<p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">L&rsquo;un des int&eacute;r&ecirc;ts majeurs de l&rsquo;analyse mus&eacute;ohistorique consiste &agrave; interroger les choix narratifs des mus&eacute;es d&rsquo;histoire, &agrave; la fois les &eacute;l&eacute;ments retenus et ceux auxquels le r&eacute;cit a renonc&eacute; en fonction d&rsquo;un faisceau de facteurs diversifi&eacute;s, entre finalit&eacute;s g&eacute;n&eacute;rales et conditions particuli&egrave;res de transmission aupr&egrave;s des visiteurs. Cette analyse int&egrave;gre &eacute;galement les temporalit&eacute;s des apparitions des mus&eacute;es d&rsquo;histoire et de leurs &eacute;volutions. Les questions d&rsquo;histoire, et de m&eacute;moires, se posent ainsi au c&oelig;ur des mus&eacute;es de la R&eacute;sistance, de leur premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration aux cr&eacute;ations plus r&eacute;centes, en passant par toutes les refontes dont ils ont &eacute;t&eacute; l&rsquo;objet et qui restent parfois discr&egrave;tes ou occult&eacute;es dans les pr&eacute;sentations.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;analyse d&rsquo;une mise en mus&eacute;e que nous proposons ici, &agrave; partir des probl&eacute;matiques de la didactique de l&rsquo;histoire<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><b><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></b></a>, se r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;histoire enseign&eacute;e et &agrave; apprendre, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de manuels ou d&rsquo;autres ressources scolaires, ou de s&eacute;quences &eacute;labor&eacute;es par des enseignants. Elle affronte en effet des probl&egrave;mes de construction narrative comparables &agrave; certains &eacute;gards &agrave; ceux que rencontrent les mus&eacute;es d&rsquo;histoire. La grammaire du questionnement de l&rsquo;histoire scolaire examine ainsi une s&eacute;rie de questions sur le monde d&rsquo;hier ou d&rsquo;aujourd&rsquo;hui<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><b><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></b></a>. Elles concernent en premier lieu les &eacute;chelles narratives, dans leurs trois dimensions temporelle, spatiale et soci&eacute;tale. Or, chaque mus&eacute;e d&rsquo;histoire inscrit sa propre narration dans une p&eacute;riodisation qui n&rsquo;a <i>a priori</i> rien de naturel et qui r&eacute;sulte de choix, parfois implicites, parfois explicit&eacute;s. La d&eacute;monstration d&rsquo;Antoine Prost autour de la gr&egrave;ve de 1936 en France montre la pluralit&eacute; des significations qui se d&eacute;gagent d&egrave;s lors que l&rsquo;on consid&egrave;re simultan&eacute;ment diff&eacute;rentes p&eacute;riodes temporelles dans lesquelles inscrire les faits soumis &agrave; l&rsquo;&eacute;tude historique<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><b><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></b></a>. Elle nous rappelle que ces p&eacute;riodisations ne sont pas neutres. La question des &eacute;chelles spatiales et de leur connexion est plus complexe encore, mais non moins pertinente, surtout lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de conflits, et <i>a fortiori</i> de conflits mondiaux. Dans ce cas, la pluralit&eacute; de focales d&rsquo;observation permet aussi de mieux appr&eacute;hender la complexit&eacute; des situations et la diversit&eacute; de leurs interpr&eacute;tations possibles. Les &eacute;chelles spatiales jouent un r&ocirc;le consid&eacute;rable dans les significations qui se d&eacute;gagent de la visite des mus&eacute;es. De m&ecirc;me, les &eacute;chelles de la soci&eacute;t&eacute;, entre des regards surplombants et des regards d&rsquo;en bas qui se croisent et se compl&egrave;tent au c&oelig;ur des conflictualit&eacute;s sociales, enrichissent la narration du pass&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Sans &eacute;voquer toute la grammaire du questionnement scolaire de l&rsquo;histoire, nous soulignons l&rsquo;importance de la comparaison. Les mus&eacute;es d&rsquo;histoire, comme les m&eacute;moires, constituent des pr&eacute;sents des pass&eacute;s, inscrits dans le pr&eacute;sent. En revanche, toute d&eacute;marche d&rsquo;histoire, surtout dans le contexte scolaire, constitue une tentative de reconstruction des pr&eacute;sents du pass&eacute;, cette fois-ci dans le pass&eacute;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;examiner les comportements et les choix des acteurs du pass&eacute; en consid&eacute;rant en m&ecirc;me temps leur propre champ d&rsquo;exp&eacute;rience, situ&eacute; dans leur pass&eacute;, et leur horizon d&rsquo;attente pour l&rsquo;avenir, en termes d&rsquo;espoirs et de projets ou en termes de craintes et d&rsquo;appr&eacute;hensions. Ce travail de d&eacute;centration permet notamment d&rsquo;&eacute;viter, ou de mieux contr&ocirc;ler, &agrave; la fois les anachronismes et les reconstructions t&eacute;l&eacute;ologiques, c&rsquo;est-&agrave;-dire surd&eacute;termin&eacute;es par ce que l&rsquo;on sait de ce qui est advenu par la suite &agrave; ces acteurs. Mais il ne m&egrave;ne pas pour autant &agrave; renoncer &agrave; la comparaison.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;un des probl&egrave;mes pos&eacute;s par la comparaison au sein des mus&eacute;es d&rsquo;histoire concerne en particulier le temps repr&eacute;sent&eacute; qui est l&rsquo;objet de l&rsquo;exposition, le temps repr&eacute;sentant qui d&eacute;signe l&rsquo;&eacute;poque de la conception de l&rsquo;exposition et le temps contemporain de la visite. Toutefois, les expositions r&eacute;sultent souvent d&rsquo;interventions et de refontes successives, parfois difficiles &agrave; reconstituer. C&rsquo;est notamment le cas pour le Mus&eacute;e de Morette que nous allons &eacute;voquer.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Les finalit&eacute;s assign&eacute;es aux espaces mus&eacute;aux tendent parfois &agrave; &eacute;craser le temps et &agrave; favoriser des analogies qui sont mises au service de valeurs pour le pr&eacute;sent qu&rsquo;il s&rsquo;agit de promouvoir, sans assurer pour autant la mise &agrave; distance que n&eacute;cessiteraient la dimension historique de la narration et l&rsquo;&eacute;loignement temporel des faits. L&rsquo;assignation m&eacute;morielle &laquo;&nbsp;Plus jamais &ccedil;a&nbsp;!&nbsp;&raquo;, typique des expressions du devoir de m&eacute;moire qui peinent &agrave; int&eacute;grer une dimension critique et de mise &agrave; distance suffisantes, en est une cons&eacute;quence possible.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">L&rsquo;analyse mus&eacute;ohistorique a d&egrave;s lors pour principal objectif de mettre &agrave; jour les contenus narratifs du mus&eacute;e d&rsquo;histoire, entre ce qui est donn&eacute; &agrave; voir et les m&eacute;canismes de pens&eacute;e qui relient le pass&eacute; au pr&eacute;sent. Elle interroge ainsi ce &agrave; quoi est d&rsquo;abord invit&eacute; le public&nbsp;: un voyage dans la diff&eacute;rence du pass&eacute; autour de symboles forts, de lieux d&eacute;termin&eacute;s et significatifs ou encore de quelques personnages marquants&nbsp;; ou une r&eacute;flexion sur le pr&eacute;sent et quelques probl&egrave;mes qui le caract&eacute;risent&nbsp;; voire peut-&ecirc;tre un m&eacute;lange des deux processus.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;&eacute;tude de cas que nous allons d&eacute;velopper ici pose encore la question des acteurs de la construction mus&eacute;ale, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un mus&eacute;e d&eacute;partemental de la R&eacute;sistance de la toute premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration, mis en place sous l&rsquo;impulsion directe des rescap&eacute;s qui ont surv&eacute;cu &agrave; l&rsquo;engagement dans le maquis des Gli&egrave;res de f&eacute;vrier-mars 1944. Il rend compte de leur propre r&eacute;cit, l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative d&rsquo;une &laquo;&nbsp;bataille&nbsp;&raquo; des Gli&egrave;res, d&rsquo;un groupe militaire uni qui entendait &laquo;&nbsp;vivre libre ou mourir&nbsp;&raquo;, qui a lib&eacute;r&eacute; une part de la France pour recevoir, par les airs, de quoi armer la R&eacute;sistance int&eacute;rieure et qui a affront&eacute; l&rsquo;ennemi avant de d&eacute;crocher et de subir une impitoyable r&eacute;pression.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le site de Morette et le Mus&eacute;e d&eacute;partemental de la R&eacute;sistance Haut-Savoyarde</span></span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Cr&eacute;&eacute; en 1964 sous l&rsquo;&eacute;gide des rescap&eacute;s et de leur association, le Mus&eacute;e des Gli&egrave;res et de la R&eacute;sistance, aujourd&rsquo;hui Mus&eacute;e d&eacute;partemental de la R&eacute;sistance haut-savoyarde, est situ&eacute; &agrave; c&ocirc;t&eacute; du cimeti&egrave;re des martyrs des Gli&egrave;res, devenu N&eacute;cropole nationale en 1984, dans la vall&eacute;e du Fier. Il est install&eacute; dans un vieux chalet d&rsquo;alpage construit en 1794, typique de ceux que les maquisards ont connu sur le Plateau. Il a &eacute;t&eacute; d&eacute;mont&eacute; et descendu en 1962 en vue d&rsquo;un autre projet touristique, un mus&eacute;e de plein air, abandonn&eacute; ensuite. Le Mus&eacute;e a ainsi pu s&rsquo;installer dans ce chalet reconstruit juste &agrave; c&ocirc;t&eacute; du cimeti&egrave;re en r&eacute;cup&eacute;rant des objets qui &eacute;taient expos&eacute;s au Ch&acirc;teau d&rsquo;Annecy. Il est devenu d&eacute;partemental &agrave; partir de 1978</span></span></span><a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">[4]</span></span></span></sup></b></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Aujourd&rsquo;hui, le site de Morette, qui comprend un lieu d&rsquo;accueil r&eacute;cemment construit, est constitu&eacute; de trois &eacute;l&eacute;ments&nbsp;: le cimeti&egrave;re-n&eacute;cropole, avec ses 105 tombes, le Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance proprement dit, install&eacute; dans le fameux chalet d&rsquo;alpage, et un M&eacute;morial d&eacute;partemental de la D&eacute;portation, situ&eacute; pour sa part dans un grenier d&rsquo;alpage, datant de 1784, lui aussi d&eacute;mont&eacute; et ramen&eacute; de la montagne, puis reconstruit et r&eacute;am&eacute;nag&eacute;. Ce m&eacute;morial a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; en 1965, &agrave; l&rsquo;initiative de l&rsquo;Union nationale des D&eacute;port&eacute;s, Intern&eacute;s et Familles de disparus (UNADIF)<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><b><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></b></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Au sous-sol du Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance, la crypte pr&eacute;sente toutes les croix de bois qui avaient &eacute;t&eacute; plac&eacute;es au cimeti&egrave;re avant d&rsquo;&ecirc;tre remplac&eacute;es par des croix de bronze, ainsi que diverses plaques comm&eacute;moratives trop personnalis&eacute;es pour &ecirc;tre maintenues dans un cimeti&egrave;re &agrave; caract&egrave;re militaire. Au rez-de-chauss&eacute;e, l&rsquo;exposition propose une histoire g&eacute;n&eacute;rale de la guerre et de la R&eacute;sistance ax&eacute;e sur ce qui est advenu dans le d&eacute;partement de la Haute-Savoie. &Agrave; l&rsquo;&eacute;tage, c&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rience des maquis des Gli&egrave;res qui est racont&eacute;e. L&rsquo;exposition se caract&eacute;rise par une narration &eacute;crite et de nombreux documents d&rsquo;&eacute;poque, notamment des photographies. Elle ne propose pas de documents audiovisuels.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;exposition a &eacute;t&eacute; r&eacute;am&eacute;nag&eacute;e dans les ann&eacute;es 1990 par Michel Germain, un enseignant et un &eacute;crivain prolixe n&eacute; en 1945, qui s&rsquo;est beaucoup engag&eacute; pour faire conna&icirc;tre l&rsquo;histoire de la R&eacute;sistance &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de tout le d&eacute;partement. Sa motivation provient du fait d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; &eacute;tonn&eacute; de la raret&eacute; des travaux disponibles lorsqu&rsquo;il a propos&eacute; &agrave; ses &eacute;l&egrave;ves de participer au Concours national de la R&eacute;sistance qui avait alors pour th&egrave;me :<b> </b><i>&laquo;&nbsp;Vous raconterez la Lib&eacute;ration de votre ville ou de votre r&eacute;gion&nbsp;&raquo;</i>, d&rsquo;o&ugrave; son engagement dans ce travail d&rsquo;histoire<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><b><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></b></a>. C&rsquo;est &agrave; cette &eacute;poque que l&rsquo;espace a &eacute;t&eacute; &eacute;tendu sur deux &eacute;tages. Le rez-de-chauss&eacute;e pr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui des documents, comme par exemple des affiches, qui avaient &eacute;t&eacute; trouv&eacute;s par les r&eacute;sistants, avec ce qui compose la construction narrative de Michel Germain, qui demeure en r&eacute;alit&eacute; m&ecirc;l&eacute;e &agrave; la pr&eacute;sentation initiale des ann&eacute;es 1960 et &agrave; une refonte de la fin des ann&eacute;es 1970. Le premier &eacute;tage pr&eacute;sente surtout des &eacute;l&eacute;ments de la pr&eacute;sentation initiale. L&rsquo;ensemble a donn&eacute; lieu &agrave; divers r&eacute;am&eacute;nagements partiels qui rendent difficile une lecture exacte des temporalit&eacute;s du Mus&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Le M&eacute;morial de la D&eacute;portation situ&eacute; juste &agrave; c&ocirc;t&eacute; propose lui aussi une exposition r&eacute;alis&eacute;e &agrave; l&rsquo;initiative de l&rsquo;association qui l&rsquo;a cr&eacute;&eacute;. Sa visite se conclut par une autre crypte rendant hommage aux disparus et mentionnant les camps o&ugrave; ils ont p&eacute;ri. Il pr&eacute;sente donc un caract&egrave;re solennel que sugg&egrave;re aussi sa fonction de m&eacute;morial, m&ecirc;me s&rsquo;il est constitu&eacute; en grande partie d&rsquo;un dispositif mus&eacute;al et d&rsquo;une narration du contexte et des circonstances de l&rsquo;exp&eacute;rience de la d&eacute;portation qui lui donnent aussi l&rsquo;aspect d&rsquo;un mus&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nous reviendrons ci-apr&egrave;s sur ces diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments de contenus.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Entre histoire et m&eacute;moires</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;analyse de la narration du pass&eacute; dans tout mus&eacute;e d&rsquo;histoire concerne en premier lieu la nature et les interpr&eacute;tations possibles des faits qui sont &eacute;voqu&eacute;s. Or, quand ceux-ci sont encore charg&eacute;s soit d&rsquo;une pluralit&eacute; d&rsquo;exp&eacute;riences, soit de contentieux, soit de m&eacute;moires plurielles et divis&eacute;es, cela est rarement mis en &eacute;vidence dans la pr&eacute;sentation mus&eacute;ale. Ce silence ou cette discr&eacute;tion s&rsquo;observent dans toutes les g&eacute;n&eacute;rations de mus&eacute;es de la Seconde Guerre mondiale, soit sous la forme d&rsquo;un r&eacute;cit apparemment consensuel, mais fortement organis&eacute; en fonction de finalit&eacute;s m&eacute;morielles, soit par le biais d&rsquo;un discours interpr&eacute;tatif jamais pr&eacute;sent&eacute; comme tel, mais donn&eacute; &agrave; voir comme une simple description des faits.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans le cas qui nous int&eacute;resse, l&rsquo;histoire et les m&eacute;moires des Gli&egrave;res pr&eacute;sentent bien une certaine complexit&eacute;. Le Plateau des Gli&egrave;res est un lieu de m&eacute;moire au double sens du terme&nbsp;: parce qu&rsquo;il constitue une localisation satur&eacute;e de m&eacute;moires reli&eacute;e &agrave; la Seconde Guerre mondiale, &agrave; la criminalit&eacute; de masse de l&rsquo;occupant nazi et de la Milice fran&ccedil;aise, mais surtout &agrave; la R&eacute;sistance et &agrave; la Lib&eacute;ration de la Haute-Savoie&nbsp;; et au-del&agrave; de cette m&eacute;moire des lieux<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><b><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></b></a>, parce qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; investi comme symbole de la R&eacute;sistance int&eacute;rieure, et donc comme lieu de m&eacute;moire au sens de Pierre Nora<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><b><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></b></a>, dans une perspective identitaire et nationale, ce dont t&eacute;moignent notamment la construction, et l&rsquo;inauguration en 1973 par Andr&eacute; Malraux, du monument comm&eacute;moratif d&rsquo;&Eacute;mile Gillioli<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><b><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></b></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cette complexit&eacute; est par ailleurs aussi celle des lieux eux-m&ecirc;mes, lieux d&rsquo;histoire et lieux de construction m&eacute;morielle, marqu&eacute;s par une configuration g&eacute;ographique de sites &eacute;loign&eacute;s les uns des autres&nbsp;: le Plateau des Gli&egrave;res proprement dit, la N&eacute;cropole de Morette dans la vall&eacute;e du Fier et, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; du massif, la ville de Bonneville, si&egrave;ge d&rsquo;un autre mus&eacute;e actuellement en cours de r&eacute;&eacute;laboration.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le Plateau des Gli&egrave;res pose la question de l&rsquo;usage politique du pass&eacute;. Il a &eacute;t&eacute; r&eacute;cemment investi et utilis&eacute; par le monde politique. Nicolas Sarkozy y est venu en tant que candidat, puis revenu en tant que pr&eacute;sident de la R&eacute;publique dans le cadre d&rsquo;une vaste op&eacute;ration de r&eacute;cup&eacute;ration gu&egrave;re appr&eacute;ci&eacute;e par les milieux de la R&eacute;sistance. De leur c&ocirc;t&eacute;, des milieux progressistes, citoyens et r&eacute;sistants, ont protest&eacute; contre cette manipulation par des rassemblements sur le Plateau, ce qui n&rsquo;a pas plu davantage &agrave; l&rsquo;Association des Gli&egrave;res, malgr&eacute; la pr&eacute;sence de personnalit&eacute;s de la R&eacute;sistance<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><b><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></b></a>. Ainsi, <span style="letter-spacing:.1pt">un Appel du 14&nbsp;mai 2011 rappelait l&rsquo;actualit&eacute; du programme du Conseil national de la R&eacute;sistance, fustigeait sa remise en cause syst&eacute;matique et appelait &agrave; une nouvelle Constituante. Il &eacute;tait sign&eacute;, entre autres personnalit&eacute;s de la R&eacute;sistance, par St&eacute;phane Hessel, Daniel Cordier, Marie Jos&eacute; Chombart de Lauwe, mais aussi Henri Bouvier, l&rsquo;un des initiateurs du M&eacute;morial de la D&eacute;portation de Morette<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><b><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></b></a>. Cependant, dans cette r&eacute;gion haut-savoyarde conservatrice, la R&eacute;sistance est c&eacute;l&eacute;br&eacute;e dans sa composante gaulliste et militaire, m&ecirc;me si l&rsquo;Association des Gli&egrave;res s&rsquo;en tient d&rsquo;abord &agrave; une pr&eacute;tendue neutralit&eacute; et &agrave; une unit&eacute; revendiqu&eacute;e. Julien Helfgott, rescap&eacute; des Gli&egrave;res et pr&eacute;sident d&rsquo;honneur, et le g&eacute;n&eacute;ral Jean-Ren&eacute; Bachelet, ont ainsi tenu cette ann&eacute;e encore &agrave; faire une mise au point&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Ceux qui sont en charge de l&rsquo;h&eacute;ritage du maquis des Gli&egrave;res se doivent de rappeler la d&eacute;claration commune sign&eacute;e le 31&nbsp;ao&ucirc;t 2011 par 42&nbsp;Rescap&eacute;s alors encore en vie, toutes tendances politiques confondues&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous r&eacute;cusons &agrave; quiconque, d&rsquo;ici et d&rsquo;ailleurs, </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">a fortiori <i>repr&eacute;sentant des g&eacute;n&eacute;rations nouvelles, le droit de s&rsquo;exprimer en notre nom, de m&ecirc;me que nous condamnons fermement l&rsquo;organisation, au Plateau des Gli&egrave;res et &agrave; la N&eacute;cropole de Morette, de toute manifestation relevant du d&eacute;bat politique d&eacute;mocratique, qu&rsquo;elle soit de soutien &agrave; l&rsquo;action gouvernementale ou d&rsquo;opposition. Le respect d&ucirc; &agrave; ceux des Gli&egrave;res, dans la diversit&eacute; de leurs origines et de leurs opinions, l&rsquo;exige, sans qu&rsquo;il puisse y &ecirc;tre d&eacute;rog&eacute; sous quelque habillage que ce soit.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span><a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">[12]</span></span></span></sup></b></a><i>&nbsp;</i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.25pt">Enfin, les m&eacute;moires de la R&eacute;sistance sont travers&eacute;es par de multiples tensions, entre des associations d&rsquo;anciens r&eacute;sistants, entre des courants de pens&eacute;e ou d&rsquo;action, voire entre des individus, souvent pour des questions de reconnaissance de ce qu&rsquo;ils ont fait dans le pass&eacute;, parfois aussi pour exercer davantage d&rsquo;influence dans le pr&eacute;sent. Ces tensions se sont parfois d&eacute;velopp&eacute;es et continuent d&rsquo;&eacute;voluer en fonction des qualifications m&eacute;morielles successives des crimes de masse de la Seconde Guerre mondiale, caract&eacute;ris&eacute;es dans un premier temps, jusqu&rsquo;aux ann&eacute;es 1980, par une m&eacute;moire national-patriotique et une m&eacute;moire politique-antifasciste&nbsp;; puis marqu&eacute;es, sous l&rsquo;effet d&rsquo;une disqualification de ces premi&egrave;res tendances, par l&rsquo;importance d&rsquo;une m&eacute;moire communautaire, en particulier autour de la destruction des juifs d&rsquo;Europe. Si une requalification est probablement en cours depuis quelques ann&eacute;es, il subsiste n&eacute;anmoins un relatif effacement contemporain de la m&eacute;moire de la R&eacute;sistance m&ecirc;me s&rsquo;il est situ&eacute; dans le contexte plus g&eacute;n&eacute;ral du pr&eacute;sentisme<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><b><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></b></a> et de l&rsquo;affirmation des m&eacute;moires<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><b><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></b></a>. En outre, le paradigme de l&rsquo;antifascisme a &eacute;t&eacute; remis en cause et assez largement remplac&eacute; par celui de totalitarisme dans l&rsquo;espace public, dans le sens d&rsquo;une certaine assimilation des crimes de masse fascistes, nazis et staliniens, ce qui n&rsquo;aide pas beaucoup &agrave; comprendre le XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, mais ce qui ouvre surtout la voie &agrave; toutes sortes de r&eacute;visions de l&rsquo;histoire qui tendent &agrave; minimiser la nature et l&rsquo;ampleur des crimes fascistes et nazis. Dans ces conditions, il est compr&eacute;hensible que le paysage m&eacute;moriel de la R&eacute;sistance ne se pr&eacute;sente pas comme serein et apais&eacute;, surtout en un temps o&ugrave; les derniers t&eacute;moins sont en train de dispara&icirc;tre.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Des enjeux d&rsquo;interpr&eacute;tations</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La visite des mus&eacute;es de la R&eacute;sistance n&eacute;cessite ainsi une prise en compte de ce contexte m&eacute;moriel et des probl&egrave;mes qu&rsquo;il soul&egrave;ve dans chaque cas particulier. Dans celui de Morette, les questions sont nombreuses et bien pr&eacute;sentes dans l&rsquo;espace public. Au-del&agrave; des usages politiques susmentionn&eacute;s, elles concernent surtout le jugement des actions de cette &eacute;poque &agrave; partir d&rsquo;un regard d&eacute;cal&eacute; du pr&eacute;sent. Le premier aspect, soulev&eacute; par l&rsquo;auteur d&rsquo;une th&egrave;se de doctorat &agrave; para&icirc;tre qui multiplie les conf&eacute;rences publiques &agrave; ce propos<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><b><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></b></a>, porte sur la mani&egrave;re de d&eacute;signer les faits d&rsquo;armes du maquis des Gli&egrave;res et les &eacute;pop&eacute;es narratives dont ils sont l&rsquo;objet. Le second, r&eacute;current depuis fort longtemps, et jamais vraiment d&eacute;pass&eacute;, concerne l&rsquo;ex&eacute;cution de 76&nbsp;miliciens &agrave; la Lib&eacute;ration. Dans les deux cas, les probl&egrave;mes historiographiques soulev&eacute;s sont complexes, et leur &eacute;cho dans les enjeux du pr&eacute;sent tout &agrave; fait significatif.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Vivre libre ou mourir&nbsp;&raquo; &eacute;tait la devise l&agrave;-haut. Elle affirmait un programme, mais elle traduisait aussi une situation de fait&nbsp;: d&eacute;j&agrave; l&rsquo;ennemi enfermait dans ce dilemme ceux qu&rsquo;il appelait les &laquo;&nbsp;terroristes&nbsp;&raquo;, car il leur refusait les droits de combattants quand la malchance les faisait tomber entre leurs mains. (&hellip;) &laquo;&nbsp;Nous sommes, disait Tom, le premier coin de France qui soit libre&nbsp;&raquo;. Cette pens&eacute;e procurait &agrave; tous une sorte de joie profonde m&ecirc;l&eacute;e de fiert&eacute;&nbsp;; mais par ce qu&rsquo;elle supposait d&rsquo;audace autant que par ce qu&rsquo;elle comportait de symbolisme, elle dictait une attitude et elle allait bient&ocirc;t exiger un d&eacute;vouement supr&ecirc;me. Les hommes de Gli&egrave;res le savaient bien, lorsque, r&eacute;unis autour du drapeau, ils avaient jur&eacute; de pr&eacute;f&eacute;rer la mort &agrave; l&rsquo;asservissement. N&rsquo;&eacute;tait-ce pas pour cela qu&rsquo;ils &eacute;taient mont&eacute;s sur le Plateau&nbsp;? N&rsquo;&eacute;tait-ce pas cela le sens de leur audacieux rassemblement&nbsp;? Oui, l&rsquo;esprit qui avait inspir&eacute; le choix de cette devise et qui en am&eacute;nageait l&rsquo;application dans une vie fraternelle, ce fut tout Gli&egrave;res.</span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Mais dira-t-on, les &eacute;v&eacute;nements ne comptent-ils pour rien&nbsp;? (&hellip;) Aupr&egrave;s de la qualit&eacute; des hommes et de la densit&eacute; des &acirc;mes, les &eacute;v&eacute;nements paraissent comme des accidents fortuits, qui auraient pu &ecirc;tre autres sans que rien f&ucirc;t chang&eacute; au fond des choses. On ne leur attribue toute leur valeur qu&rsquo;en les situant dans l&rsquo;atmosph&egrave;re o&ugrave; ils ont &eacute;t&eacute; v&eacute;cus.</span></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">De Gli&egrave;res, ce qu&rsquo;il faut noter en premier lieu, c&rsquo;est donc le sens. Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;autre moyen de restituer aux faits et aux gestes leur dimension r&eacute;elle. Et nous en avons assez dit pour montrer que le sens de Gli&egrave;res, c&rsquo;est d&rsquo;avoir donn&eacute; une d&eacute;finitive mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la figure du maquisard id&eacute;al, tenace, obstin&eacute;, &eacute;pris de libert&eacute; et de sacrifice.</span></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Nous pouvons donc maintenant prendre sur les &eacute;v&eacute;nements une vue exacte, et leur appliquer cette intime compr&eacute;hension qu&rsquo;ils exigent (&hellip;).&nbsp;</span></span></span></i><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&raquo;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><b><sup><span style="color:black"><span style="font-style:normal">[16]</span></span></sup></b></a></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Cette d&eacute;claration de Pierre Golliet, r&eacute;dig&eacute;e peu de temps apr&egrave;s les faits, nous montre &agrave; la fois la construction imm&eacute;diate du r&eacute;cit d&rsquo;&eacute;pop&eacute;e des Gli&egrave;res et son inscription consciente dans une dimension symbolique qui enrichit ce qui est exprim&eacute; et rend justice &agrave; la valeur de ce qui a &eacute;t&eacute; accompli<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><b><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></b></a>. Ce m&eacute;canisme a &eacute;galement d&eacute;pendu, sur une bien plus vaste &eacute;chelle, de l&rsquo;&eacute;cho du maquis des Gli&egrave;res sur les ondes de la BBC par la voix de Maurice Schumann, ou sur la radio suisse. Cette guerre psychologique et ces effets d&rsquo;annonces qui ont pr&eacute;par&eacute; la Lib&eacute;ration sont donc &agrave; prendre aussi en consid&eacute;ration<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><b><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></b></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Parmi les &eacute;l&eacute;ments forts de cette construction d&rsquo;une &eacute;pop&eacute;e narrative se trouve en tout premier lieu le fait d&rsquo;avoir lib&eacute;r&eacute; une partie du territoire en pleine occupation allemande. La lib&eacute;ration de la Haute-Savoie, quelques mois plus tard, par les maquisards eux-m&ecirc;mes et avant l&rsquo;arriv&eacute;e des Alli&eacute;s conforte bien s&ucirc;r cette donn&eacute;e. Et il y a en effet quelque chose de ce r&eacute;cit, et de la r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;il recouvre, qui rel&egrave;ve bien de la rupture et de la prise de risque, d&rsquo;une sorte de d&eacute;fi &agrave; la barbarie assum&eacute; par ces jeunes gens qui se trouvaient dans le maquis et qui ont v&eacute;cu quelques semaines avec la satisfaction d&rsquo;avoir lib&eacute;r&eacute; un bout de France. Un tel d&eacute;fi nous place au c&oelig;ur de la d&eacute;finition de la R&eacute;sistance et de la complexit&eacute; des situations dont elle rend compte<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><b><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></b></a>. Il peut nous rappeler &agrave; certains &eacute;gards celui des Communards affirmant leur d&eacute;termination bien que menac&eacute;s par les Versaillais. Mais voil&agrave; que la controverse nourrie par Claude Barbier porte surtout sur le fait que ladite bataille des Gli&egrave;res ne serait qu&rsquo;un mythe, et que les combattants du maquis ne seraient mont&eacute;s sur le Plateau que pour se cacher et &eacute;chapper au STO. M&ecirc;me s&rsquo;il est vrai que les rescap&eacute;s de la R&eacute;sistance ont us&eacute; et usent d&rsquo;un langage militaire &eacute;pique pour raconter leurs exp&eacute;riences, comme le montrent en g&eacute;n&eacute;ral les mus&eacute;es de la R&eacute;sistance de la premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration, et m&ecirc;me si ces r&eacute;cits &eacute;piques qui se sont longtemps impos&eacute;s dans l&rsquo;espace public sont parfois &eacute;loign&eacute;s des faits, il n&rsquo;en reste pas moins que ce sont bien des combattants risquant leur vie qui ont subi l&rsquo;attaque, et surtout la r&eacute;pression de la Wehrmacht et de la Milice &agrave; partir du 26&nbsp;mars 1944, et que ce sont bien des victimes des nazis ou de la Milice qui reposent aujourd&rsquo;hui au cimeti&egrave;re de Morette. D&egrave;s lors, le fait de d&eacute;construire l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative s&rsquo;impose sans doute aux historiens, mais sans qu&rsquo;il s&rsquo;agisse pour autant de c&eacute;der &agrave; des formes de banalisation ne pouvant plus rendre compte de la dynamique des &eacute;v&eacute;nements.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Un &eacute;pisode central de cette affaire porte sur les conditions dans lesquelles le d&eacute;crochage a &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute; au soir du 26&nbsp;mars 1944&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">Le capitaine Anjot, </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">&eacute;crit Philippe Golliet dans l&rsquo;ouvrage de 1946,<i> sait qu&rsquo;il a un r&eacute;pit jusqu&rsquo;au lendemain matin. Il envisage la situation avec le sang-froid qui a toujours fait sa force. Pas de r&eacute;serve pour r&eacute;tablir le front&nbsp;! Une r&eacute;sistance d&rsquo;ensemble n&rsquo;est donc plus possible (&hellip;). En passant chez Joubert, il lui expose la situation et lui demande son avis afin de contr&ocirc;ler la d&eacute;cision qu&rsquo;il a prise. &laquo;&nbsp;Il me semble que l&rsquo;honneur est sauf&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Je le crois aussi&nbsp;&raquo;, r&eacute;pond Joubert. C&rsquo;&eacute;tait la question essentielle. Puisque Gli&egrave;res ne perdrait pas son sens, on pouvait lancer l&rsquo;ordre de d&eacute;crochage. Il &eacute;tait dix heures du soir</i></span></span></span><a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">[20]</span></span></span></sup></b></a><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">.</span></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;honneur &eacute;tait donc sauf&nbsp;! L&rsquo;expression n&rsquo;est &eacute;videmment pas &agrave; n&eacute;gliger dans cet univers mental militaire et de combat. Mais sans doute fallait-il encore construire une &eacute;pop&eacute;e narrative pour qu&rsquo;il le soit vraiment. L&rsquo;enjeu &eacute;tait toutefois aussi ailleurs&nbsp;: il consistait &agrave; donner &agrave; voir, sur une plus large &eacute;chelle, une France de l&rsquo;int&eacute;rieur qui luttait et qui r&eacute;sistait les armes &agrave; la main.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une d&eacute;claration analogue se donne &agrave; lire la m&ecirc;me ann&eacute;e dans le premier num&eacute;ro du bulletin de l&rsquo;association des Gli&egrave;res&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il ne faut pas qu&rsquo;on puisse dire du Bataillon des Gli&egrave;res, qui a &eacute;t&eacute; dans notre pays le premier grand rassemblement arm&eacute;, qu&rsquo;il survit. Il faut qu&rsquo;il vive de sa victoire, d&rsquo;une victoire qui doit &ecirc;tre d&rsquo;autant plus &eacute;clatante parce qu&rsquo;elle a montr&eacute; au peuple de chez nous qu&rsquo;on ne tue pas l&rsquo;&acirc;me fran&ccedil;aise en voulant l&rsquo;asservir, mais qu&rsquo;au contraire elle se r&eacute;v&egrave;le quand on veut l&rsquo;asservir.<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><b><sup><span style="color:black"><span style="font-style:normal">[21]</span></span></sup></b></a></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">L&rsquo;un des aspects discut&eacute;s de l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative des Gli&egrave;res concerne le 26&nbsp;mars 1944 et le hameau de Monthi&eacute;vret<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><b><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></b></a>. Un livre r&eacute;cent examine les faits et remet en cause la strat&eacute;gie militaire, et m&ecirc;me en filigrane l&rsquo;unit&eacute; des maquis<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><b><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></b></a>. Il d&eacute;crit une certaine diversit&eacute;, li&eacute;e &agrave; la mont&eacute;e sur le Plateau d&eacute;but mars d&rsquo;hommes provenant des maquis de la r&eacute;gion du Chablais et du Giffre aux id&eacute;es r&eacute;put&eacute;es plus marqu&eacute;es &agrave; gauche. L&rsquo;ouvrage reconstruit ce qui s&rsquo;est pass&eacute; au hameau dans l&rsquo;apr&egrave;s-midi du 26&nbsp;mars&nbsp;: non pas une longue bataille, mais un accrochage avec les Allemands qui a fait deux morts et un bless&eacute; grave dans la section Saint-Hubert<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><b><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></b></a>. Il rend compte du r&eacute;cit de l&rsquo;un des rescap&eacute;s, Andr&eacute; Gaillard, venu planter une croix &agrave; l&rsquo;endroit du drame &agrave; la fin de sa vie. Pr&eacute;cisons aussi que l&rsquo;un des deux auteurs, Jean-Claude Carrier, est le fils de Claude Carrier, compagnon de la Lib&eacute;ration qui a &eacute;t&eacute; tu&eacute; quelques semaines avant l&rsquo;affaire des Gli&egrave;res&nbsp;; il m&egrave;ne un combat pour la reconnaissance de la figure de son p&egrave;re dans l&rsquo;histoire et les m&eacute;moires de la R&eacute;sistance en Haute-Savoie.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En fin de compte, l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative des Gli&egrave;res ne consiste donc pas seulement &agrave; &eacute;voquer un affrontement militaire, mais &eacute;galement &agrave; s&rsquo;en tenir strictement &agrave; un r&eacute;cit unitaire de la R&eacute;sistance. Ces deux &eacute;l&eacute;ments rel&egrave;vent en effet du fameux &laquo;&nbsp;sens des Gli&egrave;res&nbsp;&raquo; d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute;, d&rsquo;un aspect l&eacute;gendaire qu&rsquo;il s&rsquo;agit absolument de pr&eacute;server. Ils rev&ecirc;tent aussi, comme nous l&rsquo;avons vu, une dimension symbolique qui, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, s&rsquo;est exprim&eacute;e avec force sur les ondes de la BBC ou en Suisse voisine. Et ils ne peuvent pas &ecirc;tre compris aujourd&rsquo;hui sans tenir compte des armes qui avaient &eacute;t&eacute; parachut&eacute;es sur le Plateau par les Alli&eacute;s, qu&rsquo;il fallait pr&eacute;server et qui n&eacute;cessitaient de faire bonne figure pour montrer que la R&eacute;sistance &eacute;tait capable d&rsquo;en faire bon usage<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><b><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></b></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une autre question conflictuelle concerne l&rsquo;&eacute;puration haut-savoyarde et les 76&nbsp;miliciens ex&eacute;cut&eacute;s en ao&ucirc;t&nbsp;1944 au Grand-Bornand. Cette affaire est l&rsquo;objet d&rsquo;attaques r&eacute;currentes dans la r&eacute;gion, surtout dans les milieux catholiques, le caract&egrave;re abusif de cette mesure prise &agrave; l&rsquo;encontre de jeunes gens pr&eacute;sent&eacute;s comme &eacute;gar&eacute;s (sic) &eacute;tant r&eacute;guli&egrave;rement d&eacute;nonc&eacute;. Elle a donn&eacute; lieu tout r&eacute;cemment &agrave; deux publications justifiant d&rsquo;un point de vue historique, et &agrave; partir de nombreux documents, la l&eacute;gitimit&eacute; du proc&egrave;s et des <span style="letter-spacing:-.2pt">ex&eacute;cutions compte tenu de la situation de l&rsquo;&eacute;poque et des crimes qui avaient &eacute;t&eacute; commis<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><b><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></b></a>. Un cimeti&egrave;re de la Milice se trouve encore <i>&laquo;&nbsp;quelque part sur la commune du Grand-Bornand&nbsp;&raquo;, </i>selon l&rsquo;expression de Michel Germain dans son ouvrage, mais sans qu&rsquo;une explication soit fournie au promeneur qui passerait par l&agrave;. Quant &agrave; la pr&eacute;sentation des faits, elle passe d&rsquo;abord, et on le comprend bien, par l&rsquo;histoire de la Milice haut-savoyarde, install&eacute;e &agrave; Annecy dans une villa de l&rsquo;avenue des Marquisats, et par l&rsquo;&eacute;vocation de ses nombreuses exactions criminelles.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sur toutes ces questions, l&rsquo;actuelle Association des Gli&egrave;res<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><b><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></b></a> veille avec attention et ne laisse rien passer. Elle entend d&eacute;fendre la v&eacute;rit&eacute; et l&rsquo;exemplarit&eacute; des Gli&egrave;res,<i> &laquo;&nbsp;celle d&rsquo;un v&eacute;ritable drame classique &ndash;&nbsp;unit&eacute; de temps, de lieu et d&rsquo;action&nbsp;&ndash; avec ses h&eacute;ros et sa devise&nbsp;: &ldquo;Vivre libre ou mourir&rdquo;, dans un site sublime&nbsp;&raquo;.</i><a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><b><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></b></a></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Les strates de lecture d&rsquo;un mus&eacute;e-t&eacute;moin</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Apr&egrave;s avoir mis en &eacute;vidence cette affirmation d&rsquo;une &eacute;pop&eacute;e narrative, avec ses exigences &eacute;piques et unitaires, mais aussi la n&eacute;cessit&eacute; de la soumettre &agrave; une critique historique, la question se pose de savoir quel est son statut dans la mise en mus&eacute;e des Gli&egrave;res. Les travaux de Marina Guichard-Crozet sur la construction de la m&eacute;moire r&eacute;sistante du Plateau des Gli&egrave;res<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><b><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></b></a> soulignent &agrave; ce propos les &eacute;tapes qu&rsquo;ont repr&eacute;sent&eacute;es la cr&eacute;ation du mus&eacute;e en 1964, l&rsquo;inauguration du Monument Gillioli par Andr&eacute; Malraux en 1973</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt"> et l&rsquo;institutionnalisation de 1998, date &agrave; laquelle tout le site s&rsquo;est retrouv&eacute; sous la gestion du d&eacute;partement de la Haute-Savoie, par le biais du service M&eacute;moire et Citoyennet&eacute; du conseil g&eacute;n&eacute;ral.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Sur le Plateau des Gli&egrave;res, la fiche d&rsquo;information qui est distribu&eacute;e &agrave; l&rsquo;accueil para&icirc;t encore assez conforme &agrave; l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative, mais non sans une certaine mod&eacute;ration&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Le 26&nbsp;mars 1944, une attaque massive ne mobilisant pas moins de 10&nbsp;000&nbsp;hommes est men&eacute;e par les troupes allemandes et les miliciens fran&ccedil;ais. Les moyens mis en &oelig;uvre sont compl&egrave;tement disproportionn&eacute;s. Apr&egrave;s avoir proc&eacute;d&eacute; &agrave; un rep&eacute;rage offensif &agrave; Monthi&eacute;vret, les maquisards re&ccedil;oivent l&rsquo;ordre dans la soir&eacute;e de d&eacute;crocher&nbsp;&raquo;. </i>Avec un peu plus loin une formule qui en r&eacute;sume bien d&rsquo;autres, mais qui ne correspond pas compl&egrave;tement aux donn&eacute;es historiques&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La Bataille des Gli&egrave;res est, d&egrave;s le d&eacute;but, le symbole de la R&eacute;sistance fran&ccedil;aise.&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><b><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Mais qu&rsquo;en est-il du Mus&eacute;e de Morette&nbsp;? Dans la mesure o&ugrave; c&rsquo;est un mus&eacute;e de la premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration et qu&rsquo;il &eacute;mane des rescap&eacute;s et de leurs associations, nous y retrouvons sans surprise la m&ecirc;me &eacute;pop&eacute;e narrative, mais rien qui permette vraiment de bien conna&icirc;tre et de mieux comprendre les controverses que nous avons &eacute;voqu&eacute;es et ce qu&rsquo;elles mettent en jeu.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les mus&eacute;es d&rsquo;histoire produits par les acteurs de l&rsquo;histoire sont forc&eacute;ment marqu&eacute;s en tout premier lieu par l&rsquo;expression de leur m&eacute;moire. Une construction m&eacute;morielle se donne ainsi &agrave; voir, truff&eacute;e d&rsquo;une intention d&rsquo;histoire sous la forme d&rsquo;un r&eacute;cit qui vise &agrave; proposer un contexte et un d&eacute;roulement, un d&eacute;clenchement et une issue. Dans le cas de Morette, ce paradoxe fonctionne pleinement, mais il faut toutefois bien distinguer les trois &eacute;tages du chalet&nbsp;: ainsi, le sous-sol se pr&eacute;sente comme un lieu de recueillement, le rez-de-chauss&eacute;e plut&ocirc;t comme un lieu d&rsquo;histoire et le premier &eacute;tage comme le lieu d&rsquo;expression de la m&eacute;moire des acteurs.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ces trois &eacute;tages constituent des temporalit&eacute;s bien visibles du mus&eacute;e, alors que d&rsquo;autres, li&eacute;es &agrave; des interventions partielles sur les contenus narratifs, demeurent cach&eacute;es. Ils correspondent &agrave; des temps repr&eacute;sentants, &agrave; des moments de cr&eacute;ation, distincts sans que rien ne l&rsquo;indique aux visiteurs. Bien que marqu&eacute;s par une forte dimension civique, les contenus et les narrations qu&rsquo;ils proposent n&rsquo;&eacute;voquent jamais explicitement des enjeux du pr&eacute;sent. Ainsi, si la comparaison est toujours possible, elle se situe alors dans la pens&eacute;e du visiteur, dans les commentaires des enseignants ou des guides, et passe ainsi par le prisme de l&rsquo;&eacute;vocation de l&rsquo;action et du sacrifice des maquis.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">De la crypte du sous-sol, un rescap&eacute;, Alphonse M&eacute;tral, disait encore il y a quelques ann&eacute;es qu&rsquo;il y r&eacute;gnait <i>&laquo;&nbsp;une atmosph&egrave;re de silence et de recueillement sans qu&rsquo;il y ait besoin d&rsquo;un gardien</i> <i>(&hellip;)&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31"><b><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></b></a> Il lui semblait aller naturellement de soi de la laisser ouverte au public m&ecirc;me si la n&eacute;gociation avait &eacute;t&eacute; parfois difficile avec les familles qui avaient d&ucirc; enlever leurs inscriptions personnelles du cimeti&egrave;re militaire pour les mettre dans cette crypte.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Un enchev&ecirc;trement de mises en mus&eacute;e narratives</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Mais nous allons surtout &eacute;voquer ici les expositions des autres &eacute;tages en nous demandant quelles sont les modalit&eacute;s qui organisent leur narration et les rendent ou non accessibles &agrave; des publics qui ne sont pas &eacute;rudits et dont une bonne part est scolaire. D&egrave;s lors, comment simplifie-t-on les r&eacute;cits des faits du pass&eacute;&nbsp;? Comment les rend-on accessibles au plus grand nombre&nbsp;? C&rsquo;est l&agrave; une question centrale pour la conception de tout mus&eacute;e d&rsquo;histoire, m&ecirc;me si ce n&rsquo;est pas la seule qui se pose ensuite &agrave; ses visiteurs.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En 1977, Julien Helfgott, de l&rsquo;Association des Rescap&eacute;s de Gli&egrave;res, lui apportait d&eacute;j&agrave; une r&eacute;ponse en ces termes dans un document interne&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Nous avons d&eacute;j&agrave; expos&eacute; les conditions dans lesquelles cette action indispensable de r&eacute;novation a &eacute;t&eacute; engag&eacute;e et les objectifs recherch&eacute;s. Vous en connaissez les principes essentiels&nbsp;: faire surgir les &ldquo;temps forts&rdquo; de notre grande aventure en essayant de trouver une traduction pouvant &ecirc;tre per&ccedil;ue par un public jeune et non inform&eacute;. Pour cela, nous avons utilis&eacute; des documents photographiques dont la vaste &eacute;chelle fait surgir des d&eacute;tails jusqu&rsquo;alors pass&eacute;s inaper&ccedil;us&nbsp;: les textes sont brefs.&nbsp;&raquo;</span></span></span></i><a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">[32]</span></span></span></sup></b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce t&eacute;moin qui a &eacute;t&eacute; l&rsquo;un des instigateurs du mus&eacute;e &eacute;voquait ainsi le r&ocirc;le de l&rsquo;image comme vecteur de la simplification de la narration du pass&eacute;, mais aussi comme une source possible d&rsquo;informations in&eacute;dites. Il parle probablement ici des tr&egrave;s belles images du maquis qui sont tir&eacute;es d&rsquo;un corpus de photographies que le r&eacute;sistant Raymond P&eacute;rillat avait r&eacute;ussi &agrave; cacher et &agrave; r&eacute;cup&eacute;rer. Elles se retrouvent aussi bien au c&oelig;ur du mus&eacute;e, au premier &eacute;tage, que dans les principales publications consacr&eacute;es &agrave; l&rsquo;histoire des Gli&egrave;res.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Les intitul&eacute;s des chapitres de l&rsquo;exposition font alterner d&rsquo;une part les informations sur la guerre en zone sud ou en France, et d&rsquo;autre part celles qui concernent le d&eacute;partement de Haute-Savoie&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;La guerre 39-40&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;Les Hauts-Savoyards dans la guerre&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;Le G&eacute;n&eacute;ral de Gaulle et la France libre&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;La zone libre&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;&ldquo;La rel&egrave;ve&rdquo; des prisonniers&nbsp;&raquo;&nbsp;</i>; <i>&laquo;&nbsp;L&rsquo;occupation italienne&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;La R&eacute;sistance de 1940 &agrave; 1943&nbsp;&raquo;, </i>puis, <i>&laquo;&nbsp;La R&eacute;sistance en Haute-Savoie sous les occupations italiennes et allemandes de novembre&nbsp;42 &agrave; ao&ucirc;t 44&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; <i>&laquo;&nbsp;La Haute-Savoie en &eacute;tat de si&egrave;ge&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;; et enfin <i>&laquo;&nbsp;Gli&egrave;res 1944&nbsp;&raquo;</i> avec une forte rupture marqu&eacute;e par la mont&eacute;e de l&rsquo;escalier.<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33"><b><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></b></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ils donnent des indications fortes sur la structure de la narration. Par exemple, les guillemets qui sont associ&eacute;s au terme de &laquo;&nbsp;rel&egrave;ve&nbsp;&raquo; des prisonniers expriment l&rsquo;effet du chantage et du mensonge par lesquels les forces d&rsquo;occupation promettaient la lib&eacute;ration de prisonniers en &eacute;change de d&eacute;parts suffisamment nombreux pour le travail en Allemagne. En outre, le jeu des &eacute;chelles narratives finit par attirer l&rsquo;attention des visiteurs sur une histoire de la guerre et de la R&eacute;sistance dans le d&eacute;partement de la Haute-Savoie, la dimension internationale et les relations avec Londres n&rsquo;&eacute;tant pas oubli&eacute;es. Cette dynamique correspond sans doute &agrave; un enjeu de reconnaissance. Et pour ce faire, l&rsquo;exposition pr&eacute;sente une alternance de textes, d&rsquo;images et de documents historiques. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">L&rsquo;objectif assign&eacute; &agrave; la Wehrmacht, </span></span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">peut-on lire au rez-de-chauss&eacute;e, <i>n&rsquo;est pas atteint et le d&eacute;partement restera en zone non occup&eacute;e jusqu&rsquo;en novembre 1942, donnant &agrave; la Haute-Savoie une position privil&eacute;gi&eacute;e qui expliquera en partie la force de la R&eacute;sistance qui s&rsquo;y d&eacute;veloppera.</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La singularit&eacute; de la Haute-Savoie est ici double&nbsp;: non seulement par le fait de s&rsquo;&ecirc;tre lib&eacute;r&eacute;e avant l&rsquo;arriv&eacute;e des Alli&eacute;s, mais aussi par le fait d&rsquo;un &eacute;tat de si&egrave;ge qui va s&rsquo;imposer pendant de longs mois en 1944 et susciter toutes sortes d&rsquo;actes de terreur et de gestes criminels.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.25pt">Le t&eacute;moignage r&eacute;cent d&rsquo;Alphonse M&eacute;tral d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34"><b><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></b></a> illustre &agrave; sa mani&egrave;re la difficult&eacute; de lire la narration du Mus&eacute;e de Morette dans la r&eacute;alit&eacute; des temporalit&eacute;s successives de ses transformations&nbsp;: <i>&laquo;&nbsp;Il y a eu toujours une petite transformation</i>, pr&eacute;cise-t-il, <i>c&rsquo;est all&eacute; de transformations en transformations&nbsp;&raquo;</i>. Par ailleurs, ses commentaires sur le vif insistent sur des personnalit&eacute;s ou des images fortes comme le rassemblement d&rsquo;Annecy lors de la visite de P&eacute;tain, la capitulation morale et politique des parlementaires fran&ccedil;ais ou la propagande du r&eacute;gime de Vichy. Il insiste tout particuli&egrave;rement, par exemple, sur l&rsquo;importance du po&egrave;me de Martin Niem&ouml;ller (<i>&laquo;&nbsp;Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes, je n&rsquo;ai rien dit, je n&rsquo;&eacute;tais pas communiste&hellip;&nbsp;&raquo;</i>, etc.).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Au premier &eacute;tage, apr&egrave;s tout un secteur qui &eacute;voque les luttes du maquis et la r&eacute;pression, avec une maquette du Plateau des Gli&egrave;res, le visiteur finit par d&eacute;couvrir les th&egrave;mes du grand parachutage et de la Lib&eacute;ration, &laquo;<i>&nbsp;la Haute-Savoie </i>[&eacute;tant]<i> le premier d&eacute;partement lib&eacute;r&eacute; par lui-m&ecirc;me&nbsp;</i>&raquo;.<a name="_ftnref35"></a><a href="#_ftn35"><b><sup><span style="color:black">[35]</span></sup></b></a> C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs une partie de l&rsquo;exposition qui inspire beaucoup de commentaires &agrave; Alphonse M&eacute;tral, tant il est sensible &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de marquer le caract&egrave;re exceptionnel de ce qui s&rsquo;est pass&eacute; aux Gli&egrave;res&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Gli&egrave;res, premi&egrave;re bataille de la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;, parce que la bataille des Gli&egrave;res se situe pendant l&rsquo;hiver 1943-1944 donc du 31 janvier au 26&nbsp;mars. Beaucoup d&rsquo;autres grands maquis en France se sont constitu&eacute;s aussi, mais apr&egrave;s, mais beaucoup apr&egrave;s le d&eacute;barquement de Normandie, mais c&rsquo;est pour la premi&egrave;re fois en France en f&eacute;vrier-mars 1944, l&rsquo;arm&eacute;e allemande s&rsquo;est trouv&eacute;e oppos&eacute;e &agrave; une unit&eacute; militairement organis&eacute;e pour lui faire face. C&rsquo;est la raison pour laquelle on a tenu &agrave; bien souligner que l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e des Gli&egrave;res &eacute;tait la &laquo;&nbsp;premi&egrave;re grande bataille de la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;.</span></span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le t&eacute;moin &eacute;voque alors les photographies de Raymond P&eacute;rillat avec beaucoup d&rsquo;&eacute;motion. Certes, un panneau pr&eacute;cise &agrave; ce propos, qu&rsquo;&laquo;<i>&nbsp;&eacute;videmment, les photos ont &eacute;t&eacute; prises surtout par beau temps. Mais, en fait, les beaux jours furent rares&nbsp;&raquo;. </i>Mais Alphonse M&eacute;tral souligne &agrave; juste titre que l&rsquo;&oelig;uvre du r&eacute;sistant et photographe du Grand-Bornand rend compte de mani&egrave;re exceptionnelle de l&rsquo;exp&eacute;rience du maquis. La preuve en est qu&rsquo;elles lui font revenir bien des souvenirs. Ainsi reconna&icirc;t-il ce chauffeur de taxi de Paris arriv&eacute; sur le plateau apr&egrave;s avoir organis&eacute; un d&eacute;tournement de glyc&eacute;rine, des trains destin&eacute;s aux Allemands &eacute;tant partis gr&acirc;ce &agrave; lui avec leurs citernes remplies d&rsquo;eau. Tout comme la repr&eacute;sentation de l&rsquo;H&ocirc;tel de France d&rsquo;Entremont, l&agrave; o&ugrave; Tom Morel a trouv&eacute; la mort, lui inspire le r&eacute;cit de cette exp&eacute;dition punitive, apr&egrave;s qu&rsquo;un chef des Groupes mobiles de r&eacute;serve (GMR) du r&eacute;gime de Vichy n&rsquo;ait pas tenu parole en faisant arr&ecirc;ter un m&eacute;decin du maquis.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La visite comment&eacute;e de l&rsquo;exposition par le t&eacute;moin fait &eacute;galement resurgir les &eacute;l&eacute;ments-cl&eacute;s de l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative. Il mentionne par exemple&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le fait embl&eacute;matique de tout ce qui s&rsquo;est pass&eacute; dans le d&eacute;partement puisque nous avons vu dans la premi&egrave;re partie de cette visite qu&rsquo;il y avait les deux organisations distinctes&nbsp;: FTP et Arm&eacute;e secr&egrave;te. Or, sur le Plateau des Gli&egrave;res, ces deux organisations se sont rejointes. Les FTP ont rejoint les camarades de l&rsquo;AS aussi. Voil&agrave;, il y a eu une unit&eacute; qui &eacute;tait importante.</span></span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">En outre, pr&eacute;cise-t-il, <i>&laquo;&nbsp;il est &eacute;vident que la raison d&rsquo;&ecirc;tre de Gli&egrave;res, c&rsquo;&eacute;tait de r&eacute;ceptionner le parachutage que les Alli&eacute;s avaient promis &agrave; la R&eacute;sistance du d&eacute;partement&nbsp;&raquo;</i>. Et non pas d&rsquo;installer un r&eacute;duit de R&eacute;sistance sur le Plateau. Enfin, un autre panneau qu&rsquo;il qualifie de capital concerne l&rsquo;ordre de repli de tout le dispositif de d&eacute;crochage, donn&eacute; le 26&nbsp;mars au soir par le capitaine Anjot, dont le manuscrit est reproduit et expos&eacute;. On retrouve ainsi quelques points forts de l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative des Gli&egrave;res qui rejettent d&rsquo;embl&eacute;e les questions critiques qu&rsquo;elle peut poser&nbsp;: l&rsquo;unit&eacute; de ceux qui se trouvaient sur le Plateau, la justification de leur pr&eacute;sence ponctuelle par la r&eacute;ception des parachutages alli&eacute;s et le fait que l&rsquo;ordre de d&eacute;crochage ait &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute; dans l&rsquo;honneur, apr&egrave;s avoir tent&eacute; de repousser les assaillants, mais sans parler pour autant d&rsquo;une &laquo;&nbsp;bataille&nbsp;&raquo; des Gli&egrave;res.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">La narration mus&eacute;ale &eacute;voque ensuite la traque, la r&eacute;pression et les martyrs des Gli&egrave;res pris par la Milice ou par les Allemands. Elle int&egrave;gre le r&ocirc;le de l&rsquo;aide britannique et se poursuit jusqu&rsquo;&agrave; la lib&eacute;ration de la Haute-Savoie. Enfin, des portraits des martyrs sont pr&eacute;sent&eacute;s &agrave; la sortie, avec une demande expresse de ne pas les photographier, ce qui donne un caract&egrave;re sacralis&eacute; &agrave; cette conclusion de l&rsquo;exposition.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.3pt">&Agrave; propos de ces photographies qui rel&egrave;vent de la toute premi&egrave;re mus&eacute;ographie, Jacques Golliet, un des principaux animateurs de l&rsquo;Association des Gli&egrave;res dans les ann&eacute;es 1990, s&rsquo;est d&rsquo;ailleurs demand&eacute; ce qu&rsquo;il fallait en faire&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Il y avait une esp&egrave;ce de colonne sur laquelle les gens ont mis les photos, ont apport&eacute; les photos de leurs morts. Donc ces photos maintenant les voil&agrave;. Ce sont des photos qui ont &eacute;t&eacute; apport&eacute;es par les familles. Ils ont tenu &agrave; ce qu&rsquo;elles soient affich&eacute;es, donc il n&rsquo;est pas question d&rsquo;y toucher. Cela dit je trouve que c&rsquo;est tr&egrave;s bien que &ccedil;a existe, mais je ne sais pas o&ugrave; il faut le mettre. Ce n&rsquo;est pas forc&eacute;ment ici.</span></span></span></i><a name="_ftnref36"></a><a href="#_ftn36"><b><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">[36]</span></span></span></sup></b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Dans un entretien avec Marina Guichard-Crozet, Michel Germain<a name="_ftnref37"></a><a href="#_ftn37"><b><sup><span style="color:black">[37]</span></sup></b></a>, qui dit avoir admir&eacute; le livre des t&eacute;moins publi&eacute; en 1946, explique pourquoi il ne s&rsquo;agissait pas encore d&rsquo;histoire et en quoi cette histoire devait donc &ecirc;tre construite, ce &agrave; quoi il a voulu contribuer avec ses nombreux ouvrages, mais aussi avec son travail narratif au rez-de-chauss&eacute;e du mus&eacute;e. Il explicite en m&ecirc;me temps le fait d&rsquo;avoir voulu redonner une histoire &agrave; toute la R&eacute;sistance du d&eacute;partement, mais aussi restituer le contexte plus global dans lequel tous ces &eacute;v&eacute;nements se sont d&eacute;roul&eacute;s. Apparemment, c&rsquo;est bien le cas, mais sans que l&rsquo;on sache exactement ce qui a &eacute;t&eacute; introduit de nouveau par rapport &agrave; l&rsquo;exposition ant&eacute;rieure. Il insiste &eacute;galement sur son refus de toucher quoi que ce soit au premier &eacute;tage, partie de l&rsquo;exposition qui &eacute;mane directement des acteurs et rend compte de leurs exp&eacute;riences. Et l&rsquo;on ne peut qu&rsquo;abonder dans son sens. Par ailleurs, il revendique une m&eacute;thode de travail qui consiste &agrave; toujours faire relire au t&eacute;moin ce que l&rsquo;on va publier le concernant, et &agrave; ne le publier que s&rsquo;il l&rsquo;accepte.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La pr&eacute;sentation du rez-de-chauss&eacute;e comprend des documents qui &eacute;taient d&eacute;j&agrave; l&agrave; avant le travail de Michel Germain, des affiches, des fac-simil&eacute;s que les membres de l&rsquo;Association des rescap&eacute;s avaient r&eacute;cup&eacute;r&eacute;s au fur et &agrave; mesure de leur publication. La construction narrative de l&rsquo;auteur concerne donc surtout l&rsquo;organisation des th&eacute;matiques, avec les h&eacute;sitations d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;es, la r&eacute;daction de quelques panneaux et la mise en forme g&eacute;n&eacute;rale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Michel Germain confie aussi qu&rsquo;il n&rsquo;est pas particuli&egrave;rement comp&eacute;tent dans le domaine des armes et que la fascination qu&rsquo;elles exercent souvent sur de jeunes visiteurs ne le met pas &agrave; l&rsquo;aise. &Agrave; tel point qu&rsquo;il aurait bien voulu pouvoir mettre au point une sorte d&rsquo;<i>&laquo;&nbsp;iceberg de la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;</i> pour <i>&laquo;&nbsp;montrer au fond que les types arm&eacute;s, les maquisards qui portaient les armes, &ccedil;a repr&eacute;sente tr&egrave;s peu de chose par rapport &agrave; l&rsquo;ensemble de la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;</i>. Il pose ainsi la question de la figure essentialis&eacute;e du r&eacute;sistant en armes qui ne rend pas justice &agrave; la multiplicit&eacute; des formes de r&eacute;sistances et de leurs relais. Certes, ces combattants arm&eacute;s ont pris de grands risques et ce sont eux qui sont apparus au grand jour au moment de la Lib&eacute;ration. <i>&laquo;&nbsp;Mais les combats de la Lib&eacute;ration dans ce d&eacute;partement comme ailleurs n&rsquo;auraient pas pu avoir lieu s&rsquo;il n&rsquo;y avait pas eu tout ce substrat de la population, et &ccedil;a, c&rsquo;est difficile &agrave; mettre en mus&eacute;e.&nbsp;&raquo;</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Autre probl&egrave;me de la construction narrative, bien connu dans le domaine de la didactique de l&rsquo;histoire, <i>&laquo;&nbsp;c&rsquo;est qu&rsquo;on est confront&eacute; &agrave; cette dualit&eacute; de la th&eacute;matique et de la chrono&nbsp;&raquo;</i>. Ainsi, Michel Germain a voulu insister sur des th&eacute;matiques et <i>&laquo;&nbsp;c&rsquo;est pour &ccedil;a qu&rsquo;on a l&rsquo;impression qu&rsquo;on revient par moments en arri&egrave;re&nbsp;&raquo;</i>. Par exemple, le r&eacute;cit revient sur la R&eacute;sistance en Haute-Savoie dans le cadre des occupations italienne et allemande, alors que la R&eacute;sistance en France avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute;e juste dans la salle pr&eacute;c&eacute;dente. Et il aurait fallu &eacute;voquer davantage les premiers camps de r&eacute;fractaires pour comprendre ce qui pouvait se passer dans les groupes de maquisards.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;une des mani&egrave;res de parer &agrave; cette difficult&eacute; de la construction narrative r&eacute;side dans la pr&eacute;sentation de chronologies. Celle du premier &eacute;tage, qui porte sp&eacute;cifiquement sur les Gli&egrave;res, est d&rsquo;autant plus int&eacute;ressante qu&rsquo;elle n&rsquo;&eacute;voque que des pertes ennemies et s&rsquo;arr&ecirc;te &agrave; l&rsquo;ordre de d&eacute;crochage du 26&nbsp;mars pour ne plus &eacute;voquer ensuite que le regroupement de forces de l&rsquo;Arm&eacute;e secr&egrave;te le 8&nbsp;avril suivant. Pr&eacute;cisons toutefois que le travail de Michel Germain, d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, reste attach&eacute; &agrave; la pr&eacute;valence d&rsquo;un d&eacute;roulement chronologique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Par ailleurs, il est bien conscient que la construction mus&eacute;ale de Morette reste trop fig&eacute;e, n&rsquo;int&egrave;gre pas assez de mouvements. Elle est pourtant n&eacute;cessaire dans la perspective de la disparition des derniers t&eacute;moins. En effet&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Moi, je dis toujours, c&rsquo;est un mur, on monte des murs contre l&rsquo;indiff&eacute;rence, l&rsquo;oubli et le r&eacute;visionnisme qui sont les trois dangers qui menacent notre m&eacute;moire collective au fond.</span></span></i></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">C&ocirc;toiement et r&eacute;ception</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.05pt">Nous n&rsquo;analyserons pas en d&eacute;tail ici le M&eacute;morial d&eacute;partemental de la D&eacute;portation qui se trouve &eacute;galement sur le site de Morette, &agrave; c&ocirc;t&eacute; du Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance, mais d&rsquo;une mani&egrave;re s&eacute;par&eacute;e. Il propose une histoire g&eacute;n&eacute;rale de la d&eacute;portation, pr&eacute;sente des images assez crues et s&rsquo;inscrit clairement dans une perspective m&eacute;morielle. Une citation d&rsquo;Albert Camus, <i>&laquo;&nbsp;Qui r&eacute;pondrait en ce monde &agrave; la terrible obstination du crime, si ce n&rsquo;est l&rsquo;obstination du t&eacute;moignage&nbsp;&raquo;</i> se donne &agrave; voir en entrant dans l&rsquo;exposition. Et &agrave; la s</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">ortie, une s&eacute;rie de croix d&eacute;signent les diff&eacute;rents camps nazis alors que sont inscrits les noms de celles et ceux qui, pris dans le d&eacute;partement, ne sont pas revenus de la d&eacute;portation. La croix d&eacute;signant le camp d&rsquo;Auschwitz est orn&eacute;e d&rsquo;une &eacute;toile. Mais la r&eacute;f&eacute;rence aux victimes juives reste allusive dans ce lieu qui diff&eacute;rencie peu les processus de c</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">oncentration et d&rsquo;extermination. Un entretien avec deux anciens concepteurs de cette exposition, qui ne sont pas les m&ecirc;mes que pour le Mus&eacute;e voisin, est &eacute;galement archiv&eacute; au service M&eacute;moire et Citoyennet&eacute; du conseil g&eacute;n&eacute;ral. Il s&rsquo;agit d&rsquo;Henri Bouvier et de Jean Ouvrard<a name="_ftnref38"></a><a href="#_ftn38"><b><sup><span style="color:black">[38]</span></sup></b></a>. Henri Bouvier y pr&eacute;cise que <i>&laquo;&nbsp;notre id&eacute;e &agrave; nous, c&rsquo;&eacute;tait de rappeler le souvenir des copains. C&rsquo;&eacute;tait ax&eacute;&hellip; ce n&rsquo;&eacute;tait pas un devoir de m&eacute;moire, si vous voulez, dans le sens de la m&eacute;moire actuelle. Non, c&rsquo;&eacute;tait un hommage aux copains, c&rsquo;&eacute;tait un geste de fraternit&eacute; si vous voulez.&nbsp;&raquo;</i> C&rsquo;&eacute;tait une mani&egrave;re de faire en sorte qu&rsquo;ils aient eux aussi une tombe. Mais par la suite, <i>&laquo;&nbsp;les gens manifestaient un tel int&eacute;r&ecirc;t que &ccedil;a nous a amen&eacute;s &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre quand m&ecirc;me plus explicites dans notre affaire&nbsp;&raquo;</i>. Il a donc fallu &eacute;voluer vers un mus&eacute;e, mais un mus&eacute;e qui n&rsquo;en restait pas moins un m&eacute;morial et qui avait notamment pour fonction de bien faire distinguer les Allemands et les nazis en ne prolongeant pas les haines.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">La question de la r&eacute;ception du Mus&eacute;e et de ses contenus est par ailleurs importante. Or, il appara&icirc;t que le Mus&eacute;e de Morette a connu d&rsquo;embl&eacute;e un certain succ&egrave;s. Par exemple, un rapport de gestion de 1966, pour une &eacute;poque situ&eacute;e bien avant celle qui a vu s&rsquo;intensifier le succ&egrave;s du tourisme m&eacute;moriel, &eacute;voque d&eacute;j&agrave; 30</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">000 visiteurs, soit 200 par jour pour quelque 150 jours d&rsquo;ouverture estivale, auxquels il faut encore ajouter 2 &agrave; 3</span></span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">000 enfants ou jeunes gens venus en groupes. <i>&laquo;&nbsp;Il est donc certain que le Mus&eacute;e est un lieu <u style="text-underline:black thick">tr&egrave;s visit&eacute;</u> et qu&rsquo;il a un r&ocirc;le &eacute;ducatif et de propagande incontestable &agrave; jouer.&nbsp;&raquo;</i> Ce m&ecirc;me document nous apprend aussi que le gardiennage des lieux n&eacute;cessite des moyens dont la structure ne dispose pas encore et que les deux lieux, mus&eacute;e et m&eacute;morial, se c&ocirc;toient ainsi sans &ecirc;tre pour autant coordonn&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Les archives du conseil g&eacute;n&eacute;ral d&eacute;tiennent par ailleurs deux livres d&rsquo;or tr&egrave;s int&eacute;ressants, remontant respectivement &agrave; 1978 et &agrave; 1998-2000. Les propos qu&rsquo;on y lit s&rsquo;en tiennent en g&eacute;n&eacute;ral aux objectifs d&rsquo;hommages et de perp&eacute;tuation de la m&eacute;moire que les concepteurs ont eux-m&ecirc;mes mis en avant. Ils expriment aussi, pour beaucoup d&rsquo;entre eux, une forte &eacute;motion. Leur lecture implique de se demander qui peut en &ecirc;tre l&rsquo;auteur, personnalit&eacute; politique ou simple visiteur, t&eacute;moin de cette &eacute;poque sombre ou jeune visiteur, public local ou touriste &eacute;tranger, etc. Elle ne permet pas toujours de savoir dans quelle mesure l&rsquo;&eacute;criture de ces propos d&eacute;coule d&rsquo;un formatage consti</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">tu&eacute; &agrave; l&rsquo;avance par un sens commun relatif au &laquo;&nbsp;devoir de m&eacute;moire&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref39"></a><a href="#_ftn39"><b><sup><span style="color:black">[39]</span></sup></b></a> (<i><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Ce mus&eacute;e nous permet de garder tout ce qui s&rsquo;est pass&eacute; en m&eacute;moire. Il faut se souvenir et ne pas oublier le pass&eacute; pour informer les g&eacute;n&eacute;rations suivantes. N&rsquo;OUBLIONS JAMAIS&nbsp;&raquo;,</span></i><span style="letter-spacing:-.1pt"> 7&nbsp;mai&nbsp;2000) ou s&rsquo;il est le r&eacute;sultat direct de ce que chaque auteur a ressenti au cours de la visite (<i>&laquo;&nbsp;C&rsquo;est tr&egrave;s &eacute;mouvant&nbsp;&raquo;</i>, 24&nbsp;juin 2000). Mais il appara&icirc;t quand m&ecirc;me que le registre &eacute;motionnel qui est adopt&eacute; par de nombreux commentaires rend compte de l&rsquo;effet suscit&eacute; par la d&eacute;couverte des lieux et de leurs contenus. Par ailleurs, une &eacute;tude plus approfondie et syst&eacute;matique permettrait peut-&ecirc;tre de mettre en &eacute;vidence ce qui distingue ces propos &agrave; vingt ann&eacute;es de distance, dans un rapport temporel avec l&rsquo;&eacute;poque des faits diff&eacute;rent d&rsquo;un cas &agrave; l&rsquo;autre. Par exemple, quand une visiteuse &eacute;crit que <i>&laquo;&nbsp;c&rsquo;est avec &eacute;motion que je me suis recueillie me ramenant trente ann&eacute;es en arri&egrave;re&nbsp;&raquo;</i> (21&nbsp;juillet 1978), qu&rsquo;en aurait-il &eacute;t&eacute; il y a quinze ans, et qu&rsquo;en serait-il aujourd&rsquo;hui&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase"><span style="letter-spacing:-.55pt">Que faire d&rsquo;un mus&eacute;e-t&eacute;moin&nbsp;?</span></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le Mus&eacute;e d&eacute;partemental de la R&eacute;sistance haut-savoyarde du site de Morette se pr&eacute;sente donc comme un mus&eacute;e de la premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration, avec une superposition de temporalit&eacute;s narratives, et comme un vecteur de la m&eacute;moire collective d&rsquo;aujourd&rsquo;hui et de demain. C&rsquo;est un mus&eacute;e-t&eacute;moin qui laisse peu d&rsquo;espace &agrave; l&rsquo;initiative des visiteurs, quelles que soient les tentatives de ses animateurs pour le rendre attractif par des visites-d&eacute;couverte au cours desquelles, par exemple, il faut chercher <i>&laquo;&nbsp;un message cod&eacute; gr&acirc;ce &agrave; des indices et des &eacute;nigmes diss&eacute;min&eacute;s dans le mus&eacute;e&nbsp;&raquo;</i> ou des objets <i>&laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;aide de photos indices&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref40"></a><a href="#_ftn40"><b><sup><span style="color:black">[40]</span></sup></b></a>. C&rsquo;est aussi un mus&eacute;e qui n&rsquo;explicite pas les liens avec le pr&eacute;sent, laissant les visiteurs les &eacute;tablir eux-m&ecirc;mes &agrave; travers l&rsquo;hommage rendu &agrave; la R&eacute;sistance haut-savoyarde, dans une version d&rsquo;abord militaire. Mais c&rsquo;est un lieu qui m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;serv&eacute; pour la richesse et l&rsquo;authenticit&eacute; des informations auxquelles ses contenus nous donnent acc&egrave;s. C&rsquo;est un lieu o&ugrave; la dimension de t&eacute;moignage l&rsquo;emporte assez largement sur la relative v&eacute;tust&eacute; de l&rsquo;organisation mus&eacute;ale.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Il est toutefois dommage que les visiteurs n&rsquo;aient pas acc&egrave;s &agrave; certaines informations non seulement sur l&rsquo;histoire du mus&eacute;e, de sa cr&eacute;ation et de ses restructurations, mais surtout &agrave; propos d&rsquo;une s&eacute;rie de questions historiographiques que pose l&rsquo;histoire des Gli&egrave;res, m&ecirc;me dans sa version d&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Pour reprendre les deux aspects qui nous paraissent prioritaires dans le cadre d&rsquo;une analyse mus&eacute;ohistorique, les temporalit&eacute;s et la comparaison, il appara&icirc;t en effet que le Mus&eacute;e de Morette ne laisse rien voir ou presque de sa propre histoire. Certes, il para&icirc;t difficile de reconstituer avec minutie l&rsquo;histoire des transformations successives de son exposition. Cependant, une explicitation minimale organis&eacute;e en distinguant les trois &eacute;tages et leurs traits particuliers, en incluant des &eacute;l&eacute;ments de chronologie, permettrait de clarifier les contenus propos&eacute;s et d&rsquo;enrichir leur compr&eacute;hension. Quant &agrave; la comparaison, elle concerne par exemple la notion d&rsquo;engagement. Elle m&egrave;ne, autant que faire se peut, &agrave; tenter aujourd&rsquo;hui de reconstruire les pr&eacute;sents du pass&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;univers mental et la situation exceptionnelle, avec ses incertitudes et ses risques, dans lesquels les combattants des Gli&egrave;res ont accompli ce qu&rsquo;ils ont accompli. Cette question cruciale reste en effet relativement absente.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">L&rsquo;image du mur contre l&rsquo;indiff&eacute;rence, l&rsquo;oubli et le r&eacute;visionnisme qu&rsquo;utilise Michel Germain est sans doute pertinente. Elle m&eacute;riterait d&rsquo;ailleurs d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute;e aux visiteurs et discut&eacute;e avec eux comme telle. Mais elle n&rsquo;est pas incompatible pour autant avec le fait de leur rendre accessibles diverses questions de fond qui m&eacute;ritent une r&eacute;flexion collective non seulement parmi les historiens, mais aussi dans l&rsquo;espace public. Ces questions concernent notamment le fait de savoir ce &agrave; quoi l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e narrative du Plateau des Gli&egrave;res rend justice&nbsp;; le r&ocirc;le des populations civiles et leurs relations avec les maquis&nbsp;; une analyse critique des strat&eacute;gies militaires relatives &agrave; toute l&rsquo;histoire des Gli&egrave;res, entre r&eacute;duit et gu&eacute;rilla, en fonction aussi des parachutages et de ce que les acteurs pouvaient en attendre&nbsp;; la connaissance de la complexit&eacute; des structures de la R&eacute;sistance et de leur unification au-del&agrave; d&rsquo;une unit&eacute; r&eacute;trospectivement affirm&eacute;e pour le cas des Gli&egrave;res qui n&rsquo;a plus ni la m&ecirc;me n&eacute;cessit&eacute;, ni le m&ecirc;me sens aujourd&rsquo;hui&nbsp;; l&rsquo;histoire de la construction de la m&eacute;moire des Gli&egrave;res et les diff&eacute;rentes strates temporelles observables au fil de l&rsquo;exposition&nbsp;; le sens du combat des maquisards tel qu&rsquo;il se comprend aujourd&rsquo;hui, non seulement en termes de libert&eacute;, mais aussi en termes d&rsquo;&eacute;galit&eacute; (de droits sociaux) et de fraternit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Le Mus&eacute;e de Morette touche forc&eacute;ment ses visiteurs par l&rsquo;authenticit&eacute; de sa pr&eacute;sentation, de ses contenus et des acteurs qu&rsquo;il incarne. Tout cela m&eacute;rite vraiment d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;serv&eacute;. Mais il deviendrait plus int&eacute;ressant encore en &eacute;tant mis en lien avec ces &eacute;l&eacute;ments de complexit&eacute; et de controverses historiographiques dont la prise en consid&eacute;ration ne peut que rendre le pass&eacute; plus intelligible.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Nous en avons esquiss&eacute; les grands traits dans &laquo; Visiter Clio : pour une analyse didactique de r&eacute;cits mus&eacute;aux d&rsquo;histoire &raquo;, in Fr&eacute;d&eacute;ric Rousseau (dir.), <i>Les pr&eacute;sents des pass&eacute;e douloureux. Mus&eacute;es d&rsquo;histoire et configurations m&eacute;morielles. Essais de mus&eacute;ohistoire,</i> Paris, Michel Houdiard &Eacute;diteur, 2012, pp. 17-51.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Charles Heimberg et Val&eacute;rie Op&eacute;riol, &laquo; La didactique de l&rsquo;histoire. Actions scolaires et apprentissages entre l&rsquo;intelligibilit&eacute; du pass&eacute; et la probl&eacute;maticit&eacute; du monde et de son devenir &raquo;, in Marie-Laure Elalouf &amp; al. (dir.), <i>Les didactiques en questions. &Eacute;tat des lieux et perspectives pour la recherche et la formation,</i> Bruxelles, De Boeck, 2012, pp. 78-88. R&eacute;sum&eacute; disponible sur http://www.unige.ch/fapse/edhice/docref.html (consult&eacute; le 3 juin 2013).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Antoine Prost, &laquo; Les gr&egrave;ves de mai-juin 1936 revisit&eacute;es &raquo;, <i>Le mouvement social,</i> 3/2002, (n<sup>o</sup>&nbsp;200), pp. 33-54, disponible sur : www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2002-3-page-33.htm (consult&eacute; le 2 juin 2013).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Nous reprenons ici des &eacute;l&eacute;ments de Charles Heimberg, &laquo; L&rsquo;usage du pathos et les &ldquo;le&ccedil;ons du pass&eacute;&rdquo; dans quelques mus&eacute;es de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation &raquo;, in Julien Mary, Fr&eacute;d&eacute;ric Rousseau (dir.), <i>Entre Histoires et M&eacute;moires : la guerre au mus&eacute;e, les mus&eacute;es de guerre. Essais de mus&eacute;ohistoire 2,</i> Paris, Michel Houdiard <span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>diteur, 2013 (sous presse).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">Voir http://www.culture74.fr/patrimoine-bati/proprietes-departementales/204-le-site-de-morette&nbsp;; http://www.123savoie.com/article-70590-1-cimetiere-de-morette.html, consult&eacute;s le 4 juin 2013 ; et Jean-Bernard Challamel &amp; Jean-Pierre Ginestet, <i>Morette, site de nature et lieu d&rsquo;histoire, Les Cahiers du Mus&eacute;e du Pays de Th&ocirc;nes,</i> n&deg;&nbsp;4, 2007. Pour les ouvrages qui ont marqu&eacute; la construction m&eacute;morielle du lieu, voir surtout Louis Jourdan-Joubert, Julien Helfgott &amp; Pierre Golliet, <i>Gli&egrave;res. Premi&egrave;re bataille de la R&eacute;sistance. Haute-Savoie, 31 janvier-26 mars 1944, </i>r&eacute;&eacute;dition de l&rsquo;ouvrage publi&eacute; en 1946 par l&rsquo;Association des Rescap&eacute;s de Gli&egrave;res, Annecy, Association des Gli&egrave;res / Pour la m&eacute;moire de la R&eacute;sistance, 1993 ; et Michel Germain, <i>Gli&egrave;res. Mars 1944. &laquo; Une grande et simple histoire &raquo;,</i> Montm&eacute;lian, &Eacute;ditions La Fontaine de Silo&eacute;, 1994. </span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> D&eacute;claration dans le cadre de la journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tudes du r&eacute;seau Memorha du 24 octobre 2012 &agrave; Annecy sur <i>La Seconde Guerre mondiale : regards crois&eacute;s sur les mises en r&eacute;cit.</i> Michel Germain a publi&eacute; de nombreux ouvrages aux &Eacute;ditions La Fontaine de Silo&eacute;, dont <i>Histoire de la Milice</i> (1997), <i>M&eacute;morial de la D&eacute;portation</i> (1999), <i>La Lib&eacute;ration d&rsquo;Annecy. Soixanti&egrave;me anniversaire de la Lib&eacute;ration d&rsquo;Annecy</i> (2004), <i>M&eacute;morial de la Seconde Guerre mondiale</i> (2009). Il a aussi dirig&eacute; le CD-Rom <i>R&eacute;sistance en Haute-Savoie</i> que le conseil g&eacute;n&eacute;ral du d&eacute;partement a publi&eacute; en 2006.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;heureuse expression d&rsquo;Anne Sgard. Voir son texte &laquo; M&eacute;moires, lieux et territoires &raquo;, In Rodolphe Dodier &amp; al. (dir.), <i>Territoires en action et dans l&rsquo;action,</i> Rennes, PUR, 2007 (une version de cette communication est disponible sur halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/32/51/30/PDF/Memoires_et_territoires_version_def.pdf, consult&eacute; le 7 juin 2013).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Pierre Nora (dir.), <i>Les lieux de m&eacute;moire, </i>Paris, Gallimard, 1984-1992 (1997 en trois volumes en &eacute;dition Quarto).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir Pierre Golliet, &laquo;&nbsp;Monument aux Gli&egrave;res, La Haute-Savoie du p&eacute;tainisme &agrave; la R&eacute;sistance&nbsp;&raquo;, <i>Cahiers des amis du Val de Th&ocirc;nes,</i> n&deg; 1, Th&ocirc;nes, 1994.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir le collectif Citoyens et R&eacute;sistants d&rsquo;hier et d&rsquo;aujourd&rsquo;hui et son site http://www.citoyens-resistants.fr/. Voir aussi l&rsquo;ouvrage publi&eacute; en 2010 aux &Eacute;ditions de la D&eacute;couverte par ce Collectif : <i>Les jours heureux. Le programme du Conseil national de la R&eacute;sistance de mars 1944. Comment il a &eacute;t&eacute; &eacute;crit et mis en &oelig;uvre, et comment Sarkozy acc&eacute;l&egrave;re sa d&eacute;molition.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-media4ewepart/article/140511/creer-cest-resister-resister-cest-creer-lappel-, consult&eacute; le 11 juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>La tribune r&eacute;publicaine, </i>20 mai 2013, disponible sur http://www.latribunerepublicaine.fr/Actualite/Fil_Infos_regionales/article_1738441.shtml, consult&eacute; le 10 juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Fran&ccedil;ois Hartog, <i>R&eacute;gimes d&rsquo;historicit&eacute;, Pr&eacute;sentisme et exp&eacute;riences du temps,</i> Paris, Le Seuil, 2003. Le pr&eacute;sentisme concerne une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; le pr&eacute;sent prend toute la place au d&eacute;triment du pass&eacute; et de l&rsquo;avenir.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Yannis Thanassekos, &laquo; Pluralit&eacute; de m&eacute;moires, pluralit&eacute; de mus&eacute;es &raquo;, <i>Le cartable de Clio, </i>Lausanne, Antipodes, n&deg;&nbsp;11, 2011, pp. 24-32.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Claude Barbier a soutenu en novembre 2011 &agrave; la Sorbonne une th&egrave;se de doctorat intitul&eacute;e <i>Des &eacute;v&eacute;nements de Haute-Savoie &agrave; Gli&egrave;res, mars 43-mai 44, action et r&eacute;pression du maquis savoyard.</i> Mais une simple recherche sur internet montre l&rsquo;&eacute;cho de plusieurs conf&eacute;rences et de leurs effets d&rsquo;annonces dans la r&eacute;gion sans v&eacute;ritables d&eacute;veloppements scientifiques.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Louis Jourdan-Joubert &amp; al., <i>Gli&egrave;res&hellip;, op. cit., </i>pp. 16-17. Extrait d&rsquo;un texte d&rsquo;introduction de Pierre Golliet intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Le sens de Gli&egrave;res&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> On en retrouve encore tout l&rsquo;esprit dans le film de Denis Ch&eacute;gary, <i>Vivre libre ou mourir, </i>Annecy, &Eacute;lan production, 2004, qui est diffus&eacute; dans les espaces m&eacute;moriaux des Gli&egrave;res.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir Jean-Louis Cr&eacute;mieux-Brilhac, <i>La Bataille des Gli&egrave;res et la guerre psychologique, </i>r&eacute;&eacute;dition d&rsquo;un article de 1975 dans la <i>Revue d&rsquo;histoire de la Seconde Guerre mondiale,</i> publi&eacute; en 2004 par l&rsquo;Association des Gli&egrave;res pour la m&eacute;moire de la R&eacute;sistance,<i> </i>avec une postface de Jacques Golliet, Montm&eacute;lian, &Eacute;ditions La Fontaine de Silo&eacute;, 1994. Voir aussi, du m&ecirc;me auteur, &laquo; Gli&egrave;res &raquo;, <i>Vingti&egrave;me Si&egrave;cle. Revue d&rsquo;histoire, </i>n&deg; 45, 1995, pp. 54-66, disponible sur : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1995_num_45_1_3382, consult&eacute; le 10 juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir surtout les travaux de Pierre Laborie<i> (Le chagrin et le venin. La France sous l&rsquo;Occupation, m&eacute;moires et id&eacute;es re&ccedil;ues,</i> Montrouge, Bayard &Eacute;ditions, 2011) et de Fran&ccedil;ois Marcot (dir.), <i>Dictionnaire historique de la R&eacute;sistance,</i> Paris, Robert Laffont, coll. &laquo; Bouquins &raquo;, 2006.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Louis Jourdan-Joubert &amp; al., <i>Gli&egrave;res&hellip;, op. cit., </i>p. 129.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Messages de l&rsquo;Association des rescap&eacute;s du Plateau des Gli&egrave;res, n&deg; 1, juillet 1945, disponible sur http://www.glieres-resistance.org/Message-la-revue-de-l-association , consult&eacute; le 12 juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> D&eacute;nomm&eacute; aussi Monti&eacute;vret suivant les sources.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir Robert Amoudruz &amp; Jean-Claude Carrier, <i>Dimanche fatal aux Gli&egrave;res, 26 mars 1944,</i> Bi&egrave;re &amp; Divonne-les-Bains, Cab&eacute;dita, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Ce qui n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pas contredit aujourd&rsquo;hui par le site de l&rsquo;Association des Gli&egrave;res qui &eacute;voque les victimes de ce dimanche : <i>&laquo; 26 mars, &agrave; Monti&eacute;vret (section Saint-Hubert), 3 morts : Andr&eacute; Guy (&laquo;&nbsp;Chocolat &raquo;), Jaccard (&laquo; Bifin &raquo;) tu&eacute;s &agrave; leurs postes de combats et Paul Lespine gri&egrave;vement bless&eacute; par les Allemands (fait prisonnier, il sera ex&eacute;cut&eacute; quatre jours plus tard) &raquo;, </i>voir http://www.glieres-resistance.org/Nombre-des-victimes, consult&eacute; le 14 juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Cet aspect a &eacute;t&eacute; finement analys&eacute; par Jean-Louis Cr&eacute;mieux-Brilhac. <i>&laquo; L&rsquo;&eacute;pisode est limit&eacute;, mais symbolique &raquo;, </i>souligne ainsi l&rsquo;auteur dans la conclusion de son article de 1995 dans <i>Vingti&egrave;me Si&egrave;cle, art.cit.</i></span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>La R&eacute;sistance en Haute-Savoie et la Cour martiale du Grand-Bornand (23-24 ao&ucirc;t 1944), </i>sans lieu ni date, <i>&laquo; sign&eacute; par l&rsquo;ensemble des Associations de M&eacute;moire de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation en Haute-Savoie, r&eacute;unies en comit&eacute; &raquo; ;</i> et Michel Germain, <i>La v&eacute;rit&eacute; vraie sur le proc&egrave;s de la Milice et des miliciens au Grand-Bornand du 19 au 24 ao&ucirc;t 1944,</i> Montm&eacute;lian, &Eacute;ditions La Fontaine de Silo&eacute;, 2012.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> L&rsquo;Association des Rescap&eacute;s des Gli&egrave;res a &eacute;t&eacute; fond&eacute;e en 1944. D&egrave;s 1988, l&rsquo;Association du Plateau des Gli&egrave;res la compl&egrave;te, qui ne comprend plus seulement des rescap&eacute;s. Enfin, l&rsquo;Association des Gli&egrave;res pour la m&eacute;moire de la R&eacute;sistance, est fond&eacute;e en 1998. Voir http://www.glieres-resistance.org/Histoire-de-l-Association, consult&eacute; le 14 juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> D&rsquo;apr&egrave;s la page d&rsquo;accueil du site de l&rsquo;Association des Gli&egrave;res pour la m&eacute;moire de la R&eacute;sistance. Voir : http://www.glieres-resistance.org/Glieres, consult&eacute; le 12 juin 2012.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir notamment son article sur &laquo; Les trois temps de la construction de la m&eacute;moire des Gli&egrave;res. Les associations d&rsquo;anciens r&eacute;sistants et la fabrique de la m&eacute;moire de la Seconde Guerre mondiale&nbsp;&raquo;, <i>Cahiers du Centre d&rsquo;&eacute;tudes d&rsquo;histoire de la d&eacute;fense, </i>Paris, Minist&egrave;re de la D&eacute;fense, n&deg; 28, 2006, disponible sur : www.fondationresistance.org/documents/dossier_them/Doc00031.pdf, consult&eacute; le 12&nbsp;juin 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Document du conseil g&eacute;n&eacute;ral de Haute-Savoie, sans date, re&ccedil;u au Plateau des Gli&egrave;res en 2012.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">D&rsquo;apr&egrave;s un entretien avec Alphonse M&eacute;tral, l&rsquo;un des principaux rescap&eacute;s des Gli&egrave;res, d&eacute;c&eacute;d&eacute; en 2009, r&eacute;alis&eacute; quelques ann&eacute;es auparavant par Marina Guichard-Crozet en parcourant avec lui l&rsquo;exposition de Morette. Archives du service M&eacute;moire et Citoyennet&eacute; du conseil g&eacute;n&eacute;ral de Haute-Savoie.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Fonds Helfgott, <i>Ibid.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Ces intitul&eacute;s se distinguent tr&egrave;s l&eacute;g&egrave;rement d&rsquo;une version retrouv&eacute;e aux Archives du service M&eacute;moire et Citoyennet&eacute; et diffus&eacute;e comme document d&rsquo;accompagnement en 2011.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Alphonse M&eacute;tral, Entretien&hellip;, <i>op.cit. </i>La forme orale a &eacute;t&eacute; conserv&eacute;e dans cette transcription d&rsquo;entretien.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn35"></a><a href="#_ftnref35"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[35]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> En Corse, la Lib&eacute;ration a pourtant eu lieu en automne 1943, m&ecirc;me si des troupes italiennes y ont aussi particip&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn36"></a><a href="#_ftnref36"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[36]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Entretien avec Jacques Golliet r&eacute;alis&eacute; par Marina Guichard-Crozet, Archives du service M&eacute;moire et Citoyennet&eacute; du conseil g&eacute;n&eacute;ral de Haute-Savoie, sans date. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn37"></a><a href="#_ftnref37"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[37]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Entretien avec Michel Germain r&eacute;alis&eacute; par Marina Guichard-Crozet, sans date, <i>ibid.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn38"></a><a href="#_ftnref38"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[38]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> R&eacute;alis&eacute; le 10 octobre 2008 par Anouck Richard,<i> ibid.</i></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn39"></a><a href="#_ftnref39"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[39]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir S&eacute;bastien Ledoux, <i>Le &laquo; devoir de m&eacute;moire &raquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Essai d&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un nouveau roman national,</i> Saarbr&uuml;cken, &Eacute;ditions universitaires europ&eacute;ennes, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn40"></a><a href="#_ftnref40"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[40]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.2pt">Programme des Journ&eacute;es du Patrimoine de Pays et des Moulins, Morette, Culture74.fr, 15-16 juin 2013</span></span></span></span></span></span></p>