autant de mod&egrave;les et de contre-mod&egrave;les &mdash; civiques et moraux&nbsp;&mdash; qui sont propos&eacute;s aux publics. En cela, mais aussi parce qu&rsquo;elles m&ecirc;lent hypermn&eacute;sies et amn&eacute;sies, mises en valeur, r&eacute;ductions et quelques effacements, les expositions mus&eacute;ales de ce pass&eacute; ne sont donc pas neutres ou sans effet politique&nbsp;; au contraire, sous couvert de restitutions &laquo;&nbsp;scientifiques&nbsp;&raquo; du pass&eacute; de plus en plus souvent cautionn&eacute;es par des comit&eacute;s <i>ad hoc</i> o&ugrave; si&egrave;gent des historiens &laquo;&nbsp;sp&eacute;cialistes&nbsp;&raquo;, elles fa&ccedil;onnent et diffusent non seulement des interpr&eacute;tations id&eacute;ologiquement et politiquement engag&eacute;es, mais aussi des messages porteurs de prescriptions normatives plus ou moins explicites, pour notre pr&eacute;sent et notre futur&nbsp;; c&rsquo;est tout cela que la pratique de la <i>mus&eacute;ohistoire</i> peut d&eacute;nicher au creux de questions aussi simples que celles-ci&nbsp;: qu&rsquo;est-ce que r&eacute;sister&nbsp;et qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un r&eacute;sistant&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h2>Le corpus</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&Agrave; titre indicatif, le corpus<b> </b>est pr&eacute;sent&eacute; ci-dessous par ordre chronologique des ann&eacute;es de cr&eacute;ation des expositions visit&eacute;es. Il importe toutefois de ne pas sur-interpr&eacute;ter la port&eacute;e explicative de ces dates&nbsp;car m&ecirc;me entre deux refontes totales, nombre d&rsquo;expositions permanentes sont l&rsquo;objet d&rsquo;ajouts et de retraits pouvant infl&eacute;chir sensiblement le propos initial&nbsp;; cela se v&eacute;rifie particuli&egrave;rement dans les &eacute;tablissements les plus &laquo;&nbsp;artisanaux&nbsp;&raquo; et les plus anciens, qui font r&eacute;guli&egrave;rement &eacute;voluer leur r&eacute;cit, notamment au fil des dons re&ccedil;us, &agrave; mesure aussi des d&eacute;couvertes historiographiques et documentaires, sous l&rsquo;influence &eacute;galement des traitements m&eacute;diatiques (documentaires, magazines, films, etc.) qui &agrave; certains moments &eacute;clairent tel ou tel ph&eacute;nom&egrave;ne&nbsp;; et enfin selon les attendus des discours associatifs et ceux d&rsquo;autres r&eacute;seaux de connaissance et d&rsquo;exp&eacute;rience.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&Agrave; plus d&rsquo;un &eacute;gard, cette pr&eacute;sentation liminaire est trop succincte. Les mus&eacute;es retenus diff&egrave;rent en effet par leur localisation g&eacute;ographique mais aussi par leur histoire, leurs initiateurs, leurs inspirateurs, leur taille, leurs moyens, leur degr&eacute; de fr&eacute;quentation, leurs dates de fondation et/ou de re-fondation, leurs objectifs, leurs tutelles, leurs modes de gestion, leurs contraintes, etc., autant d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments susceptibles d&rsquo;influer sur l&rsquo;orientation du contenu d&rsquo;une exposition &agrave; tel ou tel moment. Dans le cadre de cet article, il est impossible de renseigner tous ces points mais ponctuellement, on verra que certains de ces &eacute;l&eacute;ments ne sont pas sans influencer tel ou tel choix narratif.</span></span></span></span></span></p> <h2>Qu&rsquo;est-ce que &laquo;&nbsp;r&eacute;sister&nbsp;&raquo; et qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;r&eacute;sistant&nbsp;&raquo;&nbsp;?</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&Agrave; ces deux questions simples de prime abord, peu d&rsquo;espaces mus&eacute;aux apportent une r&eacute;ponse concise et directe. Cela s&rsquo;explique en partie par le fait que ces mus&eacute;es se sont d&rsquo;abord construits comme des mus&eacute;es de l&rsquo;entre soi dont la relative &laquo;&nbsp;communaut&eacute;&nbsp;&raquo; d&rsquo;exp&eacute;rience des entrepreneurs et de leurs premiers publics form&eacute;e par les anciens r&eacute;sistants ne paraissait pas n&eacute;cessiter d&rsquo;avoir &agrave; d&eacute;finir le combat r&eacute;sistant. En outre, les premiers concepteurs d&rsquo;exposition &eacute;vitaient &eacute;galement tout risque de conflit interne. Mais cette impr&eacute;cision tient tout autant au fait que ce que l&rsquo;on appelle &laquo;&nbsp;la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><b><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></b></a> fut historiquement un ph&eacute;nom&egrave;ne n&eacute;buleux, multiforme, mouvant, &eacute;volutif&nbsp;; ajoutons que depuis la Lib&eacute;ration jusqu&rsquo;&agrave; nos jours, la R&eacute;sistance a &eacute;t&eacute; et demeure l&rsquo;objet de nombreuses et parfois vives querelles d&rsquo;interpr&eacute;tation<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><b><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></b></a>&nbsp;; aujourd&rsquo;hui, la r&eacute;&eacute;valuation du r&ocirc;le de Vichy et du sort sp&eacute;cifique des Juifs </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">nourrissent souvent des narrations plus complexes, mais parfois moins lisibles aussi&nbsp;; enfin, apr&egrave;s soixante-dix ans de travaux acad&eacute;miques, certains aspects de &laquo;&nbsp;la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo; restent encore, pour partie, mal connus. Aussi, afin d&rsquo;aboutir &agrave; une d&eacute;finition, il est sou<span style="letter-spacing:.1pt">vent n&eacute;cessaire de consid&eacute;rer l&rsquo;ensemble des narrations d&eacute;velopp&eacute;es par les diff&eacute;rents mus&eacute;es&nbsp;; et que constate-t-on&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une premi&egrave;re mani&egrave;re de r&eacute;ponse peut consister en une d&eacute;finition large comme celle propos&eacute;e par le mus&eacute;e de Grenoble &agrave; ses publics scolaires&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les r&eacute;sistants&nbsp;: ces Fran&ccedil;ais, hommes et femmes, qui n&rsquo;acceptent pas la d&eacute;faite et le nazisme. Civils et militaires, les r&eacute;sistants se battent contre les nazis et les Fran&ccedil;ais qui collaborent&hellip;&nbsp;</i>&raquo;<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><b><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></b></a>&nbsp;; au Centre d&rsquo;Histoire de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Lyon (CHRD), on peut lire&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;R&eacute;sister, c&rsquo;est accepter de vivre dans l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; et apprendre en cons&eacute;quence &agrave; d&eacute;jouer de multiples dangers&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; suit la liste des &laquo;&nbsp;dispositifs&nbsp;&raquo; cens&eacute;s &laquo;&nbsp;pr&eacute;server&nbsp;&raquo; la vie du r&eacute;sistant&hellip;&nbsp;Toutefois, un dernier paragraphe &eacute;largit de fa&ccedil;on sensible les contours de la notion de&nbsp;r&eacute;sistance&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;R&eacute;sister, c&rsquo;est aussi porter aide et assistance aux personnes menac&eacute;es et pourchass&eacute;es, affirmant ainsi sans consignes particuli&egrave;res sa d&eacute;sob&eacute;issance &agrave; une loi ou &agrave; un ordre contraire &agrave; sa conscience.&nbsp;&raquo;</i> La narration lyonnaise int&egrave;gre donc &agrave; la R&eacute;sistance toutes les actions individuelles ou collectives de sauvetage et prend du m&ecirc;me coup ses distances avec une vision de la <span style="letter-spacing:-.1pt">R&eacute;sistance que l&rsquo;on peut juger trop exclusivement institutionnelle<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><b><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></b></a>. Dans un tout autre style relevant davantage du folklorisme de la fin du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle que de l&rsquo;histoire telle qu&rsquo;elle s&rsquo;&eacute;crit aujourd&rsquo;hui, le mus&eacute;e de Saint-Brisson propose un portrait-type du maquisard morvandiau&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Il est &acirc;g&eacute; de 20 &agrave; 22 ans. Il est originaire du Morvan, ou bien il r&eacute;side en r&eacute;gion parisienne, mais dans ce second cas, il conna&icirc;t bien le Morvan. C&rsquo;est probablement un jeune paysan, ou quelqu&rsquo;un qui travaille dans une ferme. Il n&rsquo;est pas habitu&eacute; au confort, et donc il pourra s&rsquo;adapter assez facilement &agrave; la vie du maquis&hellip;&nbsp;&raquo;</i>&nbsp; Denain pr&eacute;cise&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Le mot r&eacute;sistance &eacute;voque souvent le combat sans uniforme avec arme. En fait la lutte contre l&rsquo;occupant et les repr&eacute;sentants de l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais de Vichy ouverts &agrave; la collaboration avec l&rsquo;ennemi a rev&ecirc;tu des formes multiples qu&rsquo;il convient de ne pas sous-estimer&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; on le voit, contrairement &agrave; beaucoup d&rsquo;id&eacute;es re&ccedil;ues, les mus&eacute;es sont fort loin de r&eacute;duire la R&eacute;sistance &agrave; la lutte arm&eacute;e mais t&acirc;chent de restituer les diff&eacute;rentes formes qu&rsquo;elle a effectivement prise depuis juin 1940. D&rsquo;un mus&eacute;e &agrave; l&rsquo;autre, plusieurs types d&rsquo;actions sont successivement &eacute;num&eacute;r&eacute;s&nbsp;et c&rsquo;est au fil de sa visite que le visiteur voit la d&eacute;finition peu &agrave; peu se </span>pr&eacute;ciser et s&rsquo;enrichir, se complexifier m&ecirc;me&nbsp;: sont abondamment cit&eacute;s la propagande clandestine (tracts, graffitis, presse), les manifestations (Cahors, 14 juillet 1940&nbsp;; celles du 11 novembre 1940 dans plusieurs localit&eacute;s du Lot, celle de Compi&egrave;gne rappel&eacute;e &agrave; Royallieu, ou encore celle sur les Champs &Eacute;lys&eacute;es &eacute;voqu&eacute;e &agrave; Champigny, Royallieu et Toulouse&nbsp;; la protestation &eacute;mise par Paul Cazin le 11 novembre 1942 devant le monument aux morts de Millay dans la Ni&egrave;vre, etc.), la transmission de renseignements, les sabotages et les actions arm&eacute;es&nbsp;; Denain, Toulouse ou encore Champigny, ajoutent &agrave; ce r&eacute;pertoire d&rsquo;actions la gr&egrave;ve, comme celle d&eacute;clench&eacute;e en mai 1941 par des mineurs du Nord. Mais cette gr&egrave;ve &eacute;tait-elle une simple action revendicative corporatiste ou bien doit-on la consid&eacute;rer comme un des premiers actes de r&eacute;sistance ouvri&egrave;re et&hellip; communiste&nbsp;? Les avis divergent encore sur ce point<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><b><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></b></a>. <span style="letter-spacing:-.1pt">Toulouse pr&eacute;cise cependant que 244 de ces mineurs furent d&eacute;port&eacute;s &agrave; Sachsenhausen&hellip; ce qui <i>de facto</i> les int&egrave;gre &agrave; l&rsquo;histoire de la R&eacute;sistance et de sa r&eacute;pression. Cahors rappelle quant &agrave; lui la gr&egrave;ve des ouvriers de Figeac (22&nbsp;octobre 1942). </span><span style="letter-spacing:-.2pt">L&rsquo;&eacute;vocation, ou non, de ces gr&egrave;ves ouvri&egrave;res et mini&egrave;res dans les mu</span><span style="letter-spacing:-.1pt">s&eacute;es de la R&eacute;sistance rel&egrave;ve de deux enjeux combin&eacute;s&nbsp;: il s&rsquo;agit en effet de magnifier ou au contraire de minorer la r&eacute;sistance ouvri&egrave;re &agrave; l&rsquo;occupant, et particuli&egrave;rement des communistes, avant et apr&egrave;s l&rsquo;invasion de l&rsquo;URSS&nbsp;; nous allons y revenir. D&rsquo;ores et d&eacute;j&agrave;, il convient de garder &agrave; l&rsquo;esprit que parmi ces diff&eacute;rentes actions, certaines se pr&ecirc;tent plus facilement que d&rsquo;autres &agrave; un traitement mus&eacute;ographique et jouissent donc d&rsquo;une exposition plus large. Ainsi la plupart des mus&eacute;es exposent-ils des photographies spectaculaires d&rsquo;ouvrages d&rsquo;art (ponts, viaducs, voies) d&eacute;truits&nbsp;; souvent dat&eacute;es de juin-juillet 1944, elles sont indissociables de celles &eacute;voquant les parachutages, elles accr&eacute;ditent l&rsquo;id&eacute;e de l&rsquo;importance de l&rsquo;aide apport&eacute;e aux Alli&eacute;s par la R&eacute;sistance dans la lib&eacute;ration du pays&nbsp;et soulignent la reconnaissance de ce r&ocirc;le par les alli&eacute;s, ce qui, en somme, l&eacute;gitime l&rsquo;action de la R&eacute;sistance. L&rsquo;activit&eacute; de la presse clandestine&nbsp;est &eacute;galement tr&egrave;s souvent illustr&eacute;e&nbsp;; dans ce dernier cas particuli&egrave;rement, ce traitement privil&eacute;gi&eacute; renvoie tout d&rsquo;abord &agrave; l&rsquo;existence effective et tr&egrave;s d&eacute;centralis&eacute;e d&rsquo;une myriade de publications d&rsquo;ob&eacute;diences tr&egrave;s diverses, mais aussi &agrave; la relative facilit&eacute; avec laquelle ce type d&rsquo;activit&eacute;&nbsp;clandestine&nbsp;peut &ecirc;tre mise en mus&eacute;e&nbsp;: issues de fonds priv&eacute;s ou </span><span style="letter-spacing:-.2pt">d&eacute;partementaux, les collections de journaux sont souvent abondantes et autorisent la mise sur le m&ecirc;me plan des diff&eacute;rents courants d&rsquo;opposition, ce qui est aussi une mani&egrave;re de gommer les profondes divergences qui les divisaient &agrave; l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;; de cette ample exposition ressort &agrave; la fois une impression de foisonnement et de multitude que l&rsquo;on peut trouver assez peu proportionnelle avec l&rsquo;impact effectif des publications clandestines, qui au demeurant reste difficile &agrave; &eacute;valuer&nbsp;; il n&rsquo;est pas rare que les pr&eacute;sentations de la presse clandestine soient accompagn&eacute;es de celles de diff&eacute;rents objets tels que des presses, des jeux de caract&egrave;res d&rsquo;imprimerie, etc. (Champigny, Castelnau-le-Lez, Grenoble, Toulouse). On con&ccedil;oit ais&eacute;ment qu&rsquo;il soit moins &eacute;vident et surtout moins spectaculaire d&rsquo;&eacute;voquer la transmission de renseignements&hellip; Mais d&rsquo;autres activit&eacute;s sont encore illustr&eacute;es&nbsp;: ainsi celles des passeurs (Toulouse)&nbsp;; des cartes retracent les fili&egrave;res d&rsquo;&eacute;vasion (Besan&ccedil;on, Cahors)&nbsp;; les officines de fabrication de faux-papiers sont &eacute;galement &eacute;voqu&eacute;es (Besan&ccedil;on, Nantua).</span></span></span></span></span></p> <h2>Une sociologie &eacute;clat&eacute;e o&ugrave; le masculin l&rsquo;emporte</h2> <p>Au<span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> travers de ces diff&eacute;rentes &eacute;vocations, ce sont diff&eacute;rentes cat&eacute;gories de personnes qui apparaissent&nbsp;: ainsi les ouvriers et les mineurs &agrave; l&rsquo;occa</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">sion des gr&egrave;ves &eacute;voqu&eacute;es. Mais aussi de nombreux militaires (particuli&egrave;rement &agrave; Grenoble, Nantua, Morette), des intellectuels&nbsp;tels que Marc Bloch, le h&eacute;ros de la nouvelle exposition du CHRD de Lyon&nbsp;; sont &eacute;galement mis &agrave; l&rsquo;honneur des croyants &mdash;&nbsp;le r&ocirc;le pionnier de l&rsquo;&eacute;quipe de <i>T&eacute;moignage chr&eacute;tien</i> est souvent mentionn&eacute;, ainsi &agrave; Champigny, Lyon. Grenoble indique que des <i>&laquo;&nbsp;repr&eacute;sentants des &Eacute;glises prennent position contre la discrimination raciale&nbsp;&raquo;</i>. Le visage rayonnant du futur abb&eacute; Pierre y est &eacute;galement expos&eacute;. Partout, les jeunes gens sont tr&egrave;s majoritaires. Et cette surrepr&eacute;sentation souligne encore le faible nombre de figures f&eacute;minines pr&eacute;sentes dans ce panth&eacute;on. Aucune femme ne figure dans les organigrammes de la R&eacute;sistance pr&eacute;sents dans de nombreux mus&eacute;es. Somme toute, cette absence correspond &agrave; la r&eacute;alit&eacute; historique, les cas d&rsquo;une Lucie Aubrac ou d&rsquo;une Marie-Madeleine Fourcade &eacute;tant tout &agrave; fait exceptionnels. Pour autant, affirmer que l&rsquo;histoire de la R&eacute;sistance dans les mus&eacute;es se r&eacute;sume &agrave; une histoire d&rsquo;hommes&nbsp;serait certainement exag&eacute;r&eacute;. Peu de mus&eacute;es ont oubli&eacute; de faire une place aux femmes&nbsp;; en cela ils sont en phase avec l&rsquo;&eacute;volution de la soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise pour partie acquise aux revendications f&eacute;ministes mais aussi avec l&rsquo;historiographie qui a r&eacute;cem</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ment &eacute;clair&eacute; et r&eacute;&eacute;valu&eacute; le r&ocirc;le des femmes dans la soci&eacute;t&eacute; et particuli&egrave;rement dans la R&eacute;sistance<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><b><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></b></a>. Ceci &eacute;tant, il reste &agrave; examiner pr&eacute;cis&eacute;ment comment est expos&eacute; ce r&ocirc;le dans les mus&eacute;es. Denain,&nbsp;pour sa part, rend un hommage appuy&eacute; aux &laquo;&nbsp;femmes dans la r&eacute;sistance&nbsp;&raquo; mais sur 115&nbsp;visages de r&eacute;sistants expos&eacute;s sur les panneaux pr&eacute;sentant les <i>&laquo;&nbsp;composantes de la r&eacute;sistance&nbsp;&raquo;</i>, on ne d&eacute;nombre que&hellip; 5&nbsp;visages de femmes&nbsp;; Cahors appelle lui aussi &agrave; se souvenir&nbsp;des <i>&laquo;&nbsp;femmes dans la R&eacute;sistance&nbsp;: Elles furent 19, dans le Lot, &agrave; recevoir la Prestigieuse M&eacute;daille de la R&eacute;sistance&hellip; <b>19&nbsp;!!</b> Mais elles furent 100&nbsp;! Mais elles furent 1&nbsp;000&nbsp;! Mais elles furent bien plus encore, les <b>femmes</b> de <b>chez nous</b>, &agrave; se battre <b>avec nous, pour nous</b>, et, <b>n&rsquo;oubliez jamais</b>&hellip; pour <b>vous</b> qui nous lisez, pour que nous soyons <b>libres&hellip; aujourd&rsquo;hui et&hellip; demain&nbsp;!</b>&hellip;&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><b><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></b></a> Fort peu sont cit&eacute;es en tant que membres actifs de r&eacute;seaux&nbsp;ou maquis&nbsp;mais Grenoble perp&eacute;tue le souvenir de Marie Reynoard, un moment chef de la section is&eacute;roise du mouvement Combat, et reconstitue son appartement, si&egrave;ge de la r&eacute;union fondatrice&nbsp;; Limoges se souvient de Th&eacute;r&egrave;se Menot, ou encore de Denise Decossas qui abrita dans son appartement une imprimerie clandestine&nbsp;; Romans honore Paulette Seguret faite officier de la L&eacute;gion d&rsquo;honneur et d&eacute;cor&eacute;e par le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle pour ses actions dans la R&eacute;sistance le 14&nbsp;juillet&hellip; 1973 seulement. Tergnier est le seul &agrave; pr&eacute;senter une femme en arme&nbsp;: avec cette l&eacute;gende qui signifie &agrave; quel point ce type d&rsquo;engagement resta exceptionnel&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;cette femme arm&eacute;e et casqu&eacute;e symbolise le courage des femmes engag&eacute;es dans la r&eacute;sistance&nbsp;&raquo;&nbsp;</i>; produisant un contraste saisissant, sa veste d&rsquo;homme laisse appara&icirc;tre une robe fleurie. Cette photographie laisse soup&ccedil;onner le montage r&eacute;trospectif&hellip; Quoi qu&rsquo;il en soit, en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, les femmes de la R&eacute;sistance apparaissent cantonn&eacute;es aux t&acirc;ches de liaison (Nantua&nbsp;; Limoges se souvient de Gabrielle Sarre), d&rsquo;infirmerie (Romans rend ainsi hommage &agrave; Odette Malossane, captur&eacute;e &agrave; la grotte de la Luire et morte &agrave; Ravensbr&uuml;ck), de secr&eacute;tariat (Daisy Martin et Genevi&egrave;ve Fassin-Rivi&egrave;re au CHRD de Lyon), de renseignement, de convoyage et de passage&nbsp;; l&rsquo;exposition de Nantua fait preuve d&rsquo;originalit&eacute; en mettant en sc&egrave;ne une femme imprimeur. Mais peu apr&egrave;s, une sc&egrave;ne d&rsquo;int&eacute;rieur est reconstitu&eacute;e&nbsp;o&ugrave; l&rsquo;on voit une femme qui tricote pendant qu&rsquo;une autre r&egrave;gle un poste radio&hellip; Il est exact qu&rsquo;un certain nombre ont concouru au ravitaillement des maquis ne d&eacute;rogeant ainsi pas aux t&acirc;ches dites &laquo;&nbsp;m&eacute;nag&egrave;res&nbsp;&raquo;&nbsp;; la nouvelle exposition de Limoges pr&eacute;cise &agrave; ce sujet&nbsp;: <i><span style="letter-spacing:-.05pt">&laquo;&nbsp;Les femmes jouent un r&ocirc;le essentiel dans la r&eacute;sistance maquisarde. Elles fournissent des repas chauds et entretiennent le linge, soutenant ainsi les jeunes recrues&hellip;&nbsp;&raquo; </span></i><span style="letter-spacing:-.05pt">Au total, on le voit, ces repr&eacute;sentations mus&eacute;ales restituent assez parfaitement &laquo;&nbsp;les formes prises par la R&eacute;sistance des femmes [qui] reproduisirent dans l&rsquo;ensemble la division sexuelle du travail&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><b><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></b></a>. Limoges consacre d&rsquo;ailleurs une part de sa toute nouvelle exposition &agrave; <i>&laquo;&nbsp;la mode et aux magazines f&eacute;minins&nbsp;&raquo;</i>, ce qui tranche quelque peu par rapport &agrave; l&rsquo;exposition ant&eacute;rieure<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><b><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></b></a>. Au CHRD de Lyon, c&rsquo;est &agrave; une femme, Andr&eacute;e Gaillard, <i>&laquo;&nbsp;4 ans en 1940&nbsp;&raquo;</i>, qu&rsquo;il revient d&rsquo;&eacute;voquer le <i>&laquo;&nbsp;rationnement&nbsp;&raquo;</i>&hellip; Est-ce encore le fruit du hasard ou la pesanteur de nos repr&eacute;sentations genr&eacute;es&nbsp;? Et puis les femmes apparaissent surtout sous le statut de vic</span>time&nbsp;; ainsi &agrave; Cahors, o&ugrave; le martyre des femmes r&eacute;sistantes arr&ecirc;t&eacute;es est amalgam&eacute; &agrave; ceux des femmes d&eacute;port&eacute;es pour motif racial et des victimes civiles de la barbarie nazie (Oradour-sur-Glane)&nbsp;; &agrave; Cahors &eacute;galement, sont assez lourdement comm&eacute;mor&eacute;es les <i>&laquo;&nbsp;<b>Femmes </b>de <b>fusill&eacute;, m&egrave;res de fusill&eacute;, filles de fusill&eacute;, </b>Qui sait leurs cauchemars tout au long d&rsquo;une vie&nbsp;? Qui peut imaginer l&rsquo;atroce d&eacute;chirure qu&rsquo;elles portent au c&oelig;ur, encore aujourd&rsquo;hui&nbsp;? <b>Femmes de d&eacute;port&eacute;, m&egrave;res de d&eacute;port&eacute;, filles de d&eacute;port&eacute;&hellip; </b></i>[&hellip;] <b><i>Femmes de combattants, m&egrave;res de combattants, filles de combattants&hellip;</i></b><i>&nbsp;&raquo;</i> Par ailleurs, Cahors se distingue par l&rsquo;hommage rendu aux m&eacute;decins qui ont aid&eacute; la R&eacute;sistance&nbsp;; ce mus&eacute;e est encore l&rsquo;un des seuls, avec celui de Saint-Brisson et celui de Limoges, &agrave; saluer express&eacute;ment l&rsquo;aide cruciale apport&eacute;e &agrave; la R&eacute;sistance par les paysans&hellip; Celui de Saint-Brisson, dans le Morvan, fait une br&egrave;ve allusion aux &laquo;&nbsp;campagnes&nbsp;&raquo; devenues lieux de refuge pour des r&eacute;fractaires au STO, des r&eacute;sistants en fuite et les familles juives traqu&eacute;es&nbsp;; concernant ces derni&egrave;res, le mus&eacute;e s&rsquo;approprie d&rsquo;ailleurs le <span style="letter-spacing:.1pt">terme de &laquo;&nbsp;justes&nbsp;&raquo; pour qualifier de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rique les sauveteurs de J</span><span style="letter-spacing:.05pt">uifs dans leur ensemble, ce qui t&eacute;moigne de la place acquise dans la m&eacute;moire du second conflit mondial de cette figure cr&eacute;&eacute;e en 1953 par l&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;Isra&euml;l et plus g&eacute;n&eacute;ralement de la destruction des Juifs d&rsquo;Europe de plus en plus fr&eacute;quemment &eacute;voqu&eacute;e au travers du camp devenu embl&eacute;matique de cette trag&eacute;die, Auschwitz-Birkenau<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><b><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></b></a>. De fait, plusieurs mus&eacute;es de facture r&eacute;cente rendent hommage aux Justes de leur d&eacute;partement&nbsp;: Limoges pour la Haute-Vienne, Grenoble pour l&rsquo;Is&egrave;re&nbsp;; ce dernier est aussi celui qui fait la plus large place aux hommes et aux femmes, ces &laquo;&nbsp;justes&nbsp;&raquo; sans doute &agrave; jamais m&eacute;connus et qui, sans &ecirc;tre titulaires du titre honorifique d&eacute;cern&eacute; par l&rsquo;Institut Yad Vashem de J&eacute;rusalem ont n&eacute;anmoins &oelig;uvr&eacute; &agrave; titre individuel ou au sein d&rsquo;organisations telle que la Cimade, au sauvetage des Juifs traqu&eacute;s en leur donnant refuge ou en facilitant leur mise &agrave; l&rsquo;abri hors du territoire &mdash;&nbsp;la France est avec l&rsquo;Italie l&rsquo;un des pays &agrave; avoir la proportion la plus forte de Juifs sur</span>vivants<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><b><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></b></a>. Dans le prolongement de l&rsquo;analyse de ces &eacute;l&eacute;ments narratifs, on peut encore se demander si les Juifs pour leur part sont uniquement repr&eacute;sent&eacute;s en tant que victimes. De ce point de vue, une inflexion se fait jour dans les mus&eacute;es dits de seconde g&eacute;n&eacute;ration ayant refondu leur exposition dans les ann&eacute;es 1980-90 pour inscrire &eacute;galement des Juifs dans la R&eacute;sistance et ne pas les cantonner au seul statut de &laquo;&nbsp;victime passive&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est notamment le cas &agrave; Grenoble et &agrave; Besan&ccedil;on. Dans un panneau intitul&eacute; <i>&laquo;&nbsp;Tous unis dans un combat commun&nbsp;&raquo;</i> le second cite des ouvriers, des femmes, des intellectuels, des Juifs, des &eacute;trangers. Ces derniers sont notamment &eacute;voqu&eacute;s &agrave; Nantua, ou encore &agrave; Lyon qui rappelle le souvenir des FTP-MOI du groupe Carmagnole sans toutefois indiquer explicitement le r&ocirc;le &eacute;minent jou&eacute; par les Juifs<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><b><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></b></a>. L&rsquo;exposition de Grenoble est encore plus pr&eacute;cise sur ce point et titre&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;&Ecirc;tre Juif et</i></span></span><br /> <i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">r&eacute;sister. Directement issues de la communaut&eacute; juive, des organisations, <span style="letter-spacing:-.1pt">nombreuses en Is&egrave;re, peuvent &ecirc;tre regroup&eacute;es selon trois objectifs&nbsp;: l&rsquo;aide sociale et le secours aux enfants, la sauvegarde de la religion, de la tradition et de la m&eacute;moire juive et la lutte arm&eacute;e&hellip;&nbsp;&raquo;</span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> Un peu plus loin, le mus&eacute;e &eacute;voque les FTP-MOI&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;(Francs tireurs et partisans-Main d&rsquo;&oelig;uvre immigr&eacute;e). Issue du Parti communiste [&hellip;]. En ao&ucirc;t&nbsp;1942, les FTP-MOI sont organis&eacute;s en vue de la lutte arm&eacute;e (sabotage, gu&eacute;rilla urbaine) [&hellip;]. Sont principalement compos&eacute;s de combattants polonais, hongrois, roumains et italiens, pour la plupart juifs. [&hellip;] Le groupe Libert&eacute;, &agrave; Grenoble, est l&rsquo;auteur d&rsquo;un nombre impressionnant d&rsquo;attentats et de sabotages, tout particuli&egrave;rement de septembre 1943 &agrave; mars 1944.&nbsp;&raquo;</i>. L&rsquo;exposition rappelle entre autres l&rsquo;engagement de Nelly Waltzman, n&eacute;e en Belgique de parents juifs polonais ou encore celui de Marianne Cohn, militante des Jeunesses sionistes de la zone sud et fusill&eacute;e en juillet 1944 (</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&eacute;galement comm&eacute;mor&eacute;e &agrave; Morette)&hellip; </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">R&eacute;sistantes, juives et femmes.</span></span></span></span></span></p> <h2>Question de datation&nbsp;: les &laquo;&nbsp;entr&eacute;es en r&eacute;sistance &raquo;&nbsp;</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Quelles que soient les formes rev&ecirc;tues concurremment et/ou successivement par la R&eacute;sistance, on retiendra &eacute;galement leur grande concordance avec l&rsquo;agenda de la guerre mondiale scand&eacute; par de &laquo;&nbsp;grandes dates-cl&eacute;s&nbsp;&raquo; telles que celles du 18 juin 1940, du 22 juin 1941, du 6 juin 1944, etc. Nettement, la datation des &laquo;&nbsp;entr&eacute;es en r&eacute;sistance&nbsp;&raquo; constitue le premier point d&eacute;licat de toute exposition&nbsp;: en effet, les rep&egrave;res chronologiques retenus (ou pas) structurent le contenu du r&eacute;cit mus&eacute;al&nbsp;; et tout d&eacute;pend si l&rsquo;on aborde la r&eacute;sistance &laquo;&nbsp;d&rsquo;en haut&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire du point de vue des institutions ou des organisations que sont notamment les partis, les syndicats, l&rsquo;arm&eacute;e ou des mouvements progressivement institutionnalis&eacute;s comme celui de la France Libre, ou &laquo;&nbsp;d&rsquo;en bas&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire du point de vue des individus, des groupes plus ou moins informels souvent r&eacute;v&eacute;l&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes, progressivement, par les circonstances. Au-del&agrave; des liens &eacute;vidents pouvant exister entre les multiples formes de r&eacute;sistance et l&rsquo;agenda de la guerre mondiale, quelle place est faite aux uns et aux autres<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><b><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></b></a>&nbsp;? Tr&egrave;s clairement, l&rsquo;int&eacute;gration au petit groupe h&eacute;ro&iuml;que des &laquo;&nbsp;premiers r&eacute;sistants&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas sans port&eacute;e politique et sociale durant les d&eacute;cennies qui suivent tant l&rsquo;ant&eacute;riorit&eacute; du geste se r&eacute;v&egrave;le gage de capital symbolique, social et politique pour l&rsquo;apr&egrave;s-guerre<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><b><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></b></a>. De ce point de vue, la prime est emport&eacute;e par les Fran&ccedil;ais Libres et leur chef. Dans la m&eacute;moire fran&ccedil;aise telle qu&rsquo;expos&eacute;e dans les mus&eacute;es visit&eacute;s &mdash;&nbsp;comme d&rsquo;ailleurs dans nos manuels scolaires&nbsp;&mdash;, l&rsquo;Appel du 18 juin 1940 marque g&eacute;n&eacute;ralement la date du refus premier, significatif et public de la d&eacute;faite et de l&rsquo;Occupation, <i>&laquo;&nbsp;l&rsquo;aube de la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;</i> selon les termes employ&eacute;s &agrave; Nantua&nbsp;; Cahors affiche l&rsquo;Appel &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur pr&egrave;s de l&rsquo;entr&eacute;e. Grenoble qui cultive son approche didactique pr&eacute;cise&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les FFL </i>[sont]<i> des r&eacute;sistants fran&ccedil;ais qui se battent contre l&rsquo;Allemagne &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de la France&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;Des quatre coins du monde, des Fran&ccedil;ais rallient la France Libre&nbsp;&raquo;</i>&hellip; Au passage, notons que Champigny se distingue en mettant sur le m&ecirc;me plan l&rsquo;Appel du 18 juin et l&rsquo;appel du </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Parti Communiste fran&ccedil;ais (</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">PCF) lanc&eacute; au &laquo;&nbsp;Peuple de France&nbsp;&raquo; en juillet 1940, un parall&egrave;le pour le moins hasardeux tant la ligne politique du parti &eacute;tait alors schizophr&egrave;ne<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><b><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></b></a>. Pour autant, dans tous les mus&eacute;es consid&eacute;r&eacute;s, &agrave; l&rsquo;exception notoire et assez incompr&eacute;hensible de celui de Royallieu-Compi&egrave;gne, cette date du 18 juin ne fait pas probl&egrave;me et est g&eacute;n&eacute;ralement rappel&eacute;e&nbsp;comme <i>la</i> date, <i>de facto</i>, du d&eacute;but de la R&eacute;sistance organis&eacute;e depuis Londres par le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle, cr&eacute;ateur de la France Libre<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><b><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></b></a>. </span></span></span></span></span></p> <h2>L&rsquo;&eacute;pine dans le pied m&eacute;moriel des communistes</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Concernant la r&eacute;sistance int&eacute;rieure, particuli&egrave;rement communiste, la question est en revanche beaucoup plus d&eacute;licate compte tenu du r&ocirc;le primordial mais aussi fortement controvers&eacute; jou&eacute; par le PCF &agrave; la veille de la guerre et au tout d&eacute;but de celle-ci. Il est n&eacute;cessaire de rappeler ici que le PCF, tout au moins sa direction nationale et la plupart de ses cadres se sentirent &mdash;&nbsp;jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;invasion de l&rsquo;URSS par les arm&eacute;es d&rsquo;Hitler le 22&nbsp;juin 1941&nbsp;&mdash; tenus envers les troupes d&rsquo;occupation &agrave; la r&eacute;serve impos&eacute;e &agrave; tous les partis inf&eacute;od&eacute;s &agrave; Moscou par le Pacte de non-agression germano-sovi&eacute;tique du 23&nbsp;ao&ucirc;t 1939<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><b><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></b></a>. De fait, bien peu de mus&eacute;es fran&ccedil;ais oublient de mentionner la signature du Pacte germano-sovi&eacute;tique, v&eacute;ritable &eacute;pine politique dans le pied m&eacute;moriel des communistes<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><b><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></b></a>&nbsp;; mais il y a plusieurs mani&egrave;res de le faire. Certains, comme le Mus&eacute;e de Morette, &eacute;tablissent un lien direct pour ne pas dire causal entre cette signature et l&rsquo;implication de la France dans la guerre cons&eacute;cutive &agrave; l&rsquo;invasion de la Pologne par les arm&eacute;es d&rsquo;Hitler&nbsp;; il n&rsquo;est pas le seul&nbsp;: &agrave; Grenoble, le rappel du Pacte a beau &ecirc;tre pr&eacute;c&eacute;d&eacute; par celui de </span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;l&rsquo;acceptation du d&eacute;membrement de la Tch&eacute;coslovaquie&nbsp;&raquo;</span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> par la France et la Grande-Bretagne, il est bien cens&eacute; avoir permis &agrave; Hitler, <i>&laquo;&nbsp;ainsi prot&eacute;g&eacute; &agrave; l&rsquo;est&nbsp;&raquo;</i>, d&rsquo;<i>&laquo;&nbsp;engager la guerre &agrave; l&rsquo;ouest&nbsp;&raquo;</i>. Le m&ecirc;me nouement causal se retrouve &agrave; Toulouse. Pourtant, ainsi que l&rsquo;illustrent d&rsquo;autres expositions, d&rsquo;autres mises en contexte de la signature de ce document important sont possibles&nbsp;: ainsi au Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance nationale de Champigny, dont la cr&eacute;ation doit beaucoup aux anciens r&eacute;sistants communistes et &agrave; leurs associa</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">tions, une photographie montre Ribbentrop et Molotov signant le Pacte sous l&rsquo;&oelig;il de Staline&nbsp;; mais, fort significativement, elle est encadr&eacute;e par un jeu de photographies illustrant toutes les autres signatures de pactes du m&ecirc;me type r&eacute;alis&eacute;es ant&eacute;rieurement par tous les pays voisins de l&rsquo;URSS&hellip;&nbsp;; dans le m&ecirc;me ordre d&rsquo;id&eacute;es peuvent aussi &ecirc;tre relev&eacute;es certaines absences&nbsp;: aucun des mus&eacute;es visit&eacute;s ne mentionne ni l&rsquo;accord franco-allemand de non-agression du 6 d&eacute;cembre 1938<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><b><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></b></a>, gage d&rsquo;apaisement entre les deux nations, ni les atermoiements des &laquo;&nbsp;d&eacute;mocraties&nbsp;&raquo; fran&ccedil;aise et britannique devant l&rsquo;offre d&rsquo;alliance propos&eacute;e par Staline &agrave; la France et &agrave; la Grande-Bretagne en avril 1939, offre encore discut&eacute;e, non-accept&eacute;e sans &ecirc;tre repouss&eacute;e dans les jours d&eacute;cisifs d&rsquo;ao&ucirc;t 1939&hellip; &Agrave; nouveau, seul Champigny se distingue en faisant une br&egrave;ve allusion &agrave; ces n&eacute;gociations qui s&rsquo;apparent&egrave;rent surtout &agrave; un jeu de poker menteur. Notons que ce mus&eacute;e est aussi le seul du corpus &agrave; rappeler que <i>&laquo;&nbsp;Le gouvernement Daladier fait pr&eacute;parer la guerre contre l&rsquo;URSS&nbsp;&raquo; </i>et &agrave; exposer des<i> &laquo;&nbsp;[&hellip;] extraits des projets d&rsquo;attaque dress&eacute;s par l&rsquo;&eacute;tat-major, </i></span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">22 f&eacute;vrier 40&nbsp;&raquo;</span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">. Grenoble, Toulouse et Limoges rappellent aussi que la r&eacute;pression contre les communistes d&eacute;buta d&egrave;s septembre 1939 avec les &laquo;&nbsp;d&eacute;crets Daladier&nbsp;&raquo;&hellip; Par ailleurs, si le Mus&eacute;e de Besan&ccedil;on &eacute;voque lui aussi le Pacte, il est un des rares &agrave; y adjoindre la transcription des articles&nbsp;1 et&nbsp;2 du fameux &laquo;&nbsp;protocole secret&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><b><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></b></a> r&eacute;glant le sort et le partage de la Pologne entre les deux signataires&nbsp;; mais il ne manque pas d&rsquo;inscrire le Pacte dans le temps diplomatique long et &eacute;voque de fa&ccedil;on circonstanci&eacute;e les accords de Munich et leurs cons&eacute;quences d&eacute;sastreuses. L&rsquo;exposition de Romans, qui est, rappelons-le, la plus ancienne du corpus rassembl&eacute; (1974), indique &eacute;galement la <i>&laquo;&nbsp;signature du Pacte de non-agression entre l&rsquo;Union sovi&eacute;tique et l&rsquo;Allemagne pr&eacute;voyant le partage de la Pologne, l&rsquo;annexion sovi&eacute;tique de la Lettonie, de l&rsquo;Estonie, de la Lituanie et de la Finlande&nbsp;&raquo;</i>. Mais contrairement &agrave; celle de Besan&ccedil;on, elle le fait avec des accents un peu dat&eacute;s et sentant bon la Guerre froide, reprenant &agrave; son compte cette expression issue d&rsquo;un ouvrage d&rsquo;historien&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La France, sentinelle sacrifi&eacute;e du monde atlantique&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><b><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></b></a>&hellip; &Agrave; Nantua, le Pacte est signal&eacute; pour souligner l&rsquo;attitude paradoxale du </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Parti communiste fran&ccedil;ais qui d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; d&eacute;nonce <i>&laquo;&nbsp;une guerre imp&eacute;rialiste qui ne concerne pas les ouvriers&nbsp;&raquo;</i> et en m&ecirc;me temps <i>&laquo;&nbsp;pr&ocirc;ne la lib&eacute;ration du territoire national. [&hellip;] L&rsquo;invasion de l&rsquo;URSS clarifie sa position&nbsp;&raquo;</i>. Dans la nouvelle exposition de Limoges appara&icirc;t ce panneau intitul&eacute; <i>&laquo;&nbsp;<b>La lutte contre l&rsquo;ennemi int&eacute;rieur.</b> Le r&eacute;gime p&eacute;tainiste entend lutter contre l&rsquo;ennemi int&eacute;rieur fran&ccedil;ais, en pourchassant Juifs, communistes et francs-ma&ccedil;ons. Entam&eacute;e par le gouvernement Daladier suite au Pacte germano-sovi&eacute;tique, la traque des communistes est facilit&eacute;e par la strat&eacute;gie du PCF qui, tout en d&eacute;non&ccedil;ant l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais, m&eacute;nage de longs mois l&rsquo;Allemagne hitl&eacute;rienne [&hellip;]. <b>La strat&eacute;gie du PCF.</b> Suivant les consignes de Moscou, le Parti communiste fran&ccedil;ais s&rsquo;abstient jusqu&rsquo;en 1941 de condamner l&rsquo;Allemagne nazie, appelant m&ecirc;me les travailleurs parisiens &agrave; fraterniser avec l&rsquo;occupant, n&eacute;gociant avec Otto Abetz la reparution de </i>L&rsquo;Humanit&eacute;<i>. Critiquant en revanche Vichy, il privil&eacute;gie l&rsquo;action revendicative, men&eacute;e tant dans les entreprises que dans les municipalit&eacute;s&hellip;&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Bien s&ucirc;r, et bien que la lutte engag&eacute;e par le PCF contre le r&eacute;gime de Vichy ne puisse &ecirc;tre r&eacute;duite &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;action revendicative&nbsp;&raquo;, tout est vrai dans ce que disent ces diff&eacute;rents mus&eacute;es. Pour autant, le rappel de faits r&eacute;els sans mise en perspective ne suffit pas &agrave; produire un r&eacute;cit conforme &agrave; la r&eacute;alit&eacute; sociale et politique du moment. Les communistes ont bien &eacute;t&eacute; parmi les premiers &agrave; combattre Vichy qui le lui rendait bien&hellip; Ne se sentaient-ils pas un peu seuls alors&nbsp;? Observons au passage que bien peu de narrations ont pris le m&ecirc;me soin &agrave; d&eacute;cortiquer le r&ocirc;le longtemps trouble d&rsquo;une autre internationale, l&rsquo;&Eacute;glise de Rome et ses cadres fran&ccedil;ais&hellip; Besan&ccedil;on&nbsp;est un des seuls &agrave; pr&eacute;ciser que&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Jusqu&rsquo;aux arrestations massives des Juifs en 1942, l&rsquo;&eacute;piscopat fran&ccedil;ais constitue l&rsquo;un des principaux soutiens de la R&eacute;volution Nationale et du Mar&eacute;chal P&eacute;tain&nbsp;&raquo;</i>. Et alors que cette question &eacute;tait fermement abord&eacute;e dans la pr&eacute;c&eacute;dente exposition du CHRD de Lyon, elle a quasiment disparu de la nouvelle&hellip; Tel n&rsquo;est pas le cas &agrave; Grenoble ou encore &agrave; Toulouse, si&egrave;ge il est vrai de l&rsquo;archev&ecirc;ch&eacute; tenu par Mgr&nbsp;Sali&egrave;ge, l&rsquo;auteur de la fameuse lettre pastorale condamnant les pers&eacute;cutions antis&eacute;mites en ao&ucirc;t&nbsp;1942. Toulouse et Cahors exposent la lettre et sa copie. On s&rsquo;aper&ccedil;oit donc qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui, il est des &laquo;&nbsp;compromissions&nbsp;&raquo; moins condamnables qu&rsquo;hier. Pourtant, le long silence de l&rsquo;&Eacute;glise de France, comme le r&eacute;veil tardif de certains pr&eacute;lats, n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; sans effet sur le comportement des Fran&ccedil;ais. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au total, et si l&rsquo;on n&rsquo;y prend garde, la r&eacute;duction du r&ocirc;le des communistes &agrave; celui de son organisation partisane pourrait d&eacute;boucher sur l&rsquo;occultation du souvenir des militants communistes, qui, &agrave; titre individuel &ndash;&nbsp;et comme beaucoup d&rsquo;autres personnes qui d&rsquo;ailleurs n&rsquo;avaient aucun lien avec un quelconque parti&nbsp;&ndash;<span style="letter-spacing:.1pt"> sont entr&eacute;s en r&eacute;sistance et dans la clandestinit&eacute; bien avant l&rsquo;invasion de l&rsquo;URSS. Disons d&rsquo;embl&eacute;e qu&rsquo;une telle occultation ne pouvait avoir lieu &agrave; Limoges o&ugrave; le h&eacute;ros local, maquisard particuli&egrave;rement pr&eacute;coce et lib&eacute;rateur du Limousin, est absolument incontournable, bien que communiste&nbsp;; mais c&rsquo;est l&agrave; o&ugrave; la notion de discours &laquo;&nbsp;en mode majeur&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;en mode mineur&nbsp;&raquo; s&rsquo;av&egrave;re particuli&egrave;rement utile au d&eacute;cryptage&nbsp;; en mode majeur, par leurs gros titres et leurs panneaux d&rsquo;information g&eacute;n&eacute;rale, les mus&eacute;es proposent g&eacute;n&eacute;ralement ce qu&rsquo;ils consid&egrave;rent eux-m&ecirc;mes comme les lignes de force de leur r&eacute;cit et du message qu&rsquo;ils souhaitent transmettre&nbsp;; le panneau cit&eacute; plus haut se rattache &agrave; ce mode de discours en mode majeur, qui ici stigmatise l&rsquo;attitude du PCF&nbsp;; mais, en d&eacute;pit de cette focalisation de l&rsquo;attention du visiteur sur l&rsquo;attitude de</span> la direction du parti, de nombreux contrepoints sont bien pr&eacute;sents sous forme de panneaux consacr&eacute;s &agrave; quelques personnalit&eacute;s marquantes, rapportant des anecdotes et des faits de port&eacute;e limit&eacute;e ou locale&nbsp;; de proche en proche, et pour qui prend le temps est ainsi distill&eacute; un discours en mode mineur&nbsp;venant compl&eacute;ter et nuancer le propos majeur qui par fonction et vis&eacute;e &eacute;ditoriale peut sembler trop souvent simplificateur<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><b><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></b></a>&nbsp;; comme l&rsquo;explique l&rsquo;un des deux co-auteurs lors de l&rsquo;inauguration de la nouvelle exposition&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;[&hellip;] Le mus&eacute;e veut rendre compte de la complexit&eacute; de la p&eacute;riode&nbsp;: tous les communistes n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; des r&eacute;sistants de la premi&egrave;re heure, des &eacute;lus socialistes ont vot&eacute; les plein pouvoirs &agrave; P&eacute;tain, une partie de la droite s&rsquo;est reconnue dans le Mar&eacute;chal&hellip;&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><b><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></b></a>&nbsp;; aussi apprend-on &agrave; Limoges qu&rsquo; <i>&laquo;&nbsp;En ao&ucirc;t 1940, Georges Guingouin, instituteur &agrave; Saint-Gilles-les-For&ecirc;ts, r&eacute;dige un ˝Appel &agrave; la lutte˝. [&hellip;] il entend d&rsquo;abord expliquer la situation aux militants communistes d&eacute;sorient&eacute;s par le Pacte germano-sovi&eacute;tique. Mais il appelle aussi &agrave; la R&eacute;sistance. Se r&eacute;v&egrave;le un leader de premier plan qui entend imm&eacute;diatement entamer la lutte contre ˝P&eacute;tain, vieillard revenu en enfance˝.&nbsp;&raquo;</i> Le panneau suivant pr&eacute;cise encore&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Le premier maquisard. Georges Guingouin a reconstitu&eacute; le r&eacute;seau communiste du secteur d&rsquo;Eymoutiers et r&eacute;cup&eacute;r&eacute; le mat&eacute;riel d&rsquo;impression dissimul&eacute; suite &agrave; l&rsquo;interdiction du PCF. Il imprime plusieurs tracts &agrave; la ron&eacute;o et fournit des papiers aux militants recherch&eacute;s. En f&eacute;vrier 1941, menac&eacute;, il passe &agrave; la clandestinit&eacute; et se r&eacute;fugie &agrave; la ferme du Mouret chez les Bourdarias. Il finit par prendre le maquis devenant pour les uns ˝le fou qui vit dans les bois˝, pour les autres le ˝premier maquisard˝.&nbsp;&raquo;</i> Il est amusant de constater que sur aucun support Guingouin n&rsquo;est lui-m&ecirc;me qualifi&eacute; de militant communiste&nbsp;! Sans doute, les habitants de la r&eacute;gion &ndash;&nbsp;d&rsquo;un certain &acirc;ge ou plus s&ucirc;rement d&rsquo;un &acirc;ge certain&nbsp;&ndash; connaissent-ils ce fait, mais les plus jeunes, et surtout le visiteur ext&eacute;rieur, doivent le d&eacute;duire de leur lecture suppos&eacute;e continue et attentive. &Eacute;voquant ensuite la <i>&laquo;&nbsp;<b>Naissance de la r&eacute;sistance&nbsp;&raquo;</b></i>, l&rsquo;exposition limougeote indique cinq dates-cl&eacute;s <span style="letter-spacing:.1pt">qui font encore la part belle aux non-communistes, gaullistes notamment&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;ao&ucirc;t 1940&nbsp;: Henri Fresnay pose les bases du mouvement Combat&nbsp;; d&eacute;cembre 1940&nbsp;: Christian Pineau publie le premier num&eacute;ro de Lib&eacute;ration (nord)&nbsp;; 15 mai 1941&nbsp;: Fondation du Front national&nbsp;; 1<sup>er</sup>&nbsp;janvier 1941 (sic)</i><a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><b><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></b></a><i>&nbsp;: Jean Moulin parachut&eacute; en zone sud&nbsp;; novembre 1942&nbsp;: cr&eacute;ation d&rsquo;un comit&eacute; de coordination des mouvements en zone sud&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; deux &laquo;&nbsp;r&eacute;sistances&nbsp;&raquo; sont ensuite distingu&eacute;es&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;[&hellip;] R&eacute;pondant &agrave; l&rsquo;appel du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle, quelques milliers d&rsquo;hommes et de femmes veulent combattre en Angleterre et forment les Forces Fran&ccedil;aises libres (FFL). D&rsquo;autres pr&eacute;f&egrave;rent en revanche lutter en m&eacute;tropole. </i></span><i><span style="letter-spacing:.2pt">Les uns construisent leur action sur le plan militaire, fournissant des renseignements &agrave; Londres, favorisant l&rsquo;&eacute;vasion de soldats alli&eacute;s, sabotant la machine de guerre allemande&nbsp;; les autres privil&eacute;gient une action civile, diffusant une presse d&rsquo;opposition ou prot&eacute;geant les hommes et les femmes que traquent les services r&eacute;pressifs &mdash;&nbsp;Juifs, communistes, socialistes, r&eacute;publicains&hellip; Cette premi&egrave;re r&eacute;sistance <u style="text-underline:black thick">reste </u></span><u style="text-underline:black thick"><span style="letter-spacing:.1pt">cependant ultra-minoritaire</span></u></i><a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31"><b><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">[31]</span></span></sup></b></a><i><span style="letter-spacing:.1pt">. Car si les Fran&ccedil;ais refusent dans leur masse l&rsquo;occupation et la collaboration, beaucoup accordent encore leur confiance au Mar&eacute;chal P&eacute;tain et bien peu sont pr&ecirc;ts &agrave; s&rsquo;engager dans la lutte clandestine.&nbsp;&raquo;</span></i><span style="letter-spacing:.1pt"> Si les mots choisis ont du sens, et ils en ont certainement pour les narrateurs, le souci d&rsquo;imprimer dans les esprits et la m&eacute;moire contemporaine la faiblesse num&eacute;rique des premiers r&eacute;sistants est ici patent&nbsp;et m&eacute;rite &agrave; ce titre d&rsquo;&ecirc;tre relev&eacute;&nbsp;; il correspond en effet assez bien &agrave; la vulgate historiographique d&eacute;crite et d&eacute;nonc&eacute;e notamment par Pierre Laborie, consistant &agrave; d&eacute;mon&eacute;tiser le r&ocirc;le et le nombre des r&eacute;sistants<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32"><b><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></b></a>&nbsp;; sous couvert d&rsquo;historicisation, cette tendance suppose &eacute;galement que tout un chacun(e) avait le choix de s&rsquo;engager, et de prendre les armes. Or, c&rsquo;est un acquis fondamental et d&eacute;j&agrave; ancien des sciences sociales que d&rsquo;avoir montr&eacute; que les &laquo;&nbsp;dissidents actifs&nbsp;&raquo;, et quelles que soient les circonstances, sont toujours une minorit&eacute; proche de 5&nbsp;% des populations concern&eacute;es. La proportion d&rsquo;engagements selon les cat&eacute;gories sociales est en outre &eacute;troitement li&eacute;e &agrave; deux facteurs primordiaux&nbsp;: le c</span>o&ucirc;t de l&rsquo;action pour les individus et leurs proches et le niveau de la domination sociale pesant sur ceux-ci<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33"><b><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></b></a>. Et puis cette interpr&eacute;tation r&eacute;ductionniste sous-estime la port&eacute;e symbolique, l&rsquo;impact social et politique, notamment le retentissement &mdash;&nbsp;sur les consciences anesth&eacute;si&eacute;es par la d&eacute;faite, les deuils, les s&eacute;parations et les difficult&eacute;s de la vie quotidienne&nbsp;&mdash; de ces engagements pr&eacute;coces qui en appel&egrave;rent d&rsquo;autres &agrave; leur suite. Tous les mus&eacute;es n&rsquo;&eacute;prouvent cependant pas cette difficult&eacute; &agrave; dire la part prise par les communistes dans la R&eacute;sistance. Selon Champigny, <i>&laquo;&nbsp;Trois organisations structur&eacute;es&nbsp;&raquo;</i> apparaissent pour la p&eacute;riode 1940-1942&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La France Libre, Le mus&eacute;e de l&rsquo;Homme, le PCF&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; cette affirmation qui se place ici sur le plan institutionnel ne s&rsquo;embarrasse gu&egrave;re de p&eacute;riodisation fine et peut faire probl&egrave;me, selon notamment que l&rsquo;on distingue, ou pas, la r&eacute;sistance &agrave; l&rsquo;occupant et l&rsquo;opposition au r&eacute;gime de Vichy&hellip; Volontairement, Champigny amalgame les deux. Idem &agrave; Cahors pour lequel, les <i>&laquo;&nbsp;Principaux initiateurs de la R&eacute;sistance&nbsp;int&eacute;rieure&nbsp;&raquo; sont&nbsp;: &laquo;&nbsp;Organisation secr&egrave;te Parti communiste&nbsp;; Arm&eacute;e d&rsquo;armistice&nbsp;; Parti socialiste&nbsp;; Parti radical&nbsp;; CNR et Comit&eacute; d&rsquo;action (Comac)&nbsp;&raquo;</i>&hellip; &Agrave; Tergnier, toutefois, le mus&eacute;e &eacute;chappe au discours simplificateur en s&rsquo;attachant &agrave; distinguer l&rsquo;attitude du parti communiste de celle de nombre de ses militants&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Pendant l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1940, le Parti communiste fran&ccedil;ais cherche encore sa voie entre neutralisme, attentisme et opportunisme politique. [&hellip;] Mais beaucoup de membres antifascistes convaincus recr&eacute;ent dans la clandestinit&eacute; des instruments de lutte contre l&rsquo;occupant et le r&eacute;gime de Vichy. D&egrave;s octobre 1940, sous l&rsquo;impulsion de Beno&icirc;t Frachon, Charles Tillon ou encore Rol-Tanguy, l&rsquo;Organisation Sp&eacute;ciale (OS) et des comit&eacute;s populaires se cr&eacute;ent, regroupant des communistes et des syndicalistes.&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; les personnalit&eacute;s communistes cit&eacute;es figurent ici en tant que <i>&laquo;&nbsp;premiers r&eacute;sistants&nbsp;&raquo;</i><b> </b>aux c&ocirc;t&eacute;s du g&eacute;n&eacute;ral Delestraint, de Pierre Brossolette, D&rsquo;Estienne d&rsquo;Orves, Henri Frenay&nbsp;ou encore Boris Vilde, ethnologue au Mus&eacute;e de l&rsquo;Homme&hellip; Selon les r&eacute;gions concern&eacute;es, selon l&rsquo;appartenance id&eacute;ologique des premiers cr&eacute;ateurs de mus&eacute;es, selon surtout les repr&eacute;sentations du parti communiste au<span style="letter-spacing:.1pt">jourd&rsquo;hui dominantes dans notre soci&eacute;t&eacute; et chez les concepteurs des</span> narrations mus&eacute;ales, la place d&eacute;volue aux communistes dans les mus&eacute;es de la R&eacute;sistance varie. De ce point de vue, un cas extr&ecirc;me est ici pr&eacute;sent&eacute; par le mus&eacute;e de Castelnau-le-Lez dont l&rsquo;exposition est enti&egrave;rement d&eacute;di&eacute;e &agrave; La France Libre, &agrave; son chef &ndash;&nbsp;dont le portrait appara&icirc;t plusieurs dizaines de fois tout au long du parcours&nbsp;!&nbsp;&ndash; et aux maquis locaux non-communistes. Il est clair que la teneur des expositions t&eacute;moigne de la persistance de certains clivages politiques locaux parfois plus aigus que les oppositions nationales, et que d&rsquo;autres pass&eacute;s douloureux rejouent sur les cicatrices du pass&eacute; r&eacute;sistant&nbsp;: pour Castelnau, l&rsquo;influence de Robert Bonnafous, premier narrateur v&eacute;ritable du mus&eacute;e, est patente. Cet ancien r&eacute;sistant s&rsquo;engagea apr&egrave;s la Lib&eacute;ration dans l&rsquo;arm&eacute;e, et trouva en Indochine la source d&rsquo;un profond anticommunisme dont l&rsquo;exposition porte la trace, en creux. </span></span></span></span></p> <h2>Autres clivages</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mais une autre question, celle des modes d&rsquo;action, peut &eacute;galement s&rsquo;av&eacute;rer tout aussi clivante jusqu&rsquo;&agrave; nos jours. Fallait-il en effet <i>se contenter</i> de se pr&eacute;parer pour le grand jour de la Lib&eacute;ration promise ou bien fallait-il harceler l&rsquo;ennemi, <span style="letter-spacing:-.2pt">partout, sans attendre un hypoth&eacute;tique d&eacute;barquement, au risque de susciter des mesures de repr&eacute;sailles&nbsp;? Parmi les mus&eacute;es visit&eacute;s, deux mus&eacute;es seulement abordent v&eacute;ritablement cette question mais &agrave; front&nbsp;invers&eacute;&nbsp;: Champigny et Royallieu, </span>deux mus&eacute;es de la banlieue parisienne. Le premier, &eacute;manation d&rsquo;associations d&rsquo;anciens r&eacute;sistants de toute ob&eacute;dience mais &agrave; tr&egrave;s forte repr&eacute;sentation communiste, pose la question en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Attentisme ou action imm&eacute;diate&nbsp;?</i>&nbsp;&raquo;&nbsp;; en-<span style="letter-spacing:.1pt">dessous est pr&eacute;sent&eacute;e une photographie prise au maquis des Gli&egrave;res&nbsp;lors d&rsquo;un lever des couleurs&nbsp;assortie des pr&eacute;cisions suivantes&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les nombreux petits maquis actifs de Haute-Savoie re&ccedil;oivent de Londres l&rsquo;ordre, fin 1943, de se rassembler dans une zone facile &agrave; d&eacute;fendre pour cr&eacute;er un abc&egrave;s de fixation. Cette premi&egrave;re exp&eacute;rience de gros maquis finit tragiquement&nbsp;: 465&nbsp;combattants (AS et FTP) sont d&eacute;cim&eacute;s en mars 1944 par les GMR, les Miliciens et la Wehrmacht r&eacute;unis.&nbsp;&raquo;</i> En-dessous encore, cette remarque r&eacute;v&eacute;lant divergences et ressentiments datant de l&rsquo;&eacute;poque de la guerre&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La r&eacute;sistance manque cruellement d&rsquo;armes&nbsp;; les parachutages sont insuffisants et souvent destin&eacute;s aux organisations attentistes&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; sur le m&ecirc;me panneau figurent <i>&laquo;&nbsp;Deux textes r&eacute;v&eacute;</i></span><i>lateurs de la doctrine attentiste du BCRA&nbsp;: &ldquo;Nous devions &ecirc;tre pr&ecirc;ts pour le Jour J&rdquo; (Le Colonel R&eacute;my &agrave; Pierre Villon, octobre 1942)&nbsp;; &ldquo;L&rsquo;arm&eacute;e secr&egrave;te devait se pr&eacute;parer pour intervenir le Jour J en concordance avec le plan de d&eacute;barquement et &eacute;viter de proc&eacute;der &agrave; des attaques actuelles d&rsquo;objectifs ennemis&rdquo; (Instructions transmises en avril 1943 par le g&eacute;n&eacute;ral Delestraint, chef de l&rsquo;AS, au nom du BCRA)&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; toutefois, une autre critique d&rsquo;ordre strat&eacute;gique perce sous celle de <i>&laquo;&nbsp;l&rsquo;attentisme&nbsp;&raquo;</i> du BCRA&nbsp;: celle de la constitution des <i>&laquo;&nbsp;gros maquis&nbsp;&raquo;</i>, fixes et peu mobiles, con&ccedil;us sur le mod&egrave;le des arm&eacute;es r&eacute;guli&egrave;res. Londres privil&eacute;gia longtemps ce dernier mod&egrave;le qui aboutit notamment aux d&eacute;sastres des Gli&egrave;res, du Vercors et du Mont Mouchet. Notons au passage que le mus&eacute;e de Grenoble dresse, lui aussi, un bilan fort mitig&eacute; des &laquo;&nbsp;camps&nbsp;&raquo; militaris&eacute;s&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La plupart de ces camps ne r&eacute;siste pas &agrave; l&rsquo;hiver 1943-1944.&nbsp;&raquo;</i> Sont <i>a contrario</i> soulign&eacute;es l&rsquo;activit&eacute; et l&rsquo;efficacit&eacute; d&rsquo;autres unit&eacute;s de l&rsquo;Arm&eacute;e secr&egrave;te, les Groupes Francs de l&rsquo;Is&egrave;re, qui harc&egrave;lent l&rsquo;occupant dans les vall&eacute;es, sabotent les infrastructures ferroviaires, et se d&eacute;placent sans cesse afin de peser le moins possible sur les populations civiles, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des charges de ravitaillement ou des risques de repr&eacute;sailles encourus. Beaucoup moins &eacute;quilibr&eacute;e est la pr&eacute;sentation de Royallieu&nbsp;; cr&eacute;&eacute; en partie &agrave; l&rsquo;initiative du s&eacute;nateur-maire Philippe Marini<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34"><b><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></b></a>, celui-ci ne se contente pas de prendre l&rsquo;exact contre-pied de Champigny dont le projet se veut beaucoup plus &oelig;cum&eacute;nique<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35"><b><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></b></a>. Curieusement, apr&egrave;s avoir longuement distrait le visiteur invit&eacute; &agrave; suivre &ndash;&nbsp;images d&rsquo;actualit&eacute; &agrave; l&rsquo;appui, un &eacute;cran par voyage&nbsp;!&nbsp;&ndash; les nombreux d&eacute;placements en province du Mar&eacute;chal P&eacute;tain, mais sans avoir aucunement, jusque-l&agrave;, ni pr&eacute;sent&eacute; les diff&eacute;rentes composantes de la R&eacute;sistance, ni les raisons politiques pour lesquelles des hommes, et notamment des communistes, furent intern&eacute;s, fusill&eacute;s ou d&eacute;port&eacute;s <i>Nacht und Nebel</i>, l&rsquo;exposition passe directement &agrave; ce qui est ici appel&eacute; <i>&laquo;&nbsp;<b>La politique des otages</b></i><a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36"><b><sup><span style="color:black">[36]</span></sup></b></a><i>&nbsp;&raquo;</i>. Un panneau est pourtant intitul&eacute; <i>&laquo;&nbsp;R&eacute;sistance &agrave; l&rsquo;occupant&nbsp;&raquo;</i>, mais il se contente de signaler&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Juillet 1941. Dans une note interne, les Allemands comptabilisent 54&nbsp;&ldquo;actions terroristes&rdquo; pour le seul mois de juillet, signe d&rsquo;une r&eacute;sistance active &agrave; l&rsquo;occupant.&nbsp;&raquo;</i> Cette mention est accompagn&eacute;e d&rsquo;un diagramme allemand emprunt&eacute; aux archives du M&eacute;morial de la Shoah &eacute;tablissant le nombre d&rsquo;attentats et de sabotages comptabilis&eacute;s par le commandement militaire allemand de juillet 1941 &agrave; f&eacute;vrier 1942. Toutefois, ce que l&rsquo;exposition met en exergue, ce sont les attentats communistes et leurs cons&eacute;quences tragiques en termes de repr&eacute;sailles&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;21 ao&ucirc;t 1941. En plein Paris, un sous-officier allemand de la Kriegsmarine, l&rsquo;aspirant Moser, est assassin&eacute;. L&rsquo;aspirant de marine Alfred Moser est tu&eacute; sur le quai de la station de m&eacute;tro Barb&egrave;s-Rochechouart, par un commando dirig&eacute; par Pierre Georges, le futur colonel Fabien&hellip;&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <span style="letter-spacing:.1pt">certes, Royallieu n&rsquo;est pas le seul &agrave; r&eacute;duire les effets des attentats aux repr&eacute;sailles et &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;ex&eacute;cution&nbsp;&raquo; d&rsquo;otages&nbsp;; la nouvelle exposition de Limoges le rejoint sur ce point jusque dans les termes employ&eacute;s. </span>Mais Royallieu va beaucoup loin dans sa volont&eacute; de stigmatiser ce moyen de lutte &ndash;&nbsp;le seul pr&eacute;sent&eacute;&nbsp;&ndash;, ce qui n&rsquo;est pas le cas &agrave; Limoges. &Agrave; Royallieu, la focalisation sur les attentats et leurs suites r&eacute;duit de la mani&egrave;re la plus caricaturale qui soit la &laquo;&nbsp;r&eacute;sistance &agrave; l&rsquo;occupant&nbsp;&raquo; aux seuls attentats communistes inter<span style="letter-spacing:.1pt">venus apr&egrave;s l&rsquo;invasion de l&rsquo;URSS par l&rsquo;Allemagne&nbsp;; dans la section pr&eacute;c&eacute;dente, l&rsquo;exposition fait d&rsquo;ailleurs de cette invasion le &laquo;&nbsp;tournant&nbsp;&raquo; de la lutte men&eacute;e par les occupants second&eacute;s par la police de Vichy contre les communistes. Mais comment comprendre pourquoi les ge&ocirc;les et les camps sont d&eacute;j&agrave; pleins de communistes ou suppos&eacute;s tels destin&eacute;s &agrave; devenir des &laquo;&nbsp;otages&nbsp;&raquo;, si l&rsquo;on n&rsquo;&eacute;voque pas auparavant les activit&eacute;s militantes &ndash;&nbsp;certes visant Vichy prioritairement, mais aussi et de mani&egrave;re croissante l&rsquo;occupant&nbsp;&ndash; qui ont largement pr&eacute;c&eacute;d&eacute; l&rsquo;invasion de l&rsquo;URSS et entra&icirc;n&eacute; le d&eacute;veloppement de la politique r&eacute;pressive&nbsp;? Le mus&eacute;e-m&eacute;morial persiste dans son propos et pr&eacute;f&egrave;re rappeler &laquo;&nbsp;l&rsquo;Avis&nbsp;&raquo; lanc&eacute; &agrave; la population fran&ccedil;aise par le commandement militaire allemand&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] <i>En cas de nouvel acte, un nombre d&rsquo;otages correspondant &agrave; la gravit&eacute; de l&rsquo;acte criminel commis sera fusill&eacute;&hellip;&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; avis non suivi d&rsquo;effet comme on le sait&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Apr&egrave;s un nouvel attentat, </i>[&hellip;]<i> le MBF</i><a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37"><b><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></b></a><i> ordonne l&rsquo;ex&eacute;cution de 3 otages. Hitler veut 100 otages ex&eacute;cut&eacute;s par soldat allemand assassin&eacute;&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; survient alors le rappel d&rsquo;une autre affaire qui concerne d&rsquo;assez loin Royallieu&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les Fran&ccedil;ais choqu&eacute;s. Octobre 1941. L&rsquo;assassinat de deux officiers allemands, &agrave; </i></span><i><span style="letter-spacing:-.1pt">Nantes et &agrave; Bordeaux, marque un tournant d&eacute;cisif dans la politique de r&eacute;pression. Trois r&eacute;sistants communistes venus de Paris assassinent le lieutenant-colonel Holtz &agrave; Nantes, le 20 octobre 1941. Les Allemands rel&egrave;vent 200 noms dans la liste des intern&eacute;s du camp de Choisel, &agrave; Ch&acirc;teaubriant, Loire Atlantique. De leur c&ocirc;t&eacute;, les services du ministre de l&rsquo;int&eacute;rieur du gouvernement de Vichy, Pierre Pucheu, &eacute;tablissent une liste de 61 personnes, des communistes en majorit&eacute;, consid&eacute;r&eacute;es comme les plus dangereuses&nbsp;: 17 des 27</span></i>&nbsp;<i><span style="letter-spacing:-.1pt">otages qui vont &ecirc;tre ex&eacute;cut&eacute;s sont choisis dans cette liste. Parmi les victimes se trouvent Charles Michel, ancien d&eacute;put&eacute; communiste du 15<sup>e</sup>&nbsp;arrondissement de Paris, Jean-Pierre Timbaud, secr&eacute;taire de la F&eacute;d&eacute;ration des m&eacute;taux CGT de la r&eacute;gion parisienne et Guy M&ocirc;quet, jeune militant communiste de 17 ans. Ces fusillades, auxquelles s&rsquo;ajoutent celles ordonn&eacute;es apr&egrave;s l&rsquo;assassinat du conseiller de guerre Reimers, &agrave; Bordeaux, suscitent une grande &eacute;motion dans le pays.&nbsp;&raquo;</span></i><span style="letter-spacing:-.1pt"> S&rsquo;agissait-il pour le concepteur de l&rsquo;exposition<a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38"><b><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></b></a> et son mandataire politique de communier avec le nouveau pr&eacute;sident de la R&eacute;publique d&rsquo;alors, dans son instrumentalisation grossi&egrave;re de la lettre de Guy M&ocirc;quet<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39"><b><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></b></a>&nbsp;? La question peut &ecirc;tre pos&eacute;e puisque la lettre ne manque pas, effectivement, d&rsquo;&ecirc;tre reproduite&hellip; Il est &eacute;galement int&eacute;ressant, au passage, de relever les termes choisis pour d&eacute;crire ces &eacute;v&eacute;nements dramatiques&nbsp;: les occupants tu&eacute;s par les r&eacute;sistants ne sont pas &laquo;&nbsp;ex&eacute;cut&eacute;s&nbsp;&raquo; mais &laquo;&nbsp;assassin&eacute;s&nbsp;&raquo; &ndash; selon les termes m&ecirc;mes de l&rsquo;occupant et de Vichy&nbsp;&ndash; alors que dans le m&ecirc;me temps, les otages ne sont pas &laquo;&nbsp;assassin&eacute;s&nbsp;&raquo; mais &laquo;&nbsp;ex&eacute;cut&eacute;s&nbsp;&raquo; &ndash;&nbsp;encore une fois, selon les termes </span>m&ecirc;mes des oppresseurs<a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40"><b><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></b></a>. La reprise sans pr&eacute;caution de ce vocabulaire pourtant fortement connot&eacute; criminalise et d&eacute;l&eacute;gitime ce type d&rsquo;actions r&eacute;sistantes. On se demande quel peut &ecirc;tre le but poursuivi par ces mauvais jeux de mots et cette r&eacute;duction de la R&eacute;sistance aux seuls attentats individuels. Mais citons encore cette phrase sentencieuse qui suit imm&eacute;diatement la fameuse &laquo;&nbsp;derni&egrave;re lettre&nbsp;&raquo; de Guy M&ocirc;quet&nbsp;:<i> &laquo;&nbsp;Tout en tentant de mobiliser les Fran&ccedil;ais contre l&rsquo;occupant, de Gaulle est n&eacute;anmoins hostile aux attentats individuels visant les Allemands consid&eacute;rant qu&rsquo;ils entra&icirc;nent d&rsquo;inutiles massacres</i>&nbsp;&raquo;&hellip; S&rsquo;exprime ici l<span style="letter-spacing:-.1pt">&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;emploi de la violence n&rsquo;est l&eacute;gitime qu&rsquo;&agrave; condition d&rsquo;&ecirc;tre autoris&eacute;e par les institutions et ceux qui pr&eacute;tendent les repr&eacute;senter. Ce point de vue est pr&eacute;cis&eacute;ment celui d&eacute;fendu aujourd&rsquo;hui par certains historiens pour lesquels de tels actes &eacute;taient &laquo;&nbsp;inutiles et dangereux avant 1944&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref41"></a><a href="#_ftn41"><b><sup><span style="color:black">[41]</span></sup></b></a>. Dangereux ils l&rsquo;&eacute;taient certainement, &agrave; la fois pour leurs auteurs et les otages victimes des repr&eacute;sailles. Mais leur &laquo;&nbsp;inutilit&eacute;&nbsp;&raquo; politique reste &agrave; d&eacute;montrer. De</span> fait, et revenant &agrave; Royallieu, on peut se demander si, en d&eacute;finitive, toute cette construction n&rsquo;a pas qu&rsquo;un seul objectif&nbsp;: d&eacute;consid&eacute;rer la r&eacute;sistance communiste dans son ensemble et le Parti qui, bien que tr&egrave;s affaibli, en porte encore aujourd&rsquo;hui la m&eacute;moire<a name="_ftnref42"></a><a href="#_ftn42"><b><sup><span style="color:black">[42]</span></sup></b></a>&nbsp;; en r&eacute;alit&eacute;, l&rsquo;exposition de cet ancien camp d&rsquo;internement qui a pourtant accueilli tant de r&eacute;sistants ne dit rien de ce que fut la r&eacute;sistance int&eacute;rieure, rien de ce que furent ses <span style="letter-spacing:.2pt">diff&eacute;rents modes d&rsquo;actions&nbsp;; il faut sortir des salles d&rsquo;exposition, parcourir les all&eacute;es du jardin de l&rsquo;ancien camp de Royallieu, s&rsquo;arr&ecirc;ter (s&rsquo;il ne pleut pas) aupr&egrave;s de bornes audio au hasard de tel ou tel t&eacute;moignage sollicit&eacute; pour entendre &eacute;voqu&eacute;e telle ou telle activit&eacute; de r&eacute;sistance. On imagine l&rsquo;efficacit&eacute; d&rsquo;un tel dispositif aupr&egrave;s d&rsquo;une classe de lyc&eacute;ens aussi frigorifi&eacute;s que leur professeur(e)&hellip; Un tel effacement est d&rsquo;autant plus probl&eacute;matique qu&rsquo;il appara&icirc;t dans un mus&eacute;e de toute derni&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration disposant des derni&egrave;res &laquo;&nbsp;trouvailles&nbsp;&raquo; technologiques. T&eacute;moigne-t-il de ce nouveau r&eacute;gime m&eacute;moriel o&ugrave; il est devenu de bon ton de diminuer &agrave; tout prix les m&eacute;rites des r&eacute;sistants<a name="_ftnref43"></a><a href="#_ftn43"><b><sup><span style="color:black">[43]</span></sup></b></a>&nbsp;? Annonce-t-il le r&eacute;gime m&eacute;moriel des prochaines ann&eacute;es&nbsp;? Il est trop t&ocirc;t pour le dire. En tout &eacute;tat de cause, retenons tout de m&ecirc;me que Champigny comme Royallieu, bien que dans des styles oppos&eacute;s, ont au moins le m&eacute;rite de jeter un peu de lumi&egrave;re sur les divisions qui oppos&egrave;rent effectivement diff&eacute;rents courants de la R&eacute;sistance notamment sur la strat&eacute;gie &agrave; mettre en &oelig;uvre pour h&acirc;ter la lib&eacute;ration, autant de divisions que la </span><span style="letter-spacing:.1pt">c&eacute;l&eacute;bration unanime de l&rsquo;unit&eacute; de la R&eacute;sistance sous la houlette consensuelle du martyr Jean Moulin a g&eacute;n&eacute;ralement tendance &agrave; occulter. En creux, pourtant, ces divisions sont parfois reconnues comme ici par le mus&eacute;e de Saint-Brisson lorsque celui-ci rappelle, en mode mineur, la signature des accords d&rsquo;Ouroux entre FFI et FTP intervenus le 4 ao&ucirc;t 1944&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;le texte pr&eacute;voit&nbsp;: 1) pas d&rsquo;attentisme&nbsp;; 2) pas d&rsquo;anticommunisme et en contrepartie pas de communisme&nbsp;; 3) suivre les conseils de De Gaulle et r&eacute;pudier Vichy au m&ecirc;me titre que les Allemands&nbsp;; 4) un repr&eacute;sentant FTP est attach&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;tat-major. Trois zones du d&eacute;partement sur les huit existantes sont command&eacute;es par trois chefs FTP&hellip;&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></span></p> <h2>&laquo;&nbsp;port&eacute; disparu&nbsp;&raquo;&nbsp;: le programme du CNR</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Mais il est d&rsquo;autres effacements sur lesquels on ne peut ici que bri&egrave;vement attirer l&rsquo;attention. La R&eacute;sistance ne se r&eacute;duit pas &agrave; la lutte contre l&rsquo;occupant et le r&eacute;gime de Vichy. Or, qu&rsquo;ont fait les mus&eacute;es des aspirations sociales et politiques fortement pr&eacute;sentes dans certaines mouvances de la R&eacute;sistance&nbsp;? O&ugrave; est pass&eacute; le programme du CNR&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On peut le dire assez nettement&nbsp;: bien peu de mus&eacute;es abordent cette dimension de la lutte. Et celui qui lui accorde la place la plus notable est celui de Toulouse, &eacute;manation du d&eacute;partement de la Haute-Garonne, en terre socialiste. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">D&egrave;s l&rsquo;entr&eacute;e, le mus&eacute;e d&eacute;partemental de Toulouse expose le &laquo;&nbsp;Manifeste&nbsp;&raquo; publi&eacute; en avril-mai 1944&nbsp;par <i>Lib&eacute;rer et F&eacute;d&eacute;rer</i>, organe d&rsquo;un mouvement socialiste-r&eacute;volutionnaire &eacute;ponyme n&eacute; &agrave; Toulouse&nbsp;et implant&eacute; dans sa r&eacute;gion&nbsp;; sous le titre &laquo;&nbsp;L&rsquo;insurg&eacute;&nbsp;&raquo;, trois paragraphes &eacute;vocateurs scandent le manifeste&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La victoire ne r&eacute;soudra pas tous les probl&egrave;mes&hellip; [&hellip;] La reconstruction de la France devra se faire au profit du peuple&hellip; [&hellip;] Gagner la guerre et gagner la paix&hellip;&nbsp;&raquo;</i> En les parcourant, le visiteur peut appr&eacute;hender la teneur d&rsquo;un v&eacute;ritable programme de transformation sociale et politique&nbsp;: </span></span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Si demain les maisons sont reb&acirc;ties pour &ecirc;tre livr&eacute;es aux propri&eacute;taires vautours, si les usines sont reconstruites pour redevenir les bagnes de la classe ouvri&egrave;re, si l&rsquo;&eacute;conomie fran&ccedil;aise n&rsquo;est relev&eacute;e que pour replacer la paysannerie sous le joug des interm&eacute;diaires capitalistes, si enfin la vie politique du pays ne retrouve son rythme normal que pour permettre le retour au pouvoir des politiciens d&eacute;magogues et incapables de l&rsquo;ancien r&eacute;gime, &agrave; quoi auront servi les sacrifices de tous ceux qui sont morts dans les Flandres et en Afrique, qui tombent chaque jour en Italie et dans les maquis, qui subis</span></span></span></i><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">sent en Allemagne la d&eacute;portation, qui souffrent ou agonisent dans les camps de prisonniers, dans les ge&ocirc;les de Vichy ou de la Gestapo&nbsp;? Non seulement les exploitants traditionnels du peuple seraient les seuls b&eacute;n&eacute;ficiaires de la paix, mais la France, entre les mains de ceux qui l&rsquo;ont toujours trahie, divis&eacute;e et affaiblie, se trouverait d&eacute;finitivement rel&eacute;gu&eacute;e au rang de nation de seconde zone&hellip;&nbsp;&raquo;</span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Dans ce m&ecirc;me mus&eacute;e, et comme en compl&eacute;ment, un panneau &eacute;voquant les combats pour la lib&eacute;ration est intitul&eacute;&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Les aspirations sociales&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Au-del&agrave; de leur combat militaire contre Vichy et l&rsquo;occupant, les R&eacute;sistants ont m&ucirc;ri un projet politique et social dans la clandestinit&eacute;. De fait, les aspirations de changement sont revendiqu&eacute;es par la population, chacun appelle de ses v&oelig;ux une &ldquo;nouvelle soci&eacute;t&eacute;&rdquo;. Sign&eacute;s d&egrave;s le 13&nbsp;septembre, les &ldquo;Accords de Toulouse&rdquo; pr&eacute;figurent la future organisation de la production dans les usines. L&rsquo;&eacute;lan et la volont&eacute; de changement sont alors les meilleures armes d&rsquo;une r&eacute;gion qui sort meurtrie de la tourmente.&nbsp;&raquo;&nbsp;</i>; une copie de <i>La R&eacute;publique du Sud-Ouest</i> dat&eacute;e du 15&nbsp;septembre 1944 salue &eacute;galement les avanc&eacute;es sociales obtenues par les ouvriers de l&rsquo;industrie a&eacute;ronautique&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Toulouse &agrave; l&rsquo;avant-garde du progr&egrave;s social. [&hellip;] D&egrave;s la lib&eacute;ration de notre ville, des pourparlers s&rsquo;engageaient entre patrons, ouvriers et repr&eacute;sentants des syndicats int&eacute;ress&eacute;s&hellip;&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Par contre, on ne trouve pas trace &agrave; Toulouse du programme du Conseil national de la R&eacute;sistance (CNR) du 15 mars 1944&nbsp;; d&rsquo;ailleurs, sur la quinzaine d&rsquo;&eacute;tablissements visit&eacute;s, &agrave; l&rsquo;exception notoire du mus&eacute;e de Besan&ccedil;on qui l&rsquo;expose int&eacute;gralement et en pleine lumi&egrave;re, et du CHRD de Lyon qui, lui, le consigne dans une borne audio bien peu visible au visiteur press&eacute;, aucun mus&eacute;e ne juge utile d&rsquo;en transmettre le souvenir. Faute d&rsquo;avoir men&eacute; une enqu&ecirc;te sp&eacute;cifique sur ce point difficile &agrave; interpr&eacute;ter, on ne peut que s&rsquo;&eacute;tonner d&rsquo;un tel oubli quasi g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En m&ecirc;me temps, force est de constater que l&rsquo;effacement quasi g&eacute;n&eacute;ral des dimensions sociales et politiques de la R&eacute;sistance co&iuml;ncide avec l&rsquo;esprit dominant de notre temps si soucieux de fabriquer du &laquo;&nbsp;consensus&nbsp;&raquo; et de la &laquo;&nbsp;pacification sociale&nbsp;&raquo;, pour mieux obtenir &laquo;&nbsp;le consentement&nbsp;&raquo; n&eacute;cessaire &agrave; l&rsquo;application des politiques de r&eacute;gressions sociales et de renoncements d&eacute;mocratiques en cours. De ce point de vue, pour leur part et &agrave; leur mani&egrave;re, en effa&ccedil;ant notamment des m&eacute;moires les attentes sociales et politiques pourtant port&eacute;es par de nombreuses franges de la R&eacute;sistance au sortir de la guerre, les mus&eacute;es d&eacute;positaires de l&rsquo;histoire et des m&eacute;moires r&eacute;sistantes semblent accompagner ce mouvement de d&eacute;sinvestissement id&eacute;ologique qui traverse notre soci&eacute;t&eacute;. Bien s&ucirc;r, que les mus&eacute;es &ndash;&nbsp;en tant qu&rsquo;objets culturels&nbsp;&ndash; n&rsquo;&eacute;chappent pas &agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie dominante de leur temps ne constitue pas une surprise. Mais pr&eacute;cis&eacute;ment, les mus&eacute;es de la R&eacute;sistance sont-ils des objets culturels comme les autres&nbsp;? Par ce lissage politique, ne brouillent-ils pas leur message initial appelant &agrave; la vigilance et &agrave; la &laquo;&nbsp;r&eacute;sistance&nbsp;&raquo;&nbsp;? Con&ccedil;us &agrave; l&rsquo;origine par les acteurs-t&eacute;moins comme des conservatoires de mod&egrave;les et de r&eacute;pertoires d&rsquo;actions &agrave; transmettre, mais aussi susceptibles d&rsquo;agir et de faire agir au pr&eacute;sent, les mus&eacute;es de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation sont-ils vou&eacute;s &agrave; devenir soit des reliquaires aussi d&eacute;pourvus de sens pour la plupart de nos contemporains qu&rsquo;un reliquaire de saint m&eacute;di&eacute;val, soit des fabriques du conformisme social et politique&nbsp;? Il est pourtant certaines situations o&ugrave; s&rsquo;indigner ne saurait suffire.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">* * *</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">DATE DE L&rsquo;EXPOSITION</span></span></b></span><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> (ou date de fondation du mus&eacute;e). </span></span></b><br /> <i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nom du mus&eacute;e&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">date de visite.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1980.</span></span></i></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Castelnau-le-Lez (H&eacute;rault)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">octobre 2012. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1982 (1974).</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Besan&ccedil;on (Franche-Comt&eacute;), (exposition refondue par l&rsquo;historien Fran&ccedil;ois Marcot)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">9&nbsp;ao&ucirc;t&nbsp;2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1983. </span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance en Morvan (Saint-Brisson)&nbsp;: 7&nbsp;novembre 2012.</span></span></i></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1984. </span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mus&eacute;e (d&eacute;partemental) de la R&eacute;sistance en zone interdite de Denain</span></span></i><br /> <i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">(Nord-Pas de Calais)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">10&nbsp;novembre 2011.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1985.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance nationale de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">12&nbsp;d&eacute;cembre 2012.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1986.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Nantua (Ain)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">3&nbsp;d&eacute;cembre&nbsp;2009.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1986.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Tergnier (Aisne)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">16&nbsp;avril&nbsp;2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1992.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance, de la D&eacute;portation et de la Lib&eacute;ration du d&eacute;partement du Lot (Cahors)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">7&nbsp;d&eacute;cembre 2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1994 (1974).</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Romans-sur-Is&egrave;re (Dr&ocirc;me)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2 d&eacute;cembre 2009.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1994.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de l&rsquo;Is&egrave;re (Grenoble)&nbsp;: </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2&nbsp;d&eacute;cembre 2009.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1994 (1974). </span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Toulouse (Haute-Garonne)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">7 d&eacute;cembre 2012.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2008.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> M&eacute;morial de l&rsquo;Internement et de la D&eacute;portation Camp de Royallieu</span></span></i><br /> <i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">(inaugur&eacute; le 23 f&eacute;vrier 2008&nbsp;; premi&egrave;re pierre 25 mai 2007)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">9 mai 2012.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2012 (1965 et 1992).</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Centre d&rsquo;Histoire de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation de Lyon (Rh&ocirc;ne)&nbsp;: </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">4&nbsp;d&eacute;cembre 2009&nbsp;et 25 janvier 2013.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2012.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.1pt">Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance de Limoges [</span></span>Initialement Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation]&nbsp;<span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">(Haute-Vienne&nbsp;; exposition refondue sous l&rsquo;&eacute;gide des historiens Olivier Wieviorka et Pascal Plas)&nbsp;: </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">14&nbsp;octobre 2010 et 22 octobre 2012.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">1964.</span></span></b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mus&eacute;e d&eacute;partemental de la R&eacute;sistance haut-savoyarde de Morette (Savoie)&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">28&nbsp;septembre 2011.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Merci &agrave; Julien Mary pour sa relecture d&rsquo;une premi&egrave;re version du texte et ses suggestions nombreuses.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sont ici rassembl&eacute;s sous le terme d&rsquo;espaces mus&eacute;aux tous les lieux ferm&eacute;s pr&eacute;sentant au public une exposition permanente support d&rsquo;une narration de la Seconde Guerre mondiale.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Selon un Guide des mus&eacute;es publi&eacute; en 2007, le nombre de ces mus&eacute;es d&eacute;passe les 120 ; depuis, il s&rsquo;en est ajout&eacute; une bonne dizaine. Cf. S&eacute;bastien Hervouet, Luc et Marc Brauer, <i>1200 mus&eacute;es 39/45 Guide Europe, </i>Batz-sur-Mer, &Eacute;ditions de la Poche de Saint-Nazaire C&ocirc;te Sauvage, 2007.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Le M&eacute;morial Charles de Gaulle.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Patrick Louvier, Julien Mary, Fr&eacute;d&eacute;ric Rousseau (dir.), <i>Pratiquer la mus&eacute;ohistoire. La guerre et l&rsquo;histoire au mus&eacute;e. Pour une visite critique, </i>Outremont (Canada), Ath&eacute;na &Eacute;ditions, 2012.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Article d&rsquo;Emmanuel Droit.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> S&rsquo;agissant de mus&eacute;ohistoire, le choix est ici fait du R majuscule pour qualifier une r&eacute;sistance consciente d&rsquo;elle-m&ecirc;me et comprise dans toutes ses dimensions, institutionnelle, collective et individuelle, civile et militaire.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Laurent Douzou, <i>La R&eacute;sistance fran&ccedil;aise : une histoire p&eacute;rilleuse,</i> Paris, Le Seuil, Points histoire, 2005 ; Olivier Wieviorka, <i>La m&eacute;moire d&eacute;sunie. Le souvenir politique des ann&eacute;es sombres, de la Lib&eacute;ration &agrave; nos jours, </i>Paris, Le Seuil, 2010 ; Pierre Laborie, <i>Le chagrin et le venin, la France sous l&rsquo;Occupation, m&eacute;moire et id&eacute;es re&ccedil;ues, </i>Paris, Bayard, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Dans tout l&rsquo;article, apparaissent en italique les citations extraites des diff&eacute;rentes expositions mus&eacute;ales visit&eacute;es.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Jacques Semelin, Claire Andrieu, Sarah Gensburger (dir.), <i>La r&eacute;sistance aux g&eacute;nocides. De la pluralit&eacute; des actes de sauvetage,</i> Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 2008.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Olivier Wieviorka, <i>Histoire de la R&eacute;sistance,</i> Paris, Perrin, 2013, pp. 55-56.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Margaret Collins Weitz, <i>Les Combattantes de l&rsquo;ombre. Histoire des femmes dans la R&eacute;sistance, </i>Paris, Albin Michel, 1997 (1995) ; Claire Andrieu, &laquo; Les r&eacute;sistantes : perspectives de recherche &raquo;, in Antoine Prost (dir.), <i>La R&eacute;sistance, une histoire sociale,</i> Paris, &Eacute;ditions de l&rsquo;Atelier, 1997, p. 74. Christine Bard,</span></span></span></span><br /> <i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Les Femmes dans la soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise au XX<sup>e</sup> si&egrave;cle, </span></span></span></span></i><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Paris, Armand Colin, 2001, pp. 60-61.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Soulign&eacute; dans le document.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Claire Andrieu, &laquo; Femmes &raquo;, in Jean-Pierre Az&eacute;ma, Fran&ccedil;ois B&eacute;darida (dir.), <i>1938-1948. Les ann&eacute;es de tourmente de Munich &agrave; Prague. Dictionnaire critique,</i> Paris, Flammarion, 1995, p. 953.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> L&rsquo;exposition ant&eacute;rieure comportait un panneau entier consacr&eacute; &agrave; &laquo; la r&eacute;sistance civile &raquo;, int&eacute;grant le &laquo; service social des MUR &raquo;, les activit&eacute;s des femmes sous le titre &laquo; les femmes aussi &raquo; : &laquo; agents de liaisons, service social, agents saboteurs, distributions de carte d&rsquo;alimentation, envois de colis aux prisonniers &raquo;&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Grenoble, Toulouse, Limoges ; ce dernier insiste sur les &eacute;volutions des r&eacute;gimes m&eacute;moriels soulignant la longue minoration &laquo; du poids de la Shoah &raquo;. Sarah Gensburger, <i>Essai de sociologie de la m&eacute;moire. L&rsquo;expression des souvenirs &agrave; travers le titre de &laquo;&nbsp;juste parmi les nations&nbsp;&raquo; dans le cas fran&ccedil;ais : entre cadre institutionnel, politique publique et m&eacute;moire collective, </i>Th&egrave;se EHESS, 2006 (dir. Marie-Claire Lavabre).</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Claire Andrieu, &laquo; Le sauvetage, une notion renouvel&eacute;e &raquo;, in Jacques Semelin, Claire Andrieu, Sarah Gensburger (dir.), <i>La r&eacute;sistance aux g&eacute;nocides. op.cit.</i>, p.&nbsp;507. Yad Vashem a distingu&eacute; 2</span></span></span>&thinsp;<span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">000&nbsp;justes fran&ccedil;ais. Jacques Semelin, <i>Pers&eacute;cutions et entraides dans la France occup&eacute;e, Comment 75&nbsp;% des Juifs en France ont &eacute;chapp&eacute; &agrave; la mort,</i> Paris, Les Ar&egrave;nes-Le Seuil, 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> La pr&eacute;cision est apport&eacute;e dans le catalogue de l&rsquo;exposition : Isabelle Dor&eacute;-Riv&eacute; (dir.), <i>Une ville dans la guerre. Lyon 1939-1945. Les collections du Centre d&rsquo;histoire de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation,</i> Lyon, Fage <span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>ditions, 2012, pp. 86-89.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pour une approche processuelle de la R&eacute;sistance, C&eacute;cile Vast, <i>L&rsquo;identit&eacute; de la R&eacute;sistance. &Ecirc;tre r&eacute;sistant de l&rsquo;Occupation &agrave; l&rsquo;apr&egrave;s-guerre,</i> Paris, Payot, 2010.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jean-Fran&ccedil;ois Muracciole, <i>Les Fran&ccedil;ais libres. L&rsquo;autre r&eacute;sistance, </i>Paris, Tallandier, 2009, chap. XI &laquo; Destin&eacute;es d&rsquo;apr&egrave;s-guerre &raquo;, p. 297 et ss. Cela serait beaucoup moins vrai pour les membres de la R&eacute;sistance int&eacute;rieure, Olivier Wieviorka, <i>Histoire de la R&eacute;sistance,</i> <i>op.cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Olivier Wieviorka, <i>La m&eacute;moire d&eacute;sunie. Le souvenir politique des ann&eacute;es sombres de la Lib&eacute;ration &agrave; nos jours, </i>Paris, Le Seuil, 2010, p. 100-101. Et O. Wieviorka, <i>Histoire de la R&eacute;sistance,</i> </span><i>op.cit.</i><span style="letter-spacing:-.05pt">, pp.&nbsp;48-49.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jean-Fran&ccedil;ois Muracciole, <i>Les Fran&ccedil;ais libres. L&rsquo;autre r&eacute;sistance,</i> <i>op.cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jean-Pierre Az&eacute;ma, &laquo; Le Pacte germano-sovi&eacute;tique &raquo;, in Jean-Pierre Az&eacute;ma, Fran&ccedil;ois B&eacute;darida (dir.), <i>1938-1948. Les ann&eacute;es de tourmente de Munich &agrave; Prague. Dictionnaire critique,</i> <i>op.cit.</i>, pp. 993-1002.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Le Mus&eacute;e de Saint-Brisson est de ceux-l&agrave;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Jean-Baptiste Duroselle, <i>Histoire diplomatique de 1919 &agrave; nos jours, </i>Paris, Dalloz, 1974 (6<sup>e</sup> &eacute;dition), p. 226.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Protocole &eacute;voqu&eacute; &eacute;galement &agrave; Royallieu.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Miquel, <i>La Seconde Guerre mondiale,</i> Paris, Fayard, 1986.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Dans une certaine mesure, on peut penser que ce discours en mode mineur constitue un compromis avec l&rsquo;ancien discours des &laquo; t&eacute;moins &raquo; auteurs de la premi&egrave;re exposition et permet de ne f&acirc;cher personne. D&rsquo;ailleurs, on retrouve ici mobilis&eacute;s certains artefacts provenant de l&rsquo;ancienne exposition, des photographies notamment. Le discours en mode majeur vise singuli&egrave;rement les publics scolaires qui y retrouvent une sorte de manuel de substitution.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Propos tenus par Olivier Wieviorka, le 25 janvier 2012, rapport&eacute;s dans Les Amis du Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance de Limoges, <i>Per Lou Grand, </i>bulletin n&deg;&nbsp;89- Ann&eacute;e 2012, p. 3. La ville de Limoges a aussi fait appel &agrave; Pascal Plas, sp&eacute;cialiste de l&rsquo;histoire du Limousin durant la Seconde Guerre mondiale, actuellement charg&eacute; de mission au Centre de la M&eacute;moire d&rsquo;Oradour-sur-Glane.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Il s&rsquo;agit d&rsquo;une erreur : Jean Moulin a &eacute;t&eacute; parachut&eacute; le 2 janvier 1942.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> C&rsquo;est moi qui souligne.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Laborie, <i>Le chagrin et le venin. La France sous l&rsquo;Occupation,</i> <i>op.cit.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[33]</span></span></span></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Mancur Olson, <i>The Logic of collective Action. Public Goods and the Theory of Groups, </i>Cambridge (&Eacute;.-U.), Harvard University Press, 1965. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pour une &eacute;tude plus r&eacute;cente, Hugues Neveu, <i>Sociologie des mouvements sociaux, </i>Paris, La D&eacute;couverte, 2006, p. 100. Voir aussi Fran&ccedil;ois Marcot, &laquo; Combien &eacute;taient-ils ? &raquo;, in <i>id.</i> (dir.), <i>Dictionnaire historique de la R&eacute;sistance, </i>Paris, Robert Laffont, coll. &laquo;&nbsp;Bouquins &raquo;, 2006, pp. 339-342. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> S&eacute;nateur de l&rsquo;Oise, appartenant au courant Droite populaire de l&rsquo;UMP.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir <i>Notre Mus&eacute;e. Revue de l&rsquo;association du Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance nationale,</i> n&deg;&nbsp;200, octobre 2011, pp. 4-5.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> On peut retrouver le r&eacute;cit et tous les documents pr&eacute;sent&eacute;s dans le parcours historique dans le catalogue de l&rsquo;exposition : <i>Le camp de Royallieu (1941-1944). De l&rsquo;histoire au m&eacute;morial.</i> Textes et documents r&eacute;unis par Christian Delage, 2008.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[37]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Commandement militaire allemand en France.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[38]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> L&rsquo;historien Christian Delage.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[39]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Pierre Schill, &laquo; Guy M&ocirc;quet &raquo;, in Laurence de Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt, Sophie Wahnich (dir.), <i>Comment Nicolas Sarkozy &eacute;crit l&rsquo;Histoire de France, </i>Marseille, &eacute;ditions Agone/CVUH, 2008, pp. 133-136. La figure de M&ocirc;quet est &eacute;galement &eacute;voqu&eacute;e &agrave; Tergnier mais sans reproduction de la lettre.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[40]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Dans une r&eacute;cente &eacute;mission de sa <i>Fabrique de l&rsquo;Histoire</i> sur l&rsquo;antenne de France Culture</span></span></span><br /> <span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">(31 janvier 2013) consacr&eacute;e au dernier livre d&rsquo;Olivier Wieviorka, Emmanuel Laurentin reprend d&rsquo;ailleurs ces m&ecirc;mes termes : &laquo; aller <i>assassiner</i> un officier allemand sur un quai de m&eacute;tro&hellip; &raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn41"></a><a href="#_ftnref41"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[41]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Olivier Wieviorka, <i>La fabrique de l&rsquo;histoire</i> (France Culture, 31 janvier 2013). Peu attentif au sens des mots, l&rsquo;historien utilise le terme &laquo; assassina &raquo; pour qualifier l&rsquo;attentat perp&eacute;tr&eacute; par Pierre Georges (Fabien) le 21 ao&ucirc;t 1941 dans le m&eacute;tro parisien, puis le terme &laquo; ex&eacute;cuta &raquo; concernant l&rsquo;attentat de Nantes&hellip; Olivier Wieviorka, <i>Histoire de la R&eacute;sistance, op.cit.</i>, pp. 143-144.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn42"></a><a href="#_ftnref42"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[42]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> En date du 26 mai, le journal <i>l&rsquo;Humanit&eacute;</i> est un des seuls &agrave; comm&eacute;morer le programme du CNR.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn43"></a><a href="#_ftnref43"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[43]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Laborie, <i>Le chagrin et le venin. La France sous l&rsquo;Occupation,</i> <i>op.cit.</i></span></span></span></span></span></p>